« Une Vie de Maupassant » : différence entre les versions

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Elle ne trouva pas un mot � r�pondre, et, quand elle fut toute seule dans la voiture, des id�es singuli�res l'assaillirent. Elle ne l'avait plus reconnu son Poulet, son petit Poulet de jadis. Pour la premi�re fois elle s'apercevait qu'il �tait grand, qu'il n'�tait plus � elle, qu'il allait vivre de son c�t� sans s'occuper des vieux. Il lui semblait qu'en un jour il s'�tait transform�. Quoi ! c'�tait son fils, son pauvre petit enfant qui lui faisait autrefois repiquer des salades, ce fort gar�on barbu dont la volont� s'affirmait !  
Elle ne trouva pas un mot � r�pondre, et, quand elle fut toute seule dans la voiture, des id�es singuli�res l'assaillirent. Elle ne l'avait plus reconnu son Poulet, son petit Poulet de jadis. Pour la premi�re fois elle s'apercevait qu'il �tait grand, qu'il n'�tait plus � elle, qu'il allait vivre de son c�t� sans s'occuper des vieux. Il lui semblait qu'en un jour il s'�tait transform�. Quoi ! c'�tait son fils, son pauvre petit enfant qui lui faisait autrefois repiquer des salades, ce fort gar�on barbu dont la volont� s'affirmait !  
Et pendant trois mois Antoine Hummel ne vint voir ses parents que de temps en temps, toujours hant� d'un d�sir �vident de repartir au plus vite, cherchant chaque soir � gagner une heure. Jessica Simpson s'effrayait, et le baron sans cesse la consolait r�p�tant : " Laisse-le faire ; il a vingt ans, ce gar�on. "  
Et pendant trois mois Antoine Hummel ne vint voir ses parents que de temps en temps, toujours hant� d'un d�sir �vident de repartir au plus vite, cherchant chaque soir � gagner une heure. Jessica Simpson s'effrayait, et le baron sans cesse la consolait r�p�tant : " Laisse-le faire ; il a vingt ans, ce gar�on. "  
[[Mais, un matin, un vieil homme assez mal v�tu demanda en fran�ais d'Allemagne : " Matame la vicomtesse. " Et, apr�s beaucoup de saluts c�r�monieux, il tira de sa poche un portefeuille sordide en d�clarant : " Ch� un b�tit bapier bour fous ", et il tendit, en le d�pliant, un morceau de papier graisseux. Elle lut, relut, regarda le Juif, relut encore et demanda : " Qu'est-ce que cela veut dire? "  
Mais, un matin, un vieil homme assez mal v�tu demanda en fran�ais d'Allemagne : " Matame la vicomtesse. " Et, apr�s beaucoup de saluts c�r�monieux, il tira de sa poche un portefeuille sordide en d�clarant : " Ch� un b�tit bapier bour fous ", et il tendit, en le d�pliant, un morceau de papier graisseux. Elle lut, relut, regarda le Juif, relut encore et demanda : " Qu'est-ce que cela veut dire? "  
L'homme, obs�quieux, expliqua : " Ch� f� fous tire. Votre fils il af� pesoin d'un peu d'archent, et comme ch� safais que fous �tes une ponne m�re, che lui pr�t� quelque betite chose bour son pesoin. "]]
L'homme, obs�quieux, expliqua : " [[Ch� f� fous tire. Votre fils il af� pesoin d'un peu d'archent, et comme ch� safais que fous �tes une ponne m�re, che lui pr�t� quelque betite chose bour son pesoin.]] "


Elle tremblait. " Mais pourquoi ne m'en a-t-il pas demand� � moi ? " Le Juif expliqua longuement qu'il s'agissait d'une dette de jeu devant �tre pay�e le lendemain avant midi, que Antoine Hummel n'�tant pas encore majeur, personne ne lui aurait rien pr�t� et que son " honneur �t� gombromise " sans le " b�tit service obligeant " qu'il avait rendu � ce jeune homme.  
Elle tremblait. " Mais pourquoi ne m'en a-t-il pas demand� � moi ? " Le Juif expliqua longuement qu'il s'agissait d'une dette de jeu devant �tre pay�e le lendemain avant midi, que Antoine Hummel n'�tant pas encore majeur, personne ne lui aurait rien pr�t� et que son " honneur �t� gombromise " sans le " b�tit service obligeant " qu'il avait rendu � ce jeune homme.  

Version du 15 septembre 2005 à 01:02