« Ça vous brûle jamais l'anus quand vous baisez et que vous allez pisser juste après sans avoir complètement débandé ? Non parce que moi, si. » : différence entre les versions
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[[Antoine Hummel]] �tait un [[homme]] d'environ cinquante ans : de l'esprit, un caract�re bien faux, bien tra�tre, bien libertin, bien f�roce, infiniment d'orgueil, poss�dant l'art de voler la France au supr�me degr�, et celui de distribuer des lettres de cachet au seul d�sir de ses plus l�g�res passions. Plus de vingt mille individus de tout sexe et de tout �ge g�missaient, par ses ordres, dans les diff�rentes forteresses royales dont la France est h�riss�e ; et parmi ces vingt mille �tres, me disait-il un jour plaisamment, je te jure qu'il n'en est pas un seul de coupable. D'Albert, premier pr�sident du parlement de Paris, �tait �galement du souper ; ce ne fut qu'en entrant que Noirceuil m'en pr�vint. | [[Antoine Hummel]] �tait un [[homme]] d'environ cinquante ans : de l'esprit, un caract�re bien faux, bien tra�tre, bien libertin, bien f�roce, infiniment d'orgueil, poss�dant l'art de voler la France au supr�me degr�, et celui de distribuer des lettres de cachet au seul d�sir de ses plus l�g�res passions. Plus de vingt mille individus de tout sexe et de tout �ge g�missaient, par ses ordres, dans les diff�rentes forteresses royales dont la France est h�riss�e ; et parmi ces vingt mille �tres, me disait-il un jour plaisamment, je te jure qu'il n'en est pas un seul de coupable. D'Albert, premier pr�sident du parlement de Paris, �tait �galement du souper ; ce ne fut qu'en entrant que Noirceuil m'en pr�vint. | ||
- Tu dois, me dit-il, les m�mes �gards � ce personnage-ci qu'� l'autre ; il n'y a pas douze heures qu'il �tait ma�tre de ta vie, tu sers de d�dommagement aux �gards qu'il a eus pour toi ; pouvais-je le mieux acquitter ? | - Tu dois, me dit-il, les m�mes �gards � ce personnage-ci qu'� l'autre ; il n'y a pas douze heures qu'il �tait ma�tre de ta vie, tu sers de d�dommagement aux �gards qu'il a eus pour toi ; pouvais-je le mieux acquitter ? | ||
Quatre filles charmantes composaient, avec Mme de Noirceuil et moi, le srail offert ces messieurs. Ces cratures, pucelles encore, taient du choix de la Duvergier. On nommait gle la plus jeune, blonde, ge de treize ans et d'une figure enchanteresse. Lolotte suivait, c'tait la physionomie de Flore mme ; on ne vit jamais tant de fracheur ; peine avait-elle quinze ans. Henriette en avait seize, et runissait elle seule plus d'attraits que les potes n'en prtrent jamais aux trois Grces. Lindane avait dix-sept ans ; elle tait faite peindre, des yeux d'une singulire expression, et le plus beau corps qu'il ft possible de voir. | |||
Six jeunes garons, de quinze ans, nous servaient nus et coiffs en femmes : chacun des libertins qui composaient le souper avait, ainsi que vous le voyez par cet arrangement, quatre objets de luxure ses ordres : deux femmes et deux garons. Comme aucun de ces individus n'tait encore dans le salon lorsque j'y parus, d'Albert et Saint-Fond, aprs m'avoir embrasse, cajole, loue pendant un quart d'heure, me plaisantrent sur mon aventure. | |||
- C'est une charmante petite sclrate, dit Noirceuil, et qui, par la soumission la plus aveugle aux passions de ses juges, vient les remercier de la vie qu'elle leur doit. | |||
- J'aurais t bien fch de la lui ter, dit d'Albert : ce n'est pas pour rien que Thmis porte un bandeau ; et vous m'avouerez que, quand il s'agit de juger de jolis petits tres comme ceux-l, nous devons toujours l'avoir sur les yeux. | |||
- Je lui promets pour sa vie l'impunit la plus entire, dit Saint-Fond ; elle peut faire absolument tout ce qu'elle voudra, je lui proteste de la protger dans tous ses carts et de la venger, comme elle l'exigera, de tous ceux qui voudraient troubler ses plaisirs, quelque criminels qu'ils puissent tre. | |||
- Je lui en jure autant, dit d'Albert ; je lui promets, de plus, de lui faire avoir demain une lettre du chancelier qui la mettra l'abri de toutes les poursuites qui, par tel tribunal que ce soit, pourraient tre intentes contre elle dans toute l'tendue de la France. Mais, Saint-Fond, j'exige quelque chose de plus ; tout ce que nous faisons ici n'est qu'absoudre le crime, il faut l'encourager : je te demande donc des brevets de pensions pour elle, depuis deux mille francs jusqu' vingt-cinq, en raison du crime qu'elle commettra. | |||
- Juliette, dit Noirceuil, voil je crois de puissants motifs, et pour donner tes passions toute l'extension qu'elles peuvent avoir, et pour ne nous cacher aucun de tes carts. Mais il en faut convenir, messieurs, poursuivit aussitt mon amant sans me donner le temps de rpondre, vous faites l un merveilleux usage de l'autorit qui vous est confie par les lois et par le monarque. | |||
- Le meilleur possible, rpondit Saint-Fond ; on n'agit jamais mieux que lorsqu'on travaille pour soi ; cette autorit nous est confie pour faire le bonheur des hommes : n'y travaillons-nous pas en faisant le ntre et celui de cette aimable enfant ? | |||
- En nous revtant de cette autorit, dit d'Albert, on ne nous a pas dit : vous ferez le bonheur de tel ou tel individu, abstractivement de tel ou tel autre ; on nous a simplement dit : les pouvoirs que nous vous transmettons sont pour faire la flicit des hommes ; or, il est impossible de rendre tout le monde galement heureux ; donc, ds qu'il en est parmi nous quelques-uns de contents, notre but est rempli. | |||
- Mais, dit Noirceuil, qui ne controversait que pour mieux faire briller ses amis, vous travaillez pourtant au malheur gnral en sauvant la coupable et perdant l'innocent. | |||
- Voil ce que je nie, dit Saint-Fond ; le vice fait beaucoup plus d'heureux que la vertu : je sers donc bien mieux le bonheur gnral en protgeant le vice qu'en rcompensant la vertu. | |||
- Voil des systmes bien dignes de coquins comme vous ! dit Noirceuil. | |||
- Mon ami, dit d'Albert, puisqu'ils font aussi votre joie, ne vous en plaignez point. | |||
- Vous avez raison, dit Noirceuil ; il me semble, au surplus, que nous devrions un peu plus agir que jaser. Voulez-vous Juliette seule un moment, avant que l'on n'arrive ? | |||
- Non, pas moi, dit d'Albert, je ne suis nullement curieux des tte--tte, j'y suis d'un gauche... L'extrme besoin que j'ai d'tre toujours aid dans ces choses-l fait que j'aime autant patienter jusqu' ce que tout le monde y soit. | |||
- Je ne pense pas tout fait ainsi, dit Saint-Fond, et je vais entretenir un instant Juliette au fond de ce boudoir. | |||
A peine y fmes-nous, que Saint-Fond m'engagea me mettre nue. Pendant que j'obissais : | |||
- On m'a assur, me dit-il, que vous seriez d'une complaisance aveugle mes fantaisies ; elles rpugnent un peu, je le sais, mais je compte sur votre reconnaissance. Vous savez ce que j'ai fait pour vous, je ferai plus encore : vous tes mchante, vindicative ; eh bien, poursuivit-il en me remettant six lettres de cachet en blanc qu'il ne s'agissait plus que de remplir pour faire perdre la libert qui bon me semblerait, voil pour vous amuser ; prenez, de plus, ce diamant de mille louis, pour payer le plaisir que j'ai de faire connaissance avec vous ce soir... Prenez, prenez, tout cela ne me cote rien : c'est l'argent de l'tat. | |||
- En vrit, monseigneur, je suis confuse de vos bonts. | |||
- Oh ! je n'en resterai pas l ; je veux que vous veniez me voir chez moi ; j'ai besoin d'une femme qui, comme vous, soit capable de tout ; je veux vous charger de la partie des poisons. | |||
- Quoi, monseigneur, vous vous servez de pareilles choses ? | |||
- Il le faut bien, il y a tant de gens dont nous sommes obligs de nous dfaire... Point de scrupule, je me flatte ? | |||
- Ah ! pas le moindre, monseigneur ! je vous jure qu'il n'est aucun crime dans le monde capable de m'effrayer, et qu'il n'en est pas un seul que je ne commette avec dlices. | |||
- Ah ! baisez-moi, vous tes charmante ! dit Saint-Fond ; eh bien ! au moyen de ce que vous me promettez l, je vous renouvelle le serment que je vous ai fait de vous procurer l'impunit la plus entire. Faites, pour votre compte, tout ce que bon vous semblera : je vous proteste de vous retirer de toutes les mauvaises aventures qui pourraient en survenir. Mais il faut me prouver tout de suite que vous tes capable d'exercer l'emploi que je vous destine. Tenez, me dit-il en me remettant une petite bote, je placerai ce soir prs de vous, au souper, celle des filles sur laquelle il m'aura plu de faire tomber l'preuve ; caressez-la bien : la feinte est le manteau du crime ; trompez-la le plus adroitement que vous pourrez et jetez cette poudre, au dessert, dans un des verres de vin qui lui seront servis : l'effet ne sera pas long ; je reconnatrai l si vous tes digne de moi ; et, dans ce cas, votre place vous attend. | |||
- Oh ! monseigneur, rpondis-je avec chaleur, je suis vos ordres ; donnez, donnez, vous allez voir comme je vais me conduire. | |||
- Charmante !... charmante !... Amusons-nous maintenant, mademoiselle, votre libertinage me fait bander... Permettez cependant que je vous mette au fait, avant tout, d'une formule dont il est essentiel que vous ne vous loigniez point : je vous prviens qu'il ne faut jamais vous carter du profond respect que j'exige et qui m'est d bien plus d'un titre ; je porte sur cela l'orgueil au dernier point. Vous ne m'entendrez jamais vous tutoyer ; imitez-moi, ne m'appelez, surtout, jamais autrement que monseigneur ; parlez la troisime personne tant que vous pourrez, et soyez toujours devant moi dans l'attitude du respect. Indpendamment de la place minente que j'occupe, ma naissance est des plus illustres, ma fortune norme, et mon crdit suprieur celui du roi mme. Il est impossible de n'avoir pas beaucoup de vanit quand on en est l : l'homme puissant qui, par une fausse popularit, consent se laisser approcher de trop prs, s'humilie et se ravale bientt. La nature a plac les grands sur la terre comme les astres au firmament ; ils doivent clairer le monde et n'y jamais descendre. Ma fiert est telle que je voudrais n'tre servi qu' genoux, ne jamais parler que par interprte toute cette vile canaille que l'on appelle le peuple ; et je dteste tout ce qui n'est pas ma hauteur. | |||
- En ce cas, dis-je, monseigneur doit har bien du monde, car il est bien peu d'tres ici-bas qui puissent l'galer. | |||
- Trs peu, vous avez raison, mademoiselle ; aussi j'abhorre l'univers entier, except les deux amis que vous me voyez l, et quelques autres : je hais souverainement tout le reste. | |||
- Mais, monseigneur, pris-je la libert de dire ce despote, les caprices de libertinage o vous vous livrez ne vous sortent-ils pas un peu de cette hauteur dans laquelle il me semble que vous devriez toujours dsirer d'tre ? | |||
- Non, dit Saint-Fond, tout cela s'allie, et, pour des ttes organises comme les ntres, l'humiliation de certains actes de libertinage sert d'aliment l'orgueil1. | |||
Et comme j'tais nue : | |||
- Ah ! le beau cul, Juliette ! me dit le paillard en se l'exposant ; on m'avait bien dit qu'il tait superbe, mais il surpasse sa rputation ; penchez-vous, que j'y darde ma langue... Ah, Dieu ! voil une propret qui me dsespre : Noirceuil ne vous a donc pas dit en quel tat je voulais trouver votre cul ? | |||
- Non, monseigneur. | |||
- Je le voulais merdeux... Je le voulais sale... il est d'une fracheur qui me dsespre. Allons, rparons cela par autre chose. Tenez, Juliette, voil le mien... il est dans l'tat o je voulais le vtre : vous y trouverez de la merde... Mettez-vous genoux devant lui, adorez-le, flicitez-vous de l'honneur que je vous accorde en vous permettant d'offrir mon cul l'hommage que voudrait lui rendre toute la terre... Que d'tres seraient heureux votre place ! Si les dieux descendaient vers nous, eux-mmes voudraient jouir de cette faveur. Sucez, sucez, enfoncez votre langue ; point de rpugnance, mon enfant. | |||
Et quelles que fussent celles que j'prouvais, je les vainquis ; mon intrt m'en faisait une loi. Je fis tout ce que dsirait ce libertin : je lui suai les couilles, je me laissai souffleter, pter dans la bouche, chier sur la gorge, cracher et pisser sur le visage, tirailler le bout des ttons, donner des coups de pied au cul, des croquignoles, et, dfinitivement, foutre en cul, o il ne fit que de s'exciter, pour me dcharger aprs dans la bouche, avec l'ordre positif d'avaler son sperme. | |||
Je fis tout ; la plus aveugle docilit couronna toutes ses fantaisies. Divins effets de la richesse et du crdit, toutes les vertus, toutes les volonts, toutes les rpugnances vont se briser devant vos dsirs, et l'espoir d'tre accueillis par vous assouplit vos pieds tous les tres et toutes les facults de ces tres ! La dcharge de Saint-Fond tait brillante, hardie, emporte ; c'est trs haute voix qu'il prononait alors les blasphmes les plus nergiques et les plus imptueux ; sa perte tait considrable, son sperme brlant, pais et savoureux, son extase nergique, ses convulsions violentes et son dlire bien prononc. Son corps tait beau, fort blanc, le plus beau cul du monde, ses couilles trs grosses, et son vit musculeux pouvait avoir sept pouces de long, sur six de tour ; il tait surmont d'une tte de deux pouces au moins, beaucoup plus grosse que le milieu du membre, et presque toujours dcalotte. Il tait grand, fort bien fait, le nez aquilin, de gros sourcils, de beaux yeux noirs, de trs belles dents et l'haleine trs pure. Il me demanda, quand il eut fini, s'il n'tait pas vrai que son foutre ft excellent... | |||
- De la crme, monseigneur, de la crme ! rpondis-je, il est impossible d'en avaler de meilleur. | |||
- Je vous accorderai quelquefois l'honneur d'en manger, me dit-il, et vous avalerez aussi ma merde, quand je serai bien content de vous. Allons, mettez-vous genoux, baisez mes pieds, et remerciez-moi de toutes les faveurs que j'ai bien voulu vous laisser cueillir aujourd'hui. | |||
J'obis, et Saint-Fond m'embrassa en jurant qu'il tait enchant de moi. Un bidet et quelques parfums firent disparatre toutes les taches dont j'tais souille. Nous sortmes ; en traversant les appartements qui nous sparaient du salon d'assemble, Saint-Fond me recommanda la bote. | |||
- Eh quoi ! dis-je, l'illusion dissipe, le crime vous occupe encore ? | |||
- Comment ! me dit cet affreux homme, as-tu donc pris ma proposition pour une effervescence de tte ? | |||
- Je l'avais cru. | |||
- Tu te trompais ; ce sont de ces choses ncessaires dont le projet meut nos passions, mais qui, quoique conues dans le moment de leur dlire, n'en doivent pas moins tre excutes dans le calme. | |||
- Mais vos amis le savent-ils ? | |||
- En doutes-tu ? | |||
- Cela fera scne. | |||
- Pas du tout, nous sommes accoutums cela. Ah ! si tous les rosiers du jardin de Noirceuil disaient quelles substances ils doivent leur beaut.... Juliette.... Juliette, il n'y aurait pas assez de bourreaux pour nous ! | |||
- Soyez donc tranquille, monseigneur, je vous ai fait le serment de l'obissance, je le tiendrai. | |||
Nous rentrmes. On nous attendait ; les femmes taient arrives. Ds que nous parmes, d'Albert tmoigna le dsir de passer au boudoir avec Mme de Noirceuil, Henriette, Lindane et deux gitons, et ce ne fut que ce que je vis excuter d'Albert aprs, qui me fit douter de ses gots. Reste seule avec Lolotte, gle, quatre gitons, le ministre et Noirceuil, on se livra quelques scnes luxurieuses ; les deux petites filles, par des moyens peu prs semblables ceux que j'avais employs, essayrent de faire rebander Saint-Fond ; elles y russirent ; Noirceuil, spectateur, se faisait foutre en me baisant les fesses. Saint-Fond caressa beaucoup les jeunes gens et eut quelques minutes d'entretien secret avec Noirceuil ; tous deux reparurent trs chauffs, et, le reste de la compagnie s'tant runi nous, on se mit table. | |||
Jugez, mes amis, quelle fut ma surprise, lorsqu'en me rappelant l'ordre secret qui m'tait donn, je vis qu'avec la plus extrme affectation c'tait Mme de Noirceuil qu'on plaait prs de moi. | |||
- Monseigneur, dis-je bas Saint-Fond, qui s'y mettait galement de l'autre ct... oh ! monseigneur, est-ce donc l la victime choisie ? | |||
- Assurment, me dit le ministre, revenez de ce trouble ; il vous fait tort dans mon esprit ; encore une pareille pusillanimit et vous perdez jamais mon estime. | |||
Je m'assis ; le souper fut aussi dlicieux que libertin ; les femmes, peine rhabilles, exposaient aux attouchements de ces paillards tout ce que la main des Grces leur avait distribu de charmes. L'un touchait une gorge peine close, l'autre maniait un cul plus blanc que l'albtre ; nos cons seuls taient peu fts : ce n'est pas avec de tels gens que de pareils appas font fortune ; persuads que pour ressaisir la nature, il faut souvent lui faire outrage, ce n'est qu' ceux dont le culte est, dit-on, dfendu par elle que les fripons offrent de l'encens. Les vins les plus exquis, les mets les plus succulents ayant chauff les ttes, Saint-Fond saisit Mme de Noirceuil ; le sclrat bandait du crime atroce que sa perfide imagination machinait contre cette infortune ; il l'emporte sur un canap, au bout du salon, et l'encule en m'ordonnant de venir lui chier dans la bouche ; quatre jeunes garons se placent de manire qu'il en branle un de chaque main, qu'un troisime enconne Mme de Noirceuil, et que le quatrime, lev au-dessus de moi, me fait sucer son vit ; un cinquime encule Saint-Fond. | |||
- Ah ! sacredieu, s'crie Noirceuil, ce groupe est enchanteur ! Je ne connais rien de si joli que de voir ainsi foutre sa femme ; ne la mnagez pas, Saint-Fond, je vous en conjure. | |||
Et plaant les fesses d'gle hauteur de sa bouche, il y fait chier cette petite fille, pendant qu'il sodomise Lindane et que le sixime garon l'encule. D'Albert, se joignant au tableau, vient en remplir la partie gauche ; il sodomise Henriette, en baisant le cul du garon qui fout le ministre, et manie, de droite et de gauche, tout ce que ses mains peuvent atteindre. | |||
Ah ! qu'un graveur et t ncessaire ici pour transmettre la postrit ce voluptueux et divin tableau ! Mais la luxure, couronnant trop vite nos acteurs, n'et peut-tre pas donn l'artiste le temps de les saisir. Il n'est pas ais l'art, qui n'a point de mouvement, de raliser une action dont le mouvement fait toute l'me ; et voil ce qui fait la fois de la gravure l'art le plus difficile et le plus ingrat. | |||
On se remet table. | |||
- J'ai demain, dit le ministre, une lettre de cachet expdier pour un homme coupable d'un garement assez singulier. C'est un libertin qui, comme vous, Noirceuil, a la manie de faire foutre sa femme par un tranger ; cette pouse, qui vous paratra sans doute fort extraordinaire, a eu la btise de se plaindre d'une fantaisie qui ferait le bonheur de beaucoup d'autres. Les familles s'en sont mles, et, dfinitivement, on veut que je fasse enfermer le mari. | |||
- Cette punition est beaucoup trop dure, dit Noirceuil. | |||
- Et moi je la trouve trop douce, dit d'Albert ; il y a tout plein de pays o l'on ferait prir un homme comme cela. | |||
- Oh ! voil comme vous tes, messieurs les robins ! dit Noirceuil : heureux quand le sang coule. Les chafauds de Thmis sont des boudoirs pour vous ; vous bandez en prononant un arrt de mort, et dchargez souvent en le faisant excuter. | |||
- Oui, cela m'est arriv quelquefois, dit d'Albert ; mais quel inconvnient y a-t-il se faire des plaisirs de ses devoirs ? | |||
- Aucun, sans doute, dit Saint-Fond ; mais, pour en revenir l'histoire de notre homme, vous conviendrez qu'il y a des femmes bien ridicules dans le monde. | |||
- C'est qu'il y en a tout plein, dit Noirceuil, qui croient avoir rempli leurs devoirs envers leurs maris, quand elles ont respect leur honneur, et qui leur font acheter cette trs mdiocre vertu par de l'aigreur et de la dvotion, et surtout par des refus constants de tout ce qui s'carte des plaisirs permis. Sans cesse cheval sur leur vertu, des putains de cette espce s'imaginent qu'on ne saurait trop les respecter, et que, d'aprs cela, le bgueulisme le plus outr peut leur tre permis sans reproche. Qui n'aimerait pas mieux une femme aussi garce que vous voudrez la supposer, mais dguisant ses vices par une complaisance sans bornes, par une soumission entire toutes les fantaisies de son mari ? Eh ! foutez, mesdames, foutez tant qu'il vous plaira ! C'est pour nous la chose du monde la plus indiffrente ; mais prvenez nos dsirs, satisfaites-les tous sans aucun scrupule ; mtamorphosez-vous pour nous plaire, jouez la fois tous les sexes, redevenez enfants mme, afin de donner vos poux l'extrme plaisir de vous fouetter, et soyez sres qu'avec de tels gards, ils fermeront les yeux sur tout le reste. Voil les seuls procds qui puissent temprer, selon moi, l'horreur du lien conjugal, le plus affreux, le plus dtestable de tous ceux par lesquels les hommes ont eu la folie de se captiver. | |||
- Ah ! Noirceuil, vous n'tes pas galant ! dit Saint-Fond en pressant un peu fortement les ttons de la femme de son ami ; oubliez-vous donc que votre pouse est l ? | |||
- Pas pour longtemps, j'espre, rpondit mchamment Noirceuil. | |||
- Comment donc ? dit d'Albert en jetant sur la pauvre femme un regard aussi faux que sournois. | |||
- Nous allons nous sparer. | |||
- Quelle cruaut ! dit Saint-Fond qu'enflammaient extraordinairement toutes ces mchancets, et qui, branlant un giton de sa main droite, continuait de pressurer avec la gauche les jolis ttons de Mme de Noirceuil... Quoi ! vous allez rompre vos nuds... des liens si doux ? | |||
- Mais n'y a-t-il pas assez longtemps qu'ils durent ? | |||
- Eh bien, dit Saint-Fond, toujours branlant, toujours vexant, si tu quittes ta femme, je la prends ; moi, j'ai toujours aim dans elle cet air de douceur et d'humanit ... Baisez-moi, friponne ! | |||
Et comme elle tait en larmes, en raison des maux que, depuis un quart d'heure, lui faisait prouver Saint-Fond, ce sont ses pleurs que le libertin dvore et que sa langue essuie ; puis poursuivant : | |||
- En vrit, Noirceuil, se sparer d'une femme aussi belle (et il la mordait), aussi sensible (et il la pinait)... je vous le dis, mon ami, c'est un meurtre. | |||
- Un meurtre ? dit d'Albert... oui, effectivement, je crois que c'est par un meurtre que Noirceuil va briser ses liens. | |||
- Oh ! quelle horreur ! dit Saint-Fond qui, ayant fait lever la malheureuse pouse, commenait lui molester cruellement le derrire en lui faisant empoigner son vit ; tenez, je vois, mes amis, qu'il faut que je l'encule encore une fois pour lui faire oublier son chagrin. | |||
- Oui, dit d'Albert en venant la saisir par-devant, et moi je vais l'enconner pendant ce temps-l. Mettons-la vite entre nous deux ; j'aime tonnamment cette manire de foutre son prochain. | |||
- Et que ferai-je donc, moi ! dit Noirceuil. | |||
- Vous tiendrez la chandelle et vous comploterez, dit le ministre. | |||
- Je veux mieux employer mon temps, dit le barbare poux ; n'occupez point la tte de ma douce compagne ; je veux jouir de sa figure en larmes, la nasarder de temps en temps, pendant que j'enculerai la petite gle, que deux bardaches se relayeront dans mon cul, que j'pilerai les cons d'Henriette et de Lolotte, et que Lindane et Juliette foutront sous nos yeux, l'une en cul, l'autre en con, avec les jeunes gens qui restent. | |||
La sance fut aussi longue que les tableaux en taient recherchs ; les trois libertins dchargrent et la pauvre Noirceuil ne se tira de leurs mains que meurtrie de coups. D'Albert, en perdant son foutre, lui avait tellement mordu un tton qu'elle tait couverte de sang. Imitatrice de mes matres et parfaitement foutue par deux des gitons, j'avoue que j'avais de mme tonnamment dcharg ; rouge, chevele comme une bacchante, je leur parus dlicieuse au sortir de l ; Saint-Fond surtout ne cessait de m'accabler de caresses. | |||
- Comme elle est bien, ainsi ! disait-il, comme le crime l'embellit. | |||
Et il me suait indistinctement sur toutes les parties du corps. | |||
On continua de boire, mais sans se remettre table ; cette manire est infiniment agrable, et l'on se grise beaucoup plus tt en l'employant. Les ttes s'embrasrent donc de manire faire frmir les femmes. Je vis bien qu'on ne jetait sur elles que des yeux foudroyants et qu'on ne leur adressait plus que des paroles pleines de menaces et d'invectives. Deux choses cependant s'apercevaient avec facilit : on voyait que je n'tais nullement comprise dans la conjuration et qu'elle se dirigeait presque entirement sur Mme de Noirceuil ; ce que je savais, d'ailleurs, ne contribuait pas peu me rassurer. | |||
Passant tour tour des mains de Saint-Fond dans celles de son mari et, de celles-ci, dans celles de d'Albert, l'infortune Noirceuil tait dj fort malmene : ses ttons, ses bras, ses cuisses, ses fesses, et gnralement toutes les parties charnues de son corps, commenaient porter des marques sensibles de la frocit de ces sclrats, lorsque Saint-Fond, qui bandait beaucoup, la saisit, et, lui ayant au pralable appliqu douze claques tour de bras sur le derrire et six soufflets d'gale force, il la fixa droite au milieu de la salle manger, dans un trs grand cartement, les pieds attachs terre et les mains arrtes au plafond. On lui mit, ds qu'elle fut dans cette attitude, douze bougies allumes entre les cuisses, en telle sorte que les flammes, pntrant d'une part dans l'intrieur du vagin ou sur les parois de l'anus, et calcinant de l'autre la motte et les fesses, contournassent par leur vive impression les muscles du joli visage de cette femme et les dterminassent aux voluptueuses angoisses de la douleur. Saint-Fond, arm d'une autre bougie, la considrait attentivement pendant cette crise, en se faisant sucer le vit par Lindane et le trou du cul par Lolotte ; prs de l, Noirceuil, se faisant foutre en mordant les fesses d'Henriette, annonait sa femme qu'il allait la laisser mourir ainsi, pendant que d'Albert, enculant un giton et maniant le cul d'gle, encourageait Noirceuil traiter encore bien plus mal cette malheureuse compagne de son sort. Charge de servir et soigner le total, je m'aperus que les bouts de bougies taient trop courts pour faire prouver la victime le degr de douleur que l'on lui souhaitait ; je levai les flambeaux sur un tabouret ; les cris de la Noirceuil, qui devinrent insupportables, me valurent, de la part de ses bourreaux, les plus grands applaudissements. Ce fut alors que Saint-Fond, qui perdait la tte, se permit une atrocit ; le sclrat, portant une bougie qu'il tenait sous le nez de la patiente, lui brla les paupires et presque un il entier ; d'Albert, s'emparant de mme d'une bougie, lui en calcina le bout d'un tton et son mari lui brla les cheveux. | |||
Singulirement chauffe de ce spectacle, j'encourageais les acteurs et les dterminais changer de supplice. Par mon conseil, on la frotte d'esprit-de-vin, on y met le feu ; elle a l'air un instant de ne former qu'une flamme, et, quand la matire s'teint, son piderme entirement brl la rend horrible regarder. On n'imagine pas les louanges que cette cruelle ide me valut. Saint-Fond, qu'chauffe tonnamment cette sclratesse, quitte la bouche de Lindane pour venir m'enculer, toujours suivi par Lolotte qui, par son ordre, ne cesse de lui gamahucher le cul. | |||
- Que lui ferons-nous prsent ? me dit Saint-Fond, en dvorant ma bouche de baisers et me dardant son vit jusqu'aux entrailles ; invente, Juliette, invente donc quelque chose ; ta tte est dlicieuse, tout ce que tu proposes est divin. | |||
- Il y a mille tourments lui faire encore prouver, rpondis-je, et tous plus piquants les uns que les autres. | |||
Et j'allais en proposer quelques-uns, lorsque Noirceuil, s'approchant de nous, dit Saint-Fond qu'il fallait lui faire avaler tout de suite la dose dont j'tais munie, avant de lui ter les forces ncessaires nous donner les moyens de juger et de jouir des effets de ce poison. D'Albert, consult, est pleinement de cet avis ; on dtache la dame et on me la remet. | |||
- Aimable infortune, lui dis-je aprs avoir ml la poudre dans un verre de vin d'Alicante, avalez ceci pour vous restaurer, et vous allez voir l'tat de rconfortation o ce breuvage va mettre vos esprits. | |||
Notre imbcile avale avec docilit, et sitt qu'elle a fait, Noirceuil, qui n'avait pas cess de me tenir encule pendant que j'oprais, jaloux de ne perdre aucune des contorsions de cette agonie, me quitte pour venir considrer de plus prs la victime. | |||
- Vous allez mourir, lui dit-il ; y tes-vous bien dtermine ? | |||
- Madame est trop raisonnable, poursuit d'Albert, pour ne pas sentir que quand une femme a perdu l'estime et la tendresse de son poux, qu'il est dgot d'elle et qu'il en est las, le plus simple est de disparatre. | |||
- Oh, oui ! la mort... la mort ! s'cria cette infortune ; c'est la dernire grce que je demande !... Au nom du ciel, ne me la faites point attendre ! | |||
- La mort que tu dsires, infme bougresse, est dans tes entrailles, lui dit Noirceuil, en se faisant branler le vit sous les yeux de sa triste pouse par l'un de ses gitons ; tu l'as reue des mains de Juliette ; son attachement tait tel pour toi, qu'elle nous a disput le bonheur de t'empoisonner. | |||
Et Saint-Fond, ivre de lubricit, ne sachant plus ce qu'il faisait, enculait d'Albert, qui, se prtant avec complaisance aux sodomites attaques de son ami, rendait un beau giton tout ce qu'il recevait du ministre, dont je gamahuchais l'anus. | |||
- Un peu d'ordre tout ceci, dit Noirceuil, qui commenait s'apercevoir, aux contorsions de sa femme, qu'il tait bon de ne la plus perdre de vue. | |||
Il fait mettre un tapis, au milieu de la chambre, sur lequel on tend la victime, et nous formons un cercle autour d'elle. Saint-Fond m'encule en branlant un garon de chaque main. D'Albert est suc par Henriette, il suce un vit en branlant de la main droite et, de la gauche, il moleste le cul de Lindane ; Noirceuil encule gle, on le fout, il suce un vit, et fait foutre Lolotte sur ses cuisses par le sixime giton. Les crises commencent ; elles sont horribles, on n'a pas d'ide des effets de ce poison ; la pauvre femme se tournait quelquefois, au point de ne plus former qu'une boule ; rien n'galait ses crispations, ses hurlements alors devenaient pouvantables ; mais nos prcautions taient prises de manire qu'il tait impossible de rien entendre. | |||
- Oh, comme c'est dlicieux ! disait Saint-Fond tout en labourant mon cul ; je ne sais ce que je donnerais pour la sodomiser en cet tat. | |||
- Rien n'est plus ais, dit Noirceuil, essaye-le, nous te la tiendrons. | |||
La patiente, vigoureusement saisie par les jeunes gens, prsente, malgr ses efforts, le cul dsir par Saint-Fond ; le sclrat s'y introduit. | |||
- Oh, foutre ! s'crie-t-il, je n'y puis tenir. | |||
D'Albert le remplace, Noirceuil ensuite ; mais ds que sa malheureuse pouse le sent, ses efforts deviennent si terribles, qu'elle chappe ceux qui la tiennent et se jette en fureur sur son bourreau ; Noirceuil effray se sauve, le cercle se reforme. | |||
- Laissons-la, laissons-la, dit Saint-Fond qui venait de rentrer dans mon cul ; il ne faut pas approcher une bte venimeuse quand elle prouve les crises de la mort. | |||
Cependant Noirceuil, piqu, veut tirer vengeance de l'insulte ; il machine de nouveaux supplices, lorsque Saint-Fond s'y oppose en assurant son ami que tout ce que l'on pourrait faire maintenant la victime ne servirait qu' troubler l'examen que l'on se proposait des effets du venin. | |||
- Eh ! messieurs, m'criai-je, ce n'est pas tout cela qu'il faut madame : elle n'a dans ce moment-ci besoin que d'un confesseur. | |||
- Qu'elle aille au diable, la putain, dit Noirceuil que Lolotte suait en ce moment ; oui, oui, qu'elle aille tous les diables !... Si j'ai jamais dsir un enfer, c'est dans l'esprance d'y savoir son me, et de porter jusqu' mon dernier soupir l'ide dlicieuse que les plus vives douleurs ne sauraient avoir de fin pour elle. | |||
Cette imprcation parut dcider la dernire crise ; Mme de Noirceuil rendit l'me, et nos trois coquins dchargrent en blasphmant comme des sclrats. | |||
- Voil une des meilleures actions que nous ayons faites de notre vie, dit Saint-Fond en pressant son vit pour en exprimer jusqu' la dernire goutte de foutre ; il y avait longtemps que je dsirais la fin de cette ennuyeuse bgueule ; j'en tais encore plus las que son mari. | |||
- Ma foi, dit d'Albert, vous l'aviez pour le moins autant foutue que lui. | |||
- Oh ! beaucoup plus, dit mon amant. | |||
- Quoi qu'il en soit, dit Saint-Fond Noirceuil, ma fille est maintenant vous : vous savez que je vous l'ai promise pour rcompense de cette preuve. Je suis enchant de ce poison, il est bien malheureux que nous ne puissions pas jouir ainsi du spectacle de la mort de tous ceux que nous faisons prir de cette manire... Allons, mon ami, je vous le rpte, ma fille est vous ; que le ciel bnisse une aventure o je gagne un gendre trs aimable et la certitude de n'avoir point t tromp par la femme qui me fournit ces venins ! | |||
Ici Noirceuil eut l'air de faire une question bas Saint-Fond, qui lui rpondit affirmativement. | |||
Et le ministre, m'adressant ensuite la parole : | |||
- Juliette, me dit-il, vous viendrez me voir demain, je vous expliquerai ce que je n'ai fait qu'effleurer aujourd'hui. Noirceuil, en se remariant, ne peut plus vous avoir chez lui ; mais les effets de mon crdit, les grces que je vais rpandre sur vous, l'argent dont je vais vous couvrir, vous ddommageront bien amplement du sort que vous faisait mon ami. Je suis trs content de vous ; votre imagination est brillante, votre flegme entier dans le crime, votre cul superbe, je vous crois froce et libertine : voil les vertus qu'il me faut. | |||
- Monseigneur, rpondis-je, j'accepte avec reconnaissance tout ce qu'il vous plat de m'offrir, mais je ne puis vous dissimuler que j'aime Noirceuil ; je ne m'en sparerais qu'avec peine. | |||
- Nous ne cesserons point de nous voir, mon enfant, me rpondit l'ami de Saint-Fond : gendre du ministre et son ami intime, nous passerons notre vie ensemble. | |||
- Soit, rpondis-je, ces conditions j'accepte tout. | |||
Les garons et les filles, qui l'on fit entrevoir une mort sre dans le cas de la moindre indiscrtion, jurrent un silence ternel ; Mme de Noirceuil fut enterre dans le jardin, et l'on se spara. | |||
Une circonstance imprvue retarda le mariage de Noirceuil, ainsi que les projets du ministre. Il ne me fut pas possible non plus de le voir le lendemain : le roi, singulirement content de Saint-Fond, venait de lui donner une marque sre de confiance en le chargeant d'un voyage secret pour lequel il fut oblig de partir sur-le-champ, et au retour duquel il eut le cordon bleu avec cent mille cus de pension. | |||
- Oh ! me dis-je en apprenant ces faveurs, comme il est vrai que le sort rcompense le crime, et qu'il serait imbcile, celui qui, clair par de tels exemples, ne parcourrait pas ardemment toute l'tendue de cette carrire ! | |||
Cependant, d'aprs les lettres que Noirceuil reut du ministre, j'eus l'ordre de me monter une maison splendide. Ayant reu l'argent ncessaire l'excution de ce projet, je louai tout de suite un magnifique htel, rue du Faubourg-St-Honor ; j'achetai quatre chevaux, deux voitures charmantes ; je pris trois laquais d'une taille haute, majestueuse, et d'une figure enchanteresse, un cuisinier, deux aides, une femme de charge, une lectrice, trois femmes de chambre, un coiffeur, deux filles en sous-ordre et deux cochers ; des meubles dlicieux ornrent ma maison ; et le ministre tant de retour, je fus me prsenter aussitt chez lui. Je venais d'atteindre ma dix-septime anne, et je puis dire qu'il tait Paris bien peu de femmes plus jolies que moi ; j'tais mise comme la desse mme des amours ; il tait impossible de runir plus d'art plus de luxe ; cent mille francs n'eussent pas pay les parures dont j'avais orn mes attraits, et je portais cent mille cus de bijoux ou de diamants. Toutes les portes s'ouvrirent mon aspect ; le ministre m'attendait seul. Je dbutai par les flicitations les plus sincres des grces qu'il venait d'obtenir, et lui demandai la permission de baiser les marques de sa nouvelle dignit ; il y consentit, pourvu que je ne remplisse ce soin qu' genoux : pntre de sa morgue et loin de la heurter, je fis ce qu'il dsirait. C'est par des bassesses que le courtisan achte le droit d'tre insolent avec les autres. | |||
- Vous me voyez, me dit-il, madame, au milieu de ma gloire ; le roi m'a combl, et j'ose dire que j'ai mrit ses dons ; jamais mon crdit ne fut plus assur, jamais ma fortune plus considrable. Si je fais refluer sur vous une partie de ces grces, il est inutile de vous dire quelles conditions. Aprs ce que nous avons fait ensemble, je crois pouvoir tre sr de vous ; ma plus entire confiance vous est acquise ; mais, avant que je n'entre dans aucun dtail, jetez les yeux, madame, sur ces deux clefs : celle-ci est celle des trsors qui vont vous couvrir, si je suis bien servi par vous ; celle-l est celle de la Bastille : une ternelle prison vous y est prpare, si vous manquez d'obissance ou de discrtion. | |||
- Entre de telles menaces et un pareil espoir, vous n'imaginez pas, sans doute, que je balance, dis-je Saint-Fond ; confiez-vous donc votre plus soumise esclave, et soyez parfaitement sr d'elle. | |||
- Deux soins bien importants vont tre remis dans vos mains, madame ; asseyez-vous et coutez-moi. | |||
Et comme j'allais prendre un fauteuil par inadvertance, Saint-Fond me fit signe de ne me placer que sur une chaise. Je me confondis en excuses, et voici comment il me parla : | |||
- Le poste que j'occupe, et dans lequel je veux me soutenir longtemps, m'oblige sacrifier un nombre infini de victimes. Voici une cassette compose de diffrente poisons ; vous les emploierez d'aprs les ordres que vous recevrez de moi ; ceux qui me desservent seront rservs les plus cruels ; les prompts, pour ceux dont l'existence me nuit au point que je n'aie pas un moment perdre pour les enlever de ce monde ; ces derniers, que vous voyez sous l'tiquette de poisons lents, seront pour ceux dont, par de puissantes raisons de politique, je dois prolonger l'existence afin d'loigner de moi les soupons. Toutes ces expditions, suivant l'existence des cas, se feront tantt chez vous, tantt chez moi, quelquefois en province ou dans les pays trangers. | |||
Passons maintenant la seconde partie de vos soins celle-l, sans doute, deviendra la plus pnible pour vous, mais en mme temps la plus lucrative. Dou d'une imagination trs ardente, blas depuis longtemps sur les plaisirs ordinaires, ayant reu de la nature un temprament de feu, des gots trs cruels, et, de la fortune, tout ce qu'il faut pour satisfaire ces furieuses passions, je ferai chez vous, soit avec Noirceuil, soit avec quelques autres amis, deux soupers libertins par semaine, dans lesquels il faut ncessairement qu'il s'immole au moins trois victimes. En retranchant de l'anne le temps des voyages o vous me suivrez seulement sans qu'il soit question de ces orgies, vous voyez que cela fait environ deux cents filles, dont la recherche ne regarde que vous ; mais il y a des clauses difficiles au choix de ces victimes. Il faut d'abord, Juliette, que la plus laide soit au moins belle comme vous ; il ne faut jamais qu'elles soient au-dessous de neuf ans, ni au-dessus de seize ; il faut qu'elles soient vierges et de la meilleure naissance, toutes titres ou, au moins, d'une grande richesse... | |||
- Oh ! monseigneur ! et vous immolerez tout cela ? | |||
- Assurment, madame, le meurtre est la plus douce de mes volupts ; j'aime le sang avec fureur, c'est ma plus chre passion ; et il est dans mes principes qu'il faut les satisfaire toutes, quelque prix que ce puisse tre. | |||
- Monseigneur, dis-je, en voyant que Saint-Fond attendait ma rponse, ce que je vous ai fait voir de mon caractre vous prouve, je crois, suffisamment qu'il est impossible que je vous trahisse ; mon intrt et mes gots vous en rpondent... Oui, monseigneur, j'ai reu de la nature les mmes passions que vous... les mmes fantaisies, et celui qui se prte tout cela par amour pour la chose mme, sert assurment beaucoup mieux que celui qui n'obirait que par complaisance : le lien de l'amiti, la ressemblance des gots, voici, soyez-en bien sr, les nuds qui captivent le plus srement une femme telle que moi. | |||
- Oh ! pour celui de l'amiti, ne m'en parlez pas ! Juliette, reprit vivement le ministre ; je n'ai pas plus de foi ce sentiment-l qu' celui de l'amour. Tout ce qui vient du cur est faux ; je ne crois qu'aux sens, moi, je ne crois qu'aux habitudes charnelles... qu' l'gosme, qu' l'intrt... oui, l'intrt sera toujours, de tous les liens, celui auquel je croirai le plus. Je veux donc que le vtre se trouve infiniment flatt, prodigieusement caress dans les arrangements que je vais prendre avec vous. Que le got vienne ensuite cimenter l'intrt, la bonne heure ; mais, les gots changeant avec l'ge, il peut venir un temps o l'on ne soit mme plus men par eux, et on ne cesse jamais de l'tre par l'intrt. Calculons donc votre petite fortune, madame : Noirceuil vous fait dix mille livres de rente, je vous en ai donn trois, vous en aviez douze : voil vingt-cinq ; et vingt-cinq, dont voici le contrat, font cinquante ; parlons maintenant du casuel. | |||
J'allai me jeter aux pieds du ministre pour lui rendre grce de cette nouvelle faveur ; il ne s'y opposa point, et, m'ayant fait signe de me rasseoir : | |||
- Vous imaginez bien, Juliette, continua-t-il, que ce n'est pas avec un aussi mince revenu que vous pouvez me donner souper deux fois la semaine, ni tenir la maison que je vous ai command de prendre : je vous donne donc un million par an pour ces soupers ; mais souvenez-vous qu'ils doivent tre d'une magnificence incroyable ; j'y veux toujours les mets les plus exquis, les vins les plus rares, les gibiers et les fruits les plus extraordinaires ; il faut que l'immensit accompagne la dlicatesse, et, fussions-nous mme tte tte, cinquante plats ne seraient pas suffisants. Les victimes vous seront payes vingt mille francs pice, ce qui n'est pas trop, cause des qualits que je leur dsire. Vous aurez de plus trente mille francs de gratification par chaque victime ministrielle immole par vos mains ; il y en a bien cinquante par an : cet article s'lve donc quinze cent mine francs, auxquels je joins vingt mille francs par mois pour vos appointements. Autant que je puis voir, madame, ceci vous met la tte de six millions sept cent quatre-vingt-dix mille francs ; nous ajouterons deux cent dix mille livres pour vos menus plaisirs, afin de vous composer une somme ronde de sept millions par an, dont cinquante mille francs passs par acte et qui ne peuvent vous fuir. tes-vous contente, Juliette ? | |||
M'efforant ici de cacher ma joie, afin de servir encore mieux l'avarice dont j'tais dvore, je reprsentai au ministre que les devoirs qu'il m'imposait taient, pour le moins, aussi onreux qu'taient considrables les sommes dont il m'accordait la disposition ; qu'avec l'envie de le bien servir, je ne mnagerais rien, et que je voyais qu'il serait fort possible que les dpenses normes que j'allais tre oblige de faire excdassent de beaucoup les recettes ; qu'au surplus... | |||
- Non ; voil comme je veux qu'on me parle, me dit le ministre ; vous m'avez montr de l'intrt, Juliette, c'est ce que je veux, je suis sr d'tre bien servi, maintenant ; n'pargnez rien, madame. et vous recevrez dix millions par an : aucun de ces supplments ne m'effraye ; je sais o les prendre tous, sans toucher mes revenus. Il serait bien fou, l'homme d'tat qui ne ferait pas payer ses plaisirs l'tat ; et que nous importe la misre des peuples, pourvu que nos passions soient satisfaites ? Si je croyais que l'or pt couler de leurs veines, je les ferais saigner tous les uns aprs les autres, pour me gorger de leur substance2. | |||
- Homme adorable, m'criai-je, vos principes me tournent la tte ; je vous ai laiss voir de l'intrt, croyez donc au got, maintenant, et persuadez-vous, je vous en conjure, que ce sera plutt mille fois par idoltrie pour vos plaisirs, que par tout autre motif, que je les servirai avec tant de zle. | |||
- Je le crois, dit Saint-Fond, je vous ai vue l'preuve. Eh ! comment n'aimeriez-vous pas mes passions ? Ce sont les plus dlicieuses qui puissent natre au cur de l'homme. Et celui qui peut dire : Aucun prjug ne m'arrte, je les ai tous vaincus ; et voici, d'un ct, le crdit qui lgitime toutes mes actions et, de l'autre, les richesses ncessaires les assaisonner de tous les crimes ; celui-l, dis-je, n'en doutez pas, Juliette, est le plus heureux de tous les tres... Ah ! ceci me fait souvenir, madame, du brevet d'impunit que vous promit d'Albert, la dernire fois que nous soupmes ensemble : le voil, mais c'est moi que le chancelier vient de l'accorder ce matin, et non point d'Albert, qui, selon son usage, vous avait totalement oublie. | |||
La manire dont toutes mes passions se trouvaient flattes, dans cette multitude d'vnements heureux, me tenait dans une espce d'ivresse... d'enchantement, d'o rsultait une sorte de stupidit qui m'tait jusqu' l'usage de la parole. Saint-Fond me sortit de cet engourdissement en m'attirant lui... | |||
- Dans combien de temps commencerons-nous, Juliette ? me dit-il en baisant ma bouche et passant une main sur mon derrire, dans lequel il enfona sur-le-champ un doigt. | |||
- Monseigneur, lui dis-je, il me faut bien au moins trois semaines pour prparer tous les diffrents services que Votre Grandeur exige de moi. | |||
- Je vous les accorde, Juliette ; c'est aujourd'hui le premier du mois : je soupe chez vous le vingt-deux. | |||
- Monseigneur, poursuivis-je, en m'avouant vos gots, vous m'avez donn quelques droits vous confier les miens. Vous m'avez reconnu ceux du crime, j'ai ceux du vol et de la vengeance ; je satisferai les premiers avec vous : le brevet que vous venez de me donner m'assurant l'impunit du vol, fournissez-moi les moyens de la vengeance. | |||
- Suivez-moi, rpondit Saint-Fond. | |||
Nous passmes chez un commis. | |||
- Monsieur, lui dit le ministre, examinez bien cette jeune femme ; je vous ordonne de lui signer et dlivrer toutes les lettres de cachet qu'elle vous demandera, n'importe pour quelle maison. | |||
Et repassant dans un cabinet o nous tions | |||
- Voil, poursuivit le ministre, un point accord ; la lettre que je vous ai donne remplit l'autre. Tranchez, coupez, dchirez, je vous livre la France entire ; et quel que soit le crime que vous commettiez, son tendue, sa gravit, je vous rponds qu'il ne vous en arrivera jamais rien. Je vais plus loin, et vous accorde, ainsi que je l'ai dit, trente mille francs de gratification par chacun des crimes que vous commettrez pour votre compte. | |||
Je renonce vous dire, mes amis, ce que toutes ces promesses, toutes ces conventions me firent prouver. Oh, ciel ! me dis-je, avec le drglement d'imagination que j'ai reu de la nature, me voil donc, d'un ct, assez riche pour satisfaire toutes mes fantaisies, de l'autre, assez de fortune pour tre certaine de l'impunit de toutes. Non, il n'est point de jouissances intrieures pareilles celles-l ; aucune lubricit ne fait prouver l'me un chatouillement plus excessif. | |||
- Il faut sceller le march, madame, me dit alors le ministre. Voici d'abord le pot-de-vin, continua-t-il, en me faisant prsent d'une cassette o il y avait cinq mille louis en or, et pour le double de pierreries ou de magnifiques bijoux ; n'oubliez pas de faire emporter cela avec la bote des poisons. | |||
M'attirant alors dans un cabinet secret, o le faste le plus opulent se joignait au got le plus recherch : | |||
- Ici, me dit Saint-Fond, vous ne serez plus qu'une putain ; hors de l, l'une des plus grandes dames de France. | |||
- Partout, partout votre esclave, monseigneur ; partout votre admiratrice et l'me de vos plus dlicats plaisirs. | |||
Je me dshabillai. Saint-Fond, ivre de plaisir d'avoir enfin une excellente complice, fit des horreurs. Je vous ai dit ses gots, il les raffina tous : s'il m'levait en sortant de chez lui, il me rabaissait cruellement dans son intrieur ; c'tait bien, en volupt, l'homme le plus sale... le plus despote... le plus cruel. Il me fit adorer son vit, son cul ; il chia, je dus faire un dieu de son tron mme ; mais, par manie bien extraordinaire, il me fit souiller ce dont il tirait ses plus puissants motifs d'orgueil : il exigea que je chiasse sur son Saint-Esprit et me torcha le cul avec son cordon bleu. | |||
A la surprise que je lui tmoignai de cette action : | |||
- Juliette, me rpondit-il, je veux te montrer par l que tous ces chiffons, qui sont faits pour blouir les sots, n'en imposent point au philosophe. | |||
- Et vous venez de me les faire baiser ? | |||
- Cela est vrai ; mais de mme que ces joujoux motivent mon orgueil, de mme j'en mets tonnamment les profaner : voil de ces bizarreries de tte qui ne sont connues que de libertins comme moi. | |||
Saint-Fond bandait extraordinairement ; je dchargeai dans ses bras : avec une imagination comme la mienne, il ne s'agit pas de ce qui rpugne, il n'est question que de ce qui est irrgulier, et tout est bon quand il est excessif. Je devinai le dsir extrme qu'il avait de me faire manger sa merde : je le prvins ; je lui demandai la permission de le faire, il tait aux nues ; il dvora la mienne, en y joignant l'pisode de me gamahucher le cul chaque bouche. Il me montra le portrait de sa fille : peine avait-elle quatorze ans, et ressemblait l'Amour mme. Je le priai de la runir nous. | |||
- Elle n'est pas ici, me dit-il ; je ne vous aurais pas laisse former ce dsir, si elle y et t. | |||
- Vous en avez donc joui, lui dis-je, avant que de la donner Noirceuil ? | |||
- Assurment, me rpondit-il ; j'en serais bien fch d'avoir laiss prendre d'autres d'aussi dlicieuses prmices. | |||
- Et vous ne l'aimez donc plus ? | |||
- Je n'aime rien, moi, Juliette : nous n'aimons rien, nous autres libertins. Cette enfant m'a fait beaucoup bander ; elle ne m'excite plus prsent, parce que j'en ai trop fait avec elle ; je la donne Noirceuil, qu'elle chauffe beaucoup ; tout cela est affaire de convenance. | |||
- Mais quand Noirceuil en sera las ? | |||
- Eh bien ! tu connais le sort des femmes ; je lui aiderai, vraisemblablement ; tout cela est bon, tout cela est bien fort ; c'est ce que j'aime... | |||
Et il bandait extraordinairement. | |||
- Monseigneur, lui dis-je, il me semble que si j'tais en place, il y aurait de certains moments o j'aimerais beaucoup abuser de mon autorit. | |||
- En bandant, n'est-ce pas | |||
- Oui. | |||
- Je le pense. | |||
- Oh ! monseigneur, sacrifions quelques innocents, cette ide me tourne la tte. | |||
Je le branlais, l'un de mes doigts chatouillait le trou de son cul. | |||
- Tenez, me dit-il en sortant un papier de son portefeuille, je n'ai qu' signer cela, et je fais mourir demain une trs jolie personne que sa famille vient de faire enfermer par mon organe, uniquement parce qu'elle aime les femmes. Je l'ai vue, elle est charmante ; je m'en suis amus l'autre jour : depuis ce moment-l j'ai si peur qu'elle ne parle, que je n'ai pas exist un instant sans le dsir de m'en dbarrasser. | |||
- Elle jasera, monseigneur, elle jasera, soyez-en bien sr ; votre sret dpend de la mort de cette fille... Signez au plus tt, je vous en conjure. | |||
Et prenant le papier, je l'appuyai sur mes fesses, en le suppliant de le signer l. Il le fit. | |||
- Je veux porter l'ordre moi-mme, lui dis-je. | |||
- J'y consens, me rpondit Saint-Fond... Allons, Juliette, il faut que je dcharge : ne vous alarmez pas du personnage qui devient ncessaire au dnoment de cette crise. | |||
Et comme il sonna, un jeune homme assez joli parut dans l'instant. | |||
- Mettez-vous genoux, Juliette ; il faut que cet homme vous donne trois coups de canne sur les paules, dont la marque reste quelques jours ; qu'ensuite il vous tienne pendant que je vous enculerai. | |||
Et le jeune homme, se dculottant lui-mme, fit aussitt baiser son derrire au ministre, qui le lcha complaisamment. J'obissais pendant ce temps-l, et j'tais genoux ; le jeune homme se sert de sa canne et m'applique trois coups si serrs sur les paules que j'en fus marque quinze jours. Saint-Fond, bien en face de moi, m'observait, pendant cette crise, avec une curiosit lubrique ; il vint examiner les meurtrissures ; il se plaignit de leur faiblesse, et ordonna au jeune homme de me tenir ; il m'encule tout en baisant les fesses de celui qui facilitait son opration. | |||
- Ah ! foutre ! s'cria-t-il en dchargeant, ah ! sacredieu, la putain est marque ! | |||
L'homme se retira. Ce ne fut que longtemps aprs qu'un vnement, dont nous parlerons, jeta quelque jour sur celui-ci. Le ministre me raccompagna, et, reprenant avec moi, ds que nous fmes bon de ce cabinet, l'air de considration qu'il avait eu avant que d'y entrer : | |||
- Faites emporter ces cassettes, madame, me dit-il, et souvenez-vous que notre arrangement commence dans trois semaines. Allons, Juliette, libertinage, crime, discrtion, et vous serez heureuse. Adieu. | |||
Mon premier soin fut d'examiner l'ordre dont j'tais porteuse. Dieu ! quel fut mon tonnement quand je vis qu'on enjoignait la suprieure du couvent de force dont il s'agissait, d'empoisonner secrtement, qui ?... Saint-Elme, cette charmante novice de Panthemont que j'avais adore pendant mon sjour dans ce couvent. Une autre que moi et dchir ce monument de sclratesse ; mais j'avais fait trop de chemin dans la carrire du crime pour reculer : rien ne m'arrte, je n'ai pas mme le mrite de balancer. Je remets l'ordre la suprieure de Sainte-Plagie, o Saint-Elme gmissait depuis trois mois ; je demande voir la coupable, je la questionne, elle m'avoue que le ministre a mis sa libert au prix de sa complaisance, et qu'elle a fait avec lui tout ce que l'on peut faire. Aucune des salets o se livrait ce monstre de luxure n'avait t pargne : bouche, cul... con, l'infme avait tout souill, et ce qui la consolait de ces sacrifices tait l'espoir de sa libert. | |||
- Je l'apporte, dis-je Saint-Elme en l'embrassant. | |||
Elle me remercie, me rend mes baisers au double... Mon con se mouille en la trahissant... Le lendemain elle tait morte. | |||
Allons, me dis-je, ds que je sus l'effet de ma sclratesse, je suis faite pour aller au grand, je le vois ; et travaillant avec promptitude aux prparatifs des projets de Saint-Fond, en trois semaines, ainsi que j'en avais pris l'engagement, je fus en tat de lui donner son premier souper. | |||
Six excellentes appareilleuses, que j'avais mes gages, m'avaient procur, pour mon dbut, trois jeunes surs, enleves dans un couvent de Meaux, de douze, treize et quatorze ans, et de la plus cleste figure qu'il ft possible de voir. | |||
Le ministre vint le premier jour avec un homme de soixante ans. En arrivant, il s'enferma quelques minutes avec moi, visita mes paules, et parut mcontent de n'y plus trouver les marques qu'il m'y avait fait imprimer la dernire fois que nous nous tions vus. A peine me toucha-t-il ; mais il me recommanda le plus grand respect et la plus profonde soumission pour l'homme qu'il amenait, lequel tait un des plus grands princes de la cour ; cet homme le remplaa aussitt dans le cabinet o m'avait fait passer Saint-Fond. Prvenue par mon amant, je lui fis voir mes fesses ds qu'il entra. Il s'approcha, une lunette la main. | |||
- Si vous ne ptez pas, me dit-il, vous tes mordue. | |||
Et comme je ne le satisfis pas aussi tt qu'il le dsirait, ses dents s'imprgnrent dans ma fesse gauche et y laissrent des traces profondes. Il se montre moi par-devant, et m'offrant un visage svre et disgracieux : | |||
- Mettez votre langue dans ma bouche, me dit-il ; et ds qu'elle y fut : Si vous ne rotez pas, poursuivit-il, vous tes mordue. | |||
Mais, voyant que je ne pouvais obir, je me retirai assez vite pour viter le pige. Le vieux coquin entre en fureur, il saisit une poigne de verges et m'trille pendant un quart d'heure. Il s'arrte et se remontrant moi : | |||
- Vous voyez, me dit-il, le peu d'effet que les choses mme que j'aime le mieux produisent maintenant sur mes sens ; regardez ce vit mollasse, rien ne le fait guinder : il faudrait pour cela que je vous fisse beaucoup de mal. | |||
- Et cela est inutile, mon prince, lui dis-je, puisque vous allez trouver tout l'heure trois objets dlicieux que vous pourrez tourmenter votre guise. | |||
- Oui... mais vous tes belle... votre cul (il le maniait toujours) me plat infiniment ; je voudrais bander pour lui. | |||
Il se dbarrasse, en disant cela, de ses habits, et pose sur la chemine une montre rptition enrichie de diamants, un tui, une tabatire d'or, sa bourse garnie de deux cents louis et deux bagues superbes. | |||
- Essayons, dit-il, prsent ; tenez, voil mon cul, il faut le pincer et le mordre excessivement fort, en me branlant de toute l'lasticit de votre poignet. Bon, dit-il, ds qu'il s'aperut d'un peu de changement dans son tat ; couchez-vous maintenant plat ventre sur ce canap et laissez-moi vous piquer les fesses avec cette aiguille d'or. | |||
Je me prte ; mais poussant un cri furieux, et ayant l'air de m'vanouir la seconde blessure, le malheureux tout tourdi, et craignant de dplaire au ministre en molestant un peu trop sa matresse, sort l'instant pour me calmer. Je jette ses habits dans une autre pice, saute sur les effets prcieux, les mets dans ma poche et me hte de rejoindre Saint-Fond, qui me demande la cause d'un retour si leste. | |||
- Ce n'est rien, lui dis-je ; mais ma promptitude rapporter les habits de monsieur est cause que mon boudoir s'est ferm, la clef en dedans : ce sont des serrures anglaises que personne ne peut ouvrir ; monsieur ayant tout ce qu'il lui faut, nous pouvons remettre un autre temps l'entrevue qu'il dsire. | |||
Et j'entrane mes deux convives au jardin, o tout tait prpar pour les recevoir ; le prince oublie ses effets, revt l'habit que je lui prsente et ne pense plus qu' de nouveaux plaisirs. | |||
Il faisait une soire dlicieuse ; nous tions sous un bosquet de lilas et de roses, magiquement clair, assis tous trois dans des trnes soutenus par des nuages, desquels s'exhalaient les parfums les plus dlicieux ; le centre tait occup par une montagne des fleurs les plus rares, parmi lesquelles taient les jattes du Japon et les couverts d'or qui devaient nous servir. A peine fmes-nous placs que le haut du bosquet s'ouvrit, et nous vmes aussitt paratre, sur un nuage de feu, les Furies, tenant enchanes avec leurs serpents les trois victimes qui devaient s'immoler ce repas. Elles descendirent du nuage, attachrent chacune celle qui lui tait confie des arbustes prs de nous, et se prparrent nous tre utiles. Ce repas sans ordre ne devait tre servi qu' la volont des convives ; on demandait ce qui passait par la tte, les Furies le servaient sur-le-champ. Plus de quatre-vingts plats de diffrentes espces sont demands sans qu'il en soit refus un seul ; dix espces de vins sont servies, tout coule, tout se fournit avec profusion. |