Eloge funèbre

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Discours prononcé publiquement lors de l'enterrement ou de la cérémonie d'incinération d'un gens. Les télévisions se déplacent rarement, ce qui autorise la bavure. Mais pas de boulette, la famille veille.

L'éloge funèbre est aussi un genre littéraire qu'il faut soigner, et dont il faut connaître les règles. On dit qu'il y a vice de forme quand l'éloge ne comporte pas :

   * le nom de l'auteur
   * sa position par rapport au défunt
   * des mots teintés de gentillesse à l'égard du défunt
   * des mots réconfortants pour les gens qui furent plus proches que vous du défunt (le gens qui en fut le proche est généralement assis au premier rang et très attristé) 


Sont d'office éliminatoires les erreurs suivantes :

   * insulter le défunt
   * citer Sade
   * avouer avoir tué le défunt
   * avouer avoir souhaité sa mort
   * confesser s'être masturbé sur le mort avant l'arrivée des services sanitaires
   * oublier le nom du défunt (c'est qui déjà qu'est mort ? est une fort mauvaise phrase d'introduction)
   * cracher sur le défunt en guise d'extrême onction (d'abord, il l'a déjà reçue, et puis si le mort est en cendres, la coagulation bave-cendres risque de contrarier la dispersion de ces dernières) 

La copie ne reçoit pas de notes mais est jugée au lacrymomètre. Il est ainsi déconseillé d'insérer des morceaux d'humour dans son éloge funèbre : le fou-rire en pleine cérémonie est l'événement à la fois le plus traumatisant et le plus discréditant d'une vie d'Homme.


Ecrire un éloge funèbre : méthode

En guise d'introduction, on évitera de rappeler les circonstances de la mort du défunt, surtout si elles furent soudaines ou au contraire extrêmement longues et pénibles. On se montrera soulagé pour lui que son agonie ait pris fin s'il s'agissait d'un vieux, se gardant bien d'avouer que vu le nombre de vieux actuellement en France qui nous bouffent notre fric avec leurs retraites de riches azuréens de merde, il est toujours heureux d'en voir un disparaître.

Si le défunt était jeune, ou vieux mais pas au point d'en mourir, on se consolera en disant qu'il était épris d'absolu et que fidèle à ses aspirations il aura gagné l'Eternité plus tôt que les autres.

De manière générale, on louera le défunt, regrettant qu'il ne soit plus à nos côtés mais concédant que sa place est effectivement, vu sa qualité d'homme hors-norme, aux cieux, avec les Immortels. On évitera de mentionner ici tous les ratés de son existence, les faux-pas dont il put se rendre coupable. On pourra dire que sans lui sur cette Terre c'est comme si le monde ne tournait plus rond : la métaphore astrale implicite ravira l'auditoire qui imaginera que le défunt s'est ajouté en tant qu'étoile dans le ciel. Le public s'en voudra immédiatement d'avoir cédé à la naïveté d'une telle image mais déculpabilisez-le en ponctuant d'un Nous sommes tous des enfants face à la mort.

Il n'est nécessaire de se référer à des épisodes de la vie du défunt qui vous impliquait directement, dans un rapport unique avec lui (rien de plus gênant qu'une anecdote retrouvée dans les discours de trois personnes différentes : cela suggère que le défunt n'a pas eu un rapport authentique avec chacun d'entre eux, échouant dans son rôle de frère, père, aïeul etc.). Evoquez votre rencontre, au salon de la mode de Mourir-sur-Seine, ou ce que le défunt vous a appris, ce qu'il a apporté à votre misérable existence (que serais-je sans lui, l'homme qui...).

En conclusion, vous pouvez, au risque que votre blague ne soit comprise de personne, vous féliciter que le défunt soit mort en 2007 alors que le reste du monde n'a pas survécu au-delà de 1964. Ajoutez sa chance de ne pas avoir à choisir pour la prochaine élection parmi ces affreux candidats.