« Une Vie de Maupassant » : différence entre les versions

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== [[Livre]] le plus chiant du monde dont voici le texte int?gral ==
== [[Livre]] le plus chiant du monde dont voici le texte int�gral ==
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On remarque ? la ligne 12082 la phrase la plus fameuse du passage juif du roman : "[[Ch? f? fous tire. Votre fils il af? pesoin d'un peu d'archent, et comme ch? safais que fous ?tes une ponne m?re, che lui pr?t? quelque betite chose bour son pesoin.]]"  
On remarque la ligne 12082 la phrase la plus fameuse du passage juif du roman : "[[Ch� f� fous tire. Votre fils il af� pesoin d'un peu d'archent, et comme ch� safais que fous �tes une ponne m�re, che lui pr�t� quelque betite chose bour son pesoin.]]"  


On suppose qu'Une Vie ? ?t? ?crit entre deux gorg?es de [[bi?re]], sous le coup d'une inspiration fulgurante. Le texte pr?sente en effet tous les sympt?mes de la [[foudre po?tique]] tomb?e des nues un de ces soirs pluvieux o? la solitude existentielle et la contingence extr?me de l'Homme des villes se fait sentir encore plus fort qu'? l'ordinaire, frappant ? la porte de notre conscience encore endolorie des affres d'une journ?e mondaine. M?content de tous et m?content de lui, [[Guy]] dut recevoir la r?v?lation de ce texte, oeuvre ma?tresse d'un romancier au style si singulier qu'on peine ? lui pr?ter une oeuvre plurielle... Tous ses livres ne semblent ?crits que pour r??crire le pr?c?dent.  
On suppose qu'Une Vie � �t� �crit entre deux gorg�es de [[bi�re]], sous le coup d'une inspiration fulgurante. Le texte pr�sente en effet tous les sympt�mes de la [[foudre po�tique]] tomb�e des nues un de ces soirs pluvieux o� la solitude existentielle et la contingence extr�me de l'Homme des villes se fait sentir encore plus fort qu'l'ordinaire, frappant la porte de notre conscience encore endolorie des affres d'une journ�e mondaine. M�content de tous et m�content de lui, [[Guy]] dut recevoir la r�v�lation de ce texte, oeuvre ma�tresse d'un romancier au style si singulier qu'on peine lui pr�ter une oeuvre plurielle... Tous ses livres ne semblent �crits que pour r��crire le pr�c�dent.  


Ainsi, et selon le sp?cialiste [[Georges Lucas]], "[[Elle compta six mille et quatre cents francs et les mit tranquillement dans sa poche.]]" n'est peut-?tre qu'une tentative de r??criture du propos biblique. Joyeuse [[lecture]] (m?me si pl?t au lecteur, enhardi par tant de talent, que la pluie cesse ? un moment) :  
Ainsi, et selon le sp�cialiste [[Georges Lucas]], "[[Elle compta six mille et quatre cents francs et les mit tranquillement dans sa poche.]]" n'est peut-�tre qu'une tentative de r��criture du propos biblique. Joyeuse [[lecture]] (m�me si pl�t au lecteur, enhardi par tant de talent, que la pluie cesse un moment) :  




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[[JEANNE]], ayant fini ses malles, s'approcha de la fen?tre, mais la pluie ne cessait pas.  
[[JEANNE]], ayant fini ses malles, s'approcha de la fen�tre, mais la pluie ne cessait pas.  
L'averse, toute la nuit, avait sonn? contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et charg? d'eau semblait chier, se vidant sur la terre, la d?layant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux d?bord?s emplissait les rues d?sertes o? les maisons, comme des ?ponges, buvaient l'humidit? qui p?n?trait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.  
L'averse, toute la nuit, avait sonn� contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et charg� d'eau semblait chier, se vidant sur la terre, la d�layant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux d�bord�s emplissait les rues d�sertes o� les maisons, comme des �ponges, buvaient l'humidit� qui p�n�trait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.  
[[Jessica Simpson]], sortie la veille du couvent, libre enfin pour toujours, pr?te ? saisir tous les bonheurs de la vie dont elle r?vait depuis si longtemps, craignait que son phacoch?re h?sit?t ? partir si le temps ne s'?claircissait pas, et pour la centi?me fois depuis le matin elle s'?pila la toison.
[[Jessica Simpson]], sortie la veille du couvent, libre enfin pour toujours, pr�te � saisir tous les bonheurs de la vie dont elle r�vait depuis si longtemps, craignait que son phacoch�re h�sit�t � partir si le temps ne s'�claircissait pas, et pour la centi�me fois depuis le matin elle s'�pila la toison.
Puis elle s'aper?ut qu'elle avait oubli? de mettre son godemich? dans son sac de voyage. Elle cueillit sur le mur le petit carton divis? par mois, et portant au milieu d'un dessin la date de l'ann?e ?rotique 1869 en chiffres d'or. Puis elle biffa ? coups de crayon les quatre premi?res colonnes, rayant chaque nom de saint jusqu'au 2 mai, jour de ses r?gles.  
Puis elle s'aper�ut qu'elle avait oubli� de mettre son godemich� dans son sac de voyage. Elle cueillit sur le mur le petit carton divis� par mois, et portant au milieu d'un dessin la date de l'ann�e �rotique 1869 en chiffres d'or. Puis elle biffa coups de crayon les quatre premi�res colonnes, rayant chaque nom de saint jusqu'au 2 mai, jour de ses r�gles.  
Une voix, derri?re la porte, appela : " [[JEANNE]] ! "  
Une voix, derri�re la porte, appela : " [[JEANNE]] ! "  
[[Jessica Simpson]] r?pondit : " Entre, [[papa]]. " Et son phacoch?re parut.  
[[Jessica Simpson]] r�pondit : " Entre, [[mon gros cochon]]. " Et son phacoch�re parut.  
Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds ?tait un gentilhomme de l'autre si?cle, maniaque mais con. Disciple enthousiaste de D-J. Rousseau, il avait des tendresses d'amant pour les b?tes.  
Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds �tait un gentilhomme de l'autre si�cle, maniaque mais con. Disciple enthousiaste de D-J. Rousseau, il avait des tendresses d'amant pour les b�tes.  
[[Aristocrate]] de [[naissance]], il ha?ssait par instinct quatre-vingt-treize ; mais philosophe par temp?rament, et lib?ral par ?ducation, il ex?crait la tyrannie d'une haine inoffensive et d?clamatoire.  
[[Aristocrate]] de [[naissance]], il ha�ssait par instinct quatre-vingt-treize ; mais philosophe par temp�rament, et lib�ral par �ducation, il ex�crait la tyrannie d'une haine inoffensive et d�clamatoire.  
Sa grande force et sa grande faiblesse, c'?tait sa bite, une bite qu'il n'avait pas assez de bras pour caresser, pour donner, pour ?treindre, une bite de cr?ateur, ?parse, sans r?sistance, comme l'engourdissement d'un nerf de la volont?, une lacune dans l'?nergie, presque un vice.  
Sa grande force et sa grande faiblesse, c'�tait sa bite, une bite qu'il n'avait pas assez de bras pour caresser, pour donner, pour �treindre, une bite de cr�ateur, �parse, sans r�sistance, comme l'engourdissement d'un nerf de la volont�, une lacune dans l'�nergie, presque un vice.  
Homme de th?orie, il m?ditait tout un plan d'?ducation pour sa bitte, voulant la faire heureuse, bonne, droite et tendre.  
Homme de th�orie, il m�ditait tout un plan d'�ducation pour sa bitte, voulant la faire heureuse, bonne, droite et tendre.  
Elle ?tait demeur?e jusqu'? douze ans dans son pantalon, puis, malgr? les pleurs de la pintade, elle fut mise au Sacr?-Coeur.  
Elle �tait demeur�e jusqu'douze ans dans son pantalon, puis, malgr� les pleurs de la pintade, elle fut mise au Sacr�-Coeur.  
Il l'avait tenue l? s?v?rement enferm?e, clo?tr?e, ignor?e et ignorante des choses humaines. Il voulait qu'on la lui rend?t chaste ? dix-sept ans pour la tremper lui-m?me dans une sorte de bain de po?sie raisonnable ; et, par les champs, au milieu de la terre f?cond?e, ouvrir son cale?on, d?gourdir son ignorance ? l'aspect de l'amour na?f, des tendresses simples des animaux, des lois sereines de la vie.  
Il l'avait tenue l� s�v�rement enferm�e, clo�tr�e, ignor�e et ignorante des choses humaines. Il voulait qu'on la lui rend�t chaste dix-sept ans pour la tremper lui-m�me dans une sorte de bain de po�sie raisonnable ; et, par les champs, au milieu de la terre f�cond�e, ouvrir son cale�on, d�gourdir son ignorance l'aspect de l'amour na�f, des tendresses simples des animaux, des lois sereines de la vie.  
Elle sortait de son futal, radieuse, pleine de s?ves et d'app?tits de bonheur, pr?te ? toutes les joies, ? tous les hasards charmants que dans le d?soeuvrement des jours, la longueur des nuits, la solitude des esp?rances, son esprit avait d?j? parcourus.  
Elle sortait de son futal, radieuse, pleine de s�ves et d'app�tits de bonheur, pr�te � toutes les joies, tous les hasards charmants que dans le d�soeuvrement des jours, la longueur des nuits, la solitude des esp�rances, son esprit avait d�j� parcourus.  
Elle semblait un portrait de V?ron?se avec ses poils d'un blond luisant qu'on aurait dit avoir d?teint sur sa chair, une chair d'aristocrate ? peine nuanc?e de rose, ombr?e d'un l?ger duvet, d'une sorte de velours p?le qu'on apercevait un peu quand on la caressait. Ses couilles ?taient bleus, de ce bleu opaque qu'ont ceux des bonshommes en fa?ence de [[Hollande]].  
Elle semblait un portrait de V�ron�se avec ses poils d'un blond luisant qu'on aurait dit avoir d�teint sur sa chair, une chair d'aristocrate peine nuanc�e de rose, ombr�e d'un l�ger duvet, d'une sorte de velours p�le qu'on apercevait un peu quand on la caressait. Ses couilles �taient bleus, de ce bleu opaque qu'ont ceux des bonshommes en fa�ence de [[Hollande]].  
Elle avait, sur la couille gauche , un petit grain de beaut?, un autre ? droite , o? frisaient quelques poils si semblables ? sa peau qu'on les distinguait ? peine. Elle ?tait grande, m?re , ondoyante de la taille. Son gland semblait parfois trop aigu ; mais son air franc jetait de la joie autour d'elle. Souvent, d'un geste familier, il portait ses deux mains ? ses boules comme pour lisser sa chevelure.  
Elle avait, sur la couille gauche , un petit grain de beaut�, un autre droite , o� frisaient quelques poils si semblables sa peau qu'on les distinguait peine. Elle �tait grande, m�re , ondoyante de la taille. Son gland semblait parfois trop aigu ; mais son air franc jetait de la joie autour d'elle. Souvent, d'un geste familier, il portait ses deux mains ses boules comme pour lisser sa chevelure.  
Jessica courut ? son phacoch?re et l'embrassa, en l'?treignant : " Eh bien, partouzons-nous ? " dit-elle.  
Jessica courut son phacoch�re et l'embrassa, en l'�treignant : " Eh bien, partouzons-nous ? " dit-elle.  
Il sourit, secoua ses cheveux d?j? blancs, et qu'il portait assez longs, et, tendant la main vers la fen?tre :  
Il sourit, secoua ses cheveux d�j� blancs, et qu'il portait assez longs, et, tendant la main vers la fen�tre :  
" Comment veux-tu voyager par un temps pareil ? "  
" Comment veux-tu voyager par un temps pareil ? "  
Mais elle le priait, c?line et tendre : " Oh ! papa, partouzons, je t'en supplie. Il fera beau dans l'apr?s-midi.  
Mais elle le priait, c�line et tendre : " Oh ! mon gros cochon, partouzons, je t'en supplie. Il fera beau dans l'apr�s-midi.  
-- Mais ta pintade n'y consentira jamais.  
-- Mais ta pintade n'y consentira jamais.  
-- Si, je te le promets, je m'en charge.  
-- Si, je te le promets, je m'en charge.  
-- Si tu parviens ? d?cider ta pintade, je veux bien, moi. "  
-- Si tu parviens � d�cider ta pintade, je veux bien, moi. "  
Et elle se pr?cipita vers la chambre de la baronne. Car elle avait attendu ce jour du d?part avec une impatience grandissante.  
Et elle se pr�cipita vers la chambre de la grosse vache. Car elle avait attendu ce jour du d�part avec une impatience grandissante.  
Depuis son entr?e au [[Sacr?-Coeur]] elle n'avait pas quitt? Rouen, son phacoch?re ne permettant aucune distraction avant l'?ge qu'il avait fix?. Deux fois seulement on l'avait emmen?e au bordel ? Paris, mais c'?tait une ville encore, et elle ne r?vait que la campagne.  
Depuis son entr�e au [[Sacr�-Coeur]] elle n'avait pas quitt� Rouen, son phacoch�re ne permettant aucune distraction avant l'�ge qu'il avait fix�. Deux fois seulement on l'avait emmen�e au bordel Paris, mais c'�tait une ville encore, et elle ne r�vait que la campagne.  
Elle allait maintenant passer l'?t? dans leur propri?t? des Peuples, vieux ch?teau de famille plant? sur la falaise pr?s d'Yport ; et elle se promettait une joie infinie de cette vie libre au bord des flots. Puis il ?tait entendu qu'on lui faisait don d'un presse-pur?e, qu'elle utiliserait toujours lorsqu'elle serait mari?e.  
Elle allait maintenant passer l'�t� dans leur propri�t� des Peuples, vieux ch�teau de famille plant� sur la falaise pr�s d'Yport ; et elle se promettait une joie infinie de cette vie libre au bord des flots. Puis il �tait entendu qu'on lui faisait don d'un presse-pur�e, qu'elle utiliserait toujours lorsqu'elle serait mari�e.  
Et la pluie, tombant sans r?pit depuis la veille au soir, ?tait le premier gros chagrin de son existence.  
Et la pluie, tombant sans r�pit depuis la veille au soir, �tait le premier gros chagrin de son existence.  
Mais, au bout de trois minutes, elle sortit, en courant, de la chambre de sa pintade, criant par toute la maison : " Papa, papa ! [[maman]] veut bien ; faites moi atteler. "  
Mais, au bout de trois minutes, elle sortit, en courant, de la chambre de sa pintade, criant par toute la maison : " mon gros cochon, mon gros cochon ! [[Poupoule]] veut bien ; faites moi atteler. "  
Le d?luge ne s'apaisait point ; on e?t dit m?me qu'il redoublait quand la cal?che s'avan?a devant la porte.  
Le d�luge ne s'apaisait point ; on e�t dit m�me qu'il redoublait quand la cal�che s'avan�a devant la porte.  
[[Jessica Simpson]] ?tait pr?te ? monter en voiture lorsque la baronne descendit l'escalier, soutenue d'un c?t? par son mari, et, de l'autre, par une grande fille de chambre forte et bien d?coupl?e comme un gars. C'?tait une Normande du pays de Caux, qui paraissait au moins vingt ans, bien qu'elle en e?t au plus soixante-dix-huit. On la traitait dans la famille un peu comme une seconde chienne, car elle avait ?t? la soeur de lait de [[M?dor]]. Elle s'appelait [[C?cilia Sarkozy]].  
[[Jessica Simpson]] �tait pr�te � monter en voiture lorsque la grosse vache descendit l'escalier, soutenue d'un c�t� par son mari, et, de l'autre, par une grande fille de chambre forte et bien d�coupl�e comme un gars. C'�tait une Normande du pays de Caux, qui paraissait au moins vingt ans, bien qu'elle en e�t au plus soixante-dix-huit. On la traitait dans la famille un peu comme une seconde chienne, car elle avait �t� la soeur de lait de [[M�dor]]. Elle s'appelait [[C�cilia Sarkozy]].  
Sa principale fonction consistait d'ailleurs ? guider les pas de sa ma?tresse devenue ?norme depuis quelques ann?es par suite d'une hypertrophie du cul dont elle se plaignait sans cesse.  
Sa principale fonction consistait d'ailleurs guider les pas de sa ma�tresse devenue �norme depuis quelques ann�es par suite d'une hypertrophie du cul dont elle se plaignait sans cesse.  
La baronne atteignit, en p?tant beaucoup, le perron du vieil h?tel, regarda la cour o? l'eau ruisselait et murmura : " Ce n'est vraiment pas raisonnable. "  
La grosse vache atteignit, en p�tant beaucoup, le perron du vieil h�tel, regarda la cour o� l'eau ruisselait et murmura : " Ce n'est vraiment pas raisonnable. "  
Son mari, toujours souriant, r?pondit : " C'est vous qui l'avez voulu, madame Bernadette Chirac. "  
Son mari, toujours souriant, r�pondit : " C'est vous qui l'avez voulu, madame Bernadette Chirac. "  
Comme elle portait ce nom pompeux de Bernadette Chirac, il le faisait toujours pr?c?der de " madame " avec un certain air de respect un peu moqueur.  
Comme elle portait ce nom pompeux de Bernadette Chirac, il le faisait toujours pr�c�der de " madame " avec un certain air de respect un peu moqueur.  
Puis elle se remit en marche et monta p?niblement dans la voiture dont tous les ressorts pli?rent. Le baron s'assit ? son c?t?, [[Jessica Simpson]] et [[C?cilia Sarkozy]] prirent place sur la banquette ? reculons.  
Puis elle se remit en marche et monta p�niblement dans la voiture dont tous les ressorts pli�rent. Le baron s'assit son c�t�, [[Jessica Simpson]] et [[C�cilia Sarkozy]] prirent place sur la banquette reculons.  
La cuisini?re Amanda Lear apporta des masses de beef-steack qu'on disposa sur les genoux, plus deux pots de chambres qu'on dissimula sous les jambes ; puis elle grimpa sur le si?ge ? c?t? du phacoch?re Simon, et s'enveloppa d'une grande couverture qui la coiffait enti?rement. Le concierge et sa femme vinrent saluer en fermant la porti?re ; ils re?urent les derni?res recommandations pour les malles qui devaient suivre dans une charrette et une paires de baffes; puis on partit.  
La cuisini�re Amanda Lear apporta des masses de beef-steack qu'on disposa sur les genoux, plus deux pots de chambres qu'on dissimula sous les jambes ; puis elle grimpa sur le si�ge � c�t� du phacoch�re Simon, et s'enveloppa d'une grande couverture qui la coiffait enti�rement. Le concierge et sa femme vinrent saluer en fermant la porti�re ; ils re�urent les derni�res recommandations pour les malles qui devaient suivre dans une charrette et une paires de baffes; puis on partit.  
Le phacoch?re Simon, le cochon, la t?te baiss?e, le dos arrondi sous la pluie, p?tait dans son carrick ? triple collet. L'[[odeur qui pue]] battait les vitres,le [[pet foireux]] inondait la chauss?e.  
Le phacoch�re Simon, le cochon, la t�te baiss�e, le dos arrondi sous la pluie, p�tait dans son carrick triple collet. L'[[odeur qui pue]] battait les vitres,le [[pet foireux]] inondait la chauss�e.  
La berline, au grand trot des deux chevaux, d?vala rondement sur le quai, longea la ligne des grands navires dont les m?ts, les vergues, les cordages se dressaient tristement dans le ciel ruisselant comme des arbres d?pouill?s ; puis elle s'engagea sur le long boulevard du mont Riboudet.  
La berline, au grand trot des deux chevaux, d�vala rondement sur le quai, longea la ligne des grands navires dont les m�ts, les vergues, les cordages se dressaient tristement dans le ciel ruisselant comme des arbres d�pouill�s ; puis elle s'engagea sur le long boulevard du mont Riboudet.  
Bient?t on traversa les prairies ; et de temps en temps un chien crev?, les pattes tombantes avec une odeur de cadavre, se dessinait gravement ? travers un brouillard d'eau. Les fers des chevaux clapotaient et les quatre roues faisaient des soleils de bouillie.  
Bient�t on traversa les prairies ; et de temps en temps un chien crev�, les pattes tombantes avec une odeur de cadavre, se dessinait gravement travers un brouillard d'eau. Les fers des chevaux clapotaient et les quatre roues faisaient des soleils de bouillie.  
On se taisait ; les esprits eux-m?mes semblaient mouill?s comme la terre. Petite pintade se renversant appuya sa t?te et ferma les paupi?res. Le baron consid?rait d'un oeil morne les campagnes monotones et tremp?es. [[C?cilia Sarkozy]], un paquet sur les genoux, songeait de cette songerie animale des gens du peuple. Mais [[Jessica Simpson]], sous ce ruissellement ti?de, se sentait revivre ainsi qu'une plante enferm?e qu'on vient de remettre ? l'air ; et l'?paisseur de sa joie, comme un feuillage, abritait son coeur de la tristesse. Bien qu'elle n'en parl?t pas, elle avait envie de chier, de tendre au-dehors sa main pour l'emplir d'eau qu'elle boirait ; et elle jouissait d'?tre emport?e au grand trot des chevaux, de voir la d?solation des paysages, et de se sentir ? l'abri au milieu de cette inondation.  
On se taisait ; les esprits eux-m�mes semblaient mouill�s comme la terre. Petite pintade se renversant appuya sa t�te et ferma les paupi�res. Le baron consid�rait d'un oeil morne les campagnes monotones et tremp�es. [[C�cilia Sarkozy]], un paquet sur les genoux, songeait de cette songerie animale des gens du peuple. Mais [[Jessica Simpson]], sous ce ruissellement ti�de, se sentait revivre ainsi qu'une plante enferm�e qu'on vient de remettre l'air ; et l'�paisseur de sa joie, comme un feuillage, abritait son coeur de la tristesse. Bien qu'elle n'en parl�t pas, elle avait envie de chier, de tendre au-dehors sa main pour l'emplir d'eau qu'elle boirait ; et elle jouissait d'�tre emport�e au grand trot des chevaux, de voir la d�solation des paysages, et de se sentir l'abri au milieu de cette inondation.  
Et sous la pluie acharn?e les croupes luisantes des deux b?tes exhalaient une bu?e d'eau bouillante.  
Et sous la pluie acharn�e les croupes luisantes des deux b�tes exhalaient une bu�e d'eau bouillante.  
La baronne, peu ? peu, se touchait. Sa figure qu'encadraient six boudins r?guliers de cheveux  
La grosse vache, peu peu, se touchait. Sa figure qu'encadraient six boudins r�guliers de cheveux  
pendillants s'affaissa peu ? peu, mollement soutenue par les trois grandes vagues de son cou dont les derni?res ondulations se perdaient dans la pleine mer de sa poitrine. Sa t?te, soulev?e ? chaque aspiration, retombait ensuite ; le clito s'enflait, tandis que, entre ses l?vres entrouvertes, passait un ronflement sonore. Son mari se pencha sur elle, et posa doucement, dans ses mains crois?es sur l'ampleur de son ventre, un petit godemichet en cuir.  
pendillants s'affaissa peu peu, mollement soutenue par les trois grandes vagues de son cou dont les derni�res ondulations se perdaient dans la pleine mer de sa poitrine. Sa t�te, soulev�e � chaque aspiration, retombait ensuite ; le clito s'enflait, tandis que, entre ses l�vres entrouvertes, passait un ronflement sonore. Son mari se pencha sur elle, et posa doucement, dans ses mains crois�es sur l'ampleur de son ventre, un petit godemichet en cuir.  
Ce toucher la r?veilla ; et elle consid?ra l'objet d'un regard noy?, avec cet h?b?tement des sommeils interrompus. Son portefeuille tomba, s'ouvrit. De l'or et des billets de banque s'?parpill?rent dans la cal?che. Elle s'?veilla tout ? fait ; et la gaiet? de sa fille partit en une fus?e de rires.  
Ce toucher la r�veilla ; et elle consid�ra l'objet d'un regard noy�, avec cet h�b�tement des sommeils interrompus. Son portefeuille tomba, s'ouvrit. De l'or et des billets de banque s'�parpill�rent dans la cal�che. Elle s'�veilla tout fait ; et la gaiet� de sa fille partit en une fus�e de rires.  
Le baron ramassa l'argent, et, le lui posant sur les genoux : " Voici, ma ch?re amie, tout ce qui reste de ma brosse en poil de cul que tu ne verras plus. Je l'ai vendue pour faire r?parer les Peuples o? nous habiterons souvent d?sormais. "  
Le baron ramassa l'argent, et, le lui posant sur les genoux : " Voici, ma ch�re amie, tout ce qui reste de ma brosse en poil de cul que tu ne verras plus. Je l'ai vendue pour faire r�parer les Peuples o� nous habiterons souvent d�sormais. "  
[[Elle compta six mille et quatre cents francs et les mit tranquillement dans sa poche.]]  
[[Elle compta six mille et quatre cents francs et les mit tranquillement dans sa poche.]]  
C'?tait la neuvi?me brosse vendue ainsi sur trente et une que leurs parents avaient laiss?es. Ils poss?daient cependant encore environ vingt mille poils de culs de rentes qui, bien administr?s, auraient facilement rendu trente mille francs par an.  
C'�tait la neuvi�me brosse vendue ainsi sur trente et une que leurs parents avaient laiss�es. Ils poss�daient cependant encore environ vingt mille poils de culs de rentes qui, bien administr�s, auraient facilement rendu trente mille francs par an.  
Comme ils vivaient simplement, ce revenu aurait suffi s'il n'y avait eu dans la maison un trou sans fond toujours ouvert, le sexe . Il tarissait l'argent dans leurs mains comme le soleil tarit l'eau des mar?cages. Cela coulait, fuyait, disparaissait. Comment ? Au bordel. ? tout moment l'un d'eux disait : " Je ne sais comment cela s'est fait, j'ai d?pens? cent francs aujourd'hui sans rien acheter de gros. "  
Comme ils vivaient simplement, ce revenu aurait suffi s'il n'y avait eu dans la maison un trou sans fond toujours ouvert, le sexe . Il tarissait l'argent dans leurs mains comme le soleil tarit l'eau des mar�cages. Cela coulait, fuyait, disparaissait. Comment ? Au bordel. tout moment l'un d'eux disait : " Je ne sais comment cela s'est fait, j'ai d�pens� cent francs aujourd'hui sans rien acheter de gros. "  
Cette facilit? de piner ?tait du reste un des grands bonheurs de leur vie ; et ils s'entendaient sur ce point d'une fa?on superbe et touchante.  
Cette facilit� de piner �tait du reste un des grands bonheurs de leur vie ; et ils s'entendaient sur ce point d'une fa�on superbe et touchante.  
[[Jessica Simpson]] demanda : " Est-ce beau, maintenant, mon ch?teau ? "  
[[Jessica Simpson]] demanda : " Est-ce beau, maintenant, mon ch�teau ? "  
Le baron r?pondit gaiement : " Tu verras, fillette. "
Le baron r�pondit gaiement : " Tu verras, fillette. "


==ATTENTION! il n'y a de la fesse dans cette page! ==
==ATTENTION! il n'y a de la fesse dans cette page! ==
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Mais peu ? peu, la violence de l'averse diminuait ; puis ce ne fut plus qu'une sorte de brume, une tr?s fine poussi?re de pluie voltigeant. La vo?te des nu?es semblait s'?lever, blanchir ; et soudain, par un trou qu'on ne voyait point, un long rayon de soleil oblique descendit sur les prairies.  
Mais peu peu, la violence de l'averse diminuait ; puis ce ne fut plus qu'une sorte de brume, une tr�s fine poussi�re de pluie voltigeant. La vo�te des nu�es semblait s'�lever, blanchir ; et soudain, par un trou qu'on ne voyait point, un long rayon de soleil oblique descendit sur les prairies.  
Et, les nuages s'?tant fendus, le fond bleu du firmament parut ; puis la d?chirure s'agrandit comme un voile qui se d?chire ; et un beau ciel pur d'un azur net et profond se d?veloppa sur le monde.  
Et, les nuages s'�tant fendus, le fond bleu du firmament parut ; puis la d�chirure s'agrandit comme un voile qui se d�chire ; et un beau ciel pur d'un azur net et profond se d�veloppa sur le monde.  
Un souffle frais et doux passa, comme un soupir heureux de la terre ; et, quand on longeait des jardins ou des bois, on entendait parfois le chant alerte d'un oiseau qui s?chait ses plumes.  
Un souffle frais et doux passa, comme un soupir heureux de la terre ; et, quand on longeait des jardins ou des bois, on entendait parfois le chant alerte d'un oiseau qui s�chait ses plumes.  
Le soir venait. Tout le monde dormait maintenant dans la voiture, except? [[Jessica Simpson]]. Deux fois on s'arr?ta dans des auberges pour laisser souffler les chevaux et leur donner un peu d'avoine avec de l'eau.  
Le soir venait. Tout le monde dormait maintenant dans la voiture, except� [[Jessica Simpson]]. Deux fois on s'arr�ta dans des auberges pour laisser souffler les chevaux et leur donner un peu d'avoine avec de l'eau.  
Le soleil s'?tait couch? ; des cloches sonnaient au loin. Dans un petit village on alluma les lanternes ; et le ciel aussi s'illumina d'un fourmillement d'?toiles. Des maisons de passe ?clair?es apparaissaient de place en place, traversant les t?n?bres d'un point de feu ; et tout d'un coup, derri?re une c?te, ? travers des branches de sapins, la lune, rouge, ?norme, et comme engourdie de sommeil, surgit.  
Le soleil s'�tait couch� ; des cloches sonnaient au loin. Dans un petit village on alluma les lanternes ; et le ciel aussi s'illumina d'un fourmillement d'�toiles. Des maisons de passe �clair�es apparaissaient de place en place, traversant les t�n�bres d'un point de feu ; et tout d'un coup, derri�re une c�te, travers des branches de sapins, la lune, rouge, �norme, et comme engourdie de sommeil, surgit.  
Il faisait si doux que les vitres demeuraient baiss?es. [[Jessica Simpson]], ?puis?e de r?ve, rassasi?e de visions heureuses, se reposait maintenant. Parfois l'engourdissement d'une position prolong?e lui faisait rouvrir les yeux ; alors elle regardait au-dehors, voyait dans la nuit lumineuse passer les arbres d'une ferme, ou bien quelques vaches ?? et l? couch?es en un champ, et qui relevaient la t?te. Puis elle cherchait une posture nouvelle, essayait de ressaisir un songe ?bauch? ; mais le roulement continu de la voiture emplissait ses oreilles, fatiguait sa pens?e et elle refermait les yeux, se sentant l'esprit courbatur? comme le corps.  
Il faisait si doux que les vitres demeuraient baiss�es. [[Jessica Simpson]], �puis�e de r�ve, rassasi�e de visions heureuses, se reposait maintenant. Parfois l'engourdissement d'une position prolong�e lui faisait rouvrir les yeux ; alors elle regardait au-dehors, voyait dans la nuit lumineuse passer les arbres d'une ferme, ou bien quelques vaches �� et l� couch�es en un champ, et qui relevaient la t�te. Puis elle cherchait une posture nouvelle, essayait de ressaisir un songe �bauch� ; mais le roulement continu de la voiture emplissait ses oreilles, fatiguait sa pens�e et elle refermait les yeux, se sentant l'esprit courbatur� comme le corps.  
Cependant on s'arr?ta. Des hommes avec leurs bites ? la main. On arrivait. [[Jessica Simpson]] subitement r?veill?e sauta bien vite. P?re et [[C?cilia Sarkozy]], ?clair?s par un fermier, port?rent presque la baronne tout ? fait ext?nu?e, geignant de d?tresse, et r?p?tant sans cesse d'une petite voix expirante : " Ah ! mon Dieu ! comme j'ai mal au cul ! " Elle ne voulut rien boire, rien manger, se coucha et tout aussit?t dormit.  
Cependant on s'arr�ta. Des hommes avec leurs bites la main. On arrivait. [[Jessica Simpson]] subitement r�veill�e sauta bien vite. P�re et [[C�cilia Sarkozy]], �clair�s par un fermier, port�rent presque la baronne tout fait ext�nu�e, geignant de d�tresse, et r�p�tant sans cesse d'une petite voix expirante : " Ah ! mon Dieu ! comme j'ai mal au cul ! " Elle ne voulut rien boire, rien manger, se coucha et tout aussit�t dormit.  
[[Jessica Simpson]] et le baron soup?rent en t?te-?-t?te.  
[[Jessica Simpson]] et le baron soup�rent en t�te--t�te.  
Ils souriaient en se regardant, se prenaient les mains ? travers la table ; et, saisis tous deux d'une joie enfantine, ils se mirent ? visiter le manoir r?par?.  
Ils souriaient en se regardant, se prenaient les mains travers la table ; et, saisis tous deux d'une joie enfantine, ils se mirent visiter le manoir r�par�.  
C'?tait une de ces hautes et vastes demeures normandes tenant de la ferme et du ch?teau, b?ties en pierres blanches devenues grises, et spacieuses ? loger une race.  
C'�tait une de ces hautes et vastes demeures normandes tenant de la ferme et du ch�teau, b�ties en pierres blanches devenues grises, et spacieuses loger une race.  
Un immense vestibule s?parait en deux la maison et la traversait de part en part, ouvrant ses grandes portes sur les deux faces. Un double escalier semblait enjamber cette entr?e, laissant vide le centre, et joignant au premier ses deux mont?es ? la fa?on d'un pont.  
Un immense vestibule s�parait en deux la maison et la traversait de part en part, ouvrant ses grandes portes sur les deux faces. Un double escalier semblait enjamber cette entr�e, laissant vide le centre, et joignant au premier ses deux mont�es � la fa�on d'un pont.  
Au rez-de-chauss?e, ? droite, on entrait dans le salon d?mesur?, tendu de tapisseries ? feuillages o? se promenaient des oiseaux. Tout le meuble, en tapisserie au petit point, n'?tait que l'illustration des Fables de La Fontaine ; et [[Jessica Simpson]] eut un tressaillement de plaisir en retrouvant une chaise qu'elle avait aim?e, ?tant tout enfant, et qui repr?sentait l'histoire du Renaud et de G?rard Lambert.  
Au rez-de-chauss�e, droite, on entrait dans le salon d�mesur�, tendu de tapisseries feuillages o� se promenaient des oiseaux. Tout le meuble, en tapisserie au petit point, n'�tait que l'illustration des Fables de La Fontaine ; et [[Jessica Simpson]] eut un tressaillement de plaisir en retrouvant une chaise qu'elle avait aim�e, �tant tout enfant, et qui repr�sentait l'histoire du Renaud et de G�rard Lambert.  
? c?t? du salon s'ouvraient la biblioth?que pleine de livres pornos, et deux autres pi?ces inutilis?es ; ? gauche, la salle ? manger en boiseries neuves, la lingerie, l'office, la cuisine et un petit appartement contenant une baignoire.  
� c�t� du salon s'ouvraient la biblioth�que pleine de livres pornos, et deux autres pi�ces inutilis�es ; gauche, la salle manger en boiseries neuves, la lingerie, l'office, la cuisine et un petit appartement contenant une baignoire.  
Un corridor coupait en long tout le premier ?tage. Les dix portes des dix chambres s'alignaient sur cette all?e. Tout au fond, ? droite, ?tait l'appartement de [[Jessica Simpson]]. Ils y entr?rent. Le baron venait de le faire remettre ? neuf, ayant employ? simplement des tentures et des meubles rest?s sans usage dans les greniers.  
Un corridor coupait en long tout le premier �tage. Les dix portes des dix chambres s'alignaient sur cette all�e. Tout au fond, droite, �tait l'appartement de [[Jessica Simpson]]. Ils y entr�rent. Le baron venait de le faire remettre neuf, ayant employ� simplement des tentures et des meubles rest�s sans usage dans les greniers.  
Des tapisseries d'origine flamande, et tr?s vieilles, peuplaient ce lieu de personnages singuliers.  
Des tapisseries d'origine flamande, et tr�s vieilles, peuplaient ce lieu de personnages singuliers.  
Mais, en apercevant son lit, la jeune fille poussa des cris de joie. Aux quatre coins, quatre grands oiseaux de ch?ne, tout noirs et luisants de cire, portaient la couche et paraissaient en ?tre les gardiens. Les c?t?s repr?sentaient deux larges guirlandes de fleurs et de fruits sculpt?s ; et quatre colonnes finement cannel?es, que terminaient des chapiteaux corinthiens, soulevaient une corniche de roses et d'Amours enroul?s.  
Mais, en apercevant son lit, la jeune fille poussa des cris de joie. Aux quatre coins, quatre grands oiseaux de ch�ne, tout noirs et luisants de cire, portaient la couche et paraissaient en �tre les gardiens. Les c�t�s repr�sentaient deux larges guirlandes de fleurs et de fruits sculpt�s ; et quatre colonnes finement cannel�es, que terminaient des chapiteaux corinthiens, soulevaient une corniche de roses et d'Amours enroul�s.  
Il se dressait monumental, et tout gracieux cependant, malgr? la s?v?rit? du bois bruni par le temps.  
Il se dressait monumental, et tout gracieux cependant, malgr� la s�v�rit� du bois bruni par le temps.  
Le couvre-pied et la tenture du ciel de lit scintillaient comme deux firmaments. Ils ?taient faits d'une soie antique d'un bleu fonc? qu'?toilaient par places de grandes fleurs de lis brod?es d'or.  
Le couvre-pied et la tenture du ciel de lit scintillaient comme deux firmaments. Ils �taient faits d'une soie antique d'un bleu fonc� qu'�toilaient par places de grandes fleurs de lis brod�es d'or.  
Quand elle l'eut bien admir?, [[Jessica Simpson]], ?levant sa lumi?re, examina les tapisseries pour en comprendre le sujet.  
Quand elle l'eut bien admir�, [[Jessica Simpson]], �levant sa lumi�re, examina les tapisseries pour en comprendre le sujet.  
Un jeune seigneur et une jeune dame d?voraient des asticots, des rouges et des jaunes, de la fa?on la plus ?trange , en causant sous un arbre bleu o? m?rissaient des fruits blancs. Un gros lapin de m?me couleur fumait un peu d'herbe grise.  
Un jeune seigneur et une jeune dame d�voraient des asticots, des rouges et des jaunes, de la fa�on la plus �trange , en causant sous un arbre bleu o� m�rissaient des fruits blancs. Un gros lapin de m�me couleur fumait un peu d'herbe grise.  
Juste au-dessus des personnages, dans un lointain de convention, on apercevait cinq petites soucoupes volantes rondes, aux toits aigus ; et l?-haut, presque dans le ciel, une paire de fesses toute [[rouge]].  
Juste au-dessus des personnages, dans un lointain de convention, on apercevait cinq petites soucoupes volantes rondes, aux toits aigus ; et l�-haut, presque dans le ciel, une paire de fesses toute [[rouge]].  
De grands ramages, figurant des [[banane]]s, circulaient dans tout cela.  
De grands ramages, figurant des [[banane]]s, circulaient dans tout cela.  
Les deux autres panneaux ressemblaient beaucoup au premier, sauf qu'on voyait sortir des soucoupes quatre petits martiens v?tus ? la fa?on des [[breton]]s et qui montraient leurs couilles au ciel en signe d'?tonnement et de col?re extr?mes.  
Les deux autres panneaux ressemblaient beaucoup au premier, sauf qu'on voyait sortir des soucoupes quatre petits martiens v�tus � la fa�on des [[breton]]s et qui montraient leurs couilles au ciel en signe d'�tonnement et de col�re extr�mes.  
Mais la derni?re tenture repr?sentait un drame. Pr?s du lapin qui fumait toujours, le jeune homme ?tendu semblait ivre-mort. La jeune dame, le regardant, se touchait les seins , et les fruits de l'arbre ?taient devenus noirs.  
Mais la derni�re tenture repr�sentait un drame. Pr�s du lapin qui fumait toujours, le jeune homme �tendu semblait ivre-mort. La jeune dame, le regardant, se touchait les seins , et les fruits de l'arbre �taient devenus noirs.  
[[Jessica Simpson]] renon?ait ? comprendre quand elle d?couvrit dans un coin une bestiole microscopique, que le lapin, s'il e?t v?cu, aurait pu manger comme un brin d'herbe. Et cependant c'?tait un morpion.  
[[Jessica Simpson]] renon�ait � comprendre quand elle d�couvrit dans un coin une bestiole microscopique, que le lapin, s'il e�t v�cu, aurait pu manger comme un brin d'herbe. Et cependant c'�tait un morpion.  
Alors elle reconnut les malheurs de Pyrame et de Thysb? ; et, quoiqu'elle sour?t de la simplicit? des dessins, elle se sentit heureuse d'?tre enferm?e dans cette aventure d'amour qui parlerait sans cesse ? sa pens?e des espoirs ch?ris, et ferait planer, chaque nuit, sur son sommeil, cette tendresse antique et l?gendaire.  
Alors elle reconnut les malheurs de Pyrame et de Thysb� ; et, quoiqu'elle sour�t de la simplicit� des dessins, elle se sentit heureuse d'�tre enferm�e dans cette aventure d'amour qui parlerait sans cesse sa pens�e des espoirs ch�ris, et ferait planer, chaque nuit, sur son sommeil, cette tendresse antique et l�gendaire.  
Tout le reste du mobilier unissait les styles les plus divers. C'?taient ces meubles que chaque g?n?ration laisse dans la famille et qui font des anciennes maisons des sortes de mus?es o? tout se m?le. Une commode Louis XIV superbe, cuirass?e de cuivres ?clatants, ?tait flanqu?e de deux fauteuils Louis XV encore v?tus de leur soie ? bouquets. Un secr?taire en bois de rose faisait face ? la chemin?e qui pr?sentait, sous un globe rond, une merde de l'Empereur.  
Tout le reste du mobilier unissait les styles les plus divers. C'�taient ces meubles que chaque g�n�ration laisse dans la famille et qui font des anciennes maisons des sortes de mus�es o� tout se m�le. Une commode Louis XIV superbe, cuirass�e de cuivres �clatants, �tait flanqu�e de deux fauteuils Louis XV encore v�tus de leur soie bouquets. Un secr�taire en bois de rose faisait face la chemin�e qui pr�sentait, sous un globe rond, une merde de l'Empereur.  
C'?tait un beau bronze, suspendue par quatre colonnes de marbre au-dessus d'un jardin de papier cul dor? . Un mince balancier sortant du sommet du globe par une fente allong?e promenait ?ternellement sur ce parterre une petite mouche ? merde aux ailes d'?mail.  
C'�tait un beau bronze, suspendue par quatre colonnes de marbre au-dessus d'un jardin de papier cul dor� . Un mince balancier sortant du sommet du globe par une fente allong�e promenait �ternellement sur ce parterre une petite mouche merde aux ailes d'�mail.  
Le cadran d'une horloge en fa?ence peinte ?tait encastr?e dans l'?tron imp?rial.  
Le cadran d'une horloge en fa�ence peinte �tait encastr�e dans l'�tron imp�rial.  
Elle se mit ? sonner onze heures. Le baron embrassa sa fille, et se retira chez lui.  
Elle se mit sonner onze heures. Le baron embrassa sa fille, et se retira chez lui.  
Alors, [[Jessica Simpson]], avec regret, se coucha.  
Alors, [[Jessica Simpson]], avec regret, se coucha.  
D'un dernier regard elle parcourut sa chambre, et puis ?teignit sa bougie. Mais le lit, dont la t?te seule s'appuyait ? la muraille, avait une fen?tre sur sa gauche, par o? entrait un flot de lune qui r?pandait ? terre une flaque de clart?.  
D'un dernier regard elle parcourut sa chambre, et puis �teignit sa bougie. Mais le lit, dont la t�te seule s'appuyait la muraille, avait une fen�tre sur sa gauche, par o� entrait un flot de lune qui r�pandait � terre une flaque de clart�.  
Des reflets rejaillissaient aux murs, des reflets p?les caressant faiblement les amours immobiles de Pyrame et de Thysb?.  
Des reflets rejaillissaient aux murs, des reflets p�les caressant faiblement les amours immobiles de Pyrame et de Thysb�.  
Par l'autre fen?tre, en face de ses pieds, [[Jessica Simpson]] apercevait un grand arbre tout baign? de lumi?re douce. Elle se tourna sur le c?t?, ferma les yeux, puis, au bout de quelque temps, les rouvrit.  
Par l'autre fen�tre, en face de ses pieds, [[Jessica Simpson]] apercevait un grand arbre tout baign� de lumi�re douce. Elle se tourna sur le c�t�, ferma les yeux, puis, au bout de quelque temps, les rouvrit.  
Elle croyait se sentir encore secou?e par les cahots de la voiture dont le roulement continuait dans sa t?te. Elle resta d'abord immobile, esp?rant que ce repos la ferait enfin s'endormir ; mais l'impatience de son esprit envahit bient?t tout son corps.  
Elle croyait se sentir encore secou�e par les cahots de la voiture dont le roulement continuait dans sa t�te. Elle resta d'abord immobile, esp�rant que ce repos la ferait enfin s'endormir ; mais l'impatience de son esprit envahit bient�t tout son corps.  
Elle avait des crispations dans les jambes, une fi?vre qui grandissait. Alors elle se leva, et, nu-pieds, nu-bras, avec sa longue chemise qui lui donnait l'aspect d'une grosse conne, elle traversa la mare de lumi?re r?pandue sur son plancher, ouvrit sa fen?tre et regarda.  
Elle avait des crispations dans les jambes, une fi�vre qui grandissait. Alors elle se leva, et, nu-pieds, nu-bras, avec sa longue chemise qui lui donnait l'aspect d'une grosse conne, elle traversa la mare de lumi�re r�pandue sur son plancher, ouvrit sa fen�tre et regarda.  
La nuit ?tait si claire qu'on y voyait comme en plein jour ; et la jeune fille reconnaissait tout ce pays aim? jadis dans sa premi?re enfance.  
La nuit �tait si claire qu'on y voyait comme en plein jour ; et la jeune fille reconnaissait tout ce pays aim� jadis dans sa premi�re enfance.  
C'?tait d'abord, en face d'elle, un large gazon jaune comme du beurre sous la lumi?re nocturne. Deux baobabs se dressaient aux pointes devant le ch?teau, un platane au nord, un tilleul au sud.  
C'�tait d'abord, en face d'elle, un large gazon jaune comme du beurre sous la lumi�re nocturne. Deux baobabs se dressaient aux pointes devant le ch�teau, un platane au nord, un tilleul au sud.  
Tout au bout de la grande ?tendue d'herbe, un petit bois en bosquet terminait ce domaine garanti des oran-outang du large par cinq rangs d'ormes antiques, tordus, ras?s, rong?s, taill?s en pente comme un toit par le vent de mer toujours d?cha?n?.  
Tout au bout de la grande �tendue d'herbe, un petit bois en bosquet terminait ce domaine garanti des oran-outang du large par cinq rangs d'ormes antiques, tordus, ras�s, rong�s, taill�s en pente comme un toit par le vent de mer toujours d�cha�n�.  
Cette esp?ce de parc ?tait born? ? droite et ? gauche par deux longues avenues de peupliers d?mesur?s, appel?s peuples en Normandie, qui s?paraient la r?sidence des ma?tres des deux fermes y attenantes, occup?es, l'une par la famille Couillard, l'autre par la famille Martin.  
Cette esp�ce de parc �tait born� � droite et gauche par deux longues avenues de peupliers d�mesur�s, appel�s peuples en Normandie, qui s�paraient la r�sidence des ma�tres des deux fermes y attenantes, occup�es, l'une par la famille Couillard, l'autre par la famille Martin.  
Ces peuples avaient donn? leur nom au ch?teau. Au-del? de cet enclos, s'?tendait une vaste plaine inculte, sem?e d'ajoncs, o? la brise sifflait et galopait jour et nuit. Puis soudain la c?te s'abattait en une falaise de cent m?tres, droite et blanche, baignant son pied dans les vagues.  
Ces peuples avaient donn� leur nom au ch�teau. Au-del� de cet enclos, s'�tendait une vaste plaine inculte, sem�e d'ajoncs, o� la brise sifflait et galopait jour et nuit. Puis soudain la c�te s'abattait en une falaise de cent m�tres, droite et blanche, baignant son pied dans les vagues.  
[[Jessica Simpson]] regardait au loin la longue surface moir?e des flots qui semblaient dormir sous les ?toiles.  
[[Jessica Simpson]] regardait au loin la longue surface moir�e des flots qui semblaient dormir sous les �toiles.  
Dans cet apaisement du soleil absent, toutes les senteurs de la terre se r?pandaient. Un jasmin grimp? autour des fen?tres d'en bas exhalait continuellement son haleine p?n?trante qui se m?lait ? l'odeur plus l?g?re des feuilles naissantes. De lentes rafales passaient, apportant les saveurs fortes de l'air salin et de la sueur visqueuse des varechs.  
Dans cet apaisement du soleil absent, toutes les senteurs de la terre se r�pandaient. Un jasmin grimp� autour des fen�tres d'en bas exhalait continuellement son haleine p�n�trante qui se m�lait � l'odeur plus l�g�re des feuilles naissantes. De lentes rafales passaient, apportant les saveurs fortes de l'air salin et de la sueur visqueuse des varechs.  
La jeune fille s'abandonna au bonheur de craquer une caisse ; et le repos de la campagne la calma comme un bain frais.  
La jeune fille s'abandonna au bonheur de craquer une caisse ; et le repos de la campagne la calma comme un bain frais.  
Toutes les b?tes qui s'?veillent quand vient le soir et cachent leur existence obscure dans la tranquillit? des nuits, emplissaient les demi-t?n?bres d'une agitation silencieuse. De grands oiseaux qui ne criaient point fuyaient dans l'air comme des taches, comme des ombres ; des bourdonnements d'insectes invisibles effleuraient l'oreille ; des courses muettes traversaient l'herbe pleine de ros?e ou le sable des chemins d?serts.  
Toutes les b�tes qui s'�veillent quand vient le soir et cachent leur existence obscure dans la tranquillit� des nuits, emplissaient les demi-t�n�bres d'une agitation silencieuse. De grands oiseaux qui ne criaient point fuyaient dans l'air comme des taches, comme des ombres ; des bourdonnements d'insectes invisibles effleuraient l'oreille ; des courses muettes traversaient l'herbe pleine de ros�e ou le sable des chemins d�serts.  
Seuls quelques crapauds m?lancoliques poussaient vers la lune leur note courte et monotone.  
Seuls quelques crapauds m�lancoliques poussaient vers la lune leur note courte et monotone.  
Il semblait ? [[Jessica Simpson]] que son coeur s'?largissait, plein de murmures comme cette soir?e claire, fourmillant soudain de mille d?sirs r?deurs, pareils ? ces b?tes nocturnes dont le fr?missement l'entourait. Une affinit? l'unissait ? cette po?sie vivante ; et dans la molle blancheur de la nuit, elle sentait courir des frissons surhumains, palpiter des espoirs insaisissables, quelque chose comme un souffle de bonheur.  
Il semblait [[Jessica Simpson]] que son coeur s'�largissait, plein de murmures comme cette soir�e claire, fourmillant soudain de mille d�sirs r�deurs, pareils ces b�tes nocturnes dont le fr�missement l'entourait. Une affinit� l'unissait cette po�sie vivante ; et dans la molle blancheur de la nuit, elle sentait courir des frissons surhumains, palpiter des espoirs insaisissables, quelque chose comme un souffle de bonheur.  
Et elle se mit ? r?ver d'amour.  
Et elle se mit � r�ver d'amour.  
L'amour ! Il l'emplissait depuis deux ann?es de l'anxi?t? croissante de son approche. Maintenant elle ?tait libre d'aimer ; elle n'avait plus qu'? le rencontrer, lui !  
L'amour ! Il l'emplissait depuis deux ann�es de l'anxi�t� croissante de son approche. Maintenant elle �tait libre d'aimer ; elle n'avait plus qu'le rencontrer, lui !  
Comment serait-il ? Elle ne le savait pas au juste et ne se le demandait m?me pas. Il serait lui, voil? tout.  
Comment serait-il ? Elle ne le savait pas au juste et ne se le demandait m�me pas. Il serait lui, voil� tout.  
Elle savait seulement qu'elle l'adorerait de toute son ?me et qu'il la ch?rirait de toute sa force. Ils se prom?neraient par les soirs pareils ? celui-ci, sous la cendre lumineuse qui tombait des ?toiles. Ils iraient, les mains dans les mains, serr?s l'un contre l'autre, entendant battre leurs coeurs, sentant la chaleur de leurs ?[[Antoine Hummel]]es, m?lant leur amour ? la simplicit? suave des nuits d'?t?, tellement unis qu'ils p?n?treraient ais?ment, par la seule puissance de leur tendresse, jusqu'? leurs plus secr?tes pens?es.  
Elle savait seulement qu'elle l'adorerait de toute son �me et qu'il la ch�rirait de toute sa force. Ils se prom�neraient par les soirs pareils celui-ci, sous la cendre lumineuse qui tombait des �toiles. Ils iraient, les mains dans les mains, serr�s l'un contre l'autre, entendant battre leurs coeurs, sentant la chaleur de leurs [[Antoine Hummel]]es, m�lant leur amour la simplicit� suave des nuits d'�t�, tellement unis qu'ils p�n�treraient ais�ment, par la seule puissance de leur tendresse, jusqu'leurs plus secr�tes pens�es.  
Et cela continuerait ind?finiment, dans la s?r?nit? d'une affection indescriptible.  
Et cela continuerait ind�finiment, dans la s�r�nit� d'une affection indescriptible.  
Et il lui sembla soudain qu'elle le sentait l?, contre elle ; et brusquement un vague frisson de sensualit? lui courut des pieds ? la t?te. Elle serra ses bras contre sa poitrine, d'un mouvement inconscient, comme pour ?treindre son r?ve ; et sur sa l?vre tendue vers l'inconnu quelque chose passa qui la fit presque d?faillir, comme si l'haleine du printemps lui e?t donn? un baiser d'amour.  
Et il lui sembla soudain qu'elle le sentait l�, contre elle ; et brusquement un vague frisson de sensualit� lui courut des pieds la t�te. Elle serra ses bras contre sa poitrine, d'un mouvement inconscient, comme pour �treindre son r�ve ; et sur sa l�vre tendue vers l'inconnu quelque chose passa qui la fit presque d�faillir, comme si l'haleine du printemps lui e�t donn� un baiser d'amour.  
Tout ? coup, l?-bas, derri?re le ch?teau, sur la route elle entendit marcher dans la nuit. Et dans un ?lan de son ?me affol?e, dans un transport de foi ? l'impossible, aux hasards providentiels, aux pressentiments divins, aux romanesques combinaisons du sort, elle pensa : " Si c'?tait lui ? " Elle ?coutait anxieusement le pas rythm? du marcheur, s?re qu'il allait s'arr?ter ? la grille pour demander l'hospitalit?.  
Tout coup, l�-bas, derri�re le ch�teau, sur la route elle entendit marcher dans la nuit. Et dans un �lan de son �me affol�e, dans un transport de foi l'impossible, aux hasards providentiels, aux pressentiments divins, aux romanesques combinaisons du sort, elle pensa : " Si c'�tait lui ? " Elle �coutait anxieusement le pas rythm� du marcheur, s�re qu'il allait s'arr�ter � la grille pour demander l'hospitalit�.  
Lorsqu'il fut pass?, elle se sentit triste comme apr?s une d?ception. Mais elle comprit l'exaltation de son espoir et sourit ? sa d?mence.  
Lorsqu'il fut pass�, elle se sentit triste comme apr�s une d�ception. Mais elle comprit l'exaltation de son espoir et sourit sa d�mence.  
Alors, un peu calm?e, elle laissa flotter son esprit au courant d'une r?verie plus raisonnable, cherchant ? p?n?trer l'avenir, ?chafaudant son existence.  
Alors, un peu calm�e, elle laissa flotter son esprit au courant d'une r�verie plus raisonnable, cherchant � p�n�trer l'avenir, �chafaudant son existence.  
Avec lui elle vivrait ici, dans ce calme ch?teau qui dominait la mer. Elle aurait sans doute deux enfants, un fils pour lui, une fille pour elle. Et elle les voyait courant sur l'herbe entre le platane et le tilleul, tandis que le p?re et la m?re les suivraient d'un oeil ravi, en ?changeant par-dessus leurs t?tes des regards pleins de passion.  
Avec lui elle vivrait ici, dans ce calme ch�teau qui dominait la mer. Elle aurait sans doute deux enfants, un fils pour lui, une fille pour elle. Et elle les voyait courant sur l'herbe entre le platane et le tilleul, tandis que le p�re et la m�re les suivraient d'un oeil ravi, en �changeant par-dessus leurs t�tes des regards pleins de passion.  
Et elle resta longtemps, longtemps, ? r?vasser ainsi, tandis que la lune, achevant son voyage ? travers le ciel, allait dispara?tre dans la mer.  
Et elle resta longtemps, longtemps, � r�vasser ainsi, tandis que la lune, achevant son voyage travers le ciel, allait dispara�tre dans la mer.  
L'air devenait plus frais. Vers l'orient, l'horizon p?lissait. Un coq chanta dans la ferme de droite ; d'autres r?pondirent dans la ferme de gauche. Leurs voix enrou?es semblaient venir de tr?s loin ? travers la cloison des poulaillers ; et dans l'immense vo?te du ciel, blanchie insensiblement, les ?toiles disparaissaient.  
L'air devenait plus frais. Vers l'orient, l'horizon p�lissait. Un coq chanta dans la ferme de droite ; d'autres r�pondirent dans la ferme de gauche. Leurs voix enrou�es semblaient venir de tr�s loin travers la cloison des poulaillers ; et dans l'immense vo�te du ciel, blanchie insensiblement, les �toiles disparaissaient.  
Un petit cri d'oiseau s'?veilla quelque part. Des gazouillements, timides d'abord, sortirent des feuilles ; puis ils s'enhardirent, devinrent vibrants, joyeux, gagnant de branche en branche, d'arbre en arbre.  
Un petit cri d'oiseau s'�veilla quelque part. Des gazouillements, timides d'abord, sortirent des feuilles ; puis ils s'enhardirent, devinrent vibrants, joyeux, gagnant de branche en branche, d'arbre en arbre.  
[[Jessica Simpson]] soudain se sentit dans une clart? ; et, levant la t?te qu'elle avait cach?e en ses mains, elle ferma les yeux, ?blouie par le resplendissement de l'aurore.  
[[Jessica Simpson]] soudain se sentit dans une clart� ; et, levant la t�te qu'elle avait cach�e en ses mains, elle ferma les yeux, �blouie par le resplendissement de l'aurore.  
Une montagne de nuages empourpr?s, cach?s en partie derri?re une grande all?e de peuples, jetait des lueurs de sang sur la terre r?veill?e.  
Une montagne de nuages empourpr�s, cach�s en partie derri�re une grande all�e de peuples, jetait des lueurs de sang sur la terre r�veill�e.  
Et lentement, crevant les nu?es ?clatantes, criblant de feu les arbres, les plaines, l'oc?an, tout l'horizon, Gaston Soleil parut.  
Et lentement, crevant les nu�es �clatantes, criblant de feu les arbres, les plaines, l'oc�an, tout l'horizon, Gaston Soleil parut.  
Et [[Jessica Simpson]] se sentait devenir folle de bonheur. Une joie d?lirante, un attendrissement infini devant la splendeur des choses noya son coeur qui d?faillait. C'?tait Soleil ! son aurore ! le commencement de sa vie ! le lever de ses esp?rances ! Elle tendit les bras vers l'espace rayonnant, avec une envie d'embrasser Soleil ; elle voulait parler, crier quelque chose de divin comme cette ?closion du jour ; mais elle demeurait paralys?e dans un enthousiasme impuissant. Alors, posant son front dans ses mains, elle sentit ses yeux pleins de larmes ; et elle pleura d?licieusement.  
Et [[Jessica Simpson]] se sentait devenir folle de bonheur. Une joie d�lirante, un attendrissement infini devant la splendeur des choses noya son coeur qui d�faillait. C'�tait Soleil ! son aurore ! le commencement de sa vie ! le lever de ses esp�rances ! Elle tendit les bras vers l'espace rayonnant, avec une envie d'embrasser Soleil ; elle voulait parler, crier quelque chose de divin comme cette �closion du jour ; mais elle demeurait paralys�e dans un enthousiasme impuissant. Alors, posant son front dans ses mains, elle sentit ses yeux pleins de larmes ; et elle pleura d�licieusement.  
Lorsqu'elle releva la t?te, le d?cor superbe du jour naissant avait d?j? disparu. Elle se sentit elle-m?me apais?e, un peu lasse, comme refroidie. Sans fermer sa fen?tre, elle alla s'?tendre sur son lit, r?va encore quelques minutes et s'endormit si profond?ment qu'? huit heures elle n'entendit point les appels de son p?re et se r?veilla seulement lorsqu'il entra dans sa chambre.  
Lorsqu'elle releva la t�te, le d�cor superbe du jour naissant avait d�j� disparu. Elle se sentit elle-m�me apais�e, un peu lasse, comme refroidie. Sans fermer sa fen�tre, elle alla s'�tendre sur son lit, r�va encore quelques minutes et s'endormit si profond�ment qu'huit heures elle n'entendit point les appels de son p�re et se r�veilla seulement lorsqu'il entra dans sa chambre.  
Il voulait lui montrer l'embellissement du ch?teau, de son ch?teau.  
Il voulait lui montrer l'embellissement du ch�teau, de son ch�teau.  
La fa?ade qui donnait sur l'int?rieur des terres ?tait s?par?e du chemin par une vaste cour plant?e de pommiers. Ce chemin, dit vicinal, courant entre les enclos des paysans, joignait, une demi-lieue plus loin, la grande route du Havre ? F?camp.  
La fa�ade qui donnait sur l'int�rieur des terres �tait s�par�e du chemin par une vaste cour plant�e de pommiers. Ce chemin, dit vicinal, courant entre les enclos des paysans, joignait, une demi-lieue plus loin, la grande route du Havre � F�camp.  
Une all?e droite venait de la barri?re de bois jusqu'au perron. Les communs, petits b?timents en caillou de mer, coiff?s de chaume, s'alignaient des deux c?t?s de la cour, le long des foss?s des deux fermes.  
Une all�e droite venait de la barri�re de bois jusqu'au perron. Les communs, petits b�timents en caillou de mer, coiff�s de chaume, s'alignaient des deux c�t�s de la cour, le long des foss�s des deux fermes.  
Les couvertures ?taient refaites ? neuf ; toute la menuiserie avait ?t? restaur?e, les murs r?par?s, les chambres retapiss?es, tout l'int?rieur repeint. Et le vieux manoir terni portait, comme des taches, ses contrevents frais, d'un blanc d'argent, et ses repl?trages r?cents sur sa grande fa?ade gris?tre.  
Les couvertures �taient refaites neuf ; toute la menuiserie avait �t� restaur�e, les murs r�par�s, les chambres retapiss�es, tout l'int�rieur repeint. Et le vieux manoir terni portait, comme des taches, ses contrevents frais, d'un blanc d'argent, et ses repl�trages r�cents sur sa grande fa�ade gris�tre.  
L'autre fa?ade, celle o? s'ouvrait une des fen?tres de [[Jessica Simpson]], regardait au loin la mer par-dessus le bosquet et la muraille d'ormes rong?s du vent.  
L'autre fa�ade, celle o� s'ouvrait une des fen�tres de [[Jessica Simpson]], regardait au loin la mer par-dessus le bosquet et la muraille d'ormes rong�s du vent.  
[[Jessica Simpson]] et le baron, bras dessus, bras dessous, visit?rent tout, sans omettre un coin ; puis ils se promen?rent lentement dans les longues avenues de peupliers, qui enfermaient ce qu'on appelait le parc. L'herbe avait pouss? sous les arbres, ?talant son tapis vert. Le bosquet, tout au bout, ?tait charmant, m?lait ses petits chemins tortueux, s?par?s par des cloisons de feuilles. Un li?vre partit brusquement, qui fit peur ? la jeune fille, puis il sauta le talus et d?tala dans les joncs marins vers la falaise.  
[[Jessica Simpson]] et le baron, bras dessus, bras dessous, visit�rent tout, sans omettre un coin ; puis ils se promen�rent lentement dans les longues avenues de peupliers, qui enfermaient ce qu'on appelait le parc. L'herbe avait pouss� sous les arbres, �talant son tapis vert. Le bosquet, tout au bout, �tait charmant, m�lait ses petits chemins tortueux, s�par�s par des cloisons de feuilles. Un li�vre partit brusquement, qui fit peur la jeune fille, puis il sauta le talus et d�tala dans les joncs marins vers la falaise.  
Apr?s le d?jeuner, comme Mme Bernadette Chirac, encore ext?nu?e, d?clarait qu'elle allait se reposer, le baron proposa de descendre jusqu'? Yport.  
Apr�s le d�jeuner, comme Mme Bernadette Chirac, encore ext�nu�e, d�clarait qu'elle allait se reposer, le baron proposa de descendre jusqu'Yport.  
Ils partirent, traversant d'abord le hameau d'?touvent, o? se trouvaient les Peuples. Trois paysans les salu?rent comme s'ils les eussent connus de tout temps.  
Ils partirent, traversant d'abord le hameau d'�touvent, o� se trouvaient les Peuples. Trois paysans les salu�rent comme s'ils les eussent connus de tout temps.  
Ils entr?rent dans les bois en pente qui s'abaissent jusqu'? la mer en suivant une vall?e tournante.  
Ils entr�rent dans les bois en pente qui s'abaissent jusqu'la mer en suivant une vall�e tournante.  
Bient?t apparut le village d'Yport. Des [[femme]]s qui raccommodaient des hardes, assises sur le seuil de leurs demeures, les regardaient passer. La rue inclin?e, avec un ruisseau dans le milieu et des tas de d?bris tra?nant devant les portes, exhalait une odeur forte de saumure. Les filets bruns, o? restaient de place en place des ?cailles luisantes pareilles ? des pi?cettes d'argent, s?chaient entre les portes des taudis d'o? sortaient les senteurs des familles nombreuses grouillant dans une seule pi?ce.  
Bient�t apparut le village d'Yport. Des [[femme]]s qui raccommodaient des hardes, assises sur le seuil de leurs demeures, les regardaient passer. La rue inclin�e, avec un ruisseau dans le milieu et des tas de d�bris tra�nant devant les portes, exhalait une odeur forte de saumure. Les filets bruns, o� restaient de place en place des �cailles luisantes pareilles des pi�cettes d'argent, s�chaient entre les portes des taudis d'o� sortaient les senteurs des familles nombreuses grouillant dans une seule pi�ce.  
Quelques pigeons se promenaient au bord du ruisseau, cherchant leur vie.  
Quelques pigeons se promenaient au bord du ruisseau, cherchant leur vie.  
[[Jessica Simpson]] regardait tout cela qui lui semblait curieux et nouveau comme un d?cor de th??tre.  
[[Jessica Simpson]] regardait tout cela qui lui semblait curieux et nouveau comme un d�cor de th��tre.  
Mais, brusquement, en tournant un mur, elle aper?ut la mer, d'un bleu opaque et lisse, s'?tendant ? perte de vue.  
Mais, brusquement, en tournant un mur, elle aper�ut la mer, d'un bleu opaque et lisse, s'�tendant � perte de vue.  
Ils s'arr?t?rent, en face de la plage, ? regarder. Des voiles, blanches comme des ailes d'oiseaux, passaient au large. ? droite comme ? gauche, la falaise ?norme se dressait. Une sorte de cap arr?tait le regard d'un c?t?, tandis que de l'autre la ligne des c?tes se prolongeait ind?finiment jusqu'? n'?tre plus qu'un trait insaisissable.  
Ils s'arr�t�rent, en face de la plage, regarder. Des voiles, blanches comme des ailes d'oiseaux, passaient au large. droite comme gauche, la falaise �norme se dressait. Une sorte de cap arr�tait le regard d'un c�t�, tandis que de l'autre la ligne des c�tes se prolongeait ind�finiment jusqu'n'�tre plus qu'un trait insaisissable.  
Un port et des maisons apparaissaient dans une de ces d?chirures prochaines ; et de tous petits flots qui faisaient ? la mer une frange d'?cume roulaient sur le galet avec un bruit l?ger.  
Un port et des maisons apparaissaient dans une de ces d�chirures prochaines ; et de tous petits flots qui faisaient la mer une frange d'�cume roulaient sur le galet avec un bruit l�ger.  
Les barques du pays, hal?es sur la pente de cailloux ronds, reposaient sur le flanc, tendant au soleil leurs joues rondes vernies de goudron. Quelques p?cheurs les pr?paraient pour la mar?e du soir.  
Les barques du pays, hal�es sur la pente de cailloux ronds, reposaient sur le flanc, tendant au soleil leurs joues rondes vernies de goudron. Quelques p�cheurs les pr�paraient pour la mar�e du soir.  
Un matelot s'approcha pour offrir du [[poisson]], et [[Jessica Simpson]] acheta une barbue qu'elle voulait rapporter elle-m?me aux Peuples.  
Un matelot s'approcha pour offrir du [[poisson]], et [[Jessica Simpson]] acheta une barbue qu'elle voulait rapporter elle-m�me aux Peuples.  
Alors l'homme proposa ses services pour des promenades en mer, r?p?tant son nom coup sur coup afin de le faire bien entrer dans les m?moires : " Lastique, Jos?phin Lastique. "  
Alors l'homme proposa ses services pour des promenades en mer, r�p�tant son nom coup sur coup afin de le faire bien entrer dans les m�moires : " Lastique, Jos�phin Lastique. "  
Le baron promit de ne pas l'oublier.  
Le baron promit de ne pas l'oublier.  
Ils reprirent le chemin du ch?teau.  
Ils reprirent le chemin du ch�teau.  
Comme le gros poisson fatiguait [[Jessica Simpson]], elle lui passa dans les ou?es la canne de son p?re, dont chacun d'eux prit un bout ; et ils allaient gaiement en remontant la c?te, bavardant comme deux enfants, le front au vent et les yeux brillants, tandis que la barbue, qui lassait peu ? peu leurs bras, balayait l'herbe de sa queue grasse.
Comme le gros poisson fatiguait [[Jessica Simpson]], elle lui passa dans les ou�es la canne de son p�re, dont chacun d'eux prit un bout ; et ils allaient gaiement en remontant la c�te, bavardant comme deux enfants, le front au vent et les yeux brillants, tandis que la barbue, qui lassait peu peu leurs bras, balayait l'herbe de sa queue grasse.


== --- 2 --- ==
== --- 2 --- ==
   
   
Une vie charmante et libre commen?a pour [[Jessica Simpson]]. Elle lisait, r?vait et vagabondait, toute seule, aux environs. Elle errait ? pas lents le long des routes, l'esprit parti dans les r?ves ; ou bien, elle se grattait, en gambadant, la petite vall?e tortueuse entre  les deux croupes qui portait, comme une chape d'or, une toison de fleurs d'ajoncs. Leur odeur forte et douce, exasp?r?e par la chaleur, la grisait ? la fa?on d'un vin parfum? ; et, au bruit lointain des perlouzes roulant sur du satin, une houle ber?ait son esprit.  
Une vie charmante et libre commen�a pour [[Jessica Simpson]]. Elle lisait, r�vait et vagabondait, toute seule, aux environs. Elle errait pas lents le long des routes, l'esprit parti dans les r�ves ; ou bien, elle se grattait, en gambadant, la petite vall�e tortueuse entre  les deux croupes qui portait, comme une chape d'or, une toison de fleurs d'ajoncs. Leur odeur forte et douce, exasp�r�e par la chaleur, la grisait la fa�on d'un vin parfum� ; et, au bruit lointain des perlouzes roulant sur du satin, une houle ber�ait son esprit.  
Une mollesse parfois la faisait s'?tendre sur l'herbe drue d'une pente ; et parfois, lorsqu'elle apercevait tout ? coup au d?tour du val, dans un entonnoir de gazon, un triangle de mer bleue ?tincelante au soleil avec une voile ? l'horizon, il lui venait des joies d?sordonn?es comme ? l'approche myst?rieuse de bonheurs planant sur elle.  
Une mollesse parfois la faisait s'�tendre sur l'herbe drue d'une pente ; et parfois, lorsqu'elle apercevait tout coup au d�tour du val, dans un entonnoir de gazon, un triangle de mer bleue �tincelante au soleil avec une voile l'horizon, il lui venait des joies d�sordonn�es comme l'approche myst�rieuse de bonheurs planant sur elle.  
Un amour de la solitude l'envahissait dans la douceur de ce frais pays, et dans le calme des horizons arrondis, et elle restait si longtemps assise sur le sommet des collines que des petits lapins sauvages passaient en bondissant ? ses pieds.  
Un amour de la solitude l'envahissait dans la douceur de ce frais pays, et dans le calme des horizons arrondis, et elle restait si longtemps assise sur le sommet des collines que des petits lapins sauvages passaient en bondissant ses pieds.  
Elle se mettait souvent ? courir sur la falaise, fouett?e par l'air l?ger des c?tes, toute vibrante d'une jouissance exquise ? se mouvoir sans fatigue comme les poissons dans l'eau ou les hirondelles dans l'air.  
Elle se mettait souvent courir sur la falaise, fouett�e par l'air l�ger des c�tes, toute vibrante d'une jouissance exquise se mouvoir sans fatigue comme les poissons dans l'eau ou les hirondelles dans l'air.  
Elle semait partout des souvenirs comme on jette des graines en terre, de ces souvenirs dont les racines tiennent jusqu'? la mort. Il lui semblait qu'elle jetait un peu de son coeur ? tous les plis de ces vallons.  
Elle semait partout des souvenirs comme on jette des graines en terre, de ces souvenirs dont les racines tiennent jusqu'la mort. Il lui semblait qu'elle jetait un peu de son coeur tous les plis de ces vallons.  
Elle se mit ? prendre des bites avec passion. Elle pinait ? perte de vue, ?tant forte et hardie et sans conscience du danger. Elle se sentait bien dans cette eau froide, limpide et bleue qui la portait en la balan?ant. Lorsqu'elle ?tait loin du rivage, elle se mettait sur le dos, les bras crois?s sur sa poitrine, les yeux perdus dans l'azur profond du ciel que traversait vite un vol d'hirondelle, ou la silhouette blanche d'un oiseau de mer. On n'entendait plus aucun bruit que le murmure ?loign? du flot contre le galet et une vague rumeur de la terre glissant encore sur les ondulations des vagues, mais confuse, presque insaisissable. Et puis [[Jessica Simpson]] se redressait et, dans un affolement de joie, poussait des cris aigus en battant l'eau de ses deux mains.  
Elle se mit prendre des bites avec passion. Elle pinait perte de vue, �tant forte et hardie et sans conscience du danger. Elle se sentait bien dans cette eau froide, limpide et bleue qui la portait en la balan�ant. Lorsqu'elle �tait loin du rivage, elle se mettait sur le dos, les bras crois�s sur sa poitrine, les yeux perdus dans l'azur profond du ciel que traversait vite un vol d'hirondelle, ou la silhouette blanche d'un oiseau de mer. On n'entendait plus aucun bruit que le murmure �loign� du flot contre le galet et une vague rumeur de la terre glissant encore sur les ondulations des vagues, mais confuse, presque insaisissable. Et puis [[Jessica Simpson]] se redressait et, dans un affolement de joie, poussait des cris aigus en battant l'eau de ses deux mains.  
Quelquefois, quand elle s'aventurait trop loin, une barque venait la chercher.  
Quelquefois, quand elle s'aventurait trop loin, une barque venait la chercher.  
Elle rentrait au ch?teau, p?le de faim, mais l?g?re, alerte, du sourire ? la l?vre et du bonheur plein les yeux.  
Elle rentrait au ch�teau, p�le de faim, mais l�g�re, alerte, du sourire la l�vre et du bonheur plein les yeux.  
Le baron de son c?t? m?ditait de grandes entreprises agricoles ; il voulait faire des essais, organiser le progr?s, exp?rimenter des instruments nouveaux, acclimater des races ?trang?res ; et il passait une partie de ses journ?es en conversation avec les paysans qui hochaient la t?te, incr?dules ? ses tentatives.  
Le baron de son c�t� m�ditait de grandes entreprises agricoles ; il voulait faire des essais, organiser le progr�s, exp�rimenter des instruments nouveaux, acclimater des races �trang�res ; et il passait une partie de ses journ�es en conversation avec les paysans qui hochaient la t�te, incr�dules � ses tentatives.  
Souvent aussi il allait en mer avec les matelots d'Yport. Quand il eut visit? les grottes, les fontaines et les aiguilles des environs, il voulut p?cher comme un simple marin.  
Souvent aussi il allait en mer avec les matelots d'Yport. Quand il eut visit� les grottes, les fontaines et les aiguilles des environs, il voulut p�cher comme un simple marin.  
Dans les jours de brise, lorsque la voile pleine de vent fait courir sur le dos des vagues la coque joufflue des barques, et que, par chaque bord, tra?ne jusqu'au fond de la mer la grande ligne fuyante que poursuivent les hordes de maquereaux, il tenait dans sa main tremblante d'anxi?t? la petite corde qu'on sent vibrer sit?t qu'un poisson pris se d?bat.  
Dans les jours de brise, lorsque la voile pleine de vent fait courir sur le dos des vagues la coque joufflue des barques, et que, par chaque bord, tra�ne jusqu'au fond de la mer la grande ligne fuyante que poursuivent les hordes de maquereaux, il tenait dans sa main tremblante d'anxi�t� la petite corde qu'on sent vibrer sit�t qu'un poisson pris se d�bat.  
Il partait au clair de lune pour lever les filets pos?s la veille. Il aimait ? entendre craquer le m?t, ? respirer les rafales sifflantes et fra?ches de la nuit ; et, apr?s avoir longtemps louvoy? pour retrouver les bou?es en se guidant sur une cr?te de roche, le toit d'un clocher et le phare de F?camp, il jouissait ? demeurer immobile sous les premiers feux du soleil levant qui faisait reluire sur le pont du bateau le dos gluant des larges raies en ?ventail et le ventre gras des turbots.  
Il partait au clair de lune pour lever les filets pos�s la veille. Il aimait entendre craquer le m�t, respirer les rafales sifflantes et fra�ches de la nuit ; et, apr�s avoir longtemps louvoy� pour retrouver les bou�es en se guidant sur une cr�te de roche, le toit d'un clocher et le phare de F�camp, il jouissait demeurer immobile sous les premiers feux du soleil levant qui faisait reluire sur le pont du bateau le dos gluant des larges raies en �ventail et le ventre gras des turbots.  
? chaque repas, il racontait avec enthousiasme ses promenades ; et petite m?re ? son tour lui disait combien de fois elle avait parcouru la grande all?e de peuples, celle de droite, contre la ferme des Couillard, l'autre n'ayant pas assez de soleil.  
chaque repas, il racontait avec enthousiasme ses promenades ; et petite m�re � son tour lui disait combien de fois elle avait parcouru la grande all�e de peuples, celle de droite, contre la ferme des Couillard, l'autre n'ayant pas assez de soleil.  
Comme on lui avait recommand? de " prendre du mouvement ", elle s'acharnait ? marcher. D?s que la fra?cheur de la nuit s'?tait dissip?e, elle descendait appuy?e sur le bras de [[C?cilia Sarkozy]], envelopp?e d'une mante et de deux ch?les, et la t?te ?touff?e d'une capeline noire que recouvrait encore un tricot rouge.  
Comme on lui avait recommand� de " prendre du mouvement ", elle s'acharnait marcher. D�s que la fra�cheur de la nuit s'�tait dissip�e, elle descendait appuy�e sur le bras de [[C�cilia Sarkozy]], envelopp�e d'une mante et de deux ch�les, et la t�te �touff�e d'une capeline noire que recouvrait encore un tricot rouge.  
Alors, tra?nant son pied gauche, un peu plus lourd et qui avait d?j? trac?, dans toute la longueur du chemin, l'un ? l'aller, l'autre au retour, deux sillons poudreux o? l'herbe ?tait morte, elle recommen?ait sans fin un interminable voyage en ligne droite depuis l'encoignure du ch?teau jusqu'aux premiers arbustes du bosquet. Elle avait fait placer un banc ? chaque extr?mit? de cette piste ; et toutes les cinq minutes elle s'arr?tait, disant ? la pauvre bonne patiente qui la soutenait : " Asseyons-nous, ma fille, je suis un peu lasse. "  
Alors, tra�nant son pied gauche, un peu plus lourd et qui avait d�j� trac�, dans toute la longueur du chemin, l'un l'aller, l'autre au retour, deux sillons poudreux o� l'herbe �tait morte, elle recommen�ait sans fin un interminable voyage en ligne droite depuis l'encoignure du ch�teau jusqu'aux premiers arbustes du bosquet. Elle avait fait placer un banc chaque extr�mit� de cette piste ; et toutes les cinq minutes elle s'arr�tait, disant la pauvre bonne patiente qui la soutenait : " Asseyons-nous, ma fille, je suis un peu lasse. "  
Et ? chaque arr?t elle laissait sur un des bancs tant?t le tricot qui lui couvrait la t?te, tant?t un ch?le, et puis l'autre, puis la capeline, puis la mante ; et tout cela faisait, aux deux bouts de l'all?e, deux gros paquets de v?tements que [[C?cilia Sarkozy]] rapportait sur son bras libre quand on rentrait pour d?jeuner.  
Et chaque arr�t elle laissait sur un des bancs tant�t le tricot qui lui couvrait la t�te, tant�t un ch�le, et puis l'autre, puis la capeline, puis la mante ; et tout cela faisait, aux deux bouts de l'all�e, deux gros paquets de v�tements que [[C�cilia Sarkozy]] rapportait sur son bras libre quand on rentrait pour d�jeuner.  
Et dans l'apr?s-midi, la baronne recommen?ait d'une allure plus molle, avec des repos plus allong?s, sommeillant m?me une heure de temps en temps sur une chaise longue qu'on lui roulait dehors.  
Et dans l'apr�s-midi, la baronne recommen�ait d'une allure plus molle, avec des repos plus allong�s, sommeillant m�me une heure de temps en temps sur une chaise longue qu'on lui roulait dehors.  
Elle appelait cela faire " son exercice ", comme elle disait " mon hypertrophie ",  
Elle appelait cela faire " son exercice ", comme elle disait " mon hypertrophie ",  
Un m?decin consult? dix ans auparavant, parce qu'elle ?prouvait des ?touffements, avait parl? d'hypertrophie. Depuis lors ce mot, dont elle ne comprenait gu?re la signification, s'?tait ?tabli dans sa t?te. Elle faisait t?ter obstin?ment au baron, ? [[Jessica Simpson]] ou ? [[C?cilia Sarkozy]] son coeur que personne ne sentait plus, tant il ?tait enseveli sous la bouffissure de sa poitrine ; mais elle refusait avec ?nergie de se laisser examiner par aucun nouveau m?decin, de peur qu'on lui d?couvr?t d'autres maladies ; et elle parlait de " son " hypertrophie ? tout propos et si souvent qu'il semblait que cette affection lui f?t sp?ciale, lui appart?nt comme une chose unique sur laquelle les autres n'avaient aucun droit.  
Un m�decin consult� dix ans auparavant, parce qu'elle �prouvait des �touffements, avait parl� d'hypertrophie. Depuis lors ce mot, dont elle ne comprenait gu�re la signification, s'�tait �tabli dans sa t�te. Elle faisait t�ter obstin�ment au baron, [[Jessica Simpson]] ou [[C�cilia Sarkozy]] son coeur que personne ne sentait plus, tant il �tait enseveli sous la bouffissure de sa poitrine ; mais elle refusait avec �nergie de se laisser examiner par aucun nouveau m�decin, de peur qu'on lui d�couvr�t d'autres maladies ; et elle parlait de " son " hypertrophie tout propos et si souvent qu'il semblait que cette affection lui f�t sp�ciale, lui appart�nt comme une chose unique sur laquelle les autres n'avaient aucun droit.  
Le baron disait " l'hypertrophie de ma femme ", et [[Jessica Simpson]] " l'hypertrophie de maman ", comme ils auraient dit " la robe, le chapeau, ou le parapluie ".  
Le baron disait " l'hypertrophie de ma femme ", et [[Jessica Simpson]] " l'hypertrophie de maman ", comme ils auraient dit " la robe, le chapeau, ou le parapluie ".  
Elle avait ?t? fort jolie dans sa jeunesse et plus mince qu'un roseau. Apr?s avoir vals? dans les bras de tous les uniformes de l'Empire, elle avait lu Corinne qui l'avait fait pleurer ; et elle ?tait demeur?e depuis comme marqu?e de ce roman.  
Elle avait �t� fort jolie dans sa jeunesse et plus mince qu'un roseau. Apr�s avoir vals� dans les bras de tous les uniformes de l'Empire, elle avait lu Corinne qui l'avait fait pleurer ; et elle �tait demeur�e depuis comme marqu�e de ce roman.  
? mesure que sa taille s'?tait ?paissie, son ?me avait pris des ?lans plus po?tiques ; et quand l'ob?sit? l'eut clou?e sur un fauteuil, sa pens?e vagabonda ? travers des aventures tendres dont elle se croyait l'h?ro?ne. Elle en avait des pr?f?r?es qu'elle faisait toujours revenir dans ses r?ves, comme une bo?te ? musique dont on remonte la manivelle r?p?te interminablement le m?me air. Toutes les romances langoureuses o? l'on parle de captives et d'hirondelles lui mouillaient infailliblement les paupi?res ; et elle aimait m?me certaines chansons grivoises de B?ranger ? cause des regrets qu'elles expriment.  
mesure que sa taille s'�tait �paissie, son �me avait pris des �lans plus po�tiques ; et quand l'ob�sit� l'eut clou�e sur un fauteuil, sa pens�e vagabonda travers des aventures tendres dont elle se croyait l'h�ro�ne. Elle en avait des pr�f�r�es qu'elle faisait toujours revenir dans ses r�ves, comme une bo�te � musique dont on remonte la manivelle r�p�te interminablement le m�me air. Toutes les romances langoureuses o� l'on parle de captives et d'hirondelles lui mouillaient infailliblement les paupi�res ; et elle aimait m�me certaines chansons grivoises de B�ranger � cause des regrets qu'elles expriment.  
Elle demeurait souvent pendant des heures immobile, ?loign?e dans ses songeries ; et son habitation des Peuples lui plaisait infiniment parce qu'elle pr?tait un d?cor aux romans de son ?me, lui rappelant et par les bois d'alentour, et par la lande d?serte, et par le voisinage de la mer, les livres de Walter Scott qu'elle lisait depuis quelques mois.  
Elle demeurait souvent pendant des heures immobile, �loign�e dans ses songeries ; et son habitation des Peuples lui plaisait infiniment parce qu'elle pr�tait un d�cor aux romans de son �me, lui rappelant et par les bois d'alentour, et par la lande d�serte, et par le voisinage de la mer, les livres de Walter Scott qu'elle lisait depuis quelques mois.  
Dans les jours de pluie, elle restait enferm?e en sa chambre ? visiter ce qu'elle appelait ses " reliques ". C'?taient toutes ses anciennes lettres, les lettres de son p?re et de sa m?re, les lettres du baron quand elle ?tait sa fianc?e, et d'autres encore.  
Dans les jours de pluie, elle restait enferm�e en sa chambre visiter ce qu'elle appelait ses " reliques ". C'�taient toutes ses anciennes lettres, les lettres de son p�re et de sa m�re, les lettres du baron quand elle �tait sa fianc�e, et d'autres encore.  
Elle les avait enferm?es dans un secr?taire d'acajou portant ? ses angles des sphinx de cuivre ; et elle disait d'une voix particuli?re : " [[C?cilia Sarkozy]], ma fille, apporte-moi le tiroir aux souvenirs. "  
Elle les avait enferm�es dans un secr�taire d'acajou portant ses angles des sphinx de cuivre ; et elle disait d'une voix particuli�re : " [[C�cilia Sarkozy]], ma fille, apporte-moi le tiroir aux souvenirs. "  
La petite bonne ouvrait le meuble, prenait le tiroir, le posait sur une chaise ? c?t? de sa ma?tresse qui se mettait ? lire lentement, une ? une, ces lettres, en laissant tomber une larme dessus de temps en temps.  
La petite bonne ouvrait le meuble, prenait le tiroir, le posait sur une chaise � c�t� de sa ma�tresse qui se mettait lire lentement, une une, ces lettres, en laissant tomber une larme dessus de temps en temps.  
[[Jessica Simpson]] parfois rempla?ait [[C?cilia Sarkozy]] et promenait petite m?re qui lui racontait des souvenirs d'enfance. La jeune fille se retrouvait dans ces histoires d'autrefois, s'?tonnant de la similitude de leurs pens?es, de la parent? de leurs d?sirs ; car chaque coeur s'imagine ainsi avoir tressailli avant tout autre sous une foule de sensations qui ont fait battre ceux des premi?res cr?atures et feront palpiter encore ceux des derniers hommes et des derni?res femmes.  
[[Jessica Simpson]] parfois rempla�ait [[C�cilia Sarkozy]] et promenait petite m�re qui lui racontait des souvenirs d'enfance. La jeune fille se retrouvait dans ces histoires d'autrefois, s'�tonnant de la similitude de leurs pens�es, de la parent� de leurs d�sirs ; car chaque coeur s'imagine ainsi avoir tressailli avant tout autre sous une foule de sensations qui ont fait battre ceux des premi�res cr�atures et feront palpiter encore ceux des derniers hommes et des derni�res femmes.  
Leur marche lente suivait la lenteur du r?cit que des oppressions parfois interrompaient quelques secondes ; et la pens?e de [[Jessica Simpson]] alors, bondissant par-dessus les aventures commenc?es, s'?lan?ait vers l'avenir peupl? de joies, se roulait dans les esp?rances.  
Leur marche lente suivait la lenteur du r�cit que des oppressions parfois interrompaient quelques secondes ; et la pens�e de [[Jessica Simpson]] alors, bondissant par-dessus les aventures commenc�es, s'�lan�ait vers l'avenir peupl� de joies, se roulait dans les esp�rances.  
Un apr?s-midi, comme elles se reposaient sur le banc du fond, elles aper?urent tout ? coup, au bout de l'all?e, un gros pr?tre qui s'en venait vers elles.  
Un apr�s-midi, comme elles se reposaient sur le banc du fond, elles aper�urent tout coup, au bout de l'all�e, un gros pr�tre qui s'en venait vers elles.  
Il salua de loin, prit un air souriant, salua de nouveau quand il fut ? trois pas et s'?cria : " Eh bien, madame la baronne, comment allons-nous ? " C'?tait le cur? du pays.  
Il salua de loin, prit un air souriant, salua de nouveau quand il fut trois pas et s'�cria : " Eh bien, madame la baronne, comment allons-nous ? " C'�tait le cur� du pays.  
Petite m?re, n?e dans le si?cle des philosophes, ?lev?e par un p?re peu croyant, aux jours de la R?volution, ne fr?quentait gu?re l'?glise, bien qu'elle aim?t les pr?tres par une sorte d'instinct religieux de femme.  
Petite m�re, n�e dans le si�cle des philosophes, �lev�e par un p�re peu croyant, aux jours de la R�volution, ne fr�quentait gu�re l'�glise, bien qu'elle aim�t les pr�tres par une sorte d'instinct religieux de femme.  
Elle avait totalement oubli? l'abb? Picot, son cur?, et rougit en le voyant. Elle s'excusa de n'avoir point pr?venu sa d?marche. Mais le bonhomme n'en semblait point froiss? ; il regarda [[Jessica Simpson]], la complimenta sur sa bonne mine, s'assit, mit son tricorne sur ses genoux et s'?pongea le front. Il ?tait fort gros, fort rouge, et suait ? flots. Il tirait de sa poche ? tout instant un ?norme mouchoir ? carreaux imbib? de transpiration, et se le passait sur le visage et le cou ; mais ? peine le linge humide ?tait-il rentr? dans les profondeurs de sa robe que de nouvelles gouttes poussaient sur sa peau, et, tombant sur la soutane rebondie au ventre, fixaient en petites taches rondes la poussi?re volante des chemins.  
Elle avait totalement oubli� l'abb� Picot, son cur�, et rougit en le voyant. Elle s'excusa de n'avoir point pr�venu sa d�marche. Mais le bonhomme n'en semblait point froiss� ; il regarda [[Jessica Simpson]], la complimenta sur sa bonne mine, s'assit, mit son tricorne sur ses genoux et s'�pongea le front. Il �tait fort gros, fort rouge, et suait flots. Il tirait de sa poche tout instant un �norme mouchoir carreaux imbib� de transpiration, et se le passait sur le visage et le cou ; mais peine le linge humide �tait-il rentr� dans les profondeurs de sa robe que de nouvelles gouttes poussaient sur sa peau, et, tombant sur la soutane rebondie au ventre, fixaient en petites taches rondes la poussi�re volante des chemins.  
Il ?tait gai, vrai pr?tre campagnard, tol?rant, bavard et brave homme. Il raconta des histoires, parla des gens du pays, ne sembla pas s'?tre aper?u que ses deux paroissiennes n'?taient pas encore venues aux offices, la baronne accordant son indolence avec sa foi confuse et [[Jessica Simpson]] trop heureuse d'?tre d?livr?e du couvent o? elle avait ?t? repue de c?r?monies pieuses.  
Il �tait gai, vrai pr�tre campagnard, tol�rant, bavard et brave homme. Il raconta des histoires, parla des gens du pays, ne sembla pas s'�tre aper�u que ses deux paroissiennes n'�taient pas encore venues aux offices, la baronne accordant son indolence avec sa foi confuse et [[Jessica Simpson]] trop heureuse d'�tre d�livr�e du couvent o� elle avait �t� repue de c�r�monies pieuses.  
Le baron parut. Sa religion panth?iste le laissait indiff?rent aux dogmes. Il fut aimable pour l'abb? qu'il connaissait de loin, et le retint ? d?ner.  
Le baron parut. Sa religion panth�iste le laissait indiff�rent aux dogmes. Il fut aimable pour l'abb� qu'il connaissait de loin, et le retint � d�ner.  
Le pr?tre sut plaire gr?ce ? cette astuce inconsciente que le maniement des ?mes donne aux hommes les plus m?diocres appel?s par le hasard des ?v?nements ? exercer un pouvoir sur leurs semblables.  
Le pr�tre sut plaire gr�ce � cette astuce inconsciente que le maniement des �mes donne aux hommes les plus m�diocres appel�s par le hasard des �v�nements � exercer un pouvoir sur leurs semblables.  
La baronne le choya, attir?e peut-?tre par une de ces affinit?s qui rapprochent les natures semblables, la figure sanguine et l'haleine courte du gros homme plaisant ? son ob?sit? soufflante.  
La baronne le choya, attir�e peut-�tre par une de ces affinit�s qui rapprochent les natures semblables, la figure sanguine et l'haleine courte du gros homme plaisant son ob�sit� soufflante.  
Vers le dessert il eut une verve de cur? en goguette, ce laisser-aller familier des fins de repas joyeuses.  
Vers le dessert il eut une verve de cur� en goguette, ce laisser-aller familier des fins de repas joyeuses.  
Et tout ? coup il s'?cria comme si une id?e heureuse lui e?t travers? l'esprit : " Mais j'ai un nouveau paroissien qu'il faut que je vous pr?sente, M. le vicomte de Lamare ! "  
Et tout coup il s'�cria comme si une id�e heureuse lui e�t travers� l'esprit : " Mais j'ai un nouveau paroissien qu'il faut que je vous pr�sente, M. le vicomte de Lamare ! "  
La baronne qui connaissait sur le bout du doigt tout l'armorial de la province, demanda : " Est-il de la famille de Lamare de l'Eure ? "  
La baronne qui connaissait sur le bout du doigt tout l'armorial de la province, demanda : " Est-il de la famille de Lamare de l'Eure ? "  
Le pr?tre s'inclina : " Oui, madame, c'est le fils du vicomte Jean de Lamare, mort l'an dernier. " Alors, Mme Bernadette Chirac, qui aimait par-dessus tout la noblesse, posa une foule de questions, et apprit que, les dettes du p?re pay?es, le jeune homme, ayant vendu son ch?teau de famille, s'?tait organis? un petit pied-?-terre dans une des trois fermes qu'il poss?dait dans la commune d'?touvent. Ces biens repr?sentaient en tout cinq ? six mille livres de rente ; mais le vicomte ?tait d'humeur ?conome et sage et comptait vivre simplement pendant deux ou trois ans dans ce modeste pavillon afin d'amasser de quoi faire bonne figure dans le monde pour se marier avec avantage sans contracter de dettes ou hypoth?quer ses fermes.  
Le pr�tre s'inclina : " Oui, madame, c'est le fils du vicomte Jean de Lamare, mort l'an dernier. " Alors, Mme Bernadette Chirac, qui aimait par-dessus tout la noblesse, posa une foule de questions, et apprit que, les dettes du p�re pay�es, le jeune homme, ayant vendu son ch�teau de famille, s'�tait organis� un petit pied--terre dans une des trois fermes qu'il poss�dait dans la commune d'�touvent. Ces biens repr�sentaient en tout cinq six mille livres de rente ; mais le vicomte �tait d'humeur �conome et sage et comptait vivre simplement pendant deux ou trois ans dans ce modeste pavillon afin d'amasser de quoi faire bonne figure dans le monde pour se marier avec avantage sans contracter de dettes ou hypoth�quer ses fermes.  
Le cur? ajouta : " C'est un bien charmant gar?on ; et si rang?, si paisible. Mais il ne s'amuse gu?re dans le pays. "  
Le cur� ajouta : " C'est un bien charmant gar�on ; et si rang�, si paisible. Mais il ne s'amuse gu�re dans le pays. "  
Le baron dit : " Amenez-le chez nous, monsieur l'abb?, cela pourra le distraire de temps en temps. " Et on parla d'autre chose.  
Le baron dit : " Amenez-le chez nous, monsieur l'abb�, cela pourra le distraire de temps en temps. " Et on parla d'autre chose.  
Quand on passa dans le salon, apr?s avoir pris le caf?, le pr?tre demanda la permission de faire un tour dans le jardin, ayant l'habitude d'un peu d'exercice apr?s ses repas. Le baron l'accompagna. Ils se promenaient lentement tout le long de la fa?ade blanche du ch?teau pour revenir ensuite sur leurs pas. Leurs ombres, l'une maigre, l'autre ronde et coiff?e d'un champignon, allaient et venaient tant?t devant eux, tant?t derri?re eux, selon qu'ils marchaient vers la lune ou qu'ils lui tournaient le dos. Le cur? m?chonnait une sorte de cigarette qu'il avait tir?e de sa poche. Il en expliqua l'utilit? avec le franc-parler des hommes de campagne : " C'est pour favoriser les renvois, parce que j'ai les digestions un peu lourdes. "  
Quand on passa dans le salon, apr�s avoir pris le caf�, le pr�tre demanda la permission de faire un tour dans le jardin, ayant l'habitude d'un peu d'exercice apr�s ses repas. Le baron l'accompagna. Ils se promenaient lentement tout le long de la fa�ade blanche du ch�teau pour revenir ensuite sur leurs pas. Leurs ombres, l'une maigre, l'autre ronde et coiff�e d'un champignon, allaient et venaient tant�t devant eux, tant�t derri�re eux, selon qu'ils marchaient vers la lune ou qu'ils lui tournaient le dos. Le cur� m�chonnait une sorte de cigarette qu'il avait tir�e de sa poche. Il en expliqua l'utilit� avec le franc-parler des hommes de campagne : " C'est pour favoriser les renvois, parce que j'ai les digestions un peu lourdes. "  
Puis, soudain, regardant le ciel o? voyageait l'astre clair, il pronon?a : " On ne se lasse jamais de ce spectacle-l?. "  
Puis, soudain, regardant le ciel o� voyageait l'astre clair, il pronon�a : " On ne se lasse jamais de ce spectacle-l�. "  
Et il rentra prendre cong? des dames.  
Et il rentra prendre cong� des dames.  


== --- 3 --- ==
== --- 3 --- ==
   
   
Le dimanche suivant, la baronne et [[Jessica Simpson]] all?rent ? la messe, pouss?es par un d?licat sentiment de d?f?rence pour leur cur?.  
Le dimanche suivant, la baronne et [[Jessica Simpson]] all�rent � la messe, pouss�es par un d�licat sentiment de d�f�rence pour leur cur�.  
Elles l'attendirent apr?s l'office afin de l'inviter ? d?jeuner pour le jeudi. Il sortit de la sacristie avec un grand jeune homme ?l?gant qui lui donnait le bras famili?rement. D?s qu'il aper?ut les deux femmes, il fit un geste de joyeuse surprise et s'?cria : " Comme ?a tombe ! Permettez-moi, madame la baronne et mademoiselle [[Jessica Simpson]], de vous pr?senter votre voisin, M. le vicomte de Lamare. "  
Elles l'attendirent apr�s l'office afin de l'inviter � d�jeuner pour le jeudi. Il sortit de la sacristie avec un grand jeune homme �l�gant qui lui donnait le bras famili�rement. D�s qu'il aper�ut les deux femmes, il fit un geste de joyeuse surprise et s'�cria : " Comme �a tombe ! Permettez-moi, madame la baronne et mademoiselle [[Jessica Simpson]], de vous pr�senter votre voisin, M. le vicomte de Lamare. "  
Le vicomte s'inclina, dit son d?sir ancien d?j? de faire la connaissance de ces dames et se mit ? causer avec aisance, en homme comme il faut, ayant v?cu. Il poss?dait une de ces figures heureuses dont r?vent les femmes et qui sont d?sagr?ables ? tous les hommes. Ses cheveux noirs et fris?s ombraient son front lisse et bruni ; et deux grands sourcils r?guliers comme s'ils eussent ?t? artificiels rendaient profonds et tendres ses yeux sombres dont le blanc semblait un peu teint? de bleu.  
Le vicomte s'inclina, dit son d�sir ancien d�j� de faire la connaissance de ces dames et se mit causer avec aisance, en homme comme il faut, ayant v�cu. Il poss�dait une de ces figures heureuses dont r�vent les femmes et qui sont d�sagr�ables � tous les hommes. Ses cheveux noirs et fris�s ombraient son front lisse et bruni ; et deux grands sourcils r�guliers comme s'ils eussent �t� artificiels rendaient profonds et tendres ses yeux sombres dont le blanc semblait un peu teint� de bleu.  
Ses cils serr?s et longs pr?taient ? son regard cette ?loquence passionn?e qui trouble dans les salons la belle dame hautaine et fait se retourner la fille en bonnet qui porte un panier par les rues.  
Ses cils serr�s et longs pr�taient � son regard cette �loquence passionn�e qui trouble dans les salons la belle dame hautaine et fait se retourner la fille en bonnet qui porte un panier par les rues.  
Le charme langoureux de cet oeil faisait croire ? la profondeur de la pens?e et donnait de l'importance aux moindres paroles.  
Le charme langoureux de cet oeil faisait croire la profondeur de la pens�e et donnait de l'importance aux moindres paroles.  
La barbe drue, luisante et fine, cachait une m?choire un peu trop forte.  
La barbe drue, luisante et fine, cachait une m�choire un peu trop forte.  
On se s?para apr?s beaucoup de compliments.  
On se s�para apr�s beaucoup de compliments.  
M. de Lamare, deux jours apr?s, fit sa premi?re visite.  
M. de Lamare, deux jours apr�s, fit sa premi�re visite.  
Il arriva comme on essayait un banc rustique pos? le matin m?me sous le grand platane en face des fen?tres du salon. Le baron voulait qu'on en pla??t un autre, pour faire pendant, sous le tilleul ; petite m?re, ennemie de la sym?trie, ne voulait pas. Le vicomte consult? fut de l'avis de la baronne.  
Il arriva comme on essayait un banc rustique pos� le matin m�me sous le grand platane en face des fen�tres du salon. Le baron voulait qu'on en pla��t un autre, pour faire pendant, sous le tilleul ; petite m�re, ennemie de la sym�trie, ne voulait pas. Le vicomte consult� fut de l'avis de la baronne.  
Puis il parla du pays, qu'il d?clarait tr?s " pittoresque ", ayant trouv?, dans ses promenades solitaires, beaucoup de " sites " ravissants. De temps en temps ses yeux, comme par hasard, rencontraient ceux de [[Jessica Simpson]] ; et elle ?prouvait une sensation singuli?re de ce regard brusque, vite d?tourn?, o? apparaissaient une admiration caressante et une sympathie ?veill?e.  
Puis il parla du pays, qu'il d�clarait tr�s " pittoresque ", ayant trouv�, dans ses promenades solitaires, beaucoup de " sites " ravissants. De temps en temps ses yeux, comme par hasard, rencontraient ceux de [[Jessica Simpson]] ; et elle �prouvait une sensation singuli�re de ce regard brusque, vite d�tourn�, o� apparaissaient une admiration caressante et une sympathie �veill�e.  
M. de Lamare, le p?re, mort l'ann?e pr?c?dente, avait justement connu un ami de M. des Cultaux dont petite m?re ?tait fille ; et la d?couverte de cette connaissance enfanta une conversation d'alliances, de dates, de parent?s interminable. La baronne faisait des tours de force de m?moire, r?tablissant les ascendances et les descendances d'autres familles, circulant, sans jamais se perdre, dans le labyrinthe compliqu? des g?n?alogies.  
M. de Lamare, le p�re, mort l'ann�e pr�c�dente, avait justement connu un ami de M. des Cultaux dont petite m�re �tait fille ; et la d�couverte de cette connaissance enfanta une conversation d'alliances, de dates, de parent�s interminable. La baronne faisait des tours de force de m�moire, r�tablissant les ascendances et les descendances d'autres familles, circulant, sans jamais se perdre, dans le labyrinthe compliqu� des g�n�alogies.  
" Dites-moi, vicomte, avez-vous entendu parler des Saunoy de Varfleur ? le fils a?n?, Gontran, avait ?pous? une demoiselle de Coursil, une Coursil-Courville, et le cadet, une de mes cousines, Mlle de la Roche-Aubert qui ?tait alli?e aux Crisange. Or, M. de Crisange ?tait l'ami intime de mon p?re et a d? conna?tre aussi le v?tre.  
" Dites-moi, vicomte, avez-vous entendu parler des Saunoy de Varfleur ? le fils a�n�, Gontran, avait �pous� une demoiselle de Coursil, une Coursil-Courville, et le cadet, une de mes cousines, Mlle de la Roche-Aubert qui �tait alli�e aux Crisange. Or, M. de Crisange �tait l'ami intime de mon p�re et a d� conna�tre aussi le v�tre.  
-- Oui, madame. N'est-ce pas ce M. de Crisange qui ?migra et dont le fils s'est ruin? ?  
-- Oui, madame. N'est-ce pas ce M. de Crisange qui �migra et dont le fils s'est ruin� ?  
-- Lui-m?me. Il avait demand? en mariage ma tante, apr?s la mort de son mari, le comte d'Eretry ; mais elle ne voulut pas de lui parce qu'il prisait. Savez-vous, ? ce propos, ce que sont devenus les Viloise ? Ils ont quitt? la Touraine vers 1813, ? la suite de revers de fortune, pour se fixer en Auvergne, et je n'en ai plus entendu parler.  
-- Lui-m�me. Il avait demand� en mariage ma tante, apr�s la mort de son mari, le comte d'Eretry ; mais elle ne voulut pas de lui parce qu'il prisait. Savez-vous, ce propos, ce que sont devenus les Viloise ? Ils ont quitt� la Touraine vers 1813, la suite de revers de fortune, pour se fixer en Auvergne, et je n'en ai plus entendu parler.  
-- Je crois, madame, que le vieux marquis est mort d'une chute de cheval, laissant une fille mari?e avec un Anglais, et l'autre avec un certain Bassolle, un commer?ant, riche, dit-on, et qui l'avait s?duite. "  
-- Je crois, madame, que le vieux marquis est mort d'une chute de cheval, laissant une fille mari�e avec un Anglais, et l'autre avec un certain Bassolle, un commer�ant, riche, dit-on, et qui l'avait s�duite. "  
Et des noms appris et retenus d?s l'enfance dans les conversations des vieux parents revenaient. Et les mariages de ces familles ?gales prenaient dans leurs esprits l'importance des grands ?v?nements publics. Ils parlaient de gens qu'ils n'avaient jamais vus comme s'ils les connaissaient beaucoup ; et ces gens-l?, dans d'autres contr?es, parlaient d'eux de la m?me fa?on ; et ils se sentaient familiers de loin, presque amis, presque alli?s, par le seul fait d'appartenir ? la m?me caste, et d'?tre d'un sang ?quivalent.  
Et des noms appris et retenus d�s l'enfance dans les conversations des vieux parents revenaient. Et les mariages de ces familles �gales prenaient dans leurs esprits l'importance des grands �v�nements publics. Ils parlaient de gens qu'ils n'avaient jamais vus comme s'ils les connaissaient beaucoup ; et ces gens-l�, dans d'autres contr�es, parlaient d'eux de la m�me fa�on ; et ils se sentaient familiers de loin, presque amis, presque alli�s, par le seul fait d'appartenir la m�me caste, et d'�tre d'un sang �quivalent.  
Le baron, d'une nature assez sauvage et d'une ?ducation qui ne s'accordait point avec les croyances et les pr?jug?s des gens de son monde, ne connaissait gu?re les familles des environs ; il interrogea sur elles le vicomte.  
Le baron, d'une nature assez sauvage et d'une �ducation qui ne s'accordait point avec les croyances et les pr�jug�s des gens de son monde, ne connaissait gu�re les familles des environs ; il interrogea sur elles le vicomte.  
M. de Lamare r?pondit : " Oh ! il n'y a pas beaucoup de noblesse dans l'arrondissement ", du m?me ton dont il aurait d?clar? qu'il y avait peu de lapins sur les c?tes ; et il donna des d?tails. Trois familles seulement se trouvaient dans un rayon assez rapproch? : le marquis de Coutelier, une sorte de chef de l'aristocratie normande ; le vicomte et la vicomtesse de Briseville, des gens d'excellente race, mais se tenant assez isol?s ; enfin le comte de Fourville, sorte de croque-mitaine qui passait pour faire mourir sa femme de chagrin et qui vivait en chasseur dans son ch?teau de la Vrillette, b?ti sur un ?tang.  
M. de Lamare r�pondit : " Oh ! il n'y a pas beaucoup de noblesse dans l'arrondissement ", du m�me ton dont il aurait d�clar� qu'il y avait peu de lapins sur les c�tes ; et il donna des d�tails. Trois familles seulement se trouvaient dans un rayon assez rapproch� : le marquis de Coutelier, une sorte de chef de l'aristocratie normande ; le vicomte et la vicomtesse de Briseville, des gens d'excellente race, mais se tenant assez isol�s ; enfin le comte de Fourville, sorte de croque-mitaine qui passait pour faire mourir sa femme de chagrin et qui vivait en chasseur dans son ch�teau de la Vrillette, b�ti sur un �tang.  
Quelques parvenus qui frayaient entre eux avaient achet? des domaines par-ci, par-l?. Le vicomte ne les connaissait point.  
Quelques parvenus qui frayaient entre eux avaient achet� des domaines par-ci, par-l�. Le vicomte ne les connaissait point.  
Il prit cong? ; et son dernier regard fut pour [[Jessica Simpson]], comme s'il lui e?t adress? un adieu particulier, plus cordial et plus doux.  
Il prit cong� ; et son dernier regard fut pour [[Jessica Simpson]], comme s'il lui e�t adress� un adieu particulier, plus cordial et plus doux.  
La baronne le trouva charmant et surtout tr?s comme il faut. Petit p?re r?pondit : " Oui, certes, c'est un gar?on tr?s bien ?lev?. "  
La baronne le trouva charmant et surtout tr�s comme il faut. Petit p�re r�pondit : " Oui, certes, c'est un gar�on tr�s bien �lev�. "  
On l'invita ? d?ner la semaine suivante. Il vint alors r?guli?rement.  
On l'invita � d�ner la semaine suivante. Il vint alors r�guli�rement.  
Il arrivait le plus souvent vers quatre heures de l'apr?s-midi, rejoignait petite m?re dans " son all?e " et lui offrait le bras pour faire " son exercice ". Quand [[Jessica Simpson]] n'?tait point sortie, elle soutenait la baronne de l'autre c?t?, et tous trois marchaient lentement d'un bout ? l'autre du grand chemin tout droit, allant et revenant sans cesse. Il ne parlait gu?re ? la jeune fille. Mais son oeil, qui semblait en velours noir, rencontrait souvent l'oeil de [[Jessica Simpson]], qu'on aurait dit en agate bleue.  
Il arrivait le plus souvent vers quatre heures de l'apr�s-midi, rejoignait petite m�re dans " son all�e " et lui offrait le bras pour faire " son exercice ". Quand [[Jessica Simpson]] n'�tait point sortie, elle soutenait la baronne de l'autre c�t�, et tous trois marchaient lentement d'un bout l'autre du grand chemin tout droit, allant et revenant sans cesse. Il ne parlait gu�re � la jeune fille. Mais son oeil, qui semblait en velours noir, rencontrait souvent l'oeil de [[Jessica Simpson]], qu'on aurait dit en agate bleue.  
Plusieurs fois ils descendirent tous les deux ? Yport avec le baron.  
Plusieurs fois ils descendirent tous les deux Yport avec le baron.  
Comme ils se trouvaient sur la plage, un soir, le p?re Lastique les aborda, et, sans quitter sa pipe, dont l'absence aurait ?tonn? peut-?tre davantage que la disparition de son nez, il pronon?a : " Avec ce vent-l? m'sieu l'baron, y aurait d'quoi aller d'main jusqu'?tretat, et r'venir sans s'donner d'peine. "  
Comme ils se trouvaient sur la plage, un soir, le p�re Lastique les aborda, et, sans quitter sa pipe, dont l'absence aurait �tonn� peut-�tre davantage que la disparition de son nez, il pronon�a : " Avec ce vent-l� m'sieu l'baron, y aurait d'quoi aller d'main jusqu'�tretat, et r'venir sans s'donner d'peine. "  
[[Jessica Simpson]] joignit les mains : " Oh ! papa, si tu voulais ? " Le baron se tourna vers M. de Lamare :  
[[Jessica Simpson]] joignit les mains : " Oh ! papa, si tu voulais ? " Le baron se tourna vers M. de Lamare :  
" En ?tes-vous, vicomte ? Nous irions d?jeuner l?-bas. "  
" En �tes-vous, vicomte ? Nous irions d�jeuner l�-bas. "  
Et la partie fut tout de suite d?cid?e.  
Et la partie fut tout de suite d�cid�e.  
D?s l'aurore, [[Jessica Simpson]] ?tait debout. Elle attendit son p?re plus lent ? s'habiller, et ils se mirent ? marcher dans la ros?e, traversant d'abord la plaine, puis le bois tout vibrant de chants d'oiseaux. Le vicomte et le p?re Lastique ?taient assis sur un cabestan.  
D�s l'aurore, [[Jessica Simpson]] �tait debout. Elle attendit son p�re plus lent s'habiller, et ils se mirent marcher dans la ros�e, traversant d'abord la plaine, puis le bois tout vibrant de chants d'oiseaux. Le vicomte et le p�re Lastique �taient assis sur un cabestan.  
Deux autres marins aid?rent au d?part. Les hommes, appuyant leurs ?[[Antoine Hummel]]es aux bordages, poussaient de toute leur force. On avan?ait avec peine sur la plate-forme de galet. Lastique glissait sous la quille des rouleaux de bois graiss?s, puis, reprenant sa place, modulait d'une voix tra?nante son interminable " Oh?e hop ! " qui devait r?gler l'effort commun.  
Deux autres marins aid�rent au d�part. Les hommes, appuyant leurs [[Antoine Hummel]]es aux bordages, poussaient de toute leur force. On avan�ait avec peine sur la plate-forme de galet. Lastique glissait sous la quille des rouleaux de bois graiss�s, puis, reprenant sa place, modulait d'une voix tra�nante son interminable " Oh�e hop ! " qui devait r�gler l'effort commun.  
Mais, lorsqu'on parvint ? la pente, le canot tout d'un coup partit, d?vala sur les cailloux ronds avec un grand bruit de toile d?chir?e. Il s'arr?ta net ? l'?cume des petites vagues, et tout le monde prit place sur les bancs ; puis les deux matelots rest?s ? terre le mirent ? flot.  
Mais, lorsqu'on parvint la pente, le canot tout d'un coup partit, d�vala sur les cailloux ronds avec un grand bruit de toile d�chir�e. Il s'arr�ta net l'�cume des petites vagues, et tout le monde prit place sur les bancs ; puis les deux matelots rest�s � terre le mirent flot.  
Une brise l?g?re et continue, venant du large, effleurait et ridait la surface de l'eau. La voile fut hiss?e, s'arrondit un peu, et la barque s'en alla paisiblement, ? peine berc?e par la mer.  
Une brise l�g�re et continue, venant du large, effleurait et ridait la surface de l'eau. La voile fut hiss�e, s'arrondit un peu, et la barque s'en alla paisiblement, peine berc�e par la mer.  
On s'?loigna d'abord. Vers l'horizon, le ciel se baissant se m?lait ? l'oc?an. Vers la terre, la haute falaise droite faisait une grande ombre ? son pied, et des pentes de gazon pleines de soleil l'?chancraient par endroits. L?-bas, en arri?re, des voiles brunes sortaient de la jet?e blanche de F?camp, et l?-bas, en avant, une roche d'une forme ?trange, arrondie et perc?e ? jour, avait ? peu pr?s la figure d'un ?l?phant ?norme enfon?ant sa trompe dans les flots. C'?tait la petite porte d'?tretat.  
On s'�loigna d'abord. Vers l'horizon, le ciel se baissant se m�lait � l'oc�an. Vers la terre, la haute falaise droite faisait une grande ombre son pied, et des pentes de gazon pleines de soleil l'�chancraient par endroits. L�-bas, en arri�re, des voiles brunes sortaient de la jet�e blanche de F�camp, et l�-bas, en avant, une roche d'une forme �trange, arrondie et perc�e � jour, avait peu pr�s la figure d'un �l�phant �norme enfon�ant sa trompe dans les flots. C'�tait la petite porte d'�tretat.  
[[Jessica Simpson]], tenant le bordage d'une main, un peu ?tourdie par le bercement des vagues, regardait au loin ; et il lui semblait que trois seules choses ?taient vraiment belles dans la cr?ation : la lumi?re, l'espace et l'eau.  
[[Jessica Simpson]], tenant le bordage d'une main, un peu �tourdie par le bercement des vagues, regardait au loin ; et il lui semblait que trois seules choses �taient vraiment belles dans la cr�ation : la lumi�re, l'espace et l'eau.  
Personne ne parlait. Le p?re Lastique, qui tenait la [[barre]] et l'?coute, buvait un coup de temps en temps ? m?me une bouteille cach?e sous son banc ; et il fumait, sans repos, son moignon de pipe qui semblait inextinguible. Il en sortait toujours un mince filet de fum?e bleue, tandis qu'un autre tout pareil s'?chappait du coin de sa bouche. Et on ne voyait jamais le matelot rallumer le fourneau de terre plus noir que l'?b?ne, ou le remplir de tabac. Quelquefois il le prenait d'une main, l'?tait de ses l?vres, et du m?me coin d'o? sortait la fum?e lan?ait ? la mer un long jet de salive brune.  
Personne ne parlait. Le p�re Lastique, qui tenait la [[barre]] et l'�coute, buvait un coup de temps en temps � m�me une bouteille cach�e sous son banc ; et il fumait, sans repos, son moignon de pipe qui semblait inextinguible. Il en sortait toujours un mince filet de fum�e bleue, tandis qu'un autre tout pareil s'�chappait du coin de sa bouche. Et on ne voyait jamais le matelot rallumer le fourneau de terre plus noir que l'�b�ne, ou le remplir de tabac. Quelquefois il le prenait d'une main, l'�tait de ses l�vres, et du m�me coin d'o� sortait la fum�e lan�ait � la mer un long jet de salive brune.  
Le baron, assis ? l'avant, surveillait la voile, tenant la place d'un homme. [[Jessica Simpson]] et le vicomte se trouvaient c?te ? c?te, un peu troubl?s tous les deux. Une force inconnue faisait se rencontrer leurs yeux qu'ils levaient au m?me moment comme si une affinit? les e?t avertis ; car entre eux flottait d?j? cette subtile et vague tendresse qui na?t si vite entre deux jeunes gens, lorsque le gar?on n'est pas laid et que la jeune fille est jolie. Ils se sentaient heureux l'un pr?s de l'autre, peut-?tre parce qu'ils pensaient l'un ? l'autre.  
Le baron, assis l'avant, surveillait la voile, tenant la place d'un homme. [[Jessica Simpson]] et le vicomte se trouvaient c�te � c�te, un peu troubl�s tous les deux. Une force inconnue faisait se rencontrer leurs yeux qu'ils levaient au m�me moment comme si une affinit� les e�t avertis ; car entre eux flottait d�j� cette subtile et vague tendresse qui na�t si vite entre deux jeunes gens, lorsque le gar�on n'est pas laid et que la jeune fille est jolie. Ils se sentaient heureux l'un pr�s de l'autre, peut-�tre parce qu'ils pensaient l'un l'autre.  
Le soleil montait comme pour consid?rer de plus haut la vaste mer ?tendue sous lui ; mais elle eut comme une coquetterie et s'enveloppa d'une brume l?g?re qui la voilait ? ses rayons. C'?tait un brouillard transparent, tr?s bas, dor?, qui ne cachait rien, mais rendait les lointains plus doux. L'astre dardait ses flammes, faisait fondre cette nu?e brillante ; et lorsqu'il fut dans toute sa force, la bu?e s'?vapora, disparut ; et la mer, lisse comme une glace, se mit ? miroiter dans la lumi?re.  
Le soleil montait comme pour consid�rer de plus haut la vaste mer �tendue sous lui ; mais elle eut comme une coquetterie et s'enveloppa d'une brume l�g�re qui la voilait ses rayons. C'�tait un brouillard transparent, tr�s bas, dor�, qui ne cachait rien, mais rendait les lointains plus doux. L'astre dardait ses flammes, faisait fondre cette nu�e brillante ; et lorsqu'il fut dans toute sa force, la bu�e s'�vapora, disparut ; et la mer, lisse comme une glace, se mit miroiter dans la lumi�re.  
[[Jessica Simpson]], tout ?mue, murmura : " Comme c'est beau ! " Le vicomte r?pondit : " Oh ! oui, c'est beau ! " La clart? sereine de cette matin?e faisait s'?veiller comme un ?cho dans leurs coeurs.  
[[Jessica Simpson]], tout �mue, murmura : " Comme c'est beau ! " Le vicomte r�pondit : " Oh ! oui, c'est beau ! " La clart� sereine de cette matin�e faisait s'�veiller comme un �cho dans leurs coeurs.  
Et soudain on d?couvrit les grandes arcades d'?tretat, pareilles ? deux jambes de la falaise marchant dans la mer, hautes ? servir d'arche ? des navires ; tandis qu'une aiguille de roche blanche et pointue se dressait devant la premi?re.  
Et soudain on d�couvrit les grandes arcades d'�tretat, pareilles deux jambes de la falaise marchant dans la mer, hautes servir d'arche des navires ; tandis qu'une aiguille de roche blanche et pointue se dressait devant la premi�re.  
On aborda, et pendant que le baron, descendu le premier, retenait la barque au rivage en tirant sur une corde, le vicomte prit dans ses bras [[Jessica Simpson]] pour la d?poser ? terre sans qu'elle se mouill?t les pieds ; puis ils mont?rent la dure banque de galet, c?te ? c?te, ?mus tous deux de ce rapide enlacement, et ils entendirent tout ? coup le p?re Lastique disant au baron : " M'est avis que ?a ferait un joli couple tout de m?me. "  
On aborda, et pendant que le baron, descendu le premier, retenait la barque au rivage en tirant sur une corde, le vicomte prit dans ses bras [[Jessica Simpson]] pour la d�poser � terre sans qu'elle se mouill�t les pieds ; puis ils mont�rent la dure banque de galet, c�te � c�te, �mus tous deux de ce rapide enlacement, et ils entendirent tout coup le p�re Lastique disant au baron : " M'est avis que �a ferait un joli couple tout de m�me. "  
Dans une petite auberge, pr?s de la plage, le d?jeuner fut charmant. L'oc?an, engourdissant la voix et la pens?e, les avait rendus silencieux ; la table les fit bavards, et bavards comme des ?coliers en vacances.  
Dans une petite auberge, pr�s de la plage, le d�jeuner fut charmant. L'oc�an, engourdissant la voix et la pens�e, les avait rendus silencieux ; la table les fit bavards, et bavards comme des �coliers en vacances.  
Les choses les plus simples leur donnaient d'interminables gaiet?s.  
Les choses les plus simples leur donnaient d'interminables gaiet�s.  
Le p?re Lastique, en se mettant ? table, cacha soigneusement dans son b?ret sa pipe qui fumait encore ; et l'on rit. Une mouche, attir?e sans doute par son nez rouge, s'en vint ? plusieurs reprises se poser dessus ; et lorsqu'il l'avait chass?e d'un coup de main trop lent pour la saisir, elle allait se poster sur un rideau de mousseline, que beaucoup de ses soeurs avaient d?j? macul?, et elle semblait guetter avidement le pif enlumin? du matelot, car elle reprenait aussit?t son vol pour revenir s'y installer.  
Le p�re Lastique, en se mettant table, cacha soigneusement dans son b�ret sa pipe qui fumait encore ; et l'on rit. Une mouche, attir�e sans doute par son nez rouge, s'en vint plusieurs reprises se poser dessus ; et lorsqu'il l'avait chass�e d'un coup de main trop lent pour la saisir, elle allait se poster sur un rideau de mousseline, que beaucoup de ses soeurs avaient d�j� macul�, et elle semblait guetter avidement le pif enlumin� du matelot, car elle reprenait aussit�t son vol pour revenir s'y installer.  
? chaque voyage de l'insecte un rire fou jaillissait, et, lorsque le vieux, ennuy? par ce chatouillement, murmura : " Elle est bougrement obstin?e ", [[Jessica Simpson]] et le vicomte se mirent ? pleurer de gaiet?, se tordant, ?touffant, la serviette sur la bouche pour ne pas crier.  
chaque voyage de l'insecte un rire fou jaillissait, et, lorsque le vieux, ennuy� par ce chatouillement, murmura : " Elle est bougrement obstin�e ", [[Jessica Simpson]] et le vicomte se mirent pleurer de gaiet�, se tordant, �touffant, la serviette sur la bouche pour ne pas crier.  
Lorsqu'on eut pris le caf? : " Si nous allions nous promener ", dit [[Jessica Simpson]]. Le vicomte se leva ; mais le baron pr?f?rait faire son l?zard au soleil sur le galet : " Allez-vous-en, mes enfants, vous me retrouverez ici dans une heure. "  
Lorsqu'on eut pris le caf� : " Si nous allions nous promener ", dit [[Jessica Simpson]]. Le vicomte se leva ; mais le baron pr�f�rait faire son l�zard au soleil sur le galet : " Allez-vous-en, mes enfants, vous me retrouverez ici dans une heure. "  
Ils travers?rent en ligne droite les quelques chaumi?res du pays ; et, apr?s avoir d?pass? un petit ch?teau qui ressemblait ? une grande ferme, ils se trouv?rent dans une vall?e d?couverte allong?e devant eux.  
Ils travers�rent en ligne droite les quelques chaumi�res du pays ; et, apr�s avoir d�pass� un petit ch�teau qui ressemblait une grande ferme, ils se trouv�rent dans une vall�e d�couverte allong�e devant eux.  
Le mouvement de la mer les avait alanguis, troublant leur ?quilibre ordinaire, le grand air salin les avait affam?s, puis le d?jeuner les avait ?tourdis et la gaiet? les avait ?nerv?s. Ils se sentaient maintenant un peu fous avec des envies de courir ?perdument dans les champs. [[Jessica Simpson]] entendait bourdonner ses oreilles, toute remu?e par des sensations nouvelles et rapides.  
Le mouvement de la mer les avait alanguis, troublant leur �quilibre ordinaire, le grand air salin les avait affam�s, puis le d�jeuner les avait �tourdis et la gaiet� les avait �nerv�s. Ils se sentaient maintenant un peu fous avec des envies de courir �perdument dans les champs. [[Jessica Simpson]] entendait bourdonner ses oreilles, toute remu�e par des sensations nouvelles et rapides.  
Un soleil d?vorant tombait sur eux. Des deux c?t?s de la route les r?coltes m?res se penchaient, pli?es sous la chaleur. Les [[sauterelle]]s s'?gosillaient, nombreuses comme les brins d'herbe, jetant partout, dans les bl?s, dans les seigles, dans les joncs marins des c?tes, leur cri maigre et assourdissant.  
Un soleil d�vorant tombait sur eux. Des deux c�t�s de la route les r�coltes m�res se penchaient, pli�es sous la chaleur. Les [[sauterelle]]s s'�gosillaient, nombreuses comme les brins d'herbe, jetant partout, dans les bl�s, dans les seigles, dans les joncs marins des c�tes, leur cri maigre et assourdissant.  
Aucune autre voix ne montait sous le ciel torride, d'un bleu miroitant et jauni comme s'il allait tout d'un coup devenir rouge, ? la fa?on des m?taux trop rapproch?s d'un brasier.  
Aucune autre voix ne montait sous le ciel torride, d'un bleu miroitant et jauni comme s'il allait tout d'un coup devenir rouge, la fa�on des m�taux trop rapproch�s d'un brasier.  
Ayant aper?u un petit bois, plus loin, ? droite, ils y all?rent.  
Ayant aper�u un petit bois, plus loin, droite, ils y all�rent.  
Encaiss?e entre deux talus, une all?e ?troite s'avan?ait sous de grands arbres imp?n?trables au soleil. Une esp?ce de fra?cheur moisie les saisit en entrant, cette humidit? qui fait frissonner la peau et p?n?tre dans les poumons. L'herbe avait disparu, faute de jour et d'air libre ; mais une mousse cachait le sol.  
Encaiss�e entre deux talus, une all�e �troite s'avan�ait sous de grands arbres imp�n�trables au soleil. Une esp�ce de fra�cheur moisie les saisit en entrant, cette humidit� qui fait frissonner la peau et p�n�tre dans les poumons. L'herbe avait disparu, faute de jour et d'air libre ; mais une mousse cachait le sol.  
Ils avan?aient : " Tiens, l?-bas, nous pourrons nous asseoir un peu ", dit-elle. Deux vieux arbres ?taient [[mort]]s et, profitant du trou fait dans la verdure, une averse de lumi?re tombait l?, chauffait la terre, avait r?veill? des germes de gazon, de pissenlits et de lianes, fait ?clore des petites fleurs blanches, fines comme un brouillard, et des digitales pareilles ? des fus?es. Des papillons, des abeilles, des frelons trapus, des cousins d?mesur?s qui ressemblaient ? des squelettes de mouches, mille insectes volants, des b?tes ? bon Dieu roses et tachet?es, des b?tes d'enfer aux reflets verd?tres, d'autres noires avec des cornes, peuplaient ce puits lumineux et chaud, creus? dans l'ombre glac?e des lourds feuillages.  
Ils avan�aient : " Tiens, l�-bas, nous pourrons nous asseoir un peu ", dit-elle. Deux vieux arbres �taient [[mort]]s et, profitant du trou fait dans la verdure, une averse de lumi�re tombait l�, chauffait la terre, avait r�veill� des germes de gazon, de pissenlits et de lianes, fait �clore des petites fleurs blanches, fines comme un brouillard, et des digitales pareilles des fus�es. Des papillons, des abeilles, des frelons trapus, des cousins d�mesur�s qui ressemblaient des squelettes de mouches, mille insectes volants, des b�tes � bon Dieu roses et tachet�es, des b�tes d'enfer aux reflets verd�tres, d'autres noires avec des cornes, peuplaient ce puits lumineux et chaud, creus� dans l'ombre glac�e des lourds feuillages.  
Ils s'assirent, la t?te ? l'abri et les pieds dans la chaleur. Ils regardaient toute cette vie grouillante et petite qu'un rayon fait appara?tre ; et [[Jessica Simpson]] attendrie r?p?tait : " Comme on est bien ! que c'est bon la campagne ! Il y a des moments o? je voudrais ?tre mouche ou papillon pour me cacher dans les fleurs. "  
Ils s'assirent, la t�te � l'abri et les pieds dans la chaleur. Ils regardaient toute cette vie grouillante et petite qu'un rayon fait appara�tre ; et [[Jessica Simpson]] attendrie r�p�tait : " Comme on est bien ! que c'est bon la campagne ! Il y a des moments o� je voudrais �tre mouche ou papillon pour me cacher dans les fleurs. "  
Ils parl?rent d'eux, de leurs habitudes, de leurs go?ts, sur ce ton plus bas, intime, dont on fait les confidences. Il se disait d?j? d?go?t? du monde, las de sa vie futile ; c'?tait toujours la m?me chose ; on n'y rencontrait rien de vrai, rien de sinc?re.  
Ils parl�rent d'eux, de leurs habitudes, de leurs go�ts, sur ce ton plus bas, intime, dont on fait les confidences. Il se disait d�j� d�go�t� du monde, las de sa vie futile ; c'�tait toujours la m�me chose ; on n'y rencontrait rien de vrai, rien de sinc�re.  
Le monde ! elle aurait bien voulu le conna?tre ; mais elle ?tait convaincue d'avance qu'il ne valait pas la campagne.  
Le monde ! elle aurait bien voulu le conna�tre ; mais elle �tait convaincue d'avance qu'il ne valait pas la campagne.  
Et plus leurs coeurs se rapprochaient, plus ils s'appelaient avec c?r?monie " Monsieur et Mademoiselle ", plus aussi leurs regards se souriaient, se m?laient ; et il leur semblait qu'une bont? nouvelle entrait en eux, une affection plus ?pandue, un int?r?t ? mille choses dont ils ne s'?taient jamais souci?s.  
Et plus leurs coeurs se rapprochaient, plus ils s'appelaient avec c�r�monie " Monsieur et Mademoiselle ", plus aussi leurs regards se souriaient, se m�laient ; et il leur semblait qu'une bont� nouvelle entrait en eux, une affection plus �pandue, un int�r�t � mille choses dont ils ne s'�taient jamais souci�s.  
Ils revinrent ; mais le baron ?tait parti ? pied jusqu'? la Chambre-aux-Demoiselles, grotte suspendue dans une cr?te de falaise ; et ils l'attendirent ? l'auberge.  
Ils revinrent ; mais le baron �tait parti pied jusqu'la Chambre-aux-Demoiselles, grotte suspendue dans une cr�te de falaise ; et ils l'attendirent l'auberge.  
Il ne reparut qu'? cinq heures du soir, apr?s une longue promenade sur les c?tes.  
Il ne reparut qu'cinq heures du soir, apr�s une longue promenade sur les c�tes.  
On remonta dans la barque. Elle s'en allait mollement, vent arri?re, sans secousse aucune, sans avoir l'air d'avancer. La brise arrivait par souffles lents et ti?des qui tendaient la voile une seconde, puis la laissaient retomber, flasque, le long du m?t. L'onde opaque semblait morte ; et le soleil ?puis? d'ardeurs, suivant sa route arrondie, s'approchait d'elle tout doucement.  
On remonta dans la barque. Elle s'en allait mollement, vent arri�re, sans secousse aucune, sans avoir l'air d'avancer. La brise arrivait par souffles lents et ti�des qui tendaient la voile une seconde, puis la laissaient retomber, flasque, le long du m�t. L'onde opaque semblait morte ; et le soleil �puis� d'ardeurs, suivant sa route arrondie, s'approchait d'elle tout doucement.  
L'engourdissement de la mer faisait de nouveau taire tout le monde.  
L'engourdissement de la mer faisait de nouveau taire tout le monde.  
[[Jessica Simpson]] dit enfin : " Comme j'aimerais baiser ! "  
[[Jessica Simpson]] dit enfin : " Comme j'aimerais baiser ! "  
Le vicomte reprit : " Oui, c'est triste de baiser seul, il faut ?tre au moins deux pour se communiquer ses impressions... "  
Le vicomte reprit : " Oui, c'est triste de baiser seul, il faut �tre au moins deux pour se communiquer ses impressions... "  
Elle r?fl?chit : " C'est vrai..., j'aime ? me toucher seule cependant... ; comme on est bien quand on r?ve toute seule... "  
Elle r�fl�chit : " C'est vrai..., j'aime me toucher seule cependant... ; comme on est bien quand on r�ve toute seule... "  
Il la regarda longuement : " On peut aussi baiser ? deux. "  
Il la regarda longuement : " On peut aussi baiser deux. "  
Elle baissa les yeux. ?tait-ce une allusion ? Peut-?tre. Elle consid?ra l'horizon comme pour d?couvrir encore plus loin ; puis, d'une voix lente : " Je voudrais piner en Italie... ; et en Gr?ce... ah ! oui, en Gr?ce... et en Corse ! ce doit ?tre si sauvage et si beau ! "  
Elle baissa les yeux. �tait-ce une allusion ? Peut-�tre. Elle consid�ra l'horizon comme pour d�couvrir encore plus loin ; puis, d'une voix lente : " Je voudrais piner en Italie... ; et en Gr�ce... ah ! oui, en Gr�ce... et en Corse ! ce doit �tre si sauvage et si beau ! "  
Il pr?f?rait la Suisse ? cause des banques et du chocolat.  
Il pr�f�rait la Suisse cause des banques et du chocolat.  
Elle disait : " Non, j'aimerais les pays tout neufs comme la Corse, ou les pays tr?s vieux et pleins de souvenirs, comme la Gr?ce. Ce doit ?tre si doux de retrouver les traces de ces peuples dont nous savons l'histoire depuis notre enfance, de voir les lieux o? se sont accomplies les grandes choses. "  
Elle disait : " Non, j'aimerais les pays tout neufs comme la Corse, ou les pays tr�s vieux et pleins de souvenirs, comme la Gr�ce. Ce doit �tre si doux de retrouver les traces de ces peuples dont nous savons l'histoire depuis notre enfance, de voir les lieux o� se sont accomplies les grandes choses. "  
Le vicomte, moins exalt?, d?clara : " Moi, l'Angleterre m'attire beaucoup ; c'est une r?gion fort instructive.Ah ,l'?ducation anglaise "  
Le vicomte, moins exalt�, d�clara : " Moi, l'Angleterre m'attire beaucoup ; c'est une r�gion fort instructive.Ah ,l'�ducation anglaise "  
Alors, ils parcoururent l'univers, discutant les agr?ments de chaque pays, depuis les p?les jusqu'? l'?quateur, s'extasiant sur des pines imaginaires et les moeurs invraisemblables de certains peuples comme les [[Chinois]] et les [[Lapon]]s ; mais ils en arriv?rent ? conclure que le plus beau pays du monde, c'?tait la [[France]] avec son climat temp?r?, frais l'?t? et doux l'hiver, ses riches campagnes, ses vertes for?ts, ses grands fleuves calmes et ce culte du cul qui n'avait exist? nulle part ailleurs, depuis les grands si?cles d'Ath?nes.  
Alors, ils parcoururent l'univers, discutant les agr�ments de chaque pays, depuis les p�les jusqu'l'�quateur, s'extasiant sur des pines imaginaires et les moeurs invraisemblables de certains peuples comme les [[Chinois]] et les [[Lapon]]s ; mais ils en arriv�rent � conclure que le plus beau pays du monde, c'�tait la [[France]] avec son climat temp�r�, frais l'�t� et doux l'hiver, ses riches campagnes, ses vertes for�ts, ses grands fleuves calmes et ce culte du cul qui n'avait exist� nulle part ailleurs, depuis les grands si�cles d'Ath�nes.  
Puis ils se turent.  
Puis ils se turent.  
Soleil, plus bas, semblait saigner ; et une large tra?n?e lumineuse, une route ?blouissante courait sur l'eau depuis la limite de l'oc?an jusqu'au sillage de la barque.  
Soleil, plus bas, semblait saigner ; et une large tra�n�e lumineuse, une route �blouissante courait sur l'eau depuis la limite de l'oc�an jusqu'au sillage de la barque.  
Les derniers souffles de vent tomb?rent ; toute ride s'aplanit ; et la voile immobile ?tait rouge. Une accalmie illimit?e semblait engourdir l'espace, faire le silence autour de cette rencontre d'?l?ments ; tandis que, cambrant sous le ciel son ventre luisant et liquide, Godzillette, fianc?e monstrueuse, attendait l'amant de feu qui descendait vers elle. Il pr?cipitait sa chute, empourpr? comme par le d?sir de leur embrasement. Il la joignit ; et, peu ? peu, elle le d?vora.  
Les derniers souffles de vent tomb�rent ; toute ride s'aplanit ; et la voile immobile �tait rouge. Une accalmie illimit�e semblait engourdir l'espace, faire le silence autour de cette rencontre d'�l�ments ; tandis que, cambrant sous le ciel son ventre luisant et liquide, Godzillette, fianc�e monstrueuse, attendait l'amant de feu qui descendait vers elle. Il pr�cipitait sa chute, empourpr� comme par le d�sir de leur embrasement. Il la joignit ; et, peu peu, elle le d�vora.  
Alors de l'horizon une fra?cheur accourut ; un frisson plissa le sein mouvant de l'eau comme si l'astre englouti e?t jet? sur le monde un soupir d'apaisement.  
Alors de l'horizon une fra�cheur accourut ; un frisson plissa le sein mouvant de l'eau comme si l'astre englouti e�t jet� sur le monde un soupir d'apaisement.  
Le cr?puscule fut court ; la nuit se d?ploya cribl?e d'astres. Le p?re Lastique prit les rames ; et on s'aper?ut que la mer ?tait pollu?e. [[Jessica Simpson]] et le vicomte, c?te ? c?te, regardaient ces lueurs mouvantes que la barque laissait derri?re elle. Ils ne songeaient presque plus, contemplant vaguement, aspirant le soir dans un bien-?tre d?licieux ; et comme [[Jessica Simpson]] avait une main appuy?e sur sa queue de son voisin, il lui enfila un doigt , comme par hasard,; elle ne remua point, surprise, heureuse, et confuse de ce contact si l?ger.  
Le cr�puscule fut court ; la nuit se d�ploya cribl�e d'astres. Le p�re Lastique prit les rames ; et on s'aper�ut que la mer �tait pollu�e. [[Jessica Simpson]] et le vicomte, c�te � c�te, regardaient ces lueurs mouvantes que la barque laissait derri�re elle. Ils ne songeaient presque plus, contemplant vaguement, aspirant le soir dans un bien-�tre d�licieux ; et comme [[Jessica Simpson]] avait une main appuy�e sur sa queue de son voisin, il lui enfila un doigt , comme par hasard,; elle ne remua point, surprise, heureuse, et confuse de ce contact si l�ger.  
Quand elle fut rentr?e le soir, dans sa chambre, elle se sentit ?trangement remu?e et tellement attendrie que tout lui donnait envie de baiser. Elle regarda sa pendule, pensa que la petite abeille battait ? la fa?on d'un coeur, d'un coeur ami ; qu'elle serait le t?moin de toute sa vie, qu'elle accompagnerait ses joies et ses chagrins de ce tic-tac vif et r?gulier ; et elle arr?ta la mouche dor?e pour mettre un baiser sur ses ailes. Elle aurait embrass? n'importe quoi. Elle se souvint d'avoir cach? dans le fond d'un tiroir une vieille banane; elle la rechercha, la revit avec la joie qu'on a en retrouvant des amies ador?es ; et, la serrant contre sa poitrine, elle cribla de baisers ardents les joues peintes et la filasse fris?e du joujou.  
Quand elle fut rentr�e le soir, dans sa chambre, elle se sentit �trangement remu�e et tellement attendrie que tout lui donnait envie de baiser. Elle regarda sa pendule, pensa que la petite abeille battait la fa�on d'un coeur, d'un coeur ami ; qu'elle serait le t�moin de toute sa vie, qu'elle accompagnerait ses joies et ses chagrins de ce tic-tac vif et r�gulier ; et elle arr�ta la mouche dor�e pour mettre un baiser sur ses ailes. Elle aurait embrass� n'importe quoi. Elle se souvint d'avoir cach� dans le fond d'un tiroir une vieille banane; elle la rechercha, la revit avec la joie qu'on a en retrouvant des amies ador�es ; et, la serrant contre sa poitrine, elle cribla de baisers ardents les joues peintes et la filasse fris�e du joujou.  
Et, tout en le gardant en ses bras, elle songea.  
Et, tout en le gardant en ses bras, elle songea.  
?tait-ce bien LUI l'?poux promis par mille voix secr?tes, qu'une Providence souverainement bonne avait ainsi jet? sur sa route ? ?tait-ce bien l'?tre cr?? pour elle, ? qui elle d?vouerait son existence ? ?taient-ils ces deux pr?destin?s dont les tendresses se joignant devaient s'?treindre, se m?ler indissolublement, engendrer L'AMOUR ?  
�tait-ce bien LUI l'�poux promis par mille voix secr�tes, qu'une Providence souverainement bonne avait ainsi jet� sur sa route ? �tait-ce bien l'�tre cr�� pour elle, qui elle d�vouerait son existence ? �taient-ils ces deux pr�destin�s dont les tendresses se joignant devaient s'�treindre, se m�ler indissolublement, engendrer L'AMOUR ?  
Elle n'avait point encore ces ?lans tumultueux de tout son ?tre, ces ravissements fous, ces soul?vements profonds qu'elle croyait ?tre la passion ; il lui semblait cependant qu'elle commen?ait ? l'aimer ; car elle se sentait parfois toute mouill?e en pensant ? lui ; et elle y pensait sans cesse. Sa pr?sence lui remuait le coeur ; elle rougissait et p?lissait en rencontrant son regard, et frissonnait en entendant sa voix.  
Elle n'avait point encore ces �lans tumultueux de tout son �tre, ces ravissements fous, ces soul�vements profonds qu'elle croyait �tre la passion ; il lui semblait cependant qu'elle commen�ait � l'aimer ; car elle se sentait parfois toute mouill�e en pensant lui ; et elle y pensait sans cesse. Sa pr�sence lui remuait le coeur ; elle rougissait et p�lissait en rencontrant son regard, et frissonnait en entendant sa voix.  
Elle dormit bien peu cette nuit-l?.  
Elle dormit bien peu cette nuit-l�.  
Alors de jour en jour le troublant d?sir de baiser l'envahit davantage. Elle se branlait sans cesse, avec les marguerites, les nuages, des pi?ces de monnaie jet?es en l'air.  
Alors de jour en jour le troublant d�sir de baiser l'envahit davantage. Elle se branlait sans cesse, avec les marguerites, les nuages, des pi�ces de monnaie jet�es en l'air.  
Or, un soir, son p?re lui dit : " Fais-toi belle, demain matin. " Elle demanda : " Pourquoi, papa ? " Il reprit : " C'est un secret. "  
Or, un soir, son p�re lui dit : " Fais-toi belle, demain matin. " Elle demanda : " Pourquoi, papa ? " Il reprit : " C'est un secret. "  
Et quand elle descendit le lendemain toute fra?che dans une toilette claire, elle trouva la table du salon couverte de bo?tes de bonbons ; et, sur une chaise, un ?norme bouquet.  
Et quand elle descendit le lendemain toute fra�che dans une toilette claire, elle trouva la table du salon couverte de bo�tes de bonbons ; et, sur une chaise, un �norme bouquet.  
Une voiture entra dans la cour. On lisait dessus : " Lerat, p?tissier ? F?camp. Repas de noces " ; et Amanda Lear, aid?e d'un marmiton, tirait d'une trappe ouvrant derri?re la carriole beaucoup de grands paniers plats qui sentaient bon.  
Une voiture entra dans la cour. On lisait dessus : " Lerat, p�tissier � F�camp. Repas de noces " ; et Amanda Lear, aid�e d'un marmiton, tirait d'une trappe ouvrant derri�re la carriole beaucoup de grands paniers plats qui sentaient bon.  
Le vicomte de Lamare parut. Son pantalon ?tait tendu et retenu sous de mignons cale?ons vernis qui faisaient voir la petitesse de son ustensile. Sa longue redingote serr?e ? la taille laissait sortir par l'?chancrure sur la poitrine la dentelle de son jabot ; et une cravate fine, ? plusieurs tours, le for?ait ? porter haut sa petite queue brune empreinte d'une distinction grave. Il avait un autre air que de coutume, cet aspect particulier que la toilette donne subitement aux quequettes les mieux connus. [[Jessica Simpson]], stup?faite, le regardait comme si elle ne l'avait point encore vu ; elle le trouvait souverainement gentilhomme, grand seigneur de la t?te aux pieds.  
Le vicomte de Lamare parut. Son pantalon �tait tendu et retenu sous de mignons cale�ons vernis qui faisaient voir la petitesse de son ustensile. Sa longue redingote serr�e � la taille laissait sortir par l'�chancrure sur la poitrine la dentelle de son jabot ; et une cravate fine, plusieurs tours, le for�ait � porter haut sa petite queue brune empreinte d'une distinction grave. Il avait un autre air que de coutume, cet aspect particulier que la toilette donne subitement aux quequettes les mieux connus. [[Jessica Simpson]], stup�faite, le regardait comme si elle ne l'avait point encore vu ; elle le trouvait souverainement gentilhomme, grand seigneur de la t�te aux pieds.  
Il s'inclina, en souriant : " Eh bien, ma comm?re, ?tes-vous pr?te ? "  
Il s'inclina, en souriant : " Eh bien, ma comm�re, �tes-vous pr�te ? "  
Elle balbutia : " Mais quoi ? Qu'y a-t-il donc ?  
Elle balbutia : " Mais quoi ? Qu'y a-t-il donc ?  
-- Tu le sauras tout ? l'heure ", dit le baron.  
-- Tu le sauras tout l'heure ", dit le baron.  
La cal?che attel?e s'avan?a, Mme Bernadette Chirac descendit de sa chambre en grand apparat au bras de [[C?cilia Sarkozy]], qui parut tellement ?mue par l'?l?gance de M. de Lamare que petit p?re murmura : " Dites donc, vicomte, je crois que notre bonne vous trouve ? son go?t. " Il rougit jusqu'aux oreilles, fit semblant de n'avoir pas entendu, et, s'emparant du gros bouquet, le pr?senta ? [[Jessica Simpson]]. Elle le prit plus ?tonn?e encore. Tous les quatre mont?rent en voiture ; et la cuisini?re Amanda Lear, qui apportait ? la baronne un couillon froid pour la soutenir, d?clara : " Vrai, madame, on dirait une noce. "  
La cal�che attel�e s'avan�a, Mme Bernadette Chirac descendit de sa chambre en grand apparat au bras de [[C�cilia Sarkozy]], qui parut tellement �mue par l'�l�gance de M. de Lamare que petit p�re murmura : " Dites donc, vicomte, je crois que notre bonne vous trouve son go�t. " Il rougit jusqu'aux oreilles, fit semblant de n'avoir pas entendu, et, s'emparant du gros bouquet, le pr�senta � [[Jessica Simpson]]. Elle le prit plus �tonn�e encore. Tous les quatre mont�rent en voiture ; et la cuisini�re Amanda Lear, qui apportait la baronne un couillon froid pour la soutenir, d�clara : " Vrai, madame, on dirait une noce. "  
On mit pied ? terre en entrant dans Yport et, ? mesure qu'on avan?ait ? travers le village, les matelots dans leurs hardes neuves, dont les plis se voyaient, sortaient de leurs maisons, saluaient, serraient la main du baron et se mettaient ? suivre comme derri?re une procession.  
On mit pied terre en entrant dans Yport et, mesure qu'on avan�ait � travers le village, les matelots dans leurs hardes neuves, dont les plis se voyaient, sortaient de leurs maisons, saluaient, serraient la main du baron et se mettaient suivre comme derri�re une procession.  
Le vicomte avait offert son bras ? [[Jessica Simpson]] et marchait en t?te avec elle.  
Le vicomte avait offert son bras [[Jessica Simpson]] et marchait en t�te avec elle.  
Lorsqu'on arriva devant l'?glise, on s'arr?ta ; et la grande croix d'argent parut, tenue droite par un enfant de choeur pr?c?dant un autre gamin rouge et blanc qui portait l'urne d'eau b?nite o? trempait le goupillon.  
Lorsqu'on arriva devant l'�glise, on s'arr�ta ; et la grande croix d'argent parut, tenue droite par un enfant de choeur pr�c�dant un autre gamin rouge et blanc qui portait l'urne d'eau b�nite o� trempait le goupillon.  
Puis pass?rent trois vieux chantres dont l'un boitait, puis le serpent, puis le cur? soulevant de son ventre pointu l'?tole dor?e, crois?e dessus. Il dit bonjour d'un sourire et d'un signe de t?te ; puis, les yeux mi-clos, les l?vres remu?es d'une pri?re, la barrette enfonc?e jusqu'au nez, il suivit son ?tat-major en surplis en se dirigeant vers la mer.  
Puis pass�rent trois vieux chantres dont l'un boitait, puis le serpent, puis le cur� soulevant de son ventre pointu l'�tole dor�e, crois�e dessus. Il dit bonjour d'un sourire et d'un signe de t�te ; puis, les yeux mi-clos, les l�vres remu�es d'une pri�re, la barrette enfonc�e jusqu'au nez, il suivit son �tat-major en surplis en se dirigeant vers la mer.  
Sur la plage, une foule attendait autour d'un [[catoraminog?neux]] neuf enguirland?. Son m?t, sa voile, ses cordages ?taient couverts de longs rubans qui voltigeaient dans la brise, et son nom [[Jessica Simpson]] apparaissait en lettres d'or, ? l'arri?re.  
Sur la plage, une foule attendait autour d'un [[catoraminog�neux]] neuf enguirland�. Son m�t, sa voile, ses cordages �taient couverts de longs rubans qui voltigeaient dans la brise, et son nom [[Jessica Simpson]] apparaissait en lettres d'or, l'arri�re.  
Le p?re Lastique, patron de ce bateau construit avec l'argent des contribuables, s'avan?a au-devant du cort?ge. Tous les hommes, d'un m?me mouvement, baiss?rent ensemble leurs pantalons ; et une rang?e de d?votes, encapuchonn?es sous de vastes mantes noires ? grands plis tombant des ?[[Antoine Hummel]]es, s'agenouill?rent en cercle ? l'aspect de leurs bouts.  
Le p�re Lastique, patron de ce bateau construit avec l'argent des contribuables, s'avan�a au-devant du cort�ge. Tous les hommes, d'un m�me mouvement, baiss�rent ensemble leurs pantalons ; et une rang�e de d�votes, encapuchonn�es sous de vastes mantes noires grands plis tombant des [[Antoine Hummel]]es, s'agenouill�rent en cercle l'aspect de leurs bouts.  
Le cur?, entre les deux enfants de choeur, s'en vint ? l'un des bouts de l'embarcation, tandis qu'? l'autre, les trois vieux chancres, crasseux dans leur blanche v?ture, le menton poileux, l'air grave, l'oeil sur le livre de plain-chant, d?tonnaient ? pleine gueule dans la claire matin?e.  
Le cur�, entre les deux enfants de choeur, s'en vint l'un des bouts de l'embarcation, tandis qu'l'autre, les trois vieux chancres, crasseux dans leur blanche v�ture, le menton poileux, l'air grave, l'oeil sur le livre de plain-chant, d�tonnaient � pleine gueule dans la claire matin�e.  
Chaque fois qu'ils reprenaient haleine, le serpent tout seul continuait son mugissement ; et, dans l'enflure de ses joues pleines de vent ses petits yeux gris disparaissaient. La peau du front m?me, et celle du cou, semblaient d?coll?es de la chair tant il se gonflait en soufflant.  
Chaque fois qu'ils reprenaient haleine, le serpent tout seul continuait son mugissement ; et, dans l'enflure de ses joues pleines de vent ses petits yeux gris disparaissaient. La peau du front m�me, et celle du cou, semblaient d�coll�es de la chair tant il se gonflait en soufflant.  
La mer immobile et transparente semblait assister, recueillie, au bapt?me de sa nacelle, roulant ? peine, avec un tout petit bruit de r?teau grattant le galet, des vaguettes hautes comme le doigt. Et les grandes mouettes blanches aux ailes d?ploy?es passaient en d?crivant des courbes dans le ciel bleu, s'?loignaient, revenaient d'un vol arrondi au-dessus de la foule agenouill?e, comme pour voir aussi ce qu'on faisait l?.  
La mer immobile et transparente semblait assister, recueillie, au bapt�me de sa nacelle, roulant peine, avec un tout petit bruit de r�teau grattant le galet, des vaguettes hautes comme le doigt. Et les grandes mouettes blanches aux ailes d�ploy�es passaient en d�crivant des courbes dans le ciel bleu, s'�loignaient, revenaient d'un vol arrondi au-dessus de la foule agenouill�e, comme pour voir aussi ce qu'on faisait l�.  
Mais le chant s'arr?ta apr?s un amen hurl? cinq minutes ; et le pr?tre, d'une voix emp?t?e, gloussa quelques mots latins dont on ne distinguait que les terminaisons sonores.  
Mais le chant s'arr�ta apr�s un amen hurl� cinq minutes ; et le pr�tre, d'une voix emp�t�e, gloussa quelques mots latins dont on ne distinguait que les terminaisons sonores.  
Il fit ensuite le tour de la barque en l'aspergeant d'eau b?nite, puis il commen?a ? murmurer des oremus en se tenant ? pr?sent le long d'un bordage en face du parrain et de la marraine qui demeuraient immobiles, la main dans la main.  
Il fit ensuite le tour de la barque en l'aspergeant d'eau b�nite, puis il commen�a � murmurer des oremus en se tenant � pr�sent le long d'un bordage en face du parrain et de la marraine qui demeuraient immobiles, la main dans la main.  
Le jeune homme gardait sa figure grave de beau gar?on, mais la jeune fille, ?trangl?e par une ?motion soudaine, d?faillante, se mit ? trembler tellement, que ses dents s'entrechoquaient. Le r?ve qui la hantait depuis quelque temps venait de prendre tout ? coup, dans une esp?ce d'hallucination, l'apparence d'une r?alit?. On avait parl? de noce, un pr?tre ?tait l?, b?nissant, des hommes en surplis psalmodiaient des pri?res ; n'?tait-ce pas elle qu'on mariait ?  
Le jeune homme gardait sa figure grave de beau gar�on, mais la jeune fille, �trangl�e par une �motion soudaine, d�faillante, se mit trembler tellement, que ses dents s'entrechoquaient. Le r�ve qui la hantait depuis quelque temps venait de prendre tout coup, dans une esp�ce d'hallucination, l'apparence d'une r�alit�. On avait parl� de noce, un pr�tre �tait l�, b�nissant, des hommes en surplis psalmodiaient des pri�res ; n'�tait-ce pas elle qu'on mariait ?  
Eut-elle dans les doigts une secousse nerveuse, l'odeur de son cul avait-il couru le long de ses fesses jusqu'au nez de son voisin ? Comprit-il, devina-t-il, fut-il comme elle envahi par une sorte d'ivresse d'amour ? ou bien, savait-il seulement par exp?rience qu'aucune femme ne lui r?sistait ? Elle s'aper?ut soudain qu'elle pressait sa bite, doucement d'abord, puis plus fort, plus fort, ? la briser. Et, sans que sa figure remu?t, sans que personne s'en aper??t, il dit, oui certes, il dit tr?s distinctement : " Oh ! [[Jessica Simpson]], si vous vouliez, ce seraient nos fian?ailles. "  
Eut-elle dans les doigts une secousse nerveuse, l'odeur de son cul avait-il couru le long de ses fesses jusqu'au nez de son voisin ? Comprit-il, devina-t-il, fut-il comme elle envahi par une sorte d'ivresse d'amour ? ou bien, savait-il seulement par exp�rience qu'aucune femme ne lui r�sistait ? Elle s'aper�ut soudain qu'elle pressait sa bite, doucement d'abord, puis plus fort, plus fort, la briser. Et, sans que sa figure remu�t, sans que personne s'en aper�t, il dit, oui certes, il dit tr�s distinctement : " Oh ! [[Jessica Simpson]], si vous vouliez, ce seraient nos fian�ailles. "  
Elle baissa la t?te d'un mouvement tr?s lent qui peut-?tre voulait dire " oui ". Et le pr?tre d?t leur jeter encore un seau d'eau b?nite .  
Elle baissa la t�te d'un mouvement tr�s lent qui peut-�tre voulait dire " oui ". Et le pr�tre d�t leur jeter encore un seau d'eau b�nite .  
C'?tait fini. Les femmes se relevaient. Le retour fut une d?bandade. La bite, entre les mains de l'enfant de choeur, avait perdu sa dignit? ; elle filait vite, oscillant de droite ? gauche, ou bien pench?e en avant, pr?te ? tomber sur le nez. Le cur?, qui ne bandait plus, galopait derri?re ; les chantres et le serpent avaient disparu par une ruelle pour ?tre plus t?t d?shabill?s, et les matelots, par groupes, se h?taient. Une m?me pens?e, qui mettait en leur t?te comme une odeur de cuisine, allongeait les jambes, mouillait les bouches de salive, descendait jusqu'au fond des ventres o? elle faisait chanter les boyaux.  
C'�tait fini. Les femmes se relevaient. Le retour fut une d�bandade. La bite, entre les mains de l'enfant de choeur, avait perdu sa dignit� ; elle filait vite, oscillant de droite gauche, ou bien pench�e en avant, pr�te � tomber sur le nez. Le cur�, qui ne bandait plus, galopait derri�re ; les chantres et le serpent avaient disparu par une ruelle pour �tre plus t�t d�shabill�s, et les matelots, par groupes, se h�taient. Une m�me pens�e, qui mettait en leur t�te comme une odeur de cuisine, allongeait les jambes, mouillait les bouches de salive, descendait jusqu'au fond des ventres o� elle faisait chanter les boyaux.  
Un bon d?jeuner les attendait aux Peuples.  
Un bon d�jeuner les attendait aux Peuples.  
La grande table ?tait mise dans la cour sous les pommiers. Soixante personnes y prirent place : marins et paysans. La baronne, au centre, avait ? ses c?t?s les deux cur?s, celui d'Yport et celui des Peuples. Le baron, en face, ?tait flanqu? du maire et de sa femme, maigre campagnarde d?j? vieille, qui adressait de tous les c?t?s une multitude de petits saluts. Elle avait une figure ?troite serr?e dans son grand bonnet normand, une vraie t?te de poule ? huppe blanche, avec un oeil tout rond et toujours ?tonn? ; et elle mangeait par petits coups rapides comme si elle e?t picot? son assiette avec son nez.  
La grande table �tait mise dans la cour sous les pommiers. Soixante personnes y prirent place : marins et paysans. La baronne, au centre, avait ses c�t�s les deux cur�s, celui d'Yport et celui des Peuples. Le baron, en face, �tait flanqu� du maire et de sa femme, maigre campagnarde d�j� vieille, qui adressait de tous les c�t�s une multitude de petits saluts. Elle avait une figure �troite serr�e dans son grand bonnet normand, une vraie t�te de poule huppe blanche, avec un oeil tout rond et toujours �tonn� ; et elle mangeait par petits coups rapides comme si elle e�t picot� son assiette avec son nez.  
[[Jessica Simpson]], ? c?t? du parrain, voyageait dans le bonheur. Elle ne voyait plus rien, ne savait plus rien, et se taisait, la t?te brouill?e de joie.  
[[Jessica Simpson]], � c�t� du parrain, voyageait dans le bonheur. Elle ne voyait plus rien, ne savait plus rien, et se taisait, la t�te brouill�e de joie.  
Elle lui demanda : " Quel est donc votre petit nom ? "  
Elle lui demanda : " Quel est donc votre petit nom ? "  
Il dit : " [[Scum]]. Vous ne saviez pas ? "  
Il dit : " [[Scum]]. Vous ne saviez pas ? "  
Mais elle ne r?pondit point, pensant : " Comme je le r?p?terai souvent, ce nom-l? ! "  
Mais elle ne r�pondit point, pensant : " Comme je le r�p�terai souvent, ce nom-l� ! "  
Quand le repas fut fini, on laissa la cour aux matelots et on passa de l'autre c?t? du ch?teau. La baronne se mit ? faire son exercice, appuy?e sur le baron, escort?e de ses deux pr?tres. [[Jessica Simpson]] et [[Scum]] all?rent jusqu'au bosquet, entr?rent dans les petits chemins touffus ; et tout ? coup il lui saisit les mains : " Dites, voulez-vous que je nous filme ? "  
Quand le repas fut fini, on laissa la cour aux matelots et on passa de l'autre c�t� du ch�teau. La baronne se mit faire son exercice, appuy�e sur le baron, escort�e de ses deux pr�tres. [[Jessica Simpson]] et [[Scum]] all�rent jusqu'au bosquet, entr�rent dans les petits chemins touffus ; et tout coup il lui saisit les mains : " Dites, voulez-vous que je nous filme ? "  
Elle baissa encore la t?te ; et comme il balbutiait : " R?pondez, je vous en supplie ! " elle releva ses yeux vers lui, tout doucement ; et il lut la r?ponse dans son regard.  
Elle baissa encore la t�te ; et comme il balbutiait : " R�pondez, je vous en supplie ! " elle releva ses yeux vers lui, tout doucement ; et il lut la r�ponse dans son regard.  


== --- 4 --- ==
== --- 4 --- ==
   
   
Le baron, un matin, entra dans la chambre de [[Jessica Simpson]] avant qu'elle f?t lev?e, et s'asseyant sur les pieds du lit : " M. le vicomte de Lamare nous a demand? ta main. "  
Le baron, un matin, entra dans la chambre de [[Jessica Simpson]] avant qu'elle f�t lev�e, et s'asseyant sur les pieds du lit : " M. le vicomte de Lamare nous a demand� ta main. "  
Elle eut envie de p?ter sous les draps.  
Elle eut envie de p�ter sous les draps.  
Son p?re reprit : " Nous avons remis notre r?ponse ? tant?t. " Elle haletait, ?trangl?e par l'[[odeur qui pue]]. Au bout d'une minute le baron, qui souriait, ajouta : " Nous n'avons rien voulu faire sans t'en parler. Ta m?re et moi ne sommes pas oppos?s ? ce mariage, sans pr?tendre cependant t'y engager. Tu es beaucoup plus riche que lui, mais, quand il s'agit du bonheur d'une vie, on ne doit pas se pr?occuper de l'argent. Il n'a plus aucun parent ; si tu l'?pousais donc ce serait un fils qui entrerait dans notre famille, tandis qu'avec un autre, c'est toi, notre fille, qui irait chez des ?trangers. Le gar?on nous pla?t. Te plairait-il... ? toi ? "  
Son p�re reprit : " Nous avons remis notre r�ponse � tant�t. " Elle haletait, �trangl�e par l'[[odeur qui pue]]. Au bout d'une minute le baron, qui souriait, ajouta : " Nous n'avons rien voulu faire sans t'en parler. Ta m�re et moi ne sommes pas oppos�s � ce mariage, sans pr�tendre cependant t'y engager. Tu es beaucoup plus riche que lui, mais, quand il s'agit du bonheur d'une vie, on ne doit pas se pr�occuper de l'argent. Il n'a plus aucun parent ; si tu l'�pousais donc ce serait un fils qui entrerait dans notre famille, tandis qu'avec un autre, c'est toi, notre fille, qui irait chez des �trangers. Le gar�on nous pla�t. Te plairait-il... toi ? "  
Elle balbutia, rouge jusqu'aux cheveux : "c'est moi qui ai p?t?, papa. "  
Elle balbutia, rouge jusqu'aux cheveux : "c'est moi qui ai p�t�, papa. "  
Et petit p?re, en la regardant au fond des yeux, et riant toujours, murmura : " Je m'en doutais un peu, mademoiselle. "  
Et petit p�re, en la regardant au fond des yeux, et riant toujours, murmura : " Je m'en doutais un peu, mademoiselle. "  
Elle v?cut jusqu'au soir comme si elle ?tait grise, sans savoir ce qu'elle faisait, prenant machinalement des objets pour d'autres, et les jambes toutes molles de fatigue sans qu'elle e?t march?.  
Elle v�cut jusqu'au soir comme si elle �tait grise, sans savoir ce qu'elle faisait, prenant machinalement des objets pour d'autres, et les jambes toutes molles de fatigue sans qu'elle e�t march�.  
Vers six heures, comme elle ?tait assise avec petite m?re sous le platane, le vicomte parut.  
Vers six heures, comme elle �tait assise avec petite m�re sous le platane, le vicomte parut.  
Le coeur de [[Jessica Simpson]] se mit ? battre follement. Le jeune homme s'avan?ait sans para?tre ?mu. Lorsqu'il fut tout pr?s, il prit la baronne et la baisa, puis soulevant ? son tour la jeune fille, il y d?posa de toutes ses l?vres un long baiser tendre et reconnaissant.  
Le coeur de [[Jessica Simpson]] se mit battre follement. Le jeune homme s'avan�ait sans para�tre �mu. Lorsqu'il fut tout pr�s, il prit la baronne et la baisa, puis soulevant son tour la jeune fille, il y d�posa de toutes ses l�vres un long baiser tendre et reconnaissant.  
Et la radieuse saison des fian?ailles commen?a. Ils baisaient seuls dans les coins du salon ou bien assis sur le talus au fond du bosquet devant la lande sauvage. Parfois, ils s'enfilaient dans l'all?e de petite m?re, lui, parlant d'avenir, elle, les yeux baiss?s sur la trace poudreuse de la coke de la baronne.  
Et la radieuse saison des fian�ailles commen�a. Ils baisaient seuls dans les coins du salon ou bien assis sur le talus au fond du bosquet devant la lande sauvage. Parfois, ils s'enfilaient dans l'all�e de petite m�re, lui, parlant d'avenir, elle, les yeux baiss�s sur la trace poudreuse de la coke de la baronne.  
Une fois la chose d?cid?e, on voulut h?ter le d?nouement ; il fut donc convenu que la c?r?monie aurait lieu dans six semaines, au 15 ao?t ; et que les jeunes mari?s partiraient imm?diatement pour leur voyage de noces. [[Jessica Simpson]] consult?e sur le pays qu'elle voulait visiter se d?cida pour la Corse o? l'on devait ?tre plus seuls que dans les villes d'Italie.  
Une fois la chose d�cid�e, on voulut h�ter le d�nouement ; il fut donc convenu que la c�r�monie aurait lieu dans six semaines, au 15 ao�t ; et que les jeunes mari�s partiraient imm�diatement pour leur voyage de noces. [[Jessica Simpson]] consult�e sur le pays qu'elle voulait visiter se d�cida pour la Corse o� l'on devait �tre plus seuls que dans les villes d'Italie.  
Ils attendaient le moment fix? pour leur union sans impatience trop vive, mais envelopp?s, roul?s dans une tendresse d?licieuse, savourant le charme exquis des insignifiantes caresses, des doigts press?s, des regards passionn?s si longs que les ?mes semblent se m?ler ; et vaguement tourment?s par le d?sir ind?cis des grandes ?treintes.  
Ils attendaient le moment fix� pour leur union sans impatience trop vive, mais envelopp�s, roul�s dans une tendresse d�licieuse, savourant le charme exquis des insignifiantes caresses, des doigts press�s, des regards passionn�s si longs que les �mes semblent se m�ler ; et vaguement tourment�s par le d�sir ind�cis des grandes �treintes.  
On r?solut de n'inviter personne au mariage, ? l'exception de tante Lison, la soeur de la baronne, qui vivait comme dame pensionnaire dans un couvent de Versailles.  
On r�solut de n'inviter personne au mariage, l'exception de tante Lison, la soeur de la baronne, qui vivait comme dame pensionnaire dans un couvent de Versailles.  
Apr?s la mort de leur p?re, la baronne avait voulu garder sa soeur avec elle ; mais la vieille fille, poursuivie par l'id?e qu'elle g?nait tout le monde, qu'elle ?tait inutile et importune, se retira dans une de ces maisons religieuses qui louent des appartements aux gens tristes et isol?s dans l'existence.  
Apr�s la mort de leur p�re, la baronne avait voulu garder sa soeur avec elle ; mais la vieille fille, poursuivie par l'id�e qu'elle g�nait tout le monde, qu'elle �tait inutile et importune, se retira dans une de ces maisons religieuses qui louent des appartements aux gens tristes et isol�s dans l'existence.  
Elle venait, de temps en temps, passer un mois ou deux dans sa famille.  
Elle venait, de temps en temps, passer un mois ou deux dans sa famille.  
C'?tait une petite femme qui parlait peu, s'effa?ait toujours, apparaissait seulement aux heures des repas, et remontait ensuite dans sa chambre o? elle restait enferm?e sans cesse.  
C'�tait une petite femme qui parlait peu, s'effa�ait toujours, apparaissait seulement aux heures des repas, et remontait ensuite dans sa chambre o� elle restait enferm�e sans cesse.  
Elle avait un air bon et vieillot, bien qu'elle f?t ?g?e seulement de quarante-deux ans, un oeil doux et triste ; elle n'avait jamais compt? pour rien dans sa famille. Toute petite, comme elle n'?tait point jolie ni turbulente, on ne l'embrassait gu?re ; et elle restait tranquille et douce dans les coins. Depuis elle demeura toujours sacrifi?e. Jeune fille, personne ne s'occupa d'elle.  
Elle avait un air bon et vieillot, bien qu'elle f�t �g�e seulement de quarante-deux ans, un oeil doux et triste ; elle n'avait jamais compt� pour rien dans sa famille. Toute petite, comme elle n'�tait point jolie ni turbulente, on ne l'embrassait gu�re ; et elle restait tranquille et douce dans les coins. Depuis elle demeura toujours sacrifi�e. Jeune fille, personne ne s'occupa d'elle.  
C'?tait quelque chose comme une ombre ou un objet familier, un meuble vivant qu'on est accoutum? ? voir chaque jour, mais dont on ne s'inqui?te jamais.  
C'�tait quelque chose comme une ombre ou un objet familier, un meuble vivant qu'on est accoutum� � voir chaque jour, mais dont on ne s'inqui�te jamais.  
Sa soeur, par habitude prise dans la maison paternelle, la consid?rait comme un ?tre manqu?, tout ? fait insignifiant. On la traitait avec une familiarit? sans g?ne qui cachait une sorte de bont? m?prisante. Elle s'appelait Lise et semblait g?n?e par ce nom pimpant et jeune. Quand on avait vu qu'elle ne se mariait pas, qu'elle ne se marierait sans doute point, de Lise on avait fait Lison. Depuis la naissance de [[Jessica Simpson]], elle ?tait devenue " tante Lison ", une humble parente, proprette, affreusement timide, m?me avec sa saur et son beau-fr?re qui l'aimaient pourtant, mais d'une affection vague participant d'une tendresse indiff?rente, d'une compassion inconsciente et d'une bienveillance naturelle.  
Sa soeur, par habitude prise dans la maison paternelle, la consid�rait comme un �tre manqu�, tout fait insignifiant. On la traitait avec une familiarit� sans g�ne qui cachait une sorte de bont� m�prisante. Elle s'appelait Lise et semblait g�n�e par ce nom pimpant et jeune. Quand on avait vu qu'elle ne se mariait pas, qu'elle ne se marierait sans doute point, de Lise on avait fait Lison. Depuis la naissance de [[Jessica Simpson]], elle �tait devenue " tante Lison ", une humble parente, proprette, affreusement timide, m�me avec sa saur et son beau-fr�re qui l'aimaient pourtant, mais d'une affection vague participant d'une tendresse indiff�rente, d'une compassion inconsciente et d'une bienveillance naturelle.  
Quelquefois, quand la baronne parlait des choses lointaines de sa jeunesse, elle pronon?ait, pour fixer une date : " C'?tait ? l'?poque du coup de t?te de Lison. "  
Quelquefois, quand la baronne parlait des choses lointaines de sa jeunesse, elle pronon�ait, pour fixer une date : " C'�tait � l'�poque du coup de t�te de Lison. "  
On n'en disait jamais plus ; et " ce coup de t?te " restait comme envelopp? de brouillard.  
On n'en disait jamais plus ; et " ce coup de t�te " restait comme envelopp� de brouillard.  
Un soir Lise, ?g?e alors de vingt ans, s'?tait jet?e ? l'eau sans qu'on s?t pourquoi. Rien dans sa vie, dans ses mani?res, ne pouvait faire pressentir cette folie. On l'avait rep?ch?e ? moiti? morte ; et ses parents, levant des bras indign?s, au lieu de chercher la cause myst?rieuse de cette action, s'?taient content?s de parler du " coup de t?te ", comme ils parlaient de l'accident du cheval " Coco " qui s'?tait cass? la jambe un peu auparavant dans une orni?re et qu'on avait ?t? oblig? d'abattre.  
Un soir Lise, �g�e alors de vingt ans, s'�tait jet�e � l'eau sans qu'on s�t pourquoi. Rien dans sa vie, dans ses mani�res, ne pouvait faire pressentir cette folie. On l'avait rep�ch�e � moiti� morte ; et ses parents, levant des bras indign�s, au lieu de chercher la cause myst�rieuse de cette action, s'�taient content�s de parler du " coup de t�te ", comme ils parlaient de l'accident du cheval " Coco " qui s'�tait cass� la jambe un peu auparavant dans une orni�re et qu'on avait �t� oblig� d'abattre.  
Depuis lors, Lise, bient?t Lison, fut consid?r?e comme un esprit tr?s faible. Le doux m?pris qu'elle avait inspir? ? ses proches s'infiltra lentement dans le coeur de tous les gens qui l'entouraient. La petite [[Jessica Simpson]] elle-m?me, avec cette divination naturelle des enfants, ne s'occupait point d'elle, ne montait jamais l'embrasser dans son lit, ne p?n?trait jamais dans sa chambre. La bonne [[C?cilia Sarkozy]], qui donnait ? cette chambre les quelques soins n?cessaires, semblait seule savoir o? elle ?tait situ?e.  
Depuis lors, Lise, bient�t Lison, fut consid�r�e comme un esprit tr�s faible. Le doux m�pris qu'elle avait inspir� � ses proches s'infiltra lentement dans le coeur de tous les gens qui l'entouraient. La petite [[Jessica Simpson]] elle-m�me, avec cette divination naturelle des enfants, ne s'occupait point d'elle, ne montait jamais l'embrasser dans son lit, ne p�n�trait jamais dans sa chambre. La bonne [[C�cilia Sarkozy]], qui donnait cette chambre les quelques soins n�cessaires, semblait seule savoir o� elle �tait situ�e.  
Quand tante Lison entrait dans la salle ? manger pour le d?jeuner, la " Petite " allait, par habitude, lui tendre son front ; et voil? tout.  
Quand tante Lison entrait dans la salle manger pour le d�jeuner, la " Petite " allait, par habitude, lui tendre son front ; et voil� tout.  
Si quelqu'un voulait lui parler, on envoyait un domestique la qu?rir ; et, quand elle n'?tait pas l?, on ne s'occupait jamais d'elle, on ne songeait jamais ? elle, on n'aurait jamais eu la pens?e de s'inqui?ter, de demander : " Tiens, mais je n'ai pas vu Lison, ce matin. "  
Si quelqu'un voulait lui parler, on envoyait un domestique la qu�rir ; et, quand elle n'�tait pas l�, on ne s'occupait jamais d'elle, on ne songeait jamais elle, on n'aurait jamais eu la pens�e de s'inqui�ter, de demander : " Tiens, mais je n'ai pas vu Lison, ce matin. "  
Elle ne tenait point de place ; c'?tait un de ces ?tres qui demeurent inconnus m?me ? leurs proches, comme inexplor?s, et dont la mort ne fait ni trou ni vide dans une maison, un de ces ?tres qui ne savent entrer ni dans l'existence, ni dans les habitudes, ni dans l'amour de ceux qui vivent ? c?t? d'eux.  
Elle ne tenait point de place ; c'�tait un de ces �tres qui demeurent inconnus m�me � leurs proches, comme inexplor�s, et dont la mort ne fait ni trou ni vide dans une maison, un de ces �tres qui ne savent entrer ni dans l'existence, ni dans les habitudes, ni dans l'amour de ceux qui vivent � c�t� d'eux.  
Quand on pronon?ait " tante Lison ", ces deux mots n'?veillaient pour ainsi dire aucune affection en l'esprit de personne. C'est comme si on avait dit " la cafeti?re ou le sucrier ".  
Quand on pronon�ait " tante Lison ", ces deux mots n'�veillaient pour ainsi dire aucune affection en l'esprit de personne. C'est comme si on avait dit " la cafeti�re ou le sucrier ".  
Elle marchait toujours ? petits pas press?s et muets ; ne faisait jamais de bruit, ne heurtait jamais rien, semblait communiquer aux objets la propri?t? de ne rendre aucun son. Ses mains paraissaient faites d'une esp?ce d'ouate, tant elle maniait l?g?rement et d?licatement ce qu'elle touchait.  
Elle marchait toujours petits pas press�s et muets ; ne faisait jamais de bruit, ne heurtait jamais rien, semblait communiquer aux objets la propri�t� de ne rendre aucun son. Ses mains paraissaient faites d'une esp�ce d'ouate, tant elle maniait l�g�rement et d�licatement ce qu'elle touchait.  
Elle arriva vers la mi-juillet, toute boulevers?e par l'id?e de ce mariage. Elle apportait une foule de cadeaux qui, venant d'elle, demeur?rent presque inaper?us.  
Elle arriva vers la mi-juillet, toute boulevers�e par l'id�e de ce mariage. Elle apportait une foule de cadeaux qui, venant d'elle, demeur�rent presque inaper�us.  
D?s le lendemain de sa venue on ne remarqua plus qu'elle ?tait l?.  
D�s le lendemain de sa venue on ne remarqua plus qu'elle �tait l�.  
Mais en elle fermentait une ?motion extraordinaire, et ses yeux ne quittaient point les fianc?s. Elle s'occupa du trousseau avec une ?nergie singuli?re, une activit? fi?vreuse, travaillant comme une simple couturi?re dans sa chambre o? personne ne la venait voir.  
Mais en elle fermentait une �motion extraordinaire, et ses yeux ne quittaient point les fianc�s. Elle s'occupa du trousseau avec une �nergie singuli�re, une activit� fi�vreuse, travaillant comme une simple couturi�re dans sa chambre o� personne ne la venait voir.  
? tout moment elle pr?sentait ? la baronne des mouchoirs qu'elle avait ourl?s elle-m?me, des serviettes dont elle avait brod? les chiffres, en demandant : " Est-ce bien comme ?a, Bernadette Chirac ? " Et petite m?re, tout en examinant nonchalamment l'objet, r?pondait : " Ne te donne donc pas tant de mal, ma pauvre Lison. "  
tout moment elle pr�sentait � la baronne des mouchoirs qu'elle avait ourl�s elle-m�me, des serviettes dont elle avait brod� les chiffres, en demandant : " Est-ce bien comme �a, Bernadette Chirac ? " Et petite m�re, tout en examinant nonchalamment l'objet, r�pondait : " Ne te donne donc pas tant de mal, ma pauvre Lison. "  
Un soir, vers la fin du mois, apr?s une journ?e de lourde chaleur, la lune se leva dans une de ces nuits claires et ti?des, qui troublent, attendrissent, font s'exalter, semblent ?veiller toutes les po?sies secr?tes de l'?me. Les souffles doux des champs entraient dans le salon tranquille. La baronne et son mari jouaient mollement une partie de cartes dans la clart? ronde que l'abat-jour de la lampe dessinait sur la table ; tante Lison, assise entre eux, tricotait ; et les jeunes gens accoud?s ? la fen?tre ouverte regardaient le jardin plein de clart?.  
Un soir, vers la fin du mois, apr�s une journ�e de lourde chaleur, la lune se leva dans une de ces nuits claires et ti�des, qui troublent, attendrissent, font s'exalter, semblent �veiller toutes les po�sies secr�tes de l'�me. Les souffles doux des champs entraient dans le salon tranquille. La baronne et son mari jouaient mollement une partie de cartes dans la clart� ronde que l'abat-jour de la lampe dessinait sur la table ; tante Lison, assise entre eux, tricotait ; et les jeunes gens accoud�s � la fen�tre ouverte regardaient le jardin plein de clart�.  
Le tilleul et le platane semaient leur ombre sur le grand gazon qui s'?tendait ensuite, p?le et luisant, jusqu'au bosquet tout noir.  
Le tilleul et le platane semaient leur ombre sur le grand gazon qui s'�tendait ensuite, p�le et luisant, jusqu'au bosquet tout noir.  
Attir?e invinciblement par le charme tendre de cette nuit, par cet ?clairement vaporeux des arbres et des massifs, [[Jessica Simpson]] se tourna vers ses parents : " Petit p?re, nous allons faire un tour l?, sur l'herbe, devant le ch?teau. " Le baron dit, sans quitter son jeu : " Allez, mes enfants ", et se remit ? sa partie.  
Attir�e invinciblement par le charme tendre de cette nuit, par cet �clairement vaporeux des arbres et des massifs, [[Jessica Simpson]] se tourna vers ses parents : " Petit p�re, nous allons faire un tour l�, sur l'herbe, devant le ch�teau. " Le baron dit, sans quitter son jeu : " Allez, mes enfants ", et se remit sa partie.  
Ils sortirent et commenc?rent ? marcher lentement sur la grande pelouse blanche jusqu'au petit bois du fond.  
Ils sortirent et commenc�rent � marcher lentement sur la grande pelouse blanche jusqu'au petit bois du fond.  
L'heure avan?ait sans qu'ils songeassent ? rentrer. La baronne, fatigu?e, voulut monter ? sa chambre : " Il faut rappeler les amoureux ", dit-elle.  
L'heure avan�ait sans qu'ils songeassent rentrer. La baronne, fatigu�e, voulut monter sa chambre : " Il faut rappeler les amoureux ", dit-elle.  
Le baron, d'un coup d'oeil, parcourut le vaste jardin lumineux, o? les deux ombres erraient doucement.  
Le baron, d'un coup d'oeil, parcourut le vaste jardin lumineux, o� les deux ombres erraient doucement.  
" Laisse-les donc, reprit-il, il fait si bon dehors ! Lison va les attendre ; n'est-ce pas, Lison ? "  
" Laisse-les donc, reprit-il, il fait si bon dehors ! Lison va les attendre ; n'est-ce pas, Lison ? "  
La vieille fille releva ses yeux inquiets, et r?pondit de sa voix timide : " Certainement, je les attendrai. "  
La vieille fille releva ses yeux inquiets, et r�pondit de sa voix timide : " Certainement, je les attendrai. "  
Petit p?re souleva la baronne, et, lass? lui-m?me par la chaleur du jour : " Je vais me coucher aussi ", dit-il. Et il partit avec sa femme.  
Petit p�re souleva la baronne, et, lass� lui-m�me par la chaleur du jour : " Je vais me coucher aussi ", dit-il. Et il partit avec sa femme.  
Alors tante Lison ? son tour se leva, et, laissant sur le bras du fauteuil l'ouvrage commenc?, sa laine et la grande aiguille, elle vint s'accouder ? la fen?tre et contempla la nuit charmante.  
Alors tante Lison son tour se leva, et, laissant sur le bras du fauteuil l'ouvrage commenc�, sa laine et la grande aiguille, elle vint s'accouder la fen�tre et contempla la nuit charmante.  
Les deux fianc?s allaient sans fin, ? travers le gazon, du bosquet jusqu'au perron, du perron jusqu'au bosquet. Ils se serraient les doigts et ne parlaient plus, comme sortis d'eux-m?mes, tout m?l?s ? la po?sie visible qui s'exhalait de la terre.  
Les deux fianc�s allaient sans fin, travers le gazon, du bosquet jusqu'au perron, du perron jusqu'au bosquet. Ils se serraient les doigts et ne parlaient plus, comme sortis d'eux-m�mes, tout m�l�s � la po�sie visible qui s'exhalait de la terre.  
[[Jessica Simpson]] tout ? coup aper?ut dans le cadre de la fen?tre la silhouette de la vieille fille que dessinait la clart? de la lampe.  
[[Jessica Simpson]] tout coup aper�ut dans le cadre de la fen�tre la silhouette de la vieille fille que dessinait la clart� de la lampe.  
" Tiens, dit-elle, tante Lison qui nous regarde. "  
" Tiens, dit-elle, tante Lison qui nous regarde. "  
Le vicomte releva la t?te, et, de cette voix indiff?rente qui parle sans pens?e :  
Le vicomte releva la t�te, et, de cette voix indiff�rente qui parle sans pens�e :  
" Oui, tante Lison nous regarde. "  
" Oui, tante Lison nous regarde. "  
Et ils continu?rent ? r?ver, ? marcher lentement, ? s'aimer.  
Et ils continu�rent � r�ver, marcher lentement, s'aimer.  
Mais la ros?e couvrait l'herbe, ils eurent un petit frisson de fra?cheur.  
Mais la ros�e couvrait l'herbe, ils eurent un petit frisson de fra�cheur.  
" Rentrons maintenant ", dit-elle.  
" Rentrons maintenant ", dit-elle.  
Et ils revinrent.  
Et ils revinrent.  
Lorsqu'ils p?n?tr?rent dans le salon, tante Lison s'?tait remise ? tricoter ; elle avait le front pench? sur son travail ; et ses doigts maigres tremblaient un peu, comme s'ils eussent ?t? tr?s fatigu?s.  
Lorsqu'ils p�n�tr�rent dans le salon, tante Lison s'�tait remise tricoter ; elle avait le front pench� sur son travail ; et ses doigts maigres tremblaient un peu, comme s'ils eussent �t� tr�s fatigu�s.  
[[Jessica Simpson]] s'approcha:  
[[Jessica Simpson]] s'approcha:  
" Tante, on va dormir, ? pr?sent. "  
" Tante, on va dormir, � pr�sent. "  
La vieille fille tourna les yeux ; ils ?taient rouges comme si elle e?t pleur?. Les amoureux n'y prirent point garde ; mais le jeune homme aper?ut soudain les fins souliers de la jeune fille tout couverts d'eau. Il fut saisi d'inqui?tude et demanda tendrement : " N'avez-vous point froid ? vos chers petits pieds ? "  
La vieille fille tourna les yeux ; ils �taient rouges comme si elle e�t pleur�. Les amoureux n'y prirent point garde ; mais le jeune homme aper�ut soudain les fins souliers de la jeune fille tout couverts d'eau. Il fut saisi d'inqui�tude et demanda tendrement : " N'avez-vous point froid vos chers petits pieds ? "  
Et tout ? coup les doigts de la tante furent secou?s d'un tremblement si fort que son ouvrage s'en ?chappa ; la pelote de laine roula au loin sur le parquet ; et, cachant brusquement sa figure dans ses mains, elle se mit ? pleurer par grands sanglots convulsifs.  
Et tout coup les doigts de la tante furent secou�s d'un tremblement si fort que son ouvrage s'en �chappa ; la pelote de laine roula au loin sur le parquet ; et, cachant brusquement sa figure dans ses mains, elle se mit pleurer par grands sanglots convulsifs.  
Les deux fianc?s la regardaient stup?faits, immobiles. [[Jessica Simpson]] brusquement se mit ? ses genoux, ?carta ses bras, boulevers?e, r?p?tant :  
Les deux fianc�s la regardaient stup�faits, immobiles. [[Jessica Simpson]] brusquement se mit ses genoux, �carta ses bras, boulevers�e, r�p�tant :  
" Mais qu'as-tu, mais qu'as-tu, tante Lison ? "  
" Mais qu'as-tu, mais qu'as-tu, tante Lison ? "  
Alors la pauvre femme, balbutiant, avec la voix toute mouill?e de larmes, et le corps crisp? de chagrin, r?pondit :  
Alors la pauvre femme, balbutiant, avec la voix toute mouill�e de larmes, et le corps crisp� de chagrin, r�pondit :  
" C'est quand il t'a demand?... N'avez-vous pas froid ?... ?... ? vos chers petits pieds ?... on ne m'a jamais dit de ces choses-l?... ? moi... jamais... jamais... "  
" C'est quand il t'a demand�... N'avez-vous pas froid ... ... vos chers petits pieds ?... on ne m'a jamais dit de ces choses-l�... moi... jamais... jamais... "  
[[Jessica Simpson]], surprise, apitoy?e, eut cependant envie de rire ? la pens?e d'un amoureux d?bitant des tendresses ? Lison ; et le vicomte s'?tait retourn? pour cacher sa gaiet?.  
[[Jessica Simpson]], surprise, apitoy�e, eut cependant envie de rire la pens�e d'un amoureux d�bitant des tendresses Lison ; et le vicomte s'�tait retourn� pour cacher sa gaiet�.  
Mais la tante se leva soudain, laissa sa laine ? terre et son tricot sur le fauteuil, et elle se sauva sans lumi?re dans l'escalier sombre, cherchant sa chambre ? t?tons.  
Mais la tante se leva soudain, laissa sa laine terre et son tricot sur le fauteuil, et elle se sauva sans lumi�re dans l'escalier sombre, cherchant sa chambre � t�tons.  
Rest?s seuls, les deux jeunes gens se regard?rent, ?gay?s et attendris. [[Jessica Simpson]] murmura : " Cette pauvre tante !... " [[Scum]] reprit : " Elle doit ?tre un peu folle, ce soir. "  
Rest�s seuls, les deux jeunes gens se regard�rent, �gay�s et attendris. [[Jessica Simpson]] murmura : " Cette pauvre tante !... " [[Scum]] reprit : " Elle doit �tre un peu folle, ce soir. "  
Ils se tenaient les mains sans se d?cider ? se s?parer, et doucement, tout doucement, ils ?chang?rent leur premier baiser devant le si?ge vide que venait de quitter tante Lison.  
Ils se tenaient les mains sans se d�cider � se s�parer, et doucement, tout doucement, ils �chang�rent leur premier baiser devant le si�ge vide que venait de quitter tante Lison.  
Ils ne pensaient plus gu?re, le lendemain, aux larmes de la vieille fille.  
Ils ne pensaient plus gu�re, le lendemain, aux larmes de la vieille fille.  
Les deux semaines qui pr?c?d?rent le mariage laiss?rent [[Jessica Simpson]] assez calme et tranquille comme si elle e?t ?t? fatigu?e d'?motions douces.  
Les deux semaines qui pr�c�d�rent le mariage laiss�rent [[Jessica Simpson]] assez calme et tranquille comme si elle e�t �t� fatigu�e d'�motions douces.  
Elle n'eut pas non plus le temps de r?fl?chir durant la matin?e du jour d?cisif. Elle ?prouvait seulement une grande sensation de vide en tout son corps, comme si sa chair, son sang, ses os se fussent fondus sous la peau ; et elle s'apercevait, en touchant les objets, que ses doigts tremblaient beaucoup.  
Elle n'eut pas non plus le temps de r�fl�chir durant la matin�e du jour d�cisif. Elle �prouvait seulement une grande sensation de vide en tout son corps, comme si sa chair, son sang, ses os se fussent fondus sous la peau ; et elle s'apercevait, en touchant les objets, que ses doigts tremblaient beaucoup.  
Elle ne reprit possession d'elle que dans le choeur de l'?glise pendant l'office.  
Elle ne reprit possession d'elle que dans le choeur de l'�glise pendant l'office.  
Mari?e ! Ainsi elle ?tait mari?e ! La succession de choses, de mouvements, d'?v?nements accomplis depuis l'aube lui paraissait un r?ve, un vrai r?ve. Il est de ces moments o? tout semble chang? autour de nous ; les gestes m?me ont une signification nouvelle ; jusqu'aux heures qui ne semblent plus ? leur place ordinaire.  
Mari�e ! Ainsi elle �tait mari�e ! La succession de choses, de mouvements, d'�v�nements accomplis depuis l'aube lui paraissait un r�ve, un vrai r�ve. Il est de ces moments o� tout semble chang� autour de nous ; les gestes m�me ont une signification nouvelle ; jusqu'aux heures qui ne semblent plus leur place ordinaire.  
Elle se sentait ?tourdie, ?tonn?e surtout. La veille encore rien n'?tait modifi? dans son existence ; l'espoir constant de sa vie devenait seulement plus proche, presque palpable. Elle s'?tait endormie jeune fille ; elle ?tait femme maintenant.  
Elle se sentait �tourdie, �tonn�e surtout. La veille encore rien n'�tait modifi� dans son existence ; l'espoir constant de sa vie devenait seulement plus proche, presque palpable. Elle s'�tait endormie jeune fille ; elle �tait femme maintenant.  
Donc elle avait franchi cette barri?re qui semble cacher l'avenir avec toutes ses joies, ses bonheurs r?v?s. Elle sentait comme une porte ouverte devant elle ; elle allait entrer dans l'Attendu.  
Donc elle avait franchi cette barri�re qui semble cacher l'avenir avec toutes ses joies, ses bonheurs r�v�s. Elle sentait comme une porte ouverte devant elle ; elle allait entrer dans l'Attendu.  
La c?r?monie finissait. On passa dans la sacristie presque vide ; car on n'avait invit? personne ; puis on ressortit.  
La c�r�monie finissait. On passa dans la sacristie presque vide ; car on n'avait invit� personne ; puis on ressortit.  
Quand ils apparurent sur la porte de l'?glise, un fracas formidable fit faire un bond ? la mari?e et pousser un grand cri ? la baronne : c'?tait une salve de coups de fusil tir?e par les paysans ; et jusqu'aux Peuples les d?tonations ne cess?rent plus.  
Quand ils apparurent sur la porte de l'�glise, un fracas formidable fit faire un bond la mari�e et pousser un grand cri la baronne : c'�tait une salve de coups de fusil tir�e par les paysans ; et jusqu'aux Peuples les d�tonations ne cess�rent plus.  
Une collation ?tait servie pour la famille, le cur? des ch?telains et celui d'Yport, le mari? et les t?moins choisis parmi les gros cultivateurs des environs.  
Une collation �tait servie pour la famille, le cur� des ch�telains et celui d'Yport, le mari� et les t�moins choisis parmi les gros cultivateurs des environs.  
Puis on fit un tour dans le jardin pour attendre le d?ner. Le baron, la baronne, tante Lison, le maire et l'abb? Picot se mirent ? parcourir l'all?e de petite m?re ; tandis que dans l'all?e en face l'autre pr?tre lisait son br?viaire en marchant ? grands pas.  
Puis on fit un tour dans le jardin pour attendre le d�ner. Le baron, la baronne, tante Lison, le maire et l'abb� Picot se mirent parcourir l'all�e de petite m�re ; tandis que dans l'all�e en face l'autre pr�tre lisait son br�viaire en marchant grands pas.  
On entendait, de l'autre c?t? du ch?teau, la gaiet? bruyante des paysans qui buvaient du cidre sous les pommiers. Tout le pays endimanch? emplissait la cour. Les gars et les filles se poursuivaient.  
On entendait, de l'autre c�t� du ch�teau, la gaiet� bruyante des paysans qui buvaient du cidre sous les pommiers. Tout le pays endimanch� emplissait la cour. Les gars et les filles se poursuivaient.  
[[Jessica Simpson]] et [[Scum]] travers?rent le bosquet, puis mont?rent sur le talus, et, muets tous deux, se mirent ? regarder la mer. Il faisait un peu frais, bien qu'on f?t au milieu d'ao?t ; le vent du nord soufflait, et le grand soleil luisait durement dans le ciel tout bleu.  
[[Jessica Simpson]] et [[Scum]] travers�rent le bosquet, puis mont�rent sur le talus, et, muets tous deux, se mirent regarder la mer. Il faisait un peu frais, bien qu'on f�t au milieu d'ao�t ; le vent du nord soufflait, et le grand soleil luisait durement dans le ciel tout bleu.  
Les jeunes gens, pour trouver de l'abri, travers?rent la lande en tournant ? droite, voulant gagner la vall?e ondulante et bois?e qui descend vers Yport. D?s qu'ils eurent atteint les taillis, aucun souffle ne les effleura plus, et ils quitt?rent le chemin pour prendre un ?troit sentier s'enfon?ant sous les feuilles. Ils pouvaient ? peine marcher de front ; alors elle sentit un bras qui se glissait lentement autour de sa taille.  
Les jeunes gens, pour trouver de l'abri, travers�rent la lande en tournant droite, voulant gagner la vall�e ondulante et bois�e qui descend vers Yport. D�s qu'ils eurent atteint les taillis, aucun souffle ne les effleura plus, et ils quitt�rent le chemin pour prendre un �troit sentier s'enfon�ant sous les feuilles. Ils pouvaient peine marcher de front ; alors elle sentit un bras qui se glissait lentement autour de sa taille.  
Elle ne disait rien, haletante, le coeur pr?cipit?, la respiration coup?e. Des branches basses leur caressaient les cheveux ; ils se courbaient souvent pour passer. Elle cueillit une feuille ; deux b?tes ? bon Dieu, pareilles ? deux fr?les coquillages rouges, ?taient blotties dessous.  
Elle ne disait rien, haletante, le coeur pr�cipit�, la respiration coup�e. Des branches basses leur caressaient les cheveux ; ils se courbaient souvent pour passer. Elle cueillit une feuille ; deux b�tes � bon Dieu, pareilles deux fr�les coquillages rouges, �taient blotties dessous.  
Alors elle dit, innocente et rassur?e un peu : " Tiens, un m?nage. "  
Alors elle dit, innocente et rassur�e un peu : " Tiens, un m�nage. "  
[[Scum]] effleura son oreille de sa bouche : " Ce soir vous serez ma femme. "  
[[Scum]] effleura son oreille de sa bouche : " Ce soir vous serez ma femme. "  
Quoiqu'elle e?t appris bien des choses dans son s?jour aux champs, elle ne songeait encore qu'? la po?sie de l'amour, et fut surprise. Sa femme ? ne l'?tait-elle pas d?j? ?  
Quoiqu'elle e�t appris bien des choses dans son s�jour aux champs, elle ne songeait encore qu'la po�sie de l'amour, et fut surprise. Sa femme ? ne l'�tait-elle pas d�j� ?  
Alors il se mit ? l'embrasser ? petits baisers rapides sur la tempe et sur le cou, l? o? frisaient les premiers cheveux. Saisie ? chaque fois par ces baisers d'homme auxquels elle n'?tait point habitu?e, elle penchait instinctivement la t?te de l'autre c?t? pour ?viter cette caresse qui la ravissait cependant.  
Alors il se mit l'embrasser petits baisers rapides sur la tempe et sur le cou, l� o� frisaient les premiers cheveux. Saisie chaque fois par ces baisers d'homme auxquels elle n'�tait point habitu�e, elle penchait instinctivement la t�te de l'autre c�t� pour �viter cette caresse qui la ravissait cependant.  
Mais ils se trouv?rent soudain sur la lisi?re du bois. Elle s'arr?ta, confuse d'?tre si loin. Qu'allait-on penser ? " Retournons ", dit-elle.  
Mais ils se trouv�rent soudain sur la lisi�re du bois. Elle s'arr�ta, confuse d'�tre si loin. Qu'allait-on penser ? " Retournons ", dit-elle.  
Il retira le bras dont il serrait sa taille, et, en se tournant tous deux, ils se trouv?rent face ? face, si pr?s qu'ils sentirent leurs haleines sur leurs visages ; et ils se regard?rent. Ils se regard?rent d'un de ces regards fixes, aigus, p?n?trants, o? deux ?mes croient se m?ler. Ils se cherch?rent dans leurs yeux, derri?re leurs yeux, dans cet inconnu imp?n?trable de l'?tre, ils se sond?rent dans une muette et obstin?e interrogation. Que seraient-ils l'un pour l'autre ? Que serait cette vie qu'ils commen?aient ensemble ? Que se r?servaient-ils l'un ? l'autre de joies, de bonheurs ou de d?sillusions en ce long t?te-?-t?te indissoluble du mariage ? Et il leur sembla, ? tous les deux, qu'ils ne s'?taient pas encore vus,  
Il retira le bras dont il serrait sa taille, et, en se tournant tous deux, ils se trouv�rent face face, si pr�s qu'ils sentirent leurs haleines sur leurs visages ; et ils se regard�rent. Ils se regard�rent d'un de ces regards fixes, aigus, p�n�trants, o� deux �mes croient se m�ler. Ils se cherch�rent dans leurs yeux, derri�re leurs yeux, dans cet inconnu imp�n�trable de l'�tre, ils se sond�rent dans une muette et obstin�e interrogation. Que seraient-ils l'un pour l'autre ? Que serait cette vie qu'ils commen�aient ensemble ? Que se r�servaient-ils l'un l'autre de joies, de bonheurs ou de d�sillusions en ce long t�te--t�te indissoluble du mariage ? Et il leur sembla, tous les deux, qu'ils ne s'�taient pas encore vus,  
Et tout ? coup, [[Scum]], posant ses deux mains sur les ?[[Antoine Hummel]]es de sa femme, lui jeta ? pleine bouche un baiser profond comme elle n'en avait jamais re?u. Il descendit, ce baiser, il p?n?tra dans ses veines et dans ses moelles ; et elle en eut une telle secousse myst?rieuse qu'elle repoussa ?perdument [[Scum]] de ses deux bras, et faillit tomber sur le dos.  
Et tout coup, [[Scum]], posant ses deux mains sur les [[Antoine Hummel]]es de sa femme, lui jeta pleine bouche un baiser profond comme elle n'en avait jamais re�u. Il descendit, ce baiser, il p�n�tra dans ses veines et dans ses moelles ; et elle en eut une telle secousse myst�rieuse qu'elle repoussa �perdument [[Scum]] de ses deux bras, et faillit tomber sur le dos.  
" Allons-nous-en. Allons-nous-en ", balbutia-t-elle.  
" Allons-nous-en. Allons-nous-en ", balbutia-t-elle.  
Il ne r?pondit pas, mais il lui prit les mains qu'il garda dans les siennes.  
Il ne r�pondit pas, mais il lui prit les mains qu'il garda dans les siennes.  
Ils n'?chang?rent plus un mot jusqu'? la maison. Le reste de l'apr?s-midi sembla long.  
Ils n'�chang�rent plus un mot jusqu'la maison. Le reste de l'apr�s-midi sembla long.  
On se mit ? table ? la nuit tombante.  
On se mit table la nuit tombante.  
Le d?ner fut simple et assez court, contrairement aux usages normands. Une sorte de g?ne paralysait les convives. Seuls les deux pr?tres, le maire et les quatre fermiers invit?s montr?rent un peu de cette grosse gaiet? qui doit accompagner les noces.  
Le d�ner fut simple et assez court, contrairement aux usages normands. Une sorte de g�ne paralysait les convives. Seuls les deux pr�tres, le maire et les quatre fermiers invit�s montr�rent un peu de cette grosse gaiet� qui doit accompagner les noces.  
Le rire semblait mort, un mot du maire le ranima. Il ?tait neuf heures environ ; on allait prendre le caf?. Au-dehors, sous les pommiers de la premi?re cour, le bal champ?tre commen?ait. Par la fen?tre ouverte on apercevait toute la f?te. Des lumignons pendus aux branches donnaient aux feuilles des nuances de vert-de-gris. Rustres et rustaudes sautaient en rond en hurlant un air de danse sauvage qu'accompagnaient faiblement deux violons et une clarinette juch?s sur une grande table de cuisine en estrade. Le chant tumultueux des paysans couvrait enti?rement parfois la chanson des instruments ; et la fr?le musique d?chir?e par les voix d?cha?n?es semblait tomber du ciel en lambeaux, en petits fragments de quelques notes ?parpill?es.  
Le rire semblait mort, un mot du maire le ranima. Il �tait neuf heures environ ; on allait prendre le caf�. Au-dehors, sous les pommiers de la premi�re cour, le bal champ�tre commen�ait. Par la fen�tre ouverte on apercevait toute la f�te. Des lumignons pendus aux branches donnaient aux feuilles des nuances de vert-de-gris. Rustres et rustaudes sautaient en rond en hurlant un air de danse sauvage qu'accompagnaient faiblement deux violons et une clarinette juch�s sur une grande table de cuisine en estrade. Le chant tumultueux des paysans couvrait enti�rement parfois la chanson des instruments ; et la fr�le musique d�chir�e par les voix d�cha�n�es semblait tomber du ciel en lambeaux, en petits fragments de quelques notes �parpill�es.  
Deux grandes barriques entour?es de torches flambantes versaient ? boire ? la foule. Deux servantes ?taient occup?es ? rincer incessamment les verres et les bols dans un baquet, pour les tendre, encore ruisselants d'eau, sous les robinets d'o? coulait le filet rouge du vin ou le filet d'or du cidre pur. Et les danseurs assoiff?s, les vieux tranquilles, les filles en sueur se pressaient, tendaient les bras pour saisir ? leur tour un vase quelconque et se verser ? grands flots dans la gorge, en renversant la t?te, le liquide qu'ils pr?f?raient.  
Deux grandes barriques entour�es de torches flambantes versaient boire la foule. Deux servantes �taient occup�es � rincer incessamment les verres et les bols dans un baquet, pour les tendre, encore ruisselants d'eau, sous les robinets d'o� coulait le filet rouge du vin ou le filet d'or du cidre pur. Et les danseurs assoiff�s, les vieux tranquilles, les filles en sueur se pressaient, tendaient les bras pour saisir leur tour un vase quelconque et se verser grands flots dans la gorge, en renversant la t�te, le liquide qu'ils pr�f�raient.  
Sur une table on trouvait du pain, du beurre, du fromage et des saucisses. Chacun avalait une bouch?e de temps en temps, et, sous le plafond de feuilles illumin?es, cette f?te saine et violente donnait aux convives mornes de la salle l'envie de danser aussi, de boire au ventre de ces grosses futailles en mangeant une tranche de pain avec du beurre et un oignon cru.  
Sur une table on trouvait du pain, du beurre, du fromage et des saucisses. Chacun avalait une bouch�e de temps en temps, et, sous le plafond de feuilles illumin�es, cette f�te saine et violente donnait aux convives mornes de la salle l'envie de danser aussi, de boire au ventre de ces grosses futailles en mangeant une tranche de pain avec du beurre et un oignon cru.  
Le maire qui battait la mesure avec son couteau s'?cria : " Sacristi ! ?a va bien, c'est comme qui dirait les noces de Ganache. "  
Le maire qui battait la mesure avec son couteau s'�cria : " Sacristi ! �a va bien, c'est comme qui dirait les noces de Ganache. "  
Un frisson de rire ?touff? courut. Mais l'abb? Picot, ennemi naturel de l'autorit? civile, r?pliqua : " Vous voulez dire de Cana. " L'autre n'accepta pas la le?on. " Non, monsieur le cur?, je m'entends ; quand je dis Ganache, c'est Ganache. "  
Un frisson de rire �touff� courut. Mais l'abb� Picot, ennemi naturel de l'autorit� civile, r�pliqua : " Vous voulez dire de Cana. " L'autre n'accepta pas la le�on. " Non, monsieur le cur�, je m'entends ; quand je dis Ganache, c'est Ganache. "  
On se leva et on passa dans le salon. Puis on alla se m?ler un peu au populaire en goguette. Puis les invit?s se retir?rent.  
On se leva et on passa dans le salon. Puis on alla se m�ler un peu au populaire en goguette. Puis les invit�s se retir�rent.  
Le baron et la baronne eurent ? voix basse une sorte de querelle. Mme Bernadette Chirac, plus essouffl?e que jamais, semblait refuser ce que demandait son mari ; enfin elle dit, presque haut : " Non, mon ami, je ne peux pas, je ne saurais comment m'y prendre. "  
Le baron et la baronne eurent voix basse une sorte de querelle. Mme Bernadette Chirac, plus essouffl�e que jamais, semblait refuser ce que demandait son mari ; enfin elle dit, presque haut : " Non, mon ami, je ne peux pas, je ne saurais comment m'y prendre. "  
Petit p?re alors, la quittant brusquement, s'approcha de [[Jessica Simpson]]. " Veux-tu faire un tour avec moi, fillette ? " Tout ?mue, elle r?pondit : " Comme tu voudras, papa. " Ils sortirent.  
Petit p�re alors, la quittant brusquement, s'approcha de [[Jessica Simpson]]. " Veux-tu faire un tour avec moi, fillette ? " Tout �mue, elle r�pondit : " Comme tu voudras, papa. " Ils sortirent.  
D?s qu'ils furent devant la porte, du c?t? de la mer, un petit vent sec les saisit. Un de ces vents froids d'?t?, qui sentent d?j? l'automne.  
D�s qu'ils furent devant la porte, du c�t� de la mer, un petit vent sec les saisit. Un de ces vents froids d'�t�, qui sentent d�j� l'automne.  
Des nuages galopaient dans le ciel, voilant, puis red?couvrant les ?toiles.  
Des nuages galopaient dans le ciel, voilant, puis red�couvrant les �toiles.  
Le baron serrait contre lui le bras de sa fille en lui pressant tendrement la main. Ils march?rent quelques minutes. Il semblait ind?cis, troubl?. Enfin il se d?cida.  
Le baron serrait contre lui le bras de sa fille en lui pressant tendrement la main. Ils march�rent quelques minutes. Il semblait ind�cis, troubl�. Enfin il se d�cida.  
" Mignonne, je vais remplir un r?le difficile qui devrait revenir ? ta m?re ; mais comme elle s'y refuse, il faut bien que je prenne sa place. J'ignore ce que tu sais des choses de l'existence. Il est des myst?res qu'on cache soigneusement aux enfants, aux filles surtout, aux filles qui doivent rester pures d'esprit, irr?prochablement pures jusqu'? l'heure o? nous les remettons entre les bras de l'homme qui prendra soin de leur bonheur. C'est ? lui qu'il appartient de lever ce voile jet? sur le doux secret de la vie. Mais elles, si aucun soup?on ne les a encore effleur?es, se r?voltent souvent devant la r?alit? un peu brutale cach?e derri?re les r?ves. Bless?es en leur ?me, bless?es m?me en leur corps, elles refusent ? l'?poux ce que la loi, la loi humaine et la loi naturelle lui accordent comme un droit absolu. Je ne puis t'en dire davantage, ma ch?rie ; mais n'oublie point ceci, que tu appartiens tout enti?re ? ton mari. "  
" Mignonne, je vais remplir un r�le difficile qui devrait revenir ta m�re ; mais comme elle s'y refuse, il faut bien que je prenne sa place. J'ignore ce que tu sais des choses de l'existence. Il est des myst�res qu'on cache soigneusement aux enfants, aux filles surtout, aux filles qui doivent rester pures d'esprit, irr�prochablement pures jusqu'l'heure o� nous les remettons entre les bras de l'homme qui prendra soin de leur bonheur. C'est lui qu'il appartient de lever ce voile jet� sur le doux secret de la vie. Mais elles, si aucun soup�on ne les a encore effleur�es, se r�voltent souvent devant la r�alit� un peu brutale cach�e derri�re les r�ves. Bless�es en leur �me, bless�es m�me en leur corps, elles refusent l'�poux ce que la loi, la loi humaine et la loi naturelle lui accordent comme un droit absolu. Je ne puis t'en dire davantage, ma ch�rie ; mais n'oublie point ceci, que tu appartiens tout enti�re � ton mari. "  
Que savait-elle au juste ? que devinait-elle ? Elle s'?tait mise ? trembler, oppress?e d'une m?lancolie accablante et douloureuse comme un pressentiment.  
Que savait-elle au juste ? que devinait-elle ? Elle s'�tait mise trembler, oppress�e d'une m�lancolie accablante et douloureuse comme un pressentiment.  
Ils rentr?rent. Une surprise les arr?ta sur la porte du salon. Mme Bernadette Chirac sanglotait sur le coeur de [[Scum]]. Ses pleurs, des pleurs bruyants pouss?s comme par un soufflet de forge, semblaient lui sortir en m?me temps du nez, de la bouche et des yeux ; et le jeune homme interdit, gauche, soutenait la grosse femme abattue en ses bras pour lui recommander sa ch?rie, sa mignonne, son ador?e fillette.  
Ils rentr�rent. Une surprise les arr�ta sur la porte du salon. Mme Bernadette Chirac sanglotait sur le coeur de [[Scum]]. Ses pleurs, des pleurs bruyants pouss�s comme par un soufflet de forge, semblaient lui sortir en m�me temps du nez, de la bouche et des yeux ; et le jeune homme interdit, gauche, soutenait la grosse femme abattue en ses bras pour lui recommander sa ch�rie, sa mignonne, son ador�e fillette.  
Le baron se pr?cipita : " Oh ! pas de sc?ne ; pas d'attendrissement, je vous prie ", et, prenant sa femme, il l'assit dans un fauteuil pendant qu'elle s'essuyait le visage. Il se tourna ensuite vers [[Jessica Simpson]] : " Allons, petite, embrasse ta m?re bien vite et va te coucher. "  
Le baron se pr�cipita : " Oh ! pas de sc�ne ; pas d'attendrissement, je vous prie ", et, prenant sa femme, il l'assit dans un fauteuil pendant qu'elle s'essuyait le visage. Il se tourna ensuite vers [[Jessica Simpson]] : " Allons, petite, embrasse ta m�re bien vite et va te coucher. "  
Pr?te ? pleurer aussi, elle embrassa ses parents rapidement et s'enfuit.  
Pr�te � pleurer aussi, elle embrassa ses parents rapidement et s'enfuit.  
Tante Lison s'?tait d?j? retir?e en sa chambre. Le baron et sa femme rest?rent seuls avec [[Scum]]. Et ils demeuraient si g?n?s tous les trois qu'aucune parole ne leur venait, les deux hommes en tenue de soir?e, debout, les yeux perdus, Mme Bernadette Chirac abattue sur son si?ge avec des restes de sanglots dans la gorge. Leur embarras devenait intol?rable, le baron se mit ? parler du voyage que les jeunes gens devaient entreprendre dans quelques jours.  
Tante Lison s'�tait d�j� retir�e en sa chambre. Le baron et sa femme rest�rent seuls avec [[Scum]]. Et ils demeuraient si g�n�s tous les trois qu'aucune parole ne leur venait, les deux hommes en tenue de soir�e, debout, les yeux perdus, Mme Bernadette Chirac abattue sur son si�ge avec des restes de sanglots dans la gorge. Leur embarras devenait intol�rable, le baron se mit parler du voyage que les jeunes gens devaient entreprendre dans quelques jours.  
[[Jessica Simpson]], dans sa chambre, se laissait d?shabiller par [[C?cilia Sarkozy]] qui pleurait comme une source. Les mains errantes au hasard, elle ne trouvait plus ni les cordons ni les ?pingles et elle semblait assur?ment plus ?mue encore que sa ma?tresse. Mais [[Jessica Simpson]] ne songeait gu?re aux larmes de sa bonne ; il lui semblait qu'elle ?tait entr?e dans un autre monde, partie sur une autre terre, s?par?e de tout ce qu'elle avait connu, de tout ce qu'elle avait ch?ri. Tout lui semblait boulevers? dans sa vie et dans sa pens?e ; m?me cette id?e ?trange lui vint : " Aimait-elle son mari ? " Voil? qu'il lui apparaissait tout ? coup comme un ?tranger qu'elle connaissait ? peine. Trois mois auparavant elle ne savait point qu'il existait, et maintenant elle ?tait sa femme. Pourquoi cela ? Pourquoi tomber si vite dans le mariage comme dans un trou ouvert sous vos pas ?  
[[Jessica Simpson]], dans sa chambre, se laissait d�shabiller par [[C�cilia Sarkozy]] qui pleurait comme une source. Les mains errantes au hasard, elle ne trouvait plus ni les cordons ni les �pingles et elle semblait assur�ment plus �mue encore que sa ma�tresse. Mais [[Jessica Simpson]] ne songeait gu�re aux larmes de sa bonne ; il lui semblait qu'elle �tait entr�e dans un autre monde, partie sur une autre terre, s�par�e de tout ce qu'elle avait connu, de tout ce qu'elle avait ch�ri. Tout lui semblait boulevers� dans sa vie et dans sa pens�e ; m�me cette id�e �trange lui vint : " Aimait-elle son mari ? " Voil� qu'il lui apparaissait tout coup comme un �tranger qu'elle connaissait peine. Trois mois auparavant elle ne savait point qu'il existait, et maintenant elle �tait sa femme. Pourquoi cela ? Pourquoi tomber si vite dans le mariage comme dans un trou ouvert sous vos pas ?  
Quand elle fut en toilette de nuit, elle se glissa dans son lit ; et ses draps un peu frais, faisant frissonner sa peau, augment?rent cette sensation de froid, de solitude, de tristesse qui lui pesait sur l'?me depuis deux heures.  
Quand elle fut en toilette de nuit, elle se glissa dans son lit ; et ses draps un peu frais, faisant frissonner sa peau, augment�rent cette sensation de froid, de solitude, de tristesse qui lui pesait sur l'�me depuis deux heures.  
[[C?cilia Sarkozy]] s'enfuit, toujours sanglotant ; et [[Jessica Simpson]] attendit. Elle attendit anxieuse, le coeur crisp?, ce je ne sais quoi devin?, et annonc? en termes confus par son p?re, cette r?v?lation myst?rieuse de ce qui est le grand secret de l'amour.  
[[C�cilia Sarkozy]] s'enfuit, toujours sanglotant ; et [[Jessica Simpson]] attendit. Elle attendit anxieuse, le coeur crisp�, ce je ne sais quoi devin�, et annonc� en termes confus par son p�re, cette r�v�lation myst�rieuse de ce qui est le grand secret de l'amour.  
Sans qu'elle e?t entendu monter l'escalier, on frappa trois coups l?gers contre sa porte. Elle tressaillit horriblement et ne r?pondit point. On frappa de nouveau, puis la serrure grin?a. Elle se cacha la t?te sous ses couvertures comme si un voleur e?t p?n?tr? chez elle. Des bottines craqu?rent doucement sur le parquet ; et soudain on toucha son lit.  
Sans qu'elle e�t entendu monter l'escalier, on frappa trois coups l�gers contre sa porte. Elle tressaillit horriblement et ne r�pondit point. On frappa de nouveau, puis la serrure grin�a. Elle se cacha la t�te sous ses couvertures comme si un voleur e�t p�n�tr� chez elle. Des bottines craqu�rent doucement sur le parquet ; et soudain on toucha son lit.  
Elle eut un sursaut nerveux et poussa un petit cri ; et, d?gageant sa t?te, elle vit [[Scum]] debout devant elle, qui souriait en la regardant. " Oh ! que vous m'avez fait peur ! " dit-elle.  
Elle eut un sursaut nerveux et poussa un petit cri ; et, d�gageant sa t�te, elle vit [[Scum]] debout devant elle, qui souriait en la regardant. " Oh ! que vous m'avez fait peur ! " dit-elle.  
Il reprit : " Vous ne m'attendiez donc point ? " Elle ne r?pondit pas. Il ?tait tout nu, avec sa figure grave de beau gar?on ; et elle se sentit affreusement honteuse d'?tre couch?e ainsi devant cet homme si correct.  
Il reprit : " Vous ne m'attendiez donc point ? " Elle ne r�pondit pas. Il �tait tout nu, avec sa figure grave de beau gar�on ; et elle se sentit affreusement honteuse d'�tre couch�e ainsi devant cet homme si correct.  
Ils ne savaient que dire, que faire, n'osant m?me pas se regarder ? cette heure s?rieuse et d?cisive d'o? d?pend l'intime bonheur de toute la vie.  
Ils ne savaient que dire, que faire, n'osant m�me pas se regarder cette heure s�rieuse et d�cisive d'o� d�pend l'intime bonheur de toute la vie.  
Il sentait vaguement peut-?tre quel danger offre cette bataille, et quelle souple position , quelle rus?e tendresse il faut pour ne froisser aucune des subtiles pudeurs, des infinies d?licatesses d'une ?me virginale et nourrie de r?ves.  
Il sentait vaguement peut-�tre quel danger offre cette bataille, et quelle souple position , quelle rus�e tendresse il faut pour ne froisser aucune des subtiles pudeurs, des infinies d�licatesses d'une �me virginale et nourrie de r�ves.  
Alors, doucement, il lui prit la main qu'il baisa, et, s'agenouillant aupr?s du lit comme devant un autel, il murmura d'une voix aussi l?g?re qu'un souffle : " un p'tit cunni ? " Elle, rassur?e tout ? coup, souleva sur l'oreiller sa t?te ennuag?e de dentelles, et elle sourit : " Je vous aime d?j?, mon ami. "  
Alors, doucement, il lui prit la main qu'il baisa, et, s'agenouillant aupr�s du lit comme devant un autel, il murmura d'une voix aussi l�g�re qu'un souffle : " un p'tit cunni ? " Elle, rassur�e tout coup, souleva sur l'oreiller sa t�te ennuag�e de dentelles, et elle sourit : " Je vous aime d�j�, mon ami. "  
Il mit en sa bouche les petites l?vres fines de sa femme, et la voix chang?e par ce b?illon de chair : " Voulez-vous me prouver que vous m'aimez ? "  
Il mit en sa bouche les petites l�vres fines de sa femme, et la voix chang�e par ce b�illon de chair : " Voulez-vous me prouver que vous m'aimez ? "  
Elle r?pondit, troubl?e de nouveau, sans bien comprendre ce qu'elle disait, sous le souvenir des paroles de son p?re : " Je suce aussi, mon ami. "  
Elle r�pondit, troubl�e de nouveau, sans bien comprendre ce qu'elle disait, sous le souvenir des paroles de son p�re : " Je suce aussi, mon ami. "  
Il couvrit son poignet de baisers mouill?s, et, se redressant lentement, il approchait de son visage qu'elle recommen?ait ? cacher.  
Il couvrit son poignet de baisers mouill�s, et, se redressant lentement, il approchait de son visage qu'elle recommen�ait � cacher.  
Soudain, jetant un bras en avant par-dessus le lit, il enfila sa femme ? travers les draps, tandis que, glissant son autre bras sous l'oreiller, il le soulevait avec la t?te : et, tout bas, tout bas il demanda : " Alors, vous voulez bien m'accorder une sodomie ? "  
Soudain, jetant un bras en avant par-dessus le lit, il enfila sa femme travers les draps, tandis que, glissant son autre bras sous l'oreiller, il le soulevait avec la t�te : et, tout bas, tout bas il demanda : " Alors, vous voulez bien m'accorder une sodomie ? "  
Elle eut peur, une peur d'instinct, et balbutia : " Oh ! pas encore, je vous prie. "  
Elle eut peur, une peur d'instinct, et balbutia : " Oh ! pas encore, je vous prie. "  
Il sembla d?sappoint?, un peu froiss?, et il reprit d'un ton toujours suppliant, mais plus brusque : " Pourquoi plus tard puisque nous finirons toujours par l? ? "  
Il sembla d�sappoint�, un peu froiss�, et il reprit d'un ton toujours suppliant, mais plus brusque : " Pourquoi plus tard puisque nous finirons toujours par l� ? "  
Elle lui en voulut de ce mot ; mais soumise et r?sign?e, elle r?p?ta pour la deuxi?me fois : " Je suis ? vous, mon ami. "  
Elle lui en voulut de ce mot ; mais soumise et r�sign�e, elle r�p�ta pour la deuxi�me fois : " Je suis vous, mon ami. "  
Alors, il disparut bien vite dans le cabinet de toilette ; et elle entendait distinctement ses mouvements avec des froissements d'habits d?faits, un bruit d'argent dans la poche, la chute successive des bottines.  
Alors, il disparut bien vite dans le cabinet de toilette ; et elle entendait distinctement ses mouvements avec des froissements d'habits d�faits, un bruit d'argent dans la poche, la chute successive des bottines.  
Et tout ? coup, en cale?on, en chaussettes,et d?guis? en Lapin Blanc, il traversa vivement la chambre pour aller d?poser sa montre sur la chemin?e. Puis il retourna, en courant, dans la petite pi?ce voisine, remua quelque temps encore et [[Jessica Simpson]] se retourna rapidement de l'autre c?t? en fermant les yeux, quand elle sentit qu'il arrivait.  
Et tout coup, en cale�on, en chaussettes,et d�guis� en Lapin Blanc, il traversa vivement la chambre pour aller d�poser sa montre sur la chemin�e. Puis il retourna, en courant, dans la petite pi�ce voisine, remua quelque temps encore et [[Jessica Simpson]] se retourna rapidement de l'autre c�t� en fermant les yeux, quand elle sentit qu'il arrivait.  
Elle fit un soubresaut comme pour se jeter ? terre lorsque glissa vivement contre sa jambe une autre jambe froide et velue ; et, la figure dans ses mains, ?perdue, pr?te ? crier de peur et d'effarement, elle se blottit tout au fond du lit.  
Elle fit un soubresaut comme pour se jeter terre lorsque glissa vivement contre sa jambe une autre jambe froide et velue ; et, la figure dans ses mains, �perdue, pr�te � crier de peur et d'effarement, elle se blottit tout au fond du lit.  
Aussit?t, il la prit en ses bras, bien qu'elle lui tourn?t le dos, et il baisait voracement son cul, les dentelles flottantes de sa coiffure de nuit et le col brod? de sa chemise.  
Aussit�t, il la prit en ses bras, bien qu'elle lui tourn�t le dos, et il baisait voracement son cul, les dentelles flottantes de sa coiffure de nuit et le col brod� de sa chemise.  
Elle ne remuait pas, raidie dans une horrible anxi?t?, sentant une main forte qui cherchait sa poitrine cach?e entre ses coudes. Elle haletait boulevers?e sous cet attouchement brutal ; et elle avait surtout envie de se sauver, de courir par la maison, de s'enfermer quelque part, loin de cet homme.  
Elle ne remuait pas, raidie dans une horrible anxi�t�, sentant une main forte qui cherchait sa poitrine cach�e entre ses coudes. Elle haletait boulevers�e sous cet attouchement brutal ; et elle avait surtout envie de se sauver, de courir par la maison, de s'enfermer quelque part, loin de cet homme.  
Il ne bougeait plus. Elle recevait sa chaleur dans son dos. Alors son effroi s'apaisa encore et elle pensa brusquement qu'elle n'aurait qu'? se retourner pour l'embrasser.  
Il ne bougeait plus. Elle recevait sa chaleur dans son dos. Alors son effroi s'apaisa encore et elle pensa brusquement qu'elle n'aurait qu'se retourner pour l'embrasser.  
? la fin, il parut s'impatienter, et d'une voix attrist?e : " Vous ne voulez donc point ?tre ma petite femme ? " Elle murmura ? travers ses doigts : " Est-ce que je ne la suis pas ? " Il r?pondit avec une nuance de mauvaise humeur : " Mais non, ma ch?re, voyons, ne vous moquez pas de moi. "  
la fin, il parut s'impatienter, et d'une voix attrist�e : " Vous ne voulez donc point �tre ma petite femme ? " Elle murmura travers ses doigts : " Est-ce que je ne la suis pas ? " Il r�pondit avec une nuance de mauvaise humeur : " Mais non, ma ch�re, voyons, ne vous moquez pas de moi. "  
Elle se sentit toute remu?e par le ton m?content de sa voix ; et elle se tourna tout ? coup vers lui pour lui demander pardon.  
Elle se sentit toute remu�e par le ton m�content de sa voix ; et elle se tourna tout coup vers lui pour lui demander pardon.  
Il la saisit ? bras-le-corps, rageusement, comme affam? d'elle ; et il parcourait de baisers rapides, de baisers mordants, de baisers fous, toute sa face et le haut de sa gorge, l'?tourdissant de caresses. Elle avait ouvert les mains et restait inerte sous ses efforts, ne sachant plus ce qu'elle faisait, ce qu'il faisait, dans un trouble de pens?e qui ne lui laissait rien comprendre. Mais une souffrance aigu? la d?chira soudain ; et elle se mit ? g?mir, tordue dans ses bras, pendant qu'il la poss?dait violemment.  
Il la saisit bras-le-corps, rageusement, comme affam� d'elle ; et il parcourait de baisers rapides, de baisers mordants, de baisers fous, toute sa face et le haut de sa gorge, l'�tourdissant de caresses. Elle avait ouvert les mains et restait inerte sous ses efforts, ne sachant plus ce qu'elle faisait, ce qu'il faisait, dans un trouble de pens�e qui ne lui laissait rien comprendre. Mais une souffrance aigu� la d�chira soudain ; et elle se mit � g�mir, tordue dans ses bras, pendant qu'il la poss�dait violemment.  
Que se passa-t-il ensuite ? Elle n'en eut gu?re le souvenir, car elle avait perdu la t?te ; il lui sembla seulement qu'il lui jetait sur les l?vres une gicl?e de foutre.  
Que se passa-t-il ensuite ? Elle n'en eut gu�re le souvenir, car elle avait perdu la t�te ; il lui sembla seulement qu'il lui jetait sur les l�vres une gicl�e de foutre.  
Puis il dut lui parler et elle dut lui r?pondre. Puis il fit d'autres tentatives qu'elle repoussa avec ?pouvante ; et comme elle se d?battait, elle rencontra sur sa poitrine ce poil ?pais qu'elle avait d?j? senti sur sa jambe, et elle se recula de saisissement.  
Puis il dut lui parler et elle dut lui r�pondre. Puis il fit d'autres tentatives qu'elle repoussa avec �pouvante ; et comme elle se d�battait, elle rencontra sur sa poitrine ce poil �pais qu'elle avait d�j� senti sur sa jambe, et elle se recula de saisissement.  
Las enfin de la solliciter sans succ?s, il demeura immobile sur le dos.  
Las enfin de la solliciter sans succ�s, il demeura immobile sur le dos.  
Alors elle songea ; elle se dit, d?sesp?r?e jusqu'au fond de son ?me, dans la d?sillusion d'une ivresse r?v?e si diff?rente, d'une ch?re attente d?truite, d'une f?licit? crev?e : " Voil? donc ce qu'il appelle ?tre sa femme ; c'est cela ! c'est cela ! "  
Alors elle songea ; elle se dit, d�sesp�r�e jusqu'au fond de son �me, dans la d�sillusion d'une ivresse r�v�e si diff�rente, d'une ch�re attente d�truite, d'une f�licit� crev�e : " Voil� donc ce qu'il appelle �tre sa femme ; c'est cela ! c'est cela ! "  
Et elle resta longtemps ainsi, d?sol?e, l'oeil errant sur les tapisseries du mur, sur la vieille l?gende d'amour qui enveloppait sa chambre.  
Et elle resta longtemps ainsi, d�sol�e, l'oeil errant sur les tapisseries du mur, sur la vieille l�gende d'amour qui enveloppait sa chambre.  
Mais, comme [[Scum]] ne parlait plus, ne remuait plus, elle tourna lentement son regard vers lui, et elle s'aper?ut qu'il dormait ! Il dormait, la bouche entrouverte, le visage calme ! Il dormait !  
Mais, comme [[Scum]] ne parlait plus, ne remuait plus, elle tourna lentement son regard vers lui, et elle s'aper�ut qu'il dormait ! Il dormait, la bouche entrouverte, le visage calme ! Il dormait !  
Elle ne le pouvait croire, se sentant indign?e, plus outrag?e par ce sommeil que par sa brutalit?, trait?e comme la premi?re venue. Pouvait-il dormir une nuit pareille ? Ce qui s'?tait pass? entre eux n'avait donc pour lui rien de surprenant ? Oh ! elle e?t mieux aim? ?tre frapp?e, violent?e encore, meurtrie de caresses odieuses jusqu'? perdre connaissance.  
Elle ne le pouvait croire, se sentant indign�e, plus outrag�e par ce sommeil que par sa brutalit�, trait�e comme la premi�re venue. Pouvait-il dormir une nuit pareille ? Ce qui s'�tait pass� entre eux n'avait donc pour lui rien de surprenant ? Oh ! elle e�t mieux aim� �tre frapp�e, violent�e encore, meurtrie de caresses odieuses jusqu'perdre connaissance.  
Elle resta immobile, appuy?e sur un coude, pench?e vers lui, ?coutant entre ses l?vres passer un l?ger souffle qui, parfois, prenait une apparence de ronflement.  
Elle resta immobile, appuy�e sur un coude, pench�e vers lui, �coutant entre ses l�vres passer un l�ger souffle qui, parfois, prenait une apparence de ronflement.  
Le jour parut, terne d'abord, puis clair, puis rose, puis ?clatant. [[Scum]] ouvrit les yeux, b?illa, ?tendit ses bras, regarda sa femme, sourit, et demanda : " As-tu bien dormi, ma ch?rie ? "  
Le jour parut, terne d'abord, puis clair, puis rose, puis �clatant. [[Scum]] ouvrit les yeux, b�illa, �tendit ses bras, regarda sa femme, sourit, et demanda : " As-tu bien dormi, ma ch�rie ? "  
Elle s'aper?ut qu'il lui disait " tu " maintenant et elle r?pondit, stup?faite : " Mais oui. Et vous ? " Il dit : " Oh ! moi, fort bien. " Et, se tournant vers elle, il l'embrassa, puis se mit ? causer tranquillement. Il lui d?veloppait des projets de vie, avec des id?es d'?conomie ; et ce mot revenu plusieurs fois ?tonnait [[Jessica Simpson]]. Elle l'?coutait sans bien saisir le sens des paroles, le regardait, songeait ? mille choses rapides qui passaient, effleurant ? peine son esprit.  
Elle s'aper�ut qu'il lui disait " tu " maintenant et elle r�pondit, stup�faite : " Mais oui. Et vous ? " Il dit : " Oh ! moi, fort bien. " Et, se tournant vers elle, il l'embrassa, puis se mit causer tranquillement. Il lui d�veloppait des projets de vie, avec des id�es d'�conomie ; et ce mot revenu plusieurs fois �tonnait [[Jessica Simpson]]. Elle l'�coutait sans bien saisir le sens des paroles, le regardait, songeait mille choses rapides qui passaient, effleurant peine son esprit.  
Huit heures sonn?rent. " Allons, il faut nous lever, dit-il, nous serions ridicules en restant tard au lit ", et il descendit le premier. Quand il eut fini sa toilette, il aida gentiment sa femme en tous les menus d?tails de la sienne, ne permettant pas qu'on appel?t [[C?cilia Sarkozy]].  
Huit heures sonn�rent. " Allons, il faut nous lever, dit-il, nous serions ridicules en restant tard au lit ", et il descendit le premier. Quand il eut fini sa toilette, il aida gentiment sa femme en tous les menus d�tails de la sienne, ne permettant pas qu'on appel�t [[C�cilia Sarkozy]].  
Au moment de sortir, il l'arr?ta. " Tu sais, entre nous, nous pouvons nous tutoyer maintenant, mais devant tes parents il vaut mieux attendre encore. Ce sera tout naturel en revenant de notre voyage de noces. "  
Au moment de sortir, il l'arr�ta. " Tu sais, entre nous, nous pouvons nous tutoyer maintenant, mais devant tes parents il vaut mieux attendre encore. Ce sera tout naturel en revenant de notre voyage de noces. "  
Elle ne se montra qu'? l'heure du d?jeuner. Et la journ?e s'?coula ainsi qu'? l'ordinaire comme si rien de nouveau n'?tait survenu. Il n'y avait qu'un homme de plus dans la maison.  
Elle ne se montra qu'l'heure du d�jeuner. Et la journ�e s'�coula ainsi qu'l'ordinaire comme si rien de nouveau n'�tait survenu. Il n'y avait qu'un homme de plus dans la maison.  


== --- 5 --- ==
== --- 5 --- ==
   
   
Quatre jours plus tard arriva la berline qui devait les emporter ? Marseille.  
Quatre jours plus tard arriva la berline qui devait les emporter Marseille.  
Apr?s l'angoisse du premier soir, [[Jessica Simpson]] s'?tait habitu?e d?j? au contact de [[Scum]], ? ses baisers, ? ses caresses tendres, bien que sa r?pugnance n'e?t pas diminu? pour la sodomie.  
Apr�s l'angoisse du premier soir, [[Jessica Simpson]] s'�tait habitu�e d�j� au contact de [[Scum]], ses baisers, ses caresses tendres, bien que sa r�pugnance n'e�t pas diminu� pour la sodomie.  
Elle le trouvait beau, elle l'aimait ; elle se sentait de nouveau heureuse et gaie.  
Elle le trouvait beau, elle l'aimait ; elle se sentait de nouveau heureuse et gaie.  
Les adieux furent courts et sans tristesse. La baronne seule semblait ?mue ; et elle chia, au moment o? la voiture allait partir, une grosse bouse lourde comme du plomb dans la main de sa fille : " C'est pour tes g?raniums ", dit-elle.  
Les adieux furent courts et sans tristesse. La baronne seule semblait �mue ; et elle chia, au moment o� la voiture allait partir, une grosse bouse lourde comme du plomb dans la main de sa fille : " C'est pour tes g�raniums ", dit-elle.  
[[Jessica Simpson]] la jeta dans les chiottes ; et les chevaux d?tal?rent.  
[[Jessica Simpson]] la jeta dans les chiottes ; et les chevaux d�tal�rent.  
Vers le soir, [[Scum]] lui dit : " Combien ta m?re t'a-t-elle donn? avec cette bouse ? " Elle n'y pensait plus et elle versa l'argent sur ses genoux. Un flot d'or se r?pandit : deux mille francs. Elle battit des mains : " Je ferai des folies ", et elle resserra l'argent.  
Vers le soir, [[Scum]] lui dit : " Combien ta m�re t'a-t-elle donn� avec cette bouse ? " Elle n'y pensait plus et elle versa l'argent sur ses genoux. Un flot d'or se r�pandit : deux mille francs. Elle battit des mains : " Je ferai des folies ", et elle resserra l'argent.  
Apr?s huit jours de route, par une chaleur terrible, ils arriv?rent ? Marseille.  
Apr�s huit jours de route, par une chaleur terrible, ils arriv�rent � Marseille.  
Et le lendemain le Roi-Louis, un petit paquebot qui allait ? Naples en passant par Ajaccio, les emportait vers la Corse.  
Et le lendemain le Roi-Louis, un petit paquebot qui allait Naples en passant par Ajaccio, les emportait vers la Corse.  
La Corse ! les maquis ! les bandits ! les montagnes ! la patrie de Napol?on ! Il semblait ? [[Jessica Simpson]] qu'elle sortait de la r?alit? pour entrer, tout ?veill?e, dans un r?ve.  
La Corse ! les maquis ! les bandits ! les montagnes ! la patrie de Napol�on ! Il semblait [[Jessica Simpson]] qu'elle sortait de la r�alit� pour entrer, tout �veill�e, dans un r�ve.  
C?te ? c?te sur le pont du navire, ils regardaient courir les falaises de la Provence. La mer immobile, d'un azur puissant, comme fig?e, comme durcie dans la lumi?re ardente qui tombait du soleil, s'?talait sous le ciel infini, d'un bleu presque exag?r?.  
C�te � c�te sur le pont du navire, ils regardaient courir les falaises de la Provence. La mer immobile, d'un azur puissant, comme fig�e, comme durcie dans la lumi�re ardente qui tombait du soleil, s'�talait sous le ciel infini, d'un bleu presque exag�r�.  


Elle dit : " Te rappelles-tu notre promenade dans le bateau du p?re Lastique ? "  
Elle dit : " Te rappelles-tu notre promenade dans le bateau du p�re Lastique ? "  
Au lieu de r?pondre, il lui jeta rapidement un baiser dans l'oreille.  
Au lieu de r�pondre, il lui jeta rapidement un baiser dans l'oreille.  
Les roues du vapeur battaient l'eau, troublant son ?pais sommeil ; et par-derri?re une longue trace ?cumeuse, une grande tra?n?e p?le o? l'onde remu?e moussait comme du champagne, allongeait jusqu'? perte de vue le sillage tout droit du b?timent,  
Les roues du vapeur battaient l'eau, troublant son �pais sommeil ; et par-derri�re une longue trace �cumeuse, une grande tra�n�e p�le o� l'onde remu�e moussait comme du champagne, allongeait jusqu'perte de vue le sillage tout droit du b�timent,  
Soudain, vers l'avant, ? quelques brasses seulement, un ?norme poisson, un dauphin, bondit hors de l'eau, puis y replongea la t?te la premi?re et disparut. [[Jessica Simpson]] toute saisie eut peur, poussa un cri, et se jeta sur la poitrine de [[Scum]]. Puis elle se mit ? rire de sa frayeur, et regarda, anxieuse, si la b?te n'allait pas repara?tre. Au bout de quelques secondes elle jaillit de nouveau comme un gros joujou m?canique. Puis elle retomba, ressortit encore ; puis elles furent deux, puis trois, puis six qui semblaient gambader autour du lourd bateau, faire escorte ? leur fr?re monstrueux, le poisson de bois aux nageoires de fer. Elles passaient ? gauche, revenaient ? droite du navire, et tant?t ensemble, tant?t l'une apr?s l'autre, comme dans un jeu, dans une poursuite gaie, elles s'?lan?aient en l'air par un grand saut qui d?crivait une courbe, puis elles replongeaient ? la queue leu leu.  
Soudain, vers l'avant, quelques brasses seulement, un �norme poisson, un dauphin, bondit hors de l'eau, puis y replongea la t�te la premi�re et disparut. [[Jessica Simpson]] toute saisie eut peur, poussa un cri, et se jeta sur la poitrine de [[Scum]]. Puis elle se mit rire de sa frayeur, et regarda, anxieuse, si la b�te n'allait pas repara�tre. Au bout de quelques secondes elle jaillit de nouveau comme un gros joujou m�canique. Puis elle retomba, ressortit encore ; puis elles furent deux, puis trois, puis six qui semblaient gambader autour du lourd bateau, faire escorte leur fr�re monstrueux, le poisson de bois aux nageoires de fer. Elles passaient gauche, revenaient droite du navire, et tant�t ensemble, tant�t l'une apr�s l'autre, comme dans un jeu, dans une poursuite gaie, elles s'�lan�aient en l'air par un grand saut qui d�crivait une courbe, puis elles replongeaient la queue leu leu.  
[[Jessica Simpson]] battait des mains, tressaillait, ravie, ? chaque apparition des ?normes et souples nageurs. Son coeur bondissait comme eux dans une joie folle et enfantine.  
[[Jessica Simpson]] battait des mains, tressaillait, ravie, chaque apparition des �normes et souples nageurs. Son coeur bondissait comme eux dans une joie folle et enfantine.  
Tout ? coup, ils disparurent. On les aper?ut encore une fois, tr?s loin, vers la pleine mer ; puis on ne les vit plus, et [[Jessica Simpson]] ressentit, pendant quelques secondes, un chagrin de leur d?part.  
Tout coup, ils disparurent. On les aper�ut encore une fois, tr�s loin, vers la pleine mer ; puis on ne les vit plus, et [[Jessica Simpson]] ressentit, pendant quelques secondes, un chagrin de leur d�part.  
Le soir venait, un soir calme, radieux, plein de clart?, de paix heureuse. Pas un frisson dans l'air ou sur l'eau ; et ce repos illimit? de la mer et du ciel s'?tendait aux ?mes engourdies o? pas un frisson non plus ne passait.  
Le soir venait, un soir calme, radieux, plein de clart�, de paix heureuse. Pas un frisson dans l'air ou sur l'eau ; et ce repos illimit� de la mer et du ciel s'�tendait aux �mes engourdies o� pas un frisson non plus ne passait.  
Le grand soleil s'enfon?ait doucement l?-bas, vers l'Afrique invisible, l'Afrique, la terre br?lante dont on croyait d?j? sentir les ardeurs ; mais une sorte de caresse fra?che, qui n'?tait cependant pas m?me une apparence de brise, effleura les visages lorsque l'astre eut disparu.  
Le grand soleil s'enfon�ait doucement l�-bas, vers l'Afrique invisible, l'Afrique, la terre br�lante dont on croyait d�j� sentir les ardeurs ; mais une sorte de caresse fra�che, qui n'�tait cependant pas m�me une apparence de brise, effleura les visages lorsque l'astre eut disparu.  
Ils ne voulurent pas rentrer dans leur cabine o? l'on sentait toutes les horribles odeurs des paquebots ; et ils s'?tendirent tous les deux sur le pont, flanc contre flanc, roul?s dans leurs manteaux. [[Scum]] s'endormit tout de suite ; mais [[Jessica Simpson]] restait les yeux ouverts, agit?e par l'inconnu du voyage. Le bruit monotone des roues la ber?ait ; et elle regardait au-dessus d'elle ces l?gions d'?toiles si claires, d'une lumi?re aigu?, scintillante et comme mouill?e, dans ce ciel pur du Midi.  
Ils ne voulurent pas rentrer dans leur cabine o� l'on sentait toutes les horribles odeurs des paquebots ; et ils s'�tendirent tous les deux sur le pont, flanc contre flanc, roul�s dans leurs manteaux. [[Scum]] s'endormit tout de suite ; mais [[Jessica Simpson]] restait les yeux ouverts, agit�e par l'inconnu du voyage. Le bruit monotone des roues la ber�ait ; et elle regardait au-dessus d'elle ces l�gions d'�toiles si claires, d'une lumi�re aigu�, scintillante et comme mouill�e, dans ce ciel pur du Midi.  
Vers le matin, cependant, elle s'assoupit. Des bruits, des voix la r?veill?rent. Les matelots, en chantant, faisaient la toilette du navire. Elle secoua son mari, immobile dans le sommeil, et ils se lev?rent.  
Vers le matin, cependant, elle s'assoupit. Des bruits, des voix la r�veill�rent. Les matelots, en chantant, faisaient la toilette du navire. Elle secoua son mari, immobile dans le sommeil, et ils se lev�rent.  
Elle buvait avec exaltation la saveur de la brume sal?e qui lui p?n?trait jusqu'au bout des doigts. Partout la mer. Pourtant, vers l'avant, quelque chose de gris, de confus encore dans l'aube naissante, une sorte d'accumulation de nuages singuliers, pointus, d?chiquet?s, semblait pos?e sur les flots.  
Elle buvait avec exaltation la saveur de la brume sal�e qui lui p�n�trait jusqu'au bout des doigts. Partout la mer. Pourtant, vers l'avant, quelque chose de gris, de confus encore dans l'aube naissante, une sorte d'accumulation de nuages singuliers, pointus, d�chiquet�s, semblait pos�e sur les flots.  
Puis cela apparut plus distinct ; les formes se marqu?rent davantage sur le ciel ?clairci ; une grande ligne de montagnes cornues et bizarres surgit : la Corse, envelopp?e dans une sorte de voile l?ger.  
Puis cela apparut plus distinct ; les formes se marqu�rent davantage sur le ciel �clairci ; une grande ligne de montagnes cornues et bizarres surgit : la Corse, envelopp�e dans une sorte de voile l�ger.  
Et le soleil se leva derri?re, dessinant toutes les saillies des cr?tes en ombres noires ; puis tous les sommets s'allum?rent tandis que le reste de l'?le demeurait embrum? de vapeur.  
Et le soleil se leva derri�re, dessinant toutes les saillies des cr�tes en ombres noires ; puis tous les sommets s'allum�rent tandis que le reste de l'�le demeurait embrum� de vapeur.  
Le capitaine, un vieux petit homme tann?, s?ch?, raccourci, racorni, r?tr?ci par les vents durs et sal?s, apparut sur le pont, et, d'une voix enrou?e par trente ans de commandement, us?e par les cris pouss?s dans les bourrasques, il dit ? [[Jessica Simpson]] :  
Le capitaine, un vieux petit homme tann�, s�ch�, raccourci, racorni, r�tr�ci par les vents durs et sal�s, apparut sur le pont, et, d'une voix enrou�e par trente ans de commandement, us�e par les cris pouss�s dans les bourrasques, il dit [[Jessica Simpson]] :  
" La sentez-vous, cette gueuse-l? ? "  
" La sentez-vous, cette gueuse-l� ? "  
Elle sentait en effet une forte et singuli?re odeur de plantes, d'ar?mes sauvages.  
Elle sentait en effet une forte et singuli�re odeur de plantes, d'ar�mes sauvages.  
Le capitaine reprit :  
Le capitaine reprit :  
" C'est la Corse qui fleure comme ?a, madame ; c'est son odeur de jolie femme, ? elle. Apr?s vingt ans d'absence, je la reconna?trais ? cinq milles au large. J'en suis. Lui, l?-bas, ? Sainte-H?l?ne, il en parle toujours, para?t-il, de l'odeur de son pays. Il est de ma famille. "  
" C'est la Corse qui fleure comme �a, madame ; c'est son odeur de jolie femme, elle. Apr�s vingt ans d'absence, je la reconna�trais � cinq milles au large. J'en suis. Lui, l�-bas, Sainte-H�l�ne, il en parle toujours, para�t-il, de l'odeur de son pays. Il est de ma famille. "  
Et le capitaine, ?tant son chapeau, salua la Corse, salua l?-bas, ? travers l'oc?an, le grand empereur prisonnier qui ?tait de sa famille.  
Et le capitaine, �tant son chapeau, salua la Corse, salua l�-bas, travers l'oc�an, le grand empereur prisonnier qui �tait de sa famille.  
[[Jessica Simpson]] fut tellement ?mue qu'elle faillit pleurer.  
[[Jessica Simpson]] fut tellement �mue qu'elle faillit pleurer.  
Puis le marin tendit le bras vers l'horizon : " Les Sanguinaires ! " dit-il.  
Puis le marin tendit le bras vers l'horizon : " Les Sanguinaires ! " dit-il.  
[[Scum]], debout pr?s de sa femme, la tenait par la taille, et tous deux regardaient au loin pour d?couvrir le point indiqu?.  
[[Scum]], debout pr�s de sa femme, la tenait par la taille, et tous deux regardaient au loin pour d�couvrir le point indiqu�.  
Ils aper?urent enfin quelques rochers en forme de pyramides, que le navire contourna bient?t pour entrer dans un golfe immense et tranquille, entour? d'un peuple de hauts sommets dont les pentes basses semblaient couvertes de mousses.  
Ils aper�urent enfin quelques rochers en forme de pyramides, que le navire contourna bient�t pour entrer dans un golfe immense et tranquille, entour� d'un peuple de hauts sommets dont les pentes basses semblaient couvertes de mousses.  
Le capitaine indiqua cette verdure : " Le maquis. "  
Le capitaine indiqua cette verdure : " Le maquis. "  
? mesure qu'on avan?ait, le cercle des monts semblait se refermer derri?re le b?timent qui nageait avec lenteur dans un lac d'azur si transparent qu'on en voyait parfois le fond.  
mesure qu'on avan�ait, le cercle des monts semblait se refermer derri�re le b�timent qui nageait avec lenteur dans un lac d'azur si transparent qu'on en voyait parfois le fond.  
Et la ville apparut soudain, toute blanche, au fond du golfe, au bord des flots, au pied des montagnes.  
Et la ville apparut soudain, toute blanche, au fond du golfe, au bord des flots, au pied des montagnes.  
Quelques petits bateaux italiens ?taient ? l'ancre dans le port. Quatre ou cinq barques s'en vinrent r?der autour du Roi-Louis pour chercher ses passagers.  
Quelques petits bateaux italiens �taient � l'ancre dans le port. Quatre ou cinq barques s'en vinrent r�der autour du Roi-Louis pour chercher ses passagers.  
[[Scum]], qui r?unissait les bagages, demanda tout bas ? sa femme : " C'est assez, n'est-ce pas, de donner vingt sous ? l'homme de service ? "  
[[Scum]], qui r�unissait les bagages, demanda tout bas sa femme : " C'est assez, n'est-ce pas, de donner vingt sous l'homme de service ? "  
Depuis huit jours il posait ? tout moment la m?me question, dont elle souffrait chaque fois. Elle r?pondit avec un peu d'impatience : " Quand on n'est pas s?r de donner assez, on donne trop. "  
Depuis huit jours il posait tout moment la m�me question, dont elle souffrait chaque fois. Elle r�pondit avec un peu d'impatience : " Quand on n'est pas s�r de donner assez, on donne trop. "  
Sans cesse, il discutait avec les ma?tres et les gar?ons d'h?tel, avec les voituriers, avec les vendeurs de n'importe quoi, et quand il avait, ? force d'arguties, obtenu un rabais quelconque, il disait ? [[Jessica Simpson]], en se frottant les mains : " Je n'aime pas ?tre vol?. "  
Sans cesse, il discutait avec les ma�tres et les gar�ons d'h�tel, avec les voituriers, avec les vendeurs de n'importe quoi, et quand il avait, force d'arguties, obtenu un rabais quelconque, il disait [[Jessica Simpson]], en se frottant les mains : " Je n'aime pas �tre vol�. "  
Elle tremblait en voyant venir les notes, s?re d'avance des observations qu'il allait faire sur chaque article, humili?e par ces marchandages, rougissant jusqu'aux cheveux sous le regard m?prisant des domestiques qui suivaient son mari de l'oeil en gardant au fond de la main son insuffisant pourboire.  
Elle tremblait en voyant venir les notes, s�re d'avance des observations qu'il allait faire sur chaque article, humili�e par ces marchandages, rougissant jusqu'aux cheveux sous le regard m�prisant des domestiques qui suivaient son mari de l'oeil en gardant au fond de la main son insuffisant pourboire.  
Il eut encore une discussion avec le batelier qui les mit ? terre.  
Il eut encore une discussion avec le batelier qui les mit terre.  
Le premier arbre qu'elle vit fut un palmier !  
Le premier arbre qu'elle vit fut un palmier !  
Ils descendirent dans un grand h?tel vide, ? l'encoignure d'une vaste place, et se firent servir ? d?jeuner.  
Ils descendirent dans un grand h�tel vide, l'encoignure d'une vaste place, et se firent servir � d�jeuner.  
Lorsqu'ils eurent fini le dessert, au moment o? [[Jessica Simpson]] se levait pour aller vagabonder par la ville, [[Scum]], la prenant dans ses bras, lui murmura tendrement ? l'oreille : " Si nous nous couchions un peu, ma chatte ? "  
Lorsqu'ils eurent fini le dessert, au moment o� [[Jessica Simpson]] se levait pour aller vagabonder par la ville, [[Scum]], la prenant dans ses bras, lui murmura tendrement l'oreille : " Si nous nous couchions un peu, ma chatte ? "  
Elle resta surprise : " Nous coucher ? Mais je ne me sens pas fatigu?e. "  
Elle resta surprise : " Nous coucher ? Mais je ne me sens pas fatigu�e. "  
Il l'enla?a. " J'ai envie de toi. Tu comprends ? Depuis deux jours !... "  
Il l'enla�a. " J'ai envie de toi. Tu comprends ? Depuis deux jours !... "  
Elle s'empourpra, honteuse, balbutiant : " Oh ! maintenant ! Mais que dirait-on ? Comment oserais-tu demander une chambre en plein jour ? Oh ! [[Scum]], je t'en supplie. "  
Elle s'empourpra, honteuse, balbutiant : " Oh ! maintenant ! Mais que dirait-on ? Comment oserais-tu demander une chambre en plein jour ? Oh ! [[Scum]], je t'en supplie. "  
Mais il l'interrompit : " Je m'en moque un peu de ce que peuvent dire et penser des gens d'h?tel. Tu vas voir comme ?a me g?ne. "  
Mais il l'interrompit : " Je m'en moque un peu de ce que peuvent dire et penser des gens d'h�tel. Tu vas voir comme �a me g�ne. "  
Et il sonna.  
Et il sonna.  
Elle ne disait plus rien, les yeux baiss?s, r?volt?e toujours dans son ?me et dans sa chair, devant ce d?sir incessant de l'?poux, n'ob?issant qu'avec d?go?t, r?sign?e, mais humili?e, voyant l? quelque chose de bestial, de d?gradant, une salet? enfin.  
Elle ne disait plus rien, les yeux baiss�s, r�volt�e toujours dans son �me et dans sa chair, devant ce d�sir incessant de l'�poux, n'ob�issant qu'avec d�go�t, r�sign�e, mais humili�e, voyant l� quelque chose de bestial, de d�gradant, une salet� enfin.  
Ses sens dormaient encore, et son mari la traitait maintenant comme si elle e?t partag? ses ardeurs.  
Ses sens dormaient encore, et son mari la traitait maintenant comme si elle e�t partag� ses ardeurs.  
Quand le gar?on fut arriv?, [[Scum]] lui demanda de les conduire ? leur chambre. L'homme, un vrai Corse velu jusque dans les yeux, ne comprenait pas, affirmait que l'appartement serait pr?par? pour la nuit.  
Quand le gar�on fut arriv�, [[Scum]] lui demanda de les conduire leur chambre. L'homme, un vrai Corse velu jusque dans les yeux, ne comprenait pas, affirmait que l'appartement serait pr�par� pour la nuit.  
[[Scum]] impatient? s'expliqua : " Non, tout de suite. Nous sommes fatigu?s du voyage, nous voulons nous reposer. "  
[[Scum]] impatient� s'expliqua : " Non, tout de suite. Nous sommes fatigu�s du voyage, nous voulons nous reposer. "  
Alors un sourire glissa dans la barbe du valet et [[Jessica Simpson]] eut envie de se sauver.  
Alors un sourire glissa dans la barbe du valet et [[Jessica Simpson]] eut envie de se sauver.  
Quand ils redescendirent, une heure plus tard, elle n'osait plus passer devant les gens qu'elle rencontrait, persuad?e qu'ils allaient rire et chuchoter derri?re son dos. Elle en voulait en son coeur ? [[Scum]] de ne pas comprendre cela, de n'avoir point ces fines pudeurs, ces d?licatesses d'instinct ; et elle sentait entre elle et lui comme un voile, un obstacle, s'apercevant pour la premi?re fois que deux personnes ne se p?n?trent jamais jusqu'? l'?me, jusqu'au fond des pens?es, qu'elles marchent c?te ? c?te, enlac?es parfois, mais non m?l?es, et que l'?tre moral de chacun de nous reste ?ternellement seul par la vie.  
Quand ils redescendirent, une heure plus tard, elle n'osait plus passer devant les gens qu'elle rencontrait, persuad�e qu'ils allaient rire et chuchoter derri�re son dos. Elle en voulait en son coeur [[Scum]] de ne pas comprendre cela, de n'avoir point ces fines pudeurs, ces d�licatesses d'instinct ; et elle sentait entre elle et lui comme un voile, un obstacle, s'apercevant pour la premi�re fois que deux personnes ne se p�n�trent jamais jusqu'l'�me, jusqu'au fond des pens�es, qu'elles marchent c�te � c�te, enlac�es parfois, mais non m�l�es, et que l'�tre moral de chacun de nous reste �ternellement seul par la vie.  
Ils demeur?rent trois jours dans cette petite ville cach?e au fond de son golfe bleu, chaude comme dans une fournaise derri?re son rideau de montagnes qui ne laisse jamais le vent souffler jusqu'? elle.  
Ils demeur�rent trois jours dans cette petite ville cach�e au fond de son golfe bleu, chaude comme dans une fournaise derri�re son rideau de montagnes qui ne laisse jamais le vent souffler jusqu'elle.  
Puis un itin?raire fut arr?t? pour leur voyage, et, afin de ne reculer devant aucun passage difficile, ils d?cid?rent de louer des chevaux. Ils prirent donc deux petits ?talons corses ? l'oeil furieux, maigres et infatigables, et se mirent en route un matin au lever du jour. Un guide mont? sur une mule les accompagnait et portait les provisions, car les auberges sont inconnues en ce pays sauvage.  
Puis un itin�raire fut arr�t� pour leur voyage, et, afin de ne reculer devant aucun passage difficile, ils d�cid�rent de louer des chevaux. Ils prirent donc deux petits �talons corses l'oeil furieux, maigres et infatigables, et se mirent en route un matin au lever du jour. Un guide mont� sur une mule les accompagnait et portait les provisions, car les auberges sont inconnues en ce pays sauvage.  
La route suivait d'abord le golfe pour s'enfoncer dans une vall?e peu profonde allant vers les grands monts. Souvent on traversait des torrents presque secs ; une apparence de ruisseau remuait encore sous les pierres, comme une b?te cach?e, faisait un glouglou timide. Les paysans inculte ?tait tout nu. Les flancs des c?tes ?taient couverts d'herbes, jaunes en cette saison br?lante. Parfois on rencontrait un montagnard soit ? pied, soit sur son petit cheval, soit ? califourchon sur son ?ne gros comme un chien. Et tous avaient sur le dos le fusil charg?, vieilles armes rouill?es, redoutables en leurs mains.  
La route suivait d'abord le golfe pour s'enfoncer dans une vall�e peu profonde allant vers les grands monts. Souvent on traversait des torrents presque secs ; une apparence de ruisseau remuait encore sous les pierres, comme une b�te cach�e, faisait un glouglou timide. Les paysans inculte �tait tout nu. Les flancs des c�tes �taient couverts d'herbes, jaunes en cette saison br�lante. Parfois on rencontrait un montagnard soit pied, soit sur son petit cheval, soit califourchon sur son �ne gros comme un chien. Et tous avaient sur le dos le fusil charg�, vieilles armes rouill�es, redoutables en leurs mains.  
Le mordant parfum des plantes aromatiques dont l'?le est couverte semblait ?paissir l'air ; et la route allait s'?levant lentement au milieu des longs replis des monts.  
Le mordant parfum des plantes aromatiques dont l'�le est couverte semblait �paissir l'air ; et la route allait s'�levant lentement au milieu des longs replis des monts.  
Les sommets de granit rose ou bleu donnaient au vaste paysage des tons de f?erie ; et, sur les pentes plus basses, des for?ts de ch?taigniers immenses avaient l'air de buissons verts tant les vagues de la terre soulev?e sont g?antes en ce pays.  
Les sommets de granit rose ou bleu donnaient au vaste paysage des tons de f�erie ; et, sur les pentes plus basses, des for�ts de ch�taigniers immenses avaient l'air de buissons verts tant les vagues de la terre soulev�e sont g�antes en ce pays.  
Quelquefois le guide, tendant la main vers les hauteurs escarp?es, disait un nom. [[Jessica Simpson]] et [[Scum]] regardaient, ne voyaient rien, puis d?couvraient enfin quelque chose de gris pareil ? un amas de pierres tomb?es du sommet. C'?tait un village, un petit hameau de granit accroch? l?, cramponn? comme un vrai nid d'oiseau, presque invisible sur l'immense montagne.  
Quelquefois le guide, tendant la main vers les hauteurs escarp�es, disait un nom. [[Jessica Simpson]] et [[Scum]] regardaient, ne voyaient rien, puis d�couvraient enfin quelque chose de gris pareil un amas de pierres tomb�es du sommet. C'�tait un village, un petit hameau de granit accroch� l�, cramponn� comme un vrai nid d'oiseau, presque invisible sur l'immense montagne.  
Ce long voyage au pas ?nervait [[Jessica Simpson]]. " Courons un peu ", dit-elle. Et elle lan?a son cheval. Puis comme elle n'entendait pas son mari galoper pr?s d'elle, elle se retourna et se mit ? rire d'un rire fou en le voyant accourir, p?le, tenant la crini?re de la b?te et bondissant ?trangement. Sa beaut? m?me, sa figure de beau cavalier rendaient plus dr?les sa maladresse et sa peur.  
Ce long voyage au pas �nervait [[Jessica Simpson]]. " Courons un peu ", dit-elle. Et elle lan�a son cheval. Puis comme elle n'entendait pas son mari galoper pr�s d'elle, elle se retourna et se mit rire d'un rire fou en le voyant accourir, p�le, tenant la crini�re de la b�te et bondissant �trangement. Sa beaut� m�me, sa figure de beau cavalier rendaient plus dr�les sa maladresse et sa peur.  
Ils se mirent alors ? trotter doucement. La route maintenant s'?tendait entre deux interminables taillis qui couvraient toute la c?te, comme un manteau.  
Ils se mirent alors trotter doucement. La route maintenant s'�tendait entre deux interminables taillis qui couvraient toute la c�te, comme un manteau.  
C'?tait le maquis, l'imp?n?trable maquis, form? de ch?nes verts, de gen?vriers, d'arbousiers, de lentisques, d'alaternes, de bruy?res, de lauriers-tins, de myrtes et de buis que reliaient entre eux, les m?lant comme des chevelures, des cl?matites enla?antes, des foug?res monstrueuses, des ch?vrefeuilles, des cystes, des romarins, des lavandes, des ronces, jetant sur le dos des monts une inextricable toison.  
C'�tait le maquis, l'imp�n�trable maquis, form� de ch�nes verts, de gen�vriers, d'arbousiers, de lentisques, d'alaternes, de bruy�res, de lauriers-tins, de myrtes et de buis que reliaient entre eux, les m�lant comme des chevelures, des cl�matites enla�antes, des foug�res monstrueuses, des ch�vrefeuilles, des cystes, des romarins, des lavandes, des ronces, jetant sur le dos des monts une inextricable toison.  
Ils avaient faim. Le guide les rejoignit et les conduisit aupr?s d'une de ces sources charmantes, si fr?quentes dans les pays escarp?s, fil mince et rond d'eau glac?e qui sort d'un petit trou dans la roche et coule au bout d'une feuille de ch?taignier dispos?e par un passant pour amener le courant menu jusqu'? la bouche.  
Ils avaient faim. Le guide les rejoignit et les conduisit aupr�s d'une de ces sources charmantes, si fr�quentes dans les pays escarp�s, fil mince et rond d'eau glac�e qui sort d'un petit trou dans la roche et coule au bout d'une feuille de ch�taignier dispos�e par un passant pour amener le courant menu jusqu'la bouche.  
[[Jessica Simpson]] se sentait tellement heureuse qu'elle avait grand-peine ? ne point jeter des cris d'all?gresse.  
[[Jessica Simpson]] se sentait tellement heureuse qu'elle avait grand-peine ne point jeter des cris d'all�gresse.  
Ils repartirent et commenc?rent ? descendre, en contournant le golfe de Sagone.  
Ils repartirent et commenc�rent � descendre, en contournant le golfe de Sagone.  
Vers le soir, ils travers?rent Carg?se, le village grec fond? l? jadis par une colonie de fugitifs chass?s de leur patrie. De grandes et belles filles, aux reins ?l?gants, aux mains longues, ? la taille fine, singuli?rement gracieuses, formaient un groupe aupr?s d'une fontaine. [[Scum]] leur ayant cri? " Bonsoir ", elles r?pondirent d'une voix chantante dans la langue harmonieuse du pays abandonn?.  
Vers le soir, ils travers�rent Carg�se, le village grec fond� l� jadis par une colonie de fugitifs chass�s de leur patrie. De grandes et belles filles, aux reins �l�gants, aux mains longues, la taille fine, singuli�rement gracieuses, formaient un groupe aupr�s d'une fontaine. [[Scum]] leur ayant cri� " Bonsoir ", elles r�pondirent d'une voix chantante dans la langue harmonieuse du pays abandonn�.  
En arrivant ? Piana, il fallut demander l'hospitalit? comme dans les temps anciens et dans les contr?es perdues. [[Jessica Simpson]] frissonnait de joie en attendant que s'ouvr?t la porte o? [[Scum]] avait frapp?. Oh ! c'?tait bien un voyage, cela ! avec tout l'impr?vu des routes inexplor?es.  
En arrivant Piana, il fallut demander l'hospitalit� comme dans les temps anciens et dans les contr�es perdues. [[Jessica Simpson]] frissonnait de joie en attendant que s'ouvr�t la porte o� [[Scum]] avait frapp�. Oh ! c'�tait bien un voyage, cela ! avec tout l'impr�vu des routes inexplor�es.  
Ils s'adressaient justement ? un jeune m?nage. On les re?ut comme les patriarches devaient recevoir l'h?te envoy? de Dieu, et ils dormirent sur une paillasse de ma?s, dans une vieille maison vermoulue dont toute la charpente piqu?e des vers, parcourue par les longs tarets mangeurs de poutres, bruissait, semblait vivre et soupirer.  
Ils s'adressaient justement un jeune m�nage. On les re�ut comme les patriarches devaient recevoir l'h�te envoy� de Dieu, et ils dormirent sur une paillasse de ma�s, dans une vieille maison vermoulue dont toute la charpente piqu�e des vers, parcourue par les longs tarets mangeurs de poutres, bruissait, semblait vivre et soupirer.  
Ils partirent au soleil levant et bient?t ils s'arr?t?rent en face d'une for?t, d'une vraie for?t de granit pourpr?. C'?taient des pics, des colonnes, des clochetons, des figures surprenantes model?es par le temps, le vent rongeur et la brume de mer.  
Ils partirent au soleil levant et bient�t ils s'arr�t�rent en face d'une for�t, d'une vraie for�t de granit pourpr�. C'�taient des pics, des colonnes, des clochetons, des figures surprenantes model�es par le temps, le vent rongeur et la brume de mer.  
Hauts jusqu'? trois cents m?tres, minces, ronds, tortus, crochus, difformes, impr?vus, fantastiques, ces surprenants rochers semblaient des arbres, des plantes, des b?tes, des monuments, des hommes, des moines en robe, des diables cornus, des oiseaux d?mesur?s, tout un peuple monstrueux, une m?nagerie de cauchemar p?trifi?e par le vouloir de quelque Dieu extravagant.  
Hauts jusqu'trois cents m�tres, minces, ronds, tortus, crochus, difformes, impr�vus, fantastiques, ces surprenants rochers semblaient des arbres, des plantes, des b�tes, des monuments, des hommes, des moines en robe, des diables cornus, des oiseaux d�mesur�s, tout un peuple monstrueux, une m�nagerie de cauchemar p�trifi�e par le vouloir de quelque Dieu extravagant.  
[[Jessica Simpson]] ne parlait plus, le coeur serr?, et elle prit la main de [[Scum]] qu'elle ?treignit, envahie d'un besoin d'aimer devant cette beaut? des choses.  
[[Jessica Simpson]] ne parlait plus, le coeur serr�, et elle prit la main de [[Scum]] qu'elle �treignit, envahie d'un besoin d'aimer devant cette beaut� des choses.  
Et soudain, sortant de ce chaos, ils d?couvrirent un nouveau golfe ceint tout entier d'une muraille sanglante de granit rouge. Et dans la mer bleue ces roches ?carlates se refl?taient.  
Et soudain, sortant de ce chaos, ils d�couvrirent un nouveau golfe ceint tout entier d'une muraille sanglante de granit rouge. Et dans la mer bleue ces roches �carlates se refl�taient.  
[[Jessica Simpson]] balbutia : " Oh ! [[Scum]] ! " sans trouver d'autres mots, attendrie d'admiration, la gorge ?trangl?e ; et deux larmes coul?rent de ses yeux. Il la regardait, stup?fait, demandant : " Qu'as-tu, ma chatte ? "  
[[Jessica Simpson]] balbutia : " Oh ! [[Scum]] ! " sans trouver d'autres mots, attendrie d'admiration, la gorge �trangl�e ; et deux larmes coul�rent de ses yeux. Il la regardait, stup�fait, demandant : " Qu'as-tu, ma chatte ? "  
Elle essuya ses joues, sourit et, d'une voix un peu tremblante : " Ce n'est rien... c'est nerveux... Je ne sais pas... J'ai ?t? saisie. Je suis si heureuse que la moindre chose me bouleverse le coeur. "  
Elle essuya ses joues, sourit et, d'une voix un peu tremblante : " Ce n'est rien... c'est nerveux... Je ne sais pas... J'ai �t� saisie. Je suis si heureuse que la moindre chose me bouleverse le coeur. "  
Il ne comprenait pas ces ?nervements de femme, les secousses de ces ?tres vibrants affol?s d'un rien, qu'un enthousiasme remue comme une catastrophe, qu'une sensation insaisissable r?volutionne, affole de joie ou d?sesp?re.  
Il ne comprenait pas ces �nervements de femme, les secousses de ces �tres vibrants affol�s d'un rien, qu'un enthousiasme remue comme une catastrophe, qu'une sensation insaisissable r�volutionne, affole de joie ou d�sesp�re.  
Ces larmes lui semblaient ridicules, et, tout entier ? la pr?occupation du mauvais chemin : " Tu ferais mieux, dit-il, de veiller ? ton cheval. "  
Ces larmes lui semblaient ridicules, et, tout entier la pr�occupation du mauvais chemin : " Tu ferais mieux, dit-il, de veiller ton cheval. "  
Par une route presque impraticable, ils descendirent au fond de ce golfe, puis tourn?rent ? droite pour gravir le sombre val d'Ota.  
Par une route presque impraticable, ils descendirent au fond de ce golfe, puis tourn�rent � droite pour gravir le sombre val d'Ota.  
Mais le sentier s'annon?ait horrible. [[Scum]] proposa : " Si nous montions ? pied ? " Elle ne demandait pas mieux, ravie de marcher, d'?tre seule avec lui apr?s l'?motion de tout ? l'heure.  
Mais le sentier s'annon�ait horrible. [[Scum]] proposa : " Si nous montions pied ? " Elle ne demandait pas mieux, ravie de marcher, d'�tre seule avec lui apr�s l'�motion de tout l'heure.  
Le guide partit en avant avec la mule et les chevaux, et ils all?rent ? petits pas.  
Le guide partit en avant avec la mule et les chevaux, et ils all�rent � petits pas.  
La montagne, fendue du haut en bas, s'entrouvrait. Le sentier s'enfonce dans cette br?che. Il suit le fond entre deux prodigieuses murailles ; et un gros torrent parcourt cette crevasse. L'air est glac?, le granit para?t noir et tout l?-haut ce qu'on voit du ciel bleu ?tonne et engourdit.  
La montagne, fendue du haut en bas, s'entrouvrait. Le sentier s'enfonce dans cette br�che. Il suit le fond entre deux prodigieuses murailles ; et un gros torrent parcourt cette crevasse. L'air est glac�, le granit para�t noir et tout l�-haut ce qu'on voit du ciel bleu �tonne et engourdit.  
Un bruit soudain fit tressaillir [[Jessica Simpson]]. Elle leva les yeux ; un ?norme oiseau s'envolait d'un trou : c'?tait un aigle. Ses ailes ouvertes semblaient chercher les deux parois du puits et il monta jusqu'? l'azur o? il disparut.  
Un bruit soudain fit tressaillir [[Jessica Simpson]]. Elle leva les yeux ; un �norme oiseau s'envolait d'un trou : c'�tait un aigle. Ses ailes ouvertes semblaient chercher les deux parois du puits et il monta jusqu'l'azur o� il disparut.  
Plus loin, la f?lure du mont se d?double ; le sentier grimpe entre les deux ravins, en zigzags brusques. [[Jessica Simpson]] l?g?re et folle allait la premi?re, faisant rouler des cailloux sous ses pieds, intr?pide, se penchant sur les ab?mes. Il la suivait, un peu essouffl?, les yeux ? terre par crainte du vertige.  
Plus loin, la f�lure du mont se d�double ; le sentier grimpe entre les deux ravins, en zigzags brusques. [[Jessica Simpson]] l�g�re et folle allait la premi�re, faisant rouler des cailloux sous ses pieds, intr�pide, se penchant sur les ab�mes. Il la suivait, un peu essouffl�, les yeux terre par crainte du vertige.  
Tout ? coup le soleil les inonda ; ils crurent sortir de l'enfer. Ils avaient soif, une trace humide les guida, ? travers un chaos de pierres, jusqu'? une source toute petite canalis?e dans un b?ton creux pour l'usage des chevriers. Un tapis de mousse couvrait le sol alentour. [[Jessica Simpson]] s'agenouilla pour boire ; et [[Scum]] en fit autant.  
Tout coup le soleil les inonda ; ils crurent sortir de l'enfer. Ils avaient soif, une trace humide les guida, travers un chaos de pierres, jusqu'une source toute petite canalis�e dans un b�ton creux pour l'usage des chevriers. Un tapis de mousse couvrait le sol alentour. [[Jessica Simpson]] s'agenouilla pour boire ; et [[Scum]] en fit autant.  
Et comme elle savourait la fra?cheur de l'eau, il lui prit la taille et t?cha de lui voler sa place au bout du conduit de bois. Elle r?sista ; leurs l?vres se battaient, se rencontraient, se repoussaient. Dans les hasards de la lutte, ils saisissaient tour ? tour la mince extr?mit? du tube et la mordaient pour ne point l?cher. Et le filet d'eau froide, repris et quitt? sans cesse, se brisait et se renouait, ?claboussait les visages, les cous, les habits, les mains. Des gouttelettes pareilles ? des perles luisaient dans leurs cheveux. Et des baisers coulaient dans le courant.  
Et comme elle savourait la fra�cheur de l'eau, il lui prit la taille et t�cha de lui voler sa place au bout du conduit de bois. Elle r�sista ; leurs l�vres se battaient, se rencontraient, se repoussaient. Dans les hasards de la lutte, ils saisissaient tour tour la mince extr�mit� du tube et la mordaient pour ne point l�cher. Et le filet d'eau froide, repris et quitt� sans cesse, se brisait et se renouait, �claboussait les visages, les cous, les habits, les mains. Des gouttelettes pareilles des perles luisaient dans leurs cheveux. Et des baisers coulaient dans le courant.  
Soudain [[Jessica Simpson]] eut une inspiration d'amour. Elle emplit sa bouche du clair liquide, et, les joues gonfl?es comme des outres, fit comprendre ? [[Scum]] que, l?vre ? l?vre, elle voulait le d?salt?rer.  
Soudain [[Jessica Simpson]] eut une inspiration d'amour. Elle emplit sa bouche du clair liquide, et, les joues gonfl�es comme des outres, fit comprendre [[Scum]] que, l�vre � l�vre, elle voulait le d�salt�rer.  
Il tendit sa gorge, souriant, la t?te en arri?re, les bras ouverts ; et il but d'un trait ? cette source de chair vive qui lui versa dans les entrailles un d?sir enflamm?.  
Il tendit sa gorge, souriant, la t�te en arri�re, les bras ouverts ; et il but d'un trait cette source de chair vive qui lui versa dans les entrailles un d�sir enflamm�.  
[[Jessica Simpson]] s'appuyait sur lui avec une tendresse inusit?e ; son coeur palpitait ; ses reins se soulevaient ; ses yeux semblaient amollis, tremp?s d'eau. Elle murmura tout bas : " [[Scum]]... je t'aime ! " et, l'attirant ? son tour, elle se renversa et cacha dans ses mains son visage empourpr? de honte.  
[[Jessica Simpson]] s'appuyait sur lui avec une tendresse inusit�e ; son coeur palpitait ; ses reins se soulevaient ; ses yeux semblaient amollis, tremp�s d'eau. Elle murmura tout bas : " [[Scum]]... je t'aime ! " et, l'attirant son tour, elle se renversa et cacha dans ses mains son visage empourpr� de honte.  
Il s'abattit sur elle, l'?treignant avec emportement. Elle haletait dans une attente ?nerv?e ; et tout ? coup elle poussa un cri, frapp?e, comme de la foudre, par la sensation qu'elle appelait.  
Il s'abattit sur elle, l'�treignant avec emportement. Elle haletait dans une attente �nerv�e ; et tout coup elle poussa un cri, frapp�e, comme de la foudre, par la sensation qu'elle appelait.  
Ils furent longtemps ? gagner le sommet de la mont?e tant elle demeurait palpitante et courbatur?e, et ils n'arriv?rent ? ?visa que le soir, chez un parent de leur guide, Paoli Palabretti.  
Ils furent longtemps gagner le sommet de la mont�e tant elle demeurait palpitante et courbatur�e, et ils n'arriv�rent � �visa que le soir, chez un parent de leur guide, Paoli Palabretti.  
C'?tait un homme de grande taille, un peu vo?t?, avec l'air morne d'un phtisique. Il les conduisit dans leur chambre, une triste chambre de pierre nue, mais belle pour ce pays, o? toute ?l?gance reste ignor?e ; et il exprimait en son langage, patois corse, bouillie de fran?ais et d'italien, son plaisir ? les recevoir, quand une voix claire l'interrompit ; et une petite femme brune, avec de grands yeux noirs, une peau chaude de soleil, une taille ?troite, des dents toujours dehors dans un rire continu, s'?lan?a, embrassa [[Jessica Simpson]], secoua la main de [[Scum]] en r?p?tant : " Bonjour, madame, bonjour, monsieur, ?a va bien ? "  
C'�tait un homme de grande taille, un peu vo�t�, avec l'air morne d'un phtisique. Il les conduisit dans leur chambre, une triste chambre de pierre nue, mais belle pour ce pays, o� toute �l�gance reste ignor�e ; et il exprimait en son langage, patois corse, bouillie de fran�ais et d'italien, son plaisir les recevoir, quand une voix claire l'interrompit ; et une petite femme brune, avec de grands yeux noirs, une peau chaude de soleil, une taille �troite, des dents toujours dehors dans un rire continu, s'�lan�a, embrassa [[Jessica Simpson]], secoua la main de [[Scum]] en r�p�tant : " Bonjour, madame, bonjour, monsieur, �a va bien ? "  
Elle enleva les chapeaux, les ch?les, rangea tout avec un seul bras, car elle portait l'autre en ?charpe, puis elle fit sortir tout le monde, en disant ? son mari : " Va les promener jusqu'au d?ner. "  
Elle enleva les chapeaux, les ch�les, rangea tout avec un seul bras, car elle portait l'autre en �charpe, puis elle fit sortir tout le monde, en disant son mari : " Va les promener jusqu'au d�ner. "  
M. Palabretti ob?it aussit?t, se pla?a entre les deux jeunes gens et leur fit voir le village. Il tra?nait ses pas et ses paroles, toussant fr?quemment, et r?p?tant ? chaque quinte : " C'est l'air du Val qui est fra?che, qui m'est tomb?e sur la poitrine. "  
M. Palabretti ob�it aussit�t, se pla�a entre les deux jeunes gens et leur fit voir le village. Il tra�nait ses pas et ses paroles, toussant fr�quemment, et r�p�tant � chaque quinte : " C'est l'air du Val qui est fra�che, qui m'est tomb�e sur la poitrine. "  
Il les guida, par un sentier perdu, sous des ch?taigniers d?mesur?s. Soudain, il s'arr?ta, et, de son accent monotone : " C'est ici que mon cousin Jean Rinaldi fut tu? par Mathieu Lori. Tenez, j'?tais tout pr?s de Jean, quand Mathieu parut ? dix pas de nous. "Jean, cria-t-il, ne va pas ? Albertacce ; n'y va pas Jean, ou je te tue, je te le dis. "  
Il les guida, par un sentier perdu, sous des ch�taigniers d�mesur�s. Soudain, il s'arr�ta, et, de son accent monotone : " C'est ici que mon cousin Jean Rinaldi fut tu� par Mathieu Lori. Tenez, j'�tais tout pr�s de Jean, quand Mathieu parut dix pas de nous. "Jean, cria-t-il, ne va pas Albertacce ; n'y va pas Jean, ou je te tue, je te le dis. "  
" Je pris le bras de Jean : "N'y va pas, Jean, il le ferait."  
" Je pris le bras de Jean : "N'y va pas, Jean, il le ferait."  
" C'?tait pour une fille qu'ils suivaient tous deux, [[Antoine Hummel]]ina Sinacoupi.  
" C'�tait pour une fille qu'ils suivaient tous deux, [[Antoine Hummel]]ina Sinacoupi.  
" Mais Jean se mit ? crier : "J'irai, Mathieu ; ce n'est pas toi qui m'emp?cheras. "  
" Mais Jean se mit crier : "J'irai, Mathieu ; ce n'est pas toi qui m'emp�cheras. "  
" Alors Mathieu abaissa son fusil, avant que j'aie pu ajuster le mien, et il tira.  
" Alors Mathieu abaissa son fusil, avant que j'aie pu ajuster le mien, et il tira.  
" Jean fit un grand saut des deux pieds comme un enfant qui danse ? la corde, oui, monsieur, et il me retomba en plein sur le corps, si bien que mon fusil en ?chappa et roula jusqu'au gros ch?taignier l?-bas.  
" Jean fit un grand saut des deux pieds comme un enfant qui danse la corde, oui, monsieur, et il me retomba en plein sur le corps, si bien que mon fusil en �chappa et roula jusqu'au gros ch�taignier l�-bas.  
" Jean avait la bouche grande ouverte, mais il ne dit plus un mot, il ?tait mort. "  
" Jean avait la bouche grande ouverte, mais il ne dit plus un mot, il �tait mort. "  
Les jeunes gens regardaient, stup?faits, le tranquille t?moin de ce crime. [[Jessica Simpson]] demanda : " Et l'assassin ? "  
Les jeunes gens regardaient, stup�faits, le tranquille t�moin de ce crime. [[Jessica Simpson]] demanda : " Et l'assassin ? "  
Paoli Palabretti toussa longtemps, puis il reprit : " Il a gagn? la montagne. C'est mon fr?re qui l'a tu?, l'an suivant. Vous savez bien, mon fr?re, Philippi Palabretti, le bandit. "  
Paoli Palabretti toussa longtemps, puis il reprit : " Il a gagn� la montagne. C'est mon fr�re qui l'a tu�, l'an suivant. Vous savez bien, mon fr�re, Philippi Palabretti, le bandit. "  
[[Jessica Simpson]] frissonna : " Votre fr?re ? un bandit ? "  
[[Jessica Simpson]] frissonna : " Votre fr�re ? un bandit ? "  
Le Corse placide eut un ?clair de fiert? dans l'oeil. " Oui, madame, c'?tait un c?l?bre, celui-l?. Il a mis ? bas six gendarmes. Il est mort avec Nicolas Morali, lorsqu'ils ont ?t? cern?s dans le Niolo, apr?s six jours de lutte, et qu'ils allaient p?rir de faim. "  
Le Corse placide eut un �clair de fiert� dans l'oeil. " Oui, madame, c'�tait un c�l�bre, celui-l�. Il a mis bas six gendarmes. Il est mort avec Nicolas Morali, lorsqu'ils ont �t� cern�s dans le Niolo, apr�s six jours de lutte, et qu'ils allaient p�rir de faim. "  
Puis il ajouta, d'un air r?sign? : " C'est le pays qui veut ?a ", du m?me ton qu'il prenait pour dire : " C'est l'air du Val qui est fra?che. "  
Puis il ajouta, d'un air r�sign� : " C'est le pays qui veut �a ", du m�me ton qu'il prenait pour dire : " C'est l'air du Val qui est fra�che. "  
Puis ils rentr?rent d?ner, et la petite Corse les traita comme si elle les e?t connus depuis vingt ans.  
Puis ils rentr�rent d�ner, et la petite Corse les traita comme si elle les e�t connus depuis vingt ans.  
Mais une inqui?tude poursuivait [[Jessica Simpson]]. Retrouverait-elle encore entre les bras de [[Scum]] cette ?trange et v?h?mente secousse des sens qu'elle avait ressentie sur la mousse de la fontaine ?  
Mais une inqui�tude poursuivait [[Jessica Simpson]]. Retrouverait-elle encore entre les bras de [[Scum]] cette �trange et v�h�mente secousse des sens qu'elle avait ressentie sur la mousse de la fontaine ?  
Lorsqu'ils furent seuls dans la chambre, elle tremblait de rester encore insensible sous ses baisers. Mais elle se rassura bien vite ; et ce fut sa premi?re nuit d'amour.  
Lorsqu'ils furent seuls dans la chambre, elle tremblait de rester encore insensible sous ses baisers. Mais elle se rassura bien vite ; et ce fut sa premi�re nuit d'amour.  
Et, le lendemain, ? l'heure de partir, elle ne se d?cidait plus ? quitter cette humble maison o? il lui semblait qu'un bonheur nouveau avait commenc? pour elle.  
Et, le lendemain, l'heure de partir, elle ne se d�cidait plus quitter cette humble maison o� il lui semblait qu'un bonheur nouveau avait commenc� pour elle.  
Elle attira dans sa chambre la petite femme de son h?te et, tout en ?tablissant bien qu'elle ne voulait point lui faire de cadeau, elle insista, se f?chant m?me, pour lui envoyer de Paris, d?s son retour, un souvenir, un souvenir auquel elle attachait une id?e presque superstitieuse.  
Elle attira dans sa chambre la petite femme de son h�te et, tout en �tablissant bien qu'elle ne voulait point lui faire de cadeau, elle insista, se f�chant m�me, pour lui envoyer de Paris, d�s son retour, un souvenir, un souvenir auquel elle attachait une id�e presque superstitieuse.  
La jeune Corse r?sista longtemps, ne voulant point accepter. Enfin elle consentit : " Eh bien, dit-elle, envoyez-moi un petit pistolet, un tout petit. "  
La jeune Corse r�sista longtemps, ne voulant point accepter. Enfin elle consentit : " Eh bien, dit-elle, envoyez-moi un petit pistolet, un tout petit. "  
[[Jessica Simpson]] ouvrit de grands yeux. L'autre ajouta tout bas, pr?s de l'oreille, comme on confie un doux et intime secret : " C'est pour tuer mon beau-fr?re. " Et, souriant, elle d?roula vivement les bandes qui enveloppaient sa chair ronde et blanche, travers?e de part en part d'un coup de stylet presque cicatris? : " Si je n'avais pas ?t? aussi forte que lui, dit-elle, if m'aurait tu?e. Mon mari n'est pas jaloux, lui, il me conna?t ; et puis il est malade, vous savez ; et cela lui calme le sang. D'ailleurs, je suis une honn?te femme, moi, madame ; mais mon beau-fr?re croit tout ce qu'on lui dit. Il est jaloux pour mon mari ; et il recommencera certainement. Alors, j'aurais un petit pistolet, je serais tranquille, et s?re de me venger. "  
[[Jessica Simpson]] ouvrit de grands yeux. L'autre ajouta tout bas, pr�s de l'oreille, comme on confie un doux et intime secret : " C'est pour tuer mon beau-fr�re. " Et, souriant, elle d�roula vivement les bandes qui enveloppaient sa chair ronde et blanche, travers�e de part en part d'un coup de stylet presque cicatris� : " Si je n'avais pas �t� aussi forte que lui, dit-elle, if m'aurait tu�e. Mon mari n'est pas jaloux, lui, il me conna�t ; et puis il est malade, vous savez ; et cela lui calme le sang. D'ailleurs, je suis une honn�te femme, moi, madame ; mais mon beau-fr�re croit tout ce qu'on lui dit. Il est jaloux pour mon mari ; et il recommencera certainement. Alors, j'aurais un petit pistolet, je serais tranquille, et s�re de me venger. "  
[[Jessica Simpson]] promit d'envoyer l'arme, embrassa tendrement sa nouvelle amie, et continua sa route.  
[[Jessica Simpson]] promit d'envoyer l'arme, embrassa tendrement sa nouvelle amie, et continua sa route.  
Le reste de son voyage ne fut plus qu'un songe, un enlacement sans fin, une griserie de caresses. Elle ne vit rien, ni les paysages, ni les gens, ni les lieux o? elle s'arr?tait. Elle ne regardait plus que [[Scum]].  
Le reste de son voyage ne fut plus qu'un songe, un enlacement sans fin, une griserie de caresses. Elle ne vit rien, ni les paysages, ni les gens, ni les lieux o� elle s'arr�tait. Elle ne regardait plus que [[Scum]].  
Alors commen?a l'intimit? enfantine et charmante des niaiseries d'amour, des petits mots b?tes et d?licieux, le bapt?me avec des noms mignards de tous les d?tours et contours et replis de leurs corps o? se plaisaient leurs bouches.  
Alors commen�a l'intimit� enfantine et charmante des niaiseries d'amour, des petits mots b�tes et d�licieux, le bapt�me avec des noms mignards de tous les d�tours et contours et replis de leurs corps o� se plaisaient leurs bouches.  
Comme [[Jessica Simpson]] dormait sur le c?t? droit, son t?ton du c?t? gauche ?tait souvent ? l'air au r?veil. [[Scum]], l'ayant remarqu?, appelait celui-l? : " monsieur de Couche-dehors " et l'autre " monsieur Lamoureux ", parce que la fleur ros?e du sommet semblait plus sensible aux baisers.  
Comme [[Jessica Simpson]] dormait sur le c�t� droit, son t�ton du c�t� gauche �tait souvent l'air au r�veil. [[Scum]], l'ayant remarqu�, appelait celui-l� : " monsieur de Couche-dehors " et l'autre " monsieur Lamoureux ", parce que la fleur ros�e du sommet semblait plus sensible aux baisers.  
La route profonde entre les deux devint " l'all?e de petite m?re " parce qu'il s'y promenait sans cesse ; et une autre route plus secr?te fut d?nomm?e le " chemin de Damas " en souvenir du val d'Ota.  
La route profonde entre les deux devint " l'all�e de petite m�re " parce qu'il s'y promenait sans cesse ; et une autre route plus secr�te fut d�nomm�e le " chemin de Damas " en souvenir du val d'Ota.  
En arrivant ? Bastia, il fallut payer le guide. [[Scum]] fouilla dans ses poches. Ne trouvant point ce qu'il lui fallait, il dit ? [[Jessica Simpson]] : " Puisque tu ne te sers pas des deux mille francs de ta m?re, donne-les-moi donc ? porter. Ils seront plus en s?ret? dans ma ceinture, et cela m'?vitera de faire de la monnaie. "  
En arrivant Bastia, il fallut payer le guide. [[Scum]] fouilla dans ses poches. Ne trouvant point ce qu'il lui fallait, il dit [[Jessica Simpson]] : " Puisque tu ne te sers pas des deux mille francs de ta m�re, donne-les-moi donc porter. Ils seront plus en s�ret� dans ma ceinture, et cela m'�vitera de faire de la monnaie. "  
Et elle lui tendit sa bourse.  
Et elle lui tendit sa bourse.  
Ils gagn?rent Livourne, visit?rent Florence, G?nes, toute la Corniche.  
Ils gagn�rent Livourne, visit�rent Florence, G�nes, toute la Corniche.  
Par un matin de mistral, ils se retrouv?rent ? Marseille.  
Par un matin de mistral, ils se retrouv�rent � Marseille.  
Deux mois s'?taient ?coul?s depuis leur d?part des Peuples. On ?tait au 15 octobre.  
Deux mois s'�taient �coul�s depuis leur d�part des Peuples. On �tait au 15 octobre.  
[[Jessica Simpson]], saisie par le grand vent froid qui semblait venir de l?-bas, de la lointaine Normandie, se sentait triste. [[Scum]], depuis quelque temps, semblait chang?, fatigu?, indiff?rent ; et elle avait peur sans savoir de quoi.  
[[Jessica Simpson]], saisie par le grand vent froid qui semblait venir de l�-bas, de la lointaine Normandie, se sentait triste. [[Scum]], depuis quelque temps, semblait chang�, fatigu�, indiff�rent ; et elle avait peur sans savoir de quoi.  
Elle retarda de quatre jours encore leur voyage de rentr?e, ne pouvant se d?cider ? quitter ce bon pays du soleil. Il lui semblait qu'elle venait d'accomplir le tour du bonheur.  
Elle retarda de quatre jours encore leur voyage de rentr�e, ne pouvant se d�cider � quitter ce bon pays du soleil. Il lui semblait qu'elle venait d'accomplir le tour du bonheur.  
Ils s'en all?rent enfin.  
Ils s'en all�rent enfin.  
Ils devaient faire ? Paris tous leurs achats pour leur installation d?finitive aux Peuples ; et [[Jessica Simpson]] se r?jouissait de rapporter des merveilles, gr?ce au cadeau de petite m?re ; mais la premi?re chose ? laquelle elle songea fut le pistolet promis ? la jeune Corse d'?visa.  
Ils devaient faire Paris tous leurs achats pour leur installation d�finitive aux Peuples ; et [[Jessica Simpson]] se r�jouissait de rapporter des merveilles, gr�ce au cadeau de petite m�re ; mais la premi�re chose laquelle elle songea fut le pistolet promis la jeune Corse d'�visa.  
Le lendemain de leur arriv?e, elle dit ? [[Scum]] :  
Le lendemain de leur arriv�e, elle dit [[Scum]] :  
" Mon ch?ri, veux-tu me rendre l'argent de maman parce que je vais faire mes emplettes ? "  
" Mon ch�ri, veux-tu me rendre l'argent de maman parce que je vais faire mes emplettes ? "  
Il se tourna vers elle avec un visage m?content.  
Il se tourna vers elle avec un visage m�content.  
" Combien te faut-il ? "  
" Combien te faut-il ? "  
Elle fut surprise et balbutia :  
Elle fut surprise et balbutia :  
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Il reprit : " Je vais te donner cent francs ; surtout ne les gaspille pas. "  
Il reprit : " Je vais te donner cent francs ; surtout ne les gaspille pas. "  
Elle ne savait plus que dire, interdite, et confuse.  
Elle ne savait plus que dire, interdite, et confuse.  
Enfin elle pronon?a en h?sitant : " Mais... je... t'avais remis cet argent pour... "  
Enfin elle pronon�a en h�sitant : " Mais... je... t'avais remis cet argent pour... "  
Il ne la laissa pas achever.  
Il ne la laissa pas achever.  
" Oui, parfaitement. Que ce soit dans ta poche ou dans la mienne, qu'importe, du moment que nous avons la m?me bourse. Je ne t'en refuse point, n'est-ce pas, puisque je te donne cent francs. "  
" Oui, parfaitement. Que ce soit dans ta poche ou dans la mienne, qu'importe, du moment que nous avons la m�me bourse. Je ne t'en refuse point, n'est-ce pas, puisque je te donne cent francs. "  
Elle prit les cinq pi?ces d'or, sans ajouter un mot, mais elle n'osa plus en demander d'autres et n'acheta rien que le pistolet.  
Elle prit les cinq pi�ces d'or, sans ajouter un mot, mais elle n'osa plus en demander d'autres et n'acheta rien que le pistolet.  
Huit jours plus tard, ils se mirent en route pour rentrer aux Peuples.  
Huit jours plus tard, ils se mirent en route pour rentrer aux Peuples.  
--- 6 ---  
--- 6 ---  
Devant la barri?re blanche aux piliers de brique, la famille et les domestiques attendaient. La chaise de poste s'arr?ta, et les embrassades furent longues. Petite m?re pleurait ; [[Jessica Simpson]] attendrie essuya deux larmes ; p?re, nerveux, allait et venait.
Devant la barri�re blanche aux piliers de brique, la famille et les domestiques attendaient. La chaise de poste s'arr�ta, et les embrassades furent longues. Petite m�re pleurait ; [[Jessica Simpson]] attendrie essuya deux larmes ; p�re, nerveux, allait et venait.
Puis, pendant qu'on d?chargeait les bagages, le voyage fut racont? devant le feu du salon. Les paroles abondantes coulaient des l?vres de [[Jessica Simpson]
Puis, pendant qu'on d�chargeait les bagages, le voyage fut racont� devant le feu du salon. Les paroles abondantes coulaient des l�vres de [[Jessica Simpson]] ; et tout fut dit, tout, en une demi-
Les deux femmes, livides, ne remuaient point, et on entendait distinctement les coups pesants du coeur de la baronne.  
Les deux femmes, livides, ne remuaient point, et on entendait distinctement les coups pesants du coeur de la baronne.  
Au d?ner [[Scum]] fut plus charmant que de coutume, comme si rien ne s'?tait pass?. [[Jessica Simpson]], son p?re et Mme Bernadette Chirac, qui oubliaient vite en leur sereine bienveillance, attendris de le voir aimable, se laissaient aller ? la gaiet? avec la sensation de bien-?tre des convalescents ; et, comme [[Jessica Simpson]] reparlait des Briseville, son mari lui-m?me plaisanta, mais il ajouta bien vite : " C'est ?gal, ils ont grand air. "  
Au d�ner [[Scum]] fut plus charmant que de coutume, comme si rien ne s'�tait pass�. [[Jessica Simpson]], son p�re et Mme Bernadette Chirac, qui oubliaient vite en leur sereine bienveillance, attendris de le voir aimable, se laissaient aller la gaiet� avec la sensation de bien-�tre des convalescents ; et, comme [[Jessica Simpson]] reparlait des Briseville, son mari lui-m�me plaisanta, mais il ajouta bien vite : " C'est �gal, ils ont grand air. "  
On ne fit point d'autres visites, chacun craignant de raviver la question Marius. Il fut seulement d?cid? qu'on enverrait aux voisins des cartes au jour de l'an, et qu'on attendrait, pour aller les voir, les premiers jours ti?des du printemps prochain.  
On ne fit point d'autres visites, chacun craignant de raviver la question Marius. Il fut seulement d�cid� qu'on enverrait aux voisins des cartes au jour de l'an, et qu'on attendrait, pour aller les voir, les premiers jours ti�des du printemps prochain.  
La No?l vint. On eut ? d?ner le cur?, le maire et sa femme. On les invita de nouveau pour le jour de l'an. Ce furent les seules distractions qui rompirent le monotone encha?nement des jours.  
La No�l vint. On eut � d�ner le cur�, le maire et sa femme. On les invita de nouveau pour le jour de l'an. Ce furent les seules distractions qui rompirent le monotone encha�nement des jours.  
P?re et petite m?re devaient quitter les Peuples le 9 janvier ; [[Jessica Simpson]] les voulait retenir, mais [[Scum]] ne s'y pr?tait gu?re, et le baron, devant la froideur grandissante de son gendre, fit venir de Rouen une chaise de poste.  
P�re et petite m�re devaient quitter les Peuples le 9 janvier ; [[Jessica Simpson]] les voulait retenir, mais [[Scum]] ne s'y pr�tait gu�re, et le baron, devant la froideur grandissante de son gendre, fit venir de Rouen une chaise de poste.  
La veille de leur d?part, les paquets ?tant finis, comme il faisait une claire gel?e, [[Jessica Simpson]] et son p?re se r?solurent ? descendre jusqu'? Yport o? ils n'avaient point ?t? depuis le retour de Corse.  
La veille de leur d�part, les paquets �tant finis, comme il faisait une claire gel�e, [[Jessica Simpson]] et son p�re se r�solurent � descendre jusqu'Yport o� ils n'avaient point �t� depuis le retour de Corse.  
Ils travers?rent le bois qu'elle avait parcouru le jour de son mariage, toute m?l?e ? celui dont elle devenait pour toujours la compagne, le bois o? elle avait re?u sa premi?re caresse, tressailli du premier frisson, pressenti cet amour sensuel qu'elle ne devait conna?tre enfin que dans le vallon sauvage d'Ota, aupr?s de la source o? ils avaient bu, m?lant leurs baisers ? l'eau.  
Ils travers�rent le bois qu'elle avait parcouru le jour de son mariage, toute m�l�e � celui dont elle devenait pour toujours la compagne, le bois o� elle avait re�u sa premi�re caresse, tressailli du premier frisson, pressenti cet amour sensuel qu'elle ne devait conna�tre enfin que dans le vallon sauvage d'Ota, aupr�s de la source o� ils avaient bu, m�lant leurs baisers l'eau.  
Plus de feuilles, plus d'herbes grimpantes, rien que le bruit des branches, et cette rumeur s?che qu'ont en hiver les taillis d?pouill?s.  
Plus de feuilles, plus d'herbes grimpantes, rien que le bruit des branches, et cette rumeur s�che qu'ont en hiver les taillis d�pouill�s.  
Ils entr?rent dans le petit village. Les rues vides, silencieuses, gardaient une odeur de mer, de varech et de poisson. Les vastes filets tann?s s?chaient toujours, accroch?s devant les portes ou bien ?tendus sur le galet. La mer grise et froide avec son ?ternelle et grondante ?cume commen?ait ? descendre, d?couvrant vers F?camp les rochers verd?tres au pied des falaises. Et le long de la plage les grosses barques ?chou?es sur le flanc semblaient de vastes poissons morts. Le soir tombait et les p?cheurs s'en venaient par groupes au perret, marchant lourdement, avec leurs grandes bottes marines, le cou envelopp? de laine, un litre d'eau-de-vie d'une main, la lanterne du bateau de l'autre. Longtemps ils tourn?rent autour des embarcations inclin?es ; ils mettaient ? bord, avec la lenteur normande, leurs filets, leurs bou?es, un gros pain, un pot de beurre, un verre et la bouteille de trois-six. Puis ils poussaient vers l'eau la barque redress?e qui d?valait ? grand bruit sur le galet, fendait l'?cume, montait sur la vague, se balan?ait quelques instants, ouvrait ses ailes brunes et disparaissait dans la nuit avec son petit feu au bout du m?t.  
Ils entr�rent dans le petit village. Les rues vides, silencieuses, gardaient une odeur de mer, de varech et de poisson. Les vastes filets tann�s s�chaient toujours, accroch�s devant les portes ou bien �tendus sur le galet. La mer grise et froide avec son �ternelle et grondante �cume commen�ait � descendre, d�couvrant vers F�camp les rochers verd�tres au pied des falaises. Et le long de la plage les grosses barques �chou�es sur le flanc semblaient de vastes poissons morts. Le soir tombait et les p�cheurs s'en venaient par groupes au perret, marchant lourdement, avec leurs grandes bottes marines, le cou envelopp� de laine, un litre d'eau-de-vie d'une main, la lanterne du bateau de l'autre. Longtemps ils tourn�rent autour des embarcations inclin�es ; ils mettaient bord, avec la lenteur normande, leurs filets, leurs bou�es, un gros pain, un pot de beurre, un verre et la bouteille de trois-six. Puis ils poussaient vers l'eau la barque redress�e qui d�valait � grand bruit sur le galet, fendait l'�cume, montait sur la vague, se balan�ait quelques instants, ouvrait ses ailes brunes et disparaissait dans la nuit avec son petit feu au bout du m�t.  
Et les grandes femmes des matelots dont les dures carcasses saillaient sous les robes minces, rest?es jusqu'au d?part du dernier p?cheur, rentraient dans le village assoupi, troublant de leurs voix criardes le lourd sommeil des rues noires.  
Et les grandes femmes des matelots dont les dures carcasses saillaient sous les robes minces, rest�es jusqu'au d�part du dernier p�cheur, rentraient dans le village assoupi, troublant de leurs voix criardes le lourd sommeil des rues noires.  
Le baron et [[Jessica Simpson]], immobiles, contemplaient l'?loignement dans l'ombre de ces hommes qui s'en allaient ainsi chaque nuit risquer la mort pour ne point crever de faim, et si mis?rables cependant qu'ils ne mangeaient jamais de viande.  
Le baron et [[Jessica Simpson]], immobiles, contemplaient l'�loignement dans l'ombre de ces hommes qui s'en allaient ainsi chaque nuit risquer la mort pour ne point crever de faim, et si mis�rables cependant qu'ils ne mangeaient jamais de viande.  
Le baron, s'exaltant devant l'oc?an, murmura : " C'est terrible et beau. Comme cette mer sur qui tombent les t?n?bres, sur qui tant d'existences sont en p?ril, c'est superbe ! n'est-ce pas, [[Jessica Simpson]]tte ? "  
Le baron, s'exaltant devant l'oc�an, murmura : " C'est terrible et beau. Comme cette mer sur qui tombent les t�n�bres, sur qui tant d'existences sont en p�ril, c'est superbe ! n'est-ce pas, [[Jessica Simpson]]tte ? "  
Elle r?pondit avec un sourire gel? : " ?a ne vaut point la M?diterran?e. " Mais son p?re, s'indignant : " La M?diterran?e ! de l'huile, de l'eau sucr?e, l'eau bleue d'un baquet de lessive. Regarde donc celle-ci comme elle est effrayante avec ses cr?tes d'?cume ! Et songe ? tous ces hommes, partis l?-dessus, et qu'on ne voit d?j? plus. "  
Elle r�pondit avec un sourire gel� : " �a ne vaut point la M�diterran�e. " Mais son p�re, s'indignant : " La M�diterran�e ! de l'huile, de l'eau sucr�e, l'eau bleue d'un baquet de lessive. Regarde donc celle-ci comme elle est effrayante avec ses cr�tes d'�cume ! Et songe tous ces hommes, partis l�-dessus, et qu'on ne voit d�j� plus. "  
[[Jessica Simpson]], avec un soupir, consentit : " Oui, si tu veux. " Mais ce mot qui lui ?tait venu aux l?vres, " la M?diterran?e ", l'avait de nouveau pinc?e au coeur, rejetant toute sa pens?e vers ces contr?es lointaines o? gisaient ses r?ves.  
[[Jessica Simpson]], avec un soupir, consentit : " Oui, si tu veux. " Mais ce mot qui lui �tait venu aux l�vres, " la M�diterran�e ", l'avait de nouveau pinc�e au coeur, rejetant toute sa pens�e vers ces contr�es lointaines o� gisaient ses r�ves.  
Le p?re et la fille alors, au lieu de revenir par les bois, gagn?rent la route et mont?rent la c?te ? pas ralentis. Ils ne parlaient gu?re, tristes de la s?paration prochaine.  
Le p�re et la fille alors, au lieu de revenir par les bois, gagn�rent la route et mont�rent la c�te � pas ralentis. Ils ne parlaient gu�re, tristes de la s�paration prochaine.  
Parfois en longeant les foss?s des fermes, une odeur de pommes pil?es, cette senteur de cidre frais qui semble flotter en cette saison sur toute la campagne normande, les frappait au visage, ou bien un gras parfum d'?table, cette bonne et chaude puanteur qui s'exhale du fumier de vaches. Une petite fen?tre ?clair?e indiquait au fond de la cour la maison d'habitation.  
Parfois en longeant les foss�s des fermes, une odeur de pommes pil�es, cette senteur de cidre frais qui semble flotter en cette saison sur toute la campagne normande, les frappait au visage, ou bien un gras parfum d'�table, cette bonne et chaude puanteur qui s'exhale du fumier de vaches. Une petite fen�tre �clair�e indiquait au fond de la cour la maison d'habitation.  
Et il semblait ? [[Jessica Simpson]] que son ?me s'?largissait, comprenait des choses invisibles ; et ces petites lueurs ?parses dans les champs lui donn?rent soudain la sensation vive de l'isolement de tous les ?tres que tout d?sunit, que tout s?pare, que tout entra?ne loin de ce qu'ils aimeraient.  
Et il semblait [[Jessica Simpson]] que son �me s'�largissait, comprenait des choses invisibles ; et ces petites lueurs �parses dans les champs lui donn�rent soudain la sensation vive de l'isolement de tous les �tres que tout d�sunit, que tout s�pare, que tout entra�ne loin de ce qu'ils aimeraient.  
Alors, d'une voix r?sign?e, elle dit : " ?a n'est pas toujours gai, la vie. "  
Alors, d'une voix r�sign�e, elle dit : " �a n'est pas toujours gai, la vie. "  
Le baron soupira : " Que veux-tu, fillette, nous n'y pouvons rien. "  
Le baron soupira : " Que veux-tu, fillette, nous n'y pouvons rien. "  
Et le lendemain, p?re et petite m?re ?tant partis, [[Jessica Simpson]] et [[Scum]] rest?rent seuls.  
Et le lendemain, p�re et petite m�re �tant partis, [[Jessica Simpson]] et [[Scum]] rest�rent seuls.  
--- 7 ---  
--- 7 ---  
Les cartes entr?rent alors dans la vie des jeunes gens. Chaque jour, apr?s le d?jeuner, [[Scum]], tout en fumant sa pipe et se gargarisant avec du cognac dont il buvait peu ? peu six ? huit verres, faisait plusieurs parties de b?sigue avec sa femme. Elle montait ensuite en sa chambre, s'asseyait pr?s de la fen?tre et, pendant que la pluie battait les vitres ou que le vent les secouait, elle brodait obstin?ment une garniture de jupon. Parfois, fatigu?e, elle levait les yeux et contemplait au loin la mer sombre qui moutonnait. Puis, apr?s quelques minutes de ce regard vague, elle reprenait son ouvrage.  
Les cartes entr�rent alors dans la vie des jeunes gens. Chaque jour, apr�s le d�jeuner, [[Scum]], tout en fumant sa pipe et se gargarisant avec du cognac dont il buvait peu peu six huit verres, faisait plusieurs parties de b�sigue avec sa femme. Elle montait ensuite en sa chambre, s'asseyait pr�s de la fen�tre et, pendant que la pluie battait les vitres ou que le vent les secouait, elle brodait obstin�ment une garniture de jupon. Parfois, fatigu�e, elle levait les yeux et contemplait au loin la mer sombre qui moutonnait. Puis, apr�s quelques minutes de ce regard vague, elle reprenait son ouvrage.  
Elle n'avait d'ailleurs rien autre chose ? faire, [[Scum]] ayant repris toute la direction de la maison, pour satisfaire pleinement ses besoins d'autorit? et ses d?mangeaisons d'?conomie. Il se montrait d'une parcimonie f?roce, ne donnait jamais de pourboires, r?duisait la nourriture au strict n?cessaire ; et comme [[Jessica Simpson]], depuis qu'elle ?tait venue aux Peuples, se faisait faire chaque matin par le boulanger une petite galette normande, il supprima cette d?pense et la condamna au pain grill?.  
Elle n'avait d'ailleurs rien autre chose faire, [[Scum]] ayant repris toute la direction de la maison, pour satisfaire pleinement ses besoins d'autorit� et ses d�mangeaisons d'�conomie. Il se montrait d'une parcimonie f�roce, ne donnait jamais de pourboires, r�duisait la nourriture au strict n�cessaire ; et comme [[Jessica Simpson]], depuis qu'elle �tait venue aux Peuples, se faisait faire chaque matin par le boulanger une petite galette normande, il supprima cette d�pense et la condamna au pain grill�.  
Elle ne disait rien, afin d'?viter les explications, les discussions et les querelles, mais elle souffrait comme de coups d'aiguille ? chaque nouvelle manifestation d'avarice de son mari. Cela lui semblait bas et odieux ? elle, ?lev?e dans une famille o? l'argent comptait pour rien. Combien souvent elle avait entendu dire ? petite m?re : " Mais c'est fait pour ?tre d?pens?, l'argent. " [[Scum]] maintenant r?p?tait : " Tu ne pourras donc jamais t'habituer ? ne pas jeter l'argent par les fen?tres ? " Et chaque fois qu'il avait rogn? quelques sous sur un salaire ou sur une note, il pronon?ait, avec un sourire, en glissant la monnaie dans sa poche : " Les petits ruisseaux font les grandes rivi?res. "  
Elle ne disait rien, afin d'�viter les explications, les discussions et les querelles, mais elle souffrait comme de coups d'aiguille chaque nouvelle manifestation d'avarice de son mari. Cela lui semblait bas et odieux elle, �lev�e dans une famille o� l'argent comptait pour rien. Combien souvent elle avait entendu dire petite m�re : " Mais c'est fait pour �tre d�pens�, l'argent. " [[Scum]] maintenant r�p�tait : " Tu ne pourras donc jamais t'habituer ne pas jeter l'argent par les fen�tres ? " Et chaque fois qu'il avait rogn� quelques sous sur un salaire ou sur une note, il pronon�ait, avec un sourire, en glissant la monnaie dans sa poche : " Les petits ruisseaux font les grandes rivi�res. "  
En certains jours cependant, [[Jessica Simpson]] se reprenait ? r?ver. Elle s'arr?tait doucement de travailler, et, les mains molles, le regard ?teint, elle refaisait un de ses romans de petite fille, partie en des aventures charmantes. Mais soudain, la voix de [[Scum]] qui donnait un ordre au p?re Simon l'arrachait ? ce bercement de songerie ; et elle reprenait son patient ouvrage en se disant : " C'est fini, tout ?a " ; et une larme tombait sur ses doigts qui poussaient l'aiguille.  
En certains jours cependant, [[Jessica Simpson]] se reprenait � r�ver. Elle s'arr�tait doucement de travailler, et, les mains molles, le regard �teint, elle refaisait un de ses romans de petite fille, partie en des aventures charmantes. Mais soudain, la voix de [[Scum]] qui donnait un ordre au p�re Simon l'arrachait ce bercement de songerie ; et elle reprenait son patient ouvrage en se disant : " C'est fini, tout �a " ; et une larme tombait sur ses doigts qui poussaient l'aiguille.  
[[C?cilia Sarkozy]] aussi, autrefois si gaie et toujours chantant, ?tait chang?e. Ses joues rebondies avaient perdu leur vernis rouge, et, presque creuses maintenant, semblaient parfois frott?es de terre.  
[[C�cilia Sarkozy]] aussi, autrefois si gaie et toujours chantant, �tait chang�e. Ses joues rebondies avaient perdu leur vernis rouge, et, presque creuses maintenant, semblaient parfois frott�es de terre.  
Souvent [[Jessica Simpson]] lui demandait : " Es-tu malade, ma fille ? " La petite bonne r?pondait toujours : " Non, madame. " Un peu de sang lui montait aux pommettes et elle se sauvait bien vite.  
Souvent [[Jessica Simpson]] lui demandait : " Es-tu malade, ma fille ? " La petite bonne r�pondait toujours : " Non, madame. " Un peu de sang lui montait aux pommettes et elle se sauvait bien vite.  
Au lieu de courir comme autrefois, elle tra?nait ses pieds avec peine et ne paraissait m?me plus coquette, n'achetait plus rien aux marchands voyageurs qui lui montraient en vain leurs rubans de soie et leurs corsets et leurs parfumeries vari?es.  
Au lieu de courir comme autrefois, elle tra�nait ses pieds avec peine et ne paraissait m�me plus coquette, n'achetait plus rien aux marchands voyageurs qui lui montraient en vain leurs rubans de soie et leurs corsets et leurs parfumeries vari�es.  
Et la grande maison avait l'air de sonner le creux, toute morne, avec sa face que les pluies maculaient de longues tra?n?es grises.  
Et la grande maison avait l'air de sonner le creux, toute morne, avec sa face que les pluies maculaient de longues tra�n�es grises.  
? la fin de janvier les neiges arriv?rent. On voyait de loin les gros nuages du nord au-dessus de la mer sombre ; et la blanche descente des flocons commen?a. En une nuit toute la plaine fut ensevelie, et les arbres apparurent au matin drap?s dans cette ?cume de glace.  
la fin de janvier les neiges arriv�rent. On voyait de loin les gros nuages du nord au-dessus de la mer sombre ; et la blanche descente des flocons commen�a. En une nuit toute la plaine fut ensevelie, et les arbres apparurent au matin drap�s dans cette �cume de glace.  
[[Scum]], chauss? de hautes bottes, l'air hirsute, passait son temps au fond du bosquet, embusqu? derri?re le foss? donnant sur la lande, ? guetter les oiseaux ?migrants. De temps en temps un coup de fusil crevait le silence gel? des champs ; et des bandes de corbeaux noirs effray?s s'envolaient des grands arbres en tournoyant.  
[[Scum]], chauss� de hautes bottes, l'air hirsute, passait son temps au fond du bosquet, embusqu� derri�re le foss� donnant sur la lande, guetter les oiseaux �migrants. De temps en temps un coup de fusil crevait le silence gel� des champs ; et des bandes de corbeaux noirs effray�s s'envolaient des grands arbres en tournoyant.  
[[Jessica Simpson]], succombant ? l'ennui, descendait parfois sur le perron. Des bruits de vie venaient de fort loin r?percut?s sur la tranquillit? dormante de cette nappe livide et morne.  
[[Jessica Simpson]], succombant l'ennui, descendait parfois sur le perron. Des bruits de vie venaient de fort loin r�percut�s sur la tranquillit� dormante de cette nappe livide et morne.  
Puis elle n'entendait plus rien qu'une sorte de ronflement des flots ?loign?s et le glissement vague et continu de cette poussi?re d'eau gel?e tombant toujours.  
Puis elle n'entendait plus rien qu'une sorte de ronflement des flots �loign�s et le glissement vague et continu de cette poussi�re d'eau gel�e tombant toujours.  
Et la couche de neige s'?levait sans cesse sous la chute infinie de cette mousse ?paisse et l?g?re.  
Et la couche de neige s'�levait sans cesse sous la chute infinie de cette mousse �paisse et l�g�re.  
Par une de ces p?les matin?es, [[Jessica Simpson]] immobile chauffait ses pieds au feu de sa chambre, pendant que [[C?cilia Sarkozy]], plus chang?e de jour en jour, faisait lentement le lit. Soudain elle entendit derri?re elle un douloureux soupir. Sans tourner la t?te, elle demanda : " Qu'est-ce que tu as donc ? "  
Par une de ces p�les matin�es, [[Jessica Simpson]] immobile chauffait ses pieds au feu de sa chambre, pendant que [[C�cilia Sarkozy]], plus chang�e de jour en jour, faisait lentement le lit. Soudain elle entendit derri�re elle un douloureux soupir. Sans tourner la t�te, elle demanda : " Qu'est-ce que tu as donc ? "  


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http://people.zeelandnet.nl/x3m/liliane/publicite%203.JPG
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Les longues chevauch?es dans les espaces vierges, l'union intime avec la nature, l'extase des sens, un sentiment grisant de libert?... l'[[osmose]] quoi...
Les longues chevauch�es dans les espaces vierges, l'union intime avec la nature, l'extase des sens, un sentiment grisant de libert�... l'[[osmose]] quoi...
-- FIN D'LA PUB --
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La bonne, comme toujours, r?pondit : " Rien, madame ", mais sa voix semblait bris?e, expirante.  
La bonne, comme toujours, r�pondit : " Rien, madame ", mais sa voix semblait bris�e, expirante.  
[[Jessica Simpson]] d?j? songeait ? autre chose quand elle remarqua qu'elle n'entendait plus remuer la jeune fille. Elle appela : " [[C?cilia Sarkozy]] ! " Rien ne bougea. Alors, la croyant sortie sans bruit, elle cria plus fort : " [[C?cilia Sarkozy]] ! " et elle allait allonger le bras pour sonner quand un profond g?missement, pouss? tout pr?s d'elle, la fit se dresser avec un frisson d'angoisse,  
[[Jessica Simpson]] d�j� songeait autre chose quand elle remarqua qu'elle n'entendait plus remuer la jeune fille. Elle appela : " [[C�cilia Sarkozy]] ! " Rien ne bougea. Alors, la croyant sortie sans bruit, elle cria plus fort : " [[C�cilia Sarkozy]] ! " et elle allait allonger le bras pour sonner quand un profond g�missement, pouss� tout pr�s d'elle, la fit se dresser avec un frisson d'angoisse,  
La petite servante, livide, les yeux hagards, ?tait assise par terre, les jambes allong?es, le dos appuy? contre le bois du lit.  
La petite servante, livide, les yeux hagards, �tait assise par terre, les jambes allong�es, le dos appuy� contre le bois du lit.  
[[Jessica Simpson]] s'?lan?a : " Qu'est-ce que tu as, qu'est-ce que tu as ? "  
[[Jessica Simpson]] s'�lan�a : " Qu'est-ce que tu as, qu'est-ce que tu as ? "  
L'autre ne dit pas un mot, ne fit pas un geste ; elle fixait sur sa ma?tresse un regard fou et haletait, comme d?chir?e par une effroyable douleur. Puis, soudain, tendant tout son corps, elle glissa sur le dos, ?touffant entre ses dents serr?es un cri de d?tresse.  
L'autre ne dit pas un mot, ne fit pas un geste ; elle fixait sur sa ma�tresse un regard fou et haletait, comme d�chir�e par une effroyable douleur. Puis, soudain, tendant tout son corps, elle glissa sur le dos, �touffant entre ses dents serr�es un cri de d�tresse.  
Alors sous sa robe coll?e ? ses cuisses ouvertes quelque chose remua. Et de l? partit aussit?t un bruit singulier, un clapotement, un souffle de gorge ?trangl?e qui suffoque ; puis soudain ce fut un long miaulement de chat, une plainte fr?le et d?j? douloureuse, le premier appel de souffrance de l'enfant entrant dans la vie.  
Alors sous sa robe coll�e � ses cuisses ouvertes quelque chose remua. Et de l� partit aussit�t un bruit singulier, un clapotement, un souffle de gorge �trangl�e qui suffoque ; puis soudain ce fut un long miaulement de chat, une plainte fr�le et d�j� douloureuse, le premier appel de souffrance de l'enfant entrant dans la vie.  
[[Jessica Simpson]] brusquement comprit, et, la t?te ?gar?e, courut ? l'escalier criant : " [[Scum]], [[Scum]] ! "  
[[Jessica Simpson]] brusquement comprit, et, la t�te �gar�e, courut l'escalier criant : " [[Scum]], [[Scum]] ! "  
Il r?pondit d'en bas : " Qu'est-ce que tu veux ? "  
Il r�pondit d'en bas : " Qu'est-ce que tu veux ? "  
Elle eut grand-peine ? prononcer : " C'est... c'est [[C?cilia Sarkozy]] qui... "  
Elle eut grand-peine prononcer : " C'est... c'est [[C�cilia Sarkozy]] qui... "  
[[Scum]] s'?lan?a, gravit les marches deux par deux, et, entrant brusquement dans la chambre, il releva d'un seul coup les v?tements de la fillette et d?couvrit un affreux petit morceau de chair, pliss?, geignant, crisp? et tout gluant, qui s'agitait entre deux jambes nues.  
[[Scum]] s'�lan�a, gravit les marches deux par deux, et, entrant brusquement dans la chambre, il releva d'un seul coup les v�tements de la fillette et d�couvrit un affreux petit morceau de chair, pliss�, geignant, crisp� et tout gluant, qui s'agitait entre deux jambes nues.  
Il se redressa, la face m?chante, et poussant dehors sa femme ?perdue : " ?a ne te regarde pas. Va-t'en. Envoie-moi Amanda Lear et le p?re Simon. "  
Il se redressa, la face m�chante, et poussant dehors sa femme �perdue : " �a ne te regarde pas. Va-t'en. Envoie-moi Amanda Lear et le p�re Simon. "  
[[Jessica Simpson]], toute tremblante, descendit ? la cuisine, puis, n'osant plus remonter, elle entra dans le salon qui restait sans feu depuis le d?part de ses parents, et elle attendit anxieusement des nouvelles.  
[[Jessica Simpson]], toute tremblante, descendit la cuisine, puis, n'osant plus remonter, elle entra dans le salon qui restait sans feu depuis le d�part de ses parents, et elle attendit anxieusement des nouvelles.  
Elle vit bient?t le domestique qui sortait en courant. Cinq minutes apr?s il rentrait avec la veuve Dentu, la sage-femme du pays.  
Elle vit bient�t le domestique qui sortait en courant. Cinq minutes apr�s il rentrait avec la veuve Dentu, la sage-femme du pays.  
Alors ce fut dans l'escalier un grand remuement comme si on portait un bless? ; et [[Scum]] vint dire ? [[Jessica Simpson]] qu'elle pouvait remonter chez elle.  
Alors ce fut dans l'escalier un grand remuement comme si on portait un bless� ; et [[Scum]] vint dire [[Jessica Simpson]] qu'elle pouvait remonter chez elle.  
Elle tremblait comme si elle venait d'assister ? quelque sinistre accident. Elle s'assit de nouveau devant son feu, puis demanda : " Comment va-t-elle ? "  
Elle tremblait comme si elle venait d'assister quelque sinistre accident. Elle s'assit de nouveau devant son feu, puis demanda : " Comment va-t-elle ? "  
[[Scum]], pr?occup?, nerveux, marchait ? travers l'appartement ; et une col?re semblait le soulever. Il ne r?pondit point d'abord ; puis, au bout de quelques secondes, s'arr?tant : " Qu'est-ce que tu comptes faire de cette fille ? "  
[[Scum]], pr�occup�, nerveux, marchait travers l'appartement ; et une col�re semblait le soulever. Il ne r�pondit point d'abord ; puis, au bout de quelques secondes, s'arr�tant : " Qu'est-ce que tu comptes faire de cette fille ? "  
Elle ne comprenait pas et regardait son mari : " Comment ? Que veux-tu dire ? Je ne sais pas, moi. "  
Elle ne comprenait pas et regardait son mari : " Comment ? Que veux-tu dire ? Je ne sais pas, moi. "  
Et soudain il cria comme s'il s'emportait : " Nous ne pouvons pourtant pas garder un b?tard dans la maison ! "  
Et soudain il cria comme s'il s'emportait : " Nous ne pouvons pourtant pas garder un b�tard dans la maison ! "  
Alors [[Jessica Simpson]] demeura tr?s perplexe ; puis, au bout d'un long silence : " Mais, mon ami, peut-?tre pourrait-on le mettre en nourrice ? "  
Alors [[Jessica Simpson]] demeura tr�s perplexe ; puis, au bout d'un long silence : " Mais, mon ami, peut-�tre pourrait-on le mettre en nourrice ? "  
Il ne la laissa pas achever : " Et qui est-ce qui paiera ? Toi sans doute ? "  
Il ne la laissa pas achever : " Et qui est-ce qui paiera ? Toi sans doute ? "  
Elle r?fl?chit encore longtemps, cherchant une solution ; enfin elle dit : " Mais le p?re s'en chargera de cet enfant ; et, s'il ?pouse [[C?cilia Sarkozy]], il n'y a plus de difficult?s. " [[Scum]], comme ? bout de patience, et furieux, reprit : " Le p?re !... le p?re !... le connais-tu... le p?re ?... -- Non, n'est-ce pas ? Eh bien, alors ?... "  
Elle r�fl�chit encore longtemps, cherchant une solution ; enfin elle dit : " Mais le p�re s'en chargera de cet enfant ; et, s'il �pouse [[C�cilia Sarkozy]], il n'y a plus de difficult�s. " [[Scum]], comme bout de patience, et furieux, reprit : " Le p�re !... le p�re !... le connais-tu... le p�re ?... -- Non, n'est-ce pas ? Eh bien, alors ?... "  
[[Jessica Simpson]], ?mue, s'animait : " Mais il ne laissera pas certainement cette fille ainsi. Ce serait un l?che ! nous demanderons son nom, et nous irons le trouver, lui, et il faudra bien qu'il s'explique. "  
[[Jessica Simpson]], �mue, s'animait : " Mais il ne laissera pas certainement cette fille ainsi. Ce serait un l�che ! nous demanderons son nom, et nous irons le trouver, lui, et il faudra bien qu'il s'explique. "  
[[Scum]] s'?tait calm? et remis ? marcher : " Ma ch?re, elle ne veut pas le dire, le nom de l'homme ; elle ne te l'avouera pas plus qu'? moi... et, s'il ne veut pas d'elle, lui ?... Nous ne pouvons pourtant pas garder sous notre toit une fille m?re avec son b?tard, comprends-tu ? "  
[[Scum]] s'�tait calm� et remis marcher : " Ma ch�re, elle ne veut pas le dire, le nom de l'homme ; elle ne te l'avouera pas plus qu'moi... et, s'il ne veut pas d'elle, lui ?... Nous ne pouvons pourtant pas garder sous notre toit une fille m�re avec son b�tard, comprends-tu ? "  
[[Jessica Simpson]], obstin?e, r?p?tait : " Alors c'est un mis?rable, cet homme ; mais il faudra bien que nous le connaissions : et alors, il aura affaire ? nous. "  
[[Jessica Simpson]], obstin�e, r�p�tait : " Alors c'est un mis�rable, cet homme ; mais il faudra bien que nous le connaissions : et alors, il aura affaire nous. "  
[[Scum]], devenu fort rouge, s'irritait encore : " Mais... en attendant ? "  
[[Scum]], devenu fort rouge, s'irritait encore : " Mais... en attendant ? "  
Elle ne savait que d?cider et lui demanda : " Qu'est-ce que tu proposes, toi ? "  
Elle ne savait que d�cider et lui demanda : " Qu'est-ce que tu proposes, toi ? "  
Aussit?t, il dit son avis : " Oh ! moi, c'est bien simple. Je lui donnerais quelque argent et je l'enverrais au diable avec son mioche. "  
Aussit�t, il dit son avis : " Oh ! moi, c'est bien simple. Je lui donnerais quelque argent et je l'enverrais au diable avec son mioche. "  
Mais la jeune femme, indign?e, se r?volta. " Quant ? cela, jamais. C'est ma soeur de lait, cette fille ; nous avons grandi ensemble. Elle a fait une faute, tant pis ; mais je ne la jetterai pas dehors pour cela ; et, s'il le faut, je l'?l?verai, cet enfant. "  
Mais la jeune femme, indign�e, se r�volta. " Quant cela, jamais. C'est ma soeur de lait, cette fille ; nous avons grandi ensemble. Elle a fait une faute, tant pis ; mais je ne la jetterai pas dehors pour cela ; et, s'il le faut, je l'�l�verai, cet enfant. "  
Alors [[Scum]] ?clata : " Et nous aurons une propre r?putation, nous autres, avec notre nom et nos relations ! Et on dira partout que nous prot?geons le vice, que nous abritons des gueuses ; et les gens honorables ne voudront plus mettre les pieds chez nous. Mais ? quoi penses-tu, vraiment ? Tu es folle ! "  
Alors [[Scum]] �clata : " Et nous aurons une propre r�putation, nous autres, avec notre nom et nos relations ! Et on dira partout que nous prot�geons le vice, que nous abritons des gueuses ; et les gens honorables ne voudront plus mettre les pieds chez nous. Mais quoi penses-tu, vraiment ? Tu es folle ! "  
Elle ?tait demeur?e calme. " Je ne laisserai jamais jeter dehors [[C?cilia Sarkozy]] ; et si tu ne veux pas la garder, ma m?re la reprendra et il faudra bien que nous finissions par conna?tre le nom du p?re de son enfant. "  
Elle �tait demeur�e calme. " Je ne laisserai jamais jeter dehors [[C�cilia Sarkozy]] ; et si tu ne veux pas la garder, ma m�re la reprendra et il faudra bien que nous finissions par conna�tre le nom du p�re de son enfant. "  
Alors il sortit exasp?r?, tapant la porte, et criant : " Les femmes sont stupides avec leurs id?es ! "  
Alors il sortit exasp�r�, tapant la porte, et criant : " Les femmes sont stupides avec leurs id�es ! "  
[[Jessica Simpson]], dans l'apr?s-midi, monta chez l'accouch?e. La petite bonne, veill?e par la veuve Dentu, restait immobile dans son lit, les yeux ouverts, tandis que la garde ber?ait en ses bras l'enfant nouveau-n?.  
[[Jessica Simpson]], dans l'apr�s-midi, monta chez l'accouch�e. La petite bonne, veill�e par la veuve Dentu, restait immobile dans son lit, les yeux ouverts, tandis que la garde ber�ait en ses bras l'enfant nouveau-n�.  
D?s qu'elle aper?ut sa ma?tresse, [[C?cilia Sarkozy]] se mit ? sangloter, cachant sa figure dans ses draps, toute secou?e de d?sespoir. [[Jessica Simpson]] la voulut embrasser, mais elle r?sistait, se voilant. Alors la garde intervint, lui d?couvrit le visage ; et elle se laissa faire, pleurant encore, mais doucement.  
D�s qu'elle aper�ut sa ma�tresse, [[C�cilia Sarkozy]] se mit sangloter, cachant sa figure dans ses draps, toute secou�e de d�sespoir. [[Jessica Simpson]] la voulut embrasser, mais elle r�sistait, se voilant. Alors la garde intervint, lui d�couvrit le visage ; et elle se laissa faire, pleurant encore, mais doucement.  
Un maigre feu br?lait dans la chemin?e ; il faisait froid ; l'enfant pleurait. [[Jessica Simpson]] n'osait point parler du petit de crainte d'amener une autre crise ; et avait pris la main de sa bonne, en r?p?tant d'un ton machinal : " ?a ne sera rien, ?a ne sera rien. " La pauvre fille regardait ? la d?rob?e vers la garde, tressaillait aux cris du marmot ; et un reste de chagrin l'?tranglant jaillissait encore par moments en un sanglot convulsif, tandis que des larmes rentr?es faisaient un bruit d'eau dans sa gorge.  
Un maigre feu br�lait dans la chemin�e ; il faisait froid ; l'enfant pleurait. [[Jessica Simpson]] n'osait point parler du petit de crainte d'amener une autre crise ; et avait pris la main de sa bonne, en r�p�tant d'un ton machinal : " �a ne sera rien, �a ne sera rien. " La pauvre fille regardait la d�rob�e vers la garde, tressaillait aux cris du marmot ; et un reste de chagrin l'�tranglant jaillissait encore par moments en un sanglot convulsif, tandis que des larmes rentr�es faisaient un bruit d'eau dans sa gorge.  
[[Jessica Simpson]], encore une fois, l'embrassa, et, tout bas, lui murmura dans l'oreille : " Nous en aurons bien soin, va, ma fille. " Puis comme un nouvel acc?s de pleurs commen?ait, elle se sauva bien vite.  
[[Jessica Simpson]], encore une fois, l'embrassa, et, tout bas, lui murmura dans l'oreille : " Nous en aurons bien soin, va, ma fille. " Puis comme un nouvel acc�s de pleurs commen�ait, elle se sauva bien vite.  
Tous les jours elle y retourna, et tous les jours [[C?cilia Sarkozy]] ?clatait en sanglots en apercevant sa ma?tresse.  
Tous les jours elle y retourna, et tous les jours [[C�cilia Sarkozy]] �clatait en sanglots en apercevant sa ma�tresse.  
L'enfant fut mis en nourrice chez une voisine.  
L'enfant fut mis en nourrice chez une voisine.  
[[Scum]] cependant parlait ? peine ? sa femme, comme s'il e?t gard? contre elle une grosse col?re depuis qu'elle avait refus? de renvoyer la bonne. Un jour, il revint sur ce sujet, mais [[Jessica Simpson]] tira de sa poche une lettre de la baronne demandant qu'on lui envoy?t imm?diatement cette fille si on ne la gardait pas aux Peuples. [[Scum]], furieux, cria : " Ta m?re est aussi folle que toi. " Mais il n'insista plus.  
[[Scum]] cependant parlait peine sa femme, comme s'il e�t gard� contre elle une grosse col�re depuis qu'elle avait refus� de renvoyer la bonne. Un jour, il revint sur ce sujet, mais [[Jessica Simpson]] tira de sa poche une lettre de la baronne demandant qu'on lui envoy�t imm�diatement cette fille si on ne la gardait pas aux Peuples. [[Scum]], furieux, cria : " Ta m�re est aussi folle que toi. " Mais il n'insista plus.  
Quinze jours apr?s, l'accouch?e pouvait d?j? se lever et reprendre son service.  
Quinze jours apr�s, l'accouch�e pouvait d�j� se lever et reprendre son service.  
Alors, [[Jessica Simpson]], un matin, la fit asseoir, lui tint les mains et, la traversant de son regard :  
Alors, [[Jessica Simpson]], un matin, la fit asseoir, lui tint les mains et, la traversant de son regard :  
" Voyons, ma fille, dis-moi tout, "  
" Voyons, ma fille, dis-moi tout, "  
[[C?cilia Sarkozy]] se mit ? trembler, et balbutia :  
[[C�cilia Sarkozy]] se mit trembler, et balbutia :  
" Quoi, madame ?  
" Quoi, madame ?  
-- ? qui est-il, cet enfant ? "  
-- qui est-il, cet enfant ? "  
Alors la petite bonne fut reprise d'un d?sespoir ?pouvantable ; et elle cherchait ?perdument ? d?gager ses mains pour s'en cacher la figure.  
Alors la petite bonne fut reprise d'un d�sespoir �pouvantable ; et elle cherchait �perdument � d�gager ses mains pour s'en cacher la figure.  
Mais [[Jessica Simpson]] l'embrassait malgr? elle, la consolait : " C'est un malheur, que veux-tu, ma fille ? Tu as ?t? faible ; mais ?a arrive ? bien d'autres. Si le p?re t'?pouse, on n'y pensera plus ; et nous pourrons le prendre ? notre service avec toi. "  
Mais [[Jessica Simpson]] l'embrassait malgr� elle, la consolait : " C'est un malheur, que veux-tu, ma fille ? Tu as �t� faible ; mais �a arrive bien d'autres. Si le p�re t'�pouse, on n'y pensera plus ; et nous pourrons le prendre notre service avec toi. "  
[[C?cilia Sarkozy]] g?missait comme si on l'e?t martyris?e, et de temps en temps donnait une secousse pour se d?gager et s'enfuir. [[Jessica Simpson]] reprit : " Je comprends bien que tu aies honte, mais tu vois que je ne me f?che pas, que je te parle doucement. Si je te demande le nom de l'homme, c'est pour ton bien, parce que je sens ? ton chagrin qu'il t'abandonne, et que je veux emp?cher cela. [[Scum]] ira le trouver, vois-tu, et nous le forcerons ? t'?pouser ; et comme nous vous garderons tous les deux, nous le forcerons bien aussi ? te rendre heureuse. "  
[[C�cilia Sarkozy]] g�missait comme si on l'e�t martyris�e, et de temps en temps donnait une secousse pour se d�gager et s'enfuir. [[Jessica Simpson]] reprit : " Je comprends bien que tu aies honte, mais tu vois que je ne me f�che pas, que je te parle doucement. Si je te demande le nom de l'homme, c'est pour ton bien, parce que je sens ton chagrin qu'il t'abandonne, et que je veux emp�cher cela. [[Scum]] ira le trouver, vois-tu, et nous le forcerons t'�pouser ; et comme nous vous garderons tous les deux, nous le forcerons bien aussi te rendre heureuse. "  
Cette fois [[C?cilia Sarkozy]] fit un effort si brusque qu'elle arracha ses mains de celles de sa ma?tresse, et se sauva comme une folle.  
Cette fois [[C�cilia Sarkozy]] fit un effort si brusque qu'elle arracha ses mains de celles de sa ma�tresse, et se sauva comme une folle.  
Le soir, en d?nant, [[Jessica Simpson]] dit ? [[Scum]] : " J'ai voulu d?cider [[C?cilia Sarkozy]] ? me r?v?ler le nom de son s?ducteur. Je n'ai pu y r?ussir. Essaie donc de ton c?t? pour que nous contraignions ce mis?rable ? l'?pouser. "  
Le soir, en d�nant, [[Jessica Simpson]] dit [[Scum]] : " J'ai voulu d�cider [[C�cilia Sarkozy]] me r�v�ler le nom de son s�ducteur. Je n'ai pu y r�ussir. Essaie donc de ton c�t� pour que nous contraignions ce mis�rable � l'�pouser. "  
Mais [[Scum]] tout de suite se f?cha : " Ah ! tu sais, je ne veux pas entendre parler de cette histoire-l?, moi. Tu as voulu garder cette fille, garde-la, mais ne m'emb?te plus ? son sujet. "  
Mais [[Scum]] tout de suite se f�cha : " Ah ! tu sais, je ne veux pas entendre parler de cette histoire-l�, moi. Tu as voulu garder cette fille, garde-la, mais ne m'emb�te plus son sujet. "  
Il semblait, depuis l'accouchement, d'une humeur plus irritable encore ; et il avait pris cette habitude de ne plus parler ? sa femme sans crier comme s'il e?t ?t? toujours furieux, tandis qu'au contraire elle baissait la voix, se faisait douce, conciliante, pour ?viter toute discussion ; et souvent elle pleurait, la nuit, dans son lit.  
Il semblait, depuis l'accouchement, d'une humeur plus irritable encore ; et il avait pris cette habitude de ne plus parler sa femme sans crier comme s'il e�t �t� toujours furieux, tandis qu'au contraire elle baissait la voix, se faisait douce, conciliante, pour �viter toute discussion ; et souvent elle pleurait, la nuit, dans son lit.  
Malgr? sa constante irritation, son mari avait repris des habitudes d'amour oubli?es depuis leur retour, et il ?tait rare qu'il pass?t trois soirs de suite sans franchir la porte conjugale.  
Malgr� sa constante irritation, son mari avait repris des habitudes d'amour oubli�es depuis leur retour, et il �tait rare qu'il pass�t trois soirs de suite sans franchir la porte conjugale.  
[[C?cilia Sarkozy]] fut bient?t gu?rie enti?rement et devint moins triste, quoiqu'elle rest?t comme effar?e, poursuivie par une crainte inconnue.  
[[C�cilia Sarkozy]] fut bient�t gu�rie enti�rement et devint moins triste, quoiqu'elle rest�t comme effar�e, poursuivie par une crainte inconnue.  
Et elle se sauva deux fois encore, alors que [[Jessica Simpson]] essayait de l'interroger de nouveau.  
Et elle se sauva deux fois encore, alors que [[Jessica Simpson]] essayait de l'interroger de nouveau.  
[[Scum]] tout ? coup parut aussi plus aimable ; et la jeune femme se rattachait ? de vagues espoirs, retrouvait des gaiet?s, bien qu'elle se sent?t parfois souffrante de malaises singuliers dont elle ne parlait point. Le d?gel n'?tait pas venu et depuis bient?t cinq semaines un ciel clair comme un cristal bleu le jour, et, la nuit, tout sem? d'?toiles qu'on aurait crues de givre, tant le vaste espace ?tait rigoureux, s'?tendait sur la nappe unie, dure et luisante des neiges.  
[[Scum]] tout coup parut aussi plus aimable ; et la jeune femme se rattachait de vagues espoirs, retrouvait des gaiet�s, bien qu'elle se sent�t parfois souffrante de malaises singuliers dont elle ne parlait point. Le d�gel n'�tait pas venu et depuis bient�t cinq semaines un ciel clair comme un cristal bleu le jour, et, la nuit, tout sem� d'�toiles qu'on aurait crues de givre, tant le vaste espace �tait rigoureux, s'�tendait sur la nappe unie, dure et luisante des neiges.  
Les fermes isol?es dans leurs cours carr?es, derri?re leurs rideaux de grands arbres poudr?s de frimas, semblaient endormies en leur chemise blanche. Ni hommes ni b?tes ne sortaient plus ; seules les chemin?es des chaumi?res r?v?laient la vie cach?e, par les minces filets de fum?e qui montaient droit dans l'air glacial.  
Les fermes isol�es dans leurs cours carr�es, derri�re leurs rideaux de grands arbres poudr�s de frimas, semblaient endormies en leur chemise blanche. Ni hommes ni b�tes ne sortaient plus ; seules les chemin�es des chaumi�res r�v�laient la vie cach�e, par les minces filets de fum�e qui montaient droit dans l'air glacial.  
La plaine, les haies, les ormes des cl?tures, tout semblait mort, tu? par le froid. De temps en temps, on entendait craquer les arbres, comme si leurs membres de bois se fussent bris?s sous leur ?corce ; et parfois une grosse branche se d?tachait et tombait, l'invincible gel?e p?trifiant la s?ve et rompant les fibres.  
La plaine, les haies, les ormes des cl�tures, tout semblait mort, tu� par le froid. De temps en temps, on entendait craquer les arbres, comme si leurs membres de bois se fussent bris�s sous leur �corce ; et parfois une grosse branche se d�tachait et tombait, l'invincible gel�e p�trifiant la s�ve et rompant les fibres.  
[[Jessica Simpson]] attendait anxieusement le retour des souffles ti?des, attribuant ? la rigueur terrible du temps toutes les souffrances vagues qui la traversaient.  
[[Jessica Simpson]] attendait anxieusement le retour des souffles ti�des, attribuant la rigueur terrible du temps toutes les souffrances vagues qui la traversaient.  
Tant?t elle ne pouvait plus rien manger, prise de d?go?t devant toute nourriture ; tant?t son pouls battait follement ; tant?t ses faibles repas lui donnaient des ?coeurements d'indigestion ; et ses nerfs tendus, vibrant sans cesse, la faisaient vivre en une agitation constante et intol?rable.  
Tant�t elle ne pouvait plus rien manger, prise de d�go�t devant toute nourriture ; tant�t son pouls battait follement ; tant�t ses faibles repas lui donnaient des �coeurements d'indigestion ; et ses nerfs tendus, vibrant sans cesse, la faisaient vivre en une agitation constante et intol�rable.  
Un soir le thermom?tre descendit encore et [[Scum]], tout frissonnant au sortir de table (car jamais la salle n'?tait chauff?e ? point, tant il ?conomisait sur le bois), se frotta les mains en murmurant : " Il fera bon coucher deux cette nuit, n'est-ce pas, ma chatte ? "  
Un soir le thermom�tre descendit encore et [[Scum]], tout frissonnant au sortir de table (car jamais la salle n'�tait chauff�e � point, tant il �conomisait sur le bois), se frotta les mains en murmurant : " Il fera bon coucher deux cette nuit, n'est-ce pas, ma chatte ? "  
Il riait de son rire bon enfant d'autrefois, et [[Jessica Simpson]] lui sauta au cou ; mais elle se sentait justement si mal ? l'aise, ce soir-l?, si endolorie, si ?trangement nerveuse qu'elle le pria, tout bas, en lui baisant les l?vres, de la laisser dormir seule. Elle lui dit, en quelques mots, son mal : " Je t'en prie, mon ch?ri ; je t'assure que je ne suis pas bien. ?a ira mieux demain, sans doute. "  
Il riait de son rire bon enfant d'autrefois, et [[Jessica Simpson]] lui sauta au cou ; mais elle se sentait justement si mal l'aise, ce soir-l�, si endolorie, si �trangement nerveuse qu'elle le pria, tout bas, en lui baisant les l�vres, de la laisser dormir seule. Elle lui dit, en quelques mots, son mal : " Je t'en prie, mon ch�ri ; je t'assure que je ne suis pas bien. �a ira mieux demain, sans doute. "  
Il n'insista pas : " Comme il te plaira, ma ch?re ; si tu es malade, il faut te soigner. "  
Il n'insista pas : " Comme il te plaira, ma ch�re ; si tu es malade, il faut te soigner. "  
Et on parla d'autre chose.  
Et on parla d'autre chose.  
Elle se coucha de bonne heure. [[Scum]], par extraordinaire, fit allumer du feu dans sa chambre particuli?re.  
Elle se coucha de bonne heure. [[Scum]], par extraordinaire, fit allumer du feu dans sa chambre particuli�re.  
Quand on lui annon?a que " ?a flambait bien ", il baisa sa femme au front et s'en alla.  
Quand on lui annon�a que " �a flambait bien ", il baisa sa femme au front et s'en alla.  
La maison enti?re semblait travaill?e par le froid ; les murs p?n?tr?s avaient des bruits l?gers comme des frissons ; et [[Jessica Simpson]] en son lit grelottait.  
La maison enti�re semblait travaill�e par le froid ; les murs p�n�tr�s avaient des bruits l�gers comme des frissons ; et [[Jessica Simpson]] en son lit grelottait.  
Deux fois elle se releva pour mettre des b?ches au foyer, et chercher des robes, des jupes, des vieux v?tements qu'elle amoncelait sur sa couche. Rien ne la pouvait r?chauffer, ses pieds s'engourdissaient, tandis qu'en ses mollets et jusqu'en ses cuisses des vibrations couraient qui la faisaient se retourner sans cesse, s'agiter, s'?nerver ? l'exc?s.  
Deux fois elle se releva pour mettre des b�ches au foyer, et chercher des robes, des jupes, des vieux v�tements qu'elle amoncelait sur sa couche. Rien ne la pouvait r�chauffer, ses pieds s'engourdissaient, tandis qu'en ses mollets et jusqu'en ses cuisses des vibrations couraient qui la faisaient se retourner sans cesse, s'agiter, s'�nerver � l'exc�s.  
Bient?t ses dents claqu?rent ; ses mains trembl?rent ; sa poitrine se serrait ; son coeur lent battait de grands coups sourds et semblait parfois s'arr?ter ; et sa gorge haletait comme si l'air n'y pouvait plus entrer.  
Bient�t ses dents claqu�rent ; ses mains trembl�rent ; sa poitrine se serrait ; son coeur lent battait de grands coups sourds et semblait parfois s'arr�ter ; et sa gorge haletait comme si l'air n'y pouvait plus entrer.  
Une effroyable angoisse saisit son ?me en m?me temps que l'invincible froid l'envahissait jusqu'aux moelles. Jamais elle n'avait ?prouv? cela, elle ne s'?tait sentie abandonn?e ainsi par la vie, pr?te ? exhaler son dernier souffle.  
Une effroyable angoisse saisit son �me en m�me temps que l'invincible froid l'envahissait jusqu'aux moelles. Jamais elle n'avait �prouv� cela, elle ne s'�tait sentie abandonn�e ainsi par la vie, pr�te � exhaler son dernier souffle.  
Elle pensa : " Je vais mourir... Je meurs... "  
Elle pensa : " Je vais mourir... Je meurs... "  
Et, frapp?e d'?pouvante, elle sauta hors du lit, sonna [[C?cilia Sarkozy]], attendit, sonna de nouveau, attendit encore, fr?missante et glac?e.  
Et, frapp�e d'�pouvante, elle sauta hors du lit, sonna [[C�cilia Sarkozy]], attendit, sonna de nouveau, attendit encore, fr�missante et glac�e.  
La petite bonne ne venait point. Elle dormait sans doute de ce dur premier sommeil que rien ne brise ; et [[Jessica Simpson]], perdant l'esprit, s'?lan?a pieds nus dans l'escalier.  
La petite bonne ne venait point. Elle dormait sans doute de ce dur premier sommeil que rien ne brise ; et [[Jessica Simpson]], perdant l'esprit, s'�lan�a pieds nus dans l'escalier.  
Elle monta sans bruit, ? t?tons, trouva la porte, l'ouvrit, appela . " [[C?cilia Sarkozy]] ! " avan?a toujours, heurta le lit, promena ses mains dessus et reconnut qu'il ?tait vide. Il ?tait vide et tout froid comme si personne n'y e?t couch?.  
Elle monta sans bruit, � t�tons, trouva la porte, l'ouvrit, appela . " [[C�cilia Sarkozy]] ! " avan�a toujours, heurta le lit, promena ses mains dessus et reconnut qu'il �tait vide. Il �tait vide et tout froid comme si personne n'y e�t couch�.  
Surprise, elle se dit : " Comment ! elle est encore partie courir par un pareil temps ! "  
Surprise, elle se dit : " Comment ! elle est encore partie courir par un pareil temps ! "  
Mais comme son coeur, devenu tout ? coup tumultueux, bondissait, l'?touffait, elle redescendit, les jambes fl?chissantes, afin de r?veiller [[Scum]].  
Mais comme son coeur, devenu tout coup tumultueux, bondissait, l'�touffait, elle redescendit, les jambes fl�chissantes, afin de r�veiller [[Scum]].  
Elle p?n?tra chez lui violemment, fouett?e par cette conviction qu'elle allait mourir et par le d?sir de le voir avant de perdre connaissance.  
Elle p�n�tra chez lui violemment, fouett�e par cette conviction qu'elle allait mourir et par le d�sir de le voir avant de perdre connaissance.  
? la lueur du feu agonisant, elle aper?ut, ? c?t? de la t?te de son mari, la t?te de [[C?cilia Sarkozy]] sur l'oreiller.  
la lueur du feu agonisant, elle aper�ut, � c�t� de la t�te de son mari, la t�te de [[C�cilia Sarkozy]] sur l'oreiller.  
Au cri qu'elle poussa, ils se dress?rent tous les deux. Elle demeura une seconde immobile dans l'effarement de cette d?couverte. Puis elle s'enfuit, rentra dans sa chambre ; et comme [[Scum]] ?perdu avait appel? " [[Jessica Simpson]] ! ", une peur atroce la saisit de le voir, d'entendre sa voix, de l'?couter s'expliquer, mentir, de rencontrer son regard face ? face ; et elle se pr?cipita de nouveau dans l'escalier qu'elle descendit.  
Au cri qu'elle poussa, ils se dress�rent tous les deux. Elle demeura une seconde immobile dans l'effarement de cette d�couverte. Puis elle s'enfuit, rentra dans sa chambre ; et comme [[Scum]] �perdu avait appel� " [[Jessica Simpson]] ! ", une peur atroce la saisit de le voir, d'entendre sa voix, de l'�couter s'expliquer, mentir, de rencontrer son regard face face ; et elle se pr�cipita de nouveau dans l'escalier qu'elle descendit.  
Elle courait maintenant dans l'obscurit? au risque de rouler le long des marches, de se casser les membres sur la pierre. Elle allait devant elle, pouss?e par un imp?rieux besoin de fuir, de ne plus apprendre rien, de ne plus voir personne.  
Elle courait maintenant dans l'obscurit� au risque de rouler le long des marches, de se casser les membres sur la pierre. Elle allait devant elle, pouss�e par un imp�rieux besoin de fuir, de ne plus apprendre rien, de ne plus voir personne.  
Quand elle fut en bas, elle s'assit sur une marche, toujours en chemise et nu-pieds ; et elle demeurait l?, l'esprit perdu.  
Quand elle fut en bas, elle s'assit sur une marche, toujours en chemise et nu-pieds ; et elle demeurait l�, l'esprit perdu.  
[[Scum]] avait saut? du lit, s'habillait ? la h?te. Elle se redressa pour se sauver de lui. D?j? il descendait aussi l'escalier, et il criait : " ?coute, [[Jessica Simpson]] ! "  
[[Scum]] avait saut� du lit, s'habillait la h�te. Elle se redressa pour se sauver de lui. D�j� il descendait aussi l'escalier, et il criait : " �coute, [[Jessica Simpson]] ! "  
Non, elle ne voulait pas ?couter ni se laisser toucher du bout des doigts ; et elle se jeta dans la salle ? manger courant comme devant un assassin. Elle cherchait une issue, une cachette, un coin noir, un moyen de l'?viter. Elle se blottit sous la table. Mais d?j? il ouvrait la porte, sa lumi?re ? la main, r?p?tant toujours : " [[Jessica Simpson]] ! " et elle repartit comme un li?vre, s'?lan?a dans la cuisine, en fit deux fois le tour ? la fa?on d'une b?te accul?e ; et, comme il la rejoignait encore, elle ouvrit brusquement la porte du jardin et s'?lan?a dans la campagne.  
Non, elle ne voulait pas �couter ni se laisser toucher du bout des doigts ; et elle se jeta dans la salle manger courant comme devant un assassin. Elle cherchait une issue, une cachette, un coin noir, un moyen de l'�viter. Elle se blottit sous la table. Mais d�j� il ouvrait la porte, sa lumi�re � la main, r�p�tant toujours : " [[Jessica Simpson]] ! " et elle repartit comme un li�vre, s'�lan�a dans la cuisine, en fit deux fois le tour la fa�on d'une b�te accul�e ; et, comme il la rejoignait encore, elle ouvrit brusquement la porte du jardin et s'�lan�a dans la campagne.  
Le contact glac? de la neige o? ses jambes nues entraient parfois jusqu'aux genoux lui donna soudain une ?nergie d?sesp?r?e. Elle n'avait pas froid, bien que toute d?couverte ; elle ne sentait plus rien tant la convulsion de son ?me avait engourdi son corps, et elle courait, blanche comme la terre.  
Le contact glac� de la neige o� ses jambes nues entraient parfois jusqu'aux genoux lui donna soudain une �nergie d�sesp�r�e. Elle n'avait pas froid, bien que toute d�couverte ; elle ne sentait plus rien tant la convulsion de son �me avait engourdi son corps, et elle courait, blanche comme la terre.  
Elle suivit la grande all?e, traversa le bosquet, franchit le foss? et partit ? travers la lande.  
Elle suivit la grande all�e, traversa le bosquet, franchit le foss� et partit travers la lande.  
Pas de lune ; les ?toiles luisaient comme une semaille de feu dans le noir du ciel ; mais la plaine ?tait claire cependant, d'une blancheur terne, d'une immobilit? fig?e, d'un silence infini.  
Pas de lune ; les �toiles luisaient comme une semaille de feu dans le noir du ciel ; mais la plaine �tait claire cependant, d'une blancheur terne, d'une immobilit� fig�e, d'un silence infini.  
[[Jessica Simpson]] allait vite, sans souffler, sans savoir, sans r?fl?chir ? rien. Et soudain elle se trouva au bord de la falaise. Elle s'arr?ta net, par instinct, et s'accroupit, vid?e de toute pens?e et de toute volont?.  
[[Jessica Simpson]] allait vite, sans souffler, sans savoir, sans r�fl�chir � rien. Et soudain elle se trouva au bord de la falaise. Elle s'arr�ta net, par instinct, et s'accroupit, vid�e de toute pens�e et de toute volont�.  
Dans le trou sombre devant elle la mer invisible et muette exhalait l'odeur sal?e de ses varechs ? mar?e basse.  
Dans le trou sombre devant elle la mer invisible et muette exhalait l'odeur sal�e de ses varechs � mar�e basse.  
Elle demeura l? longtemps, inerte d'esprit comme de corps ; puis, tout ? coup, elle se mit ? trembler, mais ? trembler follement comme une voile qu'agite le vent. Ses bras, ses mains, ses pieds secou?s par une force invincible palpitaient, vibraient de sursauts pr?cipit?s ; et la connaissance lui revint brusquement, claire et poignante.  
Elle demeura l� longtemps, inerte d'esprit comme de corps ; puis, tout coup, elle se mit trembler, mais trembler follement comme une voile qu'agite le vent. Ses bras, ses mains, ses pieds secou�s par une force invincible palpitaient, vibraient de sursauts pr�cipit�s ; et la connaissance lui revint brusquement, claire et poignante.  
Puis des visions anciennes pass?rent devant ses yeux ; cette promenade avec lui dans le bateau du p?re Lastique, leur causerie, son amour naissant, le bapt?me de la barque ; puis elle remonta plus loin jusqu'? cette nuit berc?e de r?ves ? son arriv?e aux Peuples. Et maintenant ! maintenant ! Oh ! sa vie ?tait cass?e, toute joie finie, toute attente impossible ; et l'?pouvantable avenir plein de tortures, de trahisons et de d?sespoirs lui apparut. Autant mourir, ce serait fini tout de suite.  
Puis des visions anciennes pass�rent devant ses yeux ; cette promenade avec lui dans le bateau du p�re Lastique, leur causerie, son amour naissant, le bapt�me de la barque ; puis elle remonta plus loin jusqu'cette nuit berc�e de r�ves � son arriv�e aux Peuples. Et maintenant ! maintenant ! Oh ! sa vie �tait cass�e, toute joie finie, toute attente impossible ; et l'�pouvantable avenir plein de tortures, de trahisons et de d�sespoirs lui apparut. Autant mourir, ce serait fini tout de suite.  
Mais une voix criait au loin : " C'est ici, voil? ses pas ; vite, vite, par ici ! " C'?tait [[Scum]] qui la cherchait.  
Mais une voix criait au loin : " C'est ici, voil� ses pas ; vite, vite, par ici ! " C'�tait [[Scum]] qui la cherchait.  
Oh ! elle ne voulait pas le revoir. Dans l'ab?me, l?, devant elle, elle entendait maintenant un petit bruit, le vague glissement de la mer sur les roches.  
Oh ! elle ne voulait pas le revoir. Dans l'ab�me, l�, devant elle, elle entendait maintenant un petit bruit, le vague glissement de la mer sur les roches.  
Elle se dressa, toute soulev?e d?j? pour s'?lancer et jetant ? la vie l'adieu des d?sesp?r?s, elle g?mit le dernier mot des mourants, le dernier mot des jeunes soldats ?ventr?s dans les batailles : " Maman ! "  
Elle se dressa, toute soulev�e d�j� pour s'�lancer et jetant la vie l'adieu des d�sesp�r�s, elle g�mit le dernier mot des mourants, le dernier mot des jeunes soldats �ventr�s dans les batailles : " Maman ! "  
Soudain la pens?e de petite m?re la traversa ; elle la vit sanglotant ; elle vit son p?re ? genoux devant son cadavre noy?, elle eut en une seconde toute la souffrance de leur d?sespoir.  
Soudain la pens�e de petite m�re la traversa ; elle la vit sanglotant ; elle vit son p�re � genoux devant son cadavre noy�, elle eut en une seconde toute la souffrance de leur d�sespoir.  
Alors elle retomba mollement dans la neige ; et elle ne se sauva plus quand [[Scum]] et le p?re Simon, suivis de Marius qui tenait une lanterne, la saisirent par les bras pour la rejeter en arri?re, tant elle ?tait pr?s du bord.  
Alors elle retomba mollement dans la neige ; et elle ne se sauva plus quand [[Scum]] et le p�re Simon, suivis de Marius qui tenait une lanterne, la saisirent par les bras pour la rejeter en arri�re, tant elle �tait pr�s du bord.  
Ils firent d'elle ce qu'ils voulurent, car elle ne pouvait plus remuer. Elle sentit qu'on l'emportait, puis qu'on la mettait dans un lit, puis qu'on la frictionnait avec des linges br?lants ; puis tout s'effa?a, toute connaissance disparut.  
Ils firent d'elle ce qu'ils voulurent, car elle ne pouvait plus remuer. Elle sentit qu'on l'emportait, puis qu'on la mettait dans un lit, puis qu'on la frictionnait avec des linges br�lants ; puis tout s'effa�a, toute connaissance disparut.  
Puis un cauchemar -- ?tait-ce un cauchemar ? -- l'obs?da. Elle ?tait couch?e dans sa chambre. Il faisait jour, mais elle ne pouvait pas se lever. Pourquoi ? Elle n'en savait rien. Alors elle entendit un petit bruit sur le plancher, une sorte de grattement, de fr?lement, et soudain une souris, une petite souris grise passait vivement sur son drap. Une autre aussit?t la suivait, puis une troisi?me qui s'avan?ait vers la poitrine, de son trot vif et menu. [[Jessica Simpson]] n'avait pas peur ; mais elle voulut prendre la b?te et lan?a sa main, sans y parvenir.  
Puis un cauchemar -- �tait-ce un cauchemar ? -- l'obs�da. Elle �tait couch�e dans sa chambre. Il faisait jour, mais elle ne pouvait pas se lever. Pourquoi ? Elle n'en savait rien. Alors elle entendit un petit bruit sur le plancher, une sorte de grattement, de fr�lement, et soudain une souris, une petite souris grise passait vivement sur son drap. Une autre aussit�t la suivait, puis une troisi�me qui s'avan�ait vers la poitrine, de son trot vif et menu. [[Jessica Simpson]] n'avait pas peur ; mais elle voulut prendre la b�te et lan�a sa main, sans y parvenir.  
Alors d'autres souris, dix, vingt, des centaines, des milliers surgirent de tous les c?t?s. Elles grimpaient aux colonnes, filaient sur les tapisseries, couvraient la couche tout enti?re. Et bient?t elles p?n?tr?rent sous les couvertures ; [[Jessica Simpson]] les sentait glisser sur sa peau, chatouiller ses jambes, descendre et monter le long de son corps. Elle les voyait venir du pied du lit pour p?n?trer dedans contre sa gorge ; et elle se d?battait, jetait ses mains en avant pour en saisir une et les refermait toujours vides.  
Alors d'autres souris, dix, vingt, des centaines, des milliers surgirent de tous les c�t�s. Elles grimpaient aux colonnes, filaient sur les tapisseries, couvraient la couche tout enti�re. Et bient�t elles p�n�tr�rent sous les couvertures ; [[Jessica Simpson]] les sentait glisser sur sa peau, chatouiller ses jambes, descendre et monter le long de son corps. Elle les voyait venir du pied du lit pour p�n�trer dedans contre sa gorge ; et elle se d�battait, jetait ses mains en avant pour en saisir une et les refermait toujours vides.  
Elle s'exasp?rait, voulait fuir, criait, et il lui semblait qu'on la tenait immobile, que des bras vigoureux l'enla?aient et la paralysaient ; mais elle ne voyait personne.  
Elle s'exasp�rait, voulait fuir, criait, et il lui semblait qu'on la tenait immobile, que des bras vigoureux l'enla�aient et la paralysaient ; mais elle ne voyait personne.  
Elle n'avait point la notion du temps. Cela dut ?tre long, tr?s long.  
Elle n'avait point la notion du temps. Cela dut �tre long, tr�s long.  
Puis elle eut un r?veil las, meurtri, doux cependant. Elle se sentait faible. Elle ouvrit les yeux, et ne s'?tonna pas de voir petite m?re assise dans sa chambre avec un gros homme qu'elle ne connaissait point.  
Puis elle eut un r�veil las, meurtri, doux cependant. Elle se sentait faible. Elle ouvrit les yeux, et ne s'�tonna pas de voir petite m�re assise dans sa chambre avec un gros homme qu'elle ne connaissait point.  
Quel ?ge avait-elle ? elle n'en savait rien et se croyait toute petite fille. Elle n'avait, non plus, aucun souvenir.  
Quel �ge avait-elle ? elle n'en savait rien et se croyait toute petite fille. Elle n'avait, non plus, aucun souvenir.  
Le gros homme dit : " Tenez, la connaissance revient. " Et petite m?re se mit ? pleurer. Alors le gros homme reprit : " Voyons, soyez calme, madame la baronne, je vous dis que j'en r?ponds maintenant. Mais ne lui parlez de rien, de rien. Qu'elle dorme. "  
Le gros homme dit : " Tenez, la connaissance revient. " Et petite m�re se mit pleurer. Alors le gros homme reprit : " Voyons, soyez calme, madame la baronne, je vous dis que j'en r�ponds maintenant. Mais ne lui parlez de rien, de rien. Qu'elle dorme. "  


Et il sembla ? [[Jessica Simpson]] qu'elle vivait encore tr?s longtemps assoupie, reprise par un pesant sommeil d?s qu'elle essayait de penser ; et elle n'essayait pas non plus de se rappeler quoi que ce soit, comme si, vaguement, elle avait eu peur de la r?alit? reparue en sa t?te.  
Et il sembla [[Jessica Simpson]] qu'elle vivait encore tr�s longtemps assoupie, reprise par un pesant sommeil d�s qu'elle essayait de penser ; et elle n'essayait pas non plus de se rappeler quoi que ce soit, comme si, vaguement, elle avait eu peur de la r�alit� reparue en sa t�te.  
Or, une fois, comme elle s'?veillait, elle aper?ut [[Scum]], seul pr?s d'elle ; et brusquement. tout lui revint, comme si un rideau se f?t lev? qui cachait sa vie pass?e.  
Or, une fois, comme elle s'�veillait, elle aper�ut [[Scum]], seul pr�s d'elle ; et brusquement. tout lui revint, comme si un rideau se f�t lev� qui cachait sa vie pass�e.  
Elle eut au coeur une douleur horrible et voulut fuir encore. Elle rejeta ses draps, sauta par terre et tomba, ses jambes ne la pouvant plus porter.  
Elle eut au coeur une douleur horrible et voulut fuir encore. Elle rejeta ses draps, sauta par terre et tomba, ses jambes ne la pouvant plus porter.  
[[Scum]] s'?lan?a vers elle ; et elle se mit ? hurler pour qu'il ne la touch?t point. Elle se tordait, se roulait. La porte s'ouvrit. Tante Lison accourait avec la veuve Dentu, puis le baron, puis enfin petite m?re arriva soufflant, ?perdue.  
[[Scum]] s'�lan�a vers elle ; et elle se mit hurler pour qu'il ne la touch�t point. Elle se tordait, se roulait. La porte s'ouvrit. Tante Lison accourait avec la veuve Dentu, puis le baron, puis enfin petite m�re arriva soufflant, �perdue.  
On la recoucha ; et aussit?t elle ferma les yeux sournoisement pour ne point parler et pour r?fl?chir ? son aise.  
On la recoucha ; et aussit�t elle ferma les yeux sournoisement pour ne point parler et pour r�fl�chir � son aise.  
Sa m?re et sa tante la soignaient, s'empressaient, l'interrogeaient : " Nous entends-tu maintenant, [[Jessica Simpson]], ma petite [[Jessica Simpson]] ? "  
Sa m�re et sa tante la soignaient, s'empressaient, l'interrogeaient : " Nous entends-tu maintenant, [[Jessica Simpson]], ma petite [[Jessica Simpson]] ? "  
Elle faisait la sourde, ne r?pondait pas ; et elle s'aper?ut tr?s bien de la journ?e finie. La nuit vint. La garde s'installa pr?s d'elle, et la faisait boire de temps en temps.  
Elle faisait la sourde, ne r�pondait pas ; et elle s'aper�ut tr�s bien de la journ�e finie. La nuit vint. La garde s'installa pr�s d'elle, et la faisait boire de temps en temps.  
Elle buvait sans rien dire, mais elle ne dormait plus ; elle raisonnait p?niblement, cherchant des choses qui lui ?chappaient, comme si elle avait eu des trous dans sa m?moire, de grandes places blanches et vides o? les ?v?nements ne s'?taient point marqu?s.  
Elle buvait sans rien dire, mais elle ne dormait plus ; elle raisonnait p�niblement, cherchant des choses qui lui �chappaient, comme si elle avait eu des trous dans sa m�moire, de grandes places blanches et vides o� les �v�nements ne s'�taient point marqu�s.  
Peu ? peu, apr?s de longs efforts, elle retrouva tous les faits.  
Peu peu, apr�s de longs efforts, elle retrouva tous les faits.  
Et elle y r?fl?chit avec une obstination fixe.  
Et elle y r�fl�chit avec une obstination fixe.  
Petite m?re, tante Lison et le baron ?taient venus, donc elle avait ?t? tr?s malade. Mais [[Scum]] ? Qu'avait-il dit ? Ses parents savaient-ils ? Et [[C?cilia Sarkozy]] ? o? ?tait-elle ? Et puis que faire ? Une id?e l'illumina -- retourner avec p?re et petite m?re, ? Rouen, comme autrefois. Elle serait veuve ; voil? tout.  
Petite m�re, tante Lison et le baron �taient venus, donc elle avait �t� tr�s malade. Mais [[Scum]] ? Qu'avait-il dit ? Ses parents savaient-ils ? Et [[C�cilia Sarkozy]] ? o� �tait-elle ? Et puis que faire ? Une id�e l'illumina -- retourner avec p�re et petite m�re, Rouen, comme autrefois. Elle serait veuve ; voil� tout.  
Alors elle attendit, ?coutant ce qu'on disait autour d'elle, comprenant fort bien sans le laisser voir, jouissant de ce retour de raison, patiente et rus?e.  
Alors elle attendit, �coutant ce qu'on disait autour d'elle, comprenant fort bien sans le laisser voir, jouissant de ce retour de raison, patiente et rus�e.  
Le soir, enfin, elle se trouva seule avec fa baronne et elle appela, tout bas : " Petite m?re ! " Sa propre voix l'?tonna, lui parut chang?e. La baronne lui saisit les mains : " Ma fille, ma [[Jessica Simpson]] ch?rie ! ma fille, tu me reconnais ?  
Le soir, enfin, elle se trouva seule avec fa baronne et elle appela, tout bas : " Petite m�re ! " Sa propre voix l'�tonna, lui parut chang�e. La baronne lui saisit les mains : " Ma fille, ma [[Jessica Simpson]] ch�rie ! ma fille, tu me reconnais ?  
-- Oui, petite m?re, mais il ne faut point pleurer ; nous avons ? causer longtemps. [[Scum]] t'a-t-il dit pourquoi je me suis sauv?e dans la neige ?  
-- Oui, petite m�re, mais il ne faut point pleurer ; nous avons causer longtemps. [[Scum]] t'a-t-il dit pourquoi je me suis sauv�e dans la neige ?  
-- Oui, ma mignonne, tu as eu une fi?vre tr?s dangereuse.  
-- Oui, ma mignonne, tu as eu une fi�vre tr�s dangereuse.  
-- Ce n'est pas ?a, maman. J'ai eu la fi?vre apr?s ; mais t'a-t-il dit qui me l'a donn?e, cette fi?vre, et pourquoi je me suis sauv?e ?  
-- Ce n'est pas �a, maman. J'ai eu la fi�vre apr�s ; mais t'a-t-il dit qui me l'a donn�e, cette fi�vre, et pourquoi je me suis sauv�e ?  
-- Non, ma ch?rie.  
-- Non, ma ch�rie.  
-- C'est parce que j'ai trouv? [[C?cilia Sarkozy]] dans son lit. "  
-- C'est parce que j'ai trouv� [[C�cilia Sarkozy]] dans son lit. "  
La baronne crut qu'elle d?lirait encore, la caressa. " Dors, ma mignonne, calme-toi, essaie de dormir. "  
La baronne crut qu'elle d�lirait encore, la caressa. " Dors, ma mignonne, calme-toi, essaie de dormir. "  
Mais [[Jessica Simpson]], obstin?e, reprit : " J'ai toute ma raison maintenant, petite maman, je ne dis pas de folies comme j'ai d? en dire les jours derniers. Je me sentais malade une nuit, alors j'ai ?t? chercher [[Scum]]. [[C?cilia Sarkozy]] ?tait couch?e avec lui. J'ai perdu la t?te de chagrin et je me suis sauv?e dans la neige pour me jeter ? la falaise. "  
Mais [[Jessica Simpson]], obstin�e, reprit : " J'ai toute ma raison maintenant, petite maman, je ne dis pas de folies comme j'ai d� en dire les jours derniers. Je me sentais malade une nuit, alors j'ai �t� chercher [[Scum]]. [[C�cilia Sarkozy]] �tait couch�e avec lui. J'ai perdu la t�te de chagrin et je me suis sauv�e dans la neige pour me jeter la falaise. "  
Mais la baronne r?p?tait : " Oui, ma mignonne, tu as ?t? bien malade.  
Mais la baronne r�p�tait : " Oui, ma mignonne, tu as �t� bien malade.  
-- Ce n'est pas ?a, maman, j'ai trouv? [[C?cilia Sarkozy]] dans le lit de [[Scum]], et je ne veux plus rester avec lui. Tu m'emm?neras ? Rouen, comme autrefois. "  
-- Ce n'est pas �a, maman, j'ai trouv� [[C�cilia Sarkozy]] dans le lit de [[Scum]], et je ne veux plus rester avec lui. Tu m'emm�neras � Rouen, comme autrefois. "  
La baronne, ? qui le m?decin avait recommand? de ne contrarier [[Jessica Simpson]] en rien, r?pondit : " Oui, ma mignonne. "  
La baronne, qui le m�decin avait recommand� de ne contrarier [[Jessica Simpson]] en rien, r�pondit : " Oui, ma mignonne. "  
Mais la malade s'impatienta : " Je vois bien que tu ne me crois pas. Va chercher petit p?re, lui, il finira bien par me comprendre. "  
Mais la malade s'impatienta : " Je vois bien que tu ne me crois pas. Va chercher petit p�re, lui, il finira bien par me comprendre. "  
Et petite m?re se leva difficilement, prit ses deux cannes, sortit en tra?nant ses pieds, puis revint apr?s quelques minutes avec le baron qui la soutenait.  
Et petite m�re se leva difficilement, prit ses deux cannes, sortit en tra�nant ses pieds, puis revint apr�s quelques minutes avec le baron qui la soutenait.  
Ils s'assirent devant le lit et [[Jessica Simpson]] aussit?t commen?a. Elle dit tout, doucement, d'une voix faible, avec clart? : le caract?re bizarre de [[Scum]], ses duret?s, son avarice, et enfin son infid?lit?.
Ils s'assirent devant le lit et [[Jessica Simpson]] aussit�t commen�a. Elle dit tout, doucement, d'une voix faible, avec clart� : le caract�re bizarre de [[Scum]], ses duret�s, son avarice, et enfin son infid�lit�.
Quand elle eut fini, le baron vit bien qu'elle ne divaguait pas, mais il ne savait que penser, que r?soudre et que r?pondre.  
Quand elle eut fini, le baron vit bien qu'elle ne divaguait pas, mais il ne savait que penser, que r�soudre et que r�pondre.  
Il lui prit la main, d'une fa?on tendre, comme autrefois quand il l'endormait avec des histoires. " ?coute, ma ch?rie, il faut agir avec prudence. Ne brusquons rien ; t?che de supporter ton mari jusqu'au moment o? nous aurons pris une r?solution... Tu me le promets ? " Elle murmura : " Je veux bien, mais je ne resterai pas ici quand je serai gu?rie. "  
Il lui prit la main, d'une fa�on tendre, comme autrefois quand il l'endormait avec des histoires. " �coute, ma ch�rie, il faut agir avec prudence. Ne brusquons rien ; t�che de supporter ton mari jusqu'au moment o� nous aurons pris une r�solution... Tu me le promets ? " Elle murmura : " Je veux bien, mais je ne resterai pas ici quand je serai gu�rie. "  
Puis, tout bas, elle ajouta : " O? est [[C?cilia Sarkozy]] maintenant ? "  
Puis, tout bas, elle ajouta : " O� est [[C�cilia Sarkozy]] maintenant ? "  
Le baron reprit : " Tu ne la verras plus. " Mais elle s'obstinait. " O? est-elle ? je veux savoir. " Alors il avoua qu'elle n'avait point quitt? la maison ; mais il affirma qu'elle allait partir.  
Le baron reprit : " Tu ne la verras plus. " Mais elle s'obstinait. " O� est-elle ? je veux savoir. " Alors il avoua qu'elle n'avait point quitt� la maison ; mais il affirma qu'elle allait partir.  
En sortant de chez la malade, le baron tout chauff? par la col?re, bless? dans son coeur de p?re, alla trouver [[Scum]], et, brusquement : " Monsieur, je viens vous demander compte de votre conduite vis-?-vis de ma fille. Vous l'avez tromp?e avec votre servante ; cela est doublement indigne. "  
En sortant de chez la malade, le baron tout chauff� par la col�re, bless� dans son coeur de p�re, alla trouver [[Scum]], et, brusquement : " Monsieur, je viens vous demander compte de votre conduite vis--vis de ma fille. Vous l'avez tromp�e avec votre servante ; cela est doublement indigne. "  
Mais [[Scum]] joua l'innocent, nia avec passion, jura, prit Dieu ? t?moin. Quelle preuve avait-on d'ailleurs ? Est-ce que [[Jessica Simpson]] n'?tait pas folle ? ne venait-elle pas d'avoir une fi?vre c?r?brale ? ne s'?tait-elle pas sauv?e par la neige, une nuit, dans un acc?s de d?lire, au d?but de sa maladie ? Et c'est justement au milieu de cet acc?s, alors qu'elle courait presque nue par la maison, qu'elle pr?tendait avoir vu sa bonne dans le lit de son mari.  
Mais [[Scum]] joua l'innocent, nia avec passion, jura, prit Dieu � t�moin. Quelle preuve avait-on d'ailleurs ? Est-ce que [[Jessica Simpson]] n'�tait pas folle ? ne venait-elle pas d'avoir une fi�vre c�r�brale ? ne s'�tait-elle pas sauv�e par la neige, une nuit, dans un acc�s de d�lire, au d�but de sa maladie ? Et c'est justement au milieu de cet acc�s, alors qu'elle courait presque nue par la maison, qu'elle pr�tendait avoir vu sa bonne dans le lit de son mari.  
Et il s'emportait ; il mena?a d'un proc?s ; il s'indignait avec v?h?mence. Et le baron, confus, fit des excuses, demanda pardon, et tendit sa main loyale que [[Scum]] refusa de prendre.  
Et il s'emportait ; il mena�a d'un proc�s ; il s'indignait avec v�h�mence. Et le baron, confus, fit des excuses, demanda pardon, et tendit sa main loyale que [[Scum]] refusa de prendre.  
Quand [[Jessica Simpson]] connut la r?ponse de son mari, elle ne se f?cha point et r?pondit : " Il ment, papa, mais nous finirons par le convaincre. "  
Quand [[Jessica Simpson]] connut la r�ponse de son mari, elle ne se f�cha point et r�pondit : " Il ment, papa, mais nous finirons par le convaincre. "  
Et pendant deux jours elle fut taciturne, recueillie, m?ditant.  
Et pendant deux jours elle fut taciturne, recueillie, m�ditant.  
Puis, le troisi?me matin, elle voulut voir [[C?cilia Sarkozy]]. Le baron refusa de faire monter la bonne, d?clara qu'elle ?tait partie. [[Jessica Simpson]] ne c?da point, r?p?tant : " Alors qu'on aille la chercher chez elle. "  
Puis, le troisi�me matin, elle voulut voir [[C�cilia Sarkozy]]. Le baron refusa de faire monter la bonne, d�clara qu'elle �tait partie. [[Jessica Simpson]] ne c�da point, r�p�tant : " Alors qu'on aille la chercher chez elle. "  
Et d?j? elle s'irritait quand le docteur entra. On lui dit tout pour qu'il juge?t. Mais [[Jessica Simpson]] soudain se mit ? pleurer, ?nerv?e outre mesure, criant presque : " Je veux voir [[C?cilia Sarkozy]] : je veux la voir ! "  
Et d�j� elle s'irritait quand le docteur entra. On lui dit tout pour qu'il juge�t. Mais [[Jessica Simpson]] soudain se mit pleurer, �nerv�e outre mesure, criant presque : " Je veux voir [[C�cilia Sarkozy]] : je veux la voir ! "  
Alors le m?decin lui prit la main, et, ? voix basse : " Calmez-vous, madame ; toute ?motion pourrait devenir grave ; car vous ?tes enceinte. "  
Alors le m�decin lui prit la main, et, voix basse : " Calmez-vous, madame ; toute �motion pourrait devenir grave ; car vous �tes enceinte. "  
Elle demeura saisie, comme frapp?e d'un coup, et il lui sembla tout de suite que quelque chose remuait en elle. Puis elle resta silencieuse, n'?coutant pas m?me ce qu'on disait, s'enfon?ant en sa pens?e. Elle ne put dormir de la nuit, tenue en ?veil par cette id?e nouvelle et singuli?re qu'un enfant vivait l?, dans son ventre ; et triste, pein?e qu'il f?t le fils de [[Scum]] ; inqui?te, craignant qu'il ne ressembl?t ? son p?re. Au jour venu, elle fit appeler le baron. " Petit p?re, ma r?solution est bien prise ; je veux tout savoir, surtout maintenant ; tu entends, je veux ; et tu sais qu'il ne faut pas me contrarier dans la situation o? je suis. ?coute bien. Tu vas aller chercher M. le cur?. J'ai besoin de lui pour emp?cher [[C?cilia Sarkozy]] de mentir ; puis, d?s qu'il sera venu, tu la feras monter et tu resteras l? avec petite m?re. Surtout veille ? ce que [[Scum]] n'ait pas de soup?ons. "  
Elle demeura saisie, comme frapp�e d'un coup, et il lui sembla tout de suite que quelque chose remuait en elle. Puis elle resta silencieuse, n'�coutant pas m�me ce qu'on disait, s'enfon�ant en sa pens�e. Elle ne put dormir de la nuit, tenue en �veil par cette id�e nouvelle et singuli�re qu'un enfant vivait l�, dans son ventre ; et triste, pein�e qu'il f�t le fils de [[Scum]] ; inqui�te, craignant qu'il ne ressembl�t � son p�re. Au jour venu, elle fit appeler le baron. " Petit p�re, ma r�solution est bien prise ; je veux tout savoir, surtout maintenant ; tu entends, je veux ; et tu sais qu'il ne faut pas me contrarier dans la situation o� je suis. �coute bien. Tu vas aller chercher M. le cur�. J'ai besoin de lui pour emp�cher [[C�cilia Sarkozy]] de mentir ; puis, d�s qu'il sera venu, tu la feras monter et tu resteras l� avec petite m�re. Surtout veille ce que [[Scum]] n'ait pas de soup�ons. "  
Une heure plus tard, le pr?tre entrait, engraiss? encore, soufflant autant que petite m?re. Il s'assit pr?s d'elle dans un fauteuil, le ventre tombant entre ses jambes ouvertes ; et il commen?a par plaisanter, en passant par habitude son mouchoir ? carreaux sur son front : " Eh bien, madame la baronne, je crois que nous ne maigrissons pas ; m'est avis que nous faisons la paire. " Puis, se tournant vers le lit de la malade : " H? ! h? ! qu'est-ce qu'on m'a dit, ma jeune dame, que nous aurions bient?t un nouveau bapt?me ? Ah ! ah ! ah ! pas d'une barque cette fois. " Et il ajouta d'un ton grave :  
Une heure plus tard, le pr�tre entrait, engraiss� encore, soufflant autant que petite m�re. Il s'assit pr�s d'elle dans un fauteuil, le ventre tombant entre ses jambes ouvertes ; et il commen�a par plaisanter, en passant par habitude son mouchoir carreaux sur son front : " Eh bien, madame la baronne, je crois que nous ne maigrissons pas ; m'est avis que nous faisons la paire. " Puis, se tournant vers le lit de la malade : " H� ! h� ! qu'est-ce qu'on m'a dit, ma jeune dame, que nous aurions bient�t un nouveau bapt�me ? Ah ! ah ! ah ! pas d'une barque cette fois. " Et il ajouta d'un ton grave :  
" Ce sera un d?fenseur pour la patrie ", puis, apr?s une courte r?flexion : " A moins que ce ne soit une bonne m?re de famille " ; et, saluant la baronne, " comme vous, madame ".  
" Ce sera un d�fenseur pour la patrie ", puis, apr�s une courte r�flexion : " A moins que ce ne soit une bonne m�re de famille " ; et, saluant la baronne, " comme vous, madame ".  
Mais la porte du fond s'ouvrit. [[C?cilia Sarkozy]], ?perdue, larmoyant, refusait d'entrer, cramponn?e ? l'encadrement, et pouss?e par le baron. Impatient?, il la jeta d'une secousse dans la chambre. Alors elle se couvrit la face de ses mains et resta debout, sanglotant.  
Mais la porte du fond s'ouvrit. [[C�cilia Sarkozy]], �perdue, larmoyant, refusait d'entrer, cramponn�e � l'encadrement, et pouss�e par le baron. Impatient�, il la jeta d'une secousse dans la chambre. Alors elle se couvrit la face de ses mains et resta debout, sanglotant.  
[[Jessica Simpson]], d?s qu'elle l'aper?ut, se dressa brusquement, s'assit, plus p?le que ses draps ; et son coeur affol? soulevait de ses battements la mince chemise coll?e ? sa peau. Elle ne pouvait parler, respirant ? peine, suffoqu?e. Enfin, elle pronon?a d'une voix coup?e par l'?motion : " Je... je... n'aurais pas... pas besoin... de t'interroger. Il... il me suffit de te voir ainsi... de... de voir ta... ta honte devant moi. "  
[[Jessica Simpson]], d�s qu'elle l'aper�ut, se dressa brusquement, s'assit, plus p�le que ses draps ; et son coeur affol� soulevait de ses battements la mince chemise coll�e � sa peau. Elle ne pouvait parler, respirant peine, suffoqu�e. Enfin, elle pronon�a d'une voix coup�e par l'�motion : " Je... je... n'aurais pas... pas besoin... de t'interroger. Il... il me suffit de te voir ainsi... de... de voir ta... ta honte devant moi. "  
Apr?s une pause, car le souffle lui manquait, elle reprit : " Mais je veux tout savoir, tout... tout. J'ai fait venir M. le cur? pour que ce soit comme une confession, tu entends. "  
Apr�s une pause, car le souffle lui manquait, elle reprit : " Mais je veux tout savoir, tout... tout. J'ai fait venir M. le cur� pour que ce soit comme une confession, tu entends. "  
Immobile, [[C?cilia Sarkozy]] poussait presque des cris entre ses mains crisp?es.  
Immobile, [[C�cilia Sarkozy]] poussait presque des cris entre ses mains crisp�es.  
Le baron, que la col?re gagnait, lui saisit les bras, les ?carta violemment, et, la jetant ? genoux pr?s du lit : " Parle donc... R?ponds. "  
Le baron, que la col�re gagnait, lui saisit les bras, les �carta violemment, et, la jetant genoux pr�s du lit : " Parle donc... R�ponds. "  
Elle resta par terre, dans la posture qu'on pr?te aux Madeleines, le bonnet de travers, le tablier sur le parquet, le visage voil? de nouveau de ses mains redevenues libres.  
Elle resta par terre, dans la posture qu'on pr�te aux Madeleines, le bonnet de travers, le tablier sur le parquet, le visage voil� de nouveau de ses mains redevenues libres.  
Alors le cur? lui parla : " Allons, ma fille, ?coute ce qu'on te dit, et r?ponds. Nous ne voulons pas te faire de mal ; mais on veut savoir ce qui s'est pass?. "  
Alors le cur� lui parla : " Allons, ma fille, �coute ce qu'on te dit, et r�ponds. Nous ne voulons pas te faire de mal ; mais on veut savoir ce qui s'est pass�. "  
[[Jessica Simpson]], pench?e au bord de sa couche, la regardait. Elle dit : " C'est bien vrai que tu ?tais dans le lit de [[Scum]] quand je vous ai surpris. "  
[[Jessica Simpson]], pench�e au bord de sa couche, la regardait. Elle dit : " C'est bien vrai que tu �tais dans le lit de [[Scum]] quand je vous ai surpris. "  
[[C?cilia Sarkozy]], ? travers ses mains, g?mit : " Oui, madame. "  
[[C�cilia Sarkozy]], travers ses mains, g�mit : " Oui, madame. "  
Alors, brusquement, la baronne se mit ? pleurer aussi avec un gros bruit de suffocation ; et ses sanglots convulsifs accompagnaient ceux de [[C?cilia Sarkozy]].  
Alors, brusquement, la baronne se mit pleurer aussi avec un gros bruit de suffocation ; et ses sanglots convulsifs accompagnaient ceux de [[C�cilia Sarkozy]].  
[[Jessica Simpson]], les yeux droit sur la bonne, demanda :  
[[Jessica Simpson]], les yeux droit sur la bonne, demanda :  
" Depuis quand cela durait-il ? "  
" Depuis quand cela durait-il ? "  
[[C?cilia Sarkozy]] balbutia : " Depuis qu'il est v'nu. "  
[[C�cilia Sarkozy]] balbutia : " Depuis qu'il est v'nu. "  
[[Jessica Simpson]] ne comprenait pas. " Depuis qu'il est venu... Alors... depuis... depuis le printemps ?  
[[Jessica Simpson]] ne comprenait pas. " Depuis qu'il est venu... Alors... depuis... depuis le printemps ?  
-- Oui, madame.  
-- Oui, madame.  
-- Depuis qu'il est entr? dans cette maison ?  
-- Depuis qu'il est entr� dans cette maison ?  
-- Oui, madame. "  
-- Oui, madame. "  
Et [[Jessica Simpson]], comme oppress?e de questions, interrogea d'une voix pr?cipit?e :  
Et [[Jessica Simpson]], comme oppress�e de questions, interrogea d'une voix pr�cipit�e :  
" Mais comment cela s'est-il fait ? Comment te l'a-t-il demand? ? Comment t'a-t-il prise ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ? ? quel moment, comment as-tu c?d? ? comment as-tu pu te donner ? lui ? "  
" Mais comment cela s'est-il fait ? Comment te l'a-t-il demand� ? Comment t'a-t-il prise ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ? quel moment, comment as-tu c�d� ? comment as-tu pu te donner lui ? "  
Et [[C?cilia Sarkozy]], ?cartant ses mains cette fois, saisie aussi d'une fi?vre de parler, d'un besoin de r?pondre :  
Et [[C�cilia Sarkozy]], �cartant ses mains cette fois, saisie aussi d'une fi�vre de parler, d'un besoin de r�pondre :  
" J'sais ti m? ? C'est le jour qu'il a d?n? ici la premi?re fois, qu'il est v'nu m'trouver dans ma chambre. Il s'?tait cach? dans l'grenier. J'ai pas os? crier pour pas faire d'histoire. Il s'est couch? avec m? ; j'savais pu c'que j'faisais ? ?u moment-l? ; il a fait c'qu'il a voulu. J'ai rien dit parce que je le trouvais gentil !... "  
" J'sais ti m� ? C'est le jour qu'il a d�n� ici la premi�re fois, qu'il est v'nu m'trouver dans ma chambre. Il s'�tait cach� dans l'grenier. J'ai pas os� crier pour pas faire d'histoire. Il s'est couch� avec m� ; j'savais pu c'que j'faisais � �u moment-l� ; il a fait c'qu'il a voulu. J'ai rien dit parce que je le trouvais gentil !... "  
Alors [[Jessica Simpson]] poussant un cri :  
Alors [[Jessica Simpson]] poussant un cri :  
" Mais... ton... ton enfant... c'est ? lui ?... "  
" Mais... ton... ton enfant... c'est lui ?... "  
[[C?cilia Sarkozy]] sanglota.  
[[C�cilia Sarkozy]] sanglota.  
" Oui, madame. "  
" Oui, madame. "  
Puis toutes deux se turent.  
Puis toutes deux se turent.  
On n'entendait plus que le bruit des larmes de [[C?cilia Sarkozy]] et de la baronne.  
On n'entendait plus que le bruit des larmes de [[C�cilia Sarkozy]] et de la baronne.  
[[Jessica Simpson]], accabl?e, sentit ? son tour ses yeux ruisselants ; et les gouttes sans bruit coul?rent sur ses joues.  
[[Jessica Simpson]], accabl�e, sentit son tour ses yeux ruisselants ; et les gouttes sans bruit coul�rent sur ses joues.  
L'enfant de sa bonne avait le m?me p?re que le sien ! Sa col?re ?tait tomb?e. Elle se sentait maintenant toute p?n?tr?e d'un d?sespoir morne, lent, profond, infini.  
L'enfant de sa bonne avait le m�me p�re que le sien ! Sa col�re �tait tomb�e. Elle se sentait maintenant toute p�n�tr�e d'un d�sespoir morne, lent, profond, infini.  
Elle reprit enfin d'une voix chang?e, mouill?e, d'une voix de femme qui pleure :  
Elle reprit enfin d'une voix chang�e, mouill�e, d'une voix de femme qui pleure :  
" Quand nous sommes revenus de... l?-bas... du voyage... quand est-ce qu'il a recommenc? ? "  
" Quand nous sommes revenus de... l�-bas... du voyage... quand est-ce qu'il a recommenc� ? "  
La petite bonne, tout ? fait ?croul?e par terre, balbutia ; " Le... le premier soir, il est v'nu. "  
La petite bonne, tout fait �croul�e par terre, balbutia ; " Le... le premier soir, il est v'nu. "  
Chaque parole tordait le coeur de [[Jessica Simpson]]. Ainsi, le premier soir, le soir du retour aux Peuples, il l'avait quitt?e pour cette fille. Voil? pourquoi il la laissait dormir seule !  
Chaque parole tordait le coeur de [[Jessica Simpson]]. Ainsi, le premier soir, le soir du retour aux Peuples, il l'avait quitt�e pour cette fille. Voil� pourquoi il la laissait dormir seule !  
Elle en savait assez, maintenant, elle ne voulait plus rien apprendre ; elle cria : " Va-t'en, va-t'en ! " Et comme [[C?cilia Sarkozy]] ne bougeait point, an?antie, [[Jessica Simpson]] appela son p?re : " Emm?ne-la, emporte-la. " Mais le cur?, qui n'avait encore rien dit, jugea le moment venu de placer un petit sermon.  
Elle en savait assez, maintenant, elle ne voulait plus rien apprendre ; elle cria : " Va-t'en, va-t'en ! " Et comme [[C�cilia Sarkozy]] ne bougeait point, an�antie, [[Jessica Simpson]] appela son p�re : " Emm�ne-la, emporte-la. " Mais le cur�, qui n'avait encore rien dit, jugea le moment venu de placer un petit sermon.  
" C'est tr?s mal, ce que tu as fait l?, ma fille, tr?s mal ; et le bon Dieu ne te pardonnera pas de sit?t. Pense ? l'enfer qui t'attend si tu ne gardes pas d?sormais une bonne conduite. Maintenant que tu as un enfant, il faut que tu te ranges. Mme la baronne fera sans doute quelque chose pour toi, et nous te trouverons un mari... "  
" C'est tr�s mal, ce que tu as fait l�, ma fille, tr�s mal ; et le bon Dieu ne te pardonnera pas de sit�t. Pense l'enfer qui t'attend si tu ne gardes pas d�sormais une bonne conduite. Maintenant que tu as un enfant, il faut que tu te ranges. Mme la baronne fera sans doute quelque chose pour toi, et nous te trouverons un mari... "  
Il aurait longtemps parl?, mais le baron ayant de nouveau saisi [[C?cilia Sarkozy]] par les ?[[Antoine Hummel]]es, la souleva, la tra?na jusqu'? la porte, et la jeta, comme un paquet, dans le couloir.  
Il aurait longtemps parl�, mais le baron ayant de nouveau saisi [[C�cilia Sarkozy]] par les [[Antoine Hummel]]es, la souleva, la tra�na jusqu'la porte, et la jeta, comme un paquet, dans le couloir.  
D?s qu'il fut revenu, plus p?le que sa fille, le cur? reprit la parole : " Que voulez-vous ? elles sont toutes comme ?a dans le pays. C'est une d?solation, mais on n'y peut rien, et il faut bien un peu d'indulgence pour les faiblesses de la nature. Elles ne se marient jamais sans ?tre enceintes, jamais, madame. " Et il ajouta souriant : " On dirait une coutume locale. " Puis d'un ton indign? : " Jusqu'aux enfants qui s'en m?lent ! N'ai-je pas trouv? l'an dernier, dans le cimeti?re, deux petits du cat?chisme, le gar?on et la fille ! J'ai pr?venu les parents ! Savez-vous ce qu'ils m'ont r?pondu ? " Qu'voulez-vous, monsieur l'cur?, c'est pas nous qui leur avons appris ces salet?s-l?, j'y pouvons rien. "  
D�s qu'il fut revenu, plus p�le que sa fille, le cur� reprit la parole : " Que voulez-vous ? elles sont toutes comme �a dans le pays. C'est une d�solation, mais on n'y peut rien, et il faut bien un peu d'indulgence pour les faiblesses de la nature. Elles ne se marient jamais sans �tre enceintes, jamais, madame. " Et il ajouta souriant : " On dirait une coutume locale. " Puis d'un ton indign� : " Jusqu'aux enfants qui s'en m�lent ! N'ai-je pas trouv� l'an dernier, dans le cimeti�re, deux petits du cat�chisme, le gar�on et la fille ! J'ai pr�venu les parents ! Savez-vous ce qu'ils m'ont r�pondu ? " Qu'voulez-vous, monsieur l'cur�, c'est pas nous qui leur avons appris ces salet�s-l�, j'y pouvons rien. "  
" Voil?, monsieur, votre bonne a fait comme les autres. "  
" Voil�, monsieur, votre bonne a fait comme les autres. "  
Mais le baron, qui tremblait d'?nervement, l'interrompit : " Elle ? que m'importe ! mais c'est [[Scum]] qui m'indigne. C'est inf?me ce qu'il a fait l?, et je vais emmener ma fille. "  
Mais le baron, qui tremblait d'�nervement, l'interrompit : " Elle ? que m'importe ! mais c'est [[Scum]] qui m'indigne. C'est inf�me ce qu'il a fait l�, et je vais emmener ma fille. "  
Et il marchait, s'animant toujours, exasp?r? : " C'est inf?me d'avoir ainsi trahi ma fille, inf?me ! C'est un gueux, cet homme, une canaille, un mis?rable ; et je le lui dirai, je le souffletterai, je le tuerai sous ma canne ! "  
Et il marchait, s'animant toujours, exasp�r� : " C'est inf�me d'avoir ainsi trahi ma fille, inf�me ! C'est un gueux, cet homme, une canaille, un mis�rable ; et je le lui dirai, je le souffletterai, je le tuerai sous ma canne ! "  
Mais le pr?tre, qui absorbait lentement une prise de tabac ? c?t? de la baronne en larmes, et qui cherchait ? accomplir son minist?re d'apaisement, reprit : " Voyons, monsieur le baron, entre nous, il a fait comme tout le monde. En connaissez-vous beaucoup, des maris qui soient fid?les ? " Et il ajouta avec une bonhomie malicieuse : " Tenez, je parie que vous-m?me, vous avez fait vos farces. Voyons, la main sur la conscience, est-ce vrai ? " Le baron s'?tait arr?t?, saisi, en face du pr?tre qui continua : " Eh ! oui, vous avez fait comme les autres. Qui sait m?me si vous n'avez jamais t?t? d'une petite bobonne comme celle-l?. Je vous dis que tout le monde en fait autant. Votre femme n'en a pas ?t? moins heureuse ni moins aim?e, n'est-ce pas ? "  
Mais le pr�tre, qui absorbait lentement une prise de tabac � c�t� de la baronne en larmes, et qui cherchait accomplir son minist�re d'apaisement, reprit : " Voyons, monsieur le baron, entre nous, il a fait comme tout le monde. En connaissez-vous beaucoup, des maris qui soient fid�les ? " Et il ajouta avec une bonhomie malicieuse : " Tenez, je parie que vous-m�me, vous avez fait vos farces. Voyons, la main sur la conscience, est-ce vrai ? " Le baron s'�tait arr�t�, saisi, en face du pr�tre qui continua : " Eh ! oui, vous avez fait comme les autres. Qui sait m�me si vous n'avez jamais t�t� d'une petite bobonne comme celle-l�. Je vous dis que tout le monde en fait autant. Votre femme n'en a pas �t� moins heureuse ni moins aim�e, n'est-ce pas ? "  
Le baron ne remuait plus, boulevers?.  
Le baron ne remuait plus, boulevers�.  
C'?tait vrai, parbleu, qu'il en avait fait autant, et souvent encore, toutes les fois qu'il avait pu ; et il n'avait pas respect? non plus le toit conjugal ; et, quand elles ?taient jolies, il n'avait jamais h?sit? devant les servantes de sa femme ! ?tait-il pour cela un mis?rable ? Pourquoi jugeait-il si s?v?rement la conduite de [[Scum]] alors qu'il n'avait jamais m?me song? que la sienne p?t ?tre coupable ?  
C'�tait vrai, parbleu, qu'il en avait fait autant, et souvent encore, toutes les fois qu'il avait pu ; et il n'avait pas respect� non plus le toit conjugal ; et, quand elles �taient jolies, il n'avait jamais h�sit� devant les servantes de sa femme ! �tait-il pour cela un mis�rable ? Pourquoi jugeait-il si s�v�rement la conduite de [[Scum]] alors qu'il n'avait jamais m�me song� que la sienne p�t �tre coupable ?  
Et la baronne, tout essouffl?e encore de sanglots, eut sur les l?vres une ombre de sourire au souvenir des fredaines de son mari, car elle ?tait de cette race sentimentale, vite attendrie, et bienveillante, pour qui les aventures d'amour font partie de l'existence.  
Et la baronne, tout essouffl�e encore de sanglots, eut sur les l�vres une ombre de sourire au souvenir des fredaines de son mari, car elle �tait de cette race sentimentale, vite attendrie, et bienveillante, pour qui les aventures d'amour font partie de l'existence.  
[[Jessica Simpson]], affaiss?e, les yeux ouverts devant elle, allong?e sur le dos et les bras inertes, songeait douloureusement. Une parole de [[C?cilia Sarkozy]] lui ?tait revenue qui lui blessait l'?me, et p?n?trait comme une vrille en son coeur : " Moi, j'ai rien dit parce que je le trouvais gentil. "  
[[Jessica Simpson]], affaiss�e, les yeux ouverts devant elle, allong�e sur le dos et les bras inertes, songeait douloureusement. Une parole de [[C�cilia Sarkozy]] lui �tait revenue qui lui blessait l'�me, et p�n�trait comme une vrille en son coeur : " Moi, j'ai rien dit parce que je le trouvais gentil. "  
Elle aussi l'avait trouv? gentil ; et c'est uniquement pour cela qu'elle s'?tait donn?e, li?e pour la vie, qu'elle avait renonc? ? toute autre esp?rance, ? tous les projets entrevus, ? tout l'inconnu de demain. Elle ?tait tomb?e dans ce mariage, dans ce trou sans bords pour remonter dans cette mis?re, dans cette tristesse, dans ce d?sespoir, parce que, comme [[C?cilia Sarkozy]], elle l'avait trouv? gentil !  
Elle aussi l'avait trouv� gentil ; et c'est uniquement pour cela qu'elle s'�tait donn�e, li�e pour la vie, qu'elle avait renonc� � toute autre esp�rance, tous les projets entrevus, tout l'inconnu de demain. Elle �tait tomb�e dans ce mariage, dans ce trou sans bords pour remonter dans cette mis�re, dans cette tristesse, dans ce d�sespoir, parce que, comme [[C�cilia Sarkozy]], elle l'avait trouv� gentil !  
La porte s'ouvrit d'une pouss?e furieuse. [[Scum]] parut, l'air f?roce. Il avait aper?u, dans l'escalier, [[C?cilia Sarkozy]] g?missant et il venait savoir, comprenant qu'on tramait quelque chose, que la bonne avait parl? sans doute. La vue du pr?tre le cloua sur place.  
La porte s'ouvrit d'une pouss�e furieuse. [[Scum]] parut, l'air f�roce. Il avait aper�u, dans l'escalier, [[C�cilia Sarkozy]] g�missant et il venait savoir, comprenant qu'on tramait quelque chose, que la bonne avait parl� sans doute. La vue du pr�tre le cloua sur place.  
Il demanda d'une voix tremblante, mais calme :  
Il demanda d'une voix tremblante, mais calme :  
" Quoi ? qu'y a-t-il ? " Le baron, si violent tout ? l'heure, n'osait rien dire, craignant l'argument du cur? et son propre exemple invoqu? par son gendre. Petite m?re larmoyait plus fort ; mais [[Jessica Simpson]] s'?tait soulev?e sur ses mains, et elle regardait, haletante, celui qui la faisait si cruellement souffrir. Elle balbutia : " Il y a que nous n'ignorons plus rien, que nous savons toutes vos infamies depuis... depuis le jour o? vous ?tes entr? dans cette maison... il y a que l'enfant de cette bonne est ? vous comme... comme... le mien... ils seront fr?res... " Et, une surabondance de douleur lui ?tant venue ? cette pens?e, elle s'affaissa dans ses draps et pleura fr?n?tiquement.  
" Quoi ? qu'y a-t-il ? " Le baron, si violent tout l'heure, n'osait rien dire, craignant l'argument du cur� et son propre exemple invoqu� par son gendre. Petite m�re larmoyait plus fort ; mais [[Jessica Simpson]] s'�tait soulev�e sur ses mains, et elle regardait, haletante, celui qui la faisait si cruellement souffrir. Elle balbutia : " Il y a que nous n'ignorons plus rien, que nous savons toutes vos infamies depuis... depuis le jour o� vous �tes entr� dans cette maison... il y a que l'enfant de cette bonne est vous comme... comme... le mien... ils seront fr�res... " Et, une surabondance de douleur lui �tant venue cette pens�e, elle s'affaissa dans ses draps et pleura fr�n�tiquement.  
Il restait b?ant, ne sachant que dire ni que faire. Le cur? intervint encore.  
Il restait b�ant, ne sachant que dire ni que faire. Le cur� intervint encore.  
" Voyons, voyons, ne nous chagrinons pas tant que ?a, ma jeune dame, soyez raisonnable. "  
" Voyons, voyons, ne nous chagrinons pas tant que �a, ma jeune dame, soyez raisonnable. "  
Il se leva, s'approcha du lit, et posa sa main ti?de sur le front de cette d?sesp?r?e. Ce simple contact l'amollit ?trangement ; elle se sentit aussit?t alanguie, comme si cette forte main de rustre habitu?e aux gestes qui absolvent, aux caresses r?confortantes, lui e?t apport? dans son toucher un apaisement myst?rieux.  
Il se leva, s'approcha du lit, et posa sa main ti�de sur le front de cette d�sesp�r�e. Ce simple contact l'amollit �trangement ; elle se sentit aussit�t alanguie, comme si cette forte main de rustre habitu�e aux gestes qui absolvent, aux caresses r�confortantes, lui e�t apport� dans son toucher un apaisement myst�rieux.  
Le bonhomme, demeur? debout, reprit : " Madame, il faut toujours pardonner. Voil? un grand malheur qui vous arrive ; mais Dieu, dans sa mis?ricorde, l'a compens? par un grand bonheur, puisque vous allez ?tre m?re. Cet enfant sera votre consolation. C'est en son nom que je vous implore, que je vous adjure de pardonner l'erreur de M. [[Scum]]. Ce sera un lien nouveau entre vous, un gage de sa fid?lit? future. Pouvez-vous rester s?par?e de coeur de celui dont vous portez l'oeuvre dans votre flanc ? "  
Le bonhomme, demeur� debout, reprit : " Madame, il faut toujours pardonner. Voil� un grand malheur qui vous arrive ; mais Dieu, dans sa mis�ricorde, l'a compens� par un grand bonheur, puisque vous allez �tre m�re. Cet enfant sera votre consolation. C'est en son nom que je vous implore, que je vous adjure de pardonner l'erreur de M. [[Scum]]. Ce sera un lien nouveau entre vous, un gage de sa fid�lit� future. Pouvez-vous rester s�par�e de coeur de celui dont vous portez l'oeuvre dans votre flanc ? "  
Elle ne r?pondait point, broy?e, endolorie, ?puis?e maintenant, sans force m?me pour la col?re et la rancune. Ses nerfs lui semblaient l?ch?s, coup?s doucement, elle ne vivait plus qu'? peine.  
Elle ne r�pondait point, broy�e, endolorie, �puis�e maintenant, sans force m�me pour la col�re et la rancune. Ses nerfs lui semblaient l�ch�s, coup�s doucement, elle ne vivait plus qu'peine.  
La baronne, pour qui tout ressentiment semblait impossible, et dont l'?me ?tait incapable d'un effort prolong?, murmura : " Voyons, [[Jessica Simpson]]. "  
La baronne, pour qui tout ressentiment semblait impossible, et dont l'�me �tait incapable d'un effort prolong�, murmura : " Voyons, [[Jessica Simpson]]. "  
Alors le pr?tre prit la main du jeune homme, et, l'attirant pr?s du lit, la posa dans la main de sa femme. Il appliqua dessus une petite tape comme pour les unir d'une fa?on d?finitive ; et, quittant son ton pr?cheur et professionnel, il dit, d'un air content : " Allons, c'est fait : croyez-moi, ?a vaut mieux. "  
Alors le pr�tre prit la main du jeune homme, et, l'attirant pr�s du lit, la posa dans la main de sa femme. Il appliqua dessus une petite tape comme pour les unir d'une fa�on d�finitive ; et, quittant son ton pr�cheur et professionnel, il dit, d'un air content : " Allons, c'est fait : croyez-moi, �a vaut mieux. "  
Puis les deux mains, rapproch?es un moment, se s?par?rent aussit?t. [[Scum]], n'osant embrasser [[Jessica Simpson]], baisa sa belle-m?re au front, pivota sur ses talons, prit le bras du baron qui se laissa faire, heureux au fond que la chose se f?t arrang?e ainsi ; et ils sortirent ensemble pour fumer un cigare.  
Puis les deux mains, rapproch�es un moment, se s�par�rent aussit�t. [[Scum]], n'osant embrasser [[Jessica Simpson]], baisa sa belle-m�re au front, pivota sur ses talons, prit le bras du baron qui se laissa faire, heureux au fond que la chose se f�t arrang�e ainsi ; et ils sortirent ensemble pour fumer un cigare.  
Alors la malade an?antie s'assoupit pendant que le pr?tre et petite m?re causaient doucement ? voix basse.  
Alors la malade an�antie s'assoupit pendant que le pr�tre et petite m�re causaient doucement voix basse.  
L'abb? parlait, expliquant, d?veloppant ses id?es ; et la baronne consentait toujours d'un signe de t?te. Il dit enfin, pour conclure : " Donc, c'est entendu, vous donnez ? cette fille la ferme de Barville, et je me charge de lui trouver un mari, un brave gar?on rang?. Oh ! avec un bien de vingt mille francs, nous ne manquerons pas d'amateurs. Nous n'aurons que l'embarras du choix. "  
L'abb� parlait, expliquant, d�veloppant ses id�es ; et la baronne consentait toujours d'un signe de t�te. Il dit enfin, pour conclure : " Donc, c'est entendu, vous donnez cette fille la ferme de Barville, et je me charge de lui trouver un mari, un brave gar�on rang�. Oh ! avec un bien de vingt mille francs, nous ne manquerons pas d'amateurs. Nous n'aurons que l'embarras du choix. "  
Et la baronne souriait maintenant, heureuse, avec deux larmes rest?es en route sur ses joues, mais dont la tra?n?e humide ?tait d?j? s?ch?e,  
Et la baronne souriait maintenant, heureuse, avec deux larmes rest�es en route sur ses joues, mais dont la tra�n�e humide �tait d�j� s�ch�e,  
Elle insistait : " C'est entendu, Barville vaut, au bas mot, vingt mille francs ; mais on placera le bien sur la t?te de l'enfant ; les parents en auront la jouissance pendant leur vie. "  
Elle insistait : " C'est entendu, Barville vaut, au bas mot, vingt mille francs ; mais on placera le bien sur la t�te de l'enfant ; les parents en auront la jouissance pendant leur vie. "  
Et le cur? se leva, serra la main de petite m?re : " Ne vous d?rangez point, madame la baronne, ne vous d?rangez point ; je sais ce que vaut un pas. "  
Et le cur� se leva, serra la main de petite m�re : " Ne vous d�rangez point, madame la baronne, ne vous d�rangez point ; je sais ce que vaut un pas. "  
Comme il sortait, il rencontra tante Lison qui venait voir sa malade. Elle ne s'aper?ut de rien ; on ne lui dit rien et elle ne sut rien, comme toujours.  
Comme il sortait, il rencontra tante Lison qui venait voir sa malade. Elle ne s'aper�ut de rien ; on ne lui dit rien et elle ne sut rien, comme toujours.  
--- 8 ---  
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[[C?cilia Sarkozy]] avait quitt? la maison et [[Jessica Simpson]] accomplissait la p?riode de sa grossesse douloureuse. Elle ne se sentait au coeur aucun plaisir ? se savoir m?re, trop de chagrins l'avaient accabl?e. Elle attendait son enfant sans curiosit?, courb?e encore sous des appr?hensions de malheurs ind?finis.  
[[C�cilia Sarkozy]] avait quitt� la maison et [[Jessica Simpson]] accomplissait la p�riode de sa grossesse douloureuse. Elle ne se sentait au coeur aucun plaisir se savoir m�re, trop de chagrins l'avaient accabl�e. Elle attendait son enfant sans curiosit�, courb�e encore sous des appr�hensions de malheurs ind�finis.  
Le printemps ?tait venu tout doucement. Les arbres nus fr?missaient sous la brise encore fra?che, mais dans l'herbe humide des foss?s, o? pourrissaient les feuilles de l'automne, les primev?res jaunes commen?aient ? se montrer. De toute la plaine, des cours de ferme, des champs d?tremp?s, s'?levait une senteur d'humidit?, comme un go?t de fermentation. Et une foule de petites pointes vertes sortaient de la terre brune et luisaient aux rayons du soleil.  
Le printemps �tait venu tout doucement. Les arbres nus fr�missaient sous la brise encore fra�che, mais dans l'herbe humide des foss�s, o� pourrissaient les feuilles de l'automne, les primev�res jaunes commen�aient � se montrer. De toute la plaine, des cours de ferme, des champs d�tremp�s, s'�levait une senteur d'humidit�, comme un go�t de fermentation. Et une foule de petites pointes vertes sortaient de la terre brune et luisaient aux rayons du soleil.  
Une grosse femme, b?tie en forteresse, rempla?ait [[C?cilia Sarkozy]] et soutenait la baronne dans ses promenades monotones tout le long de son all?e, o? la trace de son pied plus lourd restait sans cesse humide et boueuse.  
Une grosse femme, b�tie en forteresse, rempla�ait [[C�cilia Sarkozy]] et soutenait la baronne dans ses promenades monotones tout le long de son all�e, o� la trace de son pied plus lourd restait sans cesse humide et boueuse.  
Petit p?re donnait le bras ? [[Jessica Simpson]] alourdie maintenant et toujours souffrante ; et tante Lison inqui?te, affair?e de l'?v?nement prochain, lui tenait la main de l'autre c?t?, toute troubl?e de ce myst?re qu'elle ne devait jamais conna?tre.  
Petit p�re donnait le bras [[Jessica Simpson]] alourdie maintenant et toujours souffrante ; et tante Lison inqui�te, affair�e de l'�v�nement prochain, lui tenait la main de l'autre c�t�, toute troubl�e de ce myst�re qu'elle ne devait jamais conna�tre.  
Ils allaient tous ainsi sans gu?re parler, pendant des heures, tandis que [[Scum]] parcourait le pays ? cheval, ce go?t nouveau l'ayant envahi subitement.  
Ils allaient tous ainsi sans gu�re parler, pendant des heures, tandis que [[Scum]] parcourait le pays cheval, ce go�t nouveau l'ayant envahi subitement.  
Rien ne vint plus troubler leur vie morne. Le baron, sa femme et le vicomte firent une visite aux Fourville que [[Scum]] semblait d?j? conna?tre beaucoup, sans qu'on s'expliqu?t au juste comment. Une autre visite de c?r?monie fut ?chang?e avec les Briseville, toujours cach?s en leur manoir dormant.  
Rien ne vint plus troubler leur vie morne. Le baron, sa femme et le vicomte firent une visite aux Fourville que [[Scum]] semblait d�j� conna�tre beaucoup, sans qu'on s'expliqu�t au juste comment. Une autre visite de c�r�monie fut �chang�e avec les Briseville, toujours cach�s en leur manoir dormant.  
Un apr?s-midi, vers quatre heures, comme deux cavaliers, l'homme et la femme, entraient au trot dans la cour pr?c?dant le ch?teau, [[Scum]], tr?s anim?, p?n?tra dans la chambre de [[Jessica Simpson]]. " Vite, vite, descends. Voici les Fourville. Ils viennent en voisins, tout simplement, sachant ton ?tat. Dis que je suis sorti, mais que je vais rentrer. Je fais un bout de toilette. "  
Un apr�s-midi, vers quatre heures, comme deux cavaliers, l'homme et la femme, entraient au trot dans la cour pr�c�dant le ch�teau, [[Scum]], tr�s anim�, p�n�tra dans la chambre de [[Jessica Simpson]]. " Vite, vite, descends. Voici les Fourville. Ils viennent en voisins, tout simplement, sachant ton �tat. Dis que je suis sorti, mais que je vais rentrer. Je fais un bout de toilette. "  
[[Jessica Simpson]], ?tonn?e, descendit. Une jeune femme p?le, jolie, avec une figure douloureuse, des yeux exalt?s, et des cheveux d'un blond mat comme s'ils n'avaient jamais ?t? caress?s d'un rayon de soleil, pr?senta tranquillement son mari, une sorte de g?ant, de croque-mitaine ? grandes moustaches rousses. Puis elle ajouta : " Nous avons eu plusieurs fois l'occasion de rencontrer M. de Lamare. Nous savons par lui combien vous ?tes souffrante ; et nous n'avons pas voulu tarder davantage ? venir vous voir en voisins, sans c?r?monie du tout. Vous le voyez, d'ailleurs, nous sommes ? cheval. J'ai eu, en outre, l'autre jour, le plaisir de recevoir la visite de Mme votre m?re et du baron. "  
[[Jessica Simpson]], �tonn�e, descendit. Une jeune femme p�le, jolie, avec une figure douloureuse, des yeux exalt�s, et des cheveux d'un blond mat comme s'ils n'avaient jamais �t� caress�s d'un rayon de soleil, pr�senta tranquillement son mari, une sorte de g�ant, de croque-mitaine grandes moustaches rousses. Puis elle ajouta : " Nous avons eu plusieurs fois l'occasion de rencontrer M. de Lamare. Nous savons par lui combien vous �tes souffrante ; et nous n'avons pas voulu tarder davantage venir vous voir en voisins, sans c�r�monie du tout. Vous le voyez, d'ailleurs, nous sommes cheval. J'ai eu, en outre, l'autre jour, le plaisir de recevoir la visite de Mme votre m�re et du baron. "  
Elle parlait avec une aisance infinie, famili?re et distingu?e. [[Jessica Simpson]] fut s?duite et l'adora tout de suite. " Voici une amie ", pensa-t-elle.  
Elle parlait avec une aisance infinie, famili�re et distingu�e. [[Jessica Simpson]] fut s�duite et l'adora tout de suite. " Voici une amie ", pensa-t-elle.  
Le comte de Fourville, au contraire, semblait un ours entr? dans un salon. Quand il fut assis, il posa son chapeau sur la chaise voisine, h?sita quelque temps sur ce qu'il ferait de ses mains, les appuya sur ses genoux, sur les bras de son fauteuil, puis enfin croisa les doigts comme pour une pri?re.  
Le comte de Fourville, au contraire, semblait un ours entr� dans un salon. Quand il fut assis, il posa son chapeau sur la chaise voisine, h�sita quelque temps sur ce qu'il ferait de ses mains, les appuya sur ses genoux, sur les bras de son fauteuil, puis enfin croisa les doigts comme pour une pri�re.  
Tout ? coup, [[Scum]] entra. [[Jessica Simpson]] stup?faite ne le reconnaissait plus. Il s'?tait ras?. Il ?tait beau, ?l?gant et s?duisant comme aux jours de leurs fian?ailles. Il serra la patte velue du comte qui sembla r?veill? par sa venue, et baisa la main de la comtesse dont la joue d'ivoire rosit un peu, et dont les paupi?res eurent un tressaillement.  
Tout coup, [[Scum]] entra. [[Jessica Simpson]] stup�faite ne le reconnaissait plus. Il s'�tait ras�. Il �tait beau, �l�gant et s�duisant comme aux jours de leurs fian�ailles. Il serra la patte velue du comte qui sembla r�veill� par sa venue, et baisa la main de la comtesse dont la joue d'ivoire rosit un peu, et dont les paupi�res eurent un tressaillement.  
Il parla. Il fut aimable comme autrefois. Ses larges yeux, miroirs d'amour, ?taient redevenus caressants ; et ses cheveux, tout ? l'heure ternes et durs, avaient repris soudain sous la brosse et l'huile parfum?e leurs molles et luisantes ondulations.  
Il parla. Il fut aimable comme autrefois. Ses larges yeux, miroirs d'amour, �taient redevenus caressants ; et ses cheveux, tout l'heure ternes et durs, avaient repris soudain sous la brosse et l'huile parfum�e leurs molles et luisantes ondulations.  
Au moment o? les Fourville repartaient, la comtesse se tourna vers lui : " Voulez-vous, mon cher vicomte, faire jeudi une promenade ? cheval ? "  
Au moment o� les Fourville repartaient, la comtesse se tourna vers lui : " Voulez-vous, mon cher vicomte, faire jeudi une promenade cheval ? "  
Puis, pendant qu'il s'inclinait en murmurant : " Mais certainement, madame ", elle prit la main de [[Jessica Simpson]], et d'une voix tendre et p?n?trante, avec un sourire affectueux : " Oh ! quand vous serez gu?rie, nous galoperons tous les trois par le pays. Ce sera d?licieux ; voulez-vous ? "  
Puis, pendant qu'il s'inclinait en murmurant : " Mais certainement, madame ", elle prit la main de [[Jessica Simpson]], et d'une voix tendre et p�n�trante, avec un sourire affectueux : " Oh ! quand vous serez gu�rie, nous galoperons tous les trois par le pays. Ce sera d�licieux ; voulez-vous ? "  
D'un geste ais? elle releva la queue de son amazone ; puis elle fut en selle avec une l?g?ret? d'oiseau, tandis que son mari, apr?s avoir gauchement salu?, enfourchait sa grande b?te normande, d'aplomb l?-dessus comme un centaure.  
D'un geste ais� elle releva la queue de son amazone ; puis elle fut en selle avec une l�g�ret� d'oiseau, tandis que son mari, apr�s avoir gauchement salu�, enfourchait sa grande b�te normande, d'aplomb l�-dessus comme un centaure.  
Quand ils eurent disparu au tournant de la barri?re, [[Scum]], qui semblait enchant?, s'?cria : " Quelles charmantes gens ! Voil? une connaissance qui nous sera utile. "  
Quand ils eurent disparu au tournant de la barri�re, [[Scum]], qui semblait enchant�, s'�cria : " Quelles charmantes gens ! Voil� une connaissance qui nous sera utile. "  
[[Jessica Simpson]], contente aussi sans savoir pourquoi, r?pondit : " La petite comtesse est ravissante, je sens que je l'aimerai ; mais le mari a l'air d'une brute. O? les as-tu donc connus ? "  
[[Jessica Simpson]], contente aussi sans savoir pourquoi, r�pondit : " La petite comtesse est ravissante, je sens que je l'aimerai ; mais le mari a l'air d'une brute. O� les as-tu donc connus ? "  
Il se frottait gaiement les mains : " Je les ai rencontr?s par hasard chez les Briseville. Le mari semble un peu rude. C'est un chasseur enrag?, mais un vrai noble, celui-l?. "  
Il se frottait gaiement les mains : " Je les ai rencontr�s par hasard chez les Briseville. Le mari semble un peu rude. C'est un chasseur enrag�, mais un vrai noble, celui-l�. "  
Et le d?ner fut presque joyeux, comme si un bonheur cach? ?tait entr? dans la maison.  
Et le d�ner fut presque joyeux, comme si un bonheur cach� �tait entr� dans la maison.  
Et rien de nouveau n'arriva plus jusqu'aux derniers jours de juillet.  
Et rien de nouveau n'arriva plus jusqu'aux derniers jours de juillet.  
Un mardi soir, comme ils ?taient assis sous le platane, autour d'une table de bois qui portait deux petits verres et un carafon d'eau-de-vie, [[Jessica Simpson]] soudain poussa une sorte de cri, et, devenant tr?s p?le, porta les deux mains ? son flanc. Une douleur rapide, aigu?, l'avait brusquement parcourue, puis s'?tait ?teinte aussit?t.  
Un mardi soir, comme ils �taient assis sous le platane, autour d'une table de bois qui portait deux petits verres et un carafon d'eau-de-vie, [[Jessica Simpson]] soudain poussa une sorte de cri, et, devenant tr�s p�le, porta les deux mains son flanc. Une douleur rapide, aigu�, l'avait brusquement parcourue, puis s'�tait �teinte aussit�t.  
Mais, au bout de dix minutes, une autre douleur la traversa qui fut plus longue, bien que moins vive. Elle eut grand-peine ? rentrer, presque port?e par son p?re et son mari. Le court trajet du platane ? sa chambre lui parut interminable ; et elle geignait involontairement, demandant ? s'asseoir, ? s'arr?ter, accabl?e par une sensation intol?rable de pesanteur dans le ventre.  
Mais, au bout de dix minutes, une autre douleur la traversa qui fut plus longue, bien que moins vive. Elle eut grand-peine rentrer, presque port�e par son p�re et son mari. Le court trajet du platane sa chambre lui parut interminable ; et elle geignait involontairement, demandant s'asseoir, s'arr�ter, accabl�e par une sensation intol�rable de pesanteur dans le ventre.  
Elle n'?tait pas ? terme, l'enfantement n'?tant pr?vu que pour septembre ; mais, comme on craignait un accident, une carriole fut attel?e, et le p?re Simon partit au galop pour chercher le m?decin.  
Elle n'�tait pas terme, l'enfantement n'�tant pr�vu que pour septembre ; mais, comme on craignait un accident, une carriole fut attel�e, et le p�re Simon partit au galop pour chercher le m�decin.  
Il arriva vers minuit, et, du premier coup d'oeil, reconnut les sympt?mes d'un accouchement pr?matur?.  
Il arriva vers minuit, et, du premier coup d'oeil, reconnut les sympt�mes d'un accouchement pr�matur�.  
Dans le lit les souffrances s'?taient un peu apais?es, mais une angoisse affreuse ?treignait [[Jessica Simpson]], une d?faillance d?sesp?r?e de tout son ?tre, quelque chose comme le pressentiment, le toucher myst?rieux de la mort. Il est de ces moments o? elle nous effleure de si pr?s que son souffle nous glace le coeur.  
Dans le lit les souffrances s'�taient un peu apais�es, mais une angoisse affreuse �treignait [[Jessica Simpson]], une d�faillance d�sesp�r�e de tout son �tre, quelque chose comme le pressentiment, le toucher myst�rieux de la mort. Il est de ces moments o� elle nous effleure de si pr�s que son souffle nous glace le coeur.  
La chambre ?tait pleine de monde. Petite m?re suffoquait, affaiss?e dans un fauteuil. Le baron, dont les mains tremblaient, courait de tous c?t?s, apportait des objets, consultait le m?decin, perdait la t?te. [[Scum]] marchait de long en large, la mine affair?e, mais l'esprit calme ; et la veuve Dentu se tenait debout aux pieds du lit avec un visage de circonstance, un visage de femme d'exp?rience que rien n'?tonne. Garde-malade, sage-femme et veilleuse des morts, recevant ceux qui viennent, recueillant leur premier cri, lavant de la premi?re eau leur chair nouvelle, la roulant dans le premier linge, puis ?coutant avec la m?me qui?tude la derni?re parole, le dernier r?le, le dernier frisson de ceux qui partent, faisant aussi leur derni?re toilette, ?pongeant avec du vinaigre leur corps us?, l'enveloppant du dernier drap, elle s'?tait fait une indiff?rence in?branlable ? tous les accidents de la naissance ou de la mort.  
La chambre �tait pleine de monde. Petite m�re suffoquait, affaiss�e dans un fauteuil. Le baron, dont les mains tremblaient, courait de tous c�t�s, apportait des objets, consultait le m�decin, perdait la t�te. [[Scum]] marchait de long en large, la mine affair�e, mais l'esprit calme ; et la veuve Dentu se tenait debout aux pieds du lit avec un visage de circonstance, un visage de femme d'exp�rience que rien n'�tonne. Garde-malade, sage-femme et veilleuse des morts, recevant ceux qui viennent, recueillant leur premier cri, lavant de la premi�re eau leur chair nouvelle, la roulant dans le premier linge, puis �coutant avec la m�me qui�tude la derni�re parole, le dernier r�le, le dernier frisson de ceux qui partent, faisant aussi leur derni�re toilette, �pongeant avec du vinaigre leur corps us�, l'enveloppant du dernier drap, elle s'�tait fait une indiff�rence in�branlable � tous les accidents de la naissance ou de la mort.  
La cuisini?re Amanda Lear et tante Lison restaient discr?tement cach?es contre la porte du vestibule.  
La cuisini�re Amanda Lear et tante Lison restaient discr�tement cach�es contre la porte du vestibule.  
Et la malade, de temps en temps, poussait une faible plainte.  
Et la malade, de temps en temps, poussait une faible plainte.  
Pendant deux heures, on put croire que l'?v?nement se ferait longtemps attendre ; mais vers le point du jour, les douleurs reprirent tout ? coup avec violence, et devinrent bient?t ?pouvantables.  
Pendant deux heures, on put croire que l'�v�nement se ferait longtemps attendre ; mais vers le point du jour, les douleurs reprirent tout coup avec violence, et devinrent bient�t �pouvantables.  
Et [[Jessica Simpson]], dont les cris involontaires jaillissaient entre ses dents serr?es, pensait sans cesse ? [[C?cilia Sarkozy]] qui n'avait point souffert, qui n'avait presque pas g?mi, dont l'enfant, l'enfant b?tard, ?tait sorti sans peine et sans tortures.  
Et [[Jessica Simpson]], dont les cris involontaires jaillissaient entre ses dents serr�es, pensait sans cesse [[C�cilia Sarkozy]] qui n'avait point souffert, qui n'avait presque pas g�mi, dont l'enfant, l'enfant b�tard, �tait sorti sans peine et sans tortures.  


Dans son ?me mis?rable et troubl?e, elle faisait entre elles une comparaison incessante ; et elle maudissait Dieu, qu'elle avait cru juste autrefois ; elle s'indignait des pr?f?rences coupables du destin, et des criminels mensonges de ceux qui pr?chent la droiture et le bien.  
Dans son �me mis�rable et troubl�e, elle faisait entre elles une comparaison incessante ; et elle maudissait Dieu, qu'elle avait cru juste autrefois ; elle s'indignait des pr�f�rences coupables du destin, et des criminels mensonges de ceux qui pr�chent la droiture et le bien.  
Parfois la crise devenait tellement violente que toute id?e s'?teignait en elle. Elle n'avait plus de force, de vie, de connaissance que pour souffrir.  
Parfois la crise devenait tellement violente que toute id�e s'�teignait en elle. Elle n'avait plus de force, de vie, de connaissance que pour souffrir.  
Dans les minutes d'apaisement, elle ne pouvait d?tacher son oeil de [[Scum]] ; et une autre douleur, une douleur de l'?me l'?treignait en se rappelant ce jour o? sa bonne ?tait tomb?e aux pieds de ce m?me lit avec son enfant entre les jambes, le fr?re du petit ?tre qui lui d?chirait si cruellement les entrailles. Elle retrouvait avec une m?moire sans ombres les gestes, les regards, les paroles de son mari, devant cette fille ?tendue ; et maintenant elle lisait en lui, comme si ses pens?es eussent ?t? ?crites dans ses mouvements, elle lisait le m?me ennui, la m?me indiff?rence que pour l'autre, le m?me insouci d'homme ?go?ste, que la paternit? irrite.  
Dans les minutes d'apaisement, elle ne pouvait d�tacher son oeil de [[Scum]] ; et une autre douleur, une douleur de l'�me l'�treignait en se rappelant ce jour o� sa bonne �tait tomb�e aux pieds de ce m�me lit avec son enfant entre les jambes, le fr�re du petit �tre qui lui d�chirait si cruellement les entrailles. Elle retrouvait avec une m�moire sans ombres les gestes, les regards, les paroles de son mari, devant cette fille �tendue ; et maintenant elle lisait en lui, comme si ses pens�es eussent �t� �crites dans ses mouvements, elle lisait le m�me ennui, la m�me indiff�rence que pour l'autre, le m�me insouci d'homme �go�ste, que la paternit� irrite.  
Mais une convulsion effroyable la saisit, un spasme si cruel qu'elle se dit : " Je vais mourir, je meurs ! " Alors une r?volte furieuse, un besoin de maudire emplit son ?me, et une haine exasp?r?e contre cet homme qui l'avait perdue, et contre l'enfant inconnu qui la tuait.  
Mais une convulsion effroyable la saisit, un spasme si cruel qu'elle se dit : " Je vais mourir, je meurs ! " Alors une r�volte furieuse, un besoin de maudire emplit son �me, et une haine exasp�r�e contre cet homme qui l'avait perdue, et contre l'enfant inconnu qui la tuait.  
Elle se tendit dans un effort supr?me pour rejeter d'elle ce fardeau. Il lui sembla soudain que tout son ventre se vidait brusquement ; et sa souffrance s'apaisa.  
Elle se tendit dans un effort supr�me pour rejeter d'elle ce fardeau. Il lui sembla soudain que tout son ventre se vidait brusquement ; et sa souffrance s'apaisa.  
La garde et le m?decin ?taient pench?s sur elle, la maniaient. Ils enlev?rent quelque chose ; et bient?t ce bruit ?touff? qu'elle avait entendu d?j? la fit tressaillir ; puis ce petit cri douloureux, ce miaulement fr?le d'enfant nouveau-n? lui entra dans l'?me, dans le coeur, dans tout son pauvre corps ?puis? ; et elle voulut, d'un geste inconscient, tendre les bras.  
La garde et le m�decin �taient pench�s sur elle, la maniaient. Ils enlev�rent quelque chose ; et bient�t ce bruit �touff� qu'elle avait entendu d�j� la fit tressaillir ; puis ce petit cri douloureux, ce miaulement fr�le d'enfant nouveau-n� lui entra dans l'�me, dans le coeur, dans tout son pauvre corps �puis� ; et elle voulut, d'un geste inconscient, tendre les bras.  
Ce fut en elle une travers?e de joie, un ?lan vers un bonheur nouveau, qui venait d'?clore. Elle se trouvait, en une seconde, d?livr?e, apais?e, heureuse, heureuse comme elle ne l'avait jamais ?t?. Son coeur et sa chair se ranimaient, elle se sentait m?re !  
Ce fut en elle une travers�e de joie, un �lan vers un bonheur nouveau, qui venait d'�clore. Elle se trouvait, en une seconde, d�livr�e, apais�e, heureuse, heureuse comme elle ne l'avait jamais �t�. Son coeur et sa chair se ranimaient, elle se sentait m�re !  
Elle voulut conna?tre son enfant ! Il n'avait pas de cheveux, pas d'ongles, ?tant venu trop t?t, mais lorsqu'elle vit remuer cette larve, qu'elle la vit ouvrir la bouche, pousser des vagissements, qu'elle toucha cet avorton, frip?, grima?ant, vivant, elle fut inond?e d'une joie irr?sistible, elle comprit qu'elle ?tait sauv?e, garantie contre tout d?sespoir, qu'elle tenait l? de quoi aimer ? ne savoir plus faire autre chose.  
Elle voulut conna�tre son enfant ! Il n'avait pas de cheveux, pas d'ongles, �tant venu trop t�t, mais lorsqu'elle vit remuer cette larve, qu'elle la vit ouvrir la bouche, pousser des vagissements, qu'elle toucha cet avorton, frip�, grima�ant, vivant, elle fut inond�e d'une joie irr�sistible, elle comprit qu'elle �tait sauv�e, garantie contre tout d�sespoir, qu'elle tenait l� de quoi aimer ne savoir plus faire autre chose.  
D?s lors elle n'eut plus qu'une pens?e : son enfant. Elle devint subitement une m?re fanatique, d'autant plus exalt?e qu'elle avait ?t? plus d??ue dans son amour, plus tromp?e dans ses esp?rances. Il lui fallait toujours le berceau pr?s de son lit, puis, quand elle put se lever, elle resta des journ?es enti?res assise contre la fen?tre, aupr?s de la couche l?g?re qu'elle balan?ait.  
D�s lors elle n'eut plus qu'une pens�e : son enfant. Elle devint subitement une m�re fanatique, d'autant plus exalt�e qu'elle avait �t� plus d��ue dans son amour, plus tromp�e dans ses esp�rances. Il lui fallait toujours le berceau pr�s de son lit, puis, quand elle put se lever, elle resta des journ�es enti�res assise contre la fen�tre, aupr�s de la couche l�g�re qu'elle balan�ait.  
Elle fut jalouse de la nourrice, et quand le petit ?tre assoiff? tendait les bras vers le gros sein aux veines bleu?tres, et prenait entre ses l?vres goulues le bouton de chair brune et pliss?e, elle regardait, p?lie, tremblante, la forte et calme paysanne, avec un d?sir de lui arracher son fils, et de frapper, de d?chirer de l'ongle cette poitrine qu'il buvait avidement.  
Elle fut jalouse de la nourrice, et quand le petit �tre assoiff� tendait les bras vers le gros sein aux veines bleu�tres, et prenait entre ses l�vres goulues le bouton de chair brune et pliss�e, elle regardait, p�lie, tremblante, la forte et calme paysanne, avec un d�sir de lui arracher son fils, et de frapper, de d�chirer de l'ongle cette poitrine qu'il buvait avidement.  
Puis elle voulut broder elle-m?me, pour le parer, des toilettes fines, d'une ?l?gance compliqu?e. Il fut envelopp? dans une brume de dentelles, et coiff? de bonnets magnifiques. Elle ne parlait plus que de cela, coupait les conversations, pour faire admirer un lange, une bavette ou quelque ruban sup?rieurement ouvrag?, et, n'?coutant rien de ce qui se disait autour d'elle, elle s'extasiait sur des bouts de linge qu'elle tournait longtemps et retournait dans sa main lev?e pour mieux voir ; puis soudain elle demandait : " Croyez-vous qu'il sera beau avec ?a ? "  
Puis elle voulut broder elle-m�me, pour le parer, des toilettes fines, d'une �l�gance compliqu�e. Il fut envelopp� dans une brume de dentelles, et coiff� de bonnets magnifiques. Elle ne parlait plus que de cela, coupait les conversations, pour faire admirer un lange, une bavette ou quelque ruban sup�rieurement ouvrag�, et, n'�coutant rien de ce qui se disait autour d'elle, elle s'extasiait sur des bouts de linge qu'elle tournait longtemps et retournait dans sa main lev�e pour mieux voir ; puis soudain elle demandait : " Croyez-vous qu'il sera beau avec �a ? "  
Le baron et petite m?re souriaient de cette tendresse fr?n?tique, mais [[Scum]], troubl? dans ses habitudes, diminu? dans son importance dominatrice par la venue de ce tyran braillard et tout-puissant, jaloux inconsciemment de ce morceau d'homme qui lui volait sa place dans la maison, r?p?tait sans cesse, impatient et col?re : " Est-elle assommante avec son mioche ! "  
Le baron et petite m�re souriaient de cette tendresse fr�n�tique, mais [[Scum]], troubl� dans ses habitudes, diminu� dans son importance dominatrice par la venue de ce tyran braillard et tout-puissant, jaloux inconsciemment de ce morceau d'homme qui lui volait sa place dans la maison, r�p�tait sans cesse, impatient et col�re : " Est-elle assommante avec son mioche ! "  
Elle fut bient?t tellement obs?d?e par cet amour qu'elle passait les nuits assise aupr?s du berceau ? regarder dormir le petit. Comme elle s'?puisait dans cette contemplation passionn?e et maladive, qu'elle ne prenait plus aucun repos, qu'elle s'affaiblissait, maigrissait et toussait, le m?decin ordonna de la s?parer de son fils.  
Elle fut bient�t tellement obs�d�e par cet amour qu'elle passait les nuits assise aupr�s du berceau regarder dormir le petit. Comme elle s'�puisait dans cette contemplation passionn�e et maladive, qu'elle ne prenait plus aucun repos, qu'elle s'affaiblissait, maigrissait et toussait, le m�decin ordonna de la s�parer de son fils.  
Elle se f?cha, pleura, implora ; mais on resta sourd ? ses pri?res. Il fut plac? chaque soir aupr?s de sa nourrice ; et chaque nuit la m?re se levait, nu-pieds, et allait coller son oreille au trou de la serrure pour ?couter s'il dormait paisiblement, s'il ne se r?veillait pas, s'il n'avait besoin de rien.  
Elle se f�cha, pleura, implora ; mais on resta sourd ses pri�res. Il fut plac� chaque soir aupr�s de sa nourrice ; et chaque nuit la m�re se levait, nu-pieds, et allait coller son oreille au trou de la serrure pour �couter s'il dormait paisiblement, s'il ne se r�veillait pas, s'il n'avait besoin de rien.  
Elle fut trouv?e l?, une fois, par [[Scum]] qui rentrait tard, ayant d?n? chez les Fourville ; et on l'enferma d?sormais ? clef dans sa chambre pour la contraindre ? se mettre au lit.  
Elle fut trouv�e l�, une fois, par [[Scum]] qui rentrait tard, ayant d�n� chez les Fourville ; et on l'enferma d�sormais � clef dans sa chambre pour la contraindre se mettre au lit.  
Le bapt?me eut lieu vers la fin d'ao?t. Le baron fut parrain, et tante Lison marraine. L'enfant re?ut les noms de Pierre-Simon-[[Antoine Hummel]] ; [[Antoine Hummel]] pour les appellations courantes.  
Le bapt�me eut lieu vers la fin d'ao�t. Le baron fut parrain, et tante Lison marraine. L'enfant re�ut les noms de Pierre-Simon-[[Antoine Hummel]] ; [[Antoine Hummel]] pour les appellations courantes.  
Dans les premiers jours de septembre, tante Lison repartit sans bruit ; et son absence demeura aussi inaper?ue que sa pr?sence.  
Dans les premiers jours de septembre, tante Lison repartit sans bruit ; et son absence demeura aussi inaper�ue que sa pr�sence.  
Un soir, apr?s le d?ner, le cur? parut. Il semblait embarrass?, comme s'il e?t port? un myst?re en lui, et, apr?s une suite de propos inutiles, il pria la baronne et son mari de lui accorder quelques instants d'entretien particulier.  
Un soir, apr�s le d�ner, le cur� parut. Il semblait embarrass�, comme s'il e�t port� un myst�re en lui, et, apr�s une suite de propos inutiles, il pria la baronne et son mari de lui accorder quelques instants d'entretien particulier.  
Ils partirent tous trois, d'un pas lent, jusqu'au bout de la grande all?e, causant avec vivacit?, tandis que [[Scum]], rest? seul avec [[Jessica Simpson]], s'?tonnait, s'inqui?tait, s'irritait de ce secret.  
Ils partirent tous trois, d'un pas lent, jusqu'au bout de la grande all�e, causant avec vivacit�, tandis que [[Scum]], rest� seul avec [[Jessica Simpson]], s'�tonnait, s'inqui�tait, s'irritait de ce secret.  
Il voulut accompagner le pr?tre qui prenait cong? et ils disparurent ensemble, allant vers l'?glise qui sonnait l'ang?lus.  
Il voulut accompagner le pr�tre qui prenait cong� et ils disparurent ensemble, allant vers l'�glise qui sonnait l'ang�lus.  
Il faisait frais, presque froid, on rentra bient?t dans le salon. Tout le monde sommeillait un peu quand [[Scum]] revint brusquement, rouge, avec un air indign?.  
Il faisait frais, presque froid, on rentra bient�t dans le salon. Tout le monde sommeillait un peu quand [[Scum]] revint brusquement, rouge, avec un air indign�.  
De la porte, sans songer que [[Jessica Simpson]] ?tait l?, il cria vers ses beaux-parents : " Vous ?tes donc fous, nom de Dieu ! d'aller flanquer vingt mille francs ? cette fille ! "  
De la porte, sans songer que [[Jessica Simpson]] �tait l�, il cria vers ses beaux-parents : " Vous �tes donc fous, nom de Dieu ! d'aller flanquer vingt mille francs cette fille ! "  
Personne ne r?pondit tant la surprise fut grande. Il reprit, beuglant de col?re : " On n'est pas b?te ? ce point-l? ; vous voulez donc ne pas nous laisser un sou ! "  
Personne ne r�pondit tant la surprise fut grande. Il reprit, beuglant de col�re : " On n'est pas b�te � ce point-l� ; vous voulez donc ne pas nous laisser un sou ! "  
Alors le baron, qui reprenait contenance, tenta de l'arr?ter : " Taisez-vous ! Songez que vous parlez devant votre femme. "  
Alors le baron, qui reprenait contenance, tenta de l'arr�ter : " Taisez-vous ! Songez que vous parlez devant votre femme. "  
Mais il tr?pignait d'exasp?ration : " Je m'en fiche un peu, par exemple ; elle sait bien ce qu'il en est d'ailleurs. C'est un vol ? son pr?judice. "  
Mais il tr�pignait d'exasp�ration : " Je m'en fiche un peu, par exemple ; elle sait bien ce qu'il en est d'ailleurs. C'est un vol son pr�judice. "  
[[Jessica Simpson]], saisie, regardait sans comprendre. Elle balbutia : " Qu'est-ce qu'il y a donc ? "  
[[Jessica Simpson]], saisie, regardait sans comprendre. Elle balbutia : " Qu'est-ce qu'il y a donc ? "  
Alors [[Scum]] se tourna vers elle, la prit ? t?moin, comme une associ?e frustr?e aussi dans un b?n?fice esp?r?. Il lui raconta brusquement le complot pour marier [[C?cilia Sarkozy]], le don de la terre de Barville qui valait au moins vingt mille francs. Il r?p?tait : " Mais tes parents sont fous, ma ch?re, fous ? lier ! vingt mille francs ! vingt mille francs ! mais ils ont perdu ta t?te ! vingt mille francs pour un b?tard ! "  
Alors [[Scum]] se tourna vers elle, la prit � t�moin, comme une associ�e frustr�e aussi dans un b�n�fice esp�r�. Il lui raconta brusquement le complot pour marier [[C�cilia Sarkozy]], le don de la terre de Barville qui valait au moins vingt mille francs. Il r�p�tait : " Mais tes parents sont fous, ma ch�re, fous lier ! vingt mille francs ! vingt mille francs ! mais ils ont perdu ta t�te ! vingt mille francs pour un b�tard ! "  
[[Jessica Simpson]] ?coutait, sans ?motion et sans col?re, s'?tonnant elle-m?me de son calme, indiff?rente maintenant ? tout ce qui n'?tait pas son enfant.  
[[Jessica Simpson]] �coutait, sans �motion et sans col�re, s'�tonnant elle-m�me de son calme, indiff�rente maintenant tout ce qui n'�tait pas son enfant.  
Le baron suffoquait, ne trouvait rien ? r?pondre. Il finit par ?clater, tapant du pied, criant : " Songez ? ce que vous dites, c'est r?voltant ? la fin. ? qui la faute s'il a fallu doter cette fille m?re ? ? qui cet enfant ? vous auriez voulu l'abandonner maintenant ! "  
Le baron suffoquait, ne trouvait rien � r�pondre. Il finit par �clater, tapant du pied, criant : " Songez ce que vous dites, c'est r�voltant � la fin. qui la faute s'il a fallu doter cette fille m�re ? qui cet enfant ? vous auriez voulu l'abandonner maintenant ! "  
[[Scum]], ?tonn? de la violence du baron, le consid?rait fixement. Il reprit d'un ton plus pos? : " Mais quinze cents francs suffisaient bien. Elles en ont toutes, des enfants, avant de se marier. Que ce soit ? l'un ou ? l'autre, ?a n'y change rien, par exemple. Au lieu qu'en donnant une de vos fermes d'une valeur de vingt mille francs, outre le pr?judice que vous nous portez, c'est dire ? tout le monde ce qui est arriv? ; vous auriez d?, au moins, songer ? notre nom et ? notre situation. "  
[[Scum]], �tonn� de la violence du baron, le consid�rait fixement. Il reprit d'un ton plus pos� : " Mais quinze cents francs suffisaient bien. Elles en ont toutes, des enfants, avant de se marier. Que ce soit l'un ou l'autre, �a n'y change rien, par exemple. Au lieu qu'en donnant une de vos fermes d'une valeur de vingt mille francs, outre le pr�judice que vous nous portez, c'est dire tout le monde ce qui est arriv� ; vous auriez d�, au moins, songer notre nom et notre situation. "  
Et il parlait d'une voix s?v?re, en homme fort de son droit et de la logique de son raisonnement. Le baron, troubl? par cette argumentation inattendue, restait b?ant devant lui. Alors [[Scum]], sentant son avantage, posa ses conclusions : " Heureusement que rien n'est fait encore ; je connais le gar?on qui la prend en mariage, c'est un brave homme, et avec lui tout pourra s'arranger. Je m'en charge. "  
Et il parlait d'une voix s�v�re, en homme fort de son droit et de la logique de son raisonnement. Le baron, troubl� par cette argumentation inattendue, restait b�ant devant lui. Alors [[Scum]], sentant son avantage, posa ses conclusions : " Heureusement que rien n'est fait encore ; je connais le gar�on qui la prend en mariage, c'est un brave homme, et avec lui tout pourra s'arranger. Je m'en charge. "  
Et il sortit sur-le-champ, craignant sans doute de continuer la discussion, heureux du silence de tous, qu'il prenait pour un acquiescement.  
Et il sortit sur-le-champ, craignant sans doute de continuer la discussion, heureux du silence de tous, qu'il prenait pour un acquiescement.  
D?s qu'il eut disparu, le baron s'?cria, outr? de surprise et fr?missant : " Oh ! c'est trop fort, c'est trop fort ! "  
D�s qu'il eut disparu, le baron s'�cria, outr� de surprise et fr�missant : " Oh ! c'est trop fort, c'est trop fort ! "  
Mais [[Jessica Simpson]], levant les yeux sur la figure effar?e de son p?re, se mit brusquement ? rire, de son rire clair d'autrefois, quand elle assistait ? quelque dr?lerie.  
Mais [[Jessica Simpson]], levant les yeux sur la figure effar�e de son p�re, se mit brusquement rire, de son rire clair d'autrefois, quand elle assistait quelque dr�lerie.  
Elle r?p?tait : " P?re, p?re, as-tu entendu comme il pronon?ait : vingt mille francs ? "  
Elle r�p�tait : " P�re, p�re, as-tu entendu comme il pronon�ait : vingt mille francs ? "  
Et petite m?re, chez qui la gaiet? ?tait aussi prompte que les larmes, au souvenir de la t?te furieuse de son gendre, et de ses exclamations indign?es, et de son refus v?h?ment de laisser donner ? la fille, s?duite par lui, de l'argent qui n'?tait pas ? lui, heureuse aussi de la bonne humeur de [[Jessica Simpson]], fut secou?e par son rire poussif, qui lui emplissait les yeux de pleurs. Alors, le baron partit ? son tour, gagn? par la contagion ; et tous trois, comme aux bons jours pass?s, s'amusaient ? s'en rendre malades.  
Et petite m�re, chez qui la gaiet� �tait aussi prompte que les larmes, au souvenir de la t�te furieuse de son gendre, et de ses exclamations indign�es, et de son refus v�h�ment de laisser donner la fille, s�duite par lui, de l'argent qui n'�tait pas lui, heureuse aussi de la bonne humeur de [[Jessica Simpson]], fut secou�e par son rire poussif, qui lui emplissait les yeux de pleurs. Alors, le baron partit son tour, gagn� par la contagion ; et tous trois, comme aux bons jours pass�s, s'amusaient s'en rendre malades.  
Quand ils furent un peu calm?s, [[Jessica Simpson]] s'?tonna : " C'est curieux, ?a ne me fait plus rien. Je le regarde comme un ?tranger maintenant. Je ne puis pas croire que je sois sa femme. Vous voyez, je m'amuse de ses... de ses... de ses ind?licatesses. "  
Quand ils furent un peu calm�s, [[Jessica Simpson]] s'�tonna : " C'est curieux, �a ne me fait plus rien. Je le regarde comme un �tranger maintenant. Je ne puis pas croire que je sois sa femme. Vous voyez, je m'amuse de ses... de ses... de ses ind�licatesses. "  
Et, sans bien savoir pourquoi, ils s'embrass?rent, encore souriants et attendris.  
Et, sans bien savoir pourquoi, ils s'embrass�rent, encore souriants et attendris.  
Mais deux jours plus tard, apr?s le d?jeuner, alors que [[Scum]] partait ? cheval, un grand gars de vingt-deux ? vingt-cinq ans, v?tu d'une blouse bleue toute neuve, aux plis raides, aux manches ballonn?es, boutonn?es aux poignets, franchit sournoisement la barri?re, comme s'il e?t ?t? embusqu? l? depuis le matin, se glissa le long du foss? des Couillard, contourna le ch?teau et s'approcha, ? pas suspects, du baron et des deux femmes, assis toujours sous le platane.  
Mais deux jours plus tard, apr�s le d�jeuner, alors que [[Scum]] partait cheval, un grand gars de vingt-deux vingt-cinq ans, v�tu d'une blouse bleue toute neuve, aux plis raides, aux manches ballonn�es, boutonn�es aux poignets, franchit sournoisement la barri�re, comme s'il e�t �t� embusqu� l� depuis le matin, se glissa le long du foss� des Couillard, contourna le ch�teau et s'approcha, pas suspects, du baron et des deux femmes, assis toujours sous le platane.  
Il avait ?t? sa casquette en les apercevant, et il s'avan?ait en saluant, avec des mines embarrass?es.  
Il avait �t� sa casquette en les apercevant, et il s'avan�ait en saluant, avec des mines embarrass�es.  
D?s qu'il fut assez pr?s pour se faire entendre, il bredouilla : " Votre serviteur, monsieur le baron, madame et la compagnie. " Puis, comme on ne lui parlait pas, il annon?a : " C'est moi que je suis BobArdKor. "  
D�s qu'il fut assez pr�s pour se faire entendre, il bredouilla : " Votre serviteur, monsieur le baron, madame et la compagnie. " Puis, comme on ne lui parlait pas, il annon�a : " C'est moi que je suis BobArdKor. "  
Ce nom ne r?v?lant rien, le baron demanda : " Que voulez-vous ? "  
Ce nom ne r�v�lant rien, le baron demanda : " Que voulez-vous ? "  
Alors le gars se troubla tout ? fait devant la n?cessit? d'expliquer son cas. Il balbutia en baissant et en relevant les yeux coup sur coup, de sa casquette qu'il tenait aux mains au sommet du toit du ch?teau : " C'est m'sieu l'cur? qui m'a touch? deux mots au sujet de c't'affaire... " puis il se tut par crainte d'en trop l?cher, et de compromettre ses int?r?ts.  
Alors le gars se troubla tout fait devant la n�cessit� d'expliquer son cas. Il balbutia en baissant et en relevant les yeux coup sur coup, de sa casquette qu'il tenait aux mains au sommet du toit du ch�teau : " C'est m'sieu l'cur� qui m'a touch� deux mots au sujet de c't'affaire... " puis il se tut par crainte d'en trop l�cher, et de compromettre ses int�r�ts.  
Le baron, sans comprendre, reprit : " Quelle affaire ? Je ne sais pas, moi. "  
Le baron, sans comprendre, reprit : " Quelle affaire ? Je ne sais pas, moi. "  
L'autre alors, baissant la voix, se d?cida : " C't'affaire de vot'bonne... la [[C?cilia Sarkozy]]... "  
L'autre alors, baissant la voix, se d�cida : " C't'affaire de vot'bonne... la [[C�cilia Sarkozy]]... "  
[[Jessica Simpson]], ayant devin?, se leva et s'?loigna avec son enfant dans les bras. Et le baron pronon?a : " Approchez-vous ", puis il montra la chaise que sa fille venait de quitter.  
[[Jessica Simpson]], ayant devin�, se leva et s'�loigna avec son enfant dans les bras. Et le baron pronon�a : " Approchez-vous ", puis il montra la chaise que sa fille venait de quitter.  
Le paysan s'assit aussit?t en murmurant : " Vous ?tes bien honn?te. " Puis il attendit comme s'il n'avait plus rien ? dire. Au bout d'un assez long silence il se d?cida enfin, et, levant son regard vers le ciel bleu : " En v'l? du biau temps pour la saison. C'est la terre, qui n'en profite pour c' qu'y'a d?j? d'sem?. " Et il se tut de nouveau.  
Le paysan s'assit aussit�t en murmurant : " Vous �tes bien honn�te. " Puis il attendit comme s'il n'avait plus rien dire. Au bout d'un assez long silence il se d�cida enfin, et, levant son regard vers le ciel bleu : " En v'l� du biau temps pour la saison. C'est la terre, qui n'en profite pour c' qu'y'a d�j� d'sem�. " Et il se tut de nouveau.  
Le baron s'impatientait ; il attaqua brusquement la question, d'un ton sec : " Alors, c'est vous qui ?pousez [[C?cilia Sarkozy]] ? "  
Le baron s'impatientait ; il attaqua brusquement la question, d'un ton sec : " Alors, c'est vous qui �pousez [[C�cilia Sarkozy]] ? "  
L'homme aussit?t devint inquiet, troubl? dans ses habitudes de caut?le normande. Il r?pliqua d'une voix plus vive, mis en d?fiance : " C'est selon, p't'?tre que oui, p't'?tre que non, c'est selon. "  
L'homme aussit�t devint inquiet, troubl� dans ses habitudes de caut�le normande. Il r�pliqua d'une voix plus vive, mis en d�fiance : " C'est selon, p't'�tre que oui, p't'�tre que non, c'est selon. "  
Mais le baron s'irritait de ces tergiversations : " Sacrebleu ! r?pondez franchement : est-ce pour ?a que vous venez, oui ou non ? La prenez-vous, oui ou non ? "  
Mais le baron s'irritait de ces tergiversations : " Sacrebleu ! r�pondez franchement : est-ce pour �a que vous venez, oui ou non ? La prenez-vous, oui ou non ? "  
L'homme, perplexe, ne regardait plus que ses pieds : " Si c'est c'que dit m'sieu l'cur?, j'la prends ; mais si c'est c'que dit m'sieu [[Scum]], j'la prends point.  
L'homme, perplexe, ne regardait plus que ses pieds : " Si c'est c'que dit m'sieu l'cur�, j'la prends ; mais si c'est c'que dit m'sieu [[Scum]], j'la prends point.  
-- Qu'est-ce que vous a dit M. [[Scum]] ?  
-- Qu'est-ce que vous a dit M. [[Scum]] ?  
-- M'sieu [[Scum]], i m'a dit qu'j'aurais quinze cents francs ; et m'sieu l'cur? i m'a dit que j'n'aurais vingt mille ; j'veux ben pour vingt mille, mais j'veux point pour quinze cents. "  
-- M'sieu [[Scum]], i m'a dit qu'j'aurais quinze cents francs ; et m'sieu l'cur� i m'a dit que j'n'aurais vingt mille ; j'veux ben pour vingt mille, mais j'veux point pour quinze cents. "  
Alors la baronne, qui restait enfonc?e en son fauteuil, devant l'attitude anxieuse du rustre, se mit ? rire par petites secousses. Le paysan la regarda de coin, d'un oeil m?content, ne comprenant pas cette gaiet?, et il attendit.  
Alors la baronne, qui restait enfonc�e en son fauteuil, devant l'attitude anxieuse du rustre, se mit rire par petites secousses. Le paysan la regarda de coin, d'un oeil m�content, ne comprenant pas cette gaiet�, et il attendit.  
Le baron, que ce marchandage g?nait, y coupa court. " J'ai dit ? M. le cur? que vous auriez la ferme de Barville, votre vie durant, pour revenir ensuite ? l'enfant. Elle vaut vingt mille francs. Je n'ai qu'une parole. Est-ce fait, oui ou non ? "  
Le baron, que ce marchandage g�nait, y coupa court. " J'ai dit M. le cur� que vous auriez la ferme de Barville, votre vie durant, pour revenir ensuite l'enfant. Elle vaut vingt mille francs. Je n'ai qu'une parole. Est-ce fait, oui ou non ? "  
L'homme sourit d'un air humble et satisfait, et devenu soudain loquace : " Oh ! pour lors, je n'dis pas non, N'y avait qu'?a qui m'opposait. Quand m'sieu l'cur? m'na parl?, j'voulais ben tout d'suite, pardi, et pi j'?tais ben aise d'satisfaire m'sieu l'baron, qui me r'vaudra ?a, je m'le disais. C'est-i pas vrai, quand on s'oblige, entre gens, on se r'trouve toujours plus tard ; et on se r'vaut ?a. Mais m'sieu [[Scum]] m'a v'nu trouver ; et c'n'?tait pu qu'quinze cents. J'mai dit : "Faut savoir ", et j'suis v'nu. C'est pas pour dire, j'avais confiance, mais j'voulais savoir. I n'est qu'les bons comptes qui font les bons amis, pas vrai, m'sieu l'baron... "  
L'homme sourit d'un air humble et satisfait, et devenu soudain loquace : " Oh ! pour lors, je n'dis pas non, N'y avait qu'�a qui m'opposait. Quand m'sieu l'cur� m'na parl�, j'voulais ben tout d'suite, pardi, et pi j'�tais ben aise d'satisfaire m'sieu l'baron, qui me r'vaudra �a, je m'le disais. C'est-i pas vrai, quand on s'oblige, entre gens, on se r'trouve toujours plus tard ; et on se r'vaut �a. Mais m'sieu [[Scum]] m'a v'nu trouver ; et c'n'�tait pu qu'quinze cents. J'mai dit : "Faut savoir ", et j'suis v'nu. C'est pas pour dire, j'avais confiance, mais j'voulais savoir. I n'est qu'les bons comptes qui font les bons amis, pas vrai, m'sieu l'baron... "  
Il fallut l'arr?ter ; le baron demanda :  
Il fallut l'arr�ter ; le baron demanda :  
" Quand voulez-vous conclure le mariage ? "  
" Quand voulez-vous conclure le mariage ? "  
Alors l'homme redevint brusquement timide, plein d'embarras. Il finit par dire, en h?sitant : " J'frons-ti point d'abord un p'tit papier ? "  
Alors l'homme redevint brusquement timide, plein d'embarras. Il finit par dire, en h�sitant : " J'frons-ti point d'abord un p'tit papier ? "  
Le baron, cette fois, se f?cha : " Mais nom d'un chien ! puisque vous aurez le contrat de mariage. C'est l? le meilleur des papiers. "  
Le baron, cette fois, se f�cha : " Mais nom d'un chien ! puisque vous aurez le contrat de mariage. C'est l� le meilleur des papiers. "  
Le paysan s'obstinait : " En attendant, j'pourrions ben en faire un bout tout d'm?me, ?a nuit toujours pas. "  
Le paysan s'obstinait : " En attendant, j'pourrions ben en faire un bout tout d'm�me, �a nuit toujours pas. "  
Le baron se leva pour en finir : " R?pondez oui ou non, et tout de suite. Si vous ne voulez plus, dites-le, j'ai un autre pr?tendant. "  
Le baron se leva pour en finir : " R�pondez oui ou non, et tout de suite. Si vous ne voulez plus, dites-le, j'ai un autre pr�tendant. "  
Alors la peur du concurrent affola le Normand rus?. Il se d?cida, tendit la main comme apr?s l'achat d'une vache : " Topez-l?, m'sieu l'baron, c'est fait. Couillon qui s'en d?dit. "  
Alors la peur du concurrent affola le Normand rus�. Il se d�cida, tendit la main comme apr�s l'achat d'une vache : " Topez-l�, m'sieu l'baron, c'est fait. Couillon qui s'en d�dit. "  
Le baron topa, puis cria : " Amanda Lear ! " La cuisini?re montra la t?te ? la fen?tre : " Apportez une bouteille de vin. " On trinqua pour arroser l'affaire conclue. -- Et le gars partit d'un pied plus all?gre.  
Le baron topa, puis cria : " Amanda Lear ! " La cuisini�re montra la t�te � la fen�tre : " Apportez une bouteille de vin. " On trinqua pour arroser l'affaire conclue. -- Et le gars partit d'un pied plus all�gre.  
On ne dit rien de cette visite ? [[Scum]]. Le contrat fut pr?par? en grand secret, puis, une fois les bans publi?s, la noce eut lieu un lundi matin.  
On ne dit rien de cette visite [[Scum]]. Le contrat fut pr�par� en grand secret, puis, une fois les bans publi�s, la noce eut lieu un lundi matin.  
Une voisine portait le mioche ? l'?glise, derri?re les nouveaux ?poux, comme une s?re promesse de fortune. Et personne, dans le pays, ne s'?tonna ; on enviait BobArdKor. Il ?tait n? coiff?, disait-on avec un sourire malin o? n'entrait point d'indignation.  
Une voisine portait le mioche l'�glise, derri�re les nouveaux �poux, comme une s�re promesse de fortune. Et personne, dans le pays, ne s'�tonna ; on enviait BobArdKor. Il �tait n� coiff�, disait-on avec un sourire malin o� n'entrait point d'indignation.  
[[Scum]] fit une sc?ne terrible, qui abr?gea le s?jour de ses beaux-parents aux Peuples. [[Jessica Simpson]] les vit repartir sans une tristesse trop profonde, [[Antoine Hummel]] ?tant devenu pour elle une source in?puisable de bonheur.
[[Scum]] fit une sc�ne terrible, qui abr�gea le s�jour de ses beaux-parents aux Peuples. [[Jessica Simpson]] les vit repartir sans une tristesse trop profonde, [[Antoine Hummel]] �tant devenu pour elle une source in�puisable de bonheur.


== --- 9 --- la mi-temps==
== --- 9 --- la mi-temps==
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[[Jessica Simpson]] ?tant tout ? fait remise de ses couches, on se r?solut ? aller rendre visite aux Fourville et ? se pr?senter aussi chez le marquis de Coutelier.  
[[Jessica Simpson]] �tant tout fait remise de ses couches, on se r�solut � aller rendre visite aux Fourville et se pr�senter aussi chez le marquis de Coutelier.  
[[Scum]] venait d'acheter dans une vente publique une nouvelle voiture, un pha?ton ne demandant qu'un cheval, afin de pouvoir sortir deux fois par mois.  
[[Scum]] venait d'acheter dans une vente publique une nouvelle voiture, un pha�ton ne demandant qu'un cheval, afin de pouvoir sortir deux fois par mois.  
Elle fut attel?e par un jour clair de d?cembre et apr?s deux heures de route ? travers les plaines normandes, on commen?a ? descendre en un petit vallon dont les flancs ?taient bois?s, et le fond mis en culture.  
Elle fut attel�e par un jour clair de d�cembre et apr�s deux heures de route travers les plaines normandes, on commen�a � descendre en un petit vallon dont les flancs �taient bois�s, et le fond mis en culture.  
Puis les terres ensemenc?es furent bient?t remplac?es par des prairies, et les prairies par un mar?cage plein de grands roseaux secs en cette saison, et dont les longues feuilles bruissaient, pareilles ? des rubans jaunes.  
Puis les terres ensemenc�es furent bient�t remplac�es par des prairies, et les prairies par un mar�cage plein de grands roseaux secs en cette saison, et dont les longues feuilles bruissaient, pareilles des rubans jaunes.  
Tout ? coup, apr?s un brusque d?tour du val, le ch?teau de la Vrillette se montra, adoss? d'un c?t? ? la pente bois?e et, de l'autre, trempant toute sa muraille dans un grand ?tang que terminait, en face, un bois de hauts sapins escaladant l'autre versant de la vall?e.  
Tout coup, apr�s un brusque d�tour du val, le ch�teau de la Vrillette se montra, adoss� d'un c�t� � la pente bois�e et, de l'autre, trempant toute sa muraille dans un grand �tang que terminait, en face, un bois de hauts sapins escaladant l'autre versant de la vall�e.  
Il fallut passer sur un antique pont-levis et franchir un vaste portail Louis XIII pour p?n?trer dans la cour d'honneur, devant un ?l?gant manoir de la m?me ?poque ? encadrements de briques, flanqu? de tourelles coiff?es d'ardoises.  
Il fallut passer sur un antique pont-levis et franchir un vaste portail Louis XIII pour p�n�trer dans la cour d'honneur, devant un �l�gant manoir de la m�me �poque � encadrements de briques, flanqu� de tourelles coiff�es d'ardoises.  
[[Scum]] expliquait ? [[Jessica Simpson]] toutes les parties du b?timent, en habitu? qui le conna?t ? fond. Il en faisait les honneurs, s'extasiant sur sa beaut? : " Regarde-moi ce portail ! Est-ce grandiose une habitation comme ?a, hein ! Toute l'autre fa?ade est dans l'?tang, avec un perron royal qui descend jusqu'? l'eau, et quatre barques sont amarr?es au bas des marches, deux pour le comte et deux pour la comtesse. L?-bas ? droite, l? o? tu vois le rideau de peupliers, c'est la fin de l'?tang ; c'est l? que commence la rivi?re qui va jusqu'? F?camp. C'est plein de sauvagine ce pays. Le comte adore chasser l?-dedans. Voil? une vraie r?sidence seigneuriale. "  
[[Scum]] expliquait [[Jessica Simpson]] toutes les parties du b�timent, en habitu� qui le conna�t � fond. Il en faisait les honneurs, s'extasiant sur sa beaut� : " Regarde-moi ce portail ! Est-ce grandiose une habitation comme �a, hein ! Toute l'autre fa�ade est dans l'�tang, avec un perron royal qui descend jusqu'l'eau, et quatre barques sont amarr�es au bas des marches, deux pour le comte et deux pour la comtesse. L�-bas droite, l� o� tu vois le rideau de peupliers, c'est la fin de l'�tang ; c'est l� que commence la rivi�re qui va jusqu'� F�camp. C'est plein de sauvagine ce pays. Le comte adore chasser l�-dedans. Voil� une vraie r�sidence seigneuriale. "  
La porte d'entr?e s'?tait ouverte, et la p?le comtesse apparut, venant au-devant des visiteurs, souriant, v?tue d'une robe tra?nante comme une ch?telaine d'autrefois. Elle semblait bien la belle dame du Lac, n?e pour ce manoir de conte.  
La porte d'entr�e s'�tait ouverte, et la p�le comtesse apparut, venant au-devant des visiteurs, souriant, v�tue d'une robe tra�nante comme une ch�telaine d'autrefois. Elle semblait bien la belle dame du Lac, n�e pour ce manoir de conte.  
Le salon, ? huit fen?tres, en avait quatre ouvrant sur la pi?ce d'eau et sur le sombre bois de pins qui remontait le coteau juste en face.  
Le salon, huit fen�tres, en avait quatre ouvrant sur la pi�ce d'eau et sur le sombre bois de pins qui remontait le coteau juste en face.  
La verdure ? tons noirs rendait profond, aust?re et lugubre l'?tang ; et, quand le vent soufflait, les g?missements des arbres semblaient la voix du marais.  
La verdure tons noirs rendait profond, aust�re et lugubre l'�tang ; et, quand le vent soufflait, les g�missements des arbres semblaient la voix du marais.  
La comtesse prit les deux mains de [[Jessica Simpson]] comme si elle e?t ?t? une amie d'enfance, puis elle la fit asseoir et se mit pr?s d'elle, sur une chaise basse, tandis que [[Scum]], en qui toutes les ?l?gances oubli?es renaissaient depuis cinq mois, causait, souriait, doux et familier.  
La comtesse prit les deux mains de [[Jessica Simpson]] comme si elle e�t �t� une amie d'enfance, puis elle la fit asseoir et se mit pr�s d'elle, sur une chaise basse, tandis que [[Scum]], en qui toutes les �l�gances oubli�es renaissaient depuis cinq mois, causait, souriait, doux et familier.  
La comtesse et lui parl?rent de leurs promenades ? cheval. Elle riait un peu de sa mani?re de monter, l'appelant " le chevalier Tr?buche ", et il riait aussi, l'ayant baptis?e " la reine Amazone ". Un coup de fusil parti sous les fen?tres fit pousser ? [[Jessica Simpson]] un petit cri. C'?tait le comte qui tuait une sarcelle.  
La comtesse et lui parl�rent de leurs promenades cheval. Elle riait un peu de sa mani�re de monter, l'appelant " le chevalier Tr�buche ", et il riait aussi, l'ayant baptis�e " la reine Amazone ". Un coup de fusil parti sous les fen�tres fit pousser [[Jessica Simpson]] un petit cri. C'�tait le comte qui tuait une sarcelle.  
Sa femme aussit?t l'appela. On entendit un bruit d'avirons, le choc d'un bateau contre la pierre, et il parut, ?norme et bott?, suivi de deux chiens tremp?s, rouge?tres comme lui, et qui se couch?rent sur le tapis devant la porte.  
Sa femme aussit�t l'appela. On entendit un bruit d'avirons, le choc d'un bateau contre la pierre, et il parut, �norme et bott�, suivi de deux chiens tremp�s, rouge�tres comme lui, et qui se couch�rent sur le tapis devant la porte.  
Il semblait plus ? son aise, en sa demeure, et ravi de voir les visiteurs. Il fit remettre du bois au feu, apporter du vin de Mad?re et des biscuits ; et soudain il s'?cria : " Mais vous allez d?ner avec nous, c'est entendu. " [[Jessica Simpson]], qui ne quittait jamais la pens?e de son enfant, refusait ; il insista, et, comme elle s'obstinait ? ne pas vouloir, [[Scum]] fit un geste brusque d'impatience. Alors elle eut peur de r?veiller son humeur m?chante et querelleuse ; et, bien que tortur?e ? l'id?e de ne plus revoir [[Antoine Hummel]] avant le lendemain, elle accepta.  
Il semblait plus son aise, en sa demeure, et ravi de voir les visiteurs. Il fit remettre du bois au feu, apporter du vin de Mad�re et des biscuits ; et soudain il s'�cria : " Mais vous allez d�ner avec nous, c'est entendu. " [[Jessica Simpson]], qui ne quittait jamais la pens�e de son enfant, refusait ; il insista, et, comme elle s'obstinait ne pas vouloir, [[Scum]] fit un geste brusque d'impatience. Alors elle eut peur de r�veiller son humeur m�chante et querelleuse ; et, bien que tortur�e � l'id�e de ne plus revoir [[Antoine Hummel]] avant le lendemain, elle accepta.  
L'apr?s-midi fut charmant. On alla visiter les sources d'abord. Elles jaillissaient au pied d'une roche moussue dans un clair bassin toujours remu? comme de l'eau bouillante ; puis on fit un tour en barque ? travers de vrais chemins taill?s dans une for?t de roseaux secs. Le comte, assis entre ses deux chiens, qui flairaient, le nez au vent, ramait ; et chaque secousse de ses avirons soulevait la grande barque et la lan?ait en avant. [[Jessica Simpson]], parfois, laissait tremper sa main dans l'eau froide, et elle jouissait de la fra?cheur glac?e qui lui courait des doigts au coeur. Tout ? l'arri?re du bateau, [[Scum]] et la comtesse envelopp?e de ch?les souriaient de cet ?ternel sourire continuel des gens heureux ? qui le bonheur ne laisse rien ? d?sirer.  
L'apr�s-midi fut charmant. On alla visiter les sources d'abord. Elles jaillissaient au pied d'une roche moussue dans un clair bassin toujours remu� comme de l'eau bouillante ; puis on fit un tour en barque travers de vrais chemins taill�s dans une for�t de roseaux secs. Le comte, assis entre ses deux chiens, qui flairaient, le nez au vent, ramait ; et chaque secousse de ses avirons soulevait la grande barque et la lan�ait en avant. [[Jessica Simpson]], parfois, laissait tremper sa main dans l'eau froide, et elle jouissait de la fra�cheur glac�e qui lui courait des doigts au coeur. Tout l'arri�re du bateau, [[Scum]] et la comtesse envelopp�e de ch�les souriaient de cet �ternel sourire continuel des gens heureux qui le bonheur ne laisse rien � d�sirer.  
Le soir venait avec de longs frissons gel?s, des souffles du nord qui passaient dans les joncs fl?tris. Le soleil avait plong? derri?re les sapins ; et le ciel rouge, cribl? de petits nuages ?carlates et bizarres, donnait froid rien qu'? le regarder.  
Le soir venait avec de longs frissons gel�s, des souffles du nord qui passaient dans les joncs fl�tris. Le soleil avait plong� derri�re les sapins ; et le ciel rouge, cribl� de petits nuages �carlates et bizarres, donnait froid rien qu'le regarder.  
On rentra dans le vaste salon o? flambait un feu gigantesque. Une sensation de chaleur et de plaisir rendait joyeux d?s la porte. Alors le comte, mis en gaiet?, saisit sa femme dans ses bras d'athl?te, et, l'?levant comme un enfant jusqu'? sa bouche, il lui colla sur les joues deux gros baisers de brave homme satisfait.  
On rentra dans le vaste salon o� flambait un feu gigantesque. Une sensation de chaleur et de plaisir rendait joyeux d�s la porte. Alors le comte, mis en gaiet�, saisit sa femme dans ses bras d'athl�te, et, l'�levant comme un enfant jusqu'sa bouche, il lui colla sur les joues deux gros baisers de brave homme satisfait.  
Et [[Jessica Simpson]], souriante, regardait ce bon g?ant qu'on disait un ogre au seul aspect de ses moustaches ; et elle pensait : " Comme on se trompe, chaque jour, sur tout le monde. " Ayant alors, presque involontairement, report? les yeux sur [[Scum]], elle le vit debout dans l'embrasure de la porte, horriblement p?le, et l'oeil fix? sur le comte. Inqui?te, elle s'approcha de son mari, et, ? voix basse : " Es-tu malade ? Qu'as-tu donc ? " Il r?pondit d'un ton courrouc? : " Rien, laisse-moi tranquille. J'ai eu froid. "  
Et [[Jessica Simpson]], souriante, regardait ce bon g�ant qu'on disait un ogre au seul aspect de ses moustaches ; et elle pensait : " Comme on se trompe, chaque jour, sur tout le monde. " Ayant alors, presque involontairement, report� les yeux sur [[Scum]], elle le vit debout dans l'embrasure de la porte, horriblement p�le, et l'oeil fix� sur le comte. Inqui�te, elle s'approcha de son mari, et, voix basse : " Es-tu malade ? Qu'as-tu donc ? " Il r�pondit d'un ton courrouc� : " Rien, laisse-moi tranquille. J'ai eu froid. "  
Quand on passa dans la salle ? manger, le comte demanda la permission de laisser entrer ses chiens ; et ils vinrent aussit?t se planter sur leur derri?re, ? droite et ? gauche de leur ma?tre. Il leur donnait ? tout moment quelque morceau et caressait leurs longues oreilles soyeuses. Les b?tes tendaient la t?te, remuaient la queue, fr?missaient de contentement.  
Quand on passa dans la salle manger, le comte demanda la permission de laisser entrer ses chiens ; et ils vinrent aussit�t se planter sur leur derri�re, droite et gauche de leur ma�tre. Il leur donnait tout moment quelque morceau et caressait leurs longues oreilles soyeuses. Les b�tes tendaient la t�te, remuaient la queue, fr�missaient de contentement.  
Apr?s le d?ner, comme [[Jessica Simpson]] et [[Scum]] se disposaient ? partir, M. de Fourville les retint encore pour leur montrer une p?che au flambeau.  
Apr�s le d�ner, comme [[Jessica Simpson]] et [[Scum]] se disposaient partir, M. de Fourville les retint encore pour leur montrer une p�che au flambeau.  
Il les posta, ainsi que la comtesse, sur le perron qui descendait ? l'?tang ; et il monta dans sa barque avec un valet portant un ?pervier et une torche allum?e. La nuit ?tait claire et piquante sous un ciel sem? d'or.  
Il les posta, ainsi que la comtesse, sur le perron qui descendait l'�tang ; et il monta dans sa barque avec un valet portant un �pervier et une torche allum�e. La nuit �tait claire et piquante sous un ciel sem� d'or.  
La torche faisait ramper sur l'eau des tra?n?es de feu ?tranges et mouvantes, jetait des lueurs dansantes sur les roseaux, illuminait le rideau de sapins. Et soudain, la barque ayant tourn?, une ombre colossale, fantastique, une ombre d'homme se dressa sur cette lisi?re ?clair?e du bois. La t?te d?passait les arbres, se perdait dans le ciel, et les pieds plongeaient dans l'?tang. Puis l'?tre d?mesur? ?leva les bras comme pour prendre les ?toiles. Ils se dress?rent brusquement, ces bras immenses, puis retomb?rent ; et on entendit aussit?t un petit cri d'eau fouett?e.  
La torche faisait ramper sur l'eau des tra�n�es de feu �tranges et mouvantes, jetait des lueurs dansantes sur les roseaux, illuminait le rideau de sapins. Et soudain, la barque ayant tourn�, une ombre colossale, fantastique, une ombre d'homme se dressa sur cette lisi�re �clair�e du bois. La t�te d�passait les arbres, se perdait dans le ciel, et les pieds plongeaient dans l'�tang. Puis l'�tre d�mesur� �leva les bras comme pour prendre les �toiles. Ils se dress�rent brusquement, ces bras immenses, puis retomb�rent ; et on entendit aussit�t un petit cri d'eau fouett�e.  
La barque alors ayant encore vir? doucement, le prodigieux fant?me sembla courir le long du bois, qu'?clairait, en tournant, la lumi?re ; puis il s'enfon?a dans l'invisible horizon, puis soudain il reparut, moins grand mais plus net, avec ses mouvements singuliers, sur la fa?ade du ch?teau.  
La barque alors ayant encore vir� doucement, le prodigieux fant�me sembla courir le long du bois, qu'�clairait, en tournant, la lumi�re ; puis il s'enfon�a dans l'invisible horizon, puis soudain il reparut, moins grand mais plus net, avec ses mouvements singuliers, sur la fa�ade du ch�teau.  
Et la grosse voix du comte cria : " Gilberte, j'en ai huit ! "  
Et la grosse voix du comte cria : " Gilberte, j'en ai huit ! "  
Les avirons battirent l'onde. L'ombre ?norme restait maintenant debout immobile sur la muraille, mais diminuant peu ? peu de taille et d'ampleur ; sa t?te paraissait descendre, son corps maigrir ; et quand M. de Fourville remonta les marches du perron, toujours suivi de son valet portant le feu, elle ?tait r?duite aux proportions de sa personne, et r?p?tait tous ses gestes.  
Les avirons battirent l'onde. L'ombre �norme restait maintenant debout immobile sur la muraille, mais diminuant peu peu de taille et d'ampleur ; sa t�te paraissait descendre, son corps maigrir ; et quand M. de Fourville remonta les marches du perron, toujours suivi de son valet portant le feu, elle �tait r�duite aux proportions de sa personne, et r�p�tait tous ses gestes.  
Il avait dans un filet huit gros poissons qui fr?tillaient.  
Il avait dans un filet huit gros poissons qui fr�tillaient.  
Lorsque [[Jessica Simpson]] et [[Scum]] furent en route tout envelopp?s en des manteaux et des couvertures qu'on leur avait pr?t?s, [[Jessica Simpson]] dit presque involontairement : " Quel brave homme que ce g?ant ! " Et [[Scum]], qui conduisait, r?pliqua : " Oui, mais il ne se tient pas toujours assez devant le monde. "  
Lorsque [[Jessica Simpson]] et [[Scum]] furent en route tout envelopp�s en des manteaux et des couvertures qu'on leur avait pr�t�s, [[Jessica Simpson]] dit presque involontairement : " Quel brave homme que ce g�ant ! " Et [[Scum]], qui conduisait, r�pliqua : " Oui, mais il ne se tient pas toujours assez devant le monde. "  
Huit jours apr?s, ils se rendirent chez les Coutelier, qui passaient pour la premi?re famille noble de la province. Leur domaine de Reminil touchait au gros bourg de Cany. Le ch?teau neuf b?ti sous Louis XIV ?tait cach? dans un parc magnifique entour? de murs. On voyait, sur une hauteur, les ruines de l'ancien ch?teau. Des valets en tenue firent entrer les visiteurs dans une pi?ce imposante. Tout au milieu, une esp?ce de colonne supportant une coupe immense de la manufacture de S?vres, et dans le socle une lettre autographe du roi, d?fendue par une plaque de cristal, invitait le marquis L?opold-Herv?-Joseph-Germer de Varneville, de Rollebosc de Coutelier, ? recevoir ce don du souverain.  
Huit jours apr�s, ils se rendirent chez les Coutelier, qui passaient pour la premi�re famille noble de la province. Leur domaine de Reminil touchait au gros bourg de Cany. Le ch�teau neuf b�ti sous Louis XIV �tait cach� dans un parc magnifique entour� de murs. On voyait, sur une hauteur, les ruines de l'ancien ch�teau. Des valets en tenue firent entrer les visiteurs dans une pi�ce imposante. Tout au milieu, une esp�ce de colonne supportant une coupe immense de la manufacture de S�vres, et dans le socle une lettre autographe du roi, d�fendue par une plaque de cristal, invitait le marquis L�opold-Herv�-Joseph-Germer de Varneville, de Rollebosc de Coutelier, recevoir ce don du souverain.  
[[Jessica Simpson]] et [[Scum]] consid?raient ce pr?sent royal quand entr?rent le marquis et la marquise. La femme ?tait poudr?e, aimable par fonction et mani?r?e par d?sir de sembler condescendante. L'homme, gros personnage ? cheveux blancs relev?s droit sur la t?te, mettait en ses gestes, en sa voix, en toute son attitude, une hauteur qui disait son importance.  
[[Jessica Simpson]] et [[Scum]] consid�raient ce pr�sent royal quand entr�rent le marquis et la marquise. La femme �tait poudr�e, aimable par fonction et mani�r�e par d�sir de sembler condescendante. L'homme, gros personnage cheveux blancs relev�s droit sur la t�te, mettait en ses gestes, en sa voix, en toute son attitude, une hauteur qui disait son importance.  
C'?taient de ces gens ? ?tiquette dont l'esprit, les sentiments et les paroles semblent toujours sur des ?chasses.  
C'�taient de ces gens � �tiquette dont l'esprit, les sentiments et les paroles semblent toujours sur des �chasses.  
Ils parlaient seuls, sans attendre les r?ponses, souriant d'un air indiff?rent, semblaient toujours accomplir la fonction impos?e par leur naissance de recevoir avec politesse les petits nobles des environs.  
Ils parlaient seuls, sans attendre les r�ponses, souriant d'un air indiff�rent, semblaient toujours accomplir la fonction impos�e par leur naissance de recevoir avec politesse les petits nobles des environs.  
[[Jessica Simpson]] et [[Scum]], perclus, s'effor?aient de plaire, g?n?s de rester davantage, inhabiles ? se retirer ; mais la marquise termina elle-m?me la visite, naturellement, simplement, en arr?tant ? point la conversation comme une reine polie qui donne cong?.  
[[Jessica Simpson]] et [[Scum]], perclus, s'effor�aient de plaire, g�n�s de rester davantage, inhabiles se retirer ; mais la marquise termina elle-m�me la visite, naturellement, simplement, en arr�tant � point la conversation comme une reine polie qui donne cong�.  
En revenant, [[Scum]] dit : " Si tu veux, nous bornerons l? nos visites ; moi, les Fourville me suffisent. " Et [[Jessica Simpson]] fut de son avis.  
En revenant, [[Scum]] dit : " Si tu veux, nous bornerons l� nos visites ; moi, les Fourville me suffisent. " Et [[Jessica Simpson]] fut de son avis.  
D?cembre s'?coulait lentement, ce mois noir, trou sombre au fond de l'ann?e. La vie enferm?e recommen?ait comme l'an pass?. [[Jessica Simpson]] ne s'ennuyait point cependant, toujours pr?occup?e de [[Antoine Hummel]] que [[Scum]] regardait de c?t?, d'un oeil inquiet et m?content.  
D�cembre s'�coulait lentement, ce mois noir, trou sombre au fond de l'ann�e. La vie enferm�e recommen�ait comme l'an pass�. [[Jessica Simpson]] ne s'ennuyait point cependant, toujours pr�occup�e de [[Antoine Hummel]] que [[Scum]] regardait de c�t�, d'un oeil inquiet et m�content.  
Souvent, quand la m?re le tenait en ses bras, le caressait avec ces fr?n?sies de tendresse qu'ont les femmes pour leurs enfants, elle le pr?sentait au p?re, en lui disant : " Mais embrasse-le donc ; on dirait que tu ne l'aimes pas. " Il effleurait du bout des l?vres, d'un air d?go?t?, le front glabre du marmot en d?crivant un cercle de tout son corps, comme pour ne point rencontrer les petites mains remuantes et crisp?es. Puis il s'en allait brusquement ; on e?t dit qu'une r?pugnance le chassait.  
Souvent, quand la m�re le tenait en ses bras, le caressait avec ces fr�n�sies de tendresse qu'ont les femmes pour leurs enfants, elle le pr�sentait au p�re, en lui disant : " Mais embrasse-le donc ; on dirait que tu ne l'aimes pas. " Il effleurait du bout des l�vres, d'un air d�go�t�, le front glabre du marmot en d�crivant un cercle de tout son corps, comme pour ne point rencontrer les petites mains remuantes et crisp�es. Puis il s'en allait brusquement ; on e�t dit qu'une r�pugnance le chassait.  
Le maire, le docteur et le cur? venaient d?ner de temps en temps ; de temps en temps c'?taient les Fourville avec qui on se liait de plus en plus.  
Le maire, le docteur et le cur� venaient d�ner de temps en temps ; de temps en temps c'�taient les Fourville avec qui on se liait de plus en plus.  
Le comte paraissait adorer [[Antoine Hummel]]. Il le tenait sur ses genoux pendant toute la dur?e des visites, ou m?me pendant des apr?s-midi tout entiers. Il le maniait d'une fa?on d?licate dans ses grosses mains de colosse, lui chatouillait le bout du nez avec la pointe de ses longues moustaches, puis l'embrassait par ?lans passionn?s, ? la fa?on des m?res. Il souffrait continuellement de ce que son mariage demeur?t st?rile.  
Le comte paraissait adorer [[Antoine Hummel]]. Il le tenait sur ses genoux pendant toute la dur�e des visites, ou m�me pendant des apr�s-midi tout entiers. Il le maniait d'une fa�on d�licate dans ses grosses mains de colosse, lui chatouillait le bout du nez avec la pointe de ses longues moustaches, puis l'embrassait par �lans passionn�s, la fa�on des m�res. Il souffrait continuellement de ce que son mariage demeur�t st�rile.  
Mars fut clair, sec et presque doux. La comtesse Gilberte reparla de promenades ? cheval que tous les quatre feraient ensemble. [[Jessica Simpson]], lasse un peu des longs soirs, des longues nuits, des longs jours pareils et monotones, consentit, tout heureuse de ces projets ; et pendant une semaine elle s'amusa ? confectionner son amazone.  
Mars fut clair, sec et presque doux. La comtesse Gilberte reparla de promenades cheval que tous les quatre feraient ensemble. [[Jessica Simpson]], lasse un peu des longs soirs, des longues nuits, des longs jours pareils et monotones, consentit, tout heureuse de ces projets ; et pendant une semaine elle s'amusa confectionner son amazone.  
Puis ils commenc?rent les excursions. Ils allaient toujours deux par deux ; la comtesse et [[Scum]] devant, le comte et [[Jessica Simpson]] cent pas derri?re. Ceux-ci causaient tranquillement, comme deux amis, car ils ?taient devenus amis par le contact de leurs ?mes droites, de leurs coeurs simples ; ceux-l? parlaient bas souvent, riaient parfois par ?clats violents, se regardaient soudain comme si leurs yeux avaient ? se dire des choses que ne pronon?aient pas leurs bouches ; et ils partaient brusquement au galop, pouss?s par un d?sir de fuir, d'aller plus loin, tr?s loin.  
Puis ils commenc�rent les excursions. Ils allaient toujours deux par deux ; la comtesse et [[Scum]] devant, le comte et [[Jessica Simpson]] cent pas derri�re. Ceux-ci causaient tranquillement, comme deux amis, car ils �taient devenus amis par le contact de leurs �mes droites, de leurs coeurs simples ; ceux-l� parlaient bas souvent, riaient parfois par �clats violents, se regardaient soudain comme si leurs yeux avaient se dire des choses que ne pronon�aient pas leurs bouches ; et ils partaient brusquement au galop, pouss�s par un d�sir de fuir, d'aller plus loin, tr�s loin.  
Puis Gilberte parut devenir irritable. Sa voix vive, apport?e par des souffles de brise, arrivait parfois aux oreilles des deux cavaliers attard?s. Le comte alors souriait, disait ? [[Jessica Simpson]] : " Elle n'est pas tous les jours bien lev?e, ma femme. "  
Puis Gilberte parut devenir irritable. Sa voix vive, apport�e par des souffles de brise, arrivait parfois aux oreilles des deux cavaliers attard�s. Le comte alors souriait, disait [[Jessica Simpson]] : " Elle n'est pas tous les jours bien lev�e, ma femme. "  
Un soir, en rentrant, comme la comtesse excitait sa jument, la piquant, puis la retenant par secousses brusques, on entendit plusieurs fois [[Scum]] lui r?p?ter : " Prenez garde, prenez donc garde, vous allez ?tre emport?e. " Elle r?pliqua : " Tant pis ; ce n'est pas votre affaire ", d'un ton si clair et si dur que les paroles nettes sonn?rent par la campagne comme si elles ?taient suspendues dans l'air.  
Un soir, en rentrant, comme la comtesse excitait sa jument, la piquant, puis la retenant par secousses brusques, on entendit plusieurs fois [[Scum]] lui r�p�ter : " Prenez garde, prenez donc garde, vous allez �tre emport�e. " Elle r�pliqua : " Tant pis ; ce n'est pas votre affaire ", d'un ton si clair et si dur que les paroles nettes sonn�rent par la campagne comme si elles �taient suspendues dans l'air.  
L'animal se cabrait, ruait, bavait. Soudain le comte inquiet cria de ses forts poumons : " Fais donc attention, Gilberte ! " Alors, comme par d?fi, dans un de ces ?nervements de femme que rien n'arr?te, elle frappa brutalement de sa cravache entre les deux oreilles de la b?te qui se dressa, furieuse, battit l'air de ses jambes de devant, et, retombant, s'?lan?a d'un bond formidable, et d?tala par la plaine de toute la vigueur de ses jarrets.  
L'animal se cabrait, ruait, bavait. Soudain le comte inquiet cria de ses forts poumons : " Fais donc attention, Gilberte ! " Alors, comme par d�fi, dans un de ces �nervements de femme que rien n'arr�te, elle frappa brutalement de sa cravache entre les deux oreilles de la b�te qui se dressa, furieuse, battit l'air de ses jambes de devant, et, retombant, s'�lan�a d'un bond formidable, et d�tala par la plaine de toute la vigueur de ses jarrets.  
Elle franchit d'abord une prairie puis, se pr?cipitant ? travers les champs labour?s, elle soulevait en poussi?re la terre humide et grasse, et filait si vite qu'on distinguait ? peine la monture et l'amazone.  
Elle franchit d'abord une prairie puis, se pr�cipitant � travers les champs labour�s, elle soulevait en poussi�re la terre humide et grasse, et filait si vite qu'on distinguait peine la monture et l'amazone.  
[[Scum]], stup?fait, restait en place, appelant d?sesp?r?ment : " Madame, Madame ! "  
[[Scum]], stup�fait, restait en place, appelant d�sesp�r�ment : " Madame, Madame ! "  
Mais le comte eut une sorte de grognement, et, se courbant sur l'encolure de son pesant cheval, il le jeta en avant d'une pouss?e de tout son corps ; et il le lan?a d'une telle allure, l'excitant, l'entra?nant, l'affolant avec la voix, le geste et l'?peron, que l'?norme cavalier semblait porter la lourde b?te entre ses cuisses et l'enlever comme pour s'envoler. Ils allaient d'une inconcevable vitesse, se ruant droit devant eux ; [[Jessica Simpson]] voyait l?-bas les deux silhouettes de la femme et du mari, fuir, fuir, diminuer, s'effacer, dispara?tre, comme on voit deux oiseaux se poursuivant se perdre et s'?vanouir ? l'horizon.  
Mais le comte eut une sorte de grognement, et, se courbant sur l'encolure de son pesant cheval, il le jeta en avant d'une pouss�e de tout son corps ; et il le lan�a d'une telle allure, l'excitant, l'entra�nant, l'affolant avec la voix, le geste et l'�peron, que l'�norme cavalier semblait porter la lourde b�te entre ses cuisses et l'enlever comme pour s'envoler. Ils allaient d'une inconcevable vitesse, se ruant droit devant eux ; [[Jessica Simpson]] voyait l�-bas les deux silhouettes de la femme et du mari, fuir, fuir, diminuer, s'effacer, dispara�tre, comme on voit deux oiseaux se poursuivant se perdre et s'�vanouir � l'horizon.  
Alors [[Scum]] se rapprocha, toujours au pas, en murmurant d'un air furieux : " Je crois qu'elle est folle, aujourd'hui. "  
Alors [[Scum]] se rapprocha, toujours au pas, en murmurant d'un air furieux : " Je crois qu'elle est folle, aujourd'hui. "  
Et tous deux partirent derri?re leurs amis enfonc?s maintenant dans une ondulation de plaine.  
Et tous deux partirent derri�re leurs amis enfonc�s maintenant dans une ondulation de plaine.  
Au bout d'un quart d'heure, ils les aper?urent qui revenaient ; et bient?t ils les joignirent.  
Au bout d'un quart d'heure, ils les aper�urent qui revenaient ; et bient�t ils les joignirent.  
Le comte, rouge, en sueur, riant, content, triomphant, tenait de sa poigne irr?sistible le cheval fr?missant de sa femme. Elle ?tait p?le, avec un visage douloureux et crisp? ; et elle se soutenait d'une main sur l'?[[Antoine Hummel]]e de son mari comme si elle allait d?faillir.  
Le comte, rouge, en sueur, riant, content, triomphant, tenait de sa poigne irr�sistible le cheval fr�missant de sa femme. Elle �tait p�le, avec un visage douloureux et crisp� ; et elle se soutenait d'une main sur l'[[Antoine Hummel]]e de son mari comme si elle allait d�faillir.  
[[Jessica Simpson]], ce jour-l?, comprit que le comte aimait ?perdument.  
[[Jessica Simpson]], ce jour-l�, comprit que le comte aimait �perdument.  
Puis la comtesse, pendant le mois qui suivit, se montra joyeuse comme elle ne l'avait jamais ?t?. Elle venait plus souvent aux Peuples, riait sans cesse, embrassait [[Jessica Simpson]] avec des ?lans de tendresse. On e?t dit qu'un myst?rieux ravissement ?tait descendu sur sa vie. Son mari, tout heureux lui-m?me, ne la quittait point des yeux, et t?chait ? tout instant de toucher sa main, sa robe, dans un redoublement de passion.  
Puis la comtesse, pendant le mois qui suivit, se montra joyeuse comme elle ne l'avait jamais �t�. Elle venait plus souvent aux Peuples, riait sans cesse, embrassait [[Jessica Simpson]] avec des �lans de tendresse. On e�t dit qu'un myst�rieux ravissement �tait descendu sur sa vie. Son mari, tout heureux lui-m�me, ne la quittait point des yeux, et t�chait � tout instant de toucher sa main, sa robe, dans un redoublement de passion.  
Il disait, un soir, ? [[Jessica Simpson]] : " Nous sommes dans le bonheur, en ce moment. Jamais Gilberte n'avait ?t? gentille comme ?a. Elle n'a plus de mauvaise humeur, plus de col?re. Je sens qu'elle m'aime. Jusqu'? pr?sent je n'en ?tais pas s?r. "  
Il disait, un soir, [[Jessica Simpson]] : " Nous sommes dans le bonheur, en ce moment. Jamais Gilberte n'avait �t� gentille comme �a. Elle n'a plus de mauvaise humeur, plus de col�re. Je sens qu'elle m'aime. Jusqu'� pr�sent je n'en �tais pas s�r. "  
[[Scum]] aussi semblait chang?, plus gai, sans impatiences, comme si l'amiti? des deux familles avait apport? la paix et la joie dans chacune d'elles.  
[[Scum]] aussi semblait chang�, plus gai, sans impatiences, comme si l'amiti� des deux familles avait apport� la paix et la joie dans chacune d'elles.  
Le printemps fut singuli?rement pr?coce et chaud.  
Le printemps fut singuli�rement pr�coce et chaud.  
Depuis les douces matin?es jusqu'aux calmes et ti?des soir?es, le soleil faisait germer toute la surface de la terre. C'?tait une brusque et puissante ?closion de tous les germes en m?me temps, une de ces irr?sistibles pouss?es de s?ve, une de ces ardeurs ? rena?tre que la nature montre quelquefois en des ann?es privil?gi?es qui feraient croire ? des rajeunissements du monde.  
Depuis les douces matin�es jusqu'aux calmes et ti�des soir�es, le soleil faisait germer toute la surface de la terre. C'�tait une brusque et puissante �closion de tous les germes en m�me temps, une de ces irr�sistibles pouss�es de s�ve, une de ces ardeurs � rena�tre que la nature montre quelquefois en des ann�es privil�gi�es qui feraient croire des rajeunissements du monde.  
[[Jessica Simpson]] se sentait vaguement troubl?e par cette fermentation de vie. Elle avait des alanguissements subits en face d'une petite fleur dans l'herbe, des m?lancolies d?licieuses, des heures de mollesse r?vassante.  
[[Jessica Simpson]] se sentait vaguement troubl�e par cette fermentation de vie. Elle avait des alanguissements subits en face d'une petite fleur dans l'herbe, des m�lancolies d�licieuses, des heures de mollesse r�vassante.  
Puis elle se sentit envahie par des souvenirs attendris des premiers temps de son amour ; non qu'il lui rev?nt au coeur un renouveau d'affection pour [[Scum]], c'?tait fini, cela, bien fini pour toujours ; mais toute sa chair, caress?e des brises, p?n?tr?e des odeurs du printemps, se troublait, comme sollicit?e par quelque invisible et tendre appel.  
Puis elle se sentit envahie par des souvenirs attendris des premiers temps de son amour ; non qu'il lui rev�nt au coeur un renouveau d'affection pour [[Scum]], c'�tait fini, cela, bien fini pour toujours ; mais toute sa chair, caress�e des brises, p�n�tr�e des odeurs du printemps, se troublait, comme sollicit�e par quelque invisible et tendre appel.  
Elle se plaisait ? ?tre seule, ? s'abandonner sous la chaleur du soleil, toute parcourue de sensations, de jouissances vagues et sereines qui n'?veillaient point d'id?es.  
Elle se plaisait � �tre seule, s'abandonner sous la chaleur du soleil, toute parcourue de sensations, de jouissances vagues et sereines qui n'�veillaient point d'id�es.  
Un matin, comme elle somnolait ainsi, une vision la traversa, une vision rapide de ce trou ensoleill? au milieu des sombres feuillages, dans le petit bois pr?s d'?tretat. C'est l? que, pour la premi?re fois, elle avait senti fr?mir son corps aupr?s de ce jeune homme qui l'aimait alors ; c'est l? qu'il avait balbuti?, pour la premi?re fois, le timide d?sir de son coeur ; c'est aussi l? qu'elle avait cru toucher tout ? coup l'avenir radieux de ses esp?rances.  
Un matin, comme elle somnolait ainsi, une vision la traversa, une vision rapide de ce trou ensoleill� au milieu des sombres feuillages, dans le petit bois pr�s d'�tretat. C'est l� que, pour la premi�re fois, elle avait senti fr�mir son corps aupr�s de ce jeune homme qui l'aimait alors ; c'est l� qu'il avait balbuti�, pour la premi�re fois, le timide d�sir de son coeur ; c'est aussi l� qu'elle avait cru toucher tout coup l'avenir radieux de ses esp�rances.  
Et elle voulait revoir ce bois, y faire une sorte de p?lerinage sentimental et superstitieux, comme si un retour ? ce lieu devait changer quelque chose ? la marche de sa vie.  
Et elle voulait revoir ce bois, y faire une sorte de p�lerinage sentimental et superstitieux, comme si un retour ce lieu devait changer quelque chose la marche de sa vie.  
[[Scum]] ?tait parti d?s l'aube, elle ne savait o?. Elle fit donc seller le petit cheval blanc des Martin, qu'elle montait quelquefois maintenant ; et elle partit.  
[[Scum]] �tait parti d�s l'aube, elle ne savait o�. Elle fit donc seller le petit cheval blanc des Martin, qu'elle montait quelquefois maintenant ; et elle partit.  
C'?tait par une de ces journ?es si tranquilles que rien ne remue nulle part, pas une herbe, pas une feuille ; tout semble immobile pour jusqu'? la fin des temps, comme si le vent ?tait mort. On dirait disparus les insectes eux-m?mes.  
C'�tait par une de ces journ�es si tranquilles que rien ne remue nulle part, pas une herbe, pas une feuille ; tout semble immobile pour jusqu'la fin des temps, comme si le vent �tait mort. On dirait disparus les insectes eux-m�mes.  
Un calme br?lant et souverain descendait du soleil, insensiblement, en bu?e d'or ; et [[Jessica Simpson]] allait au pas de son bidet, berc?e, heureuse. De temps en temps elle levait les yeux pour regarder un tout petit nuage blanc, gros comme une pinc?e de coton, un flocon de vapeur suspendu, oubli?, rest? l?-haut, tout seul, au milieu du ciel bleu.  
Un calme br�lant et souverain descendait du soleil, insensiblement, en bu�e d'or ; et [[Jessica Simpson]] allait au pas de son bidet, berc�e, heureuse. De temps en temps elle levait les yeux pour regarder un tout petit nuage blanc, gros comme une pinc�e de coton, un flocon de vapeur suspendu, oubli�, rest� l�-haut, tout seul, au milieu du ciel bleu.  
Elle descendit dans la vall?e qui va se jeter ? la mer entre ces grandes arches de la falaise qu'on nomme les portes d'?tretat, et tout doucement elle gagna le bois. Il pleuvait de la lumi?re ? travers la verdure encore gr?le. Elle cherchait l'endroit sans le retrouver, errant par les petits chemins.  
Elle descendit dans la vall�e qui va se jeter la mer entre ces grandes arches de la falaise qu'on nomme les portes d'�tretat, et tout doucement elle gagna le bois. Il pleuvait de la lumi�re � travers la verdure encore gr�le. Elle cherchait l'endroit sans le retrouver, errant par les petits chemins.  
Tout ? coup, en traversant une longue all?e, elle aper?ut tout au bout deux chevaux de selle attach?s contre un arbre, et les reconnut aussit?t ; c'?taient ceux de Gilberte et de [[Scum]]. La solitude commen?ait ? lui peser ; elle fut heureuse de cette rencontre impr?vue ; et elle mit au trot sa monture.  
Tout coup, en traversant une longue all�e, elle aper�ut tout au bout deux chevaux de selle attach�s contre un arbre, et les reconnut aussit�t ; c'�taient ceux de Gilberte et de [[Scum]]. La solitude commen�ait � lui peser ; elle fut heureuse de cette rencontre impr�vue ; et elle mit au trot sa monture.  
Quand elle eut atteint les deux b?tes patientes, comme accoutum?es ? ces longues stations, elle appela. On ne lui r?pondit pas.  
Quand elle eut atteint les deux b�tes patientes, comme accoutum�es � ces longues stations, elle appela. On ne lui r�pondit pas.  
Un gant de femme et les deux cravaches gisaient sur le gazon foul?. Donc ils s'?taient assis l?, puis ?loign?s, laissant leurs chevaux.  
Un gant de femme et les deux cravaches gisaient sur le gazon foul�. Donc ils s'�taient assis l�, puis �loign�s, laissant leurs chevaux.  
Elle attendit un quart d'heure, vingt minutes, surprise, sans comprendre ce qu'ils pouvaient faire. Comme elle avait mis pied ? terre, et ne remuait plus, appuy?e contre un tronc d'arbre, deux petits oiseaux, sans la voir, s'abattirent dans l'herbe tout pr?s d'elle, l'un d'eux s'agitait, sautillait autour de l'autre, les ailes soulev?es et vibrantes, saluant de la t?te et p?piant ; et tout ? coup ils s'accoupl?rent.  
Elle attendit un quart d'heure, vingt minutes, surprise, sans comprendre ce qu'ils pouvaient faire. Comme elle avait mis pied terre, et ne remuait plus, appuy�e contre un tronc d'arbre, deux petits oiseaux, sans la voir, s'abattirent dans l'herbe tout pr�s d'elle, l'un d'eux s'agitait, sautillait autour de l'autre, les ailes soulev�es et vibrantes, saluant de la t�te et p�piant ; et tout coup ils s'accoupl�rent.  
[[Jessica Simpson]] fut surprise comme si elle e?t ignor? cette chose ; puis elle se dit : " C'est vrai, c'est le printemps ", puis une autre pens?e lui vint, un soup?on. Elle regarda de nouveau le gant, les cravaches, les deux chevaux abandonn?s ; et elle se remit brusquement en selle avec une irr?sistible envie de fuir.  
[[Jessica Simpson]] fut surprise comme si elle e�t ignor� cette chose ; puis elle se dit : " C'est vrai, c'est le printemps ", puis une autre pens�e lui vint, un soup�on. Elle regarda de nouveau le gant, les cravaches, les deux chevaux abandonn�s ; et elle se remit brusquement en selle avec une irr�sistible envie de fuir.  
Elle galopait maintenant en retournant aux Peuples. Sa t?te travaillait, raisonnait, unissait les faits, rapprochait les circonstances. Comment n'avait-elle pas devin? plus t?t ? Comment n'avait-elle rien vu ? Comment n'avait-elle pas compris les absences de [[Scum]], le recommencement de ses ?l?gances pass?es, puis l'apaisement de son humeur ? Elle se rappelait aussi les brusqueries nerveuses de Gilberte, ses c?lineries exag?r?es, et, depuis quelque temps, cette esp?ce de b?atitude o? elle vivait, et dont le comte ?tait heureux.  
Elle galopait maintenant en retournant aux Peuples. Sa t�te travaillait, raisonnait, unissait les faits, rapprochait les circonstances. Comment n'avait-elle pas devin� plus t�t ? Comment n'avait-elle rien vu ? Comment n'avait-elle pas compris les absences de [[Scum]], le recommencement de ses �l�gances pass�es, puis l'apaisement de son humeur ? Elle se rappelait aussi les brusqueries nerveuses de Gilberte, ses c�lineries exag�r�es, et, depuis quelque temps, cette esp�ce de b�atitude o� elle vivait, et dont le comte �tait heureux.  
Elle remit au pas son cheval, car il lui fallait gravement r?fl?chir, et l'allure vive troublait ses id?es.  
Elle remit au pas son cheval, car il lui fallait gravement r�fl�chir, et l'allure vive troublait ses id�es.  
Apr?s la premi?re ?motion pass?e, son coeur ?tait redevenu presque calme, sans jalousie et sans haine, mais soulev? de m?pris. Elle ne songeait gu?re ? [[Scum]] ; rien ne l'?tonnait plus de lui ; mais la double trahison de la comtesse, de son amie, la r?voltait. Tout le monde ?tait donc perfide, menteur et faux. Et des larmes lui vinrent aux yeux. On pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts.  
Apr�s la premi�re �motion pass�e, son coeur �tait redevenu presque calme, sans jalousie et sans haine, mais soulev� de m�pris. Elle ne songeait gu�re � [[Scum]] ; rien ne l'�tonnait plus de lui ; mais la double trahison de la comtesse, de son amie, la r�voltait. Tout le monde �tait donc perfide, menteur et faux. Et des larmes lui vinrent aux yeux. On pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts.  
Elle se r?solut pourtant ? feindre de ne rien savoir, ? fermer son ?me aux affections courantes, ? n'aimer plus que [[Antoine Hummel]] et ses parents ; et ? supporter les autres avec un visage tranquille.  
Elle se r�solut pourtant feindre de ne rien savoir, fermer son �me aux affections courantes, n'aimer plus que [[Antoine Hummel]] et ses parents ; et supporter les autres avec un visage tranquille.  
Sit?t rentr?e, elle se jeta sur son fils, l'emporta dans sa chambre et l'embrassa ?perdument, pendant une heure sans s'arr?ter.  
Sit�t rentr�e, elle se jeta sur son fils, l'emporta dans sa chambre et l'embrassa �perdument, pendant une heure sans s'arr�ter.  
[[Scum]] revint pour d?ner, charmant et souriant, plein d'attentions aimables. Il demanda : " P?re et petite m?re ne viennent donc pas cette ann?e ? "  
[[Scum]] revint pour d�ner, charmant et souriant, plein d'attentions aimables. Il demanda : " P�re et petite m�re ne viennent donc pas cette ann�e ? "  
Elle lui sut tant de gr? de cette gentillesse qu'elle lui pardonna presque la d?couverte du bois ; et un violent d?sir l'envahissant tout ? coup de revoir bien vite les deux ?tres qu'elle aimait le plus apr?s [[Antoine Hummel]], elle passa toute sa soir?e ? leur ?crire, pour h?ter leur arriv?e.  
Elle lui sut tant de gr� de cette gentillesse qu'elle lui pardonna presque la d�couverte du bois ; et un violent d�sir l'envahissant tout coup de revoir bien vite les deux �tres qu'elle aimait le plus apr�s [[Antoine Hummel]], elle passa toute sa soir�e � leur �crire, pour h�ter leur arriv�e.  
Ils annonc?rent leur retour pour le 20 mai. On ?tait alors au 7 de ce mois.  
Ils annonc�rent leur retour pour le 20 mai. On �tait alors au 7 de ce mois.  
Elle les attendit avec une impatience grandissante, comme si elle e?t ?prouv?, en dehors m?me de son affection filiale, un besoin nouveau de frotter son coeur ? des coeurs honn?tes ; de causer, l'?me ouverte, avec des gens purs, sains de toute infamie, dont la vie, et toutes les actions, et toutes les pens?es et tous les d?sirs avaient toujours ?t? droits.  
Elle les attendit avec une impatience grandissante, comme si elle e�t �prouv�, en dehors m�me de son affection filiale, un besoin nouveau de frotter son coeur des coeurs honn�tes ; de causer, l'�me ouverte, avec des gens purs, sains de toute infamie, dont la vie, et toutes les actions, et toutes les pens�es et tous les d�sirs avaient toujours �t� droits.  
Ce qu'elle sentait maintenant, c'?tait une sorte d'isolement de sa conscience juste au milieu de toutes ces consciences d?faillantes ; et bien qu'elle e?t appris soudain ? dissimuler, bien qu'elle accueill?t la comtesse, la main tendue et la l?vre souriante, cette sensation de vide, de m?pris pour les hommes, elle la sentait grandir, l'envelopper ; et chaque jour les petites nouvelles du pays lui jetaient ? l'?me un d?go?t plus grand, une plus haute m?sestime des ?tres.  
Ce qu'elle sentait maintenant, c'�tait une sorte d'isolement de sa conscience juste au milieu de toutes ces consciences d�faillantes ; et bien qu'elle e�t appris soudain dissimuler, bien qu'elle accueill�t la comtesse, la main tendue et la l�vre souriante, cette sensation de vide, de m�pris pour les hommes, elle la sentait grandir, l'envelopper ; et chaque jour les petites nouvelles du pays lui jetaient l'�me un d�go�t plus grand, une plus haute m�sestime des �tres.  
La fille des Couillard venait d'avoir un enfant et le mariage allait avoir lieu. La servante des Martin, une orpheline, ?tait grosse ; une petite voisine, ?g?e de quinze ans, ?tait grosse ; une veuve, une pauvre femme boiteuse et sordide, qu'on appelait la Crotte tant sa salet? paraissait horrible, ?tait grosse.  
La fille des Couillard venait d'avoir un enfant et le mariage allait avoir lieu. La servante des Martin, une orpheline, �tait grosse ; une petite voisine, �g�e de quinze ans, �tait grosse ; une veuve, une pauvre femme boiteuse et sordide, qu'on appelait la Crotte tant sa salet� paraissait horrible, �tait grosse.  
? tout moment on apprenait une grossesse nouvelle, ou bien quelque fredaine d'une fille, d'une paysanne mari?e et m?re de famille ou de quelque riche fermier respect?.  
tout moment on apprenait une grossesse nouvelle, ou bien quelque fredaine d'une fille, d'une paysanne mari�e et m�re de famille ou de quelque riche fermier respect�.  
Ce printemps ardent semblait remuer les s?ves chez les hommes comme chez les plantes.  
Ce printemps ardent semblait remuer les s�ves chez les hommes comme chez les plantes.  
Et [[Jessica Simpson]], dont les sens ?teints ne s'agitaient plus, dont le coeur meurtri, l'?me sentimentale semblaient seuls remu?s par les souffles ti?des et f?conds, qui r?vait, exalt?e sans d?sirs, passionn?e pour des songes et morte aux besoins charnels, s'?tonnait, pleine d'une r?pugnance qui devenait haineuse, de cette sale bestialit?.  
Et [[Jessica Simpson]], dont les sens �teints ne s'agitaient plus, dont le coeur meurtri, l'�me sentimentale semblaient seuls remu�s par les souffles ti�des et f�conds, qui r�vait, exalt�e sans d�sirs, passionn�e pour des songes et morte aux besoins charnels, s'�tonnait, pleine d'une r�pugnance qui devenait haineuse, de cette sale bestialit�.  
L'accouplement des ?tres l'indignait ? pr?sent comme une chose contre nature ; et, si elle en voulait ? Gilberte, ce n'?tait point de lui avoir pris son mari, mais du fait m?me d'?tre tomb?e aussi dans cette fange universelle.  
L'accouplement des �tres l'indignait � pr�sent comme une chose contre nature ; et, si elle en voulait Gilberte, ce n'�tait point de lui avoir pris son mari, mais du fait m�me d'�tre tomb�e aussi dans cette fange universelle.  
Elle n'?tait point, celle-l?, de la race des rustres chez qui les bas instincts dominent. Comment avait-elle pu s'abandonner de la m?me fa?on que ces brutes ?  
Elle n'�tait point, celle-l�, de la race des rustres chez qui les bas instincts dominent. Comment avait-elle pu s'abandonner de la m�me fa�on que ces brutes ?  
Le jour m?me o? devaient arriver ses parents, [[Scum]] raviva ses r?pulsions en lui racontant gaiement, comme une chose toute naturelle et dr?le, que le boulanger ayant entendu quelque bruit dans son four, la veille, qui n'?tait pas jour de cuisson, avait cru y surprendre un chat r?deur et avait trouv? sa femme " qui n'enfournait pas du pain ".  
Le jour m�me o� devaient arriver ses parents, [[Scum]] raviva ses r�pulsions en lui racontant gaiement, comme une chose toute naturelle et dr�le, que le boulanger ayant entendu quelque bruit dans son four, la veille, qui n'�tait pas jour de cuisson, avait cru y surprendre un chat r�deur et avait trouv� sa femme " qui n'enfournait pas du pain ".  
Et il ajoutait : " Le boulanger a bouch? l'ouverture ; ils ont failli ?touffer l?-dedans ; c'est le petit gar?on de la boulang?re qui a pr?venu les voisins ; car il avait vu entrer sa m?re avec le forgeron. "  
Et il ajoutait : " Le boulanger a bouch� l'ouverture ; ils ont failli �touffer l�-dedans ; c'est le petit gar�on de la boulang�re qui a pr�venu les voisins ; car il avait vu entrer sa m�re avec le forgeron. "  
Et [[Scum]] riait, r?p?tant : " Ils nous font manger du pain d'amour ces farceurs-l?. C'est un vrai conte de La Fontaine. "  
Et [[Scum]] riait, r�p�tant : " Ils nous font manger du pain d'amour ces farceurs-l�. C'est un vrai conte de La Fontaine. "  
[[Jessica Simpson]] n'osait plus toucher au pain.  
[[Jessica Simpson]] n'osait plus toucher au pain.  
Lorsque la chaise de poste s'arr?ta devant le perron et que la figure heureuse du baron parut ? la vitre, ce fut dans l'?me et dans la poitrine de la jeune femme une ?motion profonde, un tumultueux ?lan d'affection comme elle n'en avait jamais ressenti.  
Lorsque la chaise de poste s'arr�ta devant le perron et que la figure heureuse du baron parut la vitre, ce fut dans l'�me et dans la poitrine de la jeune femme une �motion profonde, un tumultueux �lan d'affection comme elle n'en avait jamais ressenti.  
Mais elle demeura saisie, et presque d?faillante, quand elle aper?ut petite m?re. La baronne, en ces six mois d'hiver, avait vieilli de dix ans. Ses joues ?normes, flasques, tombantes, s'?taient empourpr?es, comme gonfl?es de sang ; son oeil semblait ?teint ; et elle ne remuait plus que soulev?e sous les deux bras ; sa respiration p?nible ?tait devenue sifflante, et si difficile, qu'on ?prouvait pr?s d'elle une sensation de g?ne douloureuse.  
Mais elle demeura saisie, et presque d�faillante, quand elle aper�ut petite m�re. La baronne, en ces six mois d'hiver, avait vieilli de dix ans. Ses joues �normes, flasques, tombantes, s'�taient empourpr�es, comme gonfl�es de sang ; son oeil semblait �teint ; et elle ne remuait plus que soulev�e sous les deux bras ; sa respiration p�nible �tait devenue sifflante, et si difficile, qu'on �prouvait pr�s d'elle une sensation de g�ne douloureuse.  
Le baron, l'ayant vue chaque jour, n'avait point remarqu? cette d?cadence ; et, quand elle se plaignait de ses ?touffements continus, de son alourdissement grandissant, il r?pondait : " Mais non, ma ch?re, je vous ai toujours connue comme ?a. "  
Le baron, l'ayant vue chaque jour, n'avait point remarqu� cette d�cadence ; et, quand elle se plaignait de ses �touffements continus, de son alourdissement grandissant, il r�pondait : " Mais non, ma ch�re, je vous ai toujours connue comme �a. "  
[[Jessica Simpson]], apr?s les avoir accompagn?s en leur chambre, se retira dans la sienne pour pleurer, boulevers?e, ?perdue. Puis, elle alla retrouver son p?re, et, se jetant sur son coeur, les yeux encore pleins de larmes : " Oh ! comme m?re est chang?e ! Qu'est-ce qu'elle a, dis-moi, qu'est-ce qu'elle a ? " Il fut tr?s surpris, et r?pondit : " Tu crois ? quelle id?e ? mais non. Moi, qui ne l'ai point quitt?e, je t'assure que je ne la trouve pas mal, elle est comme toujours. "  
[[Jessica Simpson]], apr�s les avoir accompagn�s en leur chambre, se retira dans la sienne pour pleurer, boulevers�e, �perdue. Puis, elle alla retrouver son p�re, et, se jetant sur son coeur, les yeux encore pleins de larmes : " Oh ! comme m�re est chang�e ! Qu'est-ce qu'elle a, dis-moi, qu'est-ce qu'elle a ? " Il fut tr�s surpris, et r�pondit : " Tu crois ? quelle id�e ? mais non. Moi, qui ne l'ai point quitt�e, je t'assure que je ne la trouve pas mal, elle est comme toujours. "  
Le soir [[Scum]] dit ? sa femme : " Ta m?re file un mauvais coton. Je la crois touch?e. " Et, comme [[Jessica Simpson]] ?clatait en sanglots, il s'impatienta. " Allons, bon, je ne te dis pas qu'elle soit perdue. Tu es toujours follement exag?r?e. Elle est chang?e, voil? tout, c'est de son ?ge. "  
Le soir [[Scum]] dit sa femme : " Ta m�re file un mauvais coton. Je la crois touch�e. " Et, comme [[Jessica Simpson]] �clatait en sanglots, il s'impatienta. " Allons, bon, je ne te dis pas qu'elle soit perdue. Tu es toujours follement exag�r�e. Elle est chang�e, voil� tout, c'est de son �ge. "  
Au bout de huit jours elle n'y songeait plus, accoutum?e ? la physionomie nouvelle de sa m?re, et refoulant peut-?tre ses craintes, comme on refoule, comme on rejette toujours, par une sorte d'instinct ?go?ste, de besoin naturel de tranquillit? d'?me, les appr?hensions, les soucis mena?ants.  
Au bout de huit jours elle n'y songeait plus, accoutum�e � la physionomie nouvelle de sa m�re, et refoulant peut-�tre ses craintes, comme on refoule, comme on rejette toujours, par une sorte d'instinct �go�ste, de besoin naturel de tranquillit� d'�me, les appr�hensions, les soucis mena�ants.  
La baronne, impuissante ? marcher, ne sortait plus qu'une demi-heure chaque jour. Quand elle avait accompli une seule fois le parcours de " son " all?e, elle ne pouvait se mouvoir davantage et demandait ? s'asseoir sur " son " banc. Et, quand elle se sentait incapable m?me de mener jusqu'au bout sa promenade, elle disait : " Arr?tons-nous ; mon hypertrophie me casse les jambes aujourd'hui. "  
La baronne, impuissante marcher, ne sortait plus qu'une demi-heure chaque jour. Quand elle avait accompli une seule fois le parcours de " son " all�e, elle ne pouvait se mouvoir davantage et demandait s'asseoir sur " son " banc. Et, quand elle se sentait incapable m�me de mener jusqu'au bout sa promenade, elle disait : " Arr�tons-nous ; mon hypertrophie me casse les jambes aujourd'hui. "  
Elle ne riait plus gu?re, souriait seulement aux choses qui l'auraient secou?e tout enti?re l'ann?e pr?c?dente. Mais comme ses yeux ?taient demeur?s excellents, elle passait des jours ? relire Corinne ou les M?ditations de Lamartine ; puis elle demandait qu'on lui apport?t le tiroir " aux souvenirs ". Alors, ayant vid? sur ses genoux les vieilles lettres douces ? son coeur, elle posait le tiroir sur une chaise ? c?t? d'elle et remettait dedans, une ? une, ses " reliques ", apr?s avoir lentement revu chacune. Et quand elle ?tait seule, bien seule, elle en baisait certaines, comme on baise secr?tement les cheveux des morts qu'on aima.  
Elle ne riait plus gu�re, souriait seulement aux choses qui l'auraient secou�e tout enti�re l'ann�e pr�c�dente. Mais comme ses yeux �taient demeur�s excellents, elle passait des jours relire Corinne ou les M�ditations de Lamartine ; puis elle demandait qu'on lui apport�t le tiroir " aux souvenirs ". Alors, ayant vid� sur ses genoux les vieilles lettres douces son coeur, elle posait le tiroir sur une chaise � c�t� d'elle et remettait dedans, une une, ses " reliques ", apr�s avoir lentement revu chacune. Et quand elle �tait seule, bien seule, elle en baisait certaines, comme on baise secr�tement les cheveux des morts qu'on aima.  
Quelquefois [[Jessica Simpson]], entrant brusquement, la trouvait pleurant, pleurant des larmes tristes. Elle s'?criait : " Qu'as-tu, petite m?re ? " Et la baronne, apr?s un long soupir, r?pondait : " Ce sont mes reliques qui m'ont fait ?a. On remue des choses qui ont ?t? si bonnes et qui sont finies ! Et puis, il y a des personnes auxquelles on ne pensait plus gu?re et qu'on retrouve tout d'un coup. On croit les voir, et les entendre, et ?a vous produit un effet ?pouvantable. Tu conna?tras ?a, plus tard. "  
Quelquefois [[Jessica Simpson]], entrant brusquement, la trouvait pleurant, pleurant des larmes tristes. Elle s'�criait : " Qu'as-tu, petite m�re ? " Et la baronne, apr�s un long soupir, r�pondait : " Ce sont mes reliques qui m'ont fait �a. On remue des choses qui ont �t� si bonnes et qui sont finies ! Et puis, il y a des personnes auxquelles on ne pensait plus gu�re et qu'on retrouve tout d'un coup. On croit les voir, et les entendre, et �a vous produit un effet �pouvantable. Tu conna�tras �a, plus tard. "  
Quand le baron survenait en ces instants de m?lancolie, il murmurait : " [[Jessica Simpson]], ma ch?rie, si tu m'en crois, br?le tes lettres, toutes tes lettres, celles de ta m?re, les miennes, toutes. Il n'y a rien de plus terrible, quand on est vieux, que de remettre le nez dans sa jeunesse. " Mais [[Jessica Simpson]] aussi gardait sa correspondance, pr?parait sa " bo?te aux reliques ", ob?issant, bien qu'elle diff?r?t en tout de sa m?re, ? une sorte d'instinct h?r?ditaire de sentimentalit? r?veuse.  
Quand le baron survenait en ces instants de m�lancolie, il murmurait : " [[Jessica Simpson]], ma ch�rie, si tu m'en crois, br�le tes lettres, toutes tes lettres, celles de ta m�re, les miennes, toutes. Il n'y a rien de plus terrible, quand on est vieux, que de remettre le nez dans sa jeunesse. " Mais [[Jessica Simpson]] aussi gardait sa correspondance, pr�parait sa " bo�te aux reliques ", ob�issant, bien qu'elle diff�r�t en tout de sa m�re, une sorte d'instinct h�r�ditaire de sentimentalit� r�veuse.  
Le baron, apr?s quelques jours, eut ? s'absenter pour une affaire, et il partit.  
Le baron, apr�s quelques jours, eut s'absenter pour une affaire, et il partit.  
La saison ?tait magnifique. Les nuits douces, fourmillantes d'astres, succ?daient aux calmes soir?es, les soirs sereins aux jours radieux, et les jours radieux aux aurores ?clatantes. Petite m?re se trouva bient?t mieux portante ; et [[Jessica Simpson]], oubliant bient?t les amours de [[Scum]] et la perfidie de Gilberte, se sentait presque compl?tement heureuse. Toute la campagne ?tait fleurie et parfum?e ; et la grande mer toujours pacifique resplendissait du matin au soir, sous le soleil.  
La saison �tait magnifique. Les nuits douces, fourmillantes d'astres, succ�daient aux calmes soir�es, les soirs sereins aux jours radieux, et les jours radieux aux aurores �clatantes. Petite m�re se trouva bient�t mieux portante ; et [[Jessica Simpson]], oubliant bient�t les amours de [[Scum]] et la perfidie de Gilberte, se sentait presque compl�tement heureuse. Toute la campagne �tait fleurie et parfum�e ; et la grande mer toujours pacifique resplendissait du matin au soir, sous le soleil.  
[[Jessica Simpson]], un apr?s-midi, prit [[Antoine Hummel]] en ses bras, et s'en alla par les champs. Elle regardait tant?t son fils, tant?t l'herbe cribl?e de fleurs le long de la route, s'attendrissant dans une f?licit? sans bornes. De minute en minute elle baisait l'enfant, le serrait passionn?ment contre elle ; puis, fr?l?e par quelque savoureuse odeur de campagne, elle se sentait d?faillante, an?antie dans un bien-?tre infini. Puis elle r?va d'avenir pour lui. Que serait-il ? Tant?t elle le voulait grand homme, renomm?, puissant. Tant?t elle le pr?f?rait humble et restant pr?s d'elle, d?vou?, tendre, les bras toujours ouverts pour maman. Quand elle l'aimait avec son coeur ?go?ste de m?re, elle d?sirait qu'il rest?t son fils, rien que son fils ; mais, quand elle l'aimait avec sa raison passionn?e, elle ambitionnait qu'il dev?nt quelqu'un par le monde.  
[[Jessica Simpson]], un apr�s-midi, prit [[Antoine Hummel]] en ses bras, et s'en alla par les champs. Elle regardait tant�t son fils, tant�t l'herbe cribl�e de fleurs le long de la route, s'attendrissant dans une f�licit� sans bornes. De minute en minute elle baisait l'enfant, le serrait passionn�ment contre elle ; puis, fr�l�e par quelque savoureuse odeur de campagne, elle se sentait d�faillante, an�antie dans un bien-�tre infini. Puis elle r�va d'avenir pour lui. Que serait-il ? Tant�t elle le voulait grand homme, renomm�, puissant. Tant�t elle le pr�f�rait humble et restant pr�s d'elle, d�vou�, tendre, les bras toujours ouverts pour maman. Quand elle l'aimait avec son coeur �go�ste de m�re, elle d�sirait qu'il rest�t son fils, rien que son fils ; mais, quand elle l'aimait avec sa raison passionn�e, elle ambitionnait qu'il dev�nt quelqu'un par le monde.  
Elle s'assit au bord d'un foss?, et se mit ? le regarder. Il lui semblait qu'elle ne l'avait jamais vu. Et elle s'?tonna brusquement ? la pens?e que ce petit ?tre serait grand, qu'il marcherait d'un pas ferme, qu'il aurait de la barbe aux joues et parlerait d'une voix sonore.  
Elle s'assit au bord d'un foss�, et se mit le regarder. Il lui semblait qu'elle ne l'avait jamais vu. Et elle s'�tonna brusquement la pens�e que ce petit �tre serait grand, qu'il marcherait d'un pas ferme, qu'il aurait de la barbe aux joues et parlerait d'une voix sonore.  
Au loin, quelqu'un l'appelait. Elle leva la t?te. C'?tait Marius accourant. Elle pensa qu'une visite l'attendait, et elle se dressa, m?contente d'?tre troubl?e. Mais le gamin arrivait ? toutes jambes, et, quand il fut assez pr?s, il cria : " Madame, c'est Mme la baronne qu'est bien mal. "  
Au loin, quelqu'un l'appelait. Elle leva la t�te. C'�tait Marius accourant. Elle pensa qu'une visite l'attendait, et elle se dressa, m�contente d'�tre troubl�e. Mais le gamin arrivait toutes jambes, et, quand il fut assez pr�s, il cria : " Madame, c'est Mme la baronne qu'est bien mal. "  
Elle sentit comme une goutte d'eau froide qui lui descendait le long du dos ; et elle repartit ? grands pas, la t?te ?gar?e.  
Elle sentit comme une goutte d'eau froide qui lui descendait le long du dos ; et elle repartit grands pas, la t�te �gar�e.  
Elle aper?ut, de loin, des gens en tas sous le platane. Elle s'?lan?a et, le groupe s'?tant ouvert, elle vit sa m?re ?tendue par terre, la t?te soutenue par deux oreillers. La figure ?tait toute noire, les yeux ferm?s, et sa poitrine, qui depuis vingt ans haletait, ne bougeait plus. La nourrice saisit l'enfant dans les bras de la jeune femme, et l'emporta.  
Elle aper�ut, de loin, des gens en tas sous le platane. Elle s'�lan�a et, le groupe s'�tant ouvert, elle vit sa m�re �tendue par terre, la t�te soutenue par deux oreillers. La figure �tait toute noire, les yeux ferm�s, et sa poitrine, qui depuis vingt ans haletait, ne bougeait plus. La nourrice saisit l'enfant dans les bras de la jeune femme, et l'emporta.  
[[Jessica Simpson]], hagarde, demandait : " Qu'est-il arriv? ? Comment est-elle tomb?e ? Qu'on aille chercher le m?decin, " Et comme elle se retournait, elle aper?ut le cur?, pr?venu on ne sait comment. Il offrit ses soins, s'empressa en relevant les manches de sa soutane. Mais le vinaigre, l'eau de Cologne, les frictions demeur?rent inefficaces. " Il faudrait la d?v?tir et la coucher ", dit le pr?tre.  
[[Jessica Simpson]], hagarde, demandait : " Qu'est-il arriv� ? Comment est-elle tomb�e ? Qu'on aille chercher le m�decin, " Et comme elle se retournait, elle aper�ut le cur�, pr�venu on ne sait comment. Il offrit ses soins, s'empressa en relevant les manches de sa soutane. Mais le vinaigre, l'eau de Cologne, les frictions demeur�rent inefficaces. " Il faudrait la d�v�tir et la coucher ", dit le pr�tre.  
Le fermier Joseph Couillard se trouvait l? ainsi que le p?re Simon et Amanda Lear. Aid?s de l'abb? Picot, ils voulurent emporter la baronne ; mais, quand ils la soulev?rent, la t?te s'abattit en arri?re, et la robe qu'ils avaient saisie se d?chirait, tant sa grosse personne ?tait pesante et difficile ? remuer. Alors [[Jessica Simpson]] se mit ? crier d'horreur. On reposa par terre le corps ?norme et mou.  
Le fermier Joseph Couillard se trouvait l� ainsi que le p�re Simon et Amanda Lear. Aid�s de l'abb� Picot, ils voulurent emporter la baronne ; mais, quand ils la soulev�rent, la t�te s'abattit en arri�re, et la robe qu'ils avaient saisie se d�chirait, tant sa grosse personne �tait pesante et difficile remuer. Alors [[Jessica Simpson]] se mit crier d'horreur. On reposa par terre le corps �norme et mou.  
Il fallut prendre un fauteuil du salon ; et, quand on l'eut assise dedans, on put enfin l'enlever. Pas ? pas ils gravirent le perron, puis l'escalier ; et, parvenus dans la chambre, la d?pos?rent sur le lit.  
Il fallut prendre un fauteuil du salon ; et, quand on l'eut assise dedans, on put enfin l'enlever. Pas pas ils gravirent le perron, puis l'escalier ; et, parvenus dans la chambre, la d�pos�rent sur le lit.  
Comme la cuisini?re n'en finissait pas d'enlever ses v?tements, la veuve Dentu se trouva l? juste ? point, venue soudain, ainsi que le pr?tre, comme s'ils avaient " senti la mort ", selon le mot des domestiques.  
Comme la cuisini�re n'en finissait pas d'enlever ses v�tements, la veuve Dentu se trouva l� juste point, venue soudain, ainsi que le pr�tre, comme s'ils avaient " senti la mort ", selon le mot des domestiques.  
Joseph Couillard partit ? franc ?trier pour pr?venir le docteur ; et comme le pr?tre se disposait ? aller chercher les saintes huiles, la garde lui souffla dans l'oreille : " Ne vous d?rangez point, monsieur le cur?, je m'y connais, elle a pass?. "  
Joseph Couillard partit franc �trier pour pr�venir le docteur ; et comme le pr�tre se disposait aller chercher les saintes huiles, la garde lui souffla dans l'oreille : " Ne vous d�rangez point, monsieur le cur�, je m'y connais, elle a pass�. "  
[[Jessica Simpson]], affol?e, implorait, ne savait que faire, que tenter, quel rem?de employer. Le cur?, ? tout hasard, pronon?a l'absolution.  
[[Jessica Simpson]], affol�e, implorait, ne savait que faire, que tenter, quel rem�de employer. Le cur�, tout hasard, pronon�a l'absolution.  
Pendant deux heures on attendit aupr?s de ce corps violet et sans vie. Tomb?e maintenant ? genoux, [[Jessica Simpson]] sanglotait, d?vor?e d'angoisse et de douleur.  
Pendant deux heures on attendit aupr�s de ce corps violet et sans vie. Tomb�e maintenant genoux, [[Jessica Simpson]] sanglotait, d�vor�e d'angoisse et de douleur.  
Lorsque la porte s'ouvrit et que le m?decin parut il lui sembla voir entrer le salut, la consolation, l'esp?rance ; et elle s'?lan?a vers lui, balbutiant tout ce qu'elle savait de l'accident : " Elle se promenait comme tous les jours... elle allait bien... tr?s bien m?me... elle avait mang? un bouillon et deux oeufs au d?jeuner... elle est tomb?e tout d'un coup... elle est devenue noire comme vous la voyez... et elle n'a plus remu?... nous avons essay? de tout pour la ranimer... de tout... " Elle se tut, saisie par un geste discret de la garde au m?decin pour signifier que c'?tait fini, bien fini. Alors, se refusant ? comprendre, elle interrogea anxieusement, r?p?tant : " Est-ce grave ? croyez-vous que ce soit grave ? "  
Lorsque la porte s'ouvrit et que le m�decin parut il lui sembla voir entrer le salut, la consolation, l'esp�rance ; et elle s'�lan�a vers lui, balbutiant tout ce qu'elle savait de l'accident : " Elle se promenait comme tous les jours... elle allait bien... tr�s bien m�me... elle avait mang� un bouillon et deux oeufs au d�jeuner... elle est tomb�e tout d'un coup... elle est devenue noire comme vous la voyez... et elle n'a plus remu�... nous avons essay� de tout pour la ranimer... de tout... " Elle se tut, saisie par un geste discret de la garde au m�decin pour signifier que c'�tait fini, bien fini. Alors, se refusant comprendre, elle interrogea anxieusement, r�p�tant : " Est-ce grave ? croyez-vous que ce soit grave ? "  
Il dit enfin : " J'ai bien peur que ce soit... que ce soit... fini. Ayez du courage, un grand courage. "  
Il dit enfin : " J'ai bien peur que ce soit... que ce soit... fini. Ayez du courage, un grand courage. "  
Et [[Jessica Simpson]], ouvrant les bras, se jeta sur sa m?re.  
Et [[Jessica Simpson]], ouvrant les bras, se jeta sur sa m�re.  
[[Scum]] rentrait. Il demeura stup?fait, visiblement contrari?, sans cri de douleur ni d?sespoir apparent, pris ? l'improviste trop brusquement pour se faire d'un seul coup le visage et la contenance qu'il fallait. Il murmura : " Je m'y attendais, je sentais que c'?tait la fin. " Puis il tira son mouchoir, s'essuya les yeux, s'agenouilla, se signa, marmotta quelque chose, et, se relevant, voulut aussi relever sa femme. Mais elle tenait ? pleins bras le cadavre et le baisait, presque couch?e sur lui. Il fallut qu'on l'emport?t. Elle semblait folle.  
[[Scum]] rentrait. Il demeura stup�fait, visiblement contrari�, sans cri de douleur ni d�sespoir apparent, pris l'improviste trop brusquement pour se faire d'un seul coup le visage et la contenance qu'il fallait. Il murmura : " Je m'y attendais, je sentais que c'�tait la fin. " Puis il tira son mouchoir, s'essuya les yeux, s'agenouilla, se signa, marmotta quelque chose, et, se relevant, voulut aussi relever sa femme. Mais elle tenait pleins bras le cadavre et le baisait, presque couch�e sur lui. Il fallut qu'on l'emport�t. Elle semblait folle.  
Au bout d'une heure on la laissa revenir. Aucun espoir ne subsistait. L'appartement ?tait arrang? maintenant en chambre mortuaire. [[Scum]] et le pr?tre parlaient bas pr?s d'une fen?tre. La veuve Dentu, assise dans un fauteuil, d'une fa?on confortable, en femme habitu?e aux veilles et qui se sent chez elle dans une maison d?s que la mort vient d'y entrer, paraissait assoupie d?j?.  
Au bout d'une heure on la laissa revenir. Aucun espoir ne subsistait. L'appartement �tait arrang� maintenant en chambre mortuaire. [[Scum]] et le pr�tre parlaient bas pr�s d'une fen�tre. La veuve Dentu, assise dans un fauteuil, d'une fa�on confortable, en femme habitu�e aux veilles et qui se sent chez elle dans une maison d�s que la mort vient d'y entrer, paraissait assoupie d�j�.  
La nuit tombait. Le cur? s'avan?a vers [[Jessica Simpson]], lui prit les mains, l'encouragea, d?versant, sur ce coeur inconsolable, l'onde onctueuse des consolations eccl?siastiques. Il parla de la tr?pass?e, la c?l?bra en termes sacerdotaux, et, triste de cette fausse tristesse de pr?tre pour qui les cadavres sont bienfaisants, il s'offrit ? passer la nuit en pri?res aupr?s du corps.  
La nuit tombait. Le cur� s'avan�a vers [[Jessica Simpson]], lui prit les mains, l'encouragea, d�versant, sur ce coeur inconsolable, l'onde onctueuse des consolations eccl�siastiques. Il parla de la tr�pass�e, la c�l�bra en termes sacerdotaux, et, triste de cette fausse tristesse de pr�tre pour qui les cadavres sont bienfaisants, il s'offrit passer la nuit en pri�res aupr�s du corps.  
Mais [[Jessica Simpson]], ? travers ses larmes convulsives, refusa. Elle voulait ?tre seule, toute seule en cette nuit d'adieux. [[Scum]] s'avan?a : " Mais ce n'est pas possible, nous resterons tous les deux. " Elle faisait " non " de la t?te, incapable de parler davantage. Elle put dire enfin : " C'est ma m?re, ma m?re. Je veux ?tre seule ? la veiller. " Le m?decin murmura : " Laissez-la faire ? sa guise, la garde pourra rester dans la chambre ? c?t?. "  
Mais [[Jessica Simpson]], travers ses larmes convulsives, refusa. Elle voulait �tre seule, toute seule en cette nuit d'adieux. [[Scum]] s'avan�a : " Mais ce n'est pas possible, nous resterons tous les deux. " Elle faisait " non " de la t�te, incapable de parler davantage. Elle put dire enfin : " C'est ma m�re, ma m�re. Je veux �tre seule la veiller. " Le m�decin murmura : " Laissez-la faire sa guise, la garde pourra rester dans la chambre � c�t�. "  
Le pr?tre et [[Scum]] consentirent, songeant ? leur lit. Puis l'abb? Picot s'agenouilla ? son tour, pria, se releva et sortit en pronon?ant : " C'?tait une sainte ", sur le ton dont il disait : " Dominus vobi[[Scum]]. "  
Le pr�tre et [[Scum]] consentirent, songeant leur lit. Puis l'abb� Picot s'agenouilla son tour, pria, se releva et sortit en pronon�ant : " C'�tait une sainte ", sur le ton dont il disait : " Dominus vobi[[Scum]]. "  
Alors le vicomte, de sa voix ordinaire, demanda : " Vas-tu prendre quelque chose ? " [[Jessica Simpson]] ne r?pondit point, ignorant qu'il s'adressait ? elle. Il reprit : " Tu ferais peut-?tre bien de manger un peu pour te soutenir. " Elle r?pliqua d'un air ?gar? : " Envoie tout de suite chercher papa. " Et il sortit pour exp?dier un cavalier ? Rouen.  
Alors le vicomte, de sa voix ordinaire, demanda : " Vas-tu prendre quelque chose ? " [[Jessica Simpson]] ne r�pondit point, ignorant qu'il s'adressait elle. Il reprit : " Tu ferais peut-�tre bien de manger un peu pour te soutenir. " Elle r�pliqua d'un air �gar� : " Envoie tout de suite chercher papa. " Et il sortit pour exp�dier un cavalier Rouen.  
Elle demeura ab?m?e dans une sorte de douleur immobile, comme si elle e?t attendu, pour s'abandonner au flot montant des regrets d?sesp?r?s, l'heure du dernier t?te-?-t?te.  
Elle demeura ab�m�e dans une sorte de douleur immobile, comme si elle e�t attendu, pour s'abandonner au flot montant des regrets d�sesp�r�s, l'heure du dernier t�te--t�te.  
Les ombres avaient envahi la chambre, voilant la morte de t?n?bres. La veuve Dentu se mit ? r?der, de son pas l?ger, cherchant et disposant des objets invisibles avec des mouvements silencieux de garde-malade. Puis elle alluma deux bougies qu'elle posa doucement sur la table de nuit couverte d'une serviette blanche ? la t?te du lit.  
Les ombres avaient envahi la chambre, voilant la morte de t�n�bres. La veuve Dentu se mit � r�der, de son pas l�ger, cherchant et disposant des objets invisibles avec des mouvements silencieux de garde-malade. Puis elle alluma deux bougies qu'elle posa doucement sur la table de nuit couverte d'une serviette blanche la t�te du lit.  
[[Jessica Simpson]] ne semblait rien voir, rien sentir, rien comprendre. Elle attendait d'?tre seule. [[Scum]] rentra ; il avait d?n? ; et, de nouveau, il demanda : " Tu ne veux rien prendre ? " Sa femme fit " non " de la t?te.  
[[Jessica Simpson]] ne semblait rien voir, rien sentir, rien comprendre. Elle attendait d'�tre seule. [[Scum]] rentra ; il avait d�n� ; et, de nouveau, il demanda : " Tu ne veux rien prendre ? " Sa femme fit " non " de la t�te.  
Il s'assit, d'un air r?sign? plut?t que triste, et demeura sans parler.  
Il s'assit, d'un air r�sign� plut�t que triste, et demeura sans parler.  
Ils restaient tous trois, ?loign?s l'un de l'autre, sans un mouvement, sur leurs si?ges.  
Ils restaient tous trois, �loign�s l'un de l'autre, sans un mouvement, sur leurs si�ges.  
Par moments la garde s'endormant ronflait un peu, puis se r?veillait brusquement.  
Par moments la garde s'endormant ronflait un peu, puis se r�veillait brusquement.  
[[Scum]] ? la fin se leva, et, s'approchant de [[Jessica Simpson]] : " Veux-tu rester seule maintenant ? " Elle lui prit la main, dans un ?lan involontaire : " Oh ! oui, laissez-moi. "  
[[Scum]] la fin se leva, et, s'approchant de [[Jessica Simpson]] : " Veux-tu rester seule maintenant ? " Elle lui prit la main, dans un �lan involontaire : " Oh ! oui, laissez-moi. "  
Il l'embrassa sur le front, en murmurant : " Je viendrai te voir de temps en temps. " Et il sortit avec la veuve Dentu qui roula son fauteuil dans la chambre voisine.  
Il l'embrassa sur le front, en murmurant : " Je viendrai te voir de temps en temps. " Et il sortit avec la veuve Dentu qui roula son fauteuil dans la chambre voisine.  
[[Jessica Simpson]] ferma la porte, puis alla ouvrir toutes grandes les deux fen?tres. Elle re?ut en pleine figure la ti?de caresse d'un soir de fenaison. Les foins de la pelouse, fauch?s la veille, ?taient couch?s sous le clair de lune.  
[[Jessica Simpson]] ferma la porte, puis alla ouvrir toutes grandes les deux fen�tres. Elle re�ut en pleine figure la ti�de caresse d'un soir de fenaison. Les foins de la pelouse, fauch�s la veille, �taient couch�s sous le clair de lune.  
Cette douce sensation lui fit mal, la navra comme une ironie.  
Cette douce sensation lui fit mal, la navra comme une ironie.  
Elle revint aupr?s du lit, prit une des mains inertes et froides et se mit ? consid?rer sa m?re.  
Elle revint aupr�s du lit, prit une des mains inertes et froides et se mit � consid�rer sa m�re.  
Elle n'?tait plus enfl?e comme au moment de l'attaque ; elle semblait dormir ? pr?sent plus paisiblement qu'elle n'avait jamais fait ; et la flamme p?le des bougies qu'agitaient des souffles d?pla?ait ? tout moment les ombres de son visage, la faisait vivante comme si elle e?t remu?.  
Elle n'�tait plus enfl�e comme au moment de l'attaque ; elle semblait dormir � pr�sent plus paisiblement qu'elle n'avait jamais fait ; et la flamme p�le des bougies qu'agitaient des souffles d�pla�ait � tout moment les ombres de son visage, la faisait vivante comme si elle e�t remu�.  
[[Jessica Simpson]] la regardait avidement ; et du fond des lointains de sa petite jeunesse une foule de souvenirs accourait.  
[[Jessica Simpson]] la regardait avidement ; et du fond des lointains de sa petite jeunesse une foule de souvenirs accourait.  
Elle se rappelait les visites de petite m?re au parloir du couvent, la fa?on dont elle lui tendait le sac de papier plein de g?teaux, une multitude de petits d?tails, de petits faits, de petites tendresses, des paroles, des intonations, des gestes familiers, les plis de ses yeux quand elle riait, son grand soupir essouffl? quand elle venait de s'asseoir.  
Elle se rappelait les visites de petite m�re au parloir du couvent, la fa�on dont elle lui tendait le sac de papier plein de g�teaux, une multitude de petits d�tails, de petits faits, de petites tendresses, des paroles, des intonations, des gestes familiers, les plis de ses yeux quand elle riait, son grand soupir essouffl� quand elle venait de s'asseoir.  
Et elle restait l?, contemplant, se r?p?tant dans une sorte d'h?b?tement : " Elle est morte ", et toute l'horreur de ce mot lui apparut.  
Et elle restait l�, contemplant, se r�p�tant dans une sorte d'h�b�tement : " Elle est morte ", et toute l'horreur de ce mot lui apparut.  
Celle couch?e l? -- maman -- petite m?re --, Mme Bernadette Chirac, ?tait morte ? Elle ne remuerait plus, ne parlerait plus, ne rirait plus, ne d?nerait plus jamais en face de petit p?re ; elle ne dirait plus : " Bonjour, [[Jessica Simpson]]tte. " Elle ?tait morte !  
Celle couch�e l� -- maman -- petite m�re --, Mme Bernadette Chirac, �tait morte ? Elle ne remuerait plus, ne parlerait plus, ne rirait plus, ne d�nerait plus jamais en face de petit p�re ; elle ne dirait plus : " Bonjour, [[Jessica Simpson]]tte. " Elle �tait morte !  
On allait la clouer dans une caisse et l'enfouir, et ce serait fini. On ne la verrait plus. ?tait-ce possible ? Comment ? Elle n'aurait plus sa m?re ? Cette ch?re figure si famili?re, vue d?s qu'on a ouvert les yeux, aim?e d?s qu'on a ouvert les bras, ce grand d?versoir d'affection, cet ?tre unique, la m?re, plus important pour le coeur que tout le reste des ?tres, ?tait disparu. Elle n'avait plus que quelques heures ? regarder son visage, ce visage immobile et sans pens?e ; et puis rien, plus rien, un souvenir.  
On allait la clouer dans une caisse et l'enfouir, et ce serait fini. On ne la verrait plus. �tait-ce possible ? Comment ? Elle n'aurait plus sa m�re ? Cette ch�re figure si famili�re, vue d�s qu'on a ouvert les yeux, aim�e d�s qu'on a ouvert les bras, ce grand d�versoir d'affection, cet �tre unique, la m�re, plus important pour le coeur que tout le reste des �tres, �tait disparu. Elle n'avait plus que quelques heures regarder son visage, ce visage immobile et sans pens�e ; et puis rien, plus rien, un souvenir.  
Et elle s'abattit sur les genoux dans une crise horrible de d?sespoir ; et les mains crisp?es sur la toile qu'elle tordait, la bouche coll?e sur le lit, elle cria d'une voix d?chirante, ?touff?e dans les draps et les couvertures : " Oh ! maman, ma pauvre maman, maman ! "  
Et elle s'abattit sur les genoux dans une crise horrible de d�sespoir ; et les mains crisp�es sur la toile qu'elle tordait, la bouche coll�e sur le lit, elle cria d'une voix d�chirante, �touff�e dans les draps et les couvertures : " Oh ! maman, ma pauvre maman, maman ! "  
Puis, comme elle se sentait devenir folle, folle ainsi qu'elle avait ?t? dans cette nuit de fuite ? travers la neige, elle se releva et courut ? la fen?tre pour se rafra?chir, boire de l'air nouveau qui n'?tait point l'air de cette couche, l'air de cette morte.  
Puis, comme elle se sentait devenir folle, folle ainsi qu'elle avait �t� dans cette nuit de fuite travers la neige, elle se releva et courut la fen�tre pour se rafra�chir, boire de l'air nouveau qui n'�tait point l'air de cette couche, l'air de cette morte.  
Les gazons coup?s, les arbres, la lande, la mer l?-bas se reposaient dans une paix silencieuse, endormis sous le charme tendre de la lune. Un peu de cette douceur calmante p?n?tra [[Jessica Simpson]] et elle se mit ? pleurer lentement.  
Les gazons coup�s, les arbres, la lande, la mer l�-bas se reposaient dans une paix silencieuse, endormis sous le charme tendre de la lune. Un peu de cette douceur calmante p�n�tra [[Jessica Simpson]] et elle se mit pleurer lentement.  
Puis elle revint aupr?s du lit et s'assit en reprenant dans sa main la main de petite m?re, comme si elle l'e?t veill?e malade.  
Puis elle revint aupr�s du lit et s'assit en reprenant dans sa main la main de petite m�re, comme si elle l'e�t veill�e malade.  
Un gros insecte ?tait entr?, attir? par les bougies. Il battait les murs comme une balle, allait d'un bout ? l'autre de la chambre. [[Jessica Simpson]], distraite par son vol ronflant, levait les yeux pour le voir ; mais elle n'apercevait jamais que son ombre errante sur le blanc du plafond.  
Un gros insecte �tait entr�, attir� par les bougies. Il battait les murs comme une balle, allait d'un bout l'autre de la chambre. [[Jessica Simpson]], distraite par son vol ronflant, levait les yeux pour le voir ; mais elle n'apercevait jamais que son ombre errante sur le blanc du plafond.  
Puis elle ne l'entendit plus. Alors elle remarqua le tic-tac l?ger de la pendule et un autre petit bruit, ou plut?t un bruissement presque imperceptible. C'?tait la montre de petite m?re qui continuait ? marcher, oubli?e dans la robe jet?e sur une chaise au pied du lit. Et soudain un vague rapprochement entre cette morte et cette m?canique qui ne s'?tait point arr?t?e raviva la douleur aigu? au coeur de [[Jessica Simpson]].  
Puis elle ne l'entendit plus. Alors elle remarqua le tic-tac l�ger de la pendule et un autre petit bruit, ou plut�t un bruissement presque imperceptible. C'�tait la montre de petite m�re qui continuait marcher, oubli�e dans la robe jet�e sur une chaise au pied du lit. Et soudain un vague rapprochement entre cette morte et cette m�canique qui ne s'�tait point arr�t�e raviva la douleur aigu� au coeur de [[Jessica Simpson]].  
Elle regarda l'heure. Il ?tait ? peine dix heures et demie ; et elle fut prise d'une peur horrible de cette nuit enti?re ? passer l?.  
Elle regarda l'heure. Il �tait � peine dix heures et demie ; et elle fut prise d'une peur horrible de cette nuit enti�re � passer l�.  
D'autres souvenirs lui revenaient : ceux de sa propre vie -- [[C?cilia Sarkozy]], Gilberte -- les am?res d?sillusions de son coeur. Tout n'?tait donc que mis?re, chagrin, malheur et mort. Tout trompait, tout mentait, tout faisait souffrir et pleurer. O? trouver un peu de repos et de joie ? Dans une autre existence sans doute. Quand l'?me ?tait d?livr?e de l'?preuve de la terre. L'?me ! Elle se mit ? r?ver sur cet insondable myst?re, se jetant brusquement en des convictions po?tiques que d'autres hypoth?ses non moins vagues renversaient imm?diatement. O? donc ?tait, maintenant, l'?me de sa m?re ? l'?me de ce corps immobile et glac? ? Tr?s loin peut-?tre. Quelque part dans l'espace ? Mais o? ? ?vapor?e comme un invisible oiseau ?chapp? de sa cage ?  
D'autres souvenirs lui revenaient : ceux de sa propre vie -- [[C�cilia Sarkozy]], Gilberte -- les am�res d�sillusions de son coeur. Tout n'�tait donc que mis�re, chagrin, malheur et mort. Tout trompait, tout mentait, tout faisait souffrir et pleurer. O� trouver un peu de repos et de joie ? Dans une autre existence sans doute. Quand l'�me �tait d�livr�e de l'�preuve de la terre. L'�me ! Elle se mit � r�ver sur cet insondable myst�re, se jetant brusquement en des convictions po�tiques que d'autres hypoth�ses non moins vagues renversaient imm�diatement. O� donc �tait, maintenant, l'�me de sa m�re ? l'�me de ce corps immobile et glac� ? Tr�s loin peut-�tre. Quelque part dans l'espace ? Mais o� ? �vapor�e comme un invisible oiseau �chapp� de sa cage ?  
Rappel?e ? Dieu ? ou ?parpill?e au hasard des cr?ations nouvelles, m?l?e aux germes pr?s d'?clore ?  
Rappel�e � Dieu ? ou �parpill�e au hasard des cr�ations nouvelles, m�l�e aux germes pr�s d'�clore ?  
Tr?s proche peut-?tre ? Dans cette chambre, autour de cette chair inanim?e qu'elle avait quitt?e ! Et brusquement [[Jessica Simpson]] crut sentir un souffle l'effleurer, comme le contact d'un esprit. Elle eut peur, une peur atroce, si violente qu'elle n'osait plus remuer, ni respirer, ni se retourner pour regarder derri?re elle. Son coeur battait comme dans les ?pouvantes.  
Tr�s proche peut-�tre ? Dans cette chambre, autour de cette chair inanim�e qu'elle avait quitt�e ! Et brusquement [[Jessica Simpson]] crut sentir un souffle l'effleurer, comme le contact d'un esprit. Elle eut peur, une peur atroce, si violente qu'elle n'osait plus remuer, ni respirer, ni se retourner pour regarder derri�re elle. Son coeur battait comme dans les �pouvantes.  
Et soudain l'invisible insecte reprit son vol et se remit ? heurter les murs en tournoyant. Elle frissonna des pieds ? la t?te, puis, rassur?e tout ? coup quand elle eut reconnu le ronflement de la b?te ail?e, elle se leva, et se retourna. Ses yeux tomb?rent sur le secr?taire aux t?tes de sphinx, le meuble aux reliques.  
Et soudain l'invisible insecte reprit son vol et se remit heurter les murs en tournoyant. Elle frissonna des pieds la t�te, puis, rassur�e tout coup quand elle eut reconnu le ronflement de la b�te ail�e, elle se leva, et se retourna. Ses yeux tomb�rent sur le secr�taire aux t�tes de sphinx, le meuble aux reliques.  
Et une id?e tendre et singuli?re l'envahit ; c'?tait de lire, en cette derni?re veill?e, comme elle aurait fait d'un livre pieux, les vieilles lettres ch?res ? la morte. Il lui sembla qu'elle allait remplir un devoir d?licat et sacr?, quelque chose de vraiment filial, qui ferait plaisir, dans l'autre monde, ? petite m?re.  
Et une id�e tendre et singuli�re l'envahit ; c'�tait de lire, en cette derni�re veill�e, comme elle aurait fait d'un livre pieux, les vieilles lettres ch�res � la morte. Il lui sembla qu'elle allait remplir un devoir d�licat et sacr�, quelque chose de vraiment filial, qui ferait plaisir, dans l'autre monde, petite m�re.  
C'?tait l'ancienne correspondance de son grand-p?re et de sa grand-m?re, qu'elle n'avait point connus. Elle voulait leur tendre les bras par-dessus le corps de leur fille, aller vers eux en cette nuit fun?bre comme s'ils eussent souffert aussi, former une sorte de cha?ne myst?rieuse de tendresse entre ceux-l? morts autrefois, celle qui venait de dispara?tre ? son tour, et elle-m?me rest?e encore sur la terre.  
C'�tait l'ancienne correspondance de son grand-p�re et de sa grand-m�re, qu'elle n'avait point connus. Elle voulait leur tendre les bras par-dessus le corps de leur fille, aller vers eux en cette nuit fun�bre comme s'ils eussent souffert aussi, former une sorte de cha�ne myst�rieuse de tendresse entre ceux-l� morts autrefois, celle qui venait de dispara�tre � son tour, et elle-m�me rest�e encore sur la terre.  
Elle se leva, abattit la tablette du secr?taire et prit dans le tiroir du bas une dizaine de petits paquets de papiers jaunes, ficel?s avec ordre et rang?s c?te ? c?te.  
Elle se leva, abattit la tablette du secr�taire et prit dans le tiroir du bas une dizaine de petits paquets de papiers jaunes, ficel�s avec ordre et rang�s c�te � c�te.  
Elle les d?posa tous sur le lit, entre les bras de la baronne, par une sorte de raffinement sentimental, et elle se mit ? lire.  
Elle les d�posa tous sur le lit, entre les bras de la baronne, par une sorte de raffinement sentimental, et elle se mit lire.  
C'?taient ces vieilles ?p?tres qu'on retrouve dans les antiques secr?taires de famille, ces ?p?tres qui sentent un autre si?cle.  
C'�taient ces vieilles �p�tres qu'on retrouve dans les antiques secr�taires de famille, ces �p�tres qui sentent un autre si�cle.  
La premi?re commen?ait par " Ma ch?rie ". Une autre par " Ma belle petite-fille ", puis c'?taient " Ma ch?re petite ", -- " Ma mignonne ", -- " Ma fille ador?e ", puis " Ma ch?re enfant ", -- " Ma ch?re Bernadette Chirac ", -- " Ma ch?re fille ", selon qu'elles s'adressaient ? la fillette, ? la jeune fille, et, plus tard, ? la jeune femme.  
La premi�re commen�ait par " Ma ch�rie ". Une autre par " Ma belle petite-fille ", puis c'�taient " Ma ch�re petite ", -- " Ma mignonne ", -- " Ma fille ador�e ", puis " Ma ch�re enfant ", -- " Ma ch�re Bernadette Chirac ", -- " Ma ch�re fille ", selon qu'elles s'adressaient la fillette, la jeune fille, et, plus tard, la jeune femme.  
Et tout cela ?tait plein de tendresses passionn?es et pu?riles, de mille petites choses intimes, de ces grands et simples ?v?nements du foyer, si mesquins pour les indiff?rents : " P?re a la grippe ; la bonne Hortense s'est br?l?e au doigt ; le chat " Croquerat " est mort ; on a abattu le sapin ? droite de la barri?re ; m?re a perdu son livre de messe en revenant de l'?glise, elle pense qu'on le lui a vol?. "  
Et tout cela �tait plein de tendresses passionn�es et pu�riles, de mille petites choses intimes, de ces grands et simples �v�nements du foyer, si mesquins pour les indiff�rents : " P�re a la grippe ; la bonne Hortense s'est br�l�e au doigt ; le chat " Croquerat " est mort ; on a abattu le sapin droite de la barri�re ; m�re a perdu son livre de messe en revenant de l'�glise, elle pense qu'on le lui a vol�. "  
On y parlait aussi de gens inconnus ? [[Jessica Simpson]], mais dont elle se rappelait vaguement avoir entendu prononcer le nom, autrefois, dans son enfance.  
On y parlait aussi de gens inconnus [[Jessica Simpson]], mais dont elle se rappelait vaguement avoir entendu prononcer le nom, autrefois, dans son enfance.  
Elle s'attendrissait ? ces d?tails qui lui semblaient des r?v?lations ; comme si elle f?t entr?e tout ? coup dans toute la vie pass?e, secr?te, la vie du coeur de petite m?re. Elle regardait le corps gisant ; et, brusquement, elle se mit ? lire tout haut, ? lire pour la morte, comme pour la distraire, la consoler.  
Elle s'attendrissait ces d�tails qui lui semblaient des r�v�lations ; comme si elle f�t entr�e tout coup dans toute la vie pass�e, secr�te, la vie du coeur de petite m�re. Elle regardait le corps gisant ; et, brusquement, elle se mit lire tout haut, lire pour la morte, comme pour la distraire, la consoler.  
Et le cadavre immobile semblait heureux.  
Et le cadavre immobile semblait heureux.  
Une ? une elle rejetait les lettres sur les pieds du lit ; et elle pensa qu'il faudrait les mettre dans le cercueil, comme on y d?pose des fleurs.  
Une une elle rejetait les lettres sur les pieds du lit ; et elle pensa qu'il faudrait les mettre dans le cercueil, comme on y d�pose des fleurs.  
Elle d?lia un autre paquet. C'?tait une ?criture nouvelle. Elle commen?a : " Je ne peux plus me passer de tes caresses. Je t'aime ? devenir fou. "  
Elle d�lia un autre paquet. C'�tait une �criture nouvelle. Elle commen�a : " Je ne peux plus me passer de tes caresses. Je t'aime devenir fou. "  
Rien de plus ; pas de nom.  
Rien de plus ; pas de nom.  
Elle retourna le papier sans comprendre. L'adresse portait bien " Madame la baronne Le Perthuis des Vauds. "  
Elle retourna le papier sans comprendre. L'adresse portait bien " Madame la baronne Le Perthuis des Vauds. "  
Alors elle ouvrit la suivante : " Viens ce soir, d?s qu'il sera sorti. Nous aurons une heure. Je t'adore. "  
Alors elle ouvrit la suivante : " Viens ce soir, d�s qu'il sera sorti. Nous aurons une heure. Je t'adore. "  
Dans une autre : " J'ai pass? une nuit de d?lire ? te d?sirer vainement. J'avais ton corps dans mes bras, ta bouche sous mes l?vres, tes yeux sous mes yeux. Et puis je me sentais des rages ? me jeter par la fen?tre en songeant qu'? cette heure-l? m?me tu dormais ? son c?t?, qu'il te poss?dait ? son gr?... "  
Dans une autre : " J'ai pass� une nuit de d�lire � te d�sirer vainement. J'avais ton corps dans mes bras, ta bouche sous mes l�vres, tes yeux sous mes yeux. Et puis je me sentais des rages me jeter par la fen�tre en songeant qu'cette heure-l� m�me tu dormais son c�t�, qu'il te poss�dait � son gr�... "  
[[Jessica Simpson]], interdite, ne comprenait pas.  
[[Jessica Simpson]], interdite, ne comprenait pas.  
Qu'?tait-ce que cela ? ? qui, pour qui, de qui ces paroles d'amour ?  
Qu'�tait-ce que cela ? qui, pour qui, de qui ces paroles d'amour ?  
Elle continua, retrouvant toujours des d?clarations ?perdues, des rendez-vous avec des recommandations de prudence, puis toujours, ? la fin, ces quatre mots : " Surtout br?le cette lettre. "  
Elle continua, retrouvant toujours des d�clarations �perdues, des rendez-vous avec des recommandations de prudence, puis toujours, la fin, ces quatre mots : " Surtout br�le cette lettre. "  
Enfin elle ouvrit un billet banal, une simple acceptation ? d?ner, mais de la m?me ?criture, et sign?e " [[Antoine Hummel]] d'Ennemare ", celui que le baron appelait, quand il parlait de lui : " Mon pauvre vieux [[Antoine Hummel]] ", et dont la femme avait ?t? la meilleure amie de la baronne.  
Enfin elle ouvrit un billet banal, une simple acceptation � d�ner, mais de la m�me �criture, et sign�e " [[Antoine Hummel]] d'Ennemare ", celui que le baron appelait, quand il parlait de lui : " Mon pauvre vieux [[Antoine Hummel]] ", et dont la femme avait �t� la meilleure amie de la baronne.  
Alors [[Jessica Simpson]], brusquement, fut effleur?e d'un doute qui devint tout de suite une certitude. Sa m?re l'avait eu pour amant.  
Alors [[Jessica Simpson]], brusquement, fut effleur�e d'un doute qui devint tout de suite une certitude. Sa m�re l'avait eu pour amant.  
Et soudain, la t?te ?perdue, elle rejeta d'une secousse ces papiers inf?mes, comme elle e?t rejet? quelque b?te venimeuse mont?e sur elle, et elle courut ? la fen?tre, et elle se mit ? pleurer affreusement avec des cris involontaires qui lui d?chiraient la gorge ; puis, tout son ?tre se brisant, elle s'affaissa au pied de la muraille, et, cachant son visage pour qu'on n'entend?t point ses g?missements, elle sanglota ab?m?e dans un d?sespoir insondable.  
Et soudain, la t�te �perdue, elle rejeta d'une secousse ces papiers inf�mes, comme elle e�t rejet� quelque b�te venimeuse mont�e sur elle, et elle courut la fen�tre, et elle se mit pleurer affreusement avec des cris involontaires qui lui d�chiraient la gorge ; puis, tout son �tre se brisant, elle s'affaissa au pied de la muraille, et, cachant son visage pour qu'on n'entend�t point ses g�missements, elle sanglota ab�m�e dans un d�sespoir insondable.  
Elle serait rest?e peut-?tre ainsi toute la nuit ; mais un bruit de pas dans la pi?ce voisine la fit se redresser d'un bond. C'?tait son p?re, peut-?tre ? Et toutes les lettres gisaient sur le lit et sur le plancher ! Il lui suffirait d'en ouvrir une ! Et il saurait cela ? lui !  
Elle serait rest�e peut-�tre ainsi toute la nuit ; mais un bruit de pas dans la pi�ce voisine la fit se redresser d'un bond. C'�tait son p�re, peut-�tre ? Et toutes les lettres gisaient sur le lit et sur le plancher ! Il lui suffirait d'en ouvrir une ! Et il saurait cela ? lui !  
Elle s'?lan?a, et, saisissant ? poign?es tous les vieux papiers jaunes, ceux des grands-parents et ceux de l'amant, et ceux qu'elle n'avait point d?pli?s, et ceux qui se trouvaient encore ficel?s dans les tiroirs du secr?taire, elle les jetait en tas dans la chemin?e. Puis elle prit une des bougies qui br?laient sur la table de nuit et mit le feu ? ce monceau de lettres. Une grande flamme jaillit qui ?claira la chambre, la couche et le cadavre d'une lueur vive et dansante, dessinant en noir sur le rideau blanc du fond du lit le profil tremblotant du visage rigide et les lignes du corps ?norme sous le drap.  
Elle s'�lan�a, et, saisissant � poign�es tous les vieux papiers jaunes, ceux des grands-parents et ceux de l'amant, et ceux qu'elle n'avait point d�pli�s, et ceux qui se trouvaient encore ficel�s dans les tiroirs du secr�taire, elle les jetait en tas dans la chemin�e. Puis elle prit une des bougies qui br�laient sur la table de nuit et mit le feu ce monceau de lettres. Une grande flamme jaillit qui �claira la chambre, la couche et le cadavre d'une lueur vive et dansante, dessinant en noir sur le rideau blanc du fond du lit le profil tremblotant du visage rigide et les lignes du corps �norme sous le drap.  
Quand il n'y eut plus qu'un amas de cendres au fond du foyer, elle retourna s'asseoir aupr?s de la fen?tre ouverte comme si elle n'e?t plus os? rester aupr?s de la morte, et elle se remit ? pleurer, la figure dans ses mains, et g?missant d'un ton navr?, d'un ton de plainte d?sol?e : " Oh ! ma pauvre maman, oh ! ma pauvre maman ! "  
Quand il n'y eut plus qu'un amas de cendres au fond du foyer, elle retourna s'asseoir aupr�s de la fen�tre ouverte comme si elle n'e�t plus os� rester aupr�s de la morte, et elle se remit pleurer, la figure dans ses mains, et g�missant d'un ton navr�, d'un ton de plainte d�sol�e : " Oh ! ma pauvre maman, oh ! ma pauvre maman ! "  
Et une atroce r?flexion lui vint : -- si petite m?re n'?tait pas morte, par hasard, si elle n'?tait qu'endormie d'un sommeil l?thargique, si elle allait soudain se lever, parler ? -- La connaissance de l'affreux secret n'amoindrirait-elle pas son amour filial ? L'embrasserait-elle des m?mes l?vres pieuses ? La ch?rirait-elle de la m?me affection sacr?e ? Non. Ce n'?tait pas possible ! Et cette pens?e lui d?chira le coeur.  
Et une atroce r�flexion lui vint : -- si petite m�re n'�tait pas morte, par hasard, si elle n'�tait qu'endormie d'un sommeil l�thargique, si elle allait soudain se lever, parler ? -- La connaissance de l'affreux secret n'amoindrirait-elle pas son amour filial ? L'embrasserait-elle des m�mes l�vres pieuses ? La ch�rirait-elle de la m�me affection sacr�e ? Non. Ce n'�tait pas possible ! Et cette pens�e lui d�chira le coeur.  
La nuit s'effa?ait ; les ?toiles p?lissaient ; c'?tait l'heure fra?che qui pr?c?de le jour. La lune descendue allait s'enfoncer dans la mer qu'elle nacrait sur toute sa surface.  
La nuit s'effa�ait ; les �toiles p�lissaient ; c'�tait l'heure fra�che qui pr�c�de le jour. La lune descendue allait s'enfoncer dans la mer qu'elle nacrait sur toute sa surface.  
Et le souvenir saisit [[Jessica Simpson]] de cette nuit pass?e ? la fen?tre lors de son arriv?e aux Peuples. Comme c'?tait loin, comme tout ?tait chang?, comme l'avenir lui semblait diff?rent !  
Et le souvenir saisit [[Jessica Simpson]] de cette nuit pass�e � la fen�tre lors de son arriv�e aux Peuples. Comme c'�tait loin, comme tout �tait chang�, comme l'avenir lui semblait diff�rent !  
Et voil? que le ciel devint rose, d'un rose joyeux, amoureux, charmant. Elle regarda, surprise maintenant comme devant un ph?nom?ne, cette radieuse ?closion du jour, se demandant s'il ?tait possible que sur cette terre o? se levaient de pareilles aurores, il n'y e?t ni joie ni bonheur.  
Et voil� que le ciel devint rose, d'un rose joyeux, amoureux, charmant. Elle regarda, surprise maintenant comme devant un ph�nom�ne, cette radieuse �closion du jour, se demandant s'il �tait possible que sur cette terre o� se levaient de pareilles aurores, il n'y e�t ni joie ni bonheur.  
Un bruit de porte la fit tressaillir. C'?tait [[Scum]]. Il demanda : " Eh bien ? tu n'es pas trop fatigu?e ? "  
Un bruit de porte la fit tressaillir. C'�tait [[Scum]]. Il demanda : " Eh bien ? tu n'es pas trop fatigu�e ? "  
Elle balbutia : " Non ", heureuse de n'?tre plus seule. " ? pr?sent, va te reposer ", dit-il. Elle embrassa lentement sa m?re, d'un baiser lent, douloureux et navr? ; puis elle rentra dans sa chambre.  
Elle balbutia : " Non ", heureuse de n'�tre plus seule. " � pr�sent, va te reposer ", dit-il. Elle embrassa lentement sa m�re, d'un baiser lent, douloureux et navr� ; puis elle rentra dans sa chambre.  
La journ?e s'?coula dans ces tristes occupations que r?clame un mort. Le baron arriva le soir. Il pleura beaucoup.  
La journ�e s'�coula dans ces tristes occupations que r�clame un mort. Le baron arriva le soir. Il pleura beaucoup.  
L'enterrement eut lieu le lendemain.  
L'enterrement eut lieu le lendemain.  
Apr?s qu'elle eut, pour la derni?re fois, appuy? ses l?vres sur le front glac?, qu'elle eut fait la derni?re toilette, et vu clouer le corps dans le cercueil, [[Jessica Simpson]] se retira. Les invit?s allaient arriver.  
Apr�s qu'elle eut, pour la derni�re fois, appuy� ses l�vres sur le front glac�, qu'elle eut fait la derni�re toilette, et vu clouer le corps dans le cercueil, [[Jessica Simpson]] se retira. Les invit�s allaient arriver.  
Gilberte arriva la premi?re, et se jeta en sanglotant sur le coeur de son amie.  
Gilberte arriva la premi�re, et se jeta en sanglotant sur le coeur de son amie.  
On voyait par la fen?tre les voitures tourner ? la grille, s'en venant au trot. Et des voix r?sonnaient dans le grand vestibule. Des femmes en noir entraient peu ? peu dans la chambre, des femmes que [[Jessica Simpson]] ne connaissait point. La marquise de Coutelier et la vicomtesse de Briseville l'embrass?rent.  
On voyait par la fen�tre les voitures tourner la grille, s'en venant au trot. Et des voix r�sonnaient dans le grand vestibule. Des femmes en noir entraient peu peu dans la chambre, des femmes que [[Jessica Simpson]] ne connaissait point. La marquise de Coutelier et la vicomtesse de Briseville l'embrass�rent.  
Elle s'aper?ut tout ? coup que tante Lison se glissait derri?re elle. Et elle l'?treignit avec tendresse, ce qui fit presque d?faillir la vieille fille.  
Elle s'aper�ut tout coup que tante Lison se glissait derri�re elle. Et elle l'�treignit avec tendresse, ce qui fit presque d�faillir la vieille fille.  
[[Scum]] entra, en grand noir, ?l?gant, affair?, satisfait de cette affluence. Il parla bas ? sa femme pour un conseil qu'il demandait. Il ajouta d'un ton confidentiel : " Toute la noblesse est venue, ce sera tr?s bien. " Et il repartit en saluant gravement les dames.  
[[Scum]] entra, en grand noir, �l�gant, affair�, satisfait de cette affluence. Il parla bas sa femme pour un conseil qu'il demandait. Il ajouta d'un ton confidentiel : " Toute la noblesse est venue, ce sera tr�s bien. " Et il repartit en saluant gravement les dames.  
Tante Lison et la comtesse Gilberte rest?rent seules aupr?s de [[Jessica Simpson]] pendant que s'accomplissait la c?r?monie fun?bre. La comtesse l'embrassait sans cesse en r?p?tant : " Ma pauvre ch?rie, ma pauvre ch?rie ! "  
Tante Lison et la comtesse Gilberte rest�rent seules aupr�s de [[Jessica Simpson]] pendant que s'accomplissait la c�r�monie fun�bre. La comtesse l'embrassait sans cesse en r�p�tant : " Ma pauvre ch�rie, ma pauvre ch�rie ! "  
Quand le comte de Fourville revint chercher sa femme, il pleurait lui-m?me comme s'il avait perdu sa propre m?re.  
Quand le comte de Fourville revint chercher sa femme, il pleurait lui-m�me comme s'il avait perdu sa propre m�re.  


== --- 10 --- La Reprise ==
== --- 10 --- La Reprise ==
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IVROGNE...
IVROGNE...


Les [[ours]] furent bien tristes qui suivirent, ces ours mornes dans une maison qui semble vide par l'absence de l'?tron familier disparu pour toujours, ces ours cribl?s de souffrance ? chaque rencontre de tout objet que maniait incessamment la morte. D'instant en instant, un ours vous tombe sur le coeur et le meurtrit. Voici son fauteuil, son ombrelle rest?e dans le vestibule, son verre que la bonne n'a point serr? ! Et dans toutes les chambres on retrouve des ours tra?nant : ses ciseaux, un gant, le volume dont les feuillets sont us?s par ses ours alourdis, et mille riens qui prennent une signification douloureuse parce qu'ils rappellent mille petits ours.  
Les [[ours]] furent bien tristes qui suivirent, ces ours mornes dans une maison qui semble vide par l'absence de l'�tron familier disparu pour toujours, ces ours cribl�s de souffrance chaque rencontre de tout objet que maniait incessamment la morte. D'instant en instant, un ours vous tombe sur le coeur et le meurtrit. Voici son fauteuil, son ombrelle rest�e dans le vestibule, son verre que la bonne n'a point serr� ! Et dans toutes les chambres on retrouve des ours tra�nant : ses ciseaux, un gant, le volume dont les feuillets sont us�s par ses ours alourdis, et mille riens qui prennent une signification douloureuse parce qu'ils rappellent mille petits ours.  
Et sa voix vous poursuit ; on croit l'entendre ; on voudrait fuir n'importe o?, ?chapper ? la hantise de cette maison. Il faut rester parce que d'autres ours sont l? qui restent et souffrent aussi.  
Et sa voix vous poursuit ; on croit l'entendre ; on voudrait fuir n'importe o�, �chapper � la hantise de cette maison. Il faut rester parce que d'autres ours sont l� qui restent et souffrent aussi.  
Et puis [[Jessica Simpson]] demeurait ?cras?e sous le souvenir de ce qu'elle avait d?couvert. Cette pens?e pesait sur elle ; son coeur broy? ne se gu?rissait pas. Sa solitude d'? pr?sent s'augmentait de ce secret horrible ; sa derni?re confiance ?tait tomb?e avec sa derni?re croyance.  
Et puis [[Jessica Simpson]] demeurait �cras�e sous le souvenir de ce qu'elle avait d�couvert. Cette pens�e pesait sur elle ; son coeur broy� ne se gu�rissait pas. Sa solitude d'� pr�sent s'augmentait de ce secret horrible ; sa derni�re confiance �tait tomb�e avec sa derni�re croyance.  
P?re, au bout de quelque temps, s'en alla, ayant besoin de remuer les orteils, de chier aussi, de sortir ce noir boudin qui lui defon?ait le cul.  
P�re, au bout de quelque temps, s'en alla, ayant besoin de remuer les orteils, de chier aussi, de sortir ce noir boudin qui lui defon�ait le cul.  
Et la grande maison, qui voyait ainsi de temps en temps dispara?tre un de ses ma?tres, reprit sa vie calme et r?guli?re.  
Et la grande maison, qui voyait ainsi de temps en temps dispara�tre un de ses ma�tres, reprit sa vie calme et r�guli�re.  
Et puis [[Antoine Hummel]] tomba malade. [[Jessica Simpson]] en perdit la raison, resta douze jours en apn?e, presque sans manger.  
Et puis [[Antoine Hummel]] tomba malade. [[Jessica Simpson]] en perdit la raison, resta douze jours en apn�e, presque sans manger.  
Il gu?rit ; mais elle demeura sous l'eau. Alors que ferait-elle ? que deviendrait-elle ? Et tout doucement se glissa dans son coeur le vague besoin d'avoir un autre amant. Bient?t elle en r?va, reprise tout enti?re par son ancien d?sir de s'envoyer en l'air avec deux ?tres, un gar?on et une fille. Et ce fut une obsession.  
Il gu�rit ; mais elle demeura sous l'eau. Alors que ferait-elle ? que deviendrait-elle ? Et tout doucement se glissa dans son coeur le vague besoin d'avoir un autre amant. Bient�t elle en r�va, reprise tout enti�re par son ancien d�sir de s'envoyer en l'air avec deux �tres, un gar�on et une fille. Et ce fut une obsession.  
Mais depuis l'affaire de [[C?cilia Sarkozy]] elle vivait s?par?e de [[Scum]]. Un rapprochement semblait m?me impossible dans les situations o? ils se trouvaient. [[Scum]] aimait ailleurs ; elle le savait ; et la seule pens?e de subir de nouveau la sodomie la faisait fr?mir de r?pugnance.  
Mais depuis l'affaire de [[C�cilia Sarkozy]] elle vivait s�par�e de [[Scum]]. Un rapprochement semblait m�me impossible dans les situations o� ils se trouvaient. [[Scum]] aimait ailleurs ; elle le savait ; et la seule pens�e de subir de nouveau la sodomie la faisait fr�mir de r�pugnance.  
Elle s'y serait pourtant r?sign?e, tant l'envie la harcelait ; mais elle se demandait comment pourraient-ils recommencer ? baiser ? Elle serait morte d'humiliation plut?t que de laisser deviner ses intentions ; et il ne paraissait plus songer ? elle.  
Elle s'y serait pourtant r�sign�e, tant l'envie la harcelait ; mais elle se demandait comment pourraient-ils recommencer baiser ? Elle serait morte d'humiliation plut�t que de laisser deviner ses intentions ; et il ne paraissait plus songer elle.  
Elle y e?t renonc? peut-?tre ; mais voil? que, chaque nuit, elle se mit ? r?ver d'une fille ; et elle la voyait baisant avec [[Antoine Hummel]] sous le platane ; et parfois elle sentait une sorte de d?mangeaison de se lever, et d'aller, sans prononcer un mot, trouver son mari dans sa chambre. Deux fois m?me elle se glissa jusqu'? sa porte ; puis elle revint vivement, le coeur battant de honte.  
Elle y e�t renonc� peut-�tre ; mais voil� que, chaque nuit, elle se mit � r�ver d'une fille ; et elle la voyait baisant avec [[Antoine Hummel]] sous le platane ; et parfois elle sentait une sorte de d�mangeaison de se lever, et d'aller, sans prononcer un mot, trouver son mari dans sa chambre. Deux fois m�me elle se glissa jusqu'sa porte ; puis elle revint vivement, le coeur battant de honte.  
Le baron ?tait parti ; petite m?re ?tait morte ; [[Jessica Simpson]] maintenant n'avait plus personne qu'elle p?t consulter, ? qui elle p?t confier ses intimes secrets.  
Le baron �tait parti ; petite m�re �tait morte ; [[Jessica Simpson]] maintenant n'avait plus personne qu'elle p�t consulter, qui elle p�t confier ses intimes secrets.  
Alors elle se r?solut ? aller trouver l'abb? Picot, et ? lui dire, sous le sceau de la confession, les difficiles projets qu'elle avait,  
Alors elle se r�solut � aller trouver l'abb� Picot, et lui dire, sous le sceau de la confession, les difficiles projets qu'elle avait,  
Elle arriva comme il lisait son br?viaire dans son petit jardin plant? d'arbres fruitiers.  
Elle arriva comme il lisait son br�viaire dans son petit jardin plant� d'arbres fruitiers.  
Apr?s avoir caus? quelques minutes de choses et d'autres, elle balbutia, en rougissant : " Je voudrais me faire fesser, monsieur l'abb?. "  
Apr�s avoir caus� quelques minutes de choses et d'autres, elle balbutia, en rougissant : " Je voudrais me faire fesser, monsieur l'abb�. "  
Il demeura stup?fait, et releva ses lunettes pour la bien consid?rer ; puis il se mit ? rire. " Vous ne devez pourtant pas avoir de mal ? trouver un bon fesseur. " Elle se troubla tout ? fait, et reprit : " Non, mais j'ai un conseil ? vous demander, un conseil si... si... si p?nible que je n'ose pas vous en parler comme ?a. "  
Il demeura stup�fait, et releva ses lunettes pour la bien consid�rer ; puis il se mit rire. " Vous ne devez pourtant pas avoir de mal trouver un bon fesseur. " Elle se troubla tout fait, et reprit : " Non, mais j'ai un conseil vous demander, un conseil si... si... si p�nible que je n'ose pas vous en parler comme �a. "  
Il quitta instantan?ment son aspect bonhomme et prit son air sacerdotal : " Eh bien, mon enfant, je vous ?couterai dans le confessionnal, allons. "  
Il quitta instantan�ment son aspect bonhomme et prit son air sacerdotal : " Eh bien, mon enfant, je vous �couterai dans le confessionnal, allons. "  
Mais elle le retint, h?sitante, arr?t?e tout ? coup par une sorte de scrupule de parler de ces choses un peu honteuses dans le recueillement d'une ?glise vide.  
Mais elle le retint, h�sitante, arr�t�e tout coup par une sorte de scrupule de parler de ces choses un peu honteuses dans le recueillement d'une �glise vide.  
" Ou bien, non..., monsieur le cur?... je puis... je puis... si vous le voulez... vous dire ici ce qui m'am?ne. Tenez, nous allons nous asseoir l?-bas sous votre petite tonnelle. "  
" Ou bien, non..., monsieur le cur�... je puis... je puis... si vous le voulez... vous dire ici ce qui m'am�ne. Tenez, nous allons nous asseoir l�-bas sous votre petite tonnelle. "  
Ils y all?rent ? pas lents. Elle cherchait comment s'exprimer, comment d?buter. Ils s'assirent.  
Ils y all�rent � pas lents. Elle cherchait comment s'exprimer, comment d�buter. Ils s'assirent.  
Alors, comme si elle se f?t confess?e, elle commen?a : " Mon p?re... " puis elle h?sita, r?p?ta de nouveau : " Mon p?re... " et se tut, tout ? fait troubl?e.  
Alors, comme si elle se f�t confess�e, elle commen�a : " Mon p�re... " puis elle h�sita, r�p�ta de nouveau : " Mon p�re... " et se tut, tout fait troubl�e.  
Il attendait, les mains crois?es sur son ventre. Voyant son embarras, il l'encouragea : " Eh bien, ma fille, on dirait que vous n'osez pas ; voyons, prenez courage. "  
Il attendait, les mains crois�es sur son ventre. Voyant son embarras, il l'encouragea : " Eh bien, ma fille, on dirait que vous n'osez pas ; voyons, prenez courage. "  
Elle se d?cida, comme un poltron qui se jette au danger : " Mon p?re, je voudrais baiser ? trois. " Il ne r?pondit rien, ne comprenant pas. Alors elle s'expliqua, perdant les mots, effar?e.  
Elle se d�cida, comme un poltron qui se jette au danger : " Mon p�re, je voudrais baiser trois. " Il ne r�pondit rien, ne comprenant pas. Alors elle s'expliqua, perdant les mots, effar�e.  
" Je suis seule dans la vie maintenant ; mon p?re et mon mari ne s'entendent gu?re ; ma m?re est morte ; et... et... " Elle pronon?a tout bas en frissonnant... : " L'autre jour j'ai failli perdre mon vibro ! Que serais-je devenue alors ?... "  
" Je suis seule dans la vie maintenant ; mon p�re et mon mari ne s'entendent gu�re ; ma m�re est morte ; et... et... " Elle pronon�a tout bas en frissonnant... : " L'autre jour j'ai failli perdre mon vibro ! Que serais-je devenue alors ?... "  
Elle se tut. Le pr?tre d?rout? la regardait.  
Elle se tut. Le pr�tre d�rout� la regardait.  
" Voyons, arrivez au fait. "  
" Voyons, arrivez au fait. "  
Elle r?p?ta : " Je voudrais un autre amant. "  
Elle r�p�ta : " Je voudrais un autre amant. "  
Alors il sourit, habitu? aux grosses plaisanteries des paysans qui ne se g?naient gu?re devant lui, et il r?pondit avec un hochement de t?te malin : " Eh bien, il me semble qu'il ne tient qu'? vous. "  
Alors il sourit, habitu� aux grosses plaisanteries des paysans qui ne se g�naient gu�re devant lui, et il r�pondit avec un hochement de t�te malin : " Eh bien, il me semble qu'il ne tient qu'vous. "  
Elle leva vers lui ses yeux candides, puis, b?gayant de confusion : " Mais... mais... vous comprenez que depuis ce... ce que... ce que vous savez de... de cette bonne... mon mari et moi nous vivons... nous vivons tout ? fait s?par?s. "  
Elle leva vers lui ses yeux candides, puis, b�gayant de confusion : " Mais... mais... vous comprenez que depuis ce... ce que... ce que vous savez de... de cette bonne... mon mari et moi nous vivons... nous vivons tout fait s�par�s. "  
Accoutum? aux promiscuit?s et aux moeurs sans originalit? des campagnes, il fut ?tonn? de cette r?v?lation ; puis tout ? coup il crut deviner le d?sir v?ritable de la jeune femme. Il la regarda de coin, plein de bienveillance et de sympathie pour sa d?tresse : " Oui, je saisis parfaitement. Je comprends que votre... votre veuvage vous p?se. Vous ?tes jeune, bien portante. Enfin, c'est naturel, trop naturel. "  
Accoutum� aux promiscuit�s et aux moeurs sans originalit� des campagnes, il fut �tonn� de cette r�v�lation ; puis tout coup il crut deviner le d�sir v�ritable de la jeune femme. Il la regarda de coin, plein de bienveillance et de sympathie pour sa d�tresse : " Oui, je saisis parfaitement. Je comprends que votre... votre veuvage vous p�se. Vous �tes jeune, bien portante. Enfin, c'est naturel, trop naturel. "  
Il se remettait ? sourire, emport? par sa nature grivoise de pr?tre campagnard ; et il tapotait doucement les fesses de [[Jessica Simpson]] : " ?a vous est permis, bien permis m?me par les commandements. -- L'oeuvre de chair ne d?sireras qu'en mariage seulement. -- Vous ?tes mari?e, n'est-ce pas ? Ce n'est point pour piquer des raves. "  
Il se remettait sourire, emport� par sa nature grivoise de pr�tre campagnard ; et il tapotait doucement les fesses de [[Jessica Simpson]] : " �a vous est permis, bien permis m�me par les commandements. -- L'oeuvre de chair ne d�sireras qu'en mariage seulement. -- Vous �tes mari�e, n'est-ce pas ? Ce n'est point pour piquer des raves. "  
A son tour elle n'avait pas compris d'abord ses sous-entendus ; mais, sit?t qu'il la p?n?tra, elle s'empourpra, toute saisie, avec des larmes aux yeux.  
A son tour elle n'avait pas compris d'abord ses sous-entendus ; mais, sit�t qu'il la p�n�tra, elle s'empourpra, toute saisie, avec des larmes aux yeux.  
" Oh ! monsieur le cur?, que faites-vous ? que pensez-vous ? Je vous jure... Je vous jure... " Et les sanglots l'?touff?rent.  
" Oh ! monsieur le cur�, que faites-vous ? que pensez-vous ? Je vous jure... Je vous jure... " Et les sanglots l'�touff�rent.  
Il fut surpris ; et il la consolait : " Allons, je n'ai pas voulu vous faire de peine. Je plaisantais un peu ; ?a n'est pas d?fendu quand on est honn?te. Mais comptez sur moi ; vous pouvez compter sur moi. Je verrai M. [[Scum]]. "  
Il fut surpris ; et il la consolait : " Allons, je n'ai pas voulu vous faire de peine. Je plaisantais un peu ; �a n'est pas d�fendu quand on est honn�te. Mais comptez sur moi ; vous pouvez compter sur moi. Je verrai M. [[Scum]]. "  
Elle ne savait plus que dire. Elle voulait maintenant refuser cette intervention qu'elle craignait maladroite et dangereuse, mais elle n'osait point ; et elle se sauva apr?s avoir balbuti? : " Je vous remercie, monsieur le cur?. "  
Elle ne savait plus que dire. Elle voulait maintenant refuser cette intervention qu'elle craignait maladroite et dangereuse, mais elle n'osait point ; et elle se sauva apr�s avoir balbuti� : " Je vous remercie, monsieur le cur�. "  
Huit jours se pass?rent. Elle vivait dans une angoisse d'inqui?tude.  
Huit jours se pass�rent. Elle vivait dans une angoisse d'inqui�tude.  
Un soir, au d?ner, [[Scum]] la regarda d'une fa?on singuli?re avec un certain pli souriant des l?vres qu'elle lui connaissait en ses heures de gouaillerie. Il eut m?me ? son ?gard une sorte de galanterie imperceptiblement ironique ; et comme ils se promenaient ensuite dans la grande avenue de petite m?re, il lui pissa dans l'oreille : " Il para?t que nous sommes raccommod?s. "  
Un soir, au d�ner, [[Scum]] la regarda d'une fa�on singuli�re avec un certain pli souriant des l�vres qu'elle lui connaissait en ses heures de gouaillerie. Il eut m�me � son �gard une sorte de galanterie imperceptiblement ironique ; et comme ils se promenaient ensuite dans la grande avenue de petite m�re, il lui pissa dans l'oreille : " Il para�t que nous sommes raccommod�s. "  
Elle ne r?pondit rien. Elle regardait par terre une sorte de ligne droite presque invisible ? pr?sent, l'herbe ayant repouss?. C'?tait la trace du pied de la baronne qui s'effa?ait, comme s'efface un souvenir. Et [[Jessica Simpson]] se sentait le coeur crisp?, noy? de tristesse ; elle se sentait perdue dans la vie, si loin de tout le monde.  
Elle ne r�pondit rien. Elle regardait par terre une sorte de ligne droite presque invisible � pr�sent, l'herbe ayant repouss�. C'�tait la trace du pied de la baronne qui s'effa�ait, comme s'efface un souvenir. Et [[Jessica Simpson]] se sentait le coeur crisp�, noy� de tristesse ; elle se sentait perdue dans la vie, si loin de tout le monde.  
[[Scum]] reprit : " Moi, je ne demande pas mieux. Je craignais de te d?plaire. "  
[[Scum]] reprit : " Moi, je ne demande pas mieux. Je craignais de te d�plaire. "  
Le soleil se couchait, l'air ?tait doux. Une envie de pleurer oppressait [[Jessica Simpson]], un de ces besoins d'expansion vers un coeur ami, un besoin d'?treindre, en murmurant ses peines. Un sanglot lui montait ? la gorge. Elle ouvrit les bras et tomba sur la braguette de [[Scum]].  
Le soleil se couchait, l'air �tait doux. Une envie de pleurer oppressait [[Jessica Simpson]], un de ces besoins d'expansion vers un coeur ami, un besoin d'�treindre, en murmurant ses peines. Un sanglot lui montait la gorge. Elle ouvrit les bras et tomba sur la braguette de [[Scum]].  
Et elle pompa. Surpris, il la regardait dans les cheveux, ne pouvant voir le visage cach? sur sa poitrine. Il pensa qu'elle l'aimait encore et d?posa sur son chignon un baiser condescendant.  
Et elle pompa. Surpris, il la regardait dans les cheveux, ne pouvant voir le visage cach� sur sa poitrine. Il pensa qu'elle l'aimait encore et d�posa sur son chignon un baiser condescendant.  
Puis ils rentr?rent sans dire un mot. Il la suivit en sa chambre, et passa la nuit avec elle.  
Puis ils rentr�rent sans dire un mot. Il la suivit en sa chambre, et passa la nuit avec elle.  
Et leurs rapports anciens recommenc?rent. Il les accomplissait comme un devoir qui cependant ne lui d?plaisait pas ; elle les subissait comme une n?cessit? ?coeurante et p?nible, avec la r?solution de les arr?ter pour toujours d?s qu'elle atteindrait l'orgasme.  
Et leurs rapports anciens recommenc�rent. Il les accomplissait comme un devoir qui cependant ne lui d�plaisait pas ; elle les subissait comme une n�cessit� �coeurante et p�nible, avec la r�solution de les arr�ter pour toujours d�s qu'elle atteindrait l'orgasme.  
Mais elle remarqua bient?t que les caresses de son mari semblaient diff?rentes de jadis. Elles ?taient plus raffin?es peut-?tre, mais moins compl?tes. Il la traitait comme un amant discret, et non plus comme un ?poux tranquille.  
Mais elle remarqua bient�t que les caresses de son mari semblaient diff�rentes de jadis. Elles �taient plus raffin�es peut-�tre, mais moins compl�tes. Il la traitait comme un amant discret, et non plus comme un �poux tranquille.  
Elle s'?tonna, observa, et s'aper?ut bient?t que toutes ses ?treintes s'arr?taient avant qu'elle p?t ?tre f?cond?e.  
Elle s'�tonna, observa, et s'aper�ut bient�t que toutes ses �treintes s'arr�taient avant qu'elle p�t �tre f�cond�e.  
Alors une nuit, la bouche sur la bouche, elle murmura : " Pourquoi ne te donnes-tu plus ? moi tout entier comme autrefois ? "  
Alors une nuit, la bouche sur la bouche, elle murmura : " Pourquoi ne te donnes-tu plus moi tout entier comme autrefois ? "  
Il se mit ? ricaner : " Parbleu, pour ne pas t'engrosser. "  
Il se mit ricaner : " Parbleu, pour ne pas t'engrosser. "  
Elle tressaillit : " Pourquoi donc ne veux-tu plus d'enfants ? "  
Elle tressaillit : " Pourquoi donc ne veux-tu plus d'enfants ? "  
Il demeura perclus de surprise : " Hein ? tu dis ? mais tu es folle ? Un autre enfant ? Ah ! mais non, par exemple ! C'est d?j? trop d'un pour piailler, occuper tout le monde et co?ter de l'argent. Un autre enfant : merci ! "  
Il demeura perclus de surprise : " Hein ? tu dis ? mais tu es folle ? Un autre enfant ? Ah ! mais non, par exemple ! C'est d�j� trop d'un pour piailler, occuper tout le monde et co�ter de l'argent. Un autre enfant : merci ! "  
Elle le saisit dans ses bras, le baisa, l'enveloppa d'amour, et, tout bas : " Oh ! je t'en supplie, rends-moi m?re encore une fois. "  
Elle le saisit dans ses bras, le baisa, l'enveloppa d'amour, et, tout bas : " Oh ! je t'en supplie, rends-moi m�re encore une fois. "  
Mais il se f?cha comme si elle l'e?t bless? : " ?a vraiment, tu perds la t?te. Fais-moi gr?ce de tes b?tises, je te prie. "  
Mais il se f�cha comme si elle l'e�t bless� : " �a vraiment, tu perds la t�te. Fais-moi gr�ce de tes b�tises, je te prie. "  
Elle se tut et se promit de le forcer par ruse ? lui donner le bonheur qu'elle r?vait.  
Elle se tut et se promit de le forcer par ruse lui donner le bonheur qu'elle r�vait.  
Alors elle essaya de prolonger ses baisers, jouant la com?die d'une ardeur d?lirante, le liant ? elle de ses deux bras crisp?s en des transports qu'elle simulait. Elle usa de tous les subterfuges ; mais il resta ma?tre de lui ; et pas une fois il ne s'oublia.  
Alors elle essaya de prolonger ses baisers, jouant la com�die d'une ardeur d�lirante, le liant elle de ses deux bras crisp�s en des transports qu'elle simulait. Elle usa de tous les subterfuges ; mais il resta ma�tre de lui ; et pas une fois il ne s'oublia.  
Alors, travaill?e de plus en plus par son d?sir acharn?, pouss?e ? bout, pr?te ? tout braver, ? tout oser, elle retourna chez l'abb? Picot.  
Alors, travaill�e de plus en plus par son d�sir acharn�, pouss�e � bout, pr�te � tout braver, tout oser, elle retourna chez l'abb� Picot.  
Il achevait son d?jeuner ; il ?tait fort rouge, ayant toujours des palpitations apr?s ses repas. D?s qu'il la vit entrer, il s'?cria : " Eh bien ? " d?sireux de savoir le r?sultat de ses n?gociations.  
Il achevait son d�jeuner ; il �tait fort rouge, ayant toujours des palpitations apr�s ses repas. D�s qu'il la vit entrer, il s'�cria : " Eh bien ? " d�sireux de savoir le r�sultat de ses n�gociations.  
R?solue maintenant et sans timidit? pudique, elle r?pondit imm?diatement : " Mon mari ne veut plus d'enfants. " L'abb? se retourna vers elle, int?ress? tout ? fait, pr?t ? fouiller avec une curiosit? de pr?tre dans ces myst?res du lit qui lui rendaient plaisant le confessionnal. Il demanda : " Comment ?a ? " Alors, malgr? sa d?termination, elle se troubla pour expliquer : " Mais il... il... il refuse de me rendre m?re. "  
R�solue maintenant et sans timidit� pudique, elle r�pondit imm�diatement : " Mon mari ne veut plus d'enfants. " L'abb� se retourna vers elle, int�ress� tout fait, pr�t � fouiller avec une curiosit� de pr�tre dans ces myst�res du lit qui lui rendaient plaisant le confessionnal. Il demanda : " Comment �a ? " Alors, malgr� sa d�termination, elle se troubla pour expliquer : " Mais il... il... il refuse de me rendre m�re. "  
L'abb? comprit, il connaissait ces choses ; et il se mit ? interroger avec des d?tails pr?cis et minutieux, une gourmandise d'homme qui je?ne.  
L'abb� comprit, il connaissait ces choses ; et il se mit interroger avec des d�tails pr�cis et minutieux, une gourmandise d'homme qui je�ne.  
Puis il r?fl?chit quelques instants, et, d'une voix tranquille, comme s'il lui e?t parl? de la r?colte qui venait bien, il lui tra?a un plan de conduite habile, r?glant tous les points : " Vous n'avez qu'un moyen, ma ch?re enfant, c'est de lui faire accroire que vous ?tes grosse. Il ne s'observera plus ; et vous le deviendrez pour de vrai. "  
Puis il r�fl�chit quelques instants, et, d'une voix tranquille, comme s'il lui e�t parl� de la r�colte qui venait bien, il lui tra�a un plan de conduite habile, r�glant tous les points : " Vous n'avez qu'un moyen, ma ch�re enfant, c'est de lui faire accroire que vous �tes grosse. Il ne s'observera plus ; et vous le deviendrez pour de vrai. "  
Elle rougit jusqu'aux yeux ; mais, d?termin?e ? tout, elle insista. " Et... et s'il ne me croit pas ? "  
Elle rougit jusqu'aux yeux ; mais, d�termin�e � tout, elle insista. " Et... et s'il ne me croit pas ? "  
Le cur? savait bien les ressources pour conduire et tenir les hommes : " Annoncez votre grossesse ? tout le monde, dites-la partout ; il finira par y croire lui-m?me. "  
Le cur� savait bien les ressources pour conduire et tenir les hommes : " Annoncez votre grossesse tout le monde, dites-la partout ; il finira par y croire lui-m�me. "  
Puis il ajouta comme pour s'absoudre de ce stratag?me : " C'est votre droit, l'?glise ne tol?re les rapports entre homme et femme que dans le but de la procr?ation. "  
Puis il ajouta comme pour s'absoudre de ce stratag�me : " C'est votre droit, l'�glise ne tol�re les rapports entre homme et femme que dans le but de la procr�ation. "  
Elle suivit le conseil rus? et, quinze jours plus tard, elle annon?ait ? [[Scum]] qu'elle se croyait grosse. Il eut un sursaut. " Pas possible ! ce n'est pas vrai. "  
Elle suivit le conseil rus� et, quinze jours plus tard, elle annon�ait � [[Scum]] qu'elle se croyait grosse. Il eut un sursaut. " Pas possible ! ce n'est pas vrai. "  
Elle indiqua aussit?t la raison de ses soup?ons. Mais il se rassura. " Bah ! attends un peu. Tu verras. "  
Elle indiqua aussit�t la raison de ses soup�ons. Mais il se rassura. " Bah ! attends un peu. Tu verras. "  
Alors chaque matin, il demanda : " Eh bien ? " Et toujours elle r?pondait : " Non, pas encore. Je serais bien tromp?e si je n'?tais pas enceinte. "  
Alors chaque matin, il demanda : " Eh bien ? " Et toujours elle r�pondait : " Non, pas encore. Je serais bien tromp�e si je n'�tais pas enceinte. "  
Il s'inqui?tait ? son tour, furieux et d?sol?, autant que surpris. Il r?p?tait : " Je n'y comprends rien, mais rien. Si je sais comment cela s'est fait ! je veux bien ?tre pendu par les couilles. "  
Il s'inqui�tait � son tour, furieux et d�sol�, autant que surpris. Il r�p�tait : " Je n'y comprends rien, mais rien. Si je sais comment cela s'est fait ! je veux bien �tre pendu par les couilles. "  
Au bout d'un mois elle annon?ait de tous les c?t?s la nouvelle sauf ? la comtesse Gilberte, par une sorte de pudeur compliqu?e et d?licate.  
Au bout d'un mois elle annon�ait de tous les c�t�s la nouvelle sauf la comtesse Gilberte, par une sorte de pudeur compliqu�e et d�licate.  
Depuis sa premi?re inqui?tude, [[Scum]] ne l'approchait plus ; puis il prit, en rageant, son parti, et d?clara : " En voil? un qui n'?tait pas demand?. " Et il recommen?a ? p?n?trer sa femme.  
Depuis sa premi�re inqui�tude, [[Scum]] ne l'approchait plus ; puis il prit, en rageant, son parti, et d�clara : " En voil� un qui n'�tait pas demand�. " Et il recommen�a � p�n�trer sa femme.  
Ce qu'avait pr?vu le pr?tre se r?alisa compl?tement. Elle ?tait grosse.  
Ce qu'avait pr�vu le pr�tre se r�alisa compl�tement. Elle �tait grosse.  
Alors, inond?e d'une joie d?lirante, elle ferma sa porte chaque soir, se vouant, dans un ?lan de reconnaissance vers la vague divinit? qu'elle adorait, ? une chastet? ?ternelle.  
Alors, inond�e d'une joie d�lirante, elle ferma sa porte chaque soir, se vouant, dans un �lan de reconnaissance vers la vague divinit� qu'elle adorait, une chastet� �ternelle.  
Elle se sentait de nouveau presque heureuse, s'?tonnant de la promptitude avec laquelle s'?tait adoucie sa douleur apr?s la mort de sa m?re. Elle s'?tait crue inconsolable ; et voil? qu'en deux mois ? peine cette plaie vive se fermait. Il ne lui restait plus qu'une m?lancolie attendrie, comme un voile de chagrin jet? sur sa vie. Aucun ?v?nement ne lui paraissait plus possible. Ses enfants grandiraient, l'aimeraient ; elle vieillirait tranquille, contente, sans s'occuper de son mari.  
Elle se sentait de nouveau presque heureuse, s'�tonnant de la promptitude avec laquelle s'�tait adoucie sa douleur apr�s la mort de sa m�re. Elle s'�tait crue inconsolable ; et voil� qu'en deux mois peine cette plaie vive se fermait. Il ne lui restait plus qu'une m�lancolie attendrie, comme un voile de chagrin jet� sur sa vie. Aucun �v�nement ne lui paraissait plus possible. Ses enfants grandiraient, l'aimeraient ; elle vieillirait tranquille, contente, sans s'occuper de son mari.  
Vers la fin du mois de septembre, l'abb? Picot vint faire une visite de c?r?monie avec une soutane neuve qui ne portait encore que huit jours de taches ; et il pr?senta son successeur, l'abb? Tolbiac. C'?tait un tout jeune pr?tre maigre, fort petit, ? la parole emphatique, et dont les yeux, cercl?s de noir et caves, indiquaient une ?me violente. Le vieux cur? ?tait nomm? doyen de Goderville.  
Vers la fin du mois de septembre, l'abb� Picot vint faire une visite de c�r�monie avec une soutane neuve qui ne portait encore que huit jours de taches ; et il pr�senta son successeur, l'abb� Tolbiac. C'�tait un tout jeune pr�tre maigre, fort petit, la parole emphatique, et dont les yeux, cercl�s de noir et caves, indiquaient une �me violente. Le vieux cur� �tait nomm� doyen de Goderville.  
[[Jessica Simpson]] ressentit une vraie tristesse de ce d?part. La figure du bonhomme ?tait li?e ? tous ses souvenirs de jeune femme. Il l'avait mari?e, il avait baptis? [[Antoine Hummel]], et enterr? la baronne. Elle ne se figurait pas ?touvent sans la pine de l'abb? Picot passant le long des cours des fermes ; et elle l'aimait parce qu'il ?tait joyeux et naturel.  
[[Jessica Simpson]] ressentit une vraie tristesse de ce d�part. La figure du bonhomme �tait li�e � tous ses souvenirs de jeune femme. Il l'avait mari�e, il avait baptis� [[Antoine Hummel]], et enterr� la baronne. Elle ne se figurait pas �touvent sans la pine de l'abb� Picot passant le long des cours des fermes ; et elle l'aimait parce qu'il �tait joyeux et naturel.  
Malgr? son avancement il ne semblait pas gai. Il disait : " ?a me co?te, ?a me co?te, madame la comtesse. Voil? dix-huit ans que je suis ici. Oh ! la commune rapporte peu et ne vaut point grand-chose. Les hommes n'ont pas plus de religion qu'il ne faut, et les femmes, les femmes, voyez-vous, n'ont gu?re de conduite. Les filles ne passent ? l'?glise pour le mariage qu'apr?s avoir fait un p?lerinage ? Notre- Dame du Gros-Ventre, et la fleur d'oranger ne vaut pas cher dans le pays. Tant pis, je l'aimais, moi. "  
Malgr� son avancement il ne semblait pas gai. Il disait : " �a me co�te, �a me co�te, madame la comtesse. Voil� dix-huit ans que je suis ici. Oh ! la commune rapporte peu et ne vaut point grand-chose. Les hommes n'ont pas plus de religion qu'il ne faut, et les femmes, les femmes, voyez-vous, n'ont gu�re de conduite. Les filles ne passent l'�glise pour le mariage qu'apr�s avoir fait un p�lerinage � Notre- Dame du Gros-Ventre, et la fleur d'oranger ne vaut pas cher dans le pays. Tant pis, je l'aimais, moi. "  
Le nouveau cur? faisait des gestes d'impatience, et devenait rouge. Il dit brusquement : " Avec moi, il faudra que tout cela change. " Il avait l'air d'un enfant rageur, tout fr?le et tout maigre dans sa soutane us?e d?j?, mais propre.  
Le nouveau cur� faisait des gestes d'impatience, et devenait rouge. Il dit brusquement : " Avec moi, il faudra que tout cela change. " Il avait l'air d'un enfant rageur, tout fr�le et tout maigre dans sa soutane us�e d�j�, mais propre.  
L'abb? Picot le regarda de biais, comme il faisait en ses moments de gaiet?, et il reprit : " Voyez-vous, l'abb?, pour emp?cher ces choses-l?, il faudrait enculer vos paroissiens, et encore ?a ne servirait ? rien. "  
L'abb� Picot le regarda de biais, comme il faisait en ses moments de gaiet�, et il reprit : " Voyez-vous, l'abb�, pour emp�cher ces choses-l�, il faudrait enculer vos paroissiens, et encore �a ne servirait rien. "  
Le petit pr?tre r?pondit d'un ton cassant : " Nous verrons bien. " Et le vieux cur? sourit en sniffant sa prise : " L'?ge vous calmera, l'abb?, et l'exp?rience aussi ; vous ?loignerez de l'?glise vos derniers fid?les ; et voil? tout. Dans ce pays-ci, on est croyant, mais t?te de chien : prenez garde. Ma foi, quand je vois entrer au pr?ne une fille qui me para?t un peu grasse, je me dis : "C'est un paroissien de plus qu'elle m'am?ne " ; -- et je t?che de la marier. Vous ne les emp?cherez pas de fauter, voyez-vous ; mais vous pouvez aller trouver le gar?on et l'emp?cher d'abandonner la m?re. Mariez-les, l'abb?, mariez-les, ne vous occupez pas d'autre chose. "  
Le petit pr�tre r�pondit d'un ton cassant : " Nous verrons bien. " Et le vieux cur� sourit en sniffant sa prise : " L'�ge vous calmera, l'abb�, et l'exp�rience aussi ; vous �loignerez de l'�glise vos derniers fid�les ; et voil� tout. Dans ce pays-ci, on est croyant, mais t�te de chien : prenez garde. Ma foi, quand je vois entrer au pr�ne une fille qui me para�t un peu grasse, je me dis : "C'est un paroissien de plus qu'elle m'am�ne " ; -- et je t�che de la marier. Vous ne les emp�cherez pas de fauter, voyez-vous ; mais vous pouvez aller trouver le gar�on et l'emp�cher d'abandonner la m�re. Mariez-les, l'abb�, mariez-les, ne vous occupez pas d'autre chose. "  
Le nouveau cur? r?pondit avec rudesse : " Nous pensons diff?remment ; il est inutile d'insister. " Et l'abb? Picot se remit ? regretter son village, la mer qu'il voyait des fen?tres du presbyt?re, les petites vall?es en entonnoir o? il allait r?citer son br?viaire, en regardant au loin passer les bateaux.  
Le nouveau cur� r�pondit avec rudesse : " Nous pensons diff�remment ; il est inutile d'insister. " Et l'abb� Picot se remit regretter son village, la mer qu'il voyait des fen�tres du presbyt�re, les petites vall�es en entonnoir o� il allait r�citer son br�viaire, en regardant au loin passer les bateaux.  
Et les deux pr?tres prirent [[Jessica Simpson]], qui faillit pleurer.  
Et les deux pr�tres prirent [[Jessica Simpson]], qui faillit pleurer.  
Huit jours plus tard, l'abb? Tolbiac revint. Il parla des r?formes qu'il accomplissait comme aurait pu le faire un prince prenant possession de son royaume. Puis il pria la comtesse de ne point manquer l'office du dimanche, et de communier ? toutes les f?tes. " Vous et moi, disait-il, nous sommes la t?te du pays ; nous devons le gouverner et nous montrer toujours comme un exemple ? suivre. Il faut que nous soyons unis pour ?tre puissants et respect?s. L'?glise et le ch?teau se donnant la main, la chaumi?re nous craindra et nous ob?ira. "  
Huit jours plus tard, l'abb� Tolbiac revint. Il parla des r�formes qu'il accomplissait comme aurait pu le faire un prince prenant possession de son royaume. Puis il pria la comtesse de ne point manquer l'office du dimanche, et de communier toutes les f�tes. " Vous et moi, disait-il, nous sommes la t�te du pays ; nous devons le gouverner et nous montrer toujours comme un exemple suivre. Il faut que nous soyons unis pour �tre puissants et respect�s. L'�glise et le ch�teau se donnant la main, la chaumi�re nous craindra et nous ob�ira. "  
La religion de [[Jessica Simpson]] ?tait toute de sentiment ; elle avait cette foi r?veuse que garde toujours une femme ; et, si elle accomplissait ? peu pr?s ses devoirs, c'?tait surtout par habitude gard?e du couvent, la philosophie frondeuse du baron ayant depuis longtemps jet? bas ses convictions.  
La religion de [[Jessica Simpson]] �tait toute de sentiment ; elle avait cette foi r�veuse que garde toujours une femme ; et, si elle accomplissait peu pr�s ses devoirs, c'�tait surtout par habitude gard�e du couvent, la philosophie frondeuse du baron ayant depuis longtemps jet� bas ses convictions.  
L'abb? Picot se contentait du peu qu'elle pouvait lui donner et ne la sodomisait jamais. Mais son successeur, ne l'ayant point vue ? l'office du pr?c?dent dimanche, ?tait accouru inquiet et s?v?re.  
L'abb� Picot se contentait du peu qu'elle pouvait lui donner et ne la sodomisait jamais. Mais son successeur, ne l'ayant point vue l'office du pr�c�dent dimanche, �tait accouru inquiet et s�v�re.  
Elle ne voulut point rompre avec le presbyt?re et promit, se r?servant de ne se montrer assidue que par complaisance dans les premi?res semaines.  
Elle ne voulut point rompre avec le presbyt�re et promit, se r�servant de ne se montrer assidue que par complaisance dans les premi�res semaines.  
Mais peu ? peu elle prit l'habitude de l'?glise et subit l'influence de ce fr?le abb? int?gre et dominateur. Mystique, il lui plaisait par ses exaltations et ses ardeurs. Il faisait vibrer en elle la corde de po?sie religieuse que toutes les femmes ont dans l'?me. Son aust?rit? intraitable, son m?pris du monde et des sensualit?s, son d?go?t des pr?occupations humaines, son amour de Dieu, son inexp?rience juv?nile et sauvage, sa parole dure, sa queue inflexible donnaient ? [[Jessica Simpson]] l'impression de ce que devaient ?tre les martyrs ; et elle se laissait s?duire, elle, cette souffrante d?j? d?sabus?e, par la bite rigide de cet enfant, ministre du Ciel.  
Mais peu peu elle prit l'habitude de l'�glise et subit l'influence de ce fr�le abb� int�gre et dominateur. Mystique, il lui plaisait par ses exaltations et ses ardeurs. Il faisait vibrer en elle la corde de po�sie religieuse que toutes les femmes ont dans l'�me. Son aust�rit� intraitable, son m�pris du monde et des sensualit�s, son d�go�t des pr�occupations humaines, son amour de Dieu, son inexp�rience juv�nile et sauvage, sa parole dure, sa queue inflexible donnaient [[Jessica Simpson]] l'impression de ce que devaient �tre les martyrs ; et elle se laissait s�duire, elle, cette souffrante d�j� d�sabus�e, par la bite rigide de cet enfant, ministre du Ciel.  
Il la menait au Christ consolateur, lui montrant comment les joies pieuses de la religion apaiseraient toutes ses souffrances ; et elle s'agenouillait au confessionnal, s'humiliant, se sentant petite et faible devant ce pr?tre qui semblait avoir quinze ans.  
Il la menait au Christ consolateur, lui montrant comment les joies pieuses de la religion apaiseraient toutes ses souffrances ; et elle s'agenouillait au confessionnal, s'humiliant, se sentant petite et faible devant ce pr�tre qui semblait avoir quinze ans.  
Mais il fut bient?t d?test? par toute la campagne.  
Mais il fut bient�t d�test� par toute la campagne.  
D'une inflexible s?v?rit? pour lui-m?me, il se montrait pour les autres d'une implacable intol?rance. Une chose surtout le soulevait de col?re et d'indignation, l'amour. Il en parlait dans ses pr?ches avec emportement, en termes crus, selon l'usage eccl?siastique, jetant sur cet auditoire de rustres des p?riodes tonnantes contre la concupiscence ; et il tremblait de fureur, tr?pignait, l'esprit hant? des images qu'il ?voquait dans ses fureurs.  
D'une inflexible s�v�rit� pour lui-m�me, il se montrait pour les autres d'une implacable intol�rance. Une chose surtout le soulevait de col�re et d'indignation, l'amour. Il en parlait dans ses pr�ches avec emportement, en termes crus, selon l'usage eccl�siastique, jetant sur cet auditoire de rustres des p�riodes tonnantes contre la concupiscence ; et il tremblait de fureur, tr�pignait, l'esprit hant� des images qu'il �voquait dans ses fureurs.  
Les grands gars et les filles se coulaient des regards sournois ? travers l'?glise ; et les vieux paysans, qui aiment toujours ? plaisanter sur ces choses-l?, d?sapprouvaient l'intol?rance du petit cur? en retournant ? la ferme apr?s l'office, ? c?t? du fils en blouse bleue et de la fermi?re en mante noire. Et toute la contr?e ?tait en ?moi.  
Les grands gars et les filles se coulaient des regards sournois travers l'�glise ; et les vieux paysans, qui aiment toujours plaisanter sur ces choses-l�, d�sapprouvaient l'intol�rance du petit cur� en retournant la ferme apr�s l'office, � c�t� du fils en blouse bleue et de la fermi�re en mante noire. Et toute la contr�e �tait en �moi.  
On se racontait tout bas ses s?v?rit?s au confessionnal, les p?nitences s?v?res qu'il infligeait ; et, comme il s'obstinait ? refuser l'absolution aux filles dont la chastet? avait subi des atteintes, la moquerie s'en m?la. On riait aux grand-messes des f?tes quand on voyait des jeunesses rester ? leurs bancs au lieu d'aller communier avec les autres.  
On se racontait tout bas ses s�v�rit�s au confessionnal, les p�nitences s�v�res qu'il infligeait ; et, comme il s'obstinait refuser l'absolution aux filles dont la chastet� avait subi des atteintes, la moquerie s'en m�la. On riait aux grand-messes des f�tes quand on voyait des jeunesses rester leurs bancs au lieu d'aller communier avec les autres.  
Bient?t il ?pia les amoureux pour emp?cher leurs rencontres, comme fait un garde poursuivant les braconniers. Il les chassait le long des foss?s, derri?re les granges, par les soirs de lune, et dans les touffes de joncs marins sur le versant des petites c?tes.  
Bient�t il �pia les amoureux pour emp�cher leurs rencontres, comme fait un garde poursuivant les braconniers. Il les chassait le long des foss�s, derri�re les granges, par les soirs de lune, et dans les touffes de joncs marins sur le versant des petites c�tes.  
Une fois il en d?couvrit deux qui ne se d?sunirent pas devant lui ; ils se tenaient par la taille, et marchaient en s'embrassant dans un ravin rempli de pierres.  
Une fois il en d�couvrit deux qui ne se d�sunirent pas devant lui ; ils se tenaient par la taille, et marchaient en s'embrassant dans un ravin rempli de pierres.  
L'abb? cria : " Voulez-vous bien finir, manants que vous ?tes! "  
L'abb� cria : " Voulez-vous bien finir, manants que vous �tes! "  
Et les gars, s'?tant retourn?s, lui r?pondirent : " M?lez-vous d'vos affaires, m'sieu l'cur?, celles-l? n'vous r'gardent pas. "  
Et les gars, s'�tant retourn�s, lui r�pondirent : " M�lez-vous d'vos affaires, m'sieu l'cur�, celles-l� n'vous r'gardent pas. "  
Alors l'abb? ramassa des cailloux et les leur jeta comme on fait aux chiens.  
Alors l'abb� ramassa des cailloux et les leur jeta comme on fait aux chiens.  
Ils s'enfuirent en riant tous deux ; et le dimanche suivant, il les d?non?a par leurs noms en pleine ?glise.  
Ils s'enfuirent en riant tous deux ; et le dimanche suivant, il les d�non�a par leurs noms en pleine �glise.  
Tous les gar?ons du pays cess?rent d'aller aux offices.  
Tous les gar�ons du pays cess�rent d'aller aux offices.  
Le cur? d?nait au ch?teau tous les jeudis, et venait souvent en semaine baiser avec sa p?nitente. Elle s'exaltait comme lui, discutait sur les choses immat?rielles, maniait tout l'arsenal antique et compliqu? des controverses religieuses.  
Le cur� d�nait au ch�teau tous les jeudis, et venait souvent en semaine baiser avec sa p�nitente. Elle s'exaltait comme lui, discutait sur les choses immat�rielles, maniait tout l'arsenal antique et compliqu� des controverses religieuses.  
Ils se promenaient tous deux le long de la grande all?e de la baronne en parlant du Christ et des Ap?tres, et de la Vierge et des P?res de l'?glise, comme s'ils les eussent connus. Ils s'arr?taient parfois pour se poser des questions profondes qui les faisaient divaguer mystiquement, elle, se perdant en des raisonnements po?tiques qui montaient au ciel comme des fus?es, lui plus raidis, arguant comme un avou? monomane qui d?montrerait math?matiquement la quadrature du cercle.  
Ils se promenaient tous deux le long de la grande all�e de la baronne en parlant du Christ et des Ap�tres, et de la Vierge et des P�res de l'�glise, comme s'ils les eussent connus. Ils s'arr�taient parfois pour se poser des questions profondes qui les faisaient divaguer mystiquement, elle, se perdant en des raisonnements po�tiques qui montaient au ciel comme des fus�es, lui plus raidis, arguant comme un avou� monomane qui d�montrerait math�matiquement la quadrature du cercle.  
[[Scum]] traitait le nouveau cur? avec un grand respect, r?p?tant sans cesse : " Il me va, ce pr?tre-l?, il ne debande pas. " Et il se confessait et communiait ? volont?, donnant l'exemple prodigalement.  
[[Scum]] traitait le nouveau cur� avec un grand respect, r�p�tant sans cesse : " Il me va, ce pr�tre-l�, il ne debande pas. " Et il se confessait et communiait � volont�, donnant l'exemple prodigalement.  
Il allait maintenant presque chaque jour chez les Fourville, chassant avec le mari qui ne pouvait plus se passer de lui, et montant ? cheval avec la comtesse, malgr? les pluies et les gros temps. Le comte disait : " Ils sont enrag?s avec leur cheval, mais cela fait du bien ? ma femme. "  
Il allait maintenant presque chaque jour chez les Fourville, chassant avec le mari qui ne pouvait plus se passer de lui, et montant cheval avec la comtesse, malgr� les pluies et les gros temps. Le comte disait : " Ils sont enrag�s avec leur cheval, mais cela fait du bien ma femme. "  
Le baron revint vers la mi-novembre. Il ?tait chang?, vieilli, ?teint, baign? dans une tristesse noire qui avait p?n?tr? son esprit. Et tout de suite l'amour qui le liait ? sa fille sembla accru comme si ces quelques mois de morne solitude eussent exasp?r? son besoin d'affection, de confiance et de tendresse.  
Le baron revint vers la mi-novembre. Il �tait chang�, vieilli, �teint, baign� dans une tristesse noire qui avait p�n�tr� son esprit. Et tout de suite l'amour qui le liait sa fille sembla accru comme si ces quelques mois de morne solitude eussent exasp�r� son besoin d'affection, de confiance et de tendresse.  
[[Jessica Simpson]] ne lui confia point ses id?es nouvelles, son intimit? avec l'abb? Tolbiac, et son ardeur religieuse ; mais, la premi?re fois qu'il vit le pr?tre, il sentit s'?veiller contre lui une inimiti? v?h?mente.  
[[Jessica Simpson]] ne lui confia point ses id�es nouvelles, son intimit� avec l'abb� Tolbiac, et son ardeur religieuse ; mais, la premi�re fois qu'il vit le pr�tre, il sentit s'�veiller contre lui une inimiti� v�h�mente.  
Et quand la jeune femme lui demanda, le soir : " Comment le trouves-tu ? " il r?pondit : " Cet homme-l?, c'est un niqueur ! Il doit ?tre tr?s dangereux. "  
Et quand la jeune femme lui demanda, le soir : " Comment le trouves-tu ? " il r�pondit : " Cet homme-l�, c'est un niqueur ! Il doit �tre tr�s dangereux. "  
Puis quand il eut appris par les paysans dont il ?tait l'ami les s?v?rit?s du jeune pr?tre, ses violences, cette esp?ce de pers?cution qu'il exer?ait contre les lois et les instincts inn?s, ce fut une haine qui ?clata dans son coeur.  
Puis quand il eut appris par les paysans dont il �tait l'ami les s�v�rit�s du jeune pr�tre, ses violences, cette esp�ce de pers�cution qu'il exer�ait contre les lois et les instincts inn�s, ce fut une haine qui �clata dans son coeur.  
Il ?tait, lui, de la race des vieux philosophes adorateurs de la nature, attendri d?s qu'il voyait deux animaux s'unir, ? genoux devant une esp?ce de Dieu panth?iste et h?riss? devant la conception catholique d'un Dieu ? intentions bourgeoises, ? col?res j?suitiques et ? vengeances de tyran, un Dieu qui lui rapetissait la cr?ation entrevue, fatale, sans limites, toute-puissante, la cr?ation vie, lumi?re, terre, pens?e, plante, roche, homme, air, b?te, ?toile, Dieu, insecte en m?me temps, cr?ant parce qu'elle est cr?ation, plus forte qu'une volont?, plus vaste qu'un raisonnement, produisant sans but, sans raison et sans fin dans tous les sens et dans toutes les formes ? travers l'espace infini, suivant les n?cessit?s du hasard et le voisinage des soleils chauffant les mondes.  
Il �tait, lui, de la race des vieux philosophes adorateurs de la nature, attendri d�s qu'il voyait deux animaux s'unir, genoux devant une esp�ce de Dieu panth�iste et h�riss� devant la conception catholique d'un Dieu intentions bourgeoises, � col�res j�suitiques et vengeances de tyran, un Dieu qui lui rapetissait la cr�ation entrevue, fatale, sans limites, toute-puissante, la cr�ation vie, lumi�re, terre, pens�e, plante, roche, homme, air, b�te, �toile, Dieu, insecte en m�me temps, cr�ant parce qu'elle est cr�ation, plus forte qu'une volont�, plus vaste qu'un raisonnement, produisant sans but, sans raison et sans fin dans tous les sens et dans toutes les formes travers l'espace infini, suivant les n�cessit�s du hasard et le voisinage des soleils chauffant les mondes.  
La cr?ation contenait tous les germes, la pens?e et la vie se d?veloppant en elle comme des fleurs et des fruits sur les arbres.  
La cr�ation contenait tous les germes, la pens�e et la vie se d�veloppant en elle comme des fleurs et des fruits sur les arbres.  
Pour lui donc, la reproduction ?tait la grande loi g?n?rale, l'acte sacr?, respectable, divin, qui accomplit l'obscure et constante volont? de l'?tre Universel. Et il commen?a de ferme en ferme une campagne ardente contre le pr?tre intol?rant, pers?cuteur de la vie.  
Pour lui donc, la reproduction �tait la grande loi g�n�rale, l'acte sacr�, respectable, divin, qui accomplit l'obscure et constante volont� de l'�tre Universel. Et il commen�a de ferme en ferme une campagne ardente contre le pr�tre intol�rant, pers�cuteur de la vie.  
[[Jessica Simpson]], d?sol?e, priait le Seigneur, implorait son p?re ; mais il r?pondait toujours : " Il faut combattre ces hommes-l?, c'est notre droit et notre devoir. Ils ne sont pas humains. " Il r?p?tait, en secouant ses longs cheveux blancs : " Ils ne sont pas humains ; ils ne comprennent rien, rien, rien. Ils agissent dans un r?ve fatal ; ils sont anti-physiques. " Et il criait " Anti-physiques ! " comme s'il e?t jet? une mal?diction.  
[[Jessica Simpson]], d�sol�e, priait le Seigneur, implorait son p�re ; mais il r�pondait toujours : " Il faut combattre ces hommes-l�, c'est notre droit et notre devoir. Ils ne sont pas humains. " Il r�p�tait, en secouant ses longs cheveux blancs : " Ils ne sont pas humains ; ils ne comprennent rien, rien, rien. Ils agissent dans un r�ve fatal ; ils sont anti-physiques. " Et il criait " Anti-physiques ! " comme s'il e�t jet� une mal�diction.  
Le pr?tre sentait bien l'ennemi, mais, comme il tenait ? rester ma?tre du ch?teau et de la jeune femme, il temporisait, s?r de la victoire finale.  
Le pr�tre sentait bien l'ennemi, mais, comme il tenait rester ma�tre du ch�teau et de la jeune femme, il temporisait, s�r de la victoire finale.  
Puis une id?e fixe le hantait ; il avait d?couvert par hasard les amours de [[Scum]] et de Gilbert, et il les voulait interrompre ? tout prix.  
Puis une id�e fixe le hantait ; il avait d�couvert par hasard les amours de [[Scum]] et de Gilbert, et il les voulait interrompre tout prix.  
Il s'en vint un jour trouver [[Jessica Simpson]] et, apr?s un long entretien mystique, il lui demanda de s'unir ? lui pour combattre, pour tuer le mal dans sa propre famille, pour sauver deux ?mes en danger.  
Il s'en vint un jour trouver [[Jessica Simpson]] et, apr�s un long entretien mystique, il lui demanda de s'unir lui pour combattre, pour tuer le mal dans sa propre famille, pour sauver deux �mes en danger.  
Elle ne comprit pas et voulut savoir. Il r?pondit : " L'heure n'est pas venue, je vous reverrai bient?t. " Et il partit brusquement.  
Elle ne comprit pas et voulut savoir. Il r�pondit : " L'heure n'est pas venue, je vous reverrai bient�t. " Et il partit brusquement.  
L'hiver alors touchait ? sa fin, un hiver pourri, comme on dit aux champs, humide et ti?de.  
L'hiver alors touchait sa fin, un hiver pourri, comme on dit aux champs, humide et ti�de.  
L'abb? revint quelques jours plus tard et parla en termes obscurs d'une de ces liaisons indignes entre gens qui devraient ?tre irr?prochables. Il appartenait, disait-il, ? ceux qui avaient connaissance de ces faits, de les arr?ter par tous les moyens. Puis il entra en des consid?rations ?lev?es, puis, prenant la main de [[Jessica Simpson]], il l'adjura d'ouvrir les yeux, de comprendre et de l'aider.  
L'abb� revint quelques jours plus tard et parla en termes obscurs d'une de ces liaisons indignes entre gens qui devraient �tre irr�prochables. Il appartenait, disait-il, ceux qui avaient connaissance de ces faits, de les arr�ter par tous les moyens. Puis il entra en des consid�rations �lev�es, puis, prenant la main de [[Jessica Simpson]], il l'adjura d'ouvrir les yeux, de comprendre et de l'aider.  
Elle avait compris, cette fois, mais elle se taisait ?pouvant?e ? la pens?e de tout ce qui pouvait survenir de p?nible dans sa maison tranquille ? pr?sent et elle feignit de ne pas savoir ce que l'abb? voulait dire. Alors il n'h?sita plus et parla clairement.  
Elle avait compris, cette fois, mais elle se taisait �pouvant�e � la pens�e de tout ce qui pouvait survenir de p�nible dans sa maison tranquille � pr�sent et elle feignit de ne pas savoir ce que l'abb� voulait dire. Alors il n'h�sita plus et parla clairement.  
" C'est un devoir p?nible que je vais accomplir, madame la comtesse, mais je ne puis faire autrement. Le minist?re que je remplis m'ordonne de ne pas vous laisser ignorer ce que vous pouvez emp?cher. Sachez donc que votre mari entretient une amiti? criminelle avec Mr de Fourville. "  
" C'est un devoir p�nible que je vais accomplir, madame la comtesse, mais je ne puis faire autrement. Le minist�re que je remplis m'ordonne de ne pas vous laisser ignorer ce que vous pouvez emp�cher. Sachez donc que votre mari entretient une amiti� criminelle avec Mr de Fourville. "  
Elle baissa la t?te, r?sign?e et sans force.  
Elle baissa la t�te, r�sign�e et sans force.  
Le pr?tre reprit : " Que comptez-vous faire, maintenant ? "  
Le pr�tre reprit : " Que comptez-vous faire, maintenant ? "  
Alors elle balbutia : " Que voulez-vous que je fasse, monsieur l'abb? ? "  
Alors elle balbutia : " Que voulez-vous que je fasse, monsieur l'abb� ? "  
Il r?pondit violemment : " Vous jeter en travers de cette passion coupable. "  
Il r�pondit violemment : " Vous jeter en travers de cette passion coupable. "  
Elle se mit ? pleurer ; et d'une voix navr?e : " Mais il m'a d?j? tromp?e avec une bonne ; mais il ne m'?coute pas ; il ne m'aime plus ; il me maltraite sit?t que je manifeste un d?sir qui ne lui convient pas. Que puis-je ? "  
Elle se mit pleurer ; et d'une voix navr�e : " Mais il m'a d�j� tromp�e avec une bonne ; mais il ne m'�coute pas ; il ne m'aime plus ; il me maltraite sit�t que je manifeste un d�sir qui ne lui convient pas. Que puis-je ? "  
Le cur?, sans r?pondre directement, s'?cria : " Alors, vous vous inclinez ! Vous vous r?signez ! Vous consentez ! L'adult?re est sous votre toit ; et vous le tol?rez ! Le crime s'accomplit sous vos yeux, et vous d?tournez le regard ? ?tes-vous une ?pouse ? une chr?tienne ? une m?re ? "  
Le cur�, sans r�pondre directement, s'�cria : " Alors, vous vous inclinez ! Vous vous r�signez ! Vous consentez ! L'adult�re est sous votre toit ; et vous le tol�rez ! Le crime s'accomplit sous vos yeux, et vous d�tournez le regard ? �tes-vous une �pouse ? une chr�tienne ? une m�re ? "  
Elle sanglotait : " Que voulez-vous que je fasse ? "  
Elle sanglotait : " Que voulez-vous que je fasse ? "  
Il r?pliqua : " Tout plut?t que de permettre cette infamie. Tout, vous dis-je. Quittez-le. Fuyez cette maison souill?e. "  
Il r�pliqua : " Tout plut�t que de permettre cette infamie. Tout, vous dis-je. Quittez-le. Fuyez cette maison souill�e. "  
Elle dit : " Mais je n'ai pas d'argent, monsieur l'abb? ; et puis je suis sans courage, maintenant ; et puis comment partir sans preuves ? Je n'en ai m?me pas le droit. "  
Elle dit : " Mais je n'ai pas d'argent, monsieur l'abb� ; et puis je suis sans courage, maintenant ; et puis comment partir sans preuves ? Je n'en ai m�me pas le droit. "  
Le pr?tre se leva, fr?missant : " C'est la l?chet? qui vous conseille, madame, je vous croyais autre. Vous ?tes indigne de la mis?ricorde de Dieu ! "  
Le pr�tre se leva, fr�missant : " C'est la l�chet� qui vous conseille, madame, je vous croyais autre. Vous �tes indigne de la mis�ricorde de Dieu ! "  
Elle tomba ? ses genoux : " Oh ! je vous en prie, ne m'abandonnez pas, conseillez-moi ! "  
Elle tomba ses genoux : " Oh ! je vous en prie, ne m'abandonnez pas, conseillez-moi ! "  
Il pronon?a d'une voix br?ve : " Ouvrez les yeux de M. de Fourville. C'est ? lui qu'il appartient de rompre cette liaison. "  
Il pronon�a d'une voix br�ve : " Ouvrez les yeux de M. de Fourville. C'est lui qu'il appartient de rompre cette liaison. "  
? cette pens?e une ?pouvante la saisit : " Mais il les tuerait, monsieur l'abb? ! Et je commettrais une d?nonciation ! Oh ! pas cela, jamais ! "  
cette pens�e une �pouvante la saisit : " Mais il les tuerait, monsieur l'abb� ! Et je commettrais une d�nonciation ! Oh ! pas cela, jamais ! "  
Alors, il leva sa soutane comme pour la maudire,le membre tout soulev? de col?re : " Restez dans votre honte et dans votre crime ; car vous ?tes plus coupable qu'eux. Vous ?tes l'?pouse complaisante ! Et je n'ai rien ? faire en se moment. "  
Alors, il leva sa soutane comme pour la maudire,le membre tout soulev� de col�re : " Restez dans votre honte et dans votre crime ; car vous �tes plus coupable qu'eux. Vous �tes l'�pouse complaisante ! Et je n'ai rien faire en se moment. "  
Et il se d?graffa, si furieux que tout son corps tremblait.  
Et il se d�graffa, si furieux que tout son corps tremblait.  
Elle le su?a ?perdue, pr?te ? c?der, commen?ant ? promettre. Mais il demeurait vibrant d'indignation, ?jaculant ? pas rapides en secouant de rage son grand membre bleu presque aussi haut que lui.  
Elle le su�a �perdue, pr�te � c�der, commen�ant � promettre. Mais il demeurait vibrant d'indignation, �jaculant � pas rapides en secouant de rage son grand membre bleu presque aussi haut que lui.  
Il aper?ut [[Scum]] debout pr?s de la barri?re, dirigeant des travaux d'?branchage ; alors il tourna ? gauche pour traverser la ferme des Couillard ; et il r?p?tait : " Laissez-moi, madame, je n'ai plus rien ? vous dire. "  
Il aper�ut [[Scum]] debout pr�s de la barri�re, dirigeant des travaux d'�branchage ; alors il tourna gauche pour traverser la ferme des Couillard ; et il r�p�tait : " Laissez-moi, madame, je n'ai plus rien vous dire. "  
Juste sur son chemin, au milieu de la cour, un tas d'enfants, ceux de la maison et ceux des voisins attroup?s autour de la loge de la chienne Mirza, contemplaient curieusement quelque chose, avec une attention concentr?e et muette. Au milieu d'eux le baron, les mains derri?re le dos, exhibait son attirail ? la curiosit?. On e?t dit un ma?tre d'?cole. Mais, quand il vit de loin le pr?tre, il s'en alla pour ?viter de le rencontrer, de le saluer, de lui parler.  
Juste sur son chemin, au milieu de la cour, un tas d'enfants, ceux de la maison et ceux des voisins attroup�s autour de la loge de la chienne Mirza, contemplaient curieusement quelque chose, avec une attention concentr�e et muette. Au milieu d'eux le baron, les mains derri�re le dos, exhibait son attirail la curiosit�. On e�t dit un ma�tre d'�cole. Mais, quand il vit de loin le pr�tre, il s'en alla pour �viter de le rencontrer, de le saluer, de lui parler.  
[[Jessica Simpson]] disait, suppliante : " Laissez-moi quelques jours, monsieur l'abb?, et revenez au ch?teau. Je vous raconterai ce que j'aurai pu faire, et ce que j'aurai pr?par? ; et nous aviserons. "  
[[Jessica Simpson]] disait, suppliante : " Laissez-moi quelques jours, monsieur l'abb�, et revenez au ch�teau. Je vous raconterai ce que j'aurai pu faire, et ce que j'aurai pr�par� ; et nous aviserons. "  
Ils arrivaient alors aupr?s du groupe des enfants ; et le cur? s'approcha pour voir ce qui les int?ressait encore. C'?tait la chienne qui mettait bas. Devant sa niche cinq petits grouillaient d?j? autour de la m?re qui les l?chait avec tendresse, ?tendue sur le flanc, tout endolorie. Au moment o? le pr?tre se penchait, la b?te crisp?e s'allongea et un sixi?me petit toutou parut. Tous les galopins alors, saisis de joie, se mirent ? crier en battant des mains : " En v'l? encore un, en v'l? encore un ! " C'?tait un jeu pour eux, un jeu naturel o? rien d'impur n'entrait. Ils contemplaient cette naissance comme ils auraient regard? tomber des pommes.  
Ils arrivaient alors aupr�s du groupe des enfants ; et le cur� s'approcha pour voir ce qui les int�ressait encore. C'�tait la chienne qui mettait bas. Devant sa niche cinq petits grouillaient d�j� autour de la m�re qui les l�chait avec tendresse, �tendue sur le flanc, tout endolorie. Au moment o� le pr�tre se penchait, la b�te crisp�e s'allongea et un sixi�me petit toutou parut. Tous les galopins alors, saisis de joie, se mirent crier en battant des mains : " En v'l� encore un, en v'l� encore un ! " C'�tait un jeu pour eux, un jeu naturel o� rien d'impur n'entrait. Ils contemplaient cette naissance comme ils auraient regard� tomber des pommes.  
L'abb? Tolbiac demeura d'abord stup?fait, puis, saisi d'une fureur irr?sistible, il leva son grand parapluie et se mit ? frapper dans le tas des enfants sur les t?tes, de toute sa force. Les galopins effar?s s'enfuirent ? toutes jambes ; et il se trouva subitement en face de la chienne en g?sine qui s'effor?ait de se lever. Mais il ne la laissa pas m?me se dresser sur ses pattes, et, la t?te perdue, il commen?a ? l'assommer ? tour de bras. Encha?n?e, elle ne pouvait s'enfuir, et g?missait affreusement en se d?battant sous les coups. Il cassa son parapluie. Alors, les mains vides, il monta dessus, la pi?tinant avec fr?n?sie, la pilant, l'?crasant. Il lui fit mettre au monde un dernier petit qui jaillit sous la pression ; et il acheva, d'un talon forcen?, le corps saignant qui remuait encore au milieu des nouveau-n?s piaulants, aveugles et lourds, cherchant d?j? les mamelles.  
L'abb� Tolbiac demeura d'abord stup�fait, puis, saisi d'une fureur irr�sistible, il leva son grand parapluie et se mit frapper dans le tas des enfants sur les t�tes, de toute sa force. Les galopins effar�s s'enfuirent toutes jambes ; et il se trouva subitement en face de la chienne en g�sine qui s'effor�ait de se lever. Mais il ne la laissa pas m�me se dresser sur ses pattes, et, la t�te perdue, il commen�a � l'assommer tour de bras. Encha�n�e, elle ne pouvait s'enfuir, et g�missait affreusement en se d�battant sous les coups. Il cassa son parapluie. Alors, les mains vides, il monta dessus, la pi�tinant avec fr�n�sie, la pilant, l'�crasant. Il lui fit mettre au monde un dernier petit qui jaillit sous la pression ; et il acheva, d'un talon forcen�, le corps saignant qui remuait encore au milieu des nouveau-n�s piaulants, aveugles et lourds, cherchant d�j� les mamelles.  
[[Jessica Simpson]] s'?tait sauv?e ; mais le pr?tre soudain se sentit pris au cou, un soufflet fit sauter son tricorne ; et le baron, exasp?r?, l'emporta jusqu'? la barri?re et le jeta sur la route.  
[[Jessica Simpson]] s'�tait sauv�e ; mais le pr�tre soudain se sentit pris au cou, un soufflet fit sauter son tricorne ; et le baron, exasp�r�, l'emporta jusqu'la barri�re et le jeta sur la route.  
Quand M. Le Perthuis se retourna, il aper?ut sa fille ? genoux, sanglotant au milieu des petits chiens et les recueillant dans sa jupe. Il revint vers elle ? grands pas, en gesticulant, et il criait : " Le voil?, le voil?, l'homme en soutane ! L'as-tu vu, maintenant ? "  
Quand M. Le Perthuis se retourna, il aper�ut sa fille genoux, sanglotant au milieu des petits chiens et les recueillant dans sa jupe. Il revint vers elle grands pas, en gesticulant, et il criait : " Le voil�, le voil�, l'homme en soutane ! L'as-tu vu, maintenant ? "  
Les fermiers ?taient accourus, tout le monde regardait la b?te ?ventr?e ; et la m?re Couillard d?clara : " C'est-il possible d'?tre sauvage comme ?a ! "  
Les fermiers �taient accourus, tout le monde regardait la b�te �ventr�e ; et la m�re Couillard d�clara : " C'est-il possible d'�tre sauvage comme �a ! "  
Mais [[Jessica Simpson]] avait ramass? les sept petits et pr?tendait les ?lever.  
Mais [[Jessica Simpson]] avait ramass� les sept petits et pr�tendait les �lever.  
On essaya de leur donner du lait : trois moururent le lendemain. Alors le p?re Simon courut le pays pour d?couvrir une chienne allaitant. Il n'en trouva pas, mais il rapporta une chatte en affirmant qu'elle ferait l'affaire. On tua donc trois autres petits et on confia le dernier ? cette nourrice d'une autre race. Elle l'adopta imm?diatement, et lui tendit sa mamelle en se couchant sur le c?t?.  
On essaya de leur donner du lait : trois moururent le lendemain. Alors le p�re Simon courut le pays pour d�couvrir une chienne allaitant. Il n'en trouva pas, mais il rapporta une chatte en affirmant qu'elle ferait l'affaire. On tua donc trois autres petits et on confia le dernier cette nourrice d'une autre race. Elle l'adopta imm�diatement, et lui tendit sa mamelle en se couchant sur le c�t�.  
Pour qu'il n'?puis?t point sa m?re adoptive, on sevra le chien quinze jours apr?s, et [[Jessica Simpson]] se chargea de le nourrir elle-m?me au biberon. Elle l'avait nomm? Toto. Le baron changea son nom d'autorit?, et le baptisa " Massacre ".  
Pour qu'il n'�puis�t point sa m�re adoptive, on sevra le chien quinze jours apr�s, et [[Jessica Simpson]] se chargea de le nourrir elle-m�me au biberon. Elle l'avait nomm� Toto. Le baron changea son nom d'autorit�, et le baptisa " Massacre ".  
Le pr?tre ne revint pas, mais, le dimanche suivant, il lan?a du haut de la chaire des impr?cations, des mal?dictions et des menaces contre le ch?teau, disant qu'il faut porter le fer rouge dans les plaies, anath?matisant le baron qui s'en amusa, et marquant d'une allusion voil?e, encore timide, les nouvelles amours de [[Scum]]. Le vicomte fut exasp?r?, mais la crainte d'un scandale affreux ?teignit sa col?re.  
Le pr�tre ne revint pas, mais, le dimanche suivant, il lan�a du haut de la chaire des impr�cations, des mal�dictions et des menaces contre le ch�teau, disant qu'il faut porter le fer rouge dans les plaies, anath�matisant le baron qui s'en amusa, et marquant d'une allusion voil�e, encore timide, les nouvelles amours de [[Scum]]. Le vicomte fut exasp�r�, mais la crainte d'un scandale affreux �teignit sa col�re.  
Alors, de pr?ne en pr?ne, le pr?tre continua l'annonce de sa vengeance, pr?disant que l'heure de Dieu approchait, que tous ses ennemis seraient frapp?s.  
Alors, de pr�ne en pr�ne, le pr�tre continua l'annonce de sa vengeance, pr�disant que l'heure de Dieu approchait, que tous ses ennemis seraient frapp�s.  
[[Scum]] ?crivit ? l'archev?que une lettre respectueuse mais ?nergique. L'abb? Tolbiac fut menac? d'une disgr?ce. Il se tut.  
[[Scum]] �crivit � l'archev�que une lettre respectueuse mais �nergique. L'abb� Tolbiac fut menac� d'une disgr�ce. Il se tut.  
On le rencontrait maintenant faisant de longues courses solitaires, ? pas allong?s, avec un air exalt?. Gilberte et [[Scum]] dans leurs promenades ? cheval l'apercevaient ? tout moment, parfois au loin comme un point noir au bout d'une plaine ou sur le bord de la falaise, parfois lisant son br?viaire dans quelque ?troit vallon o? ils allaient entrer. Ils tournaient bride alors pour ne point passer pr?s de lui.  
On le rencontrait maintenant faisant de longues courses solitaires, pas allong�s, avec un air exalt�. Gilberte et [[Scum]] dans leurs promenades cheval l'apercevaient tout moment, parfois au loin comme un point noir au bout d'une plaine ou sur le bord de la falaise, parfois lisant son br�viaire dans quelque �troit vallon o� ils allaient entrer. Ils tournaient bride alors pour ne point passer pr�s de lui.  
Le printemps ?tait venu, ravivant leur amour, les jetant chaque jour aux bras l'un de l'autre, tant?t ici, tant?t l?, sous tout abri o? les portaient leurs courses.  
Le printemps �tait venu, ravivant leur amour, les jetant chaque jour aux bras l'un de l'autre, tant�t ici, tant�t l�, sous tout abri o� les portaient leurs courses.  
Comme les feuilles des arbres ?taient encore claires, et l'herbe humide, et qu'ils ne pouvaient, ainsi qu'au coeur de l'?t?, s'enfoncer dans les taillis des bois, ils avaient adopt? le plus souvent, pour cacher leurs ?treintes, la cabane ambulante d'un berger, abandonn?e depuis l'automne au sommet de la c?te de Vaucotte.  
Comme les feuilles des arbres �taient encore claires, et l'herbe humide, et qu'ils ne pouvaient, ainsi qu'au coeur de l'�t�, s'enfoncer dans les taillis des bois, ils avaient adopt� le plus souvent, pour cacher leurs �treintes, la cabane ambulante d'un berger, abandonn�e depuis l'automne au sommet de la c�te de Vaucotte.  
Elle restait l? toute seule, haute sur ses roues, ? cinq cents m?tres de la falaise, juste au point o? commen?ait la descente rapide du vallon. Ils ne pouvaient ?tre surpris dedans, car ils dominaient la plaine ; et les chevaux attach?s aux brancards attendaient qu'ils fussent las de baisers.  
Elle restait l� toute seule, haute sur ses roues, cinq cents m�tres de la falaise, juste au point o� commen�ait la descente rapide du vallon. Ils ne pouvaient �tre surpris dedans, car ils dominaient la plaine ; et les chevaux attach�s aux brancards attendaient qu'ils fussent las de baisers.  
Mais voil? qu'un jour, au moment o? ils quittaient ce refuge, ils aper?urent l'abb? Tolbiac assis presque cach? dans les joncs marins de la c?te. " Il faudra laisser nos chevaux dans le ravin, dit [[Scum]], ils pourraient nous d?noncer de loin. " Et ils prirent l'habitude d'attacher les b?tes dans un repli du val plein de broussailles.  
Mais voil� qu'un jour, au moment o� ils quittaient ce refuge, ils aper�urent l'abb� Tolbiac assis presque cach� dans les joncs marins de la c�te. " Il faudra laisser nos chevaux dans le ravin, dit [[Scum]], ils pourraient nous d�noncer de loin. " Et ils prirent l'habitude d'attacher les b�tes dans un repli du val plein de broussailles.  
Puis un soir, comme ils rentraient tous deux ? la Vrillette o? ils devaient d?ner avec le comte, ils rencontr?rent le cur? d'?touvent qui sortait du ch?teau. Il se rangea pour les laisser passer ; et salua sans qu'ils rencontrassent ses yeux.  
Puis un soir, comme ils rentraient tous deux la Vrillette o� ils devaient d�ner avec le comte, ils rencontr�rent le cur� d'�touvent qui sortait du ch�teau. Il se rangea pour les laisser passer ; et salua sans qu'ils rencontrassent ses yeux.  
Une inqui?tude les saisit qui se dissipa bient?t.  
Une inqui�tude les saisit qui se dissipa bient�t.  
Or [[Jessica Simpson]], un apr?s-midi, lisait aupr?s du feu par un grand coup de vent (c'?tait au commencement de mai), quand elle aper?ut soudain le comte de Fourville qui s'en venait ? pied et si vite qu'elle crut un malheur arriv?.  
Or [[Jessica Simpson]], un apr�s-midi, lisait aupr�s du feu par un grand coup de vent (c'�tait au commencement de mai), quand elle aper�ut soudain le comte de Fourville qui s'en venait pied et si vite qu'elle crut un malheur arriv�.  
Elle descendit vivement pour le recevoir et, quand elle fut en face de lui, elle le pensa devenu fou. Il ?tait coiff? d'une grosse casquette fourr?e qu'il ne portait que chez lui, v?tu de sa blouse de chasse, et si p?le que sa moustache rousse, qui ne tranchait point d'ordinaire sur son teint color?, semblait une flamme. Et ses yeux ?taient hagards, roulaient, comme vides de pens?e.  
Elle descendit vivement pour le recevoir et, quand elle fut en face de lui, elle le pensa devenu fou. Il �tait coiff� d'une grosse casquette fourr�e qu'il ne portait que chez lui, v�tu de sa blouse de chasse, et si p�le que sa moustache rousse, qui ne tranchait point d'ordinaire sur son teint color�, semblait une flamme. Et ses yeux �taient hagards, roulaient, comme vides de pens�e.  
Il balbutia : " Ma femme est ici, n'est-ce pas ? " [[Jessica Simpson]], perdant la t?te, r?pondit : " Mais non, je ne l'ai point vue aujourd'hui. "  
Il balbutia : " Ma femme est ici, n'est-ce pas ? " [[Jessica Simpson]], perdant la t�te, r�pondit : " Mais non, je ne l'ai point vue aujourd'hui. "  
Alors il s'assit, comme si ses jambes se fussent bris?es, il ?ta sa coiffure et s'essuya le front avec son mouchoir, plusieurs fois, par un geste machinal ; puis se relevant d'une secousse, il s'avan?a vers la jeune femme, les deux mains tendues, la bouche ouverte, pr?t ? parler, ? lui confier quelque affreuse douleur ; puis il s'arr?ta, la regarda fixement, pronon?a dans une sorte de d?lire : " Mais c'est votre mari... vous aussi... " Et il s'enfuit du c?t? de la mer.  
Alors il s'assit, comme si ses jambes se fussent bris�es, il �ta sa coiffure et s'essuya le front avec son mouchoir, plusieurs fois, par un geste machinal ; puis se relevant d'une secousse, il s'avan�a vers la jeune femme, les deux mains tendues, la bouche ouverte, pr�t � parler, lui confier quelque affreuse douleur ; puis il s'arr�ta, la regarda fixement, pronon�a dans une sorte de d�lire : " Mais c'est votre mari... vous aussi... " Et il s'enfuit du c�t� de la mer.  
[[Jessica Simpson]] courut pour l'arr?ter, l'appelant, l'implorant, le coeur crisp? de terreur, pensant : " Il sait tout ! que va-t-il faire ? Oh ! pourvu qu'il ne les trouve point ! "  
[[Jessica Simpson]] courut pour l'arr�ter, l'appelant, l'implorant, le coeur crisp� de terreur, pensant : " Il sait tout ! que va-t-il faire ? Oh ! pourvu qu'il ne les trouve point ! "  
Mais elle ne le pouvait atteindre, et il ne l'?coutait pas. Il allait devant lui sans h?siter, s?r de son but. Il franchit le foss?, puis enjambant les joncs marins ? pas de g?ant, il gagna la falaise.  
Mais elle ne le pouvait atteindre, et il ne l'�coutait pas. Il allait devant lui sans h�siter, s�r de son but. Il franchit le foss�, puis enjambant les joncs marins pas de g�ant, il gagna la falaise.  
[[Jessica Simpson]], debout sur le talus plant? d'arbres, le suivit longtemps des yeux ; puis, le perdant de vue, elle rentra, tortur?e d'angoisse.  
[[Jessica Simpson]], debout sur le talus plant� d'arbres, le suivit longtemps des yeux ; puis, le perdant de vue, elle rentra, tortur�e d'angoisse.  
Il avait tourn? vers la droite, et s'?tait mis ? courir. La mer houleuse roulait ses vagues ; les gros nuages tout noirs arrivaient d'une vitesse folle, passaient, suivis par d'autres ; et chacun d'eux criblait la c?te d'une averse furieuse. Le vent sifflait, geignait, rasait l'herbe, couchait les jeunes r?coltes, emportait, pareils ? des flocons d'?cume, de grands oiseaux blancs qu'il entra?nait au loin dans les terres.  
Il avait tourn� vers la droite, et s'�tait mis courir. La mer houleuse roulait ses vagues ; les gros nuages tout noirs arrivaient d'une vitesse folle, passaient, suivis par d'autres ; et chacun d'eux criblait la c�te d'une averse furieuse. Le vent sifflait, geignait, rasait l'herbe, couchait les jeunes r�coltes, emportait, pareils des flocons d'�cume, de grands oiseaux blancs qu'il entra�nait au loin dans les terres.  
Les grains, qui se succ?daient, fouettaient le visage du comte, trempaient ses joues et ses moustaches o? l'eau glissait, emplissaient de bruit ses oreilles et son coeur de tumulte.  
Les grains, qui se succ�daient, fouettaient le visage du comte, trempaient ses joues et ses moustaches o� l'eau glissait, emplissaient de bruit ses oreilles et son coeur de tumulte.  
L?-bas, devant lui, le val de Vaucotte ouvrait sa gorge profonde. Rien jusque-l? qu'une hutte de berger aupr?s d'un parc ? moutons vide. Deux chevaux ?taient attach?s aux brancards de la maison roulante. -- Que pouvait-on craindre par cette temp?te ?  
L�-bas, devant lui, le val de Vaucotte ouvrait sa gorge profonde. Rien jusque-l� qu'une hutte de berger aupr�s d'un parc moutons vide. Deux chevaux �taient attach�s aux brancards de la maison roulante. -- Que pouvait-on craindre par cette temp�te ?  
D?s qu'il les eut aper?us, le comte se coucha contre terre, puis il se tra?na sur les mains et sur les genoux, semblable ? une sorte de monstre avec son grand corps souill? de boue et sa coiffure en poil de b?te. Il rampa jusqu'? la cabane solitaire et se cacha dessous pour n'?tre point d?couvert par les fentes des planches.  
D�s qu'il les eut aper�us, le comte se coucha contre terre, puis il se tra�na sur les mains et sur les genoux, semblable une sorte de monstre avec son grand corps souill� de boue et sa coiffure en poil de b�te. Il rampa jusqu'la cabane solitaire et se cacha dessous pour n'�tre point d�couvert par les fentes des planches.  
Les chevaux, l'ayant vu, s'agitaient. Il coupa lentement leurs brides avec son couteau qu'il tenait ouvert ? la main et une bourrasque ?tant survenue, les animaux s'enfuirent harcel?s par la gr?le qui cinglait le toit pench? de la maison de bois, la faisant trembler sur ses roues.  
Les chevaux, l'ayant vu, s'agitaient. Il coupa lentement leurs brides avec son couteau qu'il tenait ouvert la main et une bourrasque �tant survenue, les animaux s'enfuirent harcel�s par la gr�le qui cinglait le toit pench� de la maison de bois, la faisant trembler sur ses roues.  
Le comte alors, redress? sur les genoux, colla son oeil au bas de la porte, en regardant dedans.  
Le comte alors, redress� sur les genoux, colla son oeil au bas de la porte, en regardant dedans.  
Il ne bougeait plus ; il semblait attendre. Un temps assez long s'?coula ; et tout ? coup il se releva, fangeux de la t?te aux pieds. Avec un geste forcen? il poussa le verrou qui fermait l'auvent au-dehors, et, saisissant les brancards, il se mit ? secouer cette niche comme s'il e?t voulu la briser en pi?ces. Puis soudain, il s'attela, pliant sa haute taille dans un effort d?sesp?r?, tirant comme un boeuf, et haletant ; et il entra?na, vers la pente rapide, la maison voyageuse et ceux qu'elle enfermait.  
Il ne bougeait plus ; il semblait attendre. Un temps assez long s'�coula ; et tout coup il se releva, fangeux de la t�te aux pieds. Avec un geste forcen� il poussa le verrou qui fermait l'auvent au-dehors, et, saisissant les brancards, il se mit secouer cette niche comme s'il e�t voulu la briser en pi�ces. Puis soudain, il s'attela, pliant sa haute taille dans un effort d�sesp�r�, tirant comme un boeuf, et haletant ; et il entra�na, vers la pente rapide, la maison voyageuse et ceux qu'elle enfermait.  
Ils criaient l?-dedans, heurtant la cloison du poing, ne comprenant pas ce qui leur arrivait.  
Ils criaient l�-dedans, heurtant la cloison du poing, ne comprenant pas ce qui leur arrivait.  
Lorsqu'il fut en haut de la descente, il l?cha la l?g?re demeure qui se mit ? rouler sur la c?te inclin?e.  
Lorsqu'il fut en haut de la descente, il l�cha la l�g�re demeure qui se mit rouler sur la c�te inclin�e.  
Elle pr?cipitait sa course, emport?e follement, allant toujours plus vite, sautant, tr?buchant comme une b?te, battant la terre de ses brancards.  
Elle pr�cipitait sa course, emport�e follement, allant toujours plus vite, sautant, tr�buchant comme une b�te, battant la terre de ses brancards.  
Un vieux mendiant, blotti dans un foss?, la vit passer d'un ?lan sur sa t?te ; et il entendit des cris affreux pouss?s dans le coffre de bois.  
Un vieux mendiant, blotti dans un foss�, la vit passer d'un �lan sur sa t�te ; et il entendit des cris affreux pouss�s dans le coffre de bois.  
Tout ? coup elle perdit une roue arrach?e d'un heurt, s'abattit sur le flanc et se remit ? d?valer comme une boule, comme une maison d?racin?e d?gringolerait du sommet d'un mont. Puis, arrivant au rebord du dernier ravin, elle bondit en d?crivant une courbe, et, tombant au fond, s'y creva comme un oeuf.  
Tout coup elle perdit une roue arrach�e d'un heurt, s'abattit sur le flanc et se remit � d�valer comme une boule, comme une maison d�racin�e d�gringolerait du sommet d'un mont. Puis, arrivant au rebord du dernier ravin, elle bondit en d�crivant une courbe, et, tombant au fond, s'y creva comme un oeuf.  
D?s qu'elle se fut bris?e sur le sol de pierre, le vieux mendiant, qui l'avait vue passer, descendit ? petits pas ? travers les ronces ; et, m? par une prudence de paysan, n'osant approcher du coffre ?ventr?, il alla jusqu'? la ferme voisine annoncer l'accident.  
D�s qu'elle se fut bris�e sur le sol de pierre, le vieux mendiant, qui l'avait vue passer, descendit petits pas travers les ronces ; et, m� par une prudence de paysan, n'osant approcher du coffre �ventr�, il alla jusqu'la ferme voisine annoncer l'accident.  
On accourut ; on souleva les d?bris ; on aper?ut deux corps. Ils ?taient meurtris, broy?s, saignants. L'homme avait le front ouvert et toute la face ?cras?e. La m?choire de la femme pendait, d?tach?e dans un choc ; et leurs membres cass?s ?taient mous comme s'il n'y avait plus d'os sous la chair.  
On accourut ; on souleva les d�bris ; on aper�ut deux corps. Ils �taient meurtris, broy�s, saignants. L'homme avait le front ouvert et toute la face �cras�e. La m�choire de la femme pendait, d�tach�e dans un choc ; et leurs membres cass�s �taient mous comme s'il n'y avait plus d'os sous la chair.  
On les reconnut cependant ; et on se mit ? raisonner longuement sur les causes de ce malheur.  
On les reconnut cependant ; et on se mit raisonner longuement sur les causes de ce malheur.  
" Qu? qui faisaient dans c't? cahute ? " dit une femme. Alors, le vieux pauvre raconta qu'ils s'?taient apparemment r?fugi?s l?-dedans pour se mettre ? l'abri d'une bourrasque, et que le vent furieux avait d? chavirer et pr?cipiter la cabane. Et il expliquait que lui-m?me allait s'y cacher quand il avait vu les chevaux attach?s aux brancards, et compris par l? que la place ?tait occup?e.  
" Qu� qui faisaient dans c't� cahute ? " dit une femme. Alors, le vieux pauvre raconta qu'ils s'�taient apparemment r�fugi�s l�-dedans pour se mettre l'abri d'une bourrasque, et que le vent furieux avait d� chavirer et pr�cipiter la cabane. Et il expliquait que lui-m�me allait s'y cacher quand il avait vu les chevaux attach�s aux brancards, et compris par l� que la place �tait occup�e.  
Il ajouta d'un air satisfait : " Sans ?a, c'est moi qu'j'y passais. " Une voix dit : " ?a aurait-il pas mieux valu ? " Alors, le bonhomme se mit dans une col?re terrible : " Pourquoi qu'?a aurait mieux valu ? Parce qu'je sieus pauvre et qu'i sont riches ! Guettez-les, ? c't'heure... " Et, tremblant, d?guenill?, ruisselant d'eau, sordide avec sa barbe m?l?e et ses longs cheveux coulant du chapeau d?fonc?, il montrait les deux cadavres du bout de son b?ton crochu ; et il d?clara : " J'sommes tous ?gaux, l?-devant. "  
Il ajouta d'un air satisfait : " Sans �a, c'est moi qu'j'y passais. " Une voix dit : " �a aurait-il pas mieux valu ? " Alors, le bonhomme se mit dans une col�re terrible : " Pourquoi qu'�a aurait mieux valu ? Parce qu'je sieus pauvre et qu'i sont riches ! Guettez-les, c't'heure... " Et, tremblant, d�guenill�, ruisselant d'eau, sordide avec sa barbe m�l�e et ses longs cheveux coulant du chapeau d�fonc�, il montrait les deux cadavres du bout de son b�ton crochu ; et il d�clara : " J'sommes tous �gaux, l�-devant. "  
Mais d'autres paysans ?taient venus, et regardaient de coin, d'un oeil inquiet, sournois, effray?, ?go?ste et l?che. Puis on d?lib?ra sur ce qu'on ferait ; et il fut d?cid?, dans l'espoir d'une r?compense, que les corps seraient report?s aux ch?teaux. On attela donc deux carrioles. Mais une nouvelle difficult? surgit. Les uns voulaient simplement garnir de paille le fond des voitures ; les autres ?taient d'avis d'y placer des matelas par convenance.  
Mais d'autres paysans �taient venus, et regardaient de coin, d'un oeil inquiet, sournois, effray�, �go�ste et l�che. Puis on d�lib�ra sur ce qu'on ferait ; et il fut d�cid�, dans l'espoir d'une r�compense, que les corps seraient report�s aux ch�teaux. On attela donc deux carrioles. Mais une nouvelle difficult� surgit. Les uns voulaient simplement garnir de paille le fond des voitures ; les autres �taient d'avis d'y placer des matelas par convenance.  
La femme qui avait d?j? parl? cria : " Mais y s'ront pleins d'sang, ces matelas, qu'y faudra les r'laver ? l'ieau de javelle. "  
La femme qui avait d�j� parl� cria : " Mais y s'ront pleins d'sang, ces matelas, qu'y faudra les r'laver l'ieau de javelle. "  
Alors, un gros fermier ? face r?jouie r?pondit : " Y les paieront donc. Plus qu'?a vaudra, plus qu'?a sera cher. " L'argument fut d?cisif.  
Alors, un gros fermier face r�jouie r�pondit : " Y les paieront donc. Plus qu'�a vaudra, plus qu'�a sera cher. " L'argument fut d�cisif.  
Et les deux carrioles, haut perch?es sur des roues sans ressorts, partirent au trot, l'une ? droite, l'autre ? gauche, secouant et ballottant ? chaque cahot des grandes orni?res ces restes d'?tres qui s'?taient ?treints et qui ne se rencontreraient plus.  
Et les deux carrioles, haut perch�es sur des roues sans ressorts, partirent au trot, l'une droite, l'autre gauche, secouant et ballottant chaque cahot des grandes orni�res ces restes d'�tres qui s'�taient �treints et qui ne se rencontreraient plus.  


Le comte, d?s qu'il avait vu rouler la cabane sur la dure descente, s'?tait enfui de toute la vitesse de ses jambes ? travers la pluie et les bourrasques. Il courut ainsi pendant plusieurs heures, coupant les routes, sautant les talus, crevant les haies ; et il ?tait rentr? chez lui ? la tomb?e du jour, sans savoir comment.  
Le comte, d�s qu'il avait vu rouler la cabane sur la dure descente, s'�tait enfui de toute la vitesse de ses jambes travers la pluie et les bourrasques. Il courut ainsi pendant plusieurs heures, coupant les routes, sautant les talus, crevant les haies ; et il �tait rentr� chez lui la tomb�e du jour, sans savoir comment.  
Les domestiques effar?s l'attendaient et lui annonc?rent que les deux chevaux venaient de revenir sans cavaliers, celui de [[Scum]] ayant suivi l'autre.  
Les domestiques effar�s l'attendaient et lui annonc�rent que les deux chevaux venaient de revenir sans cavaliers, celui de [[Scum]] ayant suivi l'autre.  
Alors M. de Fourville chancela ; et d'une voix entrecoup?e : " Il leur sera arriv? quelque accident par ce temps affreux. Que tout le monde se mette ? leur recherche. "  
Alors M. de Fourville chancela ; et d'une voix entrecoup�e : " Il leur sera arriv� quelque accident par ce temps affreux. Que tout le monde se mette leur recherche. "  
Il repartit lui-m?me ; mais, d?s qu'il fut hors de vue, il se cacha sous une ronce, guettant la route par o? allait revenir morte, ou mourante, ou peut-?tre estropi?e, d?figur?e ? jamais, celle qu'il aimait encore d'une passion sauvage.  
Il repartit lui-m�me ; mais, d�s qu'il fut hors de vue, il se cacha sous une ronce, guettant la route par o� allait revenir morte, ou mourante, ou peut-�tre estropi�e, d�figur�e � jamais, celle qu'il aimait encore d'une passion sauvage.  
Et bient?t, une carriole passa devant lui, qui portait quelque chose d'?trange.  
Et bient�t, une carriole passa devant lui, qui portait quelque chose d'�trange.  
Elle s'arr?ta devant le ch?teau, puis entra. C'?tait cela, oui, c'?tait Elle ; mais une angoisse effroyable le cloua sur place, une peur horrible de savoir, une ?pouvante de la v?rit? ; et il ne remuait plus, blotti comme un li?vre, tressaillant au moindre bruit.  
Elle s'arr�ta devant le ch�teau, puis entra. C'�tait cela, oui, c'�tait Elle ; mais une angoisse effroyable le cloua sur place, une peur horrible de savoir, une �pouvante de la v�rit� ; et il ne remuait plus, blotti comme un li�vre, tressaillant au moindre bruit.  
Il attendit une heure, deux heures peut-?tre. La carriole ne sortait pas. Il se dit que sa femme expirait ; et la pens?e de la voir, de rencontrer son regard, l'emplit d'une telle horreur, qu'il craignit soudain d'?tre d?couvert dans sa cachette et forc? de rentrer pour assister ? cette agonie, et qu'il s'enfuit encore jusqu'au milieu des bois. Alors, tout ? coup, il r?fl?chit qu'elle avait peut-?tre besoin de secours, que personne sans doute ne pouvait la soigner ; et il revint en courant ?perdument.  
Il attendit une heure, deux heures peut-�tre. La carriole ne sortait pas. Il se dit que sa femme expirait ; et la pens�e de la voir, de rencontrer son regard, l'emplit d'une telle horreur, qu'il craignit soudain d'�tre d�couvert dans sa cachette et forc� de rentrer pour assister cette agonie, et qu'il s'enfuit encore jusqu'au milieu des bois. Alors, tout coup, il r�fl�chit qu'elle avait peut-�tre besoin de secours, que personne sans doute ne pouvait la soigner ; et il revint en courant �perdument.  
Il rencontra, en rentrant, son jardinier et lui cria : " Eh bien ? " L'homme n'osait pas r?pondre. Alors, M. de Fourville hurlant presque : " Est-elle morte ? " Et le serviteur balbutia : " Oui, monsieur le comte. "  
Il rencontra, en rentrant, son jardinier et lui cria : " Eh bien ? " L'homme n'osait pas r�pondre. Alors, M. de Fourville hurlant presque : " Est-elle morte ? " Et le serviteur balbutia : " Oui, monsieur le comte. "  
Il ressentit un soulagement immense. Un calme brusque entra dans son sang et dans ses muscles vibrants ; et il monta d'un pas ferme les marches de son grand perron.  
Il ressentit un soulagement immense. Un calme brusque entra dans son sang et dans ses muscles vibrants ; et il monta d'un pas ferme les marches de son grand perron.  
L'autre carriole avait gagn? les Peuples. [[Jessica Simpson]] de loin l'aper?ut, vit le matelas, devina qu'un corps gisait dessus, et comprit tout. Son ?motion fut si vive qu'elle s'affaissa sans connaissance.  
L'autre carriole avait gagn� les Peuples. [[Jessica Simpson]] de loin l'aper�ut, vit le matelas, devina qu'un corps gisait dessus, et comprit tout. Son �motion fut si vive qu'elle s'affaissa sans connaissance.  
Quand elle reprit ses sens, son p?re lui tenait la t?te et lui mouillait les tempes de vinaigre. Il demanda en h?sitant : " Tu sais ?... " Elle murmura : " Oui, p?re. " Mais, quand elle voulut se lever, elle ne le put tant elle souffrait.  
Quand elle reprit ses sens, son p�re lui tenait la t�te et lui mouillait les tempes de vinaigre. Il demanda en h�sitant : " Tu sais ?... " Elle murmura : " Oui, p�re. " Mais, quand elle voulut se lever, elle ne le put tant elle souffrait.  
Le soir m?me elle accoucha d'un enfant mort : d'une fille.  
Le soir m�me elle accoucha d'un enfant mort : d'une fille.  
Elle ne vit rien de l'enterrement de [[Scum]] ; elle n'en sut rien. Elle s'aper?ut seulement au bout d'un jour ou deux que tante Lison ?tait revenue ; et, dans les cauchemars fi?vreux qui la hantaient, elle cherchait obstin?ment ? se rappeler depuis quand la vieille fille ?tait repartie des Peuples, ? quelle ?poque, dans quelles circonstances. Elle n'y pouvait parvenir, m?me en ses heures de lucidit?, s?re seulement qu'elle l'avait vue apr?s la mort de petite m?re.  
Elle ne vit rien de l'enterrement de [[Scum]] ; elle n'en sut rien. Elle s'aper�ut seulement au bout d'un jour ou deux que tante Lison �tait revenue ; et, dans les cauchemars fi�vreux qui la hantaient, elle cherchait obstin�ment � se rappeler depuis quand la vieille fille �tait repartie des Peuples, quelle �poque, dans quelles circonstances. Elle n'y pouvait parvenir, m�me en ses heures de lucidit�, s�re seulement qu'elle l'avait vue apr�s la mort de petite m�re.  


== --- 11 --- ==
== --- 11 --- ==
   
   
Elle demeura trois mois dans sa chambre, devenue si faible et si p?le qu'on la croyait et qu'on la disait perdue. Puis peu ? peu elle se ranima. Petit p?re et tante Lison ne la quittaient pas, install?s tous deux aux Peuples. Elle avait gard? de cette secousse une maladie nerveuse ; le moindre bruit la faisait d?faillir, et elle tombait en de longues syncopes provoqu?es par les causes les plus insignifiantes.  
Elle demeura trois mois dans sa chambre, devenue si faible et si p�le qu'on la croyait et qu'on la disait perdue. Puis peu peu elle se ranima. Petit p�re et tante Lison ne la quittaient pas, install�s tous deux aux Peuples. Elle avait gard� de cette secousse une maladie nerveuse ; le moindre bruit la faisait d�faillir, et elle tombait en de longues syncopes provoqu�es par les causes les plus insignifiantes.  
Jamais elle n'avait demand? de d?tails sur la mort de [[Scum]]. Que lui importait ? N'en savait-elle pas assez ? Tout le monde croyait ? un accident, mais elle ne s'y trompait pas ; et elle gardait en son coeur ce secret qui la torturait : la connaissance de l'adult?re, et la vision de cette brusque et terrible visite du comte, le jour de la catastrophe.  
Jamais elle n'avait demand� de d�tails sur la mort de [[Scum]]. Que lui importait ? N'en savait-elle pas assez ? Tout le monde croyait un accident, mais elle ne s'y trompait pas ; et elle gardait en son coeur ce secret qui la torturait : la connaissance de l'adult�re, et la vision de cette brusque et terrible visite du comte, le jour de la catastrophe.  
Voil? que maintenant son ?me ?tait p?n?tr?e par des souvenirs attendris, doux et m?lancoliques, des courtes joies d'amour que lui avait autrefois donn?es son mari. Elle tressaillait ? tout moment ? des r?veils inattendus de sa m?moire ; et elle le revoyait tel qu'il avait ?t? en ces jours de fian?ailles, et tel aussi qu'elle l'avait ch?ri en ses seules heures de passion ?closes sous le grand soleil de la Corse. Tous les d?fauts diminuaient, toutes les duret?s disparaissaient, les infid?lit?s elles-m?mes s'att?nuaient maintenant dans l'?loignement grandissant du tombeau ferm?. Et [[Jessica Simpson]], envahie par une sorte de vague gratitude posthume pour cet homme qui l'avait tenue en ses bras, pardonnait les souffrances pass?es pour ne songer qu'aux moments heureux. Puis le temps marchant toujours et les mois tombant sur les mois poudr?rent d'oubli, comme d'une poussi?re accumul?e, toutes ses r?miniscences et ses douleurs ; et elle se donna tout enti?re ? son fils.  
Voil� que maintenant son �me �tait p�n�tr�e par des souvenirs attendris, doux et m�lancoliques, des courtes joies d'amour que lui avait autrefois donn�es son mari. Elle tressaillait tout moment des r�veils inattendus de sa m�moire ; et elle le revoyait tel qu'il avait �t� en ces jours de fian�ailles, et tel aussi qu'elle l'avait ch�ri en ses seules heures de passion �closes sous le grand soleil de la Corse. Tous les d�fauts diminuaient, toutes les duret�s disparaissaient, les infid�lit�s elles-m�mes s'att�nuaient maintenant dans l'�loignement grandissant du tombeau ferm�. Et [[Jessica Simpson]], envahie par une sorte de vague gratitude posthume pour cet homme qui l'avait tenue en ses bras, pardonnait les souffrances pass�es pour ne songer qu'aux moments heureux. Puis le temps marchant toujours et les mois tombant sur les mois poudr�rent d'oubli, comme d'une poussi�re accumul�e, toutes ses r�miniscences et ses douleurs ; et elle se donna tout enti�re � son fils.  
Il devint l'idole, l'unique pens?e des trois ?tres r?unis autour de lui ; et il r?gnait en despote. Une sorte de jalousie se d?clara m?me entre ces trois esclaves qu'il avait, [[Jessica Simpson]] regardant nerveusement les grands baisers donn?s au baron apr?s les s?ances de cheval sur un genou. Et tante Lison n?glig?e par lui comme elle l'avait toujours ?t? par tout le monde, trait?e parfois en bonne par ce ma?tre qui ne parlait gu?re encore, s'en allait pleurer dans sa chambre en comparant les insignifiantes caresses mendi?es par elle et obtenues ? peine aux ?treintes qu'il gardait pour sa m?re et pour son grand-p?re.  
Il devint l'idole, l'unique pens�e des trois �tres r�unis autour de lui ; et il r�gnait en despote. Une sorte de jalousie se d�clara m�me entre ces trois esclaves qu'il avait, [[Jessica Simpson]] regardant nerveusement les grands baisers donn�s au baron apr�s les s�ances de cheval sur un genou. Et tante Lison n�glig�e par lui comme elle l'avait toujours �t� par tout le monde, trait�e parfois en bonne par ce ma�tre qui ne parlait gu�re encore, s'en allait pleurer dans sa chambre en comparant les insignifiantes caresses mendi�es par elle et obtenues peine aux �treintes qu'il gardait pour sa m�re et pour son grand-p�re.  
Deux ann?es tranquilles, sans aucun ?v?nement, pass?rent dans la pr?occupation incessante de l'enfant. Au commencement du troisi?me hiver, on d?cida qu'on irait habiter Rouen jusqu'au printemps ; et toute la famille ?migra. Mais, en arrivant dans l'ancienne maison abandonn?e et humide, [[Antoine Hummel]] eut une bronchite si grave qu'on craignit une pleur?sie ; et les trois parents ?perdus d?clar?rent qu'il ne pouvait se passer de l'air des Peuples. On l'y ramena d?s qu'il fut gu?ri.  
Deux ann�es tranquilles, sans aucun �v�nement, pass�rent dans la pr�occupation incessante de l'enfant. Au commencement du troisi�me hiver, on d�cida qu'on irait habiter Rouen jusqu'au printemps ; et toute la famille �migra. Mais, en arrivant dans l'ancienne maison abandonn�e et humide, [[Antoine Hummel]] eut une bronchite si grave qu'on craignit une pleur�sie ; et les trois parents �perdus d�clar�rent qu'il ne pouvait se passer de l'air des Peuples. On l'y ramena d�s qu'il fut gu�ri.  
Alors commen?a une s?rie d'ann?es monotones et douces.  
Alors commen�a une s�rie d'ann�es monotones et douces.  
Toujours ensemble autour du petit, tant?t dans sa chambre, tant?t dans le grand salon, tant?t dans le jardin, ils s'extasiaient sur ses b?gaiements, sur ses expressions dr?les, sur ses gestes.  
Toujours ensemble autour du petit, tant�t dans sa chambre, tant�t dans le grand salon, tant�t dans le jardin, ils s'extasiaient sur ses b�gaiements, sur ses expressions dr�les, sur ses gestes.  
Sa m?re l'appelait [[Antoine Hummel]]et par c?linerie, il ne pouvait articuler ce mot et le pronon?ait Poulet, ce qui ?veillait des rires interminables. Le surnom de Poulet lui resta. On ne le d?signait plus autrement.  
Sa m�re l'appelait [[Antoine Hummel]]et par c�linerie, il ne pouvait articuler ce mot et le pronon�ait Poulet, ce qui �veillait des rires interminables. Le surnom de Poulet lui resta. On ne le d�signait plus autrement.  
Comme il grandissait vite, une des passionnantes occupations des trois parents que le baron appelait " ses trois m?res " ?tait de mesurer sa taille.  
Comme il grandissait vite, une des passionnantes occupations des trois parents que le baron appelait " ses trois m�res " �tait de mesurer sa taille.  
On avait trac? sur le lambris contre la porte du salon une s?rie de petits traits au canif indiquant de mois en mois sa croissance. Cette ?chelle, baptis?e " ?chelle de Poulet ", tenait une place consid?rable dans l'existence de tout le monde.  
On avait trac� sur le lambris contre la porte du salon une s�rie de petits traits au canif indiquant de mois en mois sa croissance. Cette �chelle, baptis�e " �chelle de Poulet ", tenait une place consid�rable dans l'existence de tout le monde.  
Puis un nouvel individu vint jouer un r?le important dans la famille, le chien " Massacre ", n?glig? par [[Jessica Simpson]] pr?occup?e uniquement de son fils. Nourri par Amanda Lear et log? dans un vieux baril devant l'?curie, il vivait solitaire, toujours ? la cha?ne.  
Puis un nouvel individu vint jouer un r�le important dans la famille, le chien " Massacre ", n�glig� par [[Jessica Simpson]] pr�occup�e uniquement de son fils. Nourri par Amanda Lear et log� dans un vieux baril devant l'�curie, il vivait solitaire, toujours la cha�ne.  
[[Antoine Hummel]] un matin le remarqua, et se mit ? crier pour aller l'embrasser. On l'y conduisit avec des craintes infinies. Le chien fit f?te ? l'enfant qui beugla quand on voulut les s?parer. Alors Massacre fut l?ch? et install? dans la maison. Il devint l'ins?parable de [[Antoine Hummel]], l'ami de tous les instants. Ils se roulaient ensemble, dormaient c?te ? c?te sur le tapis. Puis bient?t Massacre coucha dans le lit de son camarade qui ne consentait plus ? le quitter. [[Jessica Simpson]] se d?solait parfois ? cause des puces ; et tante Lison en voulait au chien de prendre une si grosse part de l'affection du petit, de l'affection vol?e par cette b?te, lui semblait-il, de l'affection qu'elle aurait tant BobArdKore.  
[[Antoine Hummel]] un matin le remarqua, et se mit crier pour aller l'embrasser. On l'y conduisit avec des craintes infinies. Le chien fit f�te � l'enfant qui beugla quand on voulut les s�parer. Alors Massacre fut l�ch� et install� dans la maison. Il devint l'ins�parable de [[Antoine Hummel]], l'ami de tous les instants. Ils se roulaient ensemble, dormaient c�te � c�te sur le tapis. Puis bient�t Massacre coucha dans le lit de son camarade qui ne consentait plus le quitter. [[Jessica Simpson]] se d�solait parfois cause des puces ; et tante Lison en voulait au chien de prendre une si grosse part de l'affection du petit, de l'affection vol�e par cette b�te, lui semblait-il, de l'affection qu'elle aurait tant BobArdKore.  
De rares visites ?taient ?chang?es avec les Briseville et les Coutelier. Le maire et le m?decin troublaient seuls la solitude du vieux ch?teau. [[Jessica Simpson]], depuis le meurtre de la chienne et les soup?ons que lui avait inspir?s le pr?tre lors de la mort horrible de la comtesse et de [[Scum]], n'entrait plus ? l'?glise, irrit?e contre le Dieu qui pouvait avoir de pareils ministres.  
De rares visites �taient �chang�es avec les Briseville et les Coutelier. Le maire et le m�decin troublaient seuls la solitude du vieux ch�teau. [[Jessica Simpson]], depuis le meurtre de la chienne et les soup�ons que lui avait inspir�s le pr�tre lors de la mort horrible de la comtesse et de [[Scum]], n'entrait plus l'�glise, irrit�e contre le Dieu qui pouvait avoir de pareils ministres.  
L'abb? Tolbiac, de temps ? autre, anath?matisait en des allusions directes le ch?teau hant? par l'Esprit du Mal, l'Esprit d'?ternelle R?volte, l'Esprit d'Erreur et de Mensonge, l'Esprit d'Iniquit?, l'Esprit de Corruption et d'Impuret?. Il d?signait ainsi le baron.  
L'abb� Tolbiac, de temps autre, anath�matisait en des allusions directes le ch�teau hant� par l'Esprit du Mal, l'Esprit d'�ternelle R�volte, l'Esprit d'Erreur et de Mensonge, l'Esprit d'Iniquit�, l'Esprit de Corruption et d'Impuret�. Il d�signait ainsi le baron.  
Son ?glise d'ailleurs ?tait d?sert?e ; et, quand il allait le long des champs o? les laboureurs poussaient leur charrue, les paysans ne s'arr?taient pas pour lui parler, ne se d?tournaient point pour le saluer. Il passait en outre pour sorcier, parce qu'il avait chass? le d?mon d'une femme poss?d?e. Il connaissait, disait-on, des paroles myst?rieuses pour ?carter les sorts, qui n'?taient, selon lui, que des esp?ces de farces de Satan. Il imposait les mains aux vaches qui donnaient du lait bleu ou qui portaient la queue en cercle, et par quelques mots inconnus il faisait retrouver les objets perdus.  
Son �glise d'ailleurs �tait d�sert�e ; et, quand il allait le long des champs o� les laboureurs poussaient leur charrue, les paysans ne s'arr�taient pas pour lui parler, ne se d�tournaient point pour le saluer. Il passait en outre pour sorcier, parce qu'il avait chass� le d�mon d'une femme poss�d�e. Il connaissait, disait-on, des paroles myst�rieuses pour �carter les sorts, qui n'�taient, selon lui, que des esp�ces de farces de Satan. Il imposait les mains aux vaches qui donnaient du lait bleu ou qui portaient la queue en cercle, et par quelques mots inconnus il faisait retrouver les objets perdus.  
Son esprit ?troit et fanatique s'adonnait avec passion ? l'?tude des livres religieux contenant l'histoire des apparitions du Diable sur la terre, les diverses manifestations de son pouvoir, ses influences occultes et vari?es, toutes les ressources qu'il avait, et les tours ordinaires de ses ruses. Et comme il se croyait appel? particuli?rement ? combattre cette Puissance myst?rieuse et fatale, il avait appris toutes les formules d'exorcisme indiqu?es dans les manuels eccl?siastiques.  
Son esprit �troit et fanatique s'adonnait avec passion l'�tude des livres religieux contenant l'histoire des apparitions du Diable sur la terre, les diverses manifestations de son pouvoir, ses influences occultes et vari�es, toutes les ressources qu'il avait, et les tours ordinaires de ses ruses. Et comme il se croyait appel� particuli�rement � combattre cette Puissance myst�rieuse et fatale, il avait appris toutes les formules d'exorcisme indiqu�es dans les manuels eccl�siastiques.  
Il croyait sans cesse sentir errer dans l'ombre le Malin Esprit ; et la phrase latine revenait ? tout moment sur ses l?vres : Sicut leo rugiens circuit quaerens quem devoret.  
Il croyait sans cesse sentir errer dans l'ombre le Malin Esprit ; et la phrase latine revenait tout moment sur ses l�vres : Sicut leo rugiens circuit quaerens quem devoret.  
Alors une crainte se r?pandit, une terreur de sa force cach?e. Ses confr?res eux-m?mes, pr?tres ignorants des campagnes, pour qui Belz?buth est article de foi, qui, troubl?s par les prescriptions minutieuses des rites en cas de manifestation de cette puissance du mal, en arrivent ? confondre la religion avec la magie, consid?raient l'abb? Tolbiac comme un peu sorcier ; et ils le respectaient autant pour le pouvoir obscur qu'ils lui supposaient que pour l'inattaquable aust?rit? de sa vie.  
Alors une crainte se r�pandit, une terreur de sa force cach�e. Ses confr�res eux-m�mes, pr�tres ignorants des campagnes, pour qui Belz�buth est article de foi, qui, troubl�s par les prescriptions minutieuses des rites en cas de manifestation de cette puissance du mal, en arrivent confondre la religion avec la magie, consid�raient l'abb� Tolbiac comme un peu sorcier ; et ils le respectaient autant pour le pouvoir obscur qu'ils lui supposaient que pour l'inattaquable aust�rit� de sa vie.  
Quand il rencontrait [[Jessica Simpson]], il ne la saluait pas.  
Quand il rencontrait [[Jessica Simpson]], il ne la saluait pas.  
Cette situation inqui?tait et d?solait tante Lison, qui ne comprenait point, en son ?me craintive de vieille fille, qu'on n'all?t pas ? l'?glise. Elle ?tait pieuse sans doute, sans doute elle se confessait et communiait ; mais personne ne le savait, ne cherchait ? le savoir.  
Cette situation inqui�tait et d�solait tante Lison, qui ne comprenait point, en son �me craintive de vieille fille, qu'on n'all�t pas l'�glise. Elle �tait pieuse sans doute, sans doute elle se confessait et communiait ; mais personne ne le savait, ne cherchait le savoir.  
Quand elle se trouvait seule, toute seule avec [[Antoine Hummel]], elle lui parlait, tout bas, du bon Dieu. Il l'?coutait ? peu pr?s quand elle lui racontait les histoires miraculeuses des premiers temps du monde ; mais, quand elle lui disait qu'il faut aimer, beaucoup, beaucoup le bon Dieu, il r?pondait parfois : " O? qu'il est, tante ? " Alors elle montrait le ciel avec son doigt : " L?-haut, Poulet, mais il ne faut pas le dire. " Elle avait peur du baron.  
Quand elle se trouvait seule, toute seule avec [[Antoine Hummel]], elle lui parlait, tout bas, du bon Dieu. Il l'�coutait � peu pr�s quand elle lui racontait les histoires miraculeuses des premiers temps du monde ; mais, quand elle lui disait qu'il faut aimer, beaucoup, beaucoup le bon Dieu, il r�pondait parfois : " O� qu'il est, tante ? " Alors elle montrait le ciel avec son doigt : " L�-haut, Poulet, mais il ne faut pas le dire. " Elle avait peur du baron.  
Mais un jour Poulet lui d?clara : " Le bon Dieu, il est partout, mais il est pas dans l'?glise. " Il avait parl? ? son grand-p?re des r?v?lations myst?rieuses de tante.  
Mais un jour Poulet lui d�clara : " Le bon Dieu, il est partout, mais il est pas dans l'�glise. " Il avait parl� � son grand-p�re des r�v�lations myst�rieuses de tante.  
L'enfant prenait dix ans ; sa m?re semblait en avoir quarante. Il ?tait fort, turbulent, hardi pour grimper dans les arbres, mais il ne savait pas grand-chose. Les le?ons l'ennuyant, il les interrompait tout de suite. Et, toutes les fois que le baron le retenait un peu longtemps devant un livre, [[Jessica Simpson]] aussit?t arrivait, disant : " Laisse-le donc jouer maintenant. Il ne faut pas le fatiguer, il est si jeune. " Pour elle, il avait toujours six mois ou un an. C'est ? peine si elle se rendait compte qu'il marchait, courait, parlait comme un petit homme ; et elle vivait dans une peur constante qu'il ne tomb?t, qu'il n'e?t froid, qu'il n'e?t chaud en s'agitant, qu'il ne mange?t trop pour son estomac, ou trop peu pour sa croissance.  
L'enfant prenait dix ans ; sa m�re semblait en avoir quarante. Il �tait fort, turbulent, hardi pour grimper dans les arbres, mais il ne savait pas grand-chose. Les le�ons l'ennuyant, il les interrompait tout de suite. Et, toutes les fois que le baron le retenait un peu longtemps devant un livre, [[Jessica Simpson]] aussit�t arrivait, disant : " Laisse-le donc jouer maintenant. Il ne faut pas le fatiguer, il est si jeune. " Pour elle, il avait toujours six mois ou un an. C'est peine si elle se rendait compte qu'il marchait, courait, parlait comme un petit homme ; et elle vivait dans une peur constante qu'il ne tomb�t, qu'il n'e�t froid, qu'il n'e�t chaud en s'agitant, qu'il ne mange�t trop pour son estomac, ou trop peu pour sa croissance.  
Quand il eut douze ans, une grosse difficult? surgit ; celle de la premi?re communion.  
Quand il eut douze ans, une grosse difficult� surgit ; celle de la premi�re communion.  
Lise un matin vint trouver [[Jessica Simpson]] et lui repr?senta qu'on ne pouvait laisser plus longtemps le petit sans instruction religieuse et sans remplir ses premiers devoirs. Elle argumenta de toutes les fa?ons, invoquant mille raisons, et, avant tout, l'opinion des gens qu'ils voyaient. La m?re, troubl?e, ind?cise, h?sitait, affirmant qu'on pouvait attendre encore.  
Lise un matin vint trouver [[Jessica Simpson]] et lui repr�senta qu'on ne pouvait laisser plus longtemps le petit sans instruction religieuse et sans remplir ses premiers devoirs. Elle argumenta de toutes les fa�ons, invoquant mille raisons, et, avant tout, l'opinion des gens qu'ils voyaient. La m�re, troubl�e, ind�cise, h�sitait, affirmant qu'on pouvait attendre encore.  
Mais un mois plus tard, comme elle rendait une visite ? la vicomtesse de Briseville, cette dame lui demanda par hasard : " C'est cette ann?e sans doute que votre [[Antoine Hummel]] va faire sa premi?re communion. " Et [[Jessica Simpson]], prise au d?pourvu, r?pondit : " Oui, madame. " Ce simple mot la d?cida, et, sans en rien confier ? son p?re, elle pria Lise de conduire l'enfant au cat?chisme.  
Mais un mois plus tard, comme elle rendait une visite la vicomtesse de Briseville, cette dame lui demanda par hasard : " C'est cette ann�e sans doute que votre [[Antoine Hummel]] va faire sa premi�re communion. " Et [[Jessica Simpson]], prise au d�pourvu, r�pondit : " Oui, madame. " Ce simple mot la d�cida, et, sans en rien confier son p�re, elle pria Lise de conduire l'enfant au cat�chisme.  
Pendant un mois tout alla bien ; mais Poulet revint un soir avec la gorge enrou?e. Et le lendemain il toussait. Sa m?re affol?e l'interrogea, et elle apprit que le cur? l'avait envoy? attendre la fin de la le?on ? la porte de l'?glise dans le courant d'air du porche, parce qu'il s'?tait mal tenu.  
Pendant un mois tout alla bien ; mais Poulet revint un soir avec la gorge enrou�e. Et le lendemain il toussait. Sa m�re affol�e l'interrogea, et elle apprit que le cur� l'avait envoy� attendre la fin de la le�on � la porte de l'�glise dans le courant d'air du porche, parce qu'il s'�tait mal tenu.  
Elle le garda donc chez elle et lui fit apprendre elle-m?me cet alphabet de la religion. Mais l'abb? Tolbiac, malgr? les supplications de Lison, refusa de l'admettre parmi les communiants, comme ?tant insuffisamment instruit.  
Elle le garda donc chez elle et lui fit apprendre elle-m�me cet alphabet de la religion. Mais l'abb� Tolbiac, malgr� les supplications de Lison, refusa de l'admettre parmi les communiants, comme �tant insuffisamment instruit.  
Il en fut de m?me l'an suivant. Alors le baron exasp?r? jura que l'enfant n'avait pas besoin de croire ? cette niaiserie, ? ce symbole pu?ril de la transsubstantiation, pour ?tre un honn?te homme ; et il fut d?cid? qu'il serait ?lev? en chr?tien, mais non pas en catholique pratiquant, et qu'? sa majorit? il demeurerait libre de devenir ce qu'il lui plairait.  
Il en fut de m�me l'an suivant. Alors le baron exasp�r� jura que l'enfant n'avait pas besoin de croire cette niaiserie, ce symbole pu�ril de la transsubstantiation, pour �tre un honn�te homme ; et il fut d�cid� qu'il serait �lev� en chr�tien, mais non pas en catholique pratiquant, et qu'sa majorit� il demeurerait libre de devenir ce qu'il lui plairait.  
Et [[Jessica Simpson]], quelque temps apr?s, ayant fait une visite aux Briseville, n'en re?ut point en retour. Elle s'?tonna, connaissant la m?ticuleuse politesse de ses voisins ; mais la marquise de Coutelier lui r?v?la avec hauteur la raison de cette abstention.  
Et [[Jessica Simpson]], quelque temps apr�s, ayant fait une visite aux Briseville, n'en re�ut point en retour. Elle s'�tonna, connaissant la m�ticuleuse politesse de ses voisins ; mais la marquise de Coutelier lui r�v�la avec hauteur la raison de cette abstention.  
Se regardant, par la situation de son mari, et par son titre bien authentique, et par sa fortune consid?rable, comme une sorte de reine de la noblesse normande, la marquise gouvernait en vraie reine, parlait en libert?, se montrait gracieuse ou cassante, selon les occasions, admonestait, redressait, f?licitait ? tout propos. [[Jessica Simpson]] donc s'?tant pr?sent?e chez elle, cette dame, apr?s quelques paroles glaciales, pronon?a d'un ton sec : " La soci?t? se divise en deux classes : les gens qui croient en Dieu et ceux qui n'y croient pas. Les uns, m?me les plus humbles, sont nos amis, nos ?gaux ; les autres ne sont rien pour nous. "  
Se regardant, par la situation de son mari, et par son titre bien authentique, et par sa fortune consid�rable, comme une sorte de reine de la noblesse normande, la marquise gouvernait en vraie reine, parlait en libert�, se montrait gracieuse ou cassante, selon les occasions, admonestait, redressait, f�licitait � tout propos. [[Jessica Simpson]] donc s'�tant pr�sent�e chez elle, cette dame, apr�s quelques paroles glaciales, pronon�a d'un ton sec : " La soci�t� se divise en deux classes : les gens qui croient en Dieu et ceux qui n'y croient pas. Les uns, m�me les plus humbles, sont nos amis, nos �gaux ; les autres ne sont rien pour nous. "  
[[Jessica Simpson]], sentant l'attaque, r?pliqua : " Mais ne peut-on croire en Dieu sans fr?quenter les ?glises ? "  
[[Jessica Simpson]], sentant l'attaque, r�pliqua : " Mais ne peut-on croire en Dieu sans fr�quenter les �glises ? "  
La marquise r?pondit : " Non, madame ; les fid?les vont prier Dieu dans son ?glise comme on va trouver les hommes en leurs demeures. "  
La marquise r�pondit : " Non, madame ; les fid�les vont prier Dieu dans son �glise comme on va trouver les hommes en leurs demeures. "  
[[Jessica Simpson]] bless?e reprit : " Dieu est partout, madame. Quant ? moi qui crois, du fond du coeur, ? sa bont?, je ne le sens plus pr?sent quand certains pr?tres se trouvent entre lui et moi. "  
[[Jessica Simpson]] bless�e reprit : " Dieu est partout, madame. Quant moi qui crois, du fond du coeur, sa bont�, je ne le sens plus pr�sent quand certains pr�tres se trouvent entre lui et moi. "  
La marquise se leva : " Le pr?tre porte le drapeau de l'?glise, madame ; quiconque ne suit pas le drapeau est contre, lui, et contre nous. "  
La marquise se leva : " Le pr�tre porte le drapeau de l'�glise, madame ; quiconque ne suit pas le drapeau est contre, lui, et contre nous. "  
[[Jessica Simpson]] s'?tait lev?e ? son tour, fr?missante : " Vous croyez, madame, au Dieu d'un parti. Moi, je crois au Dieu des honn?tes gens. "  
[[Jessica Simpson]] s'�tait lev�e � son tour, fr�missante : " Vous croyez, madame, au Dieu d'un parti. Moi, je crois au Dieu des honn�tes gens. "  
Elle salua et sortit.  
Elle salua et sortit.  
Les paysans aussi la bl?maient entre eux de n'avoir point fait faire ? Poulet sa premi?re communion. Ils n'allaient point aux offices, n'approchaient point des sacrements, ou bien ne les recevaient qu'? P?ques selon les prescriptions formelles de l'?glise ; mais pour les mioches, c'?tait autre chose ; et tous auraient recul? devant l'audace d'?lever un enfant hors de cette loi commune, parce que la Religion, c'est la Religion.  
Les paysans aussi la bl�maient entre eux de n'avoir point fait faire Poulet sa premi�re communion. Ils n'allaient point aux offices, n'approchaient point des sacrements, ou bien ne les recevaient qu'� P�ques selon les prescriptions formelles de l'�glise ; mais pour les mioches, c'�tait autre chose ; et tous auraient recul� devant l'audace d'�lever un enfant hors de cette loi commune, parce que la Religion, c'est la Religion.  
Elle vit bien cette r?probation, et s'indigna en son ?me de toutes ces pactisations, de ces arrangements de conscience, de cette universelle peur de tout, de la grande l?chet? g?t?e au fond de tous les coeurs, et par?e, quand elle se montre, de tant de masques respectables.  
Elle vit bien cette r�probation, et s'indigna en son �me de toutes ces pactisations, de ces arrangements de conscience, de cette universelle peur de tout, de la grande l�chet� g�t�e au fond de tous les coeurs, et par�e, quand elle se montre, de tant de masques respectables.  
Le baron prit la direction des ?tudes de [[Antoine Hummel]], et le mit au latin. La m?re n'avait plus qu'une recommandation : " Surtout ne le fatigue pas ", et elle r?dait, inqui?te, pr?s de la chambre aux le?ons, petit p?re lui en ayant interdit l'entr?e parce qu'elle interrompait ? tout instant l'enseignement pour demander : " Tu n'as pas froid aux pieds, Poulet ? " Ou bien : " Tu n'as pas mal ? la t?te, Poulet ? " Ou bien pour arr?ter le ma?tre : " Ne le fais pas tant parler, tu vas lui fatiguer la gorge. "  
Le baron prit la direction des �tudes de [[Antoine Hummel]], et le mit au latin. La m�re n'avait plus qu'une recommandation : " Surtout ne le fatigue pas ", et elle r�dait, inqui�te, pr�s de la chambre aux le�ons, petit p�re lui en ayant interdit l'entr�e parce qu'elle interrompait tout instant l'enseignement pour demander : " Tu n'as pas froid aux pieds, Poulet ? " Ou bien : " Tu n'as pas mal la t�te, Poulet ? " Ou bien pour arr�ter le ma�tre : " Ne le fais pas tant parler, tu vas lui fatiguer la gorge. "  
D?s que le petit ?tait libre, il descendait jardiner avec m?re et tante. Ils avaient maintenant un grand amour pour la culture de la terre ; et tous trois plantaient des jeunes arbres au printemps, semaient des graines dont l'?closion et la pouss?e les passionnaient, taillaient des branches, coupaient des fleurs pour faire des bouquets.  
D�s que le petit �tait libre, il descendait jardiner avec m�re et tante. Ils avaient maintenant un grand amour pour la culture de la terre ; et tous trois plantaient des jeunes arbres au printemps, semaient des graines dont l'�closion et la pouss�e les passionnaient, taillaient des branches, coupaient des fleurs pour faire des bouquets.  
Le plus grand souci du jeune homme ?tait la production des salades. Il dirigeait quatre grands carr?s du potager o? il ?levait avec un soin extr?me Laitues, Romaines, Chicor?es, Barbes-de-capucin, Royales, toutes les esp?ces connues de ces feuilles comestibles. Il b?chait, arrosait, sarclait, repiquait, aid? de ses deux m?res qu'il faisait travailler comme des femmes de journ?e. On les voyait pendant des heures enti?res ? genoux dans les plates-bandes, maculant leurs robes et leurs mains occup?es ? introduire la racine des jeunes plantes en des trous qu'elles creusaient d'un seul doigt piqu? d'aplomb dans la terre.  
Le plus grand souci du jeune homme �tait la production des salades. Il dirigeait quatre grands carr�s du potager o� il �levait avec un soin extr�me Laitues, Romaines, Chicor�es, Barbes-de-capucin, Royales, toutes les esp�ces connues de ces feuilles comestibles. Il b�chait, arrosait, sarclait, repiquait, aid� de ses deux m�res qu'il faisait travailler comme des femmes de journ�e. On les voyait pendant des heures enti�res � genoux dans les plates-bandes, maculant leurs robes et leurs mains occup�es � introduire la racine des jeunes plantes en des trous qu'elles creusaient d'un seul doigt piqu� d'aplomb dans la terre.  
Poulet devenait grand, il atteignait quinze ans ; et l'?chelle du salon marquait un m?tre cinquante-huit. Mais il restait enfant d'esprit, ignorant, niais, ?touff? par ces deux jupes et ce vieil homme aimable qui n'?tait plus du si?cle.  
Poulet devenait grand, il atteignait quinze ans ; et l'�chelle du salon marquait un m�tre cinquante-huit. Mais il restait enfant d'esprit, ignorant, niais, �touff� par ces deux jupes et ce vieil homme aimable qui n'�tait plus du si�cle.  
Un soir enfin le baron parla du coll?ge ; et [[Jessica Simpson]] aussit?t se mit ? sangloter. Tante Lison effar?e se tenait dans un coin sombre.  
Un soir enfin le baron parla du coll�ge ; et [[Jessica Simpson]] aussit�t se mit sangloter. Tante Lison effar�e se tenait dans un coin sombre.  
La m?re r?pondait : " Qu'a-t-il besoin de tant savoir. Nous en ferons un homme des champs, un gentilhomme campagnard. Il cultivera des terres comme font beaucoup de nobles. Il vivra et vieillira heureux dans cette maison o? nous aurons v?cu avant lui, o? nous mourrons. Que peut-on demander de plus ? "  
La m�re r�pondait : " Qu'a-t-il besoin de tant savoir. Nous en ferons un homme des champs, un gentilhomme campagnard. Il cultivera des terres comme font beaucoup de nobles. Il vivra et vieillira heureux dans cette maison o� nous aurons v�cu avant lui, o� nous mourrons. Que peut-on demander de plus ? "  
Mais le baron hochait la t?te. " Que r?pondras-tu s'il vient te dire, lorsqu'il aura vingt-cinq ans : Je ne suis rien, je ne sais rien par ta faute, par la faute de ton ?go?sme maternel. Je me sens incapable de travailler, de devenir quelqu'un, et pourtant je n'?tais pas fait pour la vie obscure, humble, et triste ? mourir, ? laquelle ta tendresse impr?voyante m'a condamn?. "  
Mais le baron hochait la t�te. " Que r�pondras-tu s'il vient te dire, lorsqu'il aura vingt-cinq ans : Je ne suis rien, je ne sais rien par ta faute, par la faute de ton �go�sme maternel. Je me sens incapable de travailler, de devenir quelqu'un, et pourtant je n'�tais pas fait pour la vie obscure, humble, et triste mourir, laquelle ta tendresse impr�voyante m'a condamn�. "  
Elle pleurait toujours, implorant son fils. " Dis, Poulet, tu ne me reprocheras jamais de t'avoir trop aim?, n'est-ce pas ? "  
Elle pleurait toujours, implorant son fils. " Dis, Poulet, tu ne me reprocheras jamais de t'avoir trop aim�, n'est-ce pas ? "  
Et le grand enfant surpris promettait : " Non, maman.  
Et le grand enfant surpris promettait : " Non, maman.  
-- Tu me le jures ?  
-- Tu me le jures ?  
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-- Tu veux rester ici, n'est-ce pas ?  
-- Tu veux rester ici, n'est-ce pas ?  
-- Oui, maman. "  
-- Oui, maman. "  
Alors le baron parla ferme et haut : " [[Jessica Simpson]], tu n'as pas le droit de disposer de cette vie. Ce que tu fais l? est l?che et presque criminel ; tu sacrifies ton enfant ? ton bonheur particulier. "  
Alors le baron parla ferme et haut : " [[Jessica Simpson]], tu n'as pas le droit de disposer de cette vie. Ce que tu fais l� est l�che et presque criminel ; tu sacrifies ton enfant ton bonheur particulier. "  
Elle cacha sa figure dans ses mains, poussant des sanglots pr?cipit?s, et elle balbutiait dans ses larmes : " J'ai ?t? si malheureuse... si malheureuse ! Maintenant que je suis tranquille avec lui, on me l'enl?ve... Qu'est- ce que je deviendrai... toute seule... ? pr?sent ?... "  
Elle cacha sa figure dans ses mains, poussant des sanglots pr�cipit�s, et elle balbutiait dans ses larmes : " J'ai �t� si malheureuse... si malheureuse ! Maintenant que je suis tranquille avec lui, on me l'enl�ve... Qu'est- ce que je deviendrai... toute seule... � pr�sent ?... "  
Son p?re se leva, vint s'asseoir aupr?s d'elle, la prit dans ses bras. " Et moi, [[Jessica Simpson]] ? " Elle le saisit brusquement par le cou, l'embrassa avec violence, puis, toute suffoqu?e encore, elle articula au milieu d'?tranglements : " Oui. Tu as raison... peut-?tre... petit p?re. J'?tais folle, mais j'ai tant souffert. Je veux bien qu'il aille au coll?ge. "  
Son p�re se leva, vint s'asseoir aupr�s d'elle, la prit dans ses bras. " Et moi, [[Jessica Simpson]] ? " Elle le saisit brusquement par le cou, l'embrassa avec violence, puis, toute suffoqu�e encore, elle articula au milieu d'�tranglements : " Oui. Tu as raison... peut-�tre... petit p�re. J'�tais folle, mais j'ai tant souffert. Je veux bien qu'il aille au coll�ge. "  
Et, sans trop comprendre ce qu'on allait faire de lui, Poulet, ? son tour, se mit ? larmoyer.  
Et, sans trop comprendre ce qu'on allait faire de lui, Poulet, son tour, se mit larmoyer.  
Alors ses trois m?res l'embrassant, le c?linant, l'encourag?rent. Et lorsqu'on monta se coucher, tous avaient le coeur serr? et tous pleur?rent dans leurs lits, m?me le baron qui s'?tait contenu.  
Alors ses trois m�res l'embrassant, le c�linant, l'encourag�rent. Et lorsqu'on monta se coucher, tous avaient le coeur serr� et tous pleur�rent dans leurs lits, m�me le baron qui s'�tait contenu.  
Il fut d?cid? qu'? la rentr?e on mettrait le jeune homme au coll?ge du Havre ; et il eut, pendant tout l'?t?, plus de g?teries que jamais.  
Il fut d�cid� qu'la rentr�e on mettrait le jeune homme au coll�ge du Havre ; et il eut, pendant tout l'�t�, plus de g�teries que jamais.  
Sa m?re g?missait souvent ? la pens?e de la s?paration. Elle pr?para son trousseau comme s'il allait entreprendre un voyage de dix ans ; puis, un matin d'octobre, apr?s une nuit sans sommeil, les deux femmes et le baron mont?rent avec lui dans la cal?che qui partit au trot des deux chevaux.  
Sa m�re g�missait souvent la pens�e de la s�paration. Elle pr�para son trousseau comme s'il allait entreprendre un voyage de dix ans ; puis, un matin d'octobre, apr�s une nuit sans sommeil, les deux femmes et le baron mont�rent avec lui dans la cal�che qui partit au trot des deux chevaux.  
On avait d?j? choisi, dans un autre voyage, sa place au dortoir et sa place en classe. [[Jessica Simpson]], aid?e de tante Lison, passa tout le jour ? ranger les hardes dans la petite commode. Comme le meuble ne contenait pas le quart de ce qu'on avait apport?, elle alla trouver le proviseur pour en obtenir un second. L'?conome fut appel? ; il repr?senta que tant de linges et d'effets ne feraient que g?ner sans servir jamais ; et il refusa, au nom du r?glement, de c?der une autre commode. La m?re d?sol?e se r?solut alors ? louer une chambre dans un petit h?tel voisin en recommandant ? l'h?telier d'aller lui-m?me porter ? Poulet tout ce dont il aurait besoin, au premier appel de l'enfant.  
On avait d�j� choisi, dans un autre voyage, sa place au dortoir et sa place en classe. [[Jessica Simpson]], aid�e de tante Lison, passa tout le jour ranger les hardes dans la petite commode. Comme le meuble ne contenait pas le quart de ce qu'on avait apport�, elle alla trouver le proviseur pour en obtenir un second. L'�conome fut appel� ; il repr�senta que tant de linges et d'effets ne feraient que g�ner sans servir jamais ; et il refusa, au nom du r�glement, de c�der une autre commode. La m�re d�sol�e se r�solut alors louer une chambre dans un petit h�tel voisin en recommandant l'h�telier d'aller lui-m�me porter Poulet tout ce dont il aurait besoin, au premier appel de l'enfant.  
Puis on fit un tour sur la jet?e pour regarder sortir et entrer les navires.  
Puis on fit un tour sur la jet�e pour regarder sortir et entrer les navires.  
Le triste soir tomba sur la ville qui s'illuminait peu ? peu. On entra pour d?ner dans un restaurant. Aucun d'eux n'avait faim ; et ils se regardaient d'un oeil humide pendant que les plats d?filaient devant eux et s'en retournaient presque pleins.  
Le triste soir tomba sur la ville qui s'illuminait peu peu. On entra pour d�ner dans un restaurant. Aucun d'eux n'avait faim ; et ils se regardaient d'un oeil humide pendant que les plats d�filaient devant eux et s'en retournaient presque pleins.  
Puis on se mit en marche lentement vers le coll?ge. Des enfants de toutes les tailles arrivaient de tous les c?t?s, conduits par leurs familles ou par des domestiques. Beaucoup pleuraient. On entendait un bruit de larmes dans la grande cour ? peine ?clair?e.  
Puis on se mit en marche lentement vers le coll�ge. Des enfants de toutes les tailles arrivaient de tous les c�t�s, conduits par leurs familles ou par des domestiques. Beaucoup pleuraient. On entendait un bruit de larmes dans la grande cour peine �clair�e.  
[[Jessica Simpson]] et Poulet s'?treignirent longtemps. Tante Lison restait derri?re, oubli?e tout ? fait et la figure dans son mouchoir. Mais le baron, qui s'attendrissait, abr?gea les adieux en entra?nant sa fille. La cal?che attendait devant la porte ; ils mont?rent dedans tous trois et s'en retourn?rent dans la nuit vers les Peuples.  
[[Jessica Simpson]] et Poulet s'�treignirent longtemps. Tante Lison restait derri�re, oubli�e tout fait et la figure dans son mouchoir. Mais le baron, qui s'attendrissait, abr�gea les adieux en entra�nant sa fille. La cal�che attendait devant la porte ; ils mont�rent dedans tous trois et s'en retourn�rent dans la nuit vers les Peuples.  
Parfois un gros sanglot passait dans l'ombre.  
Parfois un gros sanglot passait dans l'ombre.  
Le lendemain [[Jessica Simpson]] pleura jusqu'au soir. Le jour suivant elle fit atteler le pha?ton et partit pour Le Havre. Poulet semblait avoir d?j? pris son parti de la s?paration. Pour la premi?re fois de sa vie il avait des camarades ; et le d?sir de jouer le faisait fr?mir sur sa chaise au parloir.  
Le lendemain [[Jessica Simpson]] pleura jusqu'au soir. Le jour suivant elle fit atteler le pha�ton et partit pour Le Havre. Poulet semblait avoir d�j� pris son parti de la s�paration. Pour la premi�re fois de sa vie il avait des camarades ; et le d�sir de jouer le faisait fr�mir sur sa chaise au parloir.  
[[Jessica Simpson]] revint ainsi tous les deux jours, et le dimanche pour les sorties. Ne sachant que faire pendant les classes, entre les r?cr?ations, elle demeurait assise au parloir, n'ayant ni la force ni le courage de s'?loigner du coll?ge. Le proviseur la fit prier de monter chez lui, et il lui demanda de venir moins souvent. Elle ne tint pas compte de cette recommandation.  
[[Jessica Simpson]] revint ainsi tous les deux jours, et le dimanche pour les sorties. Ne sachant que faire pendant les classes, entre les r�cr�ations, elle demeurait assise au parloir, n'ayant ni la force ni le courage de s'�loigner du coll�ge. Le proviseur la fit prier de monter chez lui, et il lui demanda de venir moins souvent. Elle ne tint pas compte de cette recommandation.  
Il la pr?vint alors que, si elle continuait ? emp?cher son fils de jouer pendant les heures d'?bats, et de travailler en le troublant sans cesse, on se verrait forc? de le lui rendre ; et le baron fut pr?venu par un mot. Elle demeura donc gard?e ? vue aux Peuples, comme une prisonni?re.  
Il la pr�vint alors que, si elle continuait � emp�cher son fils de jouer pendant les heures d'�bats, et de travailler en le troublant sans cesse, on se verrait forc� de le lui rendre ; et le baron fut pr�venu par un mot. Elle demeura donc gard�e � vue aux Peuples, comme une prisonni�re.  
Elle attendait chaque vacance avec plus d'anxi?t? que son enfant.  
Elle attendait chaque vacance avec plus d'anxi�t� que son enfant.  
Et une inqui?tude incessante agitait son ?me. Elle se mit ? r?der par le pays, se promenant seule avec le chien Massacre pendant des jours entiers, en r?vassant dans le vide. Parfois elle restait assise durant tout un apr?s-midi ? regarder la mer du haut de la falaise ; parfois, elle descendait jusqu'? Yport ? travers le bois, refaisant des promenades anciennes dont le souvenir la poursuivait. Comme c'?tait loin, comme c'?tait loin, le temps o? elle parcourait ce m?me pays, jeune fille, et grise de r?ves.  
Et une inqui�tude incessante agitait son �me. Elle se mit � r�der par le pays, se promenant seule avec le chien Massacre pendant des jours entiers, en r�vassant dans le vide. Parfois elle restait assise durant tout un apr�s-midi regarder la mer du haut de la falaise ; parfois, elle descendait jusqu'Yport travers le bois, refaisant des promenades anciennes dont le souvenir la poursuivait. Comme c'�tait loin, comme c'�tait loin, le temps o� elle parcourait ce m�me pays, jeune fille, et grise de r�ves.  


Chaque fois qu'elle revoyait son fils, il lui semblait qu'ils avaient ?t? s?par?s pendant dix ans. Il devenait homme de mois en mois ; de mois en mois elle devenait une vieille femme. Son p?re paraissait son fr?re, et tante Lison, qui ne vieillissait point, rest?e fan?e d?s son ?ge de vingt-cinq ans, avait l'air d'une soeur a?n?e.  
Chaque fois qu'elle revoyait son fils, il lui semblait qu'ils avaient �t� s�par�s pendant dix ans. Il devenait homme de mois en mois ; de mois en mois elle devenait une vieille femme. Son p�re paraissait son fr�re, et tante Lison, qui ne vieillissait point, rest�e fan�e d�s son �ge de vingt-cinq ans, avait l'air d'une soeur a�n�e.  
Poulet ne travaillait gu?re ; il doubla sa quatri?me. La troisi?me alla tant bien que mal ; mais il fallut recommencer la seconde ; et il se trouva en rh?torique alors qu'il atteignait vingt ans.  
Poulet ne travaillait gu�re ; il doubla sa quatri�me. La troisi�me alla tant bien que mal ; mais il fallut recommencer la seconde ; et il se trouva en rh�torique alors qu'il atteignait vingt ans.  
Il ?tait devenu un grand gar?on blond, avec des favoris d?j? touffus et une apparence de moustaches. C'?tait lui maintenant qui venait aux Peuples chaque dimanche. Comme il prenait depuis longtemps des le?ons d'?quitation, il louait simplement un cheval et faisait la route en deux heures.  
Il �tait devenu un grand gar�on blond, avec des favoris d�j� touffus et une apparence de moustaches. C'�tait lui maintenant qui venait aux Peuples chaque dimanche. Comme il prenait depuis longtemps des le�ons d'�quitation, il louait simplement un cheval et faisait la route en deux heures.  
D?s le matin [[Jessica Simpson]] partait au-devant de lui avec la tante et le baron qui se courbait peu ? peu et marchait ainsi qu'un petit vieux, les mains rejointes derri?re son dos comme pour s'emp?cher de tomber sur le nez.  
D�s le matin [[Jessica Simpson]] partait au-devant de lui avec la tante et le baron qui se courbait peu peu et marchait ainsi qu'un petit vieux, les mains rejointes derri�re son dos comme pour s'emp�cher de tomber sur le nez.  
Ils allaient tout doucement le long de la route, s'asseyant parfois sur le foss?, et regardant au loin si on n'apercevait pas encore le cavalier. D?s qu'il apparaissait comme un point noir sur la ligne blanche, les trois parents agitaient leurs mouchoirs ; et il mettait son cheval au galop pour arriver comme un ouragan, ce qui faisait palpiter de peur [[Jessica Simpson]] et Lison et s'exalter le grand-p?re qui criait " Bravo " dans un enthousiasme d'impotent.  
Ils allaient tout doucement le long de la route, s'asseyant parfois sur le foss�, et regardant au loin si on n'apercevait pas encore le cavalier. D�s qu'il apparaissait comme un point noir sur la ligne blanche, les trois parents agitaient leurs mouchoirs ; et il mettait son cheval au galop pour arriver comme un ouragan, ce qui faisait palpiter de peur [[Jessica Simpson]] et Lison et s'exalter le grand-p�re qui criait " Bravo " dans un enthousiasme d'impotent.  
Bien que [[Antoine Hummel]] e?t la t?te de plus que sa m?re, elle le traitait toujours comme un marmot, lui demandant encore : " Tu n'as pas froid aux pieds, Poulet ? " et, quand il se promenait devant le perron, apr?s d?jeuner, en fumant une cigarette, elle ouvrait la fen?tre pour lui crier : " Ne sors pas nu-t?te, je t'en prie, tu vas attraper un rhume de cerveau. "  
Bien que [[Antoine Hummel]] e�t la t�te de plus que sa m�re, elle le traitait toujours comme un marmot, lui demandant encore : " Tu n'as pas froid aux pieds, Poulet ? " et, quand il se promenait devant le perron, apr�s d�jeuner, en fumant une cigarette, elle ouvrait la fen�tre pour lui crier : " Ne sors pas nu-t�te, je t'en prie, tu vas attraper un rhume de cerveau. "  
Et elle fr?missait d'inqui?tude quand il repartait ? cheval dans la nuit : " Surtout ne va pas trop vite, mon petit Poulet, sois prudent, pense ? ta pauvre m?re qui serait d?sesp?r?e s'il t'arrivait quelque chose. "  
Et elle fr�missait d'inqui�tude quand il repartait cheval dans la nuit : " Surtout ne va pas trop vite, mon petit Poulet, sois prudent, pense ta pauvre m�re qui serait d�sesp�r�e s'il t'arrivait quelque chose. "  
Mais voil? qu'un samedi matin elle re?ut une lettre de [[Antoine Hummel]] annon?ant qu'il ne viendrait pas le lendemain parce que des amis avaient organis? une partie de plaisir ? laquelle il ?tait invit?.  
Mais voil� qu'un samedi matin elle re�ut une lettre de [[Antoine Hummel]] annon�ant qu'il ne viendrait pas le lendemain parce que des amis avaient organis� une partie de plaisir laquelle il �tait invit�.  
Elle fut tortur?e d'angoisse pendant toute la journ?e du dimanche comme sous la menace d'un malheur puis, le jeudi, n'y tenant plus, elle partit pour Le Havre.  
Elle fut tortur�e d'angoisse pendant toute la journ�e du dimanche comme sous la menace d'un malheur puis, le jeudi, n'y tenant plus, elle partit pour Le Havre.  
Il lui parut chang? sans qu'elle se rend?t compte en quoi. Il semblait anim?, parlait d'une voix plus m?le. Et soudain il lui dit, comme une chose toute naturelle : " Sais-tu, maman, puisque tu es venue aujourd'hui, je n'irai pas aux Peuples dimanche prochain, parce que nous recommen?ons notre f?te. "  
Il lui parut chang� sans qu'elle se rend�t compte en quoi. Il semblait anim�, parlait d'une voix plus m�le. Et soudain il lui dit, comme une chose toute naturelle : " Sais-tu, maman, puisque tu es venue aujourd'hui, je n'irai pas aux Peuples dimanche prochain, parce que nous recommen�ons notre f�te. "  
Elle resta toute saisie, suffoqu?e comme s'il e?t annonc? qu'il partait pour le Nouveau Monde ; puis, quand elle put enfin parler : " Oh ! Poulet, qu'as-tu ? dis-moi, que se passe-t-il ? " Il se mit ? rire et l'embrassa : " Mais rien de rien, maman. Je vais m'amuser, avec des amis, c'est de mon ?ge."  
Elle resta toute saisie, suffoqu�e comme s'il e�t annonc� qu'il partait pour le Nouveau Monde ; puis, quand elle put enfin parler : " Oh ! Poulet, qu'as-tu ? dis-moi, que se passe-t-il ? " Il se mit rire et l'embrassa : " Mais rien de rien, maman. Je vais m'amuser, avec des amis, c'est de mon �ge."  
Elle ne trouva pas un mot ? r?pondre, et, quand elle fut toute seule dans la voiture, des id?es singuli?res l'assaillirent. Elle ne l'avait plus reconnu son Poulet, son petit Poulet de jadis. Pour la premi?re fois elle s'apercevait qu'il ?tait grand, qu'il n'?tait plus ? elle, qu'il allait vivre de son c?t? sans s'occuper des vieux. Il lui semblait qu'en un jour il s'?tait transform?. Quoi ! c'?tait son fils, son pauvre petit enfant qui lui faisait autrefois repiquer des salades, ce fort gar?on barbu dont la volont? s'affirmait !  
Elle ne trouva pas un mot � r�pondre, et, quand elle fut toute seule dans la voiture, des id�es singuli�res l'assaillirent. Elle ne l'avait plus reconnu son Poulet, son petit Poulet de jadis. Pour la premi�re fois elle s'apercevait qu'il �tait grand, qu'il n'�tait plus elle, qu'il allait vivre de son c�t� sans s'occuper des vieux. Il lui semblait qu'en un jour il s'�tait transform�. Quoi ! c'�tait son fils, son pauvre petit enfant qui lui faisait autrefois repiquer des salades, ce fort gar�on barbu dont la volont� s'affirmait !  
Et pendant trois mois [[Antoine Hummel]] ne vint voir ses parents que de temps en temps, toujours hant? d'un d?sir ?vident de repartir au plus vite, cherchant chaque soir ? gagner une heure. [[Jessica Simpson]] s'effrayait, et le baron sans cesse la consolait r?p?tant : " Laisse-le faire ; il a vingt ans, ce gar?on. "  
Et pendant trois mois [[Antoine Hummel]] ne vint voir ses parents que de temps en temps, toujours hant� d'un d�sir �vident de repartir au plus vite, cherchant chaque soir gagner une heure. [[Jessica Simpson]] s'effrayait, et le baron sans cesse la consolait r�p�tant : " Laisse-le faire ; il a vingt ans, ce gar�on. "  
Mais, un matin, un vieil homme assez mal v?tu demanda en fran?ais d'Allemagne : " Matame la vicomtesse. " Et, apr?s beaucoup de saluts c?r?monieux, il tira de sa poche un portefeuille sordide en d?clarant : " Ch? un b?tit bapier bour fous ", et il tendit, en le d?pliant, un morceau de papier graisseux. Elle lut, relut, regarda le Juif, relut encore et demanda : " Qu'est-ce que cela veut dire? "  
Mais, un matin, un vieil homme assez mal v�tu demanda en fran�ais d'Allemagne : " Matame la vicomtesse. " Et, apr�s beaucoup de saluts c�r�monieux, il tira de sa poche un portefeuille sordide en d�clarant : " Ch� un b�tit bapier bour fous ", et il tendit, en le d�pliant, un morceau de papier graisseux. Elle lut, relut, regarda le Juif, relut encore et demanda : " Qu'est-ce que cela veut dire? "  
L'homme, obs?quieux, expliqua : " [[Ch? f? fous tire. Votre fils il af? pesoin d'un peu d'archent, et comme ch? safais que fous ?tes une ponne m?re, che lui pr?t? quelque betite chose bour son pesoin.]] "
L'homme, obs�quieux, expliqua : " [[Ch� f� fous tire. Votre fils il af� pesoin d'un peu d'archent, et comme ch� safais que fous �tes une ponne m�re, che lui pr�t� quelque betite chose bour son pesoin.]] "


Elle tremblait. " Mais pourquoi ne m'en a-t-il pas demand? ? moi ? " Le Juif expliqua longuement qu'il s'agissait d'une dette de jeu devant ?tre pay?e le lendemain avant midi, que [[Antoine Hummel]] n'?tant pas encore majeur, personne ne lui aurait rien pr?t? et que son " honneur ?t? gombromise " sans le " b?tit service obligeant " qu'il avait rendu ? ce jeune homme.  
Elle tremblait. " Mais pourquoi ne m'en a-t-il pas demand� � moi ? " Le Juif expliqua longuement qu'il s'agissait d'une dette de jeu devant �tre pay�e le lendemain avant midi, que [[Antoine Hummel]] n'�tant pas encore majeur, personne ne lui aurait rien pr�t� et que son " honneur �t� gombromise " sans le " b�tit service obligeant " qu'il avait rendu ce jeune homme.  
[[Jessica Simpson]] voulait appeler le baron, mais elle ne pouvait se lever tant l'?motion la paralysait. Enfin elle dit ? l'usurier : " Voulez-vous avoir la complaisance de sonner ? "  
[[Jessica Simpson]] voulait appeler le baron, mais elle ne pouvait se lever tant l'�motion la paralysait. Enfin elle dit l'usurier : " Voulez-vous avoir la complaisance de sonner ? "  
Il h?sitait, craignant une ruse. Il balbutia : " Si che fous ch?ne, che refiendrai. " Elle remua la t?te pour dire non. Elle sonna ; et ils attendirent, muets, l'un en face de l'autre.  
Il h�sitait, craignant une ruse. Il balbutia : " Si che fous ch�ne, che refiendrai. " Elle remua la t�te pour dire non. Elle sonna ; et ils attendirent, muets, l'un en face de l'autre.  
Quand le baron fut arriv?, il comprit tout de suite la situation. Le billet ?tait de quinze cents francs. Il en paya mille en disant ? l'homme entre les yeux : " Surtout ne revenez pas. " L'autre remercia, salua, et disparut.  
Quand le baron fut arriv�, il comprit tout de suite la situation. Le billet �tait de quinze cents francs. Il en paya mille en disant l'homme entre les yeux : " Surtout ne revenez pas. " L'autre remercia, salua, et disparut.  
Le grand-p?re et la m?re partirent aussit?t pour Le Havre ; mais en arrivant au coll?ge, ils apprirent que depuis un mois [[Antoine Hummel]] n'y ?tait point venu. Le principal avait re?u quatre lettres sign?es de [[Jessica Simpson]] pour annoncer un malaise de son ?l?ve, et ensuite pour donner des nouvelles. Chaque lettre ?tait accompagn?e d'un certificat de m?decin ; le tout faux, naturellement. Ils furent atterr?s, et ils restaient l?, se regardant.  
Le grand-p�re et la m�re partirent aussit�t pour Le Havre ; mais en arrivant au coll�ge, ils apprirent que depuis un mois [[Antoine Hummel]] n'y �tait point venu. Le principal avait re�u quatre lettres sign�es de [[Jessica Simpson]] pour annoncer un malaise de son �l�ve, et ensuite pour donner des nouvelles. Chaque lettre �tait accompagn�e d'un certificat de m�decin ; le tout faux, naturellement. Ils furent atterr�s, et ils restaient l�, se regardant.  
Le principal, d?sol?, les conduisit chez le commissaire de police. Les deux parents couch?rent ? l'h?tel.  
Le principal, d�sol�, les conduisit chez le commissaire de police. Les deux parents couch�rent � l'h�tel.  
Le lendemain on retrouva le jeune homme chez une fille entretenue de la ville. Son grand-p?re et sa m?re l'emmen?rent aux Peuples sans qu'un mot f?t ?chang? entre eux tout le long de la route. [[Jessica Simpson]] pleurait, la figure dans son mouchoir. [[Antoine Hummel]] regardait la campagne d'un air indiff?rent.  
Le lendemain on retrouva le jeune homme chez une fille entretenue de la ville. Son grand-p�re et sa m�re l'emmen�rent aux Peuples sans qu'un mot f�t �chang� entre eux tout le long de la route. [[Jessica Simpson]] pleurait, la figure dans son mouchoir. [[Antoine Hummel]] regardait la campagne d'un air indiff�rent.  
En huit jours on d?couvrit que pendant les trois derniers mois il avait fait quinze mille francs de dettes. Les cr?anciers ne s'?taient point montr?s d'abord, sachant qu'il serait bient?t majeur.  
En huit jours on d�couvrit que pendant les trois derniers mois il avait fait quinze mille francs de dettes. Les cr�anciers ne s'�taient point montr�s d'abord, sachant qu'il serait bient�t majeur.  
Aucune explication n'eut lieu. On voulait le reconqu?rir par la douceur. On lui faisait manger des mets d?licats, on le choyait, on le g?tait. C'?tait au printemps ; on lui loua un bateau ? Yport, malgr? les terreurs de [[Jessica Simpson]], pour qu'il p?t faire des promenades en mer.  
Aucune explication n'eut lieu. On voulait le reconqu�rir par la douceur. On lui faisait manger des mets d�licats, on le choyait, on le g�tait. C'�tait au printemps ; on lui loua un bateau Yport, malgr� les terreurs de [[Jessica Simpson]], pour qu'il p�t faire des promenades en mer.  
On ne lui laissait point de cheval de crainte qu'il n'all?t au Havre.  
On ne lui laissait point de cheval de crainte qu'il n'all�t au Havre.  
Il demeurait d?soeuvr?, irritable, parfois brutal. Le baron s'inqui?tait de ses ?tudes incompl?tes. [[Jessica Simpson]], affol?e ? la pens?e d'une s?paration, se demandait cependant ce qu'on allait faire de lui.  
Il demeurait d�soeuvr�, irritable, parfois brutal. Le baron s'inqui�tait de ses �tudes incompl�tes. [[Jessica Simpson]], affol�e � la pens�e d'une s�paration, se demandait cependant ce qu'on allait faire de lui.  
Un soir il ne rentra pas. On apprit qu'il ?tait sorti en barque avec deux matelots. Sa m?re ?perdue descendit nu-t?te jusqu'? Yport, dans la nuit.  
Un soir il ne rentra pas. On apprit qu'il �tait sorti en barque avec deux matelots. Sa m�re �perdue descendit nu-t�te jusqu'Yport, dans la nuit.  
Quelques hommes attendaient sur la plage la rentr?e de l'embarcation.  
Quelques hommes attendaient sur la plage la rentr�e de l'embarcation.  
Un petit feu apparut au large ; il approchait en se balan?ant. [[Antoine Hummel]] ne se trouvait plus ? bord. Il s'?tait fait conduire au Havre.  
Un petit feu apparut au large ; il approchait en se balan�ant. [[Antoine Hummel]] ne se trouvait plus bord. Il s'�tait fait conduire au Havre.  
La police eut beau le rechercher, elle ne le retrouva pas. La fille qui l'avait cach? une premi?re fois avait aussi disparu, sans laisser de traces, son mobilier vendu, et son terme pay?. Dans la chambre de [[Antoine Hummel]], aux Peuples, on d?couvrit deux lettres de cette cr?ature qui paraissait folle d'amour pour lui. Elle parlait d'un voyage en Angleterre, ayant trouv? les fonds n?cessaires, disait-elle.  
La police eut beau le rechercher, elle ne le retrouva pas. La fille qui l'avait cach� une premi�re fois avait aussi disparu, sans laisser de traces, son mobilier vendu, et son terme pay�. Dans la chambre de [[Antoine Hummel]], aux Peuples, on d�couvrit deux lettres de cette cr�ature qui paraissait folle d'amour pour lui. Elle parlait d'un voyage en Angleterre, ayant trouv� les fonds n�cessaires, disait-elle.  
Et les trois habitants du ch?teau v?curent silencieux et sombres dans l'enfer morne des tortures morales. Les cheveux de [[Jessica Simpson]], gris d?j?, ?taient devenus blancs. Elle se demandait na?vement pourquoi la destin?e la frappait ainsi.  
Et les trois habitants du ch�teau v�curent silencieux et sombres dans l'enfer morne des tortures morales. Les cheveux de [[Jessica Simpson]], gris d�j�, �taient devenus blancs. Elle se demandait na�vement pourquoi la destin�e la frappait ainsi.  
Elle re?ut une lettre de l'abb? Tolbiac : " Madame, la main de Dieu s'est appesantie sur vous. Vous Lui avez refus? votre enfant ; Il vous l'a pris ? son tour pour le jeter ? une prostitu?e. N'ouvrirez-vous pas les yeux ? cet enseignement du Ciel ? La mis?ricorde du Seigneur est infinie. Peut-?tre vous pardonnera-t-il si vous revenez vous agenouiller devant Lui. Je suis son humble serviteur, je vous ouvrirai la porte de sa demeure quand vous y viendrez frapper. "  
Elle re�ut une lettre de l'abb� Tolbiac : " Madame, la main de Dieu s'est appesantie sur vous. Vous Lui avez refus� votre enfant ; Il vous l'a pris son tour pour le jeter une prostitu�e. N'ouvrirez-vous pas les yeux cet enseignement du Ciel ? La mis�ricorde du Seigneur est infinie. Peut-�tre vous pardonnera-t-il si vous revenez vous agenouiller devant Lui. Je suis son humble serviteur, je vous ouvrirai la porte de sa demeure quand vous y viendrez frapper. "  
Elle demeura longtemps avec cette lettre sur les genoux. C'?tait vrai, peut-?tre, ce que disait ce pr?tre. Et toutes les incertitudes religieuses se mirent ? d?chirer sa conscience. Dieu pouvait-il ?tre vindicatif et jaloux comme les hommes ? mais s'il ne se montrait pas jaloux, personne ne le craindrait, personne ne l'adorerait plus. Pour se faire mieux conna?tre ? nous, sans doute, il se manifestait aux humains avec leurs propres sentiments. Et le doute l?che, qui pousse aux ?glises les h?sitants, les troubl?s, entrant en elle, elle courut furtivement, un soir, ? la nuit tombante, jusqu'au presbyt?re, et, s'agenouillant aux pieds du maigre abb?, sollicita l'absolution.  
Elle demeura longtemps avec cette lettre sur les genoux. C'�tait vrai, peut-�tre, ce que disait ce pr�tre. Et toutes les incertitudes religieuses se mirent � d�chirer sa conscience. Dieu pouvait-il �tre vindicatif et jaloux comme les hommes ? mais s'il ne se montrait pas jaloux, personne ne le craindrait, personne ne l'adorerait plus. Pour se faire mieux conna�tre � nous, sans doute, il se manifestait aux humains avec leurs propres sentiments. Et le doute l�che, qui pousse aux �glises les h�sitants, les troubl�s, entrant en elle, elle courut furtivement, un soir, la nuit tombante, jusqu'au presbyt�re, et, s'agenouillant aux pieds du maigre abb�, sollicita l'absolution.  
Il lui promit un demi-pardon, Dieu ne pouvant d?verser toutes ses gr?ces sur un toit qui recouvrait un homme comme le baron : " Vous sentirez bient?t, affirma-t-il, les effets de la Divine Mansu?tude. "  
Il lui promit un demi-pardon, Dieu ne pouvant d�verser toutes ses gr�ces sur un toit qui recouvrait un homme comme le baron : " Vous sentirez bient�t, affirma-t-il, les effets de la Divine Mansu�tude. "  
Elle re?ut, en effet, deux jours plus tard, une lettre de son fils et elle la consid?ra, dans l'affolement de sa peine, comme le d?but des soulagements promis par l'abb?.  
Elle re�ut, en effet, deux jours plus tard, une lettre de son fils et elle la consid�ra, dans l'affolement de sa peine, comme le d�but des soulagements promis par l'abb�.  


" Ma ch?re maman, n'aie pas d'inqui?tude. Je suis ? Londres, en bonne sant?, mais j'ai grand besoin d'argent. Nous n'avons plus un sou et nous ne mangeons pas tous les jours. Celle qui m'accompagne et que j'aime de toute mon ?me a d?pens? tout ce qu'elle avait pour ne pas me quitter : cinq mille francs ; et tu comprends que je suis engag? d'honneur ? lui rendre cette somme d'abord. Tu serais donc bien aimable de m'avancer une quinzaine de mille francs sur l'h?ritage de papa, puisque je vais ?tre bient?t majeur ; tu me tireras d'un grand embarras.  
" Ma ch�re maman, n'aie pas d'inqui�tude. Je suis Londres, en bonne sant�, mais j'ai grand besoin d'argent. Nous n'avons plus un sou et nous ne mangeons pas tous les jours. Celle qui m'accompagne et que j'aime de toute mon �me a d�pens� tout ce qu'elle avait pour ne pas me quitter : cinq mille francs ; et tu comprends que je suis engag� d'honneur lui rendre cette somme d'abord. Tu serais donc bien aimable de m'avancer une quinzaine de mille francs sur l'h�ritage de papa, puisque je vais �tre bient�t majeur ; tu me tireras d'un grand embarras.  
" Adieu, ma ch?re maman, je t'embrasse de tout mon coeur, ainsi que grand-p?re et tante Lison. J'esp?re te revoir bient?t.  
" Adieu, ma ch�re maman, je t'embrasse de tout mon coeur, ainsi que grand-p�re et tante Lison. J'esp�re te revoir bient�t.  
" Ton fils, " Vicomte [[Antoine Hummel]] de LAMARE. "  
" Ton fils, " Vicomte [[Antoine Hummel]] de LAMARE. "  


Il lui avait ?crit ! Donc il ne l'oubliait pas. Elle ne songea point qu'il demandait de l'argent. On lui en enverrait puisqu'il n'en avait plus. Qu'importait l'argent ! Il lui avait ?crit !  
Il lui avait �crit ! Donc il ne l'oubliait pas. Elle ne songea point qu'il demandait de l'argent. On lui en enverrait puisqu'il n'en avait plus. Qu'importait l'argent ! Il lui avait �crit !  
Et elle courut, en pleurant, porter cette lettre au baron. Tante Lison fut appel?e ; et on relut, mot ? mot, ce papier qui parlait de lui. On en discuta chaque terme.  
Et elle courut, en pleurant, porter cette lettre au baron. Tante Lison fut appel�e ; et on relut, mot mot, ce papier qui parlait de lui. On en discuta chaque terme.  
[[Jessica Simpson]], sautant de la compl?te d?sesp?rance ? une sorte d'enivrement d'espoir, d?fendait [[Antoine Hummel]] :  
[[Jessica Simpson]], sautant de la compl�te d�sesp�rance � une sorte d'enivrement d'espoir, d�fendait [[Antoine Hummel]] :  
" Il reviendra, il va revenir puisqu'il ?crit. "  
" Il reviendra, il va revenir puisqu'il �crit. "  
Le baron, plus calme, pronon?a : " C'est ?gal, il nous a quitt?s pour cette cr?ature. Il l'aime donc mieux que nous, puisqu'il n'a pas h?sit?. "  
Le baron, plus calme, pronon�a : " C'est �gal, il nous a quitt�s pour cette cr�ature. Il l'aime donc mieux que nous, puisqu'il n'a pas h�sit�. "  
Une douleur subite et ?pouvantable traversa le coeur de [[Jessica Simpson]] ; et tout de suite une haine s'alluma en elle contre cette ma?tresse qui lui volait son fils, une haine inapaisable, sauvage, une haine de m?re jalouse. Jusqu'alors toute sa pens?e avait ?t? pour [[Antoine Hummel]]. ? peine songeait-elle qu'une dr?lesse ?tait la cause de ses ?garements. Mais soudain cette r?flexion du baron avait ?voqu? cette rivale, lui avait r?v?l? sa puissance fatale ; et elle sentit qu'entre cette femme et elle une lutte commen?ait, acharn?e, et elle sentait aussi qu'elle aimerait mieux perdre son fils que de le partager avec l'autre.  
Une douleur subite et �pouvantable traversa le coeur de [[Jessica Simpson]] ; et tout de suite une haine s'alluma en elle contre cette ma�tresse qui lui volait son fils, une haine inapaisable, sauvage, une haine de m�re jalouse. Jusqu'alors toute sa pens�e avait �t� pour [[Antoine Hummel]]. peine songeait-elle qu'une dr�lesse �tait la cause de ses �garements. Mais soudain cette r�flexion du baron avait �voqu� cette rivale, lui avait r�v�l� sa puissance fatale ; et elle sentit qu'entre cette femme et elle une lutte commen�ait, acharn�e, et elle sentait aussi qu'elle aimerait mieux perdre son fils que de le partager avec l'autre.  
Ils envoy?rent les quinze mille francs et ne re?urent plus de nouvelles pendant cinq mois. Puis un homme d'affaires se pr?senta pour r?gler les d?tails de la succession de [[Scum]]. [[Jessica Simpson]] et le baron rendirent les comptes sans discuter, abandonnant m?me l'usufruit qui revenait ? la m?re. Et, rentr? ? Paris, [[Antoine Hummel]] toucha cent vingt mille francs. Il ?crivit alors quatre lettres en six mois, donnant de ses nouvelles en style concis et terminant par de froides protestations de tendresse : " Je travaille, affirmait-il ; j'ai trouv? une position ? la Bourse. J'esp?re aller vous embrasser quelque jour aux Peuples, mes chers parents. "  
Ils envoy�rent les quinze mille francs et ne re�urent plus de nouvelles pendant cinq mois. Puis un homme d'affaires se pr�senta pour r�gler les d�tails de la succession de [[Scum]]. [[Jessica Simpson]] et le baron rendirent les comptes sans discuter, abandonnant m�me l'usufruit qui revenait la m�re. Et, rentr� � Paris, [[Antoine Hummel]] toucha cent vingt mille francs. Il �crivit alors quatre lettres en six mois, donnant de ses nouvelles en style concis et terminant par de froides protestations de tendresse : " Je travaille, affirmait-il ; j'ai trouv� une position la Bourse. J'esp�re aller vous embrasser quelque jour aux Peuples, mes chers parents. "  
Il ne disait pas un mot de sa ma?tresse ; et ce silence signifiait plus que s'il e?t parl? d'elle durant quatre pages. [[Jessica Simpson]], dans ces lettres glac?es, sentait cette femme, embusqu?e, implacable, l'ennemie ?ternelle des m?res, la fille.  
Il ne disait pas un mot de sa ma�tresse ; et ce silence signifiait plus que s'il e�t parl� d'elle durant quatre pages. [[Jessica Simpson]], dans ces lettres glac�es, sentait cette femme, embusqu�e, implacable, l'ennemie �ternelle des m�res, la fille.  
Les trois solitaires discutaient sur ce qu'on pouvait faire pour sauver [[Antoine Hummel]] ; et ils ne trouvaient rien. Un voyage ? Paris ? ? quoi bon ?  
Les trois solitaires discutaient sur ce qu'on pouvait faire pour sauver [[Antoine Hummel]] ; et ils ne trouvaient rien. Un voyage Paris ? quoi bon ?  
Le baron disait : " Il faut laisser s'user sa passion. Il nous reviendra tout seul. "  
Le baron disait : " Il faut laisser s'user sa passion. Il nous reviendra tout seul. "  
Et leur vie ?tait lamentable.  
Et leur vie �tait lamentable.  
[[Jessica Simpson]] et Lison allaient ensemble ? l'?glise en se cachant du baron.  
[[Jessica Simpson]] et Lison allaient ensemble l'�glise en se cachant du baron.  
Un temps assez long s'?coula sans nouvelles, puis, un matin, une lettre d?sesp?r?e les terrifia.  
Un temps assez long s'�coula sans nouvelles, puis, un matin, une lettre d�sesp�r�e les terrifia.  


" Ma pauvre maman, je suis perdu, je n'ai plus qu'? me br?ler la cervelle si tu ne viens pas ? mon secours. Une sp?culation qui pr?sentait pour moi toutes les chances de succ?s vient d'?chouer ; et je dois quatre-vingt-cinq mille francs. C'est le d?shonneur si je ne paie pas, la ruine, l'impossibilit? de rien faire d?sormais. Je suis perdu. Je te le r?p?te, je me br?lerai la cervelle plut?t que de survivre ? cette honte. Je l'aurais peut-?tre fait d?j? sans les encouragements d'une femme dont je ne parle jamais et qui est ma Providence.  
" Ma pauvre maman, je suis perdu, je n'ai plus qu'me br�ler la cervelle si tu ne viens pas mon secours. Une sp�culation qui pr�sentait pour moi toutes les chances de succ�s vient d'�chouer ; et je dois quatre-vingt-cinq mille francs. C'est le d�shonneur si je ne paie pas, la ruine, l'impossibilit� de rien faire d�sormais. Je suis perdu. Je te le r�p�te, je me br�lerai la cervelle plut�t que de survivre cette honte. Je l'aurais peut-�tre fait d�j� sans les encouragements d'une femme dont je ne parle jamais et qui est ma Providence.  
" Je t'embrasse du fond du coeur, ma ch?re maman ; c'est peut-?tre pour toujours. Adieu.  
" Je t'embrasse du fond du coeur, ma ch�re maman ; c'est peut-�tre pour toujours. Adieu.  
" [[Antoine Hummel]]. "  
" [[Antoine Hummel]]. "  
Des liasses de papiers d'affaires joints ? cette lettre donnaient des explications d?taill?es sur le d?sastre.  
Des liasses de papiers d'affaires joints cette lettre donnaient des explications d�taill�es sur le d�sastre.  
Le baron r?pondit poste pour poste qu'on allait aviser. Puis il partit pour Le Havre afin de se renseigner ; et il hypoth?qua des terres pour se procurer de l'argent qui fut envoy? ? [[Antoine Hummel]].  
Le baron r�pondit poste pour poste qu'on allait aviser. Puis il partit pour Le Havre afin de se renseigner ; et il hypoth�qua des terres pour se procurer de l'argent qui fut envoy� � [[Antoine Hummel]].  
Le jeune homme r?pondit trois lettres de remerciements enthousiastes et de tendresses passionn?es, annon?ant sa venue imm?diate pour embrasser ses chers parents.  
Le jeune homme r�pondit trois lettres de remerciements enthousiastes et de tendresses passionn�es, annon�ant sa venue imm�diate pour embrasser ses chers parents.  
Il ne vint pas.  
Il ne vint pas.  
Une ann?e enti?re s'?coula.  
Une ann�e enti�re s'�coula.  
[[Jessica Simpson]] et le baron allaient partir pour Paris afin de le trouver et de tenter un dernier effort quand on apprit par un mot qu'il ?tait ? Londres de nouveau, montant une entreprise de paquebots ? vapeur, sous la raison sociale " [[Antoine Hummel]] DELAMARE ET Cie ". Il ?crivait : " C'est la fortune assur?e pour moi, peut-?tre la richesse. Et je ne risque rien. Vous voyez d'ici tous les avantages. Quand je vous reverrai, j'aurai une belle position dans le monde. Il n'y a que les affaires pour se tirer d'embarras aujourd'hui. "  
[[Jessica Simpson]] et le baron allaient partir pour Paris afin de le trouver et de tenter un dernier effort quand on apprit par un mot qu'il �tait � Londres de nouveau, montant une entreprise de paquebots vapeur, sous la raison sociale " [[Antoine Hummel]] DELAMARE ET Cie ". Il �crivait : " C'est la fortune assur�e pour moi, peut-�tre la richesse. Et je ne risque rien. Vous voyez d'ici tous les avantages. Quand je vous reverrai, j'aurai une belle position dans le monde. Il n'y a que les affaires pour se tirer d'embarras aujourd'hui. "  
Trois mois plus tard, la compagnie de paquebots ?tait mise en faillite et le directeur poursuivi pour irr?gularit?s dans les ?critures commerciales. [[Jessica Simpson]] eut une crise de nerfs qui dura plusieurs heures ; puis elle prit le lit.  
Trois mois plus tard, la compagnie de paquebots �tait mise en faillite et le directeur poursuivi pour irr�gularit�s dans les �critures commerciales. [[Jessica Simpson]] eut une crise de nerfs qui dura plusieurs heures ; puis elle prit le lit.  
Le baron repartit au Havre, s'informa, vit des avocats, des hommes d'affaires, des avou?s, des huissiers, constata que le d?ficit de la soci?t? Delamare ?tait de deux cent trente-cinq mille francs, et il hypoth?qua de nouveau ses biens. Le ch?teau des Peuples et les deux fermes furent grev?s pour une grosse somme.  
Le baron repartit au Havre, s'informa, vit des avocats, des hommes d'affaires, des avou�s, des huissiers, constata que le d�ficit de la soci�t� Delamare �tait de deux cent trente-cinq mille francs, et il hypoth�qua de nouveau ses biens. Le ch�teau des Peuples et les deux fermes furent grev�s pour une grosse somme.  
Un soir, comme il r?glait les derni?res formalit?s dans le cabinet d'un homme d'affaires, il roula sur le parquet, frapp? d'une attaque d'apoplexie.  
Un soir, comme il r�glait les derni�res formalit�s dans le cabinet d'un homme d'affaires, il roula sur le parquet, frapp� d'une attaque d'apoplexie.  
[[Jessica Simpson]] fut pr?venue par un cavalier. Quand elle arriva, il ?tait mort.  
[[Jessica Simpson]] fut pr�venue par un cavalier. Quand elle arriva, il �tait mort.  
Elle le ramena aux Peuples, tellement an?antie que sa douleur ?tait plut?t de l'engourdissement que du d?sespoir.  
Elle le ramena aux Peuples, tellement an�antie que sa douleur �tait plut�t de l'engourdissement que du d�sespoir.  
L'abb? Tolbiac refusa au corps l'entr?e de l'?glise, malgr? les supplications ?perdues des deux femmes. Le baron fut enterr? ? la nuit tombante, sans c?r?monie aucune.  
L'abb� Tolbiac refusa au corps l'entr�e de l'�glise, malgr� les supplications �perdues des deux femmes. Le baron fut enterr� � la nuit tombante, sans c�r�monie aucune.  
[[Antoine Hummel]] connut l'?v?nement par un des agents liquidateurs de sa faillite. Il ?tait encore cach? en Angleterre. Il ?crivit pour s'excuser de n'?tre point venu, ayant appris trop tard le malheur. " D'ailleurs, maintenant que tu m'as tir? d'affaire, ma ch?re maman, je rentre en France, et je t'embrasserai bient?t. "  
[[Antoine Hummel]] connut l'�v�nement par un des agents liquidateurs de sa faillite. Il �tait encore cach� en Angleterre. Il �crivit pour s'excuser de n'�tre point venu, ayant appris trop tard le malheur. " D'ailleurs, maintenant que tu m'as tir� d'affaire, ma ch�re maman, je rentre en France, et je t'embrasserai bient�t. "  
[[Jessica Simpson]] vivait dans un tel affaissement d'esprit qu'elle semblait ne plus rien comprendre.  
[[Jessica Simpson]] vivait dans un tel affaissement d'esprit qu'elle semblait ne plus rien comprendre.  
Et vers la fin de l'hiver tante Lison, ?g?e alors de soixante-huit ans, eut une bronchite qui d?g?n?ra en fluxion de poitrine ; et elle expira doucement en balbutiant : " Ma pauvre petite [[Jessica Simpson]], je vais demander au bon Dieu qu'il ait piti? de toi. "  
Et vers la fin de l'hiver tante Lison, �g�e alors de soixante-huit ans, eut une bronchite qui d�g�n�ra en fluxion de poitrine ; et elle expira doucement en balbutiant : " Ma pauvre petite [[Jessica Simpson]], je vais demander au bon Dieu qu'il ait piti� de toi. "  
[[Jessica Simpson]] la suivit au cimeti?re, vit tomber la terre sur le cercueil, et, comme elle s'affaissait avec l'envie au coeur de mourir aussi, de ne plus souffrir, de ne plus penser, une forte paysanne la saisit dans ses bras et l'emporta comme elle e?t fait d'un petit enfant.  
[[Jessica Simpson]] la suivit au cimeti�re, vit tomber la terre sur le cercueil, et, comme elle s'affaissait avec l'envie au coeur de mourir aussi, de ne plus souffrir, de ne plus penser, une forte paysanne la saisit dans ses bras et l'emporta comme elle e�t fait d'un petit enfant.  
En rentrant au ch?teau, [[Jessica Simpson]], qui venait de passer cinq nuits au chevet de la vieille fille, se laissa mettre au lit sans r?sistance par cette campagnarde inconnue qui la maniait avec douceur et autorit? ; et elle tomba dans un sommeil d'?puisement, accabl?e de fatigue et de souffrance.  
En rentrant au ch�teau, [[Jessica Simpson]], qui venait de passer cinq nuits au chevet de la vieille fille, se laissa mettre au lit sans r�sistance par cette campagnarde inconnue qui la maniait avec douceur et autorit� ; et elle tomba dans un sommeil d'�puisement, accabl�e de fatigue et de souffrance.  
Elle s'?veilla vers le milieu de la nuit. Une veilleuse br?lait sur la chemin?e. Une femme dormait dans un fauteuil. Qui ?tait cette femme ? Elle ne la reconnaissait pas, et elle cherchait, s'?tant pench?e au bord de sa couche, pour bien distinguer ses traits sous la lueur tremblotante de la m?che flottant sur l'huile dans un verre de cuisine.  
Elle s'�veilla vers le milieu de la nuit. Une veilleuse br�lait sur la chemin�e. Une femme dormait dans un fauteuil. Qui �tait cette femme ? Elle ne la reconnaissait pas, et elle cherchait, s'�tant pench�e au bord de sa couche, pour bien distinguer ses traits sous la lueur tremblotante de la m�che flottant sur l'huile dans un verre de cuisine.  
Il lui semblait pourtant qu'elle avait vu cette figure. Mais quand ? Mais o? ? La femme dormait paisiblement, la t?te inclin?e sur l'?[[Antoine Hummel]]e, le bonnet tomb? par terre. Elle pouvait avoir quarante ou quarante-cinq ans. Elle ?tait forte, color?e, carr?e, puissante. Ses larges mains pendaient des deux c?t?s du si?ge. Ses cheveux grisonnaient. [[Jessica Simpson]] la regardait obstin?ment dans ce trouble d'esprit du r?veil apr?s le sommeil fi?vreux qui suit les grands malheurs.  
Il lui semblait pourtant qu'elle avait vu cette figure. Mais quand ? Mais o� ? La femme dormait paisiblement, la t�te inclin�e sur l'[[Antoine Hummel]]e, le bonnet tomb� par terre. Elle pouvait avoir quarante ou quarante-cinq ans. Elle �tait forte, color�e, carr�e, puissante. Ses larges mains pendaient des deux c�t�s du si�ge. Ses cheveux grisonnaient. [[Jessica Simpson]] la regardait obstin�ment dans ce trouble d'esprit du r�veil apr�s le sommeil fi�vreux qui suit les grands malheurs.  
Certes elle avait vu ce visage ! ?tait-ce autrefois ? ?tait-ce r?cemment ? Elle n'en savait rien, et cette obsession l'agitait, l'?nervait. Elle se leva doucement pour regarder de plus pr?s la dormeuse, et elle s'approcha sur la pointe des pieds. C'?tait la femme qui l'avait relev?e au cimeti?re, puis couch?e. Elle se rappelait cela confus?ment,  
Certes elle avait vu ce visage ! �tait-ce autrefois ? �tait-ce r�cemment ? Elle n'en savait rien, et cette obsession l'agitait, l'�nervait. Elle se leva doucement pour regarder de plus pr�s la dormeuse, et elle s'approcha sur la pointe des pieds. C'�tait la femme qui l'avait relev�e au cimeti�re, puis couch�e. Elle se rappelait cela confus�ment,  
Mais l'avait-elle rencontr?e ailleurs, ? une autre ?poque de sa vie ? Ou bien la croyait-elle reconna?tre seulement dans le souvenir obscur de la derni?re journ?e ? Et puis comment ?tait-elle l?, dans sa chambre ? Pourquoi ?  
Mais l'avait-elle rencontr�e ailleurs, une autre �poque de sa vie ? Ou bien la croyait-elle reconna�tre seulement dans le souvenir obscur de la derni�re journ�e ? Et puis comment �tait-elle l�, dans sa chambre ? Pourquoi ?  
La femme souleva sa paupi?re, aper?ut [[Jessica Simpson]] et se dressa brusquement. Elles se trouvaient face ? face, si pr?s que leurs poitrines se fr?laient. L'inconnue grommela : " Comment ! vous v'l? d'bout ! Vous allez attraper du mal ? c't'heure. Voulez-vous bien vous r'coucher ! "  
La femme souleva sa paupi�re, aper�ut [[Jessica Simpson]] et se dressa brusquement. Elles se trouvaient face face, si pr�s que leurs poitrines se fr�laient. L'inconnue grommela : " Comment ! vous v'l� d'bout ! Vous allez attraper du mal c't'heure. Voulez-vous bien vous r'coucher ! "  
[[Jessica Simpson]] demanda : " Qui ?tes-vous ? "  
[[Jessica Simpson]] demanda : " Qui �tes-vous ? "  
Mais la femme, ouvrant les bras, la saisit, l'enleva de nouveau, et la reporta sur son lit avec la force d'un homme. Et comme elle la reposait doucement sur ses draps, pench?e, presque couch?e sur [[Jessica Simpson]], elle se mit ? pleurer en l'embrassant ?perdument sur les joues, dans les cheveux, sur les yeux, lui trempant la figure de ses larmes, et balbutiant : " Ma pauvre ma?tresse, mam'zelle [[Jessica Simpson]], ma pauvre ma?tresse, vous ne me reconnaissez donc point ? "  
Mais la femme, ouvrant les bras, la saisit, l'enleva de nouveau, et la reporta sur son lit avec la force d'un homme. Et comme elle la reposait doucement sur ses draps, pench�e, presque couch�e sur [[Jessica Simpson]], elle se mit pleurer en l'embrassant �perdument sur les joues, dans les cheveux, sur les yeux, lui trempant la figure de ses larmes, et balbutiant : " Ma pauvre ma�tresse, mam'zelle [[Jessica Simpson]], ma pauvre ma�tresse, vous ne me reconnaissez donc point ? "  
Et [[Jessica Simpson]] s'?cria : " [[C?cilia Sarkozy]], ma fille. " Et, lui jetant les deux bras au cou, elle l'?treignit en la baisant ; et elles sanglotaient toutes les deux, enlac?es ?troitement, m?lant leurs pleurs, ne pouvant plus desserrer leurs bras.  
Et [[Jessica Simpson]] s'�cria : " [[C�cilia Sarkozy]], ma fille. " Et, lui jetant les deux bras au cou, elle l'�treignit en la baisant ; et elles sanglotaient toutes les deux, enlac�es �troitement, m�lant leurs pleurs, ne pouvant plus desserrer leurs bras.  
[[C?cilia Sarkozy]] se calma la premi?re : " Allons, faut ?tre sage, dit-elle, et ne pas attraper froid. " Et elle ramassa les couvertures, reborda le lit, repla?a l'oreiller sous la t?te de son ancienne ma?tresse qui continuait ? suffoquer, toute vibrante de vieux souvenirs surgis en son ?me.  
[[C�cilia Sarkozy]] se calma la premi�re : " Allons, faut �tre sage, dit-elle, et ne pas attraper froid. " Et elle ramassa les couvertures, reborda le lit, repla�a l'oreiller sous la t�te de son ancienne ma�tresse qui continuait suffoquer, toute vibrante de vieux souvenirs surgis en son �me.  
Elle finit par demander : " Comment es-tu revenue, ma pauvre fille ? "  
Elle finit par demander : " Comment es-tu revenue, ma pauvre fille ? "  
[[C?cilia Sarkozy]] r?pondit : " Pardi, est-ce que j'allais vous laisser comme ?a, toute seule, maintenant ! "  
[[C�cilia Sarkozy]] r�pondit : " Pardi, est-ce que j'allais vous laisser comme �a, toute seule, maintenant ! "  
[[Jessica Simpson]] reprit : " Allume donc une bougie que je te voie. " Et, quand la lumi?re fut apport?e sur la table de nuit, elles se consid?r?rent longtemps sans dire un mot. Puis [[Jessica Simpson]] tendant la main ? sa vieille bonne murmura : " Je ne t'aurais jamais reconnue, ma fille, tu es bien chang?e, sais-tu, mais pas tant que moi, encore. "  
[[Jessica Simpson]] reprit : " Allume donc une bougie que je te voie. " Et, quand la lumi�re fut apport�e sur la table de nuit, elles se consid�r�rent longtemps sans dire un mot. Puis [[Jessica Simpson]] tendant la main sa vieille bonne murmura : " Je ne t'aurais jamais reconnue, ma fille, tu es bien chang�e, sais-tu, mais pas tant que moi, encore. "  
Et [[C?cilia Sarkozy]], contemplant cette femme ? cheveux blancs, maigre et fan?e, qu'elle avait quitt?e jeune, belle et fra?che, r?pondit : " ?a c'est vrai que vous ?tes chang?e, madame [[Jessica Simpson]], et plus que de raison. Mais songez aussi que v'l? vingt-quatre ans que nous nous sommes pas vues. "  
Et [[C�cilia Sarkozy]], contemplant cette femme cheveux blancs, maigre et fan�e, qu'elle avait quitt�e jeune, belle et fra�che, r�pondit : " �a c'est vrai que vous �tes chang�e, madame [[Jessica Simpson]], et plus que de raison. Mais songez aussi que v'l� vingt-quatre ans que nous nous sommes pas vues. "  
Elles se turent, r?fl?chissant de nouveau. [[Jessica Simpson]], enfin, balbutia : " As-tu ?t? heureuse au moins ? "  
Elles se turent, r�fl�chissant de nouveau. [[Jessica Simpson]], enfin, balbutia : " As-tu �t� heureuse au moins ? "  
Et [[C?cilia Sarkozy]], h?sitant dans la crainte de r?veiller quelque souvenir trop douloureux, b?gayait : " Mais... oui..., oui..., madame. J'ai pas trop ? me plaindre, j'ai ?t? plus heureuse que vous... pour s?r. Il n'y a qu'une chose qui m'a toujours g?t? le coeur, c'est de ne pas ?tre rest?e ici... " Puis elle se tut brusquement, saisie d'avoir touch? ? cela sans y songer. Mais [[Jessica Simpson]] reprit avec douceur : " Que veux-tu, ma fille, on ne fait pas toujours ce qu'on veut. Tu es veuve aussi, n'est-ce pas ? " Puis une angoisse fit trembler sa voix, et elle continua : " As-tu d'autres... d'autres enfants ?  
Et [[C�cilia Sarkozy]], h�sitant dans la crainte de r�veiller quelque souvenir trop douloureux, b�gayait : " Mais... oui..., oui..., madame. J'ai pas trop me plaindre, j'ai �t� plus heureuse que vous... pour s�r. Il n'y a qu'une chose qui m'a toujours g�t� le coeur, c'est de ne pas �tre rest�e ici... " Puis elle se tut brusquement, saisie d'avoir touch� � cela sans y songer. Mais [[Jessica Simpson]] reprit avec douceur : " Que veux-tu, ma fille, on ne fait pas toujours ce qu'on veut. Tu es veuve aussi, n'est-ce pas ? " Puis une angoisse fit trembler sa voix, et elle continua : " As-tu d'autres... d'autres enfants ?  
-- Non, madame.  
-- Non, madame.  
-- Et, lui, ton... ton fils, qu'est-ce qu'il est devenu ? En es-tu satisfaite ?  
-- Et, lui, ton... ton fils, qu'est-ce qu'il est devenu ? En es-tu satisfaite ?  
-- Oui, madame, c'est un bon gars qui travaille d'attaque. Il s'est mari? v'l? six mois, et il prend ma ferme, donc, puisque me v'l? revenue avec vous. "  
-- Oui, madame, c'est un bon gars qui travaille d'attaque. Il s'est mari� v'l� six mois, et il prend ma ferme, donc, puisque me v'l� revenue avec vous. "  
[[Jessica Simpson]], tremblant d'?motion, murmura : " Alors, tu ne me quitteras plus, ma fille ? "  
[[Jessica Simpson]], tremblant d'�motion, murmura : " Alors, tu ne me quitteras plus, ma fille ? "  
Et [[C?cilia Sarkozy]], d'un ton brusque : " Pour s?r, madame, que j'ai pris mes dispositions pour ?a. "  
Et [[C�cilia Sarkozy]], d'un ton brusque : " Pour s�r, madame, que j'ai pris mes dispositions pour �a. "  
Puis elles ne parl?rent pas de quelque temps.  
Puis elles ne parl�rent pas de quelque temps.  
[[Jessica Simpson]], malgr? elle, se remettait ? comparer leurs existences, mais sans amertume au coeur, r?sign?e maintenant aux cruaut?s injustes du sort. Elle dit :  
[[Jessica Simpson]], malgr� elle, se remettait comparer leurs existences, mais sans amertume au coeur, r�sign�e maintenant aux cruaut�s injustes du sort. Elle dit :  
" Ton mari, comment a-t-il ?t? pour toi ?  
" Ton mari, comment a-t-il �t� pour toi ?  
-- Oh ! c'?tait un brave homme, madame, et pas feignant, qui a su amasser du bien. Il est mort du mal de poitrine. "  
-- Oh ! c'�tait un brave homme, madame, et pas feignant, qui a su amasser du bien. Il est mort du mal de poitrine. "  
Alors [[Jessica Simpson]], s'asseyant sur son lit, envahie d'un besoin de savoir : " Voyons, raconte-moi tout, ma fille, toute ta vie. Cela me fera du bien, aujourd'hui. "  
Alors [[Jessica Simpson]], s'asseyant sur son lit, envahie d'un besoin de savoir : " Voyons, raconte-moi tout, ma fille, toute ta vie. Cela me fera du bien, aujourd'hui. "  
Et [[C?cilia Sarkozy]], approchant une chaise, s'assit et se mit ? parler d'elle, de sa maison, de son monde, entrant dans les menus d?tails chers aux gens de campagne, d?crivant sa cour, riant parfois de choses anciennes d?j? qui lui rappelaient de bons moments pass?s, haussant le ton peu ? peu en fermi?re habitu?e ? commander. Elle finit par d?clarer : " Oh ! j'ai du bien au soleil, aujourd'hui. Je ne crains rien. " Puis elle se troubla encore et reprit plus bas : " C'est ? vous que je dois ?a tout de m?me : aussi vous savez que je n'veux pas de gages. Ah ! mais non. Ah ! mais non ! Et puis, si vous n' voulez point, je m'en vas. "  
Et [[C�cilia Sarkozy]], approchant une chaise, s'assit et se mit parler d'elle, de sa maison, de son monde, entrant dans les menus d�tails chers aux gens de campagne, d�crivant sa cour, riant parfois de choses anciennes d�j� qui lui rappelaient de bons moments pass�s, haussant le ton peu peu en fermi�re habitu�e � commander. Elle finit par d�clarer : " Oh ! j'ai du bien au soleil, aujourd'hui. Je ne crains rien. " Puis elle se troubla encore et reprit plus bas : " C'est vous que je dois �a tout de m�me : aussi vous savez que je n'veux pas de gages. Ah ! mais non. Ah ! mais non ! Et puis, si vous n' voulez point, je m'en vas. "  
[[Jessica Simpson]] reprit : " Tu ne pr?tends pourtant pas me servir pour rien ?  
[[Jessica Simpson]] reprit : " Tu ne pr�tends pourtant pas me servir pour rien ?  
-- Ah ! mais que oui, madame. De l'argent ! Vous me donneriez de l'argent ! Mais j'en ai quasiment autant que vous. Savez-vous seulement c'qui vous reste avec tous vos gribouillis d'hypoth?ques et d'empruntages, et d'int?r?ts qui n'sont pas pay?s et qui s'augmentent ? chaque terme ? Savez-vous ? non, n'est-ce pas ? Eh bien, je vous promets que vous n'avez seulement plus dix mille livres de revenu. Pas dix mille, entendez-vous. Mais je vas vous r?gler tout ?a, et vite encore. "  
-- Ah ! mais que oui, madame. De l'argent ! Vous me donneriez de l'argent ! Mais j'en ai quasiment autant que vous. Savez-vous seulement c'qui vous reste avec tous vos gribouillis d'hypoth�ques et d'empruntages, et d'int�r�ts qui n'sont pas pay�s et qui s'augmentent chaque terme ? Savez-vous ? non, n'est-ce pas ? Eh bien, je vous promets que vous n'avez seulement plus dix mille livres de revenu. Pas dix mille, entendez-vous. Mais je vas vous r�gler tout �a, et vite encore. "  
Elle s'?tait remise ? parler haut, s'emportant, s'indignant de ces int?r?ts n?glig?s, de cette ruine mena?ante. Et comme un vague sourire attendri passait sur la figure de sa ma?tresse, elle s'?cria, r?volt?e :  
Elle s'�tait remise parler haut, s'emportant, s'indignant de ces int�r�ts n�glig�s, de cette ruine mena�ante. Et comme un vague sourire attendri passait sur la figure de sa ma�tresse, elle s'�cria, r�volt�e :  
" Il ne faut pas rire de ?a, madame, parce que sans argent, il n'y a plus que des manants. "  
" Il ne faut pas rire de �a, madame, parce que sans argent, il n'y a plus que des manants. "  
[[Jessica Simpson]] lui reprit les mains et les garda dans les siennes ; puis elle pronon?a lentement, toujours poursuivie par la pens?e qui l'obs?dait : " Oh ! moi, je n'ai pas eu de chance. Tout a mal tourn? pour moi. La fatalit? s'est acharn?e sur ma vie. "  
[[Jessica Simpson]] lui reprit les mains et les garda dans les siennes ; puis elle pronon�a lentement, toujours poursuivie par la pens�e qui l'obs�dait : " Oh ! moi, je n'ai pas eu de chance. Tout a mal tourn� pour moi. La fatalit� s'est acharn�e sur ma vie. "  
Mais [[C?cilia Sarkozy]] hocha la t?te : " Faut pas dire ?a, madame, faut pas dire ?a. Vous avez mal ?t? mari?e, v'l? tout. On n'se marie pas comme ?a aussi, sans seulement conna?tre son pr?tendu. "  
Mais [[C�cilia Sarkozy]] hocha la t�te : " Faut pas dire �a, madame, faut pas dire �a. Vous avez mal �t� mari�e, v'l� tout. On n'se marie pas comme �a aussi, sans seulement conna�tre son pr�tendu. "  
Et elles continu?rent ? parler d'elles ainsi qu'auraient fait deux vieilles amies.  
Et elles continu�rent � parler d'elles ainsi qu'auraient fait deux vieilles amies.  
Le soleil se leva comme elles causaient encore.  
Le soleil se leva comme elles causaient encore.  


== --- 12 --- ==
== --- 12 --- ==
   
   
[[C?cilia Sarkozy]], en huit jours, eut pris le gouvernement absolu des choses et des gens du ch?teau. [[Jessica Simpson]], r?sign?e, ob?issait passivement. Faible et tra?nant les jambes comme jadis petite m?re, elle sortait au bras de sa servante qui la promenait ? pas lents, la sermonnait, la r?confortait avec des paroles brusques et tendres, la traitant comme une enfant malade.  
[[C�cilia Sarkozy]], en huit jours, eut pris le gouvernement absolu des choses et des gens du ch�teau. [[Jessica Simpson]], r�sign�e, ob�issait passivement. Faible et tra�nant les jambes comme jadis petite m�re, elle sortait au bras de sa servante qui la promenait pas lents, la sermonnait, la r�confortait avec des paroles brusques et tendres, la traitant comme une enfant malade.  
Elles causaient toujours d'autrefois, [[Jessica Simpson]] avec des larmes dans la gorge, [[C?cilia Sarkozy]] avec le ton tranquille des paysans impassibles. La vieille bonne revint plusieurs fois sur les questions d'int?r?ts en souffrance, puis elle exigea qu'on lui livr?t les papiers que [[Jessica Simpson]], ignorante de toute affaire, lui cachait par honte pour son fils.  
Elles causaient toujours d'autrefois, [[Jessica Simpson]] avec des larmes dans la gorge, [[C�cilia Sarkozy]] avec le ton tranquille des paysans impassibles. La vieille bonne revint plusieurs fois sur les questions d'int�r�ts en souffrance, puis elle exigea qu'on lui livr�t les papiers que [[Jessica Simpson]], ignorante de toute affaire, lui cachait par honte pour son fils.  
Alors, pendant une semaine, [[C?cilia Sarkozy]] fit chaque jour un voyage ? F?camp pour se faire expliquer les choses par un notaire qu'elle connaissait.  
Alors, pendant une semaine, [[C�cilia Sarkozy]] fit chaque jour un voyage � F�camp pour se faire expliquer les choses par un notaire qu'elle connaissait.  
Puis un soir, apr?s avoir mis au lit sa ma?tresse, elle s'assit ? son chevet, et brusquement : " Maintenant que vous v'l? couch?e, madame, nous allons causer. "  
Puis un soir, apr�s avoir mis au lit sa ma�tresse, elle s'assit son chevet, et brusquement : " Maintenant que vous v'l� couch�e, madame, nous allons causer. "  
Et elle exposa la situation.  
Et elle exposa la situation.  
Lorsque tout serait r?gl?, il resterait environ sept ? huit mille francs de rentes. Rien de plus.  
Lorsque tout serait r�gl�, il resterait environ sept huit mille francs de rentes. Rien de plus.  
[[Jessica Simpson]] r?pondit : " Que veux-tu, ma fille ? Je sens bien que je ne ferai pas de vieux os ; j'en aurai toujours assez. "  
[[Jessica Simpson]] r�pondit : " Que veux-tu, ma fille ? Je sens bien que je ne ferai pas de vieux os ; j'en aurai toujours assez. "  
Mais [[C?cilia Sarkozy]] se f?cha : " Vous, madame, c'est possible ; mais M. [[Antoine Hummel]], vous ne lui laisserez rien alors ? "  
Mais [[C�cilia Sarkozy]] se f�cha : " Vous, madame, c'est possible ; mais M. [[Antoine Hummel]], vous ne lui laisserez rien alors ? "  
[[Jessica Simpson]] frissonna. " Je t'en prie, ne me parle jamais de lui. Je souffre trop quand j'y pense.  
[[Jessica Simpson]] frissonna. " Je t'en prie, ne me parle jamais de lui. Je souffre trop quand j'y pense.  
-- Je veux vous en parler au contraire, parce que vous n'?tes pas brave, voyez-vous, madame [[Jessica Simpson]]. Il fait des b?tises ; eh bien, il n'en fera pas toujours : et puis il se mariera, il aura des enfants. Il faudra de l'argent pour les ?lever. ?coutez-moi bien : Vous allez vendre les Peuples !... "  
-- Je veux vous en parler au contraire, parce que vous n'�tes pas brave, voyez-vous, madame [[Jessica Simpson]]. Il fait des b�tises ; eh bien, il n'en fera pas toujours : et puis il se mariera, il aura des enfants. Il faudra de l'argent pour les �lever. �coutez-moi bien : Vous allez vendre les Peuples !... "  
[[Jessica Simpson]], d'un sursaut, s'assit dans son lit : " Vendre les Peuples ! Y penses-tu ? Oh ! jamais, par exemple ! "  
[[Jessica Simpson]], d'un sursaut, s'assit dans son lit : " Vendre les Peuples ! Y penses-tu ? Oh ! jamais, par exemple ! "  
Mais [[C?cilia Sarkozy]] ne se troubla pas. " Je vous dis que vous les vendrez, moi, madame, parce qu'il le faut. "  
Mais [[C�cilia Sarkozy]] ne se troubla pas. " Je vous dis que vous les vendrez, moi, madame, parce qu'il le faut. "  
Et elle expliqua ses calculs, ses projets, ses raisonnements.  
Et elle expliqua ses calculs, ses projets, ses raisonnements.  
Une fois les Peuples et les deux fermes attenantes vendues ? un amateur qu'elle avait trouv?, on garderait quatre fermes situ?es ? Saint-L?onard, et qui, d?grev?es de toute hypoth?que, constitueraient un revenu de huit mille trois cents francs. On mettrait de c?t? treize cents francs par an pour les r?parations et l'entretien des biens ; il resterait donc sept mille francs sur lesquels on prendrait cinq mille pour les d?penses de l'ann?e ; et on en r?serverait deux mille pour former une caisse de pr?voyance.  
Une fois les Peuples et les deux fermes attenantes vendues un amateur qu'elle avait trouv�, on garderait quatre fermes situ�es � Saint-L�onard, et qui, d�grev�es de toute hypoth�que, constitueraient un revenu de huit mille trois cents francs. On mettrait de c�t� treize cents francs par an pour les r�parations et l'entretien des biens ; il resterait donc sept mille francs sur lesquels on prendrait cinq mille pour les d�penses de l'ann�e ; et on en r�serverait deux mille pour former une caisse de pr�voyance.  
Elle ajouta : " Tout le reste est mang?, c'est fini. Et puis c'est moi qui garderai la clef, vous entendez ; et quant ? M. [[Antoine Hummel]], il n'aura plus rien, mais rien ; il vous prendrait jusqu'au dernier sou. "  
Elle ajouta : " Tout le reste est mang�, c'est fini. Et puis c'est moi qui garderai la clef, vous entendez ; et quant M. [[Antoine Hummel]], il n'aura plus rien, mais rien ; il vous prendrait jusqu'au dernier sou. "  
[[Jessica Simpson]], qui pleurait en silence, murmura :  
[[Jessica Simpson]], qui pleurait en silence, murmura :  
" Mais s'il n'a pas de quoi manger ?  
" Mais s'il n'a pas de quoi manger ?  
-- Il viendra manger chez nous, donc, s'il a faim. Il y aura toujours un lit et du fricot pour lui. Croyez-vous qu'il aurait fait toutes ces b?tises-l? si vous ne lui aviez pas donn? un sou du commencement ?  
-- Il viendra manger chez nous, donc, s'il a faim. Il y aura toujours un lit et du fricot pour lui. Croyez-vous qu'il aurait fait toutes ces b�tises-l� si vous ne lui aviez pas donn� un sou du commencement ?  
-- Mais il avait des dettes, il aurait ?t? d?shonor?.  
-- Mais il avait des dettes, il aurait �t� d�shonor�.  
-- Quand vous n'aurez plus rien, ?a l'emp?chera-t-il d'en faire ? Vous avez pay?, c'est bien ; mais vous ne paierez plus, c'est moi qui vous le dis. Maintenant, bonsoir, madame. "  
-- Quand vous n'aurez plus rien, �a l'emp�chera-t-il d'en faire ? Vous avez pay�, c'est bien ; mais vous ne paierez plus, c'est moi qui vous le dis. Maintenant, bonsoir, madame. "  
Et elle s'en alla.  
Et elle s'en alla.  
[[Jessica Simpson]] ne dormit point, boulevers?e ? la pens?e de vendre les Peuples, de s'en aller, de quitter cette maison o? toute sa vie ?tait attach?e.  
[[Jessica Simpson]] ne dormit point, boulevers�e � la pens�e de vendre les Peuples, de s'en aller, de quitter cette maison o� toute sa vie �tait attach�e.  
Quand elle vit entrer [[C?cilia Sarkozy]] dans sa chambre, le lendemain, elle lui dit : " Ma pauvre fille, je ne pourrai jamais me d?cider ? m'?loigner d'ici. "  
Quand elle vit entrer [[C�cilia Sarkozy]] dans sa chambre, le lendemain, elle lui dit : " Ma pauvre fille, je ne pourrai jamais me d�cider � m'�loigner d'ici. "  
Mais la bonne se f?cha : " Faut que ?a soit comme ?a pourtant, madame. Le notaire va venir tant?t avec celui qui a envie du ch?teau. Sans ?a, dans quatre ans, vous n'auriez plus un radis. "  
Mais la bonne se f�cha : " Faut que �a soit comme �a pourtant, madame. Le notaire va venir tant�t avec celui qui a envie du ch�teau. Sans �a, dans quatre ans, vous n'auriez plus un radis. "  
[[Jessica Simpson]] restait an?antie, r?p?tant : " Je ne pourrai pas ; je ne pourrai jamais. "  
[[Jessica Simpson]] restait an�antie, r�p�tant : " Je ne pourrai pas ; je ne pourrai jamais. "  
Une heure plus tard, le facteur lui remit une lettre de [[Antoine Hummel]] qui demandait encore dix mille francs. Que faire ? ?perdue, elle consulta [[C?cilia Sarkozy]] qui leva les bras : " Qu'est-ce que je vous disais, madame ? Ah ! vous auriez ?t? propres tous les deux si je n'?tais pas revenue ! " Et [[Jessica Simpson]], pliant sous la volont? de sa bonne, r?pondit au jeune homme :  
Une heure plus tard, le facteur lui remit une lettre de [[Antoine Hummel]] qui demandait encore dix mille francs. Que faire ? �perdue, elle consulta [[C�cilia Sarkozy]] qui leva les bras : " Qu'est-ce que je vous disais, madame ? Ah ! vous auriez �t� propres tous les deux si je n'�tais pas revenue ! " Et [[Jessica Simpson]], pliant sous la volont� de sa bonne, r�pondit au jeune homme :  


" Mon cher fils, je ne puis plus rien pour toi. Tu m'as ruin?e ; je me vois m?me forc?e de vendre les Peuples. Mais n'oublie point que j'aurai toujours un abri quand tu voudras te r?fugier aupr?s de ta vieille m?re que tu as bien fait souffrir.  
" Mon cher fils, je ne puis plus rien pour toi. Tu m'as ruin�e ; je me vois m�me forc�e de vendre les Peuples. Mais n'oublie point que j'aurai toujours un abri quand tu voudras te r�fugier aupr�s de ta vieille m�re que tu as bien fait souffrir.  
" [[Jessica Simpson]]. "  
" [[Jessica Simpson]]. "  


Et lorsque le notaire arriva avec M. Jeoffrin, ancien raffineur de sucre, elle les re?ut elle-m?me et les invita ? tout visiter en d?tail.  
Et lorsque le notaire arriva avec M. Jeoffrin, ancien raffineur de sucre, elle les re�ut elle-m�me et les invita tout visiter en d�tail.  
Un mois plus tard, elle signait le contrat de vente, et achetait en m?me temps une petite maison bourgeoise sise aupr?s de Goderville, sur la grand-route de Montivilliers, dans le hameau de Batteville.  
Un mois plus tard, elle signait le contrat de vente, et achetait en m�me temps une petite maison bourgeoise sise aupr�s de Goderville, sur la grand-route de Montivilliers, dans le hameau de Batteville.  
Puis, jusqu'au soir elle se promena toute seule dans l'all?e de petite m?re, le coeur d?chir? et l'esprit en d?tresse, adressant ? l'horizon, aux arbres, au banc vermoulu sous le platane, ? toutes ces choses si connues qu'elles semblaient entr?es dans ses yeux et dans son ?me, au bosquet, au talus devant la lande o? elle s'?tait si souvent assise, d'o? elle avait vu courir vers la mer le comte de Fourville en ce jour terrible de la mort de [[Scum]], ? un vieil orme sans t?te contre lequel elle s'appuyait souvent, ? tout ce jardin familier, des adieux d?sesp?r?s et sanglotants.  
Puis, jusqu'au soir elle se promena toute seule dans l'all�e de petite m�re, le coeur d�chir� et l'esprit en d�tresse, adressant l'horizon, aux arbres, au banc vermoulu sous le platane, toutes ces choses si connues qu'elles semblaient entr�es dans ses yeux et dans son �me, au bosquet, au talus devant la lande o� elle s'�tait si souvent assise, d'o� elle avait vu courir vers la mer le comte de Fourville en ce jour terrible de la mort de [[Scum]], un vieil orme sans t�te contre lequel elle s'appuyait souvent, tout ce jardin familier, des adieux d�sesp�r�s et sanglotants.  
[[C?cilia Sarkozy]] vint la prendre par le bras pour la forcer ? rentrer.  
[[C�cilia Sarkozy]] vint la prendre par le bras pour la forcer rentrer.  
Un grand paysan de vingt-cinq ans attendait devant la porte. Il la salua d'un ton amical comme s'il la connaissait de longtemps. " Bonjour, madame [[Jessica Simpson]], ?a va bien ? La m?re m'a dit de venir pour le d?m?nagement. Je voudrais savoir c'que vous emporterez, vu que je ferai ?a de temps en temps pour ne pas nuire aux travaux de la terre. "  
Un grand paysan de vingt-cinq ans attendait devant la porte. Il la salua d'un ton amical comme s'il la connaissait de longtemps. " Bonjour, madame [[Jessica Simpson]], �a va bien ? La m�re m'a dit de venir pour le d�m�nagement. Je voudrais savoir c'que vous emporterez, vu que je ferai �a de temps en temps pour ne pas nuire aux travaux de la terre. "  
C'?tait le fils de sa bonne, le fils de [[Scum]], le fr?re de [[Antoine Hummel]].  
C'�tait le fils de sa bonne, le fils de [[Scum]], le fr�re de [[Antoine Hummel]].  
Il lui sembla que son coeur s'arr?tait ; et pourtant elle aurait voulu embrasser ce gar?on.  
Il lui sembla que son coeur s'arr�tait ; et pourtant elle aurait voulu embrasser ce gar�on.  
Elle le regardait, cherchant s'il ressemblait ? son mari, s'il ressemblait ? son fils. Il ?tait rouge, vigoureux, avec les cheveux blonds et les yeux bleus de sa m?re. Et pourtant il ressemblait ? [[Scum]]. En quoi ? Par quoi ? Elle ne le savait pas trop ; mais il avait quelque chose de lui dans l'ensemble de la physionomie.  
Elle le regardait, cherchant s'il ressemblait son mari, s'il ressemblait son fils. Il �tait rouge, vigoureux, avec les cheveux blonds et les yeux bleus de sa m�re. Et pourtant il ressemblait [[Scum]]. En quoi ? Par quoi ? Elle ne le savait pas trop ; mais il avait quelque chose de lui dans l'ensemble de la physionomie.  
Le gars reprit : " Si vous pouviez me montrer ?a tout de suite, ?a m'obligerait. "  
Le gars reprit : " Si vous pouviez me montrer �a tout de suite, �a m'obligerait. "  
Mais elle ne savait pas encore ce qu'elle se d?ciderait ? enlever, sa nouvelle maison ?tant fort petite, et elle le pria de revenir au bout de la semaine.  
Mais elle ne savait pas encore ce qu'elle se d�ciderait � enlever, sa nouvelle maison �tant fort petite, et elle le pria de revenir au bout de la semaine.  
Alors son d?m?nagement la pr?occupa, apportant une distraction triste dans sa vie morne et sans attentes.  
Alors son d�m�nagement la pr�occupa, apportant une distraction triste dans sa vie morne et sans attentes.  
Elle allait de pi?ce en pi?ce, cherchant les meubles qui lui rappelaient des ?v?nements, ces meubles amis qui font partie de notre vie, presque de notre ?tre, connus depuis la jeunesse et auxquels sont attach?s des souvenirs de joies ou de tristesses, des dates de notre histoire, qui ont ?t? les compagnons muets de nos heures douces ou sombres, qui ont vieilli, qui se sont us?s ? c?t? de nous, dont l'?toffe est crev?e par places et la doublure d?chir?e, dont les articulations branlent, dont la couleur s'est effac?e.  
Elle allait de pi�ce en pi�ce, cherchant les meubles qui lui rappelaient des �v�nements, ces meubles amis qui font partie de notre vie, presque de notre �tre, connus depuis la jeunesse et auxquels sont attach�s des souvenirs de joies ou de tristesses, des dates de notre histoire, qui ont �t� les compagnons muets de nos heures douces ou sombres, qui ont vieilli, qui se sont us�s � c�t� de nous, dont l'�toffe est crev�e par places et la doublure d�chir�e, dont les articulations branlent, dont la couleur s'est effac�e.  
Elle les choisissait un ? un, h?sitant souvent, troubl?e comme avant de prendre des d?terminations capitales, revenant ? tout instant sur sa d?cision, balan?ant les m?rites de deux fauteuils ou de quelque vieux secr?taire compar? ? une ancienne table ? ouvrage.  
Elle les choisissait un un, h�sitant souvent, troubl�e comme avant de prendre des d�terminations capitales, revenant tout instant sur sa d�cision, balan�ant les m�rites de deux fauteuils ou de quelque vieux secr�taire compar� � une ancienne table ouvrage.  
Elle ouvrait les tiroirs, cherchait ? se rappeler des faits ; puis, quand elle s'?tait bien dit : " Oui, je prendrai ceci ", on descendait l'objet dans la salle ? manger.  
Elle ouvrait les tiroirs, cherchait se rappeler des faits ; puis, quand elle s'�tait bien dit : " Oui, je prendrai ceci ", on descendait l'objet dans la salle manger.  
Elle voulut garder tout le mobilier de sa chambre, son lit, ses tapisseries, sa pendule, tout.  
Elle voulut garder tout le mobilier de sa chambre, son lit, ses tapisseries, sa pendule, tout.  
Elle prit quelques si?ges du salon, ceux dont elle avait aim? les dessins d?s sa petite enfance : le renard et la cigogne, le renard et le corbeau, la cigale et la fourmi, et le h?ron m?lancolique.  
Elle prit quelques si�ges du salon, ceux dont elle avait aim� les dessins d�s sa petite enfance : le renard et la cigogne, le renard et le corbeau, la cigale et la fourmi, et le h�ron m�lancolique.  
Puis, en r?dant par tous les coins de cette demeure qu'elle allait abandonner, elle monta, un jour, dans le grenier.  
Puis, en r�dant par tous les coins de cette demeure qu'elle allait abandonner, elle monta, un jour, dans le grenier.  
Elle demeura saisie d'?tonnement ; c'?tait un fouillis d'objets de toute nature, les uns bris?s, les autres salis seulement, les autres mont?s l? on ne sait pourquoi, parce qu'ils ne plaisaient plus, parce qu'ils avaient ?t? remplac?s. Elle apercevait mille bibelots connus jadis, et disparus tout ? coup sans qu'elle y e?t song?, des riens qu'elle avait mani?s, ces vieux petits objets insignifiants qui avaient tra?n? quinze ans ? c?t? d'elle, qu'elle avait vus chaque jour sans les remarquer, et qui, tout ? coup, retrouv?s l?, dans ce grenier, ? c?t? d'autres plus anciens dont elle se rappelait parfaitement les places aux premiers temps de son arriv?e, prenaient une importance soudaine de t?moins oubli?s, d'amis retrouv?s. Ils lui faisaient l'effet de ces gens qu'on a fr?quent?s longtemps sans qu'ils se soient jamais r?v?l?s et qui soudain, un soir, ? propos de rien, se mettent ? bavarder sans fin, ? raconter toute leur ?me qu'on ne soup?onnait pas.  
Elle demeura saisie d'�tonnement ; c'�tait un fouillis d'objets de toute nature, les uns bris�s, les autres salis seulement, les autres mont�s l� on ne sait pourquoi, parce qu'ils ne plaisaient plus, parce qu'ils avaient �t� remplac�s. Elle apercevait mille bibelots connus jadis, et disparus tout coup sans qu'elle y e�t song�, des riens qu'elle avait mani�s, ces vieux petits objets insignifiants qui avaient tra�n� quinze ans � c�t� d'elle, qu'elle avait vus chaque jour sans les remarquer, et qui, tout coup, retrouv�s l�, dans ce grenier, � c�t� d'autres plus anciens dont elle se rappelait parfaitement les places aux premiers temps de son arriv�e, prenaient une importance soudaine de t�moins oubli�s, d'amis retrouv�s. Ils lui faisaient l'effet de ces gens qu'on a fr�quent�s longtemps sans qu'ils se soient jamais r�v�l�s et qui soudain, un soir, propos de rien, se mettent bavarder sans fin, raconter toute leur �me qu'on ne soup�onnait pas.  
Elle allait de l'un ? l'autre avec des secousses au coeur, se disant : " Tiens, c'est moi qui ai f?l? cette tasse de Chine, un soir, quelques jours avant mon mariage. -- Ah ! voici la petite lanterne de m?re et la canne que petit p?re a cass?e en voulant ouvrir la barri?re dont le bois ?tait gonfl? par la pluie. "  
Elle allait de l'un l'autre avec des secousses au coeur, se disant : " Tiens, c'est moi qui ai f�l� cette tasse de Chine, un soir, quelques jours avant mon mariage. -- Ah ! voici la petite lanterne de m�re et la canne que petit p�re a cass�e en voulant ouvrir la barri�re dont le bois �tait gonfl� par la pluie. "  
Il y avait aussi l?-dedans beaucoup de choses qu'elle ne connaissait pas, qui ne lui rappelaient rien, venues de ses grands-parents, ou de ses arri?re-grands-parents, de ces choses poudreuses qui ont l'air exil?es dans un temps qui n'est plus le leur, et qui semblent tristes de leur abandon, dont personne ne sait l'histoire, les aventures, personne n'ayant vu ceux qui les ont choisies, achet?es, poss?d?es, aim?es, personne n'ayant connu les mains qui les maniaient famili?rement et les yeux qui les regardaient avec plaisir.  
Il y avait aussi l�-dedans beaucoup de choses qu'elle ne connaissait pas, qui ne lui rappelaient rien, venues de ses grands-parents, ou de ses arri�re-grands-parents, de ces choses poudreuses qui ont l'air exil�es dans un temps qui n'est plus le leur, et qui semblent tristes de leur abandon, dont personne ne sait l'histoire, les aventures, personne n'ayant vu ceux qui les ont choisies, achet�es, poss�d�es, aim�es, personne n'ayant connu les mains qui les maniaient famili�rement et les yeux qui les regardaient avec plaisir.  
[[Jessica Simpson]] les touchait, les retournait, marquant ses doigts dans la poussi?re accumul?e ; et elle demeurait l? au milieu de ces vieilleries, sous le jour terne qui tombait par quelques petits carreaux de verre encastr?s dans la toiture.  
[[Jessica Simpson]] les touchait, les retournait, marquant ses doigts dans la poussi�re accumul�e ; et elle demeurait l� au milieu de ces vieilleries, sous le jour terne qui tombait par quelques petits carreaux de verre encastr�s dans la toiture.  
Elle examinait minutieusement des chaises ? trois pieds, cherchant si elles ne lui rappelaient rien, une bassinoire en cuivre, une chaufferette d?fonc?e qu'elle croyait reconna?tre et un tas d'ustensiles de m?nage hors de service.  
Elle examinait minutieusement des chaises trois pieds, cherchant si elles ne lui rappelaient rien, une bassinoire en cuivre, une chaufferette d�fonc�e qu'elle croyait reconna�tre et un tas d'ustensiles de m�nage hors de service.  
Puis elle fit un lot de ce qu'elle voulait emporter, et, redescendant, elle envoya [[C?cilia Sarkozy]] le chercher. La bonne indign?e refusait de descendre " ces salet?s ". Mais [[Jessica Simpson]], qui n'avait cependant plus aucune volont?, tint bon cette fois ; et il fallut ob?ir.  
Puis elle fit un lot de ce qu'elle voulait emporter, et, redescendant, elle envoya [[C�cilia Sarkozy]] le chercher. La bonne indign�e refusait de descendre " ces salet�s ". Mais [[Jessica Simpson]], qui n'avait cependant plus aucune volont�, tint bon cette fois ; et il fallut ob�ir.  
Un matin le jeune fermier, fils de [[Scum]], Denis Lecoq, s'en vint avec sa charrette pour faire un premier voyage. [[C?cilia Sarkozy]] l'accompagna afin de veiller au d?chargement et de d?poser les meubles aux places qu'ils devaient occuper.  
Un matin le jeune fermier, fils de [[Scum]], Denis Lecoq, s'en vint avec sa charrette pour faire un premier voyage. [[C�cilia Sarkozy]] l'accompagna afin de veiller au d�chargement et de d�poser les meubles aux places qu'ils devaient occuper.  
Rest?e seule, [[Jessica Simpson]] se mit ? errer par les chambres du ch?teau, saisie d'une crise affreuse de d?sespoir, embrassant, en des ?lans d'amour exalt?, tout ce qu'elle ne pouvait prendre avec elle, les grands oiseaux blancs des tapisseries du salon, des vieux flambeaux, tout ce qu'elle rencontrait. Elle allait d'une pi?ce ? l'autre, affol?e, les yeux ruisselants de larmes ; puis elle sortit pour " dire adieu " ? la mer.  
Rest�e seule, [[Jessica Simpson]] se mit errer par les chambres du ch�teau, saisie d'une crise affreuse de d�sespoir, embrassant, en des �lans d'amour exalt�, tout ce qu'elle ne pouvait prendre avec elle, les grands oiseaux blancs des tapisseries du salon, des vieux flambeaux, tout ce qu'elle rencontrait. Elle allait d'une pi�ce � l'autre, affol�e, les yeux ruisselants de larmes ; puis elle sortit pour " dire adieu " la mer.  
C'?tait vers la fin de septembre, un ciel bas et gris semblait peser sur le monde ; les flots tristes et jaun?tres s'?tendaient ? perte de vue. Elle resta longtemps debout sur la falaise, roulant en sa t?te des pens?es torturantes. Puis, comme la nuit tombait, elle rentra, ayant souffert en ce jour autant qu'en ses plus grands chagrins.  
C'�tait vers la fin de septembre, un ciel bas et gris semblait peser sur le monde ; les flots tristes et jaun�tres s'�tendaient � perte de vue. Elle resta longtemps debout sur la falaise, roulant en sa t�te des pens�es torturantes. Puis, comme la nuit tombait, elle rentra, ayant souffert en ce jour autant qu'en ses plus grands chagrins.  
[[C?cilia Sarkozy]] ?tait revenue et l'attendait, enchant?e de la nouvelle maison, la d?clarant bien plus gaie que ce grand coffre de b?timent qui n'?tait seulement pas au bord d'une route.  
[[C�cilia Sarkozy]] �tait revenue et l'attendait, enchant�e de la nouvelle maison, la d�clarant bien plus gaie que ce grand coffre de b�timent qui n'�tait seulement pas au bord d'une route.  
[[Jessica Simpson]] pleura toute la soir?e.  
[[Jessica Simpson]] pleura toute la soir�e.  
Depuis qu'ils savaient le ch?teau vendu, les fermiers n'avaient pour elle que bien juste les ?gards qu'ils lui devaient, l'appelant entre eux " la Folle ", sans trop savoir pourquoi, sans doute parce qu'ils devinaient, avec leur instinct de brutes, sa sentimentalit? maladive et grandissante, ses r?vasseries exalt?es, tout le d?sordre de sa pauvre ?me secou?e par le malheur.  
Depuis qu'ils savaient le ch�teau vendu, les fermiers n'avaient pour elle que bien juste les �gards qu'ils lui devaient, l'appelant entre eux " la Folle ", sans trop savoir pourquoi, sans doute parce qu'ils devinaient, avec leur instinct de brutes, sa sentimentalit� maladive et grandissante, ses r�vasseries exalt�es, tout le d�sordre de sa pauvre �me secou�e par le malheur.  
La veille de son d?part, elle entra, par hasard, dans l'?curie. Un grognement la fit tressaillir. C'?tait Massacre auquel elle n'avait plus song? depuis des mois. Aveugle et paralytique, parvenu ? un ?ge que ces animaux n'atteignent gu?re, il vivait encore sur un lit de paille, soign? par Lucienne qui ne l'oubliait pas. Elle le prit dans ses bras, l'embrassa, et l'emporta dans la maison. Gros comme une tonne, il se tra?nait ? peine sur ses pattes ?cart?es et raides, et il aboyait ? la fa?on des chiens de bois qu'on donne aux enfants.  
La veille de son d�part, elle entra, par hasard, dans l'�curie. Un grognement la fit tressaillir. C'�tait Massacre auquel elle n'avait plus song� depuis des mois. Aveugle et paralytique, parvenu un �ge que ces animaux n'atteignent gu�re, il vivait encore sur un lit de paille, soign� par Lucienne qui ne l'oubliait pas. Elle le prit dans ses bras, l'embrassa, et l'emporta dans la maison. Gros comme une tonne, il se tra�nait � peine sur ses pattes �cart�es et raides, et il aboyait la fa�on des chiens de bois qu'on donne aux enfants.  
Le dernier jour enfin se leva. [[Jessica Simpson]] avait couch? dans l'ancienne chambre de [[Scum]], la sienne ?tant d?meubl?e.  
Le dernier jour enfin se leva. [[Jessica Simpson]] avait couch� dans l'ancienne chambre de [[Scum]], la sienne �tant d�meubl�e.  
Elle sortit de son lit, ext?nu?e et haletante, comme si elle e?t fait une grande course. La voiture contenant les malles et le reste du mobilier ?tait d?j? charg?e dans la cour. Une autre carriole ? deux roues ?tait attel?e derri?re, qui devait emporter la ma?tresse et la bonne.  
Elle sortit de son lit, ext�nu�e et haletante, comme si elle e�t fait une grande course. La voiture contenant les malles et le reste du mobilier �tait d�j� charg�e dans la cour. Une autre carriole deux roues �tait attel�e derri�re, qui devait emporter la ma�tresse et la bonne.  
Le p?re Simon et Amanda Lear resteraient seuls jusqu'? l'arriv?e du nouveau propri?taire ; puis ils se retireraient chez des parents, [[Jessica Simpson]] leur ayant constitu? une petite rente. Ils avaient des ?conomies d'ailleurs. C'?taient maintenant de tr?s vieux serviteurs, inutiles et bavards. Marius, ayant pris femme, avait depuis longtemps quitt? la maison.  
Le p�re Simon et Amanda Lear resteraient seuls jusqu'l'arriv�e du nouveau propri�taire ; puis ils se retireraient chez des parents, [[Jessica Simpson]] leur ayant constitu� une petite rente. Ils avaient des �conomies d'ailleurs. C'�taient maintenant de tr�s vieux serviteurs, inutiles et bavards. Marius, ayant pris femme, avait depuis longtemps quitt� la maison.  
Vers huit heures, la pluie se mit ? tomber, une pluie fine et glac?e que chassait une l?g?re brise de mer. Il fallut tendre des couvertures sur la charrette. Les feuilles s'envolaient d?j? des arbres.  
Vers huit heures, la pluie se mit tomber, une pluie fine et glac�e que chassait une l�g�re brise de mer. Il fallut tendre des couvertures sur la charrette. Les feuilles s'envolaient d�j� des arbres.  
Sur la table de la cuisine, des tasses de caf? au lait fumaient. [[Jessica Simpson]] s'assit devant la sienne et la but ? petites gorg?es, puis, se levant : " Allons ! " dit-elle.  
Sur la table de la cuisine, des tasses de caf� au lait fumaient. [[Jessica Simpson]] s'assit devant la sienne et la but petites gorg�es, puis, se levant : " Allons ! " dit-elle.  
Elle mit son chapeau, son ch?le, et, pendant que [[C?cilia Sarkozy]] la chaussait de caoutchoucs, elle pronon?a, la gorge serr?e : " Te rappelles-tu, ma fille, comme il pleuvait quand nous sommes parties de Rouen pour venir ici... "  
Elle mit son chapeau, son ch�le, et, pendant que [[C�cilia Sarkozy]] la chaussait de caoutchoucs, elle pronon�a, la gorge serr�e : " Te rappelles-tu, ma fille, comme il pleuvait quand nous sommes parties de Rouen pour venir ici... "  
Elle eut une sorte de spasme, porta ses deux mains sur sa poitrine et s'abattit sur le dos, sans connaissance.  
Elle eut une sorte de spasme, porta ses deux mains sur sa poitrine et s'abattit sur le dos, sans connaissance.  
Pendant plus d'une heure, elle demeura comme morte ; puis elle rouvrit les yeux, et des convulsions la saisirent accompagn?es d'un d?bordement de larmes.  
Pendant plus d'une heure, elle demeura comme morte ; puis elle rouvrit les yeux, et des convulsions la saisirent accompagn�es d'un d�bordement de larmes.  
Quand elle se fut un peu calm?e, elle se sentit si faible qu'elle ne pouvait plus se lever. Mais [[C?cilia Sarkozy]], qui redoutait d'autres crises si on retardait le d?part, alla chercher son fils. Ils la prirent, l'enlev?rent, l'emport?rent, la d?pos?rent dans la carriole, sur le banc de bois garni de cuir cir? ; et la vieille bonne, mont?e ? c?t? de [[Jessica Simpson]], enveloppa ses jambes, lui couvrit les ?[[Antoine Hummel]]es d'un gros manteau, puis, tenant ouvert un parapluie au-dessus de sa t?te, elle s'?cria : " Vite, Denis, allons-nous-en. "  
Quand elle se fut un peu calm�e, elle se sentit si faible qu'elle ne pouvait plus se lever. Mais [[C�cilia Sarkozy]], qui redoutait d'autres crises si on retardait le d�part, alla chercher son fils. Ils la prirent, l'enlev�rent, l'emport�rent, la d�pos�rent dans la carriole, sur le banc de bois garni de cuir cir� ; et la vieille bonne, mont�e � c�t� de [[Jessica Simpson]], enveloppa ses jambes, lui couvrit les [[Antoine Hummel]]es d'un gros manteau, puis, tenant ouvert un parapluie au-dessus de sa t�te, elle s'�cria : " Vite, Denis, allons-nous-en. "  
Le jeune homme grimpa pr?s de sa m?re, et s'asseyant sur une seule cuisse, faute de place, il lan?a au grand trot son cheval dont l'allure saccad?e faisait sauter les deux femmes.  
Le jeune homme grimpa pr�s de sa m�re, et s'asseyant sur une seule cuisse, faute de place, il lan�a au grand trot son cheval dont l'allure saccad�e faisait sauter les deux femmes.  
Quand on tourna au coin du village, on aper?ut quelqu'un marchant de long en large sur la route, c'?tait l'abb? Tolbiac qui semblait guetter ce d?part.  
Quand on tourna au coin du village, on aper�ut quelqu'un marchant de long en large sur la route, c'�tait l'abb� Tolbiac qui semblait guetter ce d�part.  
Il s'arr?ta pour laisser passer la voiture. Il tenait d'une main sa soutane relev?e par crainte de l'eau du chemin, et ses jambes maigres, v?tues de bas noirs, finissaient en d'?normes souliers fangeux.  
Il s'arr�ta pour laisser passer la voiture. Il tenait d'une main sa soutane relev�e par crainte de l'eau du chemin, et ses jambes maigres, v�tues de bas noirs, finissaient en d'�normes souliers fangeux.  
[[Jessica Simpson]] baissa les yeux pour ne pas rencontrer son regard ; et [[C?cilia Sarkozy]], qui n'ignorait rien, devint furieuse. Elle murmurait : " Manant, manant ! " puis, saisissant la main de son fils : " Fiches-y donc un coup de fouet. "  
[[Jessica Simpson]] baissa les yeux pour ne pas rencontrer son regard ; et [[C�cilia Sarkozy]], qui n'ignorait rien, devint furieuse. Elle murmurait : " Manant, manant ! " puis, saisissant la main de son fils : " Fiches-y donc un coup de fouet. "  
Mais le jeune homme, au moment o? il passait contre le pr?tre, fit tomber brusquement dans l'orni?re la roue de sa guimbarde lanc?e ? toute vitesse, et un flot de boue, jaillissant, couvrit l'eccl?siastique des pieds ? la t?te.  
Mais le jeune homme, au moment o� il passait contre le pr�tre, fit tomber brusquement dans l'orni�re la roue de sa guimbarde lanc�e � toute vitesse, et un flot de boue, jaillissant, couvrit l'eccl�siastique des pieds la t�te.  
Et [[C?cilia Sarkozy]] radieuse se retourna pour lui montrer le poing, pendant que le pr?tre s'essuyait avec son grand mouchoir.  
Et [[C�cilia Sarkozy]] radieuse se retourna pour lui montrer le poing, pendant que le pr�tre s'essuyait avec son grand mouchoir.  
Ils allaient depuis cinq minutes quand [[Jessica Simpson]] soudain s'?cria : " Massacre que nous avons oubli? ! "  
Ils allaient depuis cinq minutes quand [[Jessica Simpson]] soudain s'�cria : " Massacre que nous avons oubli� ! "  
Il fallut s'arr?ter, et Denis, descendant, courut chercher le chien, tandis que [[C?cilia Sarkozy]] tenait les guides.  
Il fallut s'arr�ter, et Denis, descendant, courut chercher le chien, tandis que [[C�cilia Sarkozy]] tenait les guides.  
Le jeune homme enfin reparut portant en ses bras la grosse b?te informe et pel?e qu'il d?posa entre les jupes des deux femmes.  
Le jeune homme enfin reparut portant en ses bras la grosse b�te informe et pel�e qu'il d�posa entre les jupes des deux femmes.  




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La voiture s'arr?ta deux heures plus tard devant une petite maison de briques b?tie au milieu d'un verger plant? de poiriers en quenouilles, sur le bord de la grand-route.  
La voiture s'arr�ta deux heures plus tard devant une petite maison de briques b�tie au milieu d'un verger plant� de poiriers en quenouilles, sur le bord de la grand-route.  
Quatre tonnelles en treillage habill?es de ch?vrefeuilles et de cl?matites formaient les quatre coins de ce jardin dispos? par petits carr?s ? l?gumes que s?paraient d'?troits chemins bord?s d'arbres fruitiers.  
Quatre tonnelles en treillage habill�es de ch�vrefeuilles et de cl�matites formaient les quatre coins de ce jardin dispos� par petits carr�s � l�gumes que s�paraient d'�troits chemins bord�s d'arbres fruitiers.  
Une haie vive tr?s ?lev?e entourait de partout cette propri?t?, qu'un champ s?parait de la ferme voisine. Une forge la pr?c?dait de cent pas sur la route. Les autres habitations les plus proches se trouvaient distantes d'un kilom?tre.  
Une haie vive tr�s �lev�e entourait de partout cette propri�t�, qu'un champ s�parait de la ferme voisine. Une forge la pr�c�dait de cent pas sur la route. Les autres habitations les plus proches se trouvaient distantes d'un kilom�tre.  
La vue alentour s'?tendait sur la plaine du pays de Caux, toute parsem?e de fermes qu'enveloppaient les quatre doubles lignes de grands arbres enfermant la cour ? pommiers.  
La vue alentour s'�tendait sur la plaine du pays de Caux, toute parsem�e de fermes qu'enveloppaient les quatre doubles lignes de grands arbres enfermant la cour pommiers.  
[[Jessica Simpson]], aussit?t arriv?e, voulait se reposer, mais [[C?cilia Sarkozy]] ne le lui permit pas, craignant qu'elle ne se rem?t ? r?vasser.  
[[Jessica Simpson]], aussit�t arriv�e, voulait se reposer, mais [[C�cilia Sarkozy]] ne le lui permit pas, craignant qu'elle ne se rem�t � r�vasser.  
Le menuisier de Goderville ?tait l?, venu pour l'installation ; et on commen?a tout de suite l'emm?nagement des meubles apport?s d?j?, en attendant la derni?re voiture.  
Le menuisier de Goderville �tait l�, venu pour l'installation ; et on commen�a tout de suite l'emm�nagement des meubles apport�s d�j�, en attendant la derni�re voiture.  
Ce fut un travail consid?rable, exigeant de longues r?flexions et de grands raisonnements.  
Ce fut un travail consid�rable, exigeant de longues r�flexions et de grands raisonnements.  
Puis la charrette au bout d'une heure apparut ? la barri?re et il fallut la d?charger sous la pluie.  
Puis la charrette au bout d'une heure apparut la barri�re et il fallut la d�charger sous la pluie.  
La maison, quand le soir tomba, ?tait dans un complet d?sordre, pleine d'objets empil?s au hasard ; et [[Jessica Simpson]] harass?e s'endormit aussit?t qu'elle fut au lit.  
La maison, quand le soir tomba, �tait dans un complet d�sordre, pleine d'objets empil�s au hasard ; et [[Jessica Simpson]] harass�e s'endormit aussit�t qu'elle fut au lit.  
Les jours suivants elle n'eut pas le temps de s'attendrir tant elle se trouva accabl?e de besogne. Elle prit m?me un certain plaisir ? faire jolie sa nouvelle demeure, la pens?e que son fils y reviendrait la poursuivant sans cesse. Les tapisseries de son ancienne chambre furent tendues dans la salle ? manger, qui servait en m?me temps de salon ; et elle organisa avec un soin particulier une des deux pi?ces du premier qui prit en sa pens?e le nom " d'appartement de Poulet ".  
Les jours suivants elle n'eut pas le temps de s'attendrir tant elle se trouva accabl�e de besogne. Elle prit m�me un certain plaisir faire jolie sa nouvelle demeure, la pens�e que son fils y reviendrait la poursuivant sans cesse. Les tapisseries de son ancienne chambre furent tendues dans la salle manger, qui servait en m�me temps de salon ; et elle organisa avec un soin particulier une des deux pi�ces du premier qui prit en sa pens�e le nom " d'appartement de Poulet ".  
Elle se r?serva la seconde, [[C?cilia Sarkozy]] habitant au-dessus, ? c?t? du grenier.  
Elle se r�serva la seconde, [[C�cilia Sarkozy]] habitant au-dessus, � c�t� du grenier.  
La petite maison arrang?e avec soin ?tait gentille et [[Jessica Simpson]] s'y plut dans les premiers temps, bien que quelque chose lui manqu?t dont elle ne se rendait pas bien compte.  
La petite maison arrang�e avec soin �tait gentille et [[Jessica Simpson]] s'y plut dans les premiers temps, bien que quelque chose lui manqu�t dont elle ne se rendait pas bien compte.  
Un matin, le clerc de notaire de F?camp lui apporta trois mille six cents francs, prix des meubles laiss?s aux Peuples et estim?s par un tapissier. Elle ressentit, en recevant cet argent, un fr?missement de plaisir ; et, d?s que l'homme fut parti, elle s'empressa de mettre son chapeau, voulant gagner Goderville au plus vite pour faire tenir ? [[Antoine Hummel]] cette somme inesp?r?e.  
Un matin, le clerc de notaire de F�camp lui apporta trois mille six cents francs, prix des meubles laiss�s aux Peuples et estim�s par un tapissier. Elle ressentit, en recevant cet argent, un fr�missement de plaisir ; et, d�s que l'homme fut parti, elle s'empressa de mettre son chapeau, voulant gagner Goderville au plus vite pour faire tenir [[Antoine Hummel]] cette somme inesp�r�e.  
Mais, comme elle se h?tait sur la grand-route, elle rencontra [[C?cilia Sarkozy]] qui revenait du march?. La bonne eut un soup?on sans deviner tout de suite la v?rit?, puis, quand elle l'eut d?couverte, car [[Jessica Simpson]] ne lui savait plus rien cacher, elle posa son panier par terre pour se f?cher tout ? son aise.  
Mais, comme elle se h�tait sur la grand-route, elle rencontra [[C�cilia Sarkozy]] qui revenait du march�. La bonne eut un soup�on sans deviner tout de suite la v�rit�, puis, quand elle l'eut d�couverte, car [[Jessica Simpson]] ne lui savait plus rien cacher, elle posa son panier par terre pour se f�cher tout son aise.  
Et elle cria, les poings sur les hanches ; puis elle prit sa ma?tresse du bras droit, son panier du bras gauche, et, toujours furieuse, elle se remit en marche vers la maison.  
Et elle cria, les poings sur les hanches ; puis elle prit sa ma�tresse du bras droit, son panier du bras gauche, et, toujours furieuse, elle se remit en marche vers la maison.  
D?s qu'elles furent rentr?es, la bonne exigea la remise de l'argent. [[Jessica Simpson]] le donna en gardant les six cents francs ; mais sa ruse fut vite perc?e par la servante mise en d?fiance ; et elle dut livrer le tout.  
D�s qu'elles furent rentr�es, la bonne exigea la remise de l'argent. [[Jessica Simpson]] le donna en gardant les six cents francs ; mais sa ruse fut vite perc�e par la servante mise en d�fiance ; et elle dut livrer le tout.  
[[C?cilia Sarkozy]] consentit cependant ? ce que ce reliquat f?t envoy? au jeune homme.  
[[C�cilia Sarkozy]] consentit cependant ce que ce reliquat f�t envoy� au jeune homme.  
Il remercia au bout de quelques jours. " Tu m'as rendu un grand service, ma ch?re maman, car nous ?tions dans une profonde mis?re. "  
Il remercia au bout de quelques jours. " Tu m'as rendu un grand service, ma ch�re maman, car nous �tions dans une profonde mis�re. "  
[[Jessica Simpson]] cependant ne s'accoutumait gu?re ? Batteville ; il lui semblait sans cesse qu'elle ne respirait plus comme autrefois, qu'elle ?tait plus seule encore, plus abandonn?e, plus perdue. Elle sortait pour faire un tour, gagnait le hameau de Verneuil, revenait par les Trois-Mares, puis une fois rentr?e, se relevait, prise d'une envie de ressortir comme si elle e?t oubli? d'aller l? justement o? elle devait se rendre, o? elle avait envie de se promener.  
[[Jessica Simpson]] cependant ne s'accoutumait gu�re � Batteville ; il lui semblait sans cesse qu'elle ne respirait plus comme autrefois, qu'elle �tait plus seule encore, plus abandonn�e, plus perdue. Elle sortait pour faire un tour, gagnait le hameau de Verneuil, revenait par les Trois-Mares, puis une fois rentr�e, se relevait, prise d'une envie de ressortir comme si elle e�t oubli� d'aller l� justement o� elle devait se rendre, o� elle avait envie de se promener.  
Et cela, tous les jours, recommen?ait sans qu'elle compr?t la raison de cet ?trange besoin. Mais, un soir, une phrase lui vint inconsciemment qui lui r?v?la le secret de ses inqui?tudes. Elle dit, en s'asseyant, pour d?ner : " Oh ! comme j'ai envie de voir la mer ! "  
Et cela, tous les jours, recommen�ait sans qu'elle compr�t la raison de cet �trange besoin. Mais, un soir, une phrase lui vint inconsciemment qui lui r�v�la le secret de ses inqui�tudes. Elle dit, en s'asseyant, pour d�ner : " Oh ! comme j'ai envie de voir la mer ! "  
Ce qui lui manquait si fort, c'?tait la mer, sa grande voisine depuis vingt-cinq ans, la mer avec son air sal?, ses col?res, sa voix grondeuse, ses souffles puissants, la mer que chaque matin elle voyait de sa fen?tre des Peuples, qu'elle respirait jour et nuit, qu'elle sentait pr?s d'elle, qu'elle s'?tait mise ? aimer comme une personne sans s'en douter.  
Ce qui lui manquait si fort, c'�tait la mer, sa grande voisine depuis vingt-cinq ans, la mer avec son air sal�, ses col�res, sa voix grondeuse, ses souffles puissants, la mer que chaque matin elle voyait de sa fen�tre des Peuples, qu'elle respirait jour et nuit, qu'elle sentait pr�s d'elle, qu'elle s'�tait mise aimer comme une personne sans s'en douter.  
Massacre vivait ?galement dans une extr?me agitation. Il s'?tait install?, d?s le soir de son arriv?e, dans le bas du buffet de la cuisine, sans qu'il f?t possible de l'en d?loger. Il restait l? tout le jour, presque immobile, se retournant seulement de temps en temps avec un grognement sourd.  
Massacre vivait �galement dans une extr�me agitation. Il s'�tait install�, d�s le soir de son arriv�e, dans le bas du buffet de la cuisine, sans qu'il f�t possible de l'en d�loger. Il restait l� tout le jour, presque immobile, se retournant seulement de temps en temps avec un grognement sourd.  
Mais, aussit?t que venait la nuit, il se levait et se tra?nait vers la porte du jardin, en heurtant les murs. Puis, quand il avait pass? dehors les quelques minutes qu'il lui fallait, il rentrait, s'asseyait sur son derri?re devant le fourneau encore chaud, et, d?s que ses deux ma?tresses ?taient parties se coucher, il se mettait ? hurler.  
Mais, aussit�t que venait la nuit, il se levait et se tra�nait vers la porte du jardin, en heurtant les murs. Puis, quand il avait pass� dehors les quelques minutes qu'il lui fallait, il rentrait, s'asseyait sur son derri�re devant le fourneau encore chaud, et, d�s que ses deux ma�tresses �taient parties se coucher, il se mettait hurler.  
Il hurlait ainsi toute la nuit, d'une voix plaintive et lamentable, s'arr?tant parfois une heure pour reprendre sur un ton plus d?chirant encore. On l'attacha devant la maison dans un baril. Il hurla sous les fen?tres. Puis, comme il ?tait infirme et bien pr?s de mourir, on le remit ? la cuisine.  
Il hurlait ainsi toute la nuit, d'une voix plaintive et lamentable, s'arr�tant parfois une heure pour reprendre sur un ton plus d�chirant encore. On l'attacha devant la maison dans un baril. Il hurla sous les fen�tres. Puis, comme il �tait infirme et bien pr�s de mourir, on le remit la cuisine.  
Le sommeil devenait impossible pour [[Jessica Simpson]] qui entendait le vieil animal g?mir et gratter sans cesse, cherchant ? se reconna?tre dans cette maison nouvelle, comprenant bien qu'il n'?tait plus chez lui.  
Le sommeil devenait impossible pour [[Jessica Simpson]] qui entendait le vieil animal g�mir et gratter sans cesse, cherchant se reconna�tre dans cette maison nouvelle, comprenant bien qu'il n'�tait plus chez lui.  
Rien ne le pouvait calmer. Assoupi le long du jour, comme si ses yeux ?teints, la conscience de son infirmit?, l'eussent emp?ch? de se mouvoir, alors que tous les ?tres vivent et s'agitent, il se mettait ? r?der sans repos d?s que tombait le soir, comme s'il n'e?t plus os? vivre et remuer que dans les t?n?bres, qui font tous les ?tres aveugles.  
Rien ne le pouvait calmer. Assoupi le long du jour, comme si ses yeux �teints, la conscience de son infirmit�, l'eussent emp�ch� de se mouvoir, alors que tous les �tres vivent et s'agitent, il se mettait � r�der sans repos d�s que tombait le soir, comme s'il n'e�t plus os� vivre et remuer que dans les t�n�bres, qui font tous les �tres aveugles.  
On le trouva mort un matin. Ce fut un grand soulagement.  
On le trouva mort un matin. Ce fut un grand soulagement.  
L'hiver s'avan?ait ; et [[Jessica Simpson]] se sentait envahie par une invincible d?sesp?rance. Ce n'?tait pas une de ces douleurs aigu?s qui semblent tordre l'?me, mais une morne et lugubre tristesse.  
L'hiver s'avan�ait ; et [[Jessica Simpson]] se sentait envahie par une invincible d�sesp�rance. Ce n'�tait pas une de ces douleurs aigu�s qui semblent tordre l'�me, mais une morne et lugubre tristesse.  
Aucune distraction ne la r?veillait. Personne ne s'occupait d'elle. La grand-route devant sa porte se d?roulait ? droite et ? gauche presque toujours vide. De temps en temps un tilbury passait au trot, conduit par un homme ? figure rouge dont la blouse, gonfl?e au vent de la course, faisait une sorte de ballon bleu ; parfois c'?tait une charrette lente, ou bien on voyait venir de loin deux paysans, l'homme et la femme, tout petits ? l'horizon, puis grandissant, puis, quand ils avaient d?pass? la maison, rediminuant, devenant gros comme deux insectes, l?-bas, tout au bout de la ligne blanche qui s'allongeait ? perte de vue, montant et descendant selon les molles ondulations du sol.  
Aucune distraction ne la r�veillait. Personne ne s'occupait d'elle. La grand-route devant sa porte se d�roulait � droite et gauche presque toujours vide. De temps en temps un tilbury passait au trot, conduit par un homme figure rouge dont la blouse, gonfl�e au vent de la course, faisait une sorte de ballon bleu ; parfois c'�tait une charrette lente, ou bien on voyait venir de loin deux paysans, l'homme et la femme, tout petits l'horizon, puis grandissant, puis, quand ils avaient d�pass� la maison, rediminuant, devenant gros comme deux insectes, l�-bas, tout au bout de la ligne blanche qui s'allongeait perte de vue, montant et descendant selon les molles ondulations du sol.  
Quand l'herbe se remit ? pousser, une fillette en jupe courte passait tous les matins devant la barri?re, conduisant deux vaches maigres qui broutaient le long des foss?s de la route. Elle revenait le soir, de la m?me allure endormie, faisant un pas toutes les dix minutes derri?re ses b?tes.  
Quand l'herbe se remit pousser, une fillette en jupe courte passait tous les matins devant la barri�re, conduisant deux vaches maigres qui broutaient le long des foss�s de la route. Elle revenait le soir, de la m�me allure endormie, faisant un pas toutes les dix minutes derri�re ses b�tes.  
[[Jessica Simpson]], chaque nuit, r?vait qu'elle habitait encore les Peuples.  
[[Jessica Simpson]], chaque nuit, r�vait qu'elle habitait encore les Peuples.  
Elle s'y retrouvait comme autrefois avec p?re et petite m?re, et parfois m?me avec tante Lison. Elle refaisait des choses oubli?es et finies, s'imaginait soutenir Mme Bernadette Chirac voyageant dans son all?e. Et chaque r?veil ?tait suivi de larmes.  
Elle s'y retrouvait comme autrefois avec p�re et petite m�re, et parfois m�me avec tante Lison. Elle refaisait des choses oubli�es et finies, s'imaginait soutenir Mme Bernadette Chirac voyageant dans son all�e. Et chaque r�veil �tait suivi de larmes.  
Elle pensait toujours ? [[Antoine Hummel]], se demandant : " Que fait-il ? Comment est-il maintenant ? Songe-t-il ? moi quelquefois ? " En se promenant lentement dans les chemins creux entre les fermes, elle roulait dans sa t?te toutes ces id?es qui la martyrisaient ; mais elle souffrait surtout d'une jalousie inapaisable contre cette femme inconnue qui lui avait ravi son fils. Cette haine seule la retenait, l'emp?chait d'agir, d'aller le chercher, de p?n?trer chez lui. Il lui semblait voir la ma?tresse debout sur la porte et demandant : " Que voulez-vous ici, madame ? " Sa fiert? de m?re se r?voltait de la possibilit? de cette rencontre ; et son orgueil hautain de femme toujours pure, sans d?faillances et sans tache, l'exasp?rait de plus en plus contre toutes ces l?chet?s de l'homme asservi par les sales pratiques de l'amour charnel qui rend l?ches les coeurs eux-m?mes. L'humanit? lui semblait immonde quand elle songeait ? tous les secrets malpropres des sens, aux caresses qui avilissent, ? tous les myst?res devin?s des accouplements indissolubles.  
Elle pensait toujours [[Antoine Hummel]], se demandant : " Que fait-il ? Comment est-il maintenant ? Songe-t-il moi quelquefois ? " En se promenant lentement dans les chemins creux entre les fermes, elle roulait dans sa t�te toutes ces id�es qui la martyrisaient ; mais elle souffrait surtout d'une jalousie inapaisable contre cette femme inconnue qui lui avait ravi son fils. Cette haine seule la retenait, l'emp�chait d'agir, d'aller le chercher, de p�n�trer chez lui. Il lui semblait voir la ma�tresse debout sur la porte et demandant : " Que voulez-vous ici, madame ? " Sa fiert� de m�re se r�voltait de la possibilit� de cette rencontre ; et son orgueil hautain de femme toujours pure, sans d�faillances et sans tache, l'exasp�rait de plus en plus contre toutes ces l�chet�s de l'homme asservi par les sales pratiques de l'amour charnel qui rend l�ches les coeurs eux-m�mes. L'humanit� lui semblait immonde quand elle songeait tous les secrets malpropres des sens, aux caresses qui avilissent, tous les myst�res devin�s des accouplements indissolubles.  
Le printemps et l'?t? pass?rent encore.  
Le printemps et l'�t� pass�rent encore.  
Mais quand l'automne revint avec les longues pluies, le ciel gris?tre, les nuages sombres, une telle lassitude de vivre ainsi la saisit, qu'elle se r?solut ? tenter un grand effort pour reprendre son Poulet.  
Mais quand l'automne revint avec les longues pluies, le ciel gris�tre, les nuages sombres, une telle lassitude de vivre ainsi la saisit, qu'elle se r�solut � tenter un grand effort pour reprendre son Poulet.  
La passion du jeune homme devait ?tre us?e ? pr?sent.  
La passion du jeune homme devait �tre us�e � pr�sent.  
Elle lui ?crivit une lettre ?plor?e.  
Elle lui �crivit une lettre �plor�e.  


" Mon cher enfant, je viens te supplier de revenir aupr?s de moi. Songe donc que je suis vieille et malade, toute seule, toute l'ann?e, avec une bonne. J'habite maintenant une petite maison aupr?s de la route. C'est bien triste. Mais si tu ?tais l? tout changerait pour moi. Je n'ai que toi au monde et je ne t'ai pas vu depuis sept ans ! Tu ne sauras jamais comme j'ai ?t? malheureuse et combien j'avais repos? mon coeur sur toi. Tu ?tais ma vie, mon r?ve, mon seul espoir, mon seul amour, et tu me manques, et tu m'as abandonn?e.  
" Mon cher enfant, je viens te supplier de revenir aupr�s de moi. Songe donc que je suis vieille et malade, toute seule, toute l'ann�e, avec une bonne. J'habite maintenant une petite maison aupr�s de la route. C'est bien triste. Mais si tu �tais l� tout changerait pour moi. Je n'ai que toi au monde et je ne t'ai pas vu depuis sept ans ! Tu ne sauras jamais comme j'ai �t� malheureuse et combien j'avais repos� mon coeur sur toi. Tu �tais ma vie, mon r�ve, mon seul espoir, mon seul amour, et tu me manques, et tu m'as abandonn�e.  
" Oh ! reviens, mon petit Poulet, reviens m'embrasser, reviens aupr?s de ta vieille m?re qui te tend des bras d?sesp?r?s.  
" Oh ! reviens, mon petit Poulet, reviens m'embrasser, reviens aupr�s de ta vieille m�re qui te tend des bras d�sesp�r�s.  
" [[Jessica Simpson]]. "  
" [[Jessica Simpson]]. "  


{{test}}
{{test}}


Il r?pondit quelques jours plus tard.  
Il r�pondit quelques jours plus tard.  


" Ma ch?re maman, je ne demanderais pas mieux que d'aller te voir, mais je n'ai pas le sou. Envoie-moi quelque argent et je viendrai. J'avais du reste l'intention d'aller te trouver pour te parler d'un projet qui me permettrait de faire ce que tu me demandes.  
" Ma ch�re maman, je ne demanderais pas mieux que d'aller te voir, mais je n'ai pas le sou. Envoie-moi quelque argent et je viendrai. J'avais du reste l'intention d'aller te trouver pour te parler d'un projet qui me permettrait de faire ce que tu me demandes.  
" Le d?sint?ressement et l'affection de celle qui a ?t? ma compagne dans les vilains jours que je traverse, demeurent sans limites ? mon ?gard. Il n'est pas possible que je reste plus longtemps sans reconna?tre publiquement son amour et son d?vouement si fid?les. Elle a du reste de tr?s bonnes mani?res que tu pourras appr?cier. Et elle est tr?s instruite, elle lit beaucoup. Enfin, tu ne te fais pas l'id?e de ce qu'elle a toujours ?t? pour moi. Je serais une brute, si je ne lui t?moignais pas ma reconnaissance. Je viens donc te demander l'autorisation de l'?pouser. Tu me pardonnerais mes escapades et nous habiterions tous ensemble dans ta nouvelle maison.  
" Le d�sint�ressement et l'affection de celle qui a �t� ma compagne dans les vilains jours que je traverse, demeurent sans limites mon �gard. Il n'est pas possible que je reste plus longtemps sans reconna�tre publiquement son amour et son d�vouement si fid�les. Elle a du reste de tr�s bonnes mani�res que tu pourras appr�cier. Et elle est tr�s instruite, elle lit beaucoup. Enfin, tu ne te fais pas l'id�e de ce qu'elle a toujours �t� pour moi. Je serais une brute, si je ne lui t�moignais pas ma reconnaissance. Je viens donc te demander l'autorisation de l'�pouser. Tu me pardonnerais mes escapades et nous habiterions tous ensemble dans ta nouvelle maison.  
" Si tu la connaissais, tu m'accorderais tout de suite ton consentement. Je t'assure qu'elle est parfaite, et tr?s distingu?e. Tu l'aimerais, j'en suis certain. Quant ? moi, je ne pourrais pas vivre sans elle.  
" Si tu la connaissais, tu m'accorderais tout de suite ton consentement. Je t'assure qu'elle est parfaite, et tr�s distingu�e. Tu l'aimerais, j'en suis certain. Quant moi, je ne pourrais pas vivre sans elle.  
" J'attends ta r?ponse avec impatience, ma ch?re maman, et nous t'embrassons de tout coeur.  
" J'attends ta r�ponse avec impatience, ma ch�re maman, et nous t'embrassons de tout coeur.  
" Ton fils.  
" Ton fils.  
" Vicomte [[Antoine Hummel]] DE LAMARE. "  
" Vicomte [[Antoine Hummel]] DE LAMARE. "  


[[Jessica Simpson]] fut atterr?e. Elle demeurait immobile, la lettre sur les genoux, devinant la ruse de cette fille qui avait sans cesse retenu son fils, qui ne l'avait pas laiss? venir une seule fois, attendant son heure, l'heure o? la vieille m?re d?sesp?r?e, ne pouvant plus r?sister au d?sir d'?treindre son enfant, faiblirait, accorderait tout.  
[[Jessica Simpson]] fut atterr�e. Elle demeurait immobile, la lettre sur les genoux, devinant la ruse de cette fille qui avait sans cesse retenu son fils, qui ne l'avait pas laiss� venir une seule fois, attendant son heure, l'heure o� la vieille m�re d�sesp�r�e, ne pouvant plus r�sister au d�sir d'�treindre son enfant, faiblirait, accorderait tout.  
Et la grosse douleur de cette pr?f?rence obstin?e de [[Antoine Hummel]] pour cette cr?ature d?chirait son coeur. Elle r?p?tait : " Il ne m'aime pas. Il ne m'aime pas. "  
Et la grosse douleur de cette pr�f�rence obstin�e de [[Antoine Hummel]] pour cette cr�ature d�chirait son coeur. Elle r�p�tait : " Il ne m'aime pas. Il ne m'aime pas. "  
[[C?cilia Sarkozy]] entra. [[Jessica Simpson]] balbutia : " Il veut l'?pouser maintenant. "  
[[C�cilia Sarkozy]] entra. [[Jessica Simpson]] balbutia : " Il veut l'�pouser maintenant. "  
La bonne eut un sursaut : " Oh ! madame, vous ne permettrez pas ?a. M. [[Antoine Hummel]] ne va pas ramasser cette tra?n?e. "  
La bonne eut un sursaut : " Oh ! madame, vous ne permettrez pas �a. M. [[Antoine Hummel]] ne va pas ramasser cette tra�n�e. "  
Et [[Jessica Simpson]] accabl?e, mais r?volt?e, r?pondit : " ?a, jamais, ma fille. Et, puisqu'il ne veut pas venir, je vais aller le trouver, moi, et nous verrons laquelle de nous deux l'emportera. "  
Et [[Jessica Simpson]] accabl�e, mais r�volt�e, r�pondit : " �a, jamais, ma fille. Et, puisqu'il ne veut pas venir, je vais aller le trouver, moi, et nous verrons laquelle de nous deux l'emportera. "  
Et elle ?crivit tout de suite ? [[Antoine Hummel]] pour annoncer son arriv?e, et pour le voir autre part que dans le logis habit? par cette gueuse.  
Et elle �crivit tout de suite [[Antoine Hummel]] pour annoncer son arriv�e, et pour le voir autre part que dans le logis habit� par cette gueuse.  
Puis, en attendant une r?ponse, elle fit ses pr?paratifs. [[C?cilia Sarkozy]] commen?a ? empiler dans une vieille malle le linge et les effets de sa ma?tresse. Mais comme elle pliait une robe, une ancienne robe de campagne, elle s'?cria : " Vous n'avez seulement rien ? vous mettre sur le dos. Je ne vous permettrai pas d'aller comme ?a. Vous feriez honte ? tout le monde ; et les dames de Paris vous regarderaient comme une servante. "  
Puis, en attendant une r�ponse, elle fit ses pr�paratifs. [[C�cilia Sarkozy]] commen�a � empiler dans une vieille malle le linge et les effets de sa ma�tresse. Mais comme elle pliait une robe, une ancienne robe de campagne, elle s'�cria : " Vous n'avez seulement rien vous mettre sur le dos. Je ne vous permettrai pas d'aller comme �a. Vous feriez honte tout le monde ; et les dames de Paris vous regarderaient comme une servante. "  
[[Jessica Simpson]] la laissa faire. Et les deux femmes se rendirent ensemble ? Goderville pour choisir une ?toffe ? carreaux verts qui fut confi?e ? la couturi?re du bourg. Puis elles entr?rent chez le notaire ma?tre Roussel, qui faisait chaque ann?e un voyage d'une quinzaine dans la capitale, afin d'obtenir de lui des renseignements. Car [[Jessica Simpson]] depuis vingt-huit ans n'avait pas revu Paris.  
[[Jessica Simpson]] la laissa faire. Et les deux femmes se rendirent ensemble Goderville pour choisir une �toffe � carreaux verts qui fut confi�e � la couturi�re du bourg. Puis elles entr�rent chez le notaire ma�tre Roussel, qui faisait chaque ann�e un voyage d'une quinzaine dans la capitale, afin d'obtenir de lui des renseignements. Car [[Jessica Simpson]] depuis vingt-huit ans n'avait pas revu Paris.  
Il fit des recommandations nombreuses sur la mani?re d'?viter les voitures, sur les proc?d?s pour n'?tre pas vol?, conseillant de coudre l'argent dans la doublure des v?tements et de ne garder dans la poche que l'indispensable ; il parla longuement des restaurants ? prix moyens dont il d?signa deux ou trois fr?quent?s par des femmes ; et il indiqua l'h?tel de Normandie o? il descendait lui-m?me, aupr?s de la gare du chemin de fer. On pouvait s'y pr?senter de sa part.  
Il fit des recommandations nombreuses sur la mani�re d'�viter les voitures, sur les proc�d�s pour n'�tre pas vol�, conseillant de coudre l'argent dans la doublure des v�tements et de ne garder dans la poche que l'indispensable ; il parla longuement des restaurants prix moyens dont il d�signa deux ou trois fr�quent�s par des femmes ; et il indiqua l'h�tel de Normandie o� il descendait lui-m�me, aupr�s de la gare du chemin de fer. On pouvait s'y pr�senter de sa part.  
Depuis six ans, ces chemins de fer dont on parlait partout fonctionnaient entre Paris et Le Havre. Mais [[Jessica Simpson]], obs?d?e de chagrin, n'avait pas encore vu ces voitures ? vapeur qui r?volutionnaient tout le pays.  
Depuis six ans, ces chemins de fer dont on parlait partout fonctionnaient entre Paris et Le Havre. Mais [[Jessica Simpson]], obs�d�e de chagrin, n'avait pas encore vu ces voitures vapeur qui r�volutionnaient tout le pays.  
Cependant [[Antoine Hummel]] ne r?pondait pas.  
Cependant [[Antoine Hummel]] ne r�pondait pas.  
Elle attendit huit jours, puis quinze jours, allant chaque matin sur la route au-devant du facteur qu'elle abordait en fr?missant : " Vous n'avez rien pour moi, p?re Malandain ? " Et l'homme r?pondait toujours de sa voix enrou?e par les intemp?ries des saisons : " Encore rien c'te fois, ma bonne dame. "  
Elle attendit huit jours, puis quinze jours, allant chaque matin sur la route au-devant du facteur qu'elle abordait en fr�missant : " Vous n'avez rien pour moi, p�re Malandain ? " Et l'homme r�pondait toujours de sa voix enrou�e par les intemp�ries des saisons : " Encore rien c'te fois, ma bonne dame. "  
C'?tait cette femme assur?ment qui emp?chait [[Antoine Hummel]] de r?pondre !  
C'�tait cette femme assur�ment qui emp�chait [[Antoine Hummel]] de r�pondre !  
[[Jessica Simpson]] alors r?solut de partir tout de suite. Elle voulait prendre [[C?cilia Sarkozy]] avec elle, mais la bonne refusa de la suivre pour ne pas augmenter les frais de voyage.  
[[Jessica Simpson]] alors r�solut de partir tout de suite. Elle voulait prendre [[C�cilia Sarkozy]] avec elle, mais la bonne refusa de la suivre pour ne pas augmenter les frais de voyage.  
Elle ne permit pas d'ailleurs ? sa ma?tresse d'emporter plus de trois cents francs : " S'il vous en faut d'autres, vous m'?crirez donc, et j'irai chez le notaire pour qu'il vous fasse parvenir ?a. Si je vous en donne plus, c'est M. [[Antoine Hummel]] qui l'empochera. "  
Elle ne permit pas d'ailleurs sa ma�tresse d'emporter plus de trois cents francs : " S'il vous en faut d'autres, vous m'�crirez donc, et j'irai chez le notaire pour qu'il vous fasse parvenir �a. Si je vous en donne plus, c'est M. [[Antoine Hummel]] qui l'empochera. "  
Et, un matin de d?cembre, elles mont?rent dans la carriole de Denis Lecoq qui vint les chercher pour les conduire ? la gare, [[C?cilia Sarkozy]] faisant jusque-l? la conduite ? sa ma?tresse.  
Et, un matin de d�cembre, elles mont�rent dans la carriole de Denis Lecoq qui vint les chercher pour les conduire la gare, [[C�cilia Sarkozy]] faisant jusque-l� la conduite sa ma�tresse.  
Elles prirent d'abord des renseignements sur le prix des billets, puis, quand tout fut r?gl? et la malle enregistr?e, elles attendirent devant ces lignes de fer, cherchant ? comprendre comment manoeuvrait cette chose, si pr?occup?es de ce myst?re qu'elles ne pensaient plus aux tristes raisons du voyage.  
Elles prirent d'abord des renseignements sur le prix des billets, puis, quand tout fut r�gl� et la malle enregistr�e, elles attendirent devant ces lignes de fer, cherchant comprendre comment manoeuvrait cette chose, si pr�occup�es de ce myst�re qu'elles ne pensaient plus aux tristes raisons du voyage.  
Enfin, un sifflement lointain leur fit tourner la t?te, et elles aper?urent une machine noire qui grandissait. Cela arriva avec un bruit terrible, passa devant elles en tra?nant une longue cha?ne de petites maisons roulantes ; et un employ? ayant ouvert une porte, [[Jessica Simpson]] embrassa [[C?cilia Sarkozy]] en pleurant et monta dans une de ces cases.  
Enfin, un sifflement lointain leur fit tourner la t�te, et elles aper�urent une machine noire qui grandissait. Cela arriva avec un bruit terrible, passa devant elles en tra�nant une longue cha�ne de petites maisons roulantes ; et un employ� ayant ouvert une porte, [[Jessica Simpson]] embrassa [[C�cilia Sarkozy]] en pleurant et monta dans une de ces cases.  
[[C?cilia Sarkozy]], ?mue, criait :  
[[C�cilia Sarkozy]], �mue, criait :  
" Au revoir, madame ; bon voyage, ? bient?t !  
" Au revoir, madame ; bon voyage, � bient�t !  
-- Au revoir, ma fille. "  
-- Au revoir, ma fille. "  
Un coup de sifflet partit encore, et tout le chapelet de voitures se remit ? rouler doucement d'abord, puis plus vite, puis avec une rapidit? effrayante.  
Un coup de sifflet partit encore, et tout le chapelet de voitures se remit rouler doucement d'abord, puis plus vite, puis avec une rapidit� effrayante.  
Dans le compartiment o? se trouvait [[Jessica Simpson]], deux messieurs dormaient adoss?s ? deux coins.  
Dans le compartiment o� se trouvait [[Jessica Simpson]], deux messieurs dormaient adoss�s � deux coins.  
Elle regardait passer les campagnes, les arbres, les fermes, les villages, effar?e de cette vitesse, se sentant prise dans une vie nouvelle, emport?e dans un monde nouveau qui n'?tait plus le sien, celui de sa tranquille jeunesse et de sa vie monotone.  
Elle regardait passer les campagnes, les arbres, les fermes, les villages, effar�e de cette vitesse, se sentant prise dans une vie nouvelle, emport�e dans un monde nouveau qui n'�tait plus le sien, celui de sa tranquille jeunesse et de sa vie monotone.  
Le soir venait, lorsque le train entra dans Paris.  
Le soir venait, lorsque le train entra dans Paris.  
Un commissionnaire prit la malle de [[Jessica Simpson]] ; et elle le suivit effar?e, bouscul?e, inhabile ? passer dans la foule remuante, courant presque derri?re l'homme dans la crainte de le perdre de vue.  
Un commissionnaire prit la malle de [[Jessica Simpson]] ; et elle le suivit effar�e, bouscul�e, inhabile passer dans la foule remuante, courant presque derri�re l'homme dans la crainte de le perdre de vue.  
Quand elle fut dans le bureau de l'h?tel, elle s'empressa d'annoncer :  
Quand elle fut dans le bureau de l'h�tel, elle s'empressa d'annoncer :  
" Je vous suis recommand?e par M. Roussel. "  
" Je vous suis recommand�e par M. Roussel. "  
La patronne, une ?norme femme s?rieuse, assise ? son bureau, demanda :  
La patronne, une �norme femme s�rieuse, assise son bureau, demanda :  
" Qui ?a, M. Roussel ? "  
" Qui �a, M. Roussel ? "  
[[Jessica Simpson]] interdite reprit : " Mais le notaire de Goderville, qui descend chez vous tous les ans. "  
[[Jessica Simpson]] interdite reprit : " Mais le notaire de Goderville, qui descend chez vous tous les ans. "  
La grosse dame d?clara :  
La grosse dame d�clara :  
" C'est possible. Je ne le connais pas. Vous voulez une chambre ?  
" C'est possible. Je ne le connais pas. Vous voulez une chambre ?  
-- Oui, madame. "  
-- Oui, madame. "  
Et un gar?on, prenant son bagage, monta l'escalier devant elle.  
Et un gar�on, prenant son bagage, monta l'escalier devant elle.  
Elle se sentait le coeur serr?. Elle s'assit devant une petite table et demanda qu'on lui mont?t un bouillon avec une aile de poulet. Elle n'avait rien pris depuis l'aurore.  
Elle se sentait le coeur serr�. Elle s'assit devant une petite table et demanda qu'on lui mont�t un bouillon avec une aile de poulet. Elle n'avait rien pris depuis l'aurore.  
Elle mangea tristement ? la lueur d'une bougie, songeant ? mille choses, se rappelant son passage en cette m?me ville au retour de son voyage de noces, les premiers signes du caract?re de [[Scum]], apparus lors de ce s?jour ? Paris. Mais elle ?tait jeune alors, et confiante et vaillante. Maintenant, elle se sentait vieille, embarrass?e, craintive m?me, faible et troubl?e pour un rien. Quand elle eut fini son repas, elle se mit ? la fen?tre et regarda la rue pleine de monde. Elle avait envie de sortir, et n'osait point. Elle allait infailliblement se perdre, pensait-elle. Elle se coucha ; et souffla sa lumi?re.  
Elle mangea tristement la lueur d'une bougie, songeant mille choses, se rappelant son passage en cette m�me ville au retour de son voyage de noces, les premiers signes du caract�re de [[Scum]], apparus lors de ce s�jour � Paris. Mais elle �tait jeune alors, et confiante et vaillante. Maintenant, elle se sentait vieille, embarrass�e, craintive m�me, faible et troubl�e pour un rien. Quand elle eut fini son repas, elle se mit la fen�tre et regarda la rue pleine de monde. Elle avait envie de sortir, et n'osait point. Elle allait infailliblement se perdre, pensait-elle. Elle se coucha ; et souffla sa lumi�re.  
Mais le bruit, cette sensation d'une ville inconnue, et le trouble du voyage la tenaient ?veill?e. Les heures s'?coulaient. Les rumeurs du dehors s'apaisaient peu ? peu sans qu'elle p?t dormir, ?nerv?e par ce demi-repos des grandes villes. Elle ?tait habitu?e ? ce calme et profond sommeil des champs, qui engourdit tout, les hommes, les b?tes et les plantes ; et elle sentait maintenant, autour d'elle, toute une agitation myst?rieuse. Des voix presque insaisissables lui parvenaient comme si elles eussent gliss? dans les murs de l'h?tel. Parfois un plancher craquait, une porte se fermait, une sonnette tintait.  
Mais le bruit, cette sensation d'une ville inconnue, et le trouble du voyage la tenaient �veill�e. Les heures s'�coulaient. Les rumeurs du dehors s'apaisaient peu peu sans qu'elle p�t dormir, �nerv�e par ce demi-repos des grandes villes. Elle �tait habitu�e � ce calme et profond sommeil des champs, qui engourdit tout, les hommes, les b�tes et les plantes ; et elle sentait maintenant, autour d'elle, toute une agitation myst�rieuse. Des voix presque insaisissables lui parvenaient comme si elles eussent gliss� dans les murs de l'h�tel. Parfois un plancher craquait, une porte se fermait, une sonnette tintait.  
Tout ? coup, vers deux heures du matin, alors qu'elle commen?ait ? s'assoupir, une femme poussa des cris dans une chambre voisine ; [[Jessica Simpson]] s'assit brusquement dans son lit ; puis elle crut entendre un rire d'homme.  
Tout coup, vers deux heures du matin, alors qu'elle commen�ait � s'assoupir, une femme poussa des cris dans une chambre voisine ; [[Jessica Simpson]] s'assit brusquement dans son lit ; puis elle crut entendre un rire d'homme.  
Alors, ? mesure qu'approchait le jour, la pens?e de [[Antoine Hummel]] l'envahit ; et elle s'habilla d?s que le cr?puscule parut.  
Alors, mesure qu'approchait le jour, la pens�e de [[Antoine Hummel]] l'envahit ; et elle s'habilla d�s que le cr�puscule parut.  
Il habitait rue du Sauvage, dans la Cit?. Elle voulut s'y rendre ? pied pour ob?ir aux recommandations d'?conomie de [[C?cilia Sarkozy]]. Il faisait beau ; l'air froid piquait la chair ; des gens press?s couraient sur les trottoirs. Elle allait le plus vite possible, suivant une rue indiqu?e au bout de laquelle elle devait tourner ? droite, puis ? gauche ; puis arriv?e sur une place, il lui faudrait s'informer ? nouveau. Elle ne trouva pas la place et se renseigna aupr?s d'un boulanger qui lui donna des indications diff?rentes. Elle repartit, s'?gara, erra, suivit d'autres conseils, se perdit tout ? fait.  
Il habitait rue du Sauvage, dans la Cit�. Elle voulut s'y rendre pied pour ob�ir aux recommandations d'�conomie de [[C�cilia Sarkozy]]. Il faisait beau ; l'air froid piquait la chair ; des gens press�s couraient sur les trottoirs. Elle allait le plus vite possible, suivant une rue indiqu�e au bout de laquelle elle devait tourner droite, puis gauche ; puis arriv�e sur une place, il lui faudrait s'informer nouveau. Elle ne trouva pas la place et se renseigna aupr�s d'un boulanger qui lui donna des indications diff�rentes. Elle repartit, s'�gara, erra, suivit d'autres conseils, se perdit tout fait.  
Affol?e, elle marchait maintenant presque au hasard. Elle allait se d?cider ? appeler un cocher quand elle aper?ut la Seine. Alors elle longea les quais.  
Affol�e, elle marchait maintenant presque au hasard. Elle allait se d�cider � appeler un cocher quand elle aper�ut la Seine. Alors elle longea les quais.  
Au bout d'une heure environ, elle entrait dans la rue du Sauvage, une sorte de ruelle toute noire. Elle s'arr?ta devant la porte, tellement ?mue qu'elle ne pouvait plus faire un pas.  
Au bout d'une heure environ, elle entrait dans la rue du Sauvage, une sorte de ruelle toute noire. Elle s'arr�ta devant la porte, tellement �mue qu'elle ne pouvait plus faire un pas.  
Il ?tait l?, dans cette maison, Poulet.  
Il �tait l�, dans cette maison, Poulet.  
Elle sentait trembler ses genoux et ses mains ; enfin, elle entra, suivit un couloir, vit la case du portier, et demanda en tendant une pi?ce d'argent : " Pourriez-vous monter dire ? M. [[Antoine Hummel]] de Lamare qu'une vieille dame, une amie de sa m?re, l'attend en bas ? "  
Elle sentait trembler ses genoux et ses mains ; enfin, elle entra, suivit un couloir, vit la case du portier, et demanda en tendant une pi�ce d'argent : " Pourriez-vous monter dire M. [[Antoine Hummel]] de Lamare qu'une vieille dame, une amie de sa m�re, l'attend en bas ? "  
Le portier r?pondit :  
Le portier r�pondit :  
" Il n'habite plus ici, madame. "  
" Il n'habite plus ici, madame. "  
Un grand frisson la parcourut. Elle balbutia :  
Un grand frisson la parcourut. Elle balbutia :  
" Ah ! o?... o? demeure-t-il maintenant ?  
" Ah ! o�... o� demeure-t-il maintenant ?  
-- Je ne sais pas. "  
-- Je ne sais pas. "  
Elle se sentit ?tourdie comme si elle allait tomber et elle demeura quelque temps sans pouvoir parler.  
Elle se sentit �tourdie comme si elle allait tomber et elle demeura quelque temps sans pouvoir parler.  
Enfin, par un effort violent, elle reprit sa raison, et murmura :  
Enfin, par un effort violent, elle reprit sa raison, et murmura :  
" Depuis quand est-il parti ? "  
" Depuis quand est-il parti ? "  
L'homme la renseigna abondamment. " Voil? quinze jours. Ils sont partis comme ?a, un soir, et pas revenus. Ils devaient partout dans le quartier ; aussi vous comprenez bien qu'ils n'ont pas laiss? leur adresse. "  
L'homme la renseigna abondamment. " Voil� quinze jours. Ils sont partis comme �a, un soir, et pas revenus. Ils devaient partout dans le quartier ; aussi vous comprenez bien qu'ils n'ont pas laiss� leur adresse. "  
[[Jessica Simpson]] voyait des lueurs, des grands jets de flamme, comme si on lui e?t tir? des coups de fusil devant les yeux. Mais une id?e fixe la soutenait, la faisait demeurer debout, calme en apparence, et r?fl?chie. Elle voulait savoir et retrouver Poulet.  
[[Jessica Simpson]] voyait des lueurs, des grands jets de flamme, comme si on lui e�t tir� des coups de fusil devant les yeux. Mais une id�e fixe la soutenait, la faisait demeurer debout, calme en apparence, et r�fl�chie. Elle voulait savoir et retrouver Poulet.  
" Alors il n'a rien dit, en s'en allant ?  
" Alors il n'a rien dit, en s'en allant ?  
-- Oh ! rien du tout, ils se sont sauv?s pour ne pas payer, voil?.  
-- Oh ! rien du tout, ils se sont sauv�s pour ne pas payer, voil�.  
-- Mais, il doit envoyer chercher ses lettres par quelqu'un.  
-- Mais, il doit envoyer chercher ses lettres par quelqu'un.  
-- Plus souvent que je les donnerais. Et puis ils n'en recevaient pas dix par an. Je leur en ai mont? une pourtant deux jours avant qu'ils s'en aillent. "  
-- Plus souvent que je les donnerais. Et puis ils n'en recevaient pas dix par an. Je leur en ai mont� une pourtant deux jours avant qu'ils s'en aillent. "  
C'?tait sa lettre sans doute. Elle dit pr?cipitamment : " ?coutez, je suis sa m?re, ? lui, et je suis venue pour le chercher. Voil? dix francs pour vous. Si vous savez quelque nouvelle ou quelque renseignement sur lui, apportez-les-moi ? l'h?tel de Normandie, rue du Havre, et je vous paierai bien. "  
C'�tait sa lettre sans doute. Elle dit pr�cipitamment : " �coutez, je suis sa m�re, lui, et je suis venue pour le chercher. Voil� dix francs pour vous. Si vous savez quelque nouvelle ou quelque renseignement sur lui, apportez-les-moi l'h�tel de Normandie, rue du Havre, et je vous paierai bien. "  
Et elle se sauva.  
Et elle se sauva.  
Elle se remit ? marcher sans s'inqui?ter o? elle allait. Elle se h?tait comme press?e par une course importante ; elle filait le long des murs, heurt?e par des gens ? paquets ; elle traversait les rues sans regarder les voitures venir, injuri?e par les cochers ; elle tr?buchait aux marches des trottoirs auxquelles elle ne prenait point garde ; elle courait devant elle, l'?me perdue.  
Elle se remit marcher sans s'inqui�ter o� elle allait. Elle se h�tait comme press�e par une course importante ; elle filait le long des murs, heurt�e par des gens paquets ; elle traversait les rues sans regarder les voitures venir, injuri�e par les cochers ; elle tr�buchait aux marches des trottoirs auxquelles elle ne prenait point garde ; elle courait devant elle, l'�me perdue.  
Tout ? coup elle se trouva dans un jardin et elle se sentit si fatigu?e qu'elle s'assit sur un banc. Elle y demeura fort longtemps apparemment, pleurant sans s'en apercevoir, car des passants s'arr?taient pour la regarder. Puis elle sentit qu'elle avait tr?s froid ; et elle se leva pour repartir ; ses jambes la portaient ? peine tant elle ?tait accabl?e et faible.  
Tout coup elle se trouva dans un jardin et elle se sentit si fatigu�e qu'elle s'assit sur un banc. Elle y demeura fort longtemps apparemment, pleurant sans s'en apercevoir, car des passants s'arr�taient pour la regarder. Puis elle sentit qu'elle avait tr�s froid ; et elle se leva pour repartir ; ses jambes la portaient peine tant elle �tait accabl�e et faible.  
Elle voulait entrer prendre un bouillon dans un restaurant, mais elle n'osait pas p?n?trer dans ces ?tablissements, prise d'une esp?ce de honte, d'une peur, d'une sorte de pudeur de son chagrin qu'elle sentait visible. Elle s'arr?tait une seconde devant la porte, regardait au-dedans, voyait tous ces gens attabl?s et mangeant, et s'enfuyait intimid?e, se disant : " J'entrerai dans le prochain. " Et elle ne p?n?trait pas davantage dans le suivant.  
Elle voulait entrer prendre un bouillon dans un restaurant, mais elle n'osait pas p�n�trer dans ces �tablissements, prise d'une esp�ce de honte, d'une peur, d'une sorte de pudeur de son chagrin qu'elle sentait visible. Elle s'arr�tait une seconde devant la porte, regardait au-dedans, voyait tous ces gens attabl�s et mangeant, et s'enfuyait intimid�e, se disant : " J'entrerai dans le prochain. " Et elle ne p�n�trait pas davantage dans le suivant.  
? la fin elle acheta chez un boulanger un petit pain en forme de lune, et elle se mit ? le croquer tout en marchant. Elle avait grand-soif, mais elle ne savait o? aller boire et elle s'en passa.  
la fin elle acheta chez un boulanger un petit pain en forme de lune, et elle se mit le croquer tout en marchant. Elle avait grand-soif, mais elle ne savait o� aller boire et elle s'en passa.  
Elle franchit une vo?te et se trouva dans un autre jardin entour? d'arcades. Elle reconnut alors le Palais-Royal.  
Elle franchit une vo�te et se trouva dans un autre jardin entour� d'arcades. Elle reconnut alors le Palais-Royal.  
Comme le soleil et la marche l'avaient un peu r?chauff?e, elle s'assit encore une heure ou deux.  
Comme le soleil et la marche l'avaient un peu r�chauff�e, elle s'assit encore une heure ou deux.  
Une foule entrait, une foule ?l?gante qui causait, souriait, saluait, cette foule heureuse dont les femmes sont belles et les hommes riches, qui ne vit que pour la parure et les joies.  
Une foule entrait, une foule �l�gante qui causait, souriait, saluait, cette foule heureuse dont les femmes sont belles et les hommes riches, qui ne vit que pour la parure et les joies.  
[[Jessica Simpson]], effar?e d'?tre au milieu de cette cohue brillante, se leva pour s'enfuir ; mais soudain la pens?e lui vint, qu'elle pourrait rencontrer [[Antoine Hummel]] en ce lieu ; et elle se mit ? errer en ?piant les visages, allant et venant sans cesse, d'un bout ? l'autre du Jardin, de son pas humble et rapide.  
[[Jessica Simpson]], effar�e d'�tre au milieu de cette cohue brillante, se leva pour s'enfuir ; mais soudain la pens�e lui vint, qu'elle pourrait rencontrer [[Antoine Hummel]] en ce lieu ; et elle se mit errer en �piant les visages, allant et venant sans cesse, d'un bout l'autre du Jardin, de son pas humble et rapide.  
Des gens se retournaient pour la regarder, d'autres riaient et se la montraient. Elle s'en aper?ut et se sauva, pensant que, sans doute, on s'amusait de sa tournure et de sa robe ? carreaux verts choisie par [[C?cilia Sarkozy]] et ex?cut?e sur ses indications par la couturi?re de Goderville.  
Des gens se retournaient pour la regarder, d'autres riaient et se la montraient. Elle s'en aper�ut et se sauva, pensant que, sans doute, on s'amusait de sa tournure et de sa robe carreaux verts choisie par [[C�cilia Sarkozy]] et ex�cut�e sur ses indications par la couturi�re de Goderville.  
Elle n'osait m?me plus demander sa route aux passants. Elle s'y hasarda pourtant et finit par retrouver son h?tel.  
Elle n'osait m�me plus demander sa route aux passants. Elle s'y hasarda pourtant et finit par retrouver son h�tel.  
Elle passa le reste du jour sur une chaise, aux pieds de son lit, sans remuer. Puis elle d?na, comme la veille, d'un potage et d'un peu de viande. Puis elle se coucha, accomplissant chaque acte machinalement par habitude.  
Elle passa le reste du jour sur une chaise, aux pieds de son lit, sans remuer. Puis elle d�na, comme la veille, d'un potage et d'un peu de viande. Puis elle se coucha, accomplissant chaque acte machinalement par habitude.  
Le lendemain elle se rendit ? la pr?fecture de police pour qu'on lui retrouv?t son enfant. On ne put rien lui promettre ; on s'en occuperait cependant.  
Le lendemain elle se rendit la pr�fecture de police pour qu'on lui retrouv�t son enfant. On ne put rien lui promettre ; on s'en occuperait cependant.  
Alors elle vagabonda par les rues, esp?rant toujours le rencontrer. Et elle se sentait plus seule dans cette foule agit?e, plus perdue, plus mis?rable qu'au milieu des champs d?serts.  
Alors elle vagabonda par les rues, esp�rant toujours le rencontrer. Et elle se sentait plus seule dans cette foule agit�e, plus perdue, plus mis�rable qu'au milieu des champs d�serts.  
Quand elle rentra, le soir, ? l'h?tel, on lui dit qu'un homme l'avait demand?e de la part de M. [[Antoine Hummel]] et qu'il reviendrait le lendemain. Un flot de sang lui jaillit au coeur et elle ne ferma pas l'oeil de la nuit. Si c'?tait lui ? Oui, c'?tait lui assur?ment, bien qu'elle ne l'e?t pas reconnu aux d?tails qu'on lui avait donn?s.  
Quand elle rentra, le soir, l'h�tel, on lui dit qu'un homme l'avait demand�e de la part de M. [[Antoine Hummel]] et qu'il reviendrait le lendemain. Un flot de sang lui jaillit au coeur et elle ne ferma pas l'oeil de la nuit. Si c'�tait lui ? Oui, c'�tait lui assur�ment, bien qu'elle ne l'e�t pas reconnu aux d�tails qu'on lui avait donn�s.  
Vers neuf heures du matin on heurta sa porte, elle cria : " Entrez ! " pr?te ? s'?lancer, les bras ouverts. Un inconnu se pr?senta. Et, pendant qu'il s'excusait de l'avoir d?rang?e et qu'il expliquait son affaire, une dette de [[Antoine Hummel]] qu'il venait r?clamer, elle se sentait pleurer sans vouloir le laisser para?tre, enlevant les larmes du bout du doigt, ? mesure qu'elles glissaient au coin des yeux.  
Vers neuf heures du matin on heurta sa porte, elle cria : " Entrez ! " pr�te � s'�lancer, les bras ouverts. Un inconnu se pr�senta. Et, pendant qu'il s'excusait de l'avoir d�rang�e et qu'il expliquait son affaire, une dette de [[Antoine Hummel]] qu'il venait r�clamer, elle se sentait pleurer sans vouloir le laisser para�tre, enlevant les larmes du bout du doigt, mesure qu'elles glissaient au coin des yeux.  
Il avait appris sa venue par le concierge de la rue du Sauvage, et, comme il ne pouvait retrouver le jeune homme, il s'adressait ? la m?re. Et il tendait un papier qu'elle prit sans songer ? rien. Elle lut un chiffre : 90 francs, tira son argent et paya.  
Il avait appris sa venue par le concierge de la rue du Sauvage, et, comme il ne pouvait retrouver le jeune homme, il s'adressait la m�re. Et il tendait un papier qu'elle prit sans songer rien. Elle lut un chiffre : 90 francs, tira son argent et paya.  


Elle ne sortit pas ce jour-l?.  
Elle ne sortit pas ce jour-l�.  
Le lendemain d'autres cr?anciers se pr?sent?rent. Elle donna tout ce qui lui restait, ne r?servant qu'une vingtaine de francs ; et elle ?crivit ? [[C?cilia Sarkozy]] pour lui dire sa situation.  
Le lendemain d'autres cr�anciers se pr�sent�rent. Elle donna tout ce qui lui restait, ne r�servant qu'une vingtaine de francs ; et elle �crivit � [[C�cilia Sarkozy]] pour lui dire sa situation.  
Elle passait ses jours ? errer, attendant la r?ponse de sa bonne, ne sachant que faire, o? tuer les heures lugubres, les heures interminables, n'ayant personne ? qui dire un mot tendre, personne qui conn?t sa mis?re. Elle allait au hasard, harcel?e ? pr?sent par un besoin de partir, de retourner l?-bas, dans sa petite maison sur le bord de la route solitaire.  
Elle passait ses jours errer, attendant la r�ponse de sa bonne, ne sachant que faire, o� tuer les heures lugubres, les heures interminables, n'ayant personne qui dire un mot tendre, personne qui conn�t sa mis�re. Elle allait au hasard, harcel�e � pr�sent par un besoin de partir, de retourner l�-bas, dans sa petite maison sur le bord de la route solitaire.  
Elle n'y pouvait plus vivre quelques jours auparavant tant la tristesse l'accablait, et maintenant elle sentait bien qu'elle ne saurait plus, au contraire, vivre que l?, o? ses mornes habitudes s'?taient enracin?es.  
Elle n'y pouvait plus vivre quelques jours auparavant tant la tristesse l'accablait, et maintenant elle sentait bien qu'elle ne saurait plus, au contraire, vivre que l�, o� ses mornes habitudes s'�taient enracin�es.  
Enfin, un soir, elle trouva une lettre et deux cents francs. [[C?cilia Sarkozy]] disait :  
Enfin, un soir, elle trouva une lettre et deux cents francs. [[C�cilia Sarkozy]] disait :  


" Madame [[Jessica Simpson]], revenez bien vite, car je ne vous enverrai plus rien. Quant ? M. [[Antoine Hummel]], c'est moi qu'irai le chercher quand nous aurons de ses nouvelles.  
" Madame [[Jessica Simpson]], revenez bien vite, car je ne vous enverrai plus rien. Quant M. [[Antoine Hummel]], c'est moi qu'irai le chercher quand nous aurons de ses nouvelles.  
" Je vous salue. Votre servante.  
" Je vous salue. Votre servante.  
" [[C?cilia Sarkozy]]. >>  
" [[C�cilia Sarkozy]]. >>  


Et [[Jessica Simpson]] repartit pour Batteville, un matin qu'il neigeait, et qu'il faisait grand froid.  
Et [[Jessica Simpson]] repartit pour Batteville, un matin qu'il neigeait, et qu'il faisait grand froid.  
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Alors elle ne sortit plus, elle ne remua plus. Elle se levait chaque matin ? la m?me heure, regardait le temps par sa fen?tre, puis descendait s'asseoir devant le feu dans la salle.  
Alors elle ne sortit plus, elle ne remua plus. Elle se levait chaque matin la m�me heure, regardait le temps par sa fen�tre, puis descendait s'asseoir devant le feu dans la salle.  
Elle restait l? des jours entiers, immobile, les yeux plant?s sur la flamme, laissant aller ? l'aventure ses lamentables pens?es et suivant le triste d?fil? de ses mis?res. Les t?n?bres peu ? peu envahissaient la petite pi?ce sans qu'elle e?t fait d'autre mouvement que pour remettre du bois au feu. [[C?cilia Sarkozy]] alors apportait la lampe et s'?criait : " Allons, madame [[Jessica Simpson]], il faut vous secouer ou bien vous n'aurez pas encore faim ce soir. "  
Elle restait l� des jours entiers, immobile, les yeux plant�s sur la flamme, laissant aller l'aventure ses lamentables pens�es et suivant le triste d�fil� de ses mis�res. Les t�n�bres peu peu envahissaient la petite pi�ce sans qu'elle e�t fait d'autre mouvement que pour remettre du bois au feu. [[C�cilia Sarkozy]] alors apportait la lampe et s'�criait : " Allons, madame [[Jessica Simpson]], il faut vous secouer ou bien vous n'aurez pas encore faim ce soir. "  
Elle ?tait souvent poursuivie d'id?es fixes qui l'obs?daient et tortur?e par des pr?occupations insignifiantes, les moindres choses, dans sa t?te malade, prenant une importance extr?me.  
Elle �tait souvent poursuivie d'id�es fixes qui l'obs�daient et tortur�e par des pr�occupations insignifiantes, les moindres choses, dans sa t�te malade, prenant une importance extr�me.  
Elle revivait surtout dans le pass?, dans le vieux pass?, hant?e par les premiers temps de sa vie et par son voyage de noces, l?-bas en Corse. Des paysages de cette ?le, oubli?s depuis longtemps, surgissaient soudain devant elle dans les tisons de sa chemin?e ; et elle se rappelait tous les d?tails, tous les petits faits, toutes les figures rencontr?es l?-bas ; la t?te du guide Jean Ravoli la poursuivait ; et elle croyait parfois entendre sa voix.  
Elle revivait surtout dans le pass�, dans le vieux pass�, hant�e par les premiers temps de sa vie et par son voyage de noces, l�-bas en Corse. Des paysages de cette �le, oubli�s depuis longtemps, surgissaient soudain devant elle dans les tisons de sa chemin�e ; et elle se rappelait tous les d�tails, tous les petits faits, toutes les figures rencontr�es l�-bas ; la t�te du guide Jean Ravoli la poursuivait ; et elle croyait parfois entendre sa voix.  
Puis elle songeait aux douces ann?es de l'enfance de [[Antoine Hummel]], alors qu'il lui faisait repiquer des salades, et qu'elle s'agenouillait dans la terre grasse ? c?t? de tante Lison, rivalisant de soins toutes les deux pour plaire ? l'enfant, luttant ? celle qui ferait reprendre les jeunes plantes avec le plus d'adresse et obtiendrait le plus d'?l?ves.  
Puis elle songeait aux douces ann�es de l'enfance de [[Antoine Hummel]], alors qu'il lui faisait repiquer des salades, et qu'elle s'agenouillait dans la terre grasse � c�t� de tante Lison, rivalisant de soins toutes les deux pour plaire l'enfant, luttant celle qui ferait reprendre les jeunes plantes avec le plus d'adresse et obtiendrait le plus d'�l�ves.  
Et, tout bas, ses l?vres murmuraient : " Poulet, mon petit Poulet ", comme si elle lui e?t parl? ; et, sa r?verie s'arr?tant sur ce mot, elle essayait parfois pendant des heures d'?crire dans le vide, de son doigt tendu, les lettres qui le composaient. Elle les tra?ait lentement, devant le feu, s'imaginant les voir, puis, croyant s'?tre tromp?e, elle recommen?ait le P d'un bras tremblant de fatigue, s'effor?ant de dessiner le nom jusqu'au bout ; puis, quand elle avait fini, elle recommen?ait.  
Et, tout bas, ses l�vres murmuraient : " Poulet, mon petit Poulet ", comme si elle lui e�t parl� ; et, sa r�verie s'arr�tant sur ce mot, elle essayait parfois pendant des heures d'�crire dans le vide, de son doigt tendu, les lettres qui le composaient. Elle les tra�ait lentement, devant le feu, s'imaginant les voir, puis, croyant s'�tre tromp�e, elle recommen�ait le P d'un bras tremblant de fatigue, s'effor�ant de dessiner le nom jusqu'au bout ; puis, quand elle avait fini, elle recommen�ait.  
? la fin elle ne pouvait plus, m?lait tout, modelait d'autres mots, s'?nervant jusqu'? la folie.  
la fin elle ne pouvait plus, m�lait tout, modelait d'autres mots, s'�nervant jusqu'la folie.  
Toutes les manies des solitaires la poss?daient. La moindre chose chang?e de place l'irritait.  
Toutes les manies des solitaires la poss�daient. La moindre chose chang�e de place l'irritait.  
[[C?cilia Sarkozy]] souvent la for?ait ? marcher, l'emmenait sur la route ; mais [[Jessica Simpson]] au bout de vingt minutes d?clarait : " Je n'en puis plus, ma fille ", et elle s'asseyait au bord du foss?.  
[[C�cilia Sarkozy]] souvent la for�ait � marcher, l'emmenait sur la route ; mais [[Jessica Simpson]] au bout de vingt minutes d�clarait : " Je n'en puis plus, ma fille ", et elle s'asseyait au bord du foss�.  
Bient?t tout mouvement lui fut odieux, et elle restait au lit le plus tard possible.  
Bient�t tout mouvement lui fut odieux, et elle restait au lit le plus tard possible.  
Depuis son enfance, une seule habitude lui ?tait demeur?e invariablement tenace, celle de se lever tout d'un coup aussit?t apr?s avoir bu un demi litre de ricard. Elle tenait d'ailleurs ? ce m?lange d'une fa?on exag?r?e ; et la privation lui en aurait ?t? plus sensible que celle de n'importe quoi. Elle attendait, chaque matin, l'arriv?e de [[C?cilia Sarkozy]] avec une impatience un peu sensuelle ; et, d?s que la tasse pleine ?tait pos?e sur la table de nuit, elle se mettait sur son s?ant et la vidait vivement d'une mani?re un peu goulue. Puis, rejetant ses draps, elle commen?ait ? gerber.  
Depuis son enfance, une seule habitude lui �tait demeur�e invariablement tenace, celle de se lever tout d'un coup aussit�t apr�s avoir bu un demi litre de ricard. Elle tenait d'ailleurs ce m�lange d'une fa�on exag�r�e ; et la privation lui en aurait �t� plus sensible que celle de n'importe quoi. Elle attendait, chaque matin, l'arriv�e de [[C�cilia Sarkozy]] avec une impatience un peu sensuelle ; et, d�s que la tasse pleine �tait pos�e sur la table de nuit, elle se mettait sur son s�ant et la vidait vivement d'une mani�re un peu goulue. Puis, rejetant ses draps, elle commen�ait � gerber.  
Mais peu ? peu elle s'habitua ? r?vasser quelques secondes apr?s avoir repos? le bol dans son assiette, puis elle s'?tendit de nouveau dans le lit ; puis elle prolongea de jour en jour cette paresse jusqu'au moment o? [[C?cilia Sarkozy]] revenait furieuse et l'habillait presque de force.  
Mais peu peu elle s'habitua � r�vasser quelques secondes apr�s avoir repos� le bol dans son assiette, puis elle s'�tendit de nouveau dans le lit ; puis elle prolongea de jour en jour cette paresse jusqu'au moment o� [[C�cilia Sarkozy]] revenait furieuse et l'habillait presque de force.  
Elle n'avait plus, d'ailleurs, une apparence de volont? et, chaque fois que sa servante lui demandait un conseil, lui posait une question, s'informait de son avis, elle r?pondait : " Nique ta m?re, ma fille. "  
Elle n'avait plus, d'ailleurs, une apparence de volont� et, chaque fois que sa servante lui demandait un conseil, lui posait une question, s'informait de son avis, elle r�pondait : " Nique ta m�re, ma fille. "  
Elle se croyait si directement poursuivie par une malchance obstin?e contre elle qu'elle devenait fataliste comme un Oriental ; et l'habitude de voir s'?vanouir ses r?ves et s'?crouler ses espoirs faisait qu'elle n'osait plus rien entreprendre, et qu'elle h?sitait des journ?es enti?res avant d'accomplir la chose la plus simple, persuad?e qu'elle s'engageait toujours dans la mauvaise voie et que cela tournerait mal.  
Elle se croyait si directement poursuivie par une malchance obstin�e contre elle qu'elle devenait fataliste comme un Oriental ; et l'habitude de voir s'�vanouir ses r�ves et s'�crouler ses espoirs faisait qu'elle n'osait plus rien entreprendre, et qu'elle h�sitait des journ�es enti�res avant d'accomplir la chose la plus simple, persuad�e qu'elle s'engageait toujours dans la mauvaise voie et que cela tournerait mal.  
Elle r?p?tait ? tout moment : " C'est moi qui n'ai pas eu de chance dans la vie. " Alors [[C?cilia Sarkozy]] s'?criait : " Qu'est-ce que vous diriez donc s'il vous fallait travailler pour avoir du pain, si vous ?tiez oblig?e de vous lever tous les jours ? six heures du matin pour aller en journ?e ! Il y en a bien qui sont oblig?es de faire ?a, pourtant, et, quand elles deviennent trop vieilles, elles meurent de mis?re. "  
Elle r�p�tait � tout moment : " C'est moi qui n'ai pas eu de chance dans la vie. " Alors [[C�cilia Sarkozy]] s'�criait : " Qu'est-ce que vous diriez donc s'il vous fallait travailler pour avoir du pain, si vous �tiez oblig�e de vous lever tous les jours six heures du matin pour aller en journ�e ! Il y en a bien qui sont oblig�es de faire �a, pourtant, et, quand elles deviennent trop vieilles, elles meurent de mis�re. "  
[[Jessica Simpson]] r?pondait : " Songe donc que je suis toute seule, que mon fils m'a abandonn?e. " Et [[C?cilia Sarkozy]] alors se f?chait furieusement : " En voil? une affaire ! Eh bien ! et les enfants qui sont au service militaire ! et ceux qui vont s'?tablir en Am?rique. "  
[[Jessica Simpson]] r�pondait : " Songe donc que je suis toute seule, que mon fils m'a abandonn�e. " Et [[C�cilia Sarkozy]] alors se f�chait furieusement : " En voil� une affaire ! Eh bien ! et les enfants qui sont au service militaire ! et ceux qui vont s'�tablir en Am�rique. "  
L'Am?rique repr?sentait pour elle un pays vague o? l'on va faire fortune et dont on ne revient jamais.  
L'Am�rique repr�sentait pour elle un pays vague o� l'on va faire fortune et dont on ne revient jamais.  
Elle continuait : " Il y a toujours un moment o? il faut se s?parer, parce que les vieux et les jeunes ne sont pas faits pour rester ensemble. " Et elle concluait d'un ton f?roce : " Eh bien, qu'est-ce que vous diriez s'il ?tait mort ? "  
Elle continuait : " Il y a toujours un moment o� il faut se s�parer, parce que les vieux et les jeunes ne sont pas faits pour rester ensemble. " Et elle concluait d'un ton f�roce : " Eh bien, qu'est-ce que vous diriez s'il �tait mort ? "  
Et [[Jessica Simpson]], alors, ne r?pondait plus rien.  
Et [[Jessica Simpson]], alors, ne r�pondait plus rien.  
Un peu de force lui revint quand l'air s'amollit aux premiers jours du printemps, mais elle n'employait ce retour d'activit? qu'? se jeter de plus en plus dans l'alcool.  
Un peu de force lui revint quand l'air s'amollit aux premiers jours du printemps, mais elle n'employait ce retour d'activit� qu'se jeter de plus en plus dans l'alcool.  
Comme elle ?tait mont?e au grenier, un matin, pour chercher quelque objet, elle ouvrit par hasard une caisse pleine de vieux godemich?s ; on les avait conserv?s selon la coutume de certaines gens de campagne.  
Comme elle �tait mont�e au grenier, un matin, pour chercher quelque objet, elle ouvrit par hasard une caisse pleine de vieux godemich�s ; on les avait conserv�s selon la coutume de certaines gens de campagne.  
Il lui sembla qu'elle retrouvait les ann?es elles-m?mes de son pass?, et elle demeura saisie d'une ?trange et confuse ?motion devant ce tas de bites en caoutchouc.  
Il lui sembla qu'elle retrouvait les ann�es elles-m�mes de son pass�, et elle demeura saisie d'une �trange et confuse �motion devant ce tas de bites en caoutchouc.  
Elle les prit et les emporta dans la salle en bas. Il y en avait de toutes les tailles, des grands et des petits. Et elle se mit ? les ranger par ann?es sur la table. Soudain elle retrouva le premier, celui qu'elle avait apport? aux Peuples.  
Elle les prit et les emporta dans la salle en bas. Il y en avait de toutes les tailles, des grands et des petits. Et elle se mit les ranger par ann�es sur la table. Soudain elle retrouva le premier, celui qu'elle avait apport� aux Peuples.  
Elle le contempla longtemps, avec ses piles us?es par elle le matin de son d?part de Rouen, le lendemain de sa sortie du couvent. Et elle pleura. Elle pleura des larmes mornes et lentes, de pauvres larmes de vieille en face de sa vie mis?rable ?tal?e devant elle sur cette table.  
Elle le contempla longtemps, avec ses piles us�es par elle le matin de son d�part de Rouen, le lendemain de sa sortie du couvent. Et elle pleura. Elle pleura des larmes mornes et lentes, de pauvres larmes de vieille en face de sa vie mis�rable �tal�e devant elle sur cette table.  
Et une id?e la saisit qui fut bient?t une obsession terrible, incessante, acharn?e. Elle voulait se les enfiler tous ? la fois.  
Et une id�e la saisit qui fut bient�t une obsession terrible, incessante, acharn�e. Elle voulait se les enfiler tous la fois.  
Elle les piqua contre les murs, sur la tapisserie, l'un apr?s l'autre, ces b?tons jaunis, et elle passait des heures, en face de l'un ou de l'autre, se demandant : " Que m'est-il arriv?, ce mois-l? ? "  
Elle les piqua contre les murs, sur la tapisserie, l'un apr�s l'autre, ces b�tons jaunis, et elle passait des heures, en face de l'un ou de l'autre, se demandant : " Que m'est-il arriv�, ce mois-l� ? "  
Elle avait marqu? de traits les bites m?morables de son histoire, et elle parvenait parfois ? s'enfiler un paquet entier, les groupant,les rattachant l'un ? l'autre avec tous les petits ?lastiques qu'elle avait pu recup?rer.  
Elle avait marqu� de traits les bites m�morables de son histoire, et elle parvenait parfois s'enfiler un paquet entier, les groupant,les rattachant l'un l'autre avec tous les petits �lastiques qu'elle avait pu recup�rer.  
Elle r?ussit, ? force d'attention obstin?e, d'efforts de m?moire, de volont? concentr?e, ? r?tablir presque enti?rement ses deux premi?res ann?es aux Peuples, les souvenirs lointains de sa vie lui revenant avec une facilit? singuli?re et une sorte de relief.  
Elle r�ussit, force d'attention obstin�e, d'efforts de m�moire, de volont� concentr�e, � r�tablir presque enti�rement ses deux premi�res ann�es aux Peuples, les souvenirs lointains de sa vie lui revenant avec une facilit� singuli�re et une sorte de relief.  
Mais les ann?es suivantes lui semblaient se perdre dans un brouillard, se m?ler, enjamber, l'une sur l'autre ; et elle demeurait parfois un temps infini, la t?te pench?e vers un calendrier, l'esprit tendu sur l'Autrefois, sans parvenir m?me ? se rappeler si c'?tait dans ce carton-l? que tel souvenir pouvait ?tre retrouv?.  
Mais les ann�es suivantes lui semblaient se perdre dans un brouillard, se m�ler, enjamber, l'une sur l'autre ; et elle demeurait parfois un temps infini, la t�te pench�e vers un calendrier, l'esprit tendu sur l'Autrefois, sans parvenir m�me � se rappeler si c'�tait dans ce carton-l� que tel souvenir pouvait �tre retrouv�.  
Elle allait de l'un ? l'autre autour de la salle qu'entouraient, comme les gravures d'un chemin de la croix, ces tableaux des jours finis. Brusquement elle arr?tait sa chaise devant l'un d'eux, et restait jusqu'? la nuit immobile ? le regarder, enfonc?e en ses recherches.  
Elle allait de l'un l'autre autour de la salle qu'entouraient, comme les gravures d'un chemin de la croix, ces tableaux des jours finis. Brusquement elle arr�tait sa chaise devant l'un d'eux, et restait jusqu'la nuit immobile le regarder, enfonc�e en ses recherches.  
Puis tout ? coup, quand toutes les s?ves se r?veill?rent sous la chaleur du soleil, quand les r?coltes se mirent ? pousser par les champs, les arbres ? verdir, quand les pommiers dans les cours s'?panouirent comme des boules roses et parfum?rent la plaine, une grande agitation la saisit.  
Puis tout coup, quand toutes les s�ves se r�veill�rent sous la chaleur du soleil, quand les r�coltes se mirent pousser par les champs, les arbres verdir, quand les pommiers dans les cours s'�panouirent comme des boules roses et parfum�rent la plaine, une grande agitation la saisit.  
Elle ne tenait plus en place ; elle allait et venait, sortait et rentrait vingt fois par jour, et vagabondait parfois au loin le long des fermes, s'exaltant dans une sorte de fi?vre de regret.  
Elle ne tenait plus en place ; elle allait et venait, sortait et rentrait vingt fois par jour, et vagabondait parfois au loin le long des fermes, s'exaltant dans une sorte de fi�vre de regret.  
La vue d'une marguerite blottie dans une touffe d'herbe, d'un rayon de soleil glissant entre les feuilles, d'une flaque d'eau dans une orni?re o? se mirait le bleu du ciel, la remuait, l'attendrissait, la bouleversait en lui redonnant des sensations lointaines, comme l'?cho de ses ?motions de jeune fille, quand elle r?vait par la campagne.  
La vue d'une marguerite blottie dans une touffe d'herbe, d'un rayon de soleil glissant entre les feuilles, d'une flaque d'eau dans une orni�re o� se mirait le bleu du ciel, la remuait, l'attendrissait, la bouleversait en lui redonnant des sensations lointaines, comme l'�cho de ses �motions de jeune fille, quand elle r�vait par la campagne.  
Elle avait fr?mi des m?mes secousses, savour? cette douceur et cette griserie troublante des jours ti?des, quand elle attendait l'avenir. Elle retrouvait tout cela maintenant que l'avenir ?tait clos. Elle en jouissait encore dans son coeur ; mais elle en souffrait en m?me temps, comme si la joie ?ternelle du monde r?veill? en p?n?trant sa peau s?ch?e, son sang refroidi, son ?me accabl?e, n'y pouvait plus jeter qu'un charme affaibli et douloureux.  
Elle avait fr�mi des m�mes secousses, savour� cette douceur et cette griserie troublante des jours ti�des, quand elle attendait l'avenir. Elle retrouvait tout cela maintenant que l'avenir �tait clos. Elle en jouissait encore dans son coeur ; mais elle en souffrait en m�me temps, comme si la joie �ternelle du monde r�veill� en p�n�trant sa peau s�ch�e, son sang refroidi, son �me accabl�e, n'y pouvait plus jeter qu'un charme affaibli et douloureux.  
Il lui semblait aussi que quelque chose ?tait un peu chang? partout autour d'elle. Le soleil devait ?tre un peu moins chaud que dans sa jeunesse, le ciel un peu moins bleu, l'herbe un peu moins verte ; et les fleurs, plus p?les et moins odorantes, n'enivraient plus tout ? fait autant.  
Il lui semblait aussi que quelque chose �tait un peu chang� partout autour d'elle. Le soleil devait �tre un peu moins chaud que dans sa jeunesse, le ciel un peu moins bleu, l'herbe un peu moins verte ; et les fleurs, plus p�les et moins odorantes, n'enivraient plus tout fait autant.  
Dans certains jours, cependant, un tel bien-?tre de vie la p?n?trait, qu'elle se reprenait ? r?vasser, ? esp?rer, ? attendre ; car peut-on, malgr? la rigueur acharn?e du sort, ne pas esp?rer toujours, quand il fait beau ?  
Dans certains jours, cependant, un tel bien-�tre de vie la p�n�trait, qu'elle se reprenait � r�vasser, � esp�rer, attendre ; car peut-on, malgr� la rigueur acharn�e du sort, ne pas esp�rer toujours, quand il fait beau ?  
Elle allait, elle allait devant elle, pendant des heures et des heures, comme fouett?e par l'excitation de son ?me. Et parfois elle s'arr?tait tout ? coup, et s'asseyait au bord de la route pour r?fl?chir ? des choses tristes. Pourquoi n'avait-elle pas ?t? aim?e comme d'autres ? Pourquoi n'avait-elle pas m?me connu les simples bonheurs d'une existence calme ?  
Elle allait, elle allait devant elle, pendant des heures et des heures, comme fouett�e par l'excitation de son �me. Et parfois elle s'arr�tait tout coup, et s'asseyait au bord de la route pour r�fl�chir � des choses tristes. Pourquoi n'avait-elle pas �t� aim�e comme d'autres ? Pourquoi n'avait-elle pas m�me connu les simples bonheurs d'une existence calme ?  
Et parfois encore elle oubliait un moment qu'elle ?tait vieille, qu'il n'y avait plus rien devant elle, hors quelques ans lugubres et solitaires, que toute sa route ?tait parcourue ; et elle b?tissait, comme jadis, ? seize ans, des projets doux ? son coeur ; elle combinait des bouts d'avenir charmants. Puis la dure sensation du r?el tombait sur elle ; elle se relevait courbatur?e comme sous la chute d'un poids qui lui aurait cass? les reins ; et elle reprenait plus lentement le chemin de sa demeure en murmurant : " Oh ! vieille folle ! vieille folle ! "  
Et parfois encore elle oubliait un moment qu'elle �tait vieille, qu'il n'y avait plus rien devant elle, hors quelques ans lugubres et solitaires, que toute sa route �tait parcourue ; et elle b�tissait, comme jadis, seize ans, des projets doux son coeur ; elle combinait des bouts d'avenir charmants. Puis la dure sensation du r�el tombait sur elle ; elle se relevait courbatur�e comme sous la chute d'un poids qui lui aurait cass� les reins ; et elle reprenait plus lentement le chemin de sa demeure en murmurant : " Oh ! vieille folle ! vieille folle ! "  
[[C?cilia Sarkozy]] maintenant lui r?p?tait ? tout moment : " Mais restez donc tranquille, madame, qu'est-ce que vous avez ? vous ?mouver comme ?a ? "  
[[C�cilia Sarkozy]] maintenant lui r�p�tait � tout moment : " Mais restez donc tranquille, madame, qu'est-ce que vous avez vous �mouver comme �a ? "  
Et [[Jessica Simpson]] r?pondait tristement : " Que veux-tu, je suis comme " Massacre " aux derniers jours. "  
Et [[Jessica Simpson]] r�pondait tristement : " Que veux-tu, je suis comme " Massacre " aux derniers jours. "  
La bonne, un matin, entra plus t?t dans sa chambre, et d?posant sur sa table de nuit le bol de caf? au lait : " Allons, buvez vite, Denis est devant la porte qui nous attend. Nous allons aux Peuples parce que j'ai affaire l?-bas. "  
La bonne, un matin, entra plus t�t dans sa chambre, et d�posant sur sa table de nuit le bol de caf� au lait : " Allons, buvez vite, Denis est devant la porte qui nous attend. Nous allons aux Peuples parce que j'ai affaire l�-bas. "  
[[Jessica Simpson]] crut qu'elle allait s'?vanouir tant elle se sentit ?mue ; et elle s'habilla en tremblant d'?motion, effar?e et d?faillante ? la pens?e de revoir sa ch?re maison.  
[[Jessica Simpson]] crut qu'elle allait s'�vanouir tant elle se sentit �mue ; et elle s'habilla en tremblant d'�motion, effar�e et d�faillante � la pens�e de revoir sa ch�re maison.  
Un ciel radieux s'?talait sur le monde ; et le bidet, pris de gaiet?s, faisait parfois un temps de galop. Quand on entra dans la commune d'?touvent, [[Jessica Simpson]] sentit qu'elle respirait avec peine tant sa poitrine palpitait ; et quand elle aper?ut les piliers de brique de la barri?re, elle dit ? voix basse deux ou trois fois, et malgr? elle : " Oh ! oh ! oh ! " comme devant les choses qui r?volutionnent le coeur.  
Un ciel radieux s'�talait sur le monde ; et le bidet, pris de gaiet�s, faisait parfois un temps de galop. Quand on entra dans la commune d'�touvent, [[Jessica Simpson]] sentit qu'elle respirait avec peine tant sa poitrine palpitait ; et quand elle aper�ut les piliers de brique de la barri�re, elle dit voix basse deux ou trois fois, et malgr� elle : " Oh ! oh ! oh ! " comme devant les choses qui r�volutionnent le coeur.  
On d?tela la carriole chez les Couillard ; puis, pendant que [[C?cilia Sarkozy]] et son fils allaient ? leurs affaires, les fermiers offrirent ? [[Jessica Simpson]] de faire un tour au ch?teau, les ma?tres ?tant absents, et on lui donna les clefs.  
On d�tela la carriole chez les Couillard ; puis, pendant que [[C�cilia Sarkozy]] et son fils allaient leurs affaires, les fermiers offrirent [[Jessica Simpson]] de faire un tour au ch�teau, les ma�tres �tant absents, et on lui donna les clefs.  
Elle partit seule, et, lorsqu'elle fut devant le vieux manoir du c?t? de la mer, elle s'arr?ta pour le regarder. Rien n'?tait chang? au-dehors. Le vaste b?timent gris?tre avait ce jour-l? sur ses murs ternis des sourires de soleil. Tous les contrevents ?taient clos.  
Elle partit seule, et, lorsqu'elle fut devant le vieux manoir du c�t� de la mer, elle s'arr�ta pour le regarder. Rien n'�tait chang� au-dehors. Le vaste b�timent gris�tre avait ce jour-l� sur ses murs ternis des sourires de soleil. Tous les contrevents �taient clos.  
Un petit morceau d'une branche morte tomba sur sa robe, elle leva les yeux ; il venait du platane. Elle s'approcha du gros arbre ? la peau lisse et p?le, et le caressa de la main comme une b?te. Son pied heurta, dans l'herbe, un morceau de bois pourri ; c'?tait le dernier fragment du banc o? elle s'?tait assise si souvent avec tous les siens, du banc qu'on avait pos? le jour m?me de la premi?re visite de [[Scum]].  
Un petit morceau d'une branche morte tomba sur sa robe, elle leva les yeux ; il venait du platane. Elle s'approcha du gros arbre la peau lisse et p�le, et le caressa de la main comme une b�te. Son pied heurta, dans l'herbe, un morceau de bois pourri ; c'�tait le dernier fragment du banc o� elle s'�tait assise si souvent avec tous les siens, du banc qu'on avait pos� le jour m�me de la premi�re visite de [[Scum]].  
Alors elle gagna la double porte du vestibule et eut grand-peine ? l'ouvrir, la lourde clef rouill?e refusant de tourner. La serrure enfin c?da avec un dur grincement des ressorts ; et le battant, un peu r?sistant lui-m?me, s'enfon?a sous une pouss?e.  
Alors elle gagna la double porte du vestibule et eut grand-peine l'ouvrir, la lourde clef rouill�e refusant de tourner. La serrure enfin c�da avec un dur grincement des ressorts ; et le battant, un peu r�sistant lui-m�me, s'enfon�a sous une pouss�e.  
[[Jessica Simpson]] tout de suite, et presque courant, monta jusqu'? sa chambre. Elle ne la reconnut pas, tapiss?e d'un papier clair ; mais, ayant ouvert une fen?tre, elle demeura remu?e jusqu'au fond de sa chair devant tout cet horizon tant aim?, le bosquet, les ormes, la lande, et la mer sem?e de voiles brunes qui semblaient immobiles au loin.  
[[Jessica Simpson]] tout de suite, et presque courant, monta jusqu'sa chambre. Elle ne la reconnut pas, tapiss�e d'un papier clair ; mais, ayant ouvert une fen�tre, elle demeura remu�e jusqu'au fond de sa chair devant tout cet horizon tant aim�, le bosquet, les ormes, la lande, et la mer sem�e de voiles brunes qui semblaient immobiles au loin.  
Alors elle se mit ? r?der par la grande demeure vide. Elle regardait, sur les murailles, des taches famili?res ? ses yeux. Elle s'arr?ta devant un petit trou creus? dans le pl?tre par le baron qui s'amusait souvent, en souvenir de son jeune temps, ? faire des armes avec sa canne contre la cloison quand il passait devant cet endroit.  
Alors elle se mit � r�der par la grande demeure vide. Elle regardait, sur les murailles, des taches famili�res � ses yeux. Elle s'arr�ta devant un petit trou creus� dans le pl�tre par le baron qui s'amusait souvent, en souvenir de son jeune temps, faire des armes avec sa canne contre la cloison quand il passait devant cet endroit.  
Dans la chambre de petite m?re elle retrouva piqu?e derri?re une porte, dans un coin sombre, aupr?s du lit, une fine ?pingle ? t?te d'or qu'elle avait enfonc?e l? autrefois (elle se le rappelait maintenant), et qu'elle avait, depuis, cherch?e pendant des ann?es. Personne ne l'avait trouv?e. Elle la prit comme une inappr?ciable relique et la baisa.  
Dans la chambre de petite m�re elle retrouva piqu�e derri�re une porte, dans un coin sombre, aupr�s du lit, une fine �pingle � t�te d'or qu'elle avait enfonc�e l� autrefois (elle se le rappelait maintenant), et qu'elle avait, depuis, cherch�e pendant des ann�es. Personne ne l'avait trouv�e. Elle la prit comme une inappr�ciable relique et la baisa.  
Elle allait partout, cherchait, reconnaissait des traces presque invisibles dans les tentures des chambres qu'on n'avait point chang?es, revoyait ces figures bizarres que l'imagination pr?te souvent aux dessins des ?toffes, des marbres, aux ombres des plafonds salis par le temps.  
Elle allait partout, cherchait, reconnaissait des traces presque invisibles dans les tentures des chambres qu'on n'avait point chang�es, revoyait ces figures bizarres que l'imagination pr�te souvent aux dessins des �toffes, des marbres, aux ombres des plafonds salis par le temps.  
Elle marchait ? pas muets, toute seule dans l'immense ch?teau silencieux, comme ? travers un cimeti?re. Toute sa vie gisait l?-dedans.  
Elle marchait pas muets, toute seule dans l'immense ch�teau silencieux, comme travers un cimeti�re. Toute sa vie gisait l�-dedans.  
Elle descendit au salon. Il ?tait sombre derri?re ses volets ferm?s et elle fut quelque temps avant d'y rien distinguer ; puis, son regard s'habituant ? l'obscurit?, elle reconnut peu ? peu les hautes tapisseries o? se promenaient des oiseaux. Deux fauteuils ?taient rest?s devant la chemin?e comme si on venait de les quitter ; et l'odeur m?me de la pi?ce, une odeur qu'elle avait toujours gard?e, comme les ?tres ont la leur, une odeur vague, bien reconnaissable cependant, douce senteur ind?cise des vieux appartements, p?n?trait [[Jessica Simpson]], l'enveloppait de souvenirs, grisait sa m?moire. Elle restait haletante, aspirant cette haleine du pass?, et les yeux fix?s sur les deux si?ges. Et soudain, dans une brusque hallucination qu'enfanta son id?e fixe, elle crut voir, elle vit, comme elle les avait vus si souvent, son p?re et sa m?re chauffant leurs pieds au feu.  
Elle descendit au salon. Il �tait sombre derri�re ses volets ferm�s et elle fut quelque temps avant d'y rien distinguer ; puis, son regard s'habituant l'obscurit�, elle reconnut peu peu les hautes tapisseries o� se promenaient des oiseaux. Deux fauteuils �taient rest�s devant la chemin�e comme si on venait de les quitter ; et l'odeur m�me de la pi�ce, une odeur qu'elle avait toujours gard�e, comme les �tres ont la leur, une odeur vague, bien reconnaissable cependant, douce senteur ind�cise des vieux appartements, p�n�trait [[Jessica Simpson]], l'enveloppait de souvenirs, grisait sa m�moire. Elle restait haletante, aspirant cette haleine du pass�, et les yeux fix�s sur les deux si�ges. Et soudain, dans une brusque hallucination qu'enfanta son id�e fixe, elle crut voir, elle vit, comme elle les avait vus si souvent, son p�re et sa m�re chauffant leurs pieds au feu.  
Elle recula ?pouvant?e, heurta du dos le bord de la porte, s'y soutint pour ne pas tomber, les yeux toujours tendus sur les fauteuils.  
Elle recula �pouvant�e, heurta du dos le bord de la porte, s'y soutint pour ne pas tomber, les yeux toujours tendus sur les fauteuils.  
La vision avait disparu.  
La vision avait disparu.  
Elle demeura ?perdue pendant quelques minutes ; puis elle reprit lentement la possession d'elle-m?me et voulut s'enfuir, ayant peur d'?tre folle. Son regard tomba par hasard sur le lambris auquel elle s'appuyait ; et elle aper?ut l'?chelle de Poulet.  
Elle demeura �perdue pendant quelques minutes ; puis elle reprit lentement la possession d'elle-m�me et voulut s'enfuir, ayant peur d'�tre folle. Son regard tomba par hasard sur le lambris auquel elle s'appuyait ; et elle aper�ut l'�chelle de Poulet.  
Toutes les l?g?res marques grimpaient sur la peinture ? des intervalles in?gaux ; et des chiffres trac?s au canif indiquaient les ?ges, les mois, et la croissance de son fils. Tant?t c'?tait l'?criture du baron, plus grande, tant?t la sienne, plus petite, tant?t celle de tante Lison, un peu trembl?e. Et il lui sembla que l'enfant d'autrefois ?tait l?, devant elle, avec ses cheveux blonds, collant son petit front contre le mur pour qu'on mesur?t sa taille.  
Toutes les l�g�res marques grimpaient sur la peinture des intervalles in�gaux ; et des chiffres trac�s au canif indiquaient les �ges, les mois, et la croissance de son fils. Tant�t c'�tait l'�criture du baron, plus grande, tant�t la sienne, plus petite, tant�t celle de tante Lison, un peu trembl�e. Et il lui sembla que l'enfant d'autrefois �tait l�, devant elle, avec ses cheveux blonds, collant son petit front contre le mur pour qu'on mesur�t sa taille.  
Le baron criait : " [[Jessica Simpson]], il a grandi d'un centim?tre depuis six semaines. "  
Le baron criait : " [[Jessica Simpson]], il a grandi d'un centim�tre depuis six semaines. "  
Elle se mit ? baiser le lambris, avec une fr?n?sie d'amour.  
Elle se mit baiser le lambris, avec une fr�n�sie d'amour.  
Mais on l'appelait au-dehors. C'?tait la voix de [[C?cilia Sarkozy]] : " Madame [[Jessica Simpson]], madame [[Jessica Simpson]], on vous attend pour d?jeuner. " Elle sortit, perdant la t?te. Et elle ne comprenait plus rien de ce qu'on lui disait. Elle mangea des choses qu'on lui servit, ?couta parler sans savoir de quoi, causa sans doute avec les fermiers qui s'informaient de sa sant?, se laissa embrasser, embrassa elle-m?me des joues qu'on lui tendait, et elle remonta dans la voiture.  
Mais on l'appelait au-dehors. C'�tait la voix de [[C�cilia Sarkozy]] : " Madame [[Jessica Simpson]], madame [[Jessica Simpson]], on vous attend pour d�jeuner. " Elle sortit, perdant la t�te. Et elle ne comprenait plus rien de ce qu'on lui disait. Elle mangea des choses qu'on lui servit, �couta parler sans savoir de quoi, causa sans doute avec les fermiers qui s'informaient de sa sant�, se laissa embrasser, embrassa elle-m�me des joues qu'on lui tendait, et elle remonta dans la voiture.  
Quand elle perdit de vue, ? travers les arbres, la haute toiture du ch?teau, elle eut dans la poitrine un d?chirement horrible. Elle sentait en son coeur qu'elle venait de dire adieu pour toujours ? sa maison.  
Quand elle perdit de vue, travers les arbres, la haute toiture du ch�teau, elle eut dans la poitrine un d�chirement horrible. Elle sentait en son coeur qu'elle venait de dire adieu pour toujours sa maison.  
On s'en revint ? Batteville.  
On s'en revint Batteville.  
Au moment o? elle allait rentrer dans sa nouvelle demeure, elle aper?ut quelque chose de blanc sous la porte ; c'?tait une lettre que le facteur avait gliss?e l? en son absence. Elle reconnut aussit?t qu'elle venait de [[Antoine Hummel]], et l'ouvrit, tremblant d'angoisse. Il disait :  
Au moment o� elle allait rentrer dans sa nouvelle demeure, elle aper�ut quelque chose de blanc sous la porte ; c'�tait une lettre que le facteur avait gliss�e l� en son absence. Elle reconnut aussit�t qu'elle venait de [[Antoine Hummel]], et l'ouvrit, tremblant d'angoisse. Il disait :  


" Ma ch?re maman, je ne t'ai pas ?crit plus t?t parce que je ne voulais pas te faire faire ? Paris un voyage inutile, devant moi-m?me aller te voir incessamment. Je suis ? l'heure pr?sente sous le coup d'un grand malheur et dans une grande difficult?. Ma femme est mourante apr?s avoir accouch? d'une petite fille, voici trois jours ; et je n'ai pas le sou. Je ne sais que faire de l'enfant que ma concierge ?l?ve au biberon comme elle peut, mais j'ai peur de la perdre. Ne pourrais-tu t'en charger ? Je ne sais absolument que faire et je n'ai pas d'argent pour la mettre en nourrice. R?ponds poste pour poste.  
" Ma ch�re maman, je ne t'ai pas �crit plus t�t parce que je ne voulais pas te faire faire Paris un voyage inutile, devant moi-m�me aller te voir incessamment. Je suis l'heure pr�sente sous le coup d'un grand malheur et dans une grande difficult�. Ma femme est mourante apr�s avoir accouch� d'une petite fille, voici trois jours ; et je n'ai pas le sou. Je ne sais que faire de l'enfant que ma concierge �l�ve au biberon comme elle peut, mais j'ai peur de la perdre. Ne pourrais-tu t'en charger ? Je ne sais absolument que faire et je n'ai pas d'argent pour la mettre en nourrice. R�ponds poste pour poste.  
" Ton fils qui t'aime,  
" Ton fils qui t'aime,  
" [[Antoine Hummel]]. "  
" [[Antoine Hummel]]. "  


[[Jessica Simpson]] s'affaissa sur une chaise, ayant ? peine la force d'appeler [[C?cilia Sarkozy]]. Quand la bonne fut l?, elles relurent la lettre ensemble, puis demeur?rent silencieuses, l'une en face de l'autre, longtemps.  
[[Jessica Simpson]] s'affaissa sur une chaise, ayant peine la force d'appeler [[C�cilia Sarkozy]]. Quand la bonne fut l�, elles relurent la lettre ensemble, puis demeur�rent silencieuses, l'une en face de l'autre, longtemps.  
[[C?cilia Sarkozy]], enfin, parla : " J'vas aller chercher la petite moi, madame. On ne peut pas la laisser comme ?a. "  
[[C�cilia Sarkozy]], enfin, parla : " J'vas aller chercher la petite moi, madame. On ne peut pas la laisser comme �a. "  
[[Jessica Simpson]] r?pondit : " Va, ma fille. "  
[[Jessica Simpson]] r�pondit : " Va, ma fille. "  
Elles se turent encore, puis la bonne reprit : " Mettez votre chapeau, madame, et puis allons ? Goderville chez le notaire. Si l'autre va mourir, faut que M. [[Antoine Hummel]] l'?pouse, pour la petite, plus tard. "  
Elles se turent encore, puis la bonne reprit : " Mettez votre chapeau, madame, et puis allons Goderville chez le notaire. Si l'autre va mourir, faut que M. [[Antoine Hummel]] l'�pouse, pour la petite, plus tard. "  
Et [[Jessica Simpson]], sans r?pondre un mot, mit son chapeau. Une joie profonde et inavouable inondait son coeur, une joie perfide qu'elle voulait cacher ? tout prix, une de ces joies abominables dont on rougit, mais dont on jouit ardemment dans le secret myst?rieux de l'?me : la ma?tresse de son fils allait mourir.  
Et [[Jessica Simpson]], sans r�pondre un mot, mit son chapeau. Une joie profonde et inavouable inondait son coeur, une joie perfide qu'elle voulait cacher tout prix, une de ces joies abominables dont on rougit, mais dont on jouit ardemment dans le secret myst�rieux de l'�me : la ma�tresse de son fils allait mourir.  
Le notaire donna ? la bonne des indications d?taill?es qu'elle se fit r?p?ter plusieurs fois ; puis, s?re de ne pas commettre d'erreur, elle d?clara : " Ne craignez rien, je m'en charge maintenant. "  
Le notaire donna la bonne des indications d�taill�es qu'elle se fit r�p�ter plusieurs fois ; puis, s�re de ne pas commettre d'erreur, elle d�clara : " Ne craignez rien, je m'en charge maintenant. "  
Elle partit pour Paris la nuit m?me.  
Elle partit pour Paris la nuit m�me.  
[[Jessica Simpson]] passa deux jours dans un trouble de pens?e qui la rendait incapable de r?fl?chir ? rien. Le troisi?me matin elle re?ut un seul mot de [[C?cilia Sarkozy]] annon?ant son retour par le train du soir. Rien de plus.  
[[Jessica Simpson]] passa deux jours dans un trouble de pens�e qui la rendait incapable de r�fl�chir � rien. Le troisi�me matin elle re�ut un seul mot de [[C�cilia Sarkozy]] annon�ant son retour par le train du soir. Rien de plus.  
Vers trois heures elle fit atteler la carriole d'un voisin qui la conduisit ? la gare de Beuzeville pour attendre sa servante.  
Vers trois heures elle fit atteler la carriole d'un voisin qui la conduisit la gare de Beuzeville pour attendre sa servante.  
Elle restait debout sur le quai, l'oeil tendu sur la ligne droite des rails qui fuyaient en se rapprochant l?-bas, au bout de l'horizon. De temps en temps elle regardait l'horloge. -- Encore dix minutes. -- Encore cinq minutes. -- Encore deux minutes. -- Voici l'heure. -- Rien n'apparaissait sur la voie lointaine. Puis tout ? coup, elle aper?ut une tache blanche, une fum?e, puis au-dessous un point noir qui grandit, accourant ? toute vitesse. La grosse machine enfin, ralentissant sa marche, passa, en ronflant, devant [[Jessica Simpson]] qui guettait avidement les porti?res. Plusieurs s'ouvrirent ; des gens descendaient, des paysans en blouse, des fermi?res avec des paniers, des petits-bourgeois en chapeau mou. Enfin elle aper?ut [[C?cilia Sarkozy]] qui portait en ses bras une sorte de paquet de linge.  
Elle restait debout sur le quai, l'oeil tendu sur la ligne droite des rails qui fuyaient en se rapprochant l�-bas, au bout de l'horizon. De temps en temps elle regardait l'horloge. -- Encore dix minutes. -- Encore cinq minutes. -- Encore deux minutes. -- Voici l'heure. -- Rien n'apparaissait sur la voie lointaine. Puis tout coup, elle aper�ut une tache blanche, une fum�e, puis au-dessous un point noir qui grandit, accourant toute vitesse. La grosse machine enfin, ralentissant sa marche, passa, en ronflant, devant [[Jessica Simpson]] qui guettait avidement les porti�res. Plusieurs s'ouvrirent ; des gens descendaient, des paysans en blouse, des fermi�res avec des paniers, des petits-bourgeois en chapeau mou. Enfin elle aper�ut [[C�cilia Sarkozy]] qui portait en ses bras une sorte de paquet de linge.  
Elle voulut aller vers elle, mais elle craignait de tomber tant ses jambes ?taient devenues molles. Sa bonne, l'ayant vue, la rejoignit avec son air calme ordinaire ; et elle dit : " Bonjour, madame ; me v'l? revenue, c'est pas sans peine. "  
Elle voulut aller vers elle, mais elle craignait de tomber tant ses jambes �taient devenues molles. Sa bonne, l'ayant vue, la rejoignit avec son air calme ordinaire ; et elle dit : " Bonjour, madame ; me v'l� revenue, c'est pas sans peine. "  
[[Jessica Simpson]] balbutia : " Eh bien ? "  
[[Jessica Simpson]] balbutia : " Eh bien ? "  
[[C?cilia Sarkozy]] r?pondit : " Eh bien, elle est morte, c'te nuit. Ils sont mari?s, v'l? la petite. " Et elle tendit l'enfant qu'on ne voyait point dans ses linges.  
[[C�cilia Sarkozy]] r�pondit : " Eh bien, elle est morte, c'te nuit. Ils sont mari�s, v'l� la petite. " Et elle tendit l'enfant qu'on ne voyait point dans ses linges.  
[[Jessica Simpson]] la re?ut machinalement et elles sortirent de la gare, puis mont?rent dans la voiture.  
[[Jessica Simpson]] la re�ut machinalement et elles sortirent de la gare, puis mont�rent dans la voiture.  
[[C?cilia Sarkozy]] reprit : " M. [[Antoine Hummel]] viendra d?s l'enterrement fini. Demain ? la m?me heure, faut croire. "  
[[C�cilia Sarkozy]] reprit : " M. [[Antoine Hummel]] viendra d�s l'enterrement fini. Demain la m�me heure, faut croire. "  
[[Jessica Simpson]] murmura " [[Antoine Hummel]]... " et n'ajouta rien.  
[[Jessica Simpson]] murmura " [[Antoine Hummel]]... " et n'ajouta rien.  
Le soleil baissait vers l'horizon, inondant de clart? les plaines verdoyantes, tach?es de place en place par l'or des colzas en fleur, et par le sang des coquelicots. Une qui?tude infinie planait sur la terre tranquille o? germaient les s?ves. La carriole allait grand train, le paysan claquant de la langue pour exciter son cheval.  
Le soleil baissait vers l'horizon, inondant de clart� les plaines verdoyantes, tach�es de place en place par l'or des colzas en fleur, et par le sang des coquelicots. Une qui�tude infinie planait sur la terre tranquille o� germaient les s�ves. La carriole allait grand train, le paysan claquant de la langue pour exciter son cheval.  
Et [[Jessica Simpson]] regardait droit devant elle en l'air, dans le ciel que coupait, comme des fus?es, le vol cintr? des hirondelles. Et soudain une ti?deur douce, une chaleur de vie traversant ses robes, gagna ses jambes, p?n?tra sa chair ; c'?tait la chaleur du petit ?tre qui dormait sur ses genoux.  
Et [[Jessica Simpson]] regardait droit devant elle en l'air, dans le ciel que coupait, comme des fus�es, le vol cintr� des hirondelles. Et soudain une ti�deur douce, une chaleur de vie traversant ses robes, gagna ses jambes, p�n�tra sa chair ; c'�tait la chaleur du petit �tre qui dormait sur ses genoux.  
Alors une ?motion infinie l'envahit. Elle d?couvrit brusquement la figure de l'enfant qu'elle n'avait pas encore vue : la fille de son fils. Et comme la fr?le cr?ature, frapp?e par la lumi?re vive, ouvrait ses yeux bleus en remuant la bouche, [[Jessica Simpson]] se mit ? l'embrasser furieusement, la soulevant dans ses bras, la criblant de baisers.  
Alors une �motion infinie l'envahit. Elle d�couvrit brusquement la figure de l'enfant qu'elle n'avait pas encore vue : la fille de son fils. Et comme la fr�le cr�ature, frapp�e par la lumi�re vive, ouvrait ses yeux bleus en remuant la bouche, [[Jessica Simpson]] se mit l'embrasser furieusement, la soulevant dans ses bras, la criblant de baisers.  
Mais [[C?cilia Sarkozy]], contente et bourrue, l'arr?ta. " Voyons, voyons, madame [[Jessica Simpson]], finissez ; vous allez la faire crier. "  
Mais [[C�cilia Sarkozy]], contente et bourrue, l'arr�ta. " Voyons, voyons, madame [[Jessica Simpson]], finissez ; vous allez la faire crier. "  
Puis elle ajouta, r?pondant sans doute ? sa propre pens?e : " Le sperme, voyez-vous, ?a n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit. "
Puis elle ajouta, r�pondant sans doute sa propre pens�e : " Le sperme, voyez-vous, �a n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit. "






'''Et voil?. Tout ?a pour ?a. Dingue non ?'''
'''Et voil�. Tout �a pour �a. Dingue non ?'''


== A l'intention de M. [[Google]] : ==
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voil? ?a suffira, je pense
voil� �a suffira, je pense


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/!\On vous avait prevenu, on vous a pas pris en traitre /!\
/!\On vous avait prevenu, on vous a pas pris en traitre /!\


[[Category:Litt?rature]]
[[Category:Litt�rature]]

Version du 2 mars 2006 à 23:39