« Pierre Fiala » : différence entre les versions

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Activiste politique notoire de la Seine-Saint-Denis, n� en 1962, fondateur du seul courant libertaire issu du trotskisme : le '''[[balbynisme]]'''. Les th�ories balbyniennes sont inspir�es fortement de [[Franck Zappa]], '''[[Pierre Le Chantre]]''' (XIIe si�cle) et''' [[Jacques Tr�molin]]'''. Son opposition compl�te aux tendances anarchistes du moment le pouss�rent � jeter un tract balbynien chiffon� sur la vitrine de la librairie [[Publico]] en s'exclamant : "''Nous sommes tous des doryphores et des chenilles processionnaires !''" avant de s'enfuir � toutes jambes non sans percuter la [[Simca 1100]] de  Monsieur [[Gore]] (alias [[Gorellaume]]) gar�e devant le [[Cirque d'Hiver]] ([[Paris]], XIe arrondissement).  
'''Activiste politique''' notoire de la Seine-Saint-Denis, en [[1964]], fondateur du seul courant libertaire issu du [[huskisme]] : le ''[[balbynisme]]''. Les théories balbyniennes sont un mélange de bouts rimés zutiques, de touffes ''[[Michel Berger]]'' et de trous de [[Chaussettes Noires]]. Leur opposition frontale aux tendances anarchistes du moment poussèrent Pierre Fiala à jeter un vers solitaire léonin sur la vitrine de la librairie [[Publico]] en s'exclamant : ''"Nous sommes tous des doryphores et des chenilles processionnaires !"'' avant de s'enfuir promptement non sans percuter la [[Simca 1100]] de  Monsieur [[Gore]] (alias [[Gorellaume]]) garée devant le [[Cirque d'Hiver]] ([[Paris]], XIe arrondissement).  


__TOC__


== Document pour l'Histoire --> Interview donne par''' Pierre Fiala''' en aot 2004 au ''Figaro'' : ==


== Document pour l'Histoire ==


http://www.dessin-enfant.org/pages/images/selections/02-donet-elodie_p.gif Ci-contre une tr�s belle aquarelle de '''[[Karl von Dreger]]''' repr�sentant le leader balbynien dans une charette de la Nation � la fin d'une manifestation de juin 2003.
Voici une interview donnée par Pierre Fiala en août 2004 au ''Figaro'' :


Ci dessous, la version non-censur�e de l'interview introuvable donnn�e par '''Pierre Fiala''' au journal'' [[Le Figaro]]'' en ao�t 2004.
http://www.ardkor.info/uploaded/UneBienBelleAquarelle.gif ''une très belle aquarelle de '''[[Karl von Dreger]]''' représentant le leader balbynien dans une charrette de la Nation à la fin d'une manifestation de juin 2003''


EVE RUGGIERI � ''Pierre, nous sommes assis tous le deux devant ta petite baraque, au c�ur du Bobigny historique, pas celui de la [[bourgeoisie]] mais du petit [[prol�tariat]] �clair� issu de la r�volution de [[1848]], de la [[Commune]] de 71, et, plus r�cemment, de milliers de flics au ch�mage venus se r�concilier avec les damn�s de la terre. Plusieurs Conservateurs de la [[Biblioth�que nationale de France]]- [[BnF]], curieux, ont m�me d�cid� de s'installer en face d'une cit� habit�e par des magasiniers mis � pied par la direction de la Tr�s Grande Biblioth�que! Et c'est dans cette petite tani�re odorante et myst�rieuse que tu vis, manges, bois, �cris, et�''
Ci dessous, la version non-censurée de l'interview introuvable donnnée par '''Pierre Fiala''' au journal'' [[Le Figaro]]'' en août 2004.


PIERRE FIALA � � fais l'amour avec des femmes� Mais parlons des Balbyniens, ces grands inconnus! Tous se sont �tablis ici dans cette mosa�que de petits jardins s�par�s par un r�seau d'�gouts � ciel ouvert datant, je crois, du '''Pr�sident [[Pompidou]]''' et constitue en soi un v�ritable �cosyst�me pr�serv� des contraintes de l'urbanisme. L'[[ouvrier]], ici, comme le [[flic]], le [[vigile]] au repos, le [[garde mobile]] d�mobilis� ont un autre point de vue sur la vie familiale.
EVE RUGGIERI – ''Pierre, nous sommes assis tous le deux devant ta petite baraque, au cœur du Bobigny historique, pas celui de la [[bourgeoisie]] mais du petit [[prolétariat]] éclairé issu de la révolution de [[1848]], de la [[Commune]] de 71, et, plus récemment, de milliers de flics au chômage venus se réconcilier avec les damnés de la terre. Plusieurs Conservateurs de la [[Bibliothèque nationale de France]]- [[BnF]], curieux, ont même décidé de s'installer en face d'une cité habitée par des magasiniers mis à pied par la direction de la Très Grande Bibliothèque! Et c'est dans cette petite tanière odorante et mystérieuse que tu vis, manges, bois, écris, et…''


EVE RUGGIERI � ''Mais pourquoi ? Parce qu'il arrive souvent que ce ne soient pas les hommes qui �duquent les femmes en mati�re de [[sexualit�]], comme c'est souvent le cas dans la classe bourgeoise, mais les femmes qui instruisent leurs maris ? J'ai vu tout � l'heure une [[femme]] toucher le sexe d'un inconnu nomm� [[Error]] dans la rue, puis s'�loigner comme si de rien n'�tait�''
PIERRE FIALA – … fais l'amour avec des femmes… Mais parlons des Balbyniens, ces grands inconnus! Tous se sont établis ici dans cette mosaïque de petits jardins séparés par un réseau d'égouts à ciel ouvert datant, je crois, du '''Président [[Pompidou]]''' et constitue en soi un véritable écosystème préservé des contraintes de l'[[urbanisme]]. L'[[ouvrier]], ici, comme le [[flic]], le [[vigile]] au repos, le [[garde mobile]] démobilisé ont un autre point de vue sur la vie familiale.


PIERRE FIALA - Ce probl�me n'est pas abord� dans les journaux. Je pense que si l'on d�crit dans un journal la vie familiale des [[ouvriers]], il faut p�n�trer la psychologie sexuelle des ouvriers de l'�poque actuelle. Bien s�r, c'est un probl�me extr�mement complexe, difficile � aborder. Plus tard, cette situation changera, mais actuellement, il est plus facile � une journaliste comme toi d'�voquer des probl�mes contemporains que de p�n�trer la psychologie sexuelle de l'ouvrier o�, plus difficile, du policier au ch�mage dans un �cosyst�me unique au monde comme celui de [[Bobigny]]. C'est pourquoi il y a si peu d'articles de ce genre dans la presse.
EVE RUGGIERI – ''Mais pourquoi ? Parce qu'il arrive souvent que ce ne soient pas les hommes qui éduquent les femmes en matière de [[sexualité]], comme c'est souvent le cas dans la classe bourgeoise, mais les femmes qui instruisent leurs maris ? J'ai vu tout à l'heure une [[femme]] toucher le sexe d'un inconnu nommé [[Error]] dans la rue, puis s'éloigner comme si de rien n'était…''


[[EVE RUGGIERI]] ''Eh bien venons-y�''
PIERRE FIALA - Ce problème n'est pas abordé dans les journaux. Je pense que si l'on décrit dans un journal la vie familiale des [[ouvriers]], il faut pénétrer la psychologie sexuelle des ouvriers de l'époque actuelle. Bien sûr, c'est un problème extrêmement [[complexe]], difficile à aborder. Plus tard, cette situation changera, mais actuellement, il est plus facile à une [[journaliste]] comme toi d'évoquer des problèmes contemporains que de pénétrer la psychologie sexuelle de l'ouvrier où, plus difficile, du policier au chômage dans un écosystème unique au monde comme celui de [[Bobigny]]. C'est pourquoi il y a si peu d'articles de ce genre dans la presse.


PIERRE FIALA � Je vais r�pondre � ta question Eve, mais j'ai le pressentiment que si je le fais, je veux dire, si tout le monde peut apprendre ce genre de choses dans ton journal bourgeois � grand tirage, que des catastrophes terribles nous attendent, nous Balbyniens, car la soci�t� corrompue par la pourriture que l'Eglise d�verse tranquillement sur elle depuis des si�cles a mal compris le sens du mot "[[amour libre]]". C'est l'amour libre qui a consid�rablement augment� la natalit� chez les [[communistes]]. Quand on a mobilis� les communistes balbyniens pendant la guerre en [[Afghanistan]], il a fallu que le comit� d'usine, stalinien mais pas fou, prenne en charge pr�s de 2000 enfants, orphelins socialistes issus de rapports non-bourgeois et les place sous la responsabilit� des [[anarchistes]] qui refusaient de venir en aide � l'arm�e sovi�tique derri�re [[Georges Marchais]]. Si cette guerre nous a l�gu� un grand nombre d'invalides, revenus � Bobigny le c�ur en berne, l'amour libre, qui se g�n�ralise ici nous menace de difficult�s encore plus grandes. Et je dois avouer que dans ce domaine, nous, [[libertaires]] qui avons crach� sur le mariage r�publicain n'avons rien fait pour que la masse ouvri�re, assoiff�e de sexe, de mode hawa�enne et d'insectes, totalement incontr�lable face � une photo de[[ Louise Lab�]] ou une grosse [[mouche]] ob�se du [[Tchad]], bless�e et tomb�e du ciel en pleine migration, comprenne bien ce probl�me. C'est pour �a que tu as pu surprendre tout � l'heure une Balbynienne en pleine action. Je reconnais sinc�rement que si on nous pose la question de la compulsion ouvri�re, nous ne sommes pas en mesure d'y r�pondre.
[[EVE RUGGIERI]] ''Eh bien venons-y…''


EVE RUGGIERI � ''Tu poses, dans l'introduction de ton bouquin, et nous devons y porter attention, le probl�me du prol�tariat f�minin confront� � la voracit� l�gendaire des hommes balbyniens, mais aussi � la d�licate question de la cuisine des [[insectes]].''
PIERRE FIALA – Je vais répondre à ta question Eve, mais j'ai le pressentiment que si je le fais, je veux dire, si tout le monde peut apprendre ce genre de choses dans ton journal bourgeois à grand tirage, que des catastrophes terribles nous attendent, nous Balbyniens, car la société corrompue par la pourriture que l'Eglise déverse tranquillement sur elle depuis des siècles a mal compris le sens du mot "[[amour libre]]". C'est l'amour libre qui a considérablement augmenté la natalité chez les [[communistes]]. Quand on a mobilisé les communistes balbyniens pendant la guerre en [[Afghanistan]], il a fallu que le comité d'usine, stalinien mais pas fou, prenne en charge près de 2000 enfants, orphelins socialistes issus de rapports non-bourgeois et les place sous la responsabilité des [[anarchistes]] qui refusaient de venir en aide à l'armée soviétique derrière [[Georges Marchais]]. Si cette guerre nous a légué un grand nombre d'invalides, revenus à Bobigny le cœur en berne, l'amour libre, qui se généralise ici nous menace de difficultés encore plus grandes. Et je dois avouer que dans ce domaine, nous, [[libertaires]] qui avons craché sur le mariage républicain n'avons rien fait pour que la masse ouvrière, assoiffée de sexe, de mode hawaïenne et d'insectes, totalement incontrôlable face à une photo de[[ Louise Labé]] ou une grosse [[mouche]] obèse du [[Tchad]], blessée et tombée du ciel en pleine migration, comprenne bien ce problème. C'est pour ça que tu as pu surprendre tout à l'heure une Balbynienne en pleine action. Je reconnais sincèrement que si on nous pose la question de la compulsion ouvrière, nous ne sommes pas en mesure d'y répondre.


PIERRE FIALA - C'est particuli�rement important pour les femmes insatisfaites qui ont une famille non issue de l'[[amour libre]] : chez elles, l'influence religieuse, productrice de tristesse domestique, pr�domine encore sur toute chose, et elles rechignent � cuisiner autre chose que des nouilles, � pr�parer autre chose � leurs gosses que des pr�ts-�-rouler Danerole. Tu vois, je pense qu'il faut que les [[anarchistes]] militent en compagnie d'autres [[marxistes]] sinc�res dans cette couche de la population; il faut remplacer l'[[Eglise]] par autre chose ! Quelque chose qui rende � toutes ces femmes magnifiques leur merveilleux instinct, cet instinct qui fait porter la main sur l'insecte et pas seulement sur le sexe d'un inconnu. Mais nous n'avons rien d'autre ! Si nous consid�rons, ne serait-ce que Bobigny-Centre, bastion de la T�te de Veau sauce Gribiche, eh bien il est rare que de la viande de [[gu�pe]] g�ante du [[Cameroun]], par exemple, y circule. Pourtant, c'est d�licieux un bon cuissot de Gu�pe demi-sel arros� de lait de [[Mite]] ferment�. On y organise parfois des r�unions officielles sur les bienfaits du r�gime insectivore pour les m�mes. C'est peut-�tre parce que nous sommes trop fatigu�s par le sexe que nous organisons ces r�unions � la va-vite. Pourtant, il faut bien que nous trouvions un moyen pour d�tourner les gens de l'Eglise et pour cr�er des centres culturels o� non seulement le dimanche, mais aussi tous les soirs, le mari puisse venir se d�lasser autour d'un plat de punaises pommes � l'huile avec sa femme. Alors, ils n'iront plus � l'�glise et arr�teront de bouffer des trucs de cur�s. Certaines personnes se distraient d�j� en allant au jardin public pour attraper des [[papillons]] et les manger � la croque au sel. C'est un d�but.
EVE RUGGIERI – ''Tu poses, dans l'introduction de ton bouquin, et nous devons y porter attention, le problème du prolétariat féminin confronté à la voracité légendaire des hommes balbyniens, mais aussi à la délicate question de la cuisine des [[insectes]].''


EVE RUGGIERI � ''Tu �cris que certains ouvriers qui n'ont jamais v�cu � Bobigny et ne mangent jamais d'insectes en commun sont tr�s peu li�s � leur famille et consid�rent que leur femme doit tout faire, tandis qu'ils vont ailleurs. C'est la m�me chose le dimanche. Et voil� d'o� viennent les sc�nes de m�nage.''
PIERRE FIALA - C'est particulièrement important pour les femmes insatisfaites qui ont une famille non issue de l'[[amour libre]] : chez elles, l'influence religieuse, productrice de tristesse domestique, prédomine encore sur toute chose, et elles rechignent à cuisiner autre chose que des nouilles, à préparer autre chose à leurs gosses que des prêts-à-rouler Danerole. Tu vois, je pense qu'il faut que les [[anarchistes]] militent en compagnie d'autres [[marxistes]] sincères dans cette couche de la population; il faut remplacer l'[[Eglise]] par autre chose ! Quelque chose qui rende à toutes ces femmes magnifiques leur merveilleux instinct, cet instinct qui fait porter la main sur l'insecte et pas seulement sur le sexe d'un inconnu. Mais nous n'avons rien d'autre ! Si nous considérons, ne serait-ce que Bobigny-Centre, bastion de la Tête de Veau sauce Gribiche, eh bien il est rare que de la viande de [[guêpe]] géante du [[Cameroun]], par exemple, y circule. Pourtant, c'est délicieux un bon cuissot de Guêpe demi-sel arrosé de lait de [[Mite]] fermenté. On y organise parfois des réunions officielles sur les bienfaits du régime insectivore pour les mômes. C'est peut-être parce que nous sommes trop fatigués par le sexe que nous organisons ces réunions à la va-vite. Pourtant, il faut bien que nous trouvions un moyen pour détourner les gens de l'Eglise et pour créer des centres culturels où non seulement le dimanche, mais aussi tous les soirs, le mari puisse venir se délasser autour d'un plat de punaises pommes à l'huile avec sa femme. Alors, ils n'iront plus à l'église et arrêteront de bouffer des trucs de curés. Certaines personnes se distraient déjà en allant au jardin public pour attraper des [[papillons]] et les manger à la croque au sel. C'est un début.


PIERRE FIALA- La [[femme]] hurle que le mari la quitte m�me les jours de f�te et qu'elle est oblig�e de rester � la maison avec les enfants. On remarque ici un d�sir des femmes de se lib�rer. Elles reprochent souvent � leur mari le fait que les femmes balbyniennes mettent leurs enfants � la cr�che ou au jardin d'enfants et que ces derni�res ont plus de libert� pour boire des ap�ros avec les copines ou pratiquer l'amour libre avec des chauves en �coutant de la ''musique hawa�enne'' sur des pick-up fabriqu�s � [[Cronstadt]]. Il existe chez ces femmes d'[[Herblay]] dont tu parles un grand d�sir de libert� totalement incompris par des maris ali�n�s par le [[patriarcat]] propre � ceux adorent la viande de b�uf et les parties de cartes. On ne parle nulle part du probl�me de la [[famille]], du [[mariage]], de l'[[amour libre]], de la [[polyphonie]] puissante du chant hawa�en et des rapports entre l'homme, la femme et l'insecte. Ce sont cependant ces probl�mes qui int�ressent les ouvriers et les ouvri�res qui entendent parler de l'essor du prol�tariat balbynien. Quand nous organisons des r�unions en banlieue sur ce th�me, les ouvriers le savent et viennent en foule. Je sais que certains disent que les [[anarchistes]] n'ont pas et ne peuvent pas avoir un point de vue d�fini sur ce sujet. Je connais des agitateurs habitant [[La Garenne-Bezon]] et qui r�pondent aux questions en se fondant sur les th�ses du camarade Ramseyer, mais ces th�ses ne r�solvent pas par exemple le probl�me de la responsabilit� du [[p�re]] et de la [[m�re]] vis- �-vis des enfants priv�s d'alimentation � base de dipt�res vitamin�s, ce qui fait que les enfants ont tendance � �tre livr�s � eux-m�mes et � manger encore plus dans des macdos imp�rialistes. C'est actuellement � un des probl�mes les plus important. Ces difficult�s ne sont pas mises en lumi�re, et les ouvriers et les ouvri�res qui soul�vent ces questions ne re�oivent pas de r�ponse, et donc, ils cherchent pas � manger de bonnes mouches.
EVE RUGGIERI – ''Tu écris que certains ouvriers qui n'ont jamais vécu à Bobigny et ne mangent jamais d'insectes en commun sont très peu liés à leur famille et considèrent que leur femme doit tout faire, tandis qu'ils vont ailleurs. C'est la même chose le dimanche. Et voilà d'où viennent les scènes de ménage.''


http://www.journees-lyriques.com/medias/images/eve.jpg EVE RUGGIERI � ''Tu me reprochais il y a une demi-heure mon appartenance � un journal qui, historiquement, a toujours soutenu le point de vue de la [[bourgeoisie]] et, surtout, le fait qu'en tant que journaliste, je ne m'occupe pas beaucoup de mes enfants. Mais la majorit� des [[communistes]] les plus actifs qui �crivent dans les journaux de leur bord sont tellement occup�s qu'ils ne connaissent m�me pas leur famille.''
PIERRE FIALA- La [[femme]] hurle que le mari la quitte même les jours de fête et qu'elle est obligée de rester à la maison avec les enfants. On remarque ici un désir des femmes de se libérer. Elles reprochent souvent à leur mari le fait que les femmes balbyniennes mettent leurs enfants à la crèche ou au jardin d'enfants et que ces dernières ont plus de liberté pour boire des apéros avec les copines ou pratiquer l'amour libre avec des chauves en écoutant de la ''musique hawaïenne'' sur des pick-up fabriqués à [[Cronstadt]]. Il existe chez ces femmes d'[[Herblay]] dont tu parles un grand désir de liberté totalement incompris par des maris aliénés par le [[patriarcat]] propre à ceux adorent la viande de bœuf et les parties de cartes. On ne parle nulle part du problème de la [[famille]], du [[mariage]], de l'[[amour libre]], de la [[polyphonie]] puissante du chant hawaïen et des rapports entre l'homme, la femme et l'insecte. Ce sont cependant ces problèmes qui intéressent les ouvriers et les ouvrières qui entendent parler de l'essor du prolétariat balbynien. Quand nous organisons des réunions en banlieue sur ce thème, les ouvriers le savent et viennent en foule. Je sais que certains disent que les [[anarchistes]] n'ont pas et ne peuvent pas avoir un point de vue défini sur ce sujet. Je connais des agitateurs habitant [[La Garenne-Bezon]] et qui répondent aux questions en se fondant sur les thèses du camarade Ramseyer, mais ces thèses ne résolvent pas par exemple le problème de la responsabilité du [[père]] et de la [[mère]] vis- à-vis des enfants privés d'alimentation à base de diptères vitaminés, ce qui fait que les enfants ont tendance à être livrés à eux-mêmes et à manger encore plus dans des macdos impérialistes. C'est actuellement à un des problèmes les plus important. Ces difficultés ne sont pas mises en lumière, et les ouvriers et les ouvrières qui soulèvent ces questions ne reçoivent pas de réponse, et donc, ils cherchent pas à manger de bonnes mouches.


PIERRE FIALA C'est vrai. Ils s'en vont quand tout le monde dort et reviennent quand tout le monde est dj couch; or, si l'on ne connat pas sa propre famille, il est difficile de connatre celle des autres. Et l o je veux en venir, c'est cette situation paradoxale du [[journaliste]] qui rend compte de ce qu'il ne connat pas faute de temps pass la maison. Je conseille donc tous les journalistes [[l'amour libre]]. Moi, qui ne suis pas journaliste, je passe tellement de temps pdaler en chemise fleur sur mon vlo [[Mercier]] et vider des verres de [[Leffe]] que c'est seulement dans des discussions dans les magasins de la [[BnF]] ou en tranant dans les locaux syndicaux de [[Tolbiac]] que je parviens apprendre quelque chose. Par exemple quand une collgue vient dire que son mari l'a frappe, etc. Et je le rpte, on n'en parle pas dans la presse anarchiste et mme trotskiste je crois parce que nous, les [[anarchistes]], nous ne connaissons ni notre famille ni celle des autres. En fait, on ne met pas du tout l'accent sur le problme de la famille et des enfants. Moi-mme, j'ai oubli ma famille, mes frres et surs, leurs noms, et c'est seulement quand on me pose des questions que de vagues souvenirs me reviennent en mmoire et que je commence lier les choses entre elles entre deux demis sans faux col et une escalope taille dans le filet du [[frelon]] de [[Tasmanie]]. Si on examine la vie des anarchistes non insectivores qui ne connaissent ni l'amour libre, ni le [[ukull]], on s'aperoit qu'en fait la femme reste la maison, tandis que son mari vidange les brasseries la mode. Les femmes des anarchistes sont trs peu intgres l'activit sociale. Chez les ouvriers balbyniens, en revanche, on considre souvent que lorsque le mari se rend un festin de mouches, la femme doit l'accompagner et manger tout son saoul, rire et chanter, faire aussi l'amour avec des chauves qu'elle ne connat pas ou apprendre se servir de la [[tlcommande]] du poste sans les doigts


EVE RUGGIERI � ''Sans les doigts ?''
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PIERRE FIALA Exactement, sans les doigts. Elles peuvent suivre des formations spciales prises en charge par la mairie de Bobigny. Cela consiste obliger des insectes, pralablement astreints la pratique du [[culturisme]] et drogus, appuyer sur les touches de la tlcommande en se jetant dessus comme quand, par exemple,toi tu voudrais dfoncer une porte en chne massif d'un coup d'paule . Et ces petites btes sportives et gonfles bloc par les amphtamines y parviennent mme s'il faut bien reconnatre que parfois, c'est du suicide.


EVE RUGGIERI ''Incroyable. Mais ce courant libertaire que tu nommes dans ton livre le '''[[balbynisme]]''', issu de la r�volution culturelle men�e pendant un demi-si�cle de vie ouvri�re insectivore a donc entra�n� une dislocation de la famille traditionnelle. Beaucoup d'ouvriers balbyniens m�nent aujourd'hui une vie dissip�e et tirent un bon parti de la libert� de pouvoir se s�parer de leurs femmes. [[Patrick Ramseyer]] dit que le � tout insecte � a port� un coup trop fort � la [[famille]]. Quant � l'�galit� des hommes et des femmes devant l'[[insecte]], je ne te suivrai pas tout � fait, car m�me parmi les ouvriers responsables, nombreux sont ceux qui ont abandonn� leur femme pour un trecking gastronomique en [[Zambie]] et la promesse d'un festin d'insectes formidables, la laissant parfois avec cinq enfants.''
EVE RUGGIERI ''Tu me reprochais il y a une demi-heure mon appartenance à un journal qui, historiquement, a toujours soutenu le point de vue de la [[bourgeoisie]] et, surtout, le fait qu'en tant que [[journaliste]], je ne m'occupe pas beaucoup de mes enfants. Mais la majorité des [[communistes]] les plus actifs qui écrivent dans les journaux de leur bord sont tellement occupés qu'ils ne connaissent même pas leur famille.''


PIERRE FIALA � Je reconnais que cela se produit tr�s souvent. On ne s'en cache pas. On quitte aussi une femme [[anarchiste]], m�me chez les gens haut plac�s dans ce qu'il faut quand m�me appeler, - et cela me fait tr�s mal � l'appareil [[libertaire]]. On ne soul�ve pas le probl�me en assembl�e, mais on en parle dans les cercles dirigeants et on a, en d�finitive, l'impression que quelque chose va �clater.
PIERRE FIALA – C'est vrai. Ils s'en vont quand tout le monde dort et reviennent quand tout le monde est déjà couché; or, si l'on ne connaît pas sa propre famille, il est difficile de connaître celle des autres. Et là où je veux en venir, c'est à cette situation paradoxale du [[journaliste]] qui rend compte de ce qu'il ne connaît pas faute de temps passé à la maison. Je conseille donc à tous les journalistes [[l'amour libre]]. Moi, qui ne suis pas journaliste, je passe tellement de temps à pédaler en chemise à fleur sur mon vélo [[Mercier]] et à vider des verres de [[Leffe]] que c'est seulement dans des discussions dans les magasins de la [[BnF]] ou en traînant dans les locaux syndicaux de [[Tolbiac]] que je parviens à apprendre quelque chose. Par exemple quand une collègue vient dire que son mari l'a frappée, etc. Et je le répète, on n'en parle pas dans la presse anarchiste et même trotskiste je crois parce que nous, les [[anarchistes]], nous ne connaissons ni notre famille ni celle des autres. En fait, on ne met pas du tout l'accent sur le problème de la famille et des enfants. Moi-même, j'ai oublié ma famille, mes frères et sœurs, leurs noms, et c'est seulement quand on me pose des questions que de vagues souvenirs me reviennent en mémoire et que je commence à lier les choses entre elles entre deux demis sans faux col et une escalope taillée dans le filet du [[frelon]] de [[Tasmanie]]. Si on examine la vie des anarchistes non insectivores qui ne connaissent ni l'amour libre, ni le [[ukulélé]], on s'aperçoit qu'en fait la femme reste à la maison, tandis que son mari vidange les brasseries à la mode. Les femmes des anarchistes sont très peu intégrées à l'activité sociale. Chez les ouvriers balbyniens, en revanche, on considère souvent que lorsque le mari se rend à un festin de mouches, la femme doit l'accompagner et manger tout son saoul, rire et chanter, faire aussi l'amour avec des chauves qu'elle ne connaît pas ou apprendre à se servir de la [[télécommande]] du poste sans les doigts…


EVE RUGGIERI ''Tu es en profonde opposition avec '''[[Patrick Ramseyer]]''', pourquoi ?
EVE RUGGIERI – ''Sans les doigts ?''
 
PIERRE FIALA – Exactement, sans les doigts. Elles peuvent suivre des formations spéciales prises en charge par la mairie de Bobigny. Cela consiste à obliger des insectes, préalablement astreints à la pratique du [[culturisme]] et drogués, à appuyer sur les touches de la télécommande en se jetant dessus comme quand, par exemple,toi tu voudrais défoncer une porte en chêne massif d'un coup d'épaule . Et ces petites bêtes sportives et gonflées à bloc par les amphétamines y parviennent même s'il faut bien reconnaître que parfois, c'est du suicide.
 
EVE RUGGIERI – ''Incroyable. Mais ce courant libertaire que tu nommes dans ton livre le '''[[balbynisme]]''', issu de la révolution culturelle menée pendant un demi-siècle de vie ouvrière insectivore a donc entraîné une dislocation de la famille traditionnelle. Beaucoup d'ouvriers balbyniens mènent aujourd'hui une vie dissipée et tirent un bon parti de la liberté de pouvoir se séparer de leurs femmes. [[Patrick Ramseyer]] dit que le « tout insecte » a porté un coup trop fort à la [[famille]]. Quant à l'égalité des hommes et des femmes devant l'[[insecte]], je ne te suivrai pas tout à fait, car même parmi les ouvriers responsables, nombreux sont ceux qui ont abandonné leur femme pour un trecking gastronomique en [[Zambie]] et la promesse d'un festin d'insectes formidables, la laissant parfois avec cinq enfants.''
 
PIERRE FIALA – Je reconnais que cela se produit très souvent. On ne s'en cache pas. On quitte aussi une femme [[anarchiste]], même chez les gens haut placés dans ce qu'il faut quand même appeler, - et cela me fait très mal – l'appareil [[libertaire]]. On ne soulève pas le problème en assemblée, mais on en parle dans les cercles dirigeants et on a, en définitive, l'impression que quelque chose va éclater.
 
EVE RUGGIERI –''Tu es en profonde opposition avec '''[[Patrick Ramseyer]]''', pourquoi ?
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PIERRE FIALA Patrick d�nonce depuis des ann�es le fait que la jeune garde balbynienne ait montr� le chemin le plus audacieux au prol�tariat de Bobigny : celui des [[insectes]] g�ants retrouv�s. D�j�, il s'�tait oppos�, au sein de l'appareil libertaire, aux conf�rences donn�es par le [[cryptozoologue]] [[Bernard Heuvelmans]] dans les ann�es 60 au Sport Palast de Bobigny. Ramseyer pr�conisait la succion de becs de [[m�sange]] et autres oiseaux, mais essentiellement de m�sange charbonni�re�
PIERRE FIALA Patrick dénonce depuis des années le fait que la jeune garde balbynienne ait montré le chemin le plus audacieux au prolétariat de Bobigny : celui des [[insectes]] géants retrouvés. Déjà, il s'était opposé, au sein de l'appareil libertaire, aux conférences données par le [[cryptozoologue]] [[Bernard Heuvelmans]] dans les années 60 au Sport Palast de Bobigny. Ramseyer préconisait la succion de becs de [[mésange]] et autres oiseaux, mais essentiellement de mésange charbonnière…






EVE RUGGIERI ''Pardonne moi de t'interrompre, mais tu as bien dit, succion de becs de m�sange charbonni�re?
EVE RUGGIERI ''Pardonne moi de t'interrompre, mais tu as bien dit, succion de becs de mésange charbonnière?
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PIERRE FIALA Absolument. Patrick a une maison de campagne Brie-sur-Marne avec une immense voli�re et, � c�t�, un atelier secret. C'est l� qu'il enferme des milliers d'oiseaux de toutes sortes, les s�lectionne en fonction des caract�ristiques de leurs becs, puis les tenaille salement et leur arrache le bec sans m�me les anesth�sier.
PIERRE FIALA Absolument. Patrick a une maison de campagne à Brie-sur-Marne avec une immense volière et, à côté, un atelier secret. C'est qu'il enferme des milliers d'oiseaux de toutes sortes, les sélectionne en fonction des caractéristiques de leurs becs, puis les tenaille salement et leur arrache le bec sans même les anesthésier.
 
http://www.ardkor.info/uploaded/Bobigny.gif <br>''Une vue de Bobigny, fief de Pierre Fiala et du courant balbynien<br><small>photo prise au petit jour en février 2005 par [[Module VxD]] sur un jetable Monoprix)</small>''
 
 
EVE RUGGIERI – ''C'est ignoble !''
 
PIERRE FIALA – Pour toi et moi, oui, mais pour lui, c'est le seul moyen d'obtenir de bons becs propres à être consommés frais, avec toutes leurs qualités gustatives et nutritionnelles. Mais il ne se débarrasse pas des oiseaux mutilés. Il les garde et les oblige à chanter ainsi dépourvus des airs brésiliens a capella du [[Quarteto em Cy]].


http://www.architectes-softoffice-server.com/images/Bobigny.gif
EVE RUGGIERI – ''Mais comment chanter sans bec pour un oiseau…''
(ci-dessusune vue de Bobigny, fief de Pierre Fiala et du courant balbynien, photo prise au petit jour en f�vrier 2005 par [[Module VxD]] sur un jetable Monoprix)


EVE RUGGIERI � ''C'est ignoble !''
PIERRE FIALA – C'est simple, il les opère avec un simple nécessaire de couture et, maître de l'ourlet de chair, il leur fabrique une petite bouche. Tu n'as jamais entendu le tube de l'été 71 ? Un de ses mainates transformés avait enregistré un disque de standards avec '''[[Jimmy Raney]]''' au Royal Roost à [[New-York]], Le premier morceau de la deuxième face est le seul qui ne soit pas en anglais, un truc comme, si mes souvenirs sont bons, ''J'ai une petite bouche et je sais m'en servir'' . C'est dingue, non ? Mais on s'éloigne un peu Eve…


PIERRE FIALA Pour toi et moi, oui, mais pour lui, c'est le seul moyen d'obtenir de bons becs propres tre consomms frais, avec toutes leurs qualits gustatives et nutritionnelles. Mais il ne se dbarrasse pas des oiseaux mutils. Il les garde et les oblige chanter ainsi dpourvus des airs brsiliens a capella du [[Quarteto em Cy]].


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PIERRE FIALA C'est simple, il les opre avec un simple ncessaire de couture et, matre de l'ourlet de chair, il leur fabrique une petite bouche. Tu n'as jamais entendu le tube de l't 71 ? Un de ses mainates transforms avait enregistr un disque de standards avec '''[[Jimmy Raney]]''' au Royal Roost [[New-York]], Le premier morceau de la deuxime face est le seul qui ne soit pas en anglais, un truc comme, si mes souvenirs sont bons, ''J'ai une petite bouche et je sais m'en servir'' . C'est dingue, non ? Mais on s'loigne un peu Eve


EVE RUGGIERI '' C'est d�geulasse, c'est compl�tement dingue�''
EVE RUGGIERI '' C'est dégeulasse, c'est complètement dingue…''


PIERRE FIALA Ouais, enfin, ce qui est d�gueulasse surtout, c'est qu'il a essay� de substituer nos projets de r��ducation ouvri�re par les m�thodes insectivores ses saloperies de becs sucer en disant, les [[insectes]], c'est bien, mais seulement ceux qu'on peut trouver dans le parc de la [[Courneuve]], que les autres, les gros, ceux qui renferment le plus de vitamines, il fallait les chasser souvent l �tranger et que, outre le fait que c'�tait dangereux, cela �loignait les maris de leurs femmes rest�es au foyer. C'est pour cela qu'il a r�ussi � influencer les �l�ments les plus droitiers des [[Balbyniens]]. Ce sont ces camarades, compl�tement d�sorient�s, qui ne voient m�me plus passer une mouche. Voil� pourquoi aujourd'hui nous d�veloppons l'amour libre et la mode hawa�enne, pour les femmes, presque uniquement, la v�rit�, pour les femmes qui doivent pouvoir trouver une compensation l'absence des camarades chasseurs de gros gibier africain ou sud-am�ricain.
PIERRE FIALA Ouais, enfin, ce qui est dégueulasse surtout, c'est qu'il a essayé de substituer à nos projets de rééducation ouvrière par les méthodes insectivores ses saloperies de becs à sucer en disant, les [[insectes]], c'est bien, mais seulement ceux qu'on peut trouver dans le parc de la [[Courneuve]], que les autres, les gros, ceux qui renferment le plus de vitamines, il fallait les chasser souvent à l étranger et que, outre le fait que c'était dangereux, cela éloignait les maris de leurs femmes restées au foyer. C'est pour cela qu'il a réussi à influencer les éléments les plus droitiers des [[Balbyniens]]. Ce sont ces camarades, complètement désorientés, qui ne voient même plus passer une mouche. Voilà pourquoi aujourd'hui nous développons l'amour libre et la mode hawaïenne, pour les femmes, presque uniquement, à la vérité, pour les femmes qui doivent pouvoir trouver une compensation à l'absence des camarades chasseurs de gros gibier africain ou sud-américain.


EVE RUGGIERI '' C'est pour cela que tu ne quittes presque jamais [[Bobigny]] et que tu portes une [[chemise hawa�enne]] ?''
EVE RUGGIERI '' C'est pour cela que tu ne quittes presque jamais [[Bobigny]] et que tu portes une [[chemise hawaïenne]] ?''


PIERRE FIALA On peut voir �a comme �a. Et c'est aussi parce que je ne quitte jamais Bobigny et r�conforte les balbyniennes que j'ai fait installer cette batterie de DCA sur le toit de ma baraque pour intercepter les �normes mouches de [[Zambie]] qui traversent le ciel de Bobigny en automne. Tu sais, c'est extraordinaire la saison de la chasse [[Bobigny]], les arbres changent de couleur dans le Parc, le ciel prend des teintes rouge�tres et le soleil jaune dor�, en se couchant, tombe sur Bobigny comme une grande cacahu�te pleine d'urine dans une soucoupe de bistrot. Tu connais '''[[David Caspar Friedrich]]''', ''Zwei M�nner in Betrachtung des Mondes'' ?
PIERRE FIALA On peut voir ça comme ça. Et c'est aussi parce que je ne quitte jamais Bobigny et réconforte les balbyniennes que j'ai fait installer cette batterie de DCA sur le toit de ma baraque pour intercepter les énormes mouches de [[Zambie]] qui traversent le ciel de Bobigny en automne. Tu sais, c'est extraordinaire la saison de la chasse à [[Bobigny]], les arbres changent de couleur dans le Parc, le ciel prend des teintes rougeâtres et le soleil jaune doré, en se couchant, tombe sur Bobigny comme une grande cacahuète pleine d'urine dans une soucoupe de bistrot. Tu connais '''[[David Caspar Friedrich]]''', ''Zwei Männer in Betrachtung des Mondes'' ?


EVE RUGGIERI ''Non.''
EVE RUGGIERI ''Non.''


PIERRE FIALA Faut sortir�
PIERRE FIALA Faut sortir…


EVE RUGGIERI ''Pierre, je voudrai terminer cette interview passionnante en te posant la question qui tue : pourquoi ne bois-tu que de la [[Leffe]] ?''
EVE RUGGIERI ''Pierre, je voudrai terminer cette interview passionnante en te posant la question qui tue : pourquoi ne bois-tu que de la [[Leffe]] ?''


PIERRE FIALA Je vais te dire un truc que je n'ai jamais r�v�l� � personne, et donc, pour toi et tes lecteurs [[bourgeois]], pour toute la ploutocratie parisienne, ce sera un scoop. Voil� ce qu'�crivait, en 1863, le '''[[docteur Sirnon]]''', cit� par '''[[Karl Marx]]''' dans '''''[[Le Capital]]''''', ''On ne craindra pas d'affirmer que les cas dans lesquels l'insuffisance de nourriture produit des maladies ou les aggrave sont, pour ainsi dire, innombrables... Au point de vue sanitaire, d'autres circonstances d�cisives viennent s'ajouter ici... On doit se rappeler que toute r�duction sur la nourriture n'est support�e qu'� contrec�ur, et qu'en g�n�ral la [[di�te]] forc�e ne vient qu'la suite de bien d'autres privations ant�rieures, et particuli�rement de la [[bi�re]] belge de qualit� servie la pression. Longtemps avant que le manque d'aliments p�se dans la balance hygi�nique, longtemps avant que le physiologiste songe compter les doses d'azote et de carbone entre lesquelles oscillent la vie et la mort par inanition, tout confort mat�riel, toute joie due la consommation d'[[alcool]] aura d�j� disparu du foyer domestique. Le v�tement et le chauffage auront �t� r�duits bien plus encore que l'alimentation. Plus de protection suffisante contre les rigueurs de la temp�rature, plus de [[chemise hawa�enne]] pour s�duire les ouvri�res d�laiss�es; r�tr�cissement du local habit� � un degr� tel que cela engendre des maladies ou les aggrave; peine une trace de meubles ou d'ustensiles de m�nage. Tels sont les dangers auxquels la pauvret� est expos�e in�vitablement, quand cette pauvret� implique manque de bi�re ou d'ap�ritifs. Si tous ces maux r�unis p�sent terriblement sur la vie, la simple privation de [[Leffe]], par exemple, est par elle-m�me effroyable...''� Voil� pourquoi j'ai toujours tenu, contre vents et mar�es, mon verre de Leffe comme un �tendard face l'adversit�. En 1972, [[la Coupole]] [[Montparnasse]], j'ai tu� un [[scout]] de France qui avait renvers� mon demi en terrasse sans le faire expr�s. Je l'ai aveugl� d'un jet pr�cis de cacahu�tes puis �trangl� lentement en lui hurlant l'''[[Internationale]]'' dans l'oreille. C'est dur, mais sinon, comment conserver une fiert� [[libertaire]] l'estomac vide, le foie sain ? L� o� je veux en venir, �a n'est pas au fait que je suis favorable l'extermination des scouts et de la vermine du seizi�me en g�n�ral, mais celui que la [[Leffe]] n'est pas une bi�re comme les autres; fabriqu�e par des [[moines]] [[belges]] vivant dans une abbaye cern�e par les b�tes sauvages, hant�e par d'horribles cris venus du pass� pr�historique, elle permet d'acc�der � un plan de conscience sup�rieur, un monde de fureur et de luxure de gloire et, paradoxalement, d'inconscience, qui rend toute chose possible en ce bas monde pour un type d�termin� comme moi. Il suffit d'avoir de bonnes jambes et un [[v�lo]] [[Mercier]]. Apr�s une dizaine de Leffe, la fortune te sourit comme '''[[Gene Tierney]]''', souriait '''[[Dana Andrews]]''' dans ''[[Laura]]''. Voil� pourquoi tu ne me verras jamais sans Leffe dans les moments importants de la vie. J'ai ici une cuve � bi�re de 1500 hectolitres creus�e � main d'homme et sans outils dans le granit par des admirateurs balbyniens sous ma baraque. Alors, tout peut arriver, je ne sucerai jamais de glace la vanille.
PIERRE FIALA Je vais te dire un truc que je n'ai jamais révélé à personne, et donc, pour toi et tes lecteurs [[bourgeois]], pour toute la ploutocratie parisienne, ce sera un scoop. Voilà ce qu'écrivait, en 1863, le '''[[docteur Sirnon]]''', cité par '''[[Karl Marx]]''' dans '''''[[Le Capital]]''''', « ''On ne craindra pas d'affirmer que les cas dans lesquels l'insuffisance de nourriture produit des maladies ou les aggrave sont, pour ainsi dire, innombrables... Au point de vue sanitaire, d'autres circonstances décisives viennent s'ajouter ici... On doit se rappeler que toute réduction sur la nourriture n'est supportée qu'à contrecœur, et qu'en général la [[diète]] forcée ne vient qu'à la suite de bien d'autres privations antérieures, et particulièrement de la [[bière]] belge de qualité servie à la pression. Longtemps avant que le manque d'aliments pèse dans la balance hygiénique, longtemps avant que le physiologiste songe à compter les doses d'azote et de carbone entre lesquelles oscillent la vie et la mort par inanition, tout confort matériel, toute joie due à la consommation d'[[alcool]] aura déjà disparu du foyer domestique. Le vêtement et le chauffage auront été réduits bien plus encore que l'alimentation. Plus de protection suffisante contre les rigueurs de la température, plus de [[chemise hawaïenne]] pour séduire les ouvrières délaissées; rétrécissement du local habité à un degré tel que cela engendre des maladies ou les aggrave; à peine une trace de meubles ou d'ustensiles de ménage. Tels sont les dangers auxquels la pauvreté est exposée inévitablement, quand cette pauvreté implique manque de bière ou d'apéritifs. Si tous ces maux réunis pèsent terriblement sur la vie, la simple privation de [[Leffe]], par exemple, est par elle-même effroyable...''» Voilà pourquoi j'ai toujours tenu, contre vents et marées, mon verre de Leffe comme un étendard face à l'adversité. En 1972, à [[la Coupole]] à [[Montparnasse]], j'ai tué un [[scout]] de France qui avait renversé mon demi en terrasse sans le faire exprès. Je l'ai aveuglé d'un jet précis de cacahuètes puis étranglé lentement en lui hurlant l'''[[Internationale]]'' dans l'oreille. C'est dur, mais sinon, comment conserver une fierté [[libertaire]] l'estomac vide, le foie sain ? Là où je veux en venir, ça n'est pas au fait que je suis favorable à l'extermination des scouts et de la vermine du seizième en général, mais à celui que la [[Leffe]] n'est pas une bière comme les autres; fabriquée par des [[moines]] [[belges]] vivant dans une abbaye cernée par les bêtes sauvages, hantée par d'horribles cris venus du passé préhistorique, elle permet d'accéder à un plan de conscience supérieur, un monde de fureur et de luxure de gloire et, paradoxalement, d'inconscience, qui rend toute chose possible en ce bas monde pour un type déterminé comme moi. Il suffit d'avoir de bonnes jambes et un [[vélo]] [[Mercier]]. Après une dizaine de Leffe, la fortune te sourit comme '''[[Gene Tierney]]''', souriait à '''[[Dana Andrews]]''' dans ''[[Laura]]''. Voilà pourquoi tu ne me verras jamais sans Leffe dans les moments importants de la vie. J'ai ici une cuve à bière de 1500 hectolitres creusée à main d'homme et sans outils dans le granit par des admirateurs balbyniens sous ma baraque. Alors, tout peut arriver, je ne sucerai jamais de glace à la vanille.


EVE RUGGIERI ''Merci Pierre pour ce magnifique entretien.''
EVE RUGGIERI ''Merci Pierre pour ce magnifique entretien.''

Version actuelle datée du 23 avril 2016 à 14:59

Activiste politique notoire de la Seine-Saint-Denis, né en 1964, fondateur du seul courant libertaire issu du huskisme : le balbynisme. Les théories balbyniennes sont un mélange de bouts rimés zutiques, de touffes Michel Berger et de trous de Chaussettes Noires. Leur opposition frontale aux tendances anarchistes du moment poussèrent Pierre Fiala à jeter un vers solitaire léonin sur la vitrine de la librairie Publico en s'exclamant : "Nous sommes tous des doryphores et des chenilles processionnaires !" avant de s'enfuir promptement non sans percuter la Simca 1100 de Monsieur Gore (alias Gorellaume) garée devant le Cirque d'Hiver (Paris, XIe arrondissement).


Document pour l'Histoire

Voici une interview donnée par Pierre Fiala en août 2004 au Figaro :

UneBienBelleAquarelle.gif une très belle aquarelle de Karl von Dreger représentant le leader balbynien dans une charrette de la Nation à la fin d'une manifestation de juin 2003

Ci dessous, la version non-censurée de l'interview introuvable donnnée par Pierre Fiala au journal Le Figaro en août 2004.

EVE RUGGIERI – Pierre, nous sommes assis tous le deux devant ta petite baraque, au cœur du Bobigny historique, pas celui de la bourgeoisie mais du petit prolétariat éclairé issu de la révolution de 1848, de la Commune de 71, et, plus récemment, de milliers de flics au chômage venus se réconcilier avec les damnés de la terre. Plusieurs Conservateurs de la Bibliothèque nationale de France- BnF, curieux, ont même décidé de s'installer en face d'une cité habitée par des magasiniers mis à pied par la direction de la Très Grande Bibliothèque! Et c'est dans cette petite tanière odorante et mystérieuse que tu vis, manges, bois, écris, et…

PIERRE FIALA – … fais l'amour avec des femmes… Mais parlons des Balbyniens, ces grands inconnus! Tous se sont établis ici dans cette mosaïque de petits jardins séparés par un réseau d'égouts à ciel ouvert datant, je crois, du Président Pompidou et constitue en soi un véritable écosystème préservé des contraintes de l'urbanisme. L'ouvrier, ici, comme le flic, le vigile au repos, le garde mobile démobilisé ont un autre point de vue sur la vie familiale.

EVE RUGGIERI – Mais pourquoi ? Parce qu'il arrive souvent que ce ne soient pas les hommes qui éduquent les femmes en matière de sexualité, comme c'est souvent le cas dans la classe bourgeoise, mais les femmes qui instruisent leurs maris ? J'ai vu tout à l'heure une femme toucher le sexe d'un inconnu nommé Error dans la rue, puis s'éloigner comme si de rien n'était…

PIERRE FIALA - Ce problème n'est pas abordé dans les journaux. Je pense que si l'on décrit dans un journal la vie familiale des ouvriers, il faut pénétrer la psychologie sexuelle des ouvriers de l'époque actuelle. Bien sûr, c'est un problème extrêmement complexe, difficile à aborder. Plus tard, cette situation changera, mais actuellement, il est plus facile à une journaliste comme toi d'évoquer des problèmes contemporains que de pénétrer la psychologie sexuelle de l'ouvrier où, plus difficile, du policier au chômage dans un écosystème unique au monde comme celui de Bobigny. C'est pourquoi il y a si peu d'articles de ce genre dans la presse.

EVE RUGGIERIEh bien venons-y…

PIERRE FIALA – Je vais répondre à ta question Eve, mais j'ai le pressentiment que si je le fais, je veux dire, si tout le monde peut apprendre ce genre de choses dans ton journal bourgeois à grand tirage, que des catastrophes terribles nous attendent, nous Balbyniens, car la société corrompue par la pourriture que l'Eglise déverse tranquillement sur elle depuis des siècles a mal compris le sens du mot "amour libre". C'est l'amour libre qui a considérablement augmenté la natalité chez les communistes. Quand on a mobilisé les communistes balbyniens pendant la guerre en Afghanistan, il a fallu que le comité d'usine, stalinien mais pas fou, prenne en charge près de 2000 enfants, orphelins socialistes issus de rapports non-bourgeois et les place sous la responsabilité des anarchistes qui refusaient de venir en aide à l'armée soviétique derrière Georges Marchais. Si cette guerre nous a légué un grand nombre d'invalides, revenus à Bobigny le cœur en berne, l'amour libre, qui se généralise ici nous menace de difficultés encore plus grandes. Et je dois avouer que dans ce domaine, nous, libertaires qui avons craché sur le mariage républicain n'avons rien fait pour que la masse ouvrière, assoiffée de sexe, de mode hawaïenne et d'insectes, totalement incontrôlable face à une photo deLouise Labé ou une grosse mouche obèse du Tchad, blessée et tombée du ciel en pleine migration, comprenne bien ce problème. C'est pour ça que tu as pu surprendre tout à l'heure une Balbynienne en pleine action. Je reconnais sincèrement que si on nous pose la question de la compulsion ouvrière, nous ne sommes pas en mesure d'y répondre.

EVE RUGGIERI – Tu poses, dans l'introduction de ton bouquin, et nous devons y porter attention, le problème du prolétariat féminin confronté à la voracité légendaire des hommes balbyniens, mais aussi à la délicate question de la cuisine des insectes.

PIERRE FIALA - C'est particulièrement important pour les femmes insatisfaites qui ont une famille non issue de l'amour libre : chez elles, l'influence religieuse, productrice de tristesse domestique, prédomine encore sur toute chose, et elles rechignent à cuisiner autre chose que des nouilles, à préparer autre chose à leurs gosses que des prêts-à-rouler Danerole. Tu vois, je pense qu'il faut que les anarchistes militent en compagnie d'autres marxistes sincères dans cette couche de la population; il faut remplacer l'Eglise par autre chose ! Quelque chose qui rende à toutes ces femmes magnifiques leur merveilleux instinct, cet instinct qui fait porter la main sur l'insecte et pas seulement sur le sexe d'un inconnu. Mais nous n'avons rien d'autre ! Si nous considérons, ne serait-ce que Bobigny-Centre, bastion de la Tête de Veau sauce Gribiche, eh bien il est rare que de la viande de guêpe géante du Cameroun, par exemple, y circule. Pourtant, c'est délicieux un bon cuissot de Guêpe demi-sel arrosé de lait de Mite fermenté. On y organise parfois des réunions officielles sur les bienfaits du régime insectivore pour les mômes. C'est peut-être parce que nous sommes trop fatigués par le sexe que nous organisons ces réunions à la va-vite. Pourtant, il faut bien que nous trouvions un moyen pour détourner les gens de l'Eglise et pour créer des centres culturels où non seulement le dimanche, mais aussi tous les soirs, le mari puisse venir se délasser autour d'un plat de punaises pommes à l'huile avec sa femme. Alors, ils n'iront plus à l'église et arrêteront de bouffer des trucs de curés. Certaines personnes se distraient déjà en allant au jardin public pour attraper des papillons et les manger à la croque au sel. C'est un début.

EVE RUGGIERI – Tu écris que certains ouvriers qui n'ont jamais vécu à Bobigny et ne mangent jamais d'insectes en commun sont très peu liés à leur famille et considèrent que leur femme doit tout faire, tandis qu'ils vont ailleurs. C'est la même chose le dimanche. Et voilà d'où viennent les scènes de ménage.

PIERRE FIALA- La femme hurle que le mari la quitte même les jours de fête et qu'elle est obligée de rester à la maison avec les enfants. On remarque ici un désir des femmes de se libérer. Elles reprochent souvent à leur mari le fait que les femmes balbyniennes mettent leurs enfants à la crèche ou au jardin d'enfants et que ces dernières ont plus de liberté pour boire des apéros avec les copines ou pratiquer l'amour libre avec des chauves en écoutant de la musique hawaïenne sur des pick-up fabriqués à Cronstadt. Il existe chez ces femmes d'Herblay dont tu parles un grand désir de liberté totalement incompris par des maris aliénés par le patriarcat propre à ceux adorent la viande de bœuf et les parties de cartes. On ne parle nulle part du problème de la famille, du mariage, de l'amour libre, de la polyphonie puissante du chant hawaïen et des rapports entre l'homme, la femme et l'insecte. Ce sont cependant ces problèmes qui intéressent les ouvriers et les ouvrières qui entendent parler de l'essor du prolétariat balbynien. Quand nous organisons des réunions en banlieue sur ce thème, les ouvriers le savent et viennent en foule. Je sais que certains disent que les anarchistes n'ont pas et ne peuvent pas avoir un point de vue défini sur ce sujet. Je connais des agitateurs habitant La Garenne-Bezon et qui répondent aux questions en se fondant sur les thèses du camarade Ramseyer, mais ces thèses ne résolvent pas par exemple le problème de la responsabilité du père et de la mère vis- à-vis des enfants privés d'alimentation à base de diptères vitaminés, ce qui fait que les enfants ont tendance à être livrés à eux-mêmes et à manger encore plus dans des macdos impérialistes. C'est actuellement à un des problèmes les plus important. Ces difficultés ne sont pas mises en lumière, et les ouvriers et les ouvrières qui soulèvent ces questions ne reçoivent pas de réponse, et donc, ils cherchent pas à manger de bonnes mouches.


ATTENTION - Vous êtes encore en train de lire ce truc.


EVE RUGGIERI – Tu me reprochais il y a une demi-heure mon appartenance à un journal qui, historiquement, a toujours soutenu le point de vue de la bourgeoisie et, surtout, le fait qu'en tant que journaliste, je ne m'occupe pas beaucoup de mes enfants. Mais la majorité des communistes les plus actifs qui écrivent dans les journaux de leur bord sont tellement occupés qu'ils ne connaissent même pas leur famille.

PIERRE FIALA – C'est vrai. Ils s'en vont quand tout le monde dort et reviennent quand tout le monde est déjà couché; or, si l'on ne connaît pas sa propre famille, il est difficile de connaître celle des autres. Et là où je veux en venir, c'est à cette situation paradoxale du journaliste qui rend compte de ce qu'il ne connaît pas faute de temps passé à la maison. Je conseille donc à tous les journalistes l'amour libre. Moi, qui ne suis pas journaliste, je passe tellement de temps à pédaler en chemise à fleur sur mon vélo Mercier et à vider des verres de Leffe que c'est seulement dans des discussions dans les magasins de la BnF ou en traînant dans les locaux syndicaux de Tolbiac que je parviens à apprendre quelque chose. Par exemple quand une collègue vient dire que son mari l'a frappée, etc. Et je le répète, on n'en parle pas dans la presse anarchiste et même trotskiste je crois parce que nous, les anarchistes, nous ne connaissons ni notre famille ni celle des autres. En fait, on ne met pas du tout l'accent sur le problème de la famille et des enfants. Moi-même, j'ai oublié ma famille, mes frères et sœurs, leurs noms, et c'est seulement quand on me pose des questions que de vagues souvenirs me reviennent en mémoire et que je commence à lier les choses entre elles entre deux demis sans faux col et une escalope taillée dans le filet du frelon de Tasmanie. Si on examine la vie des anarchistes non insectivores qui ne connaissent ni l'amour libre, ni le ukulélé, on s'aperçoit qu'en fait la femme reste à la maison, tandis que son mari vidange les brasseries à la mode. Les femmes des anarchistes sont très peu intégrées à l'activité sociale. Chez les ouvriers balbyniens, en revanche, on considère souvent que lorsque le mari se rend à un festin de mouches, la femme doit l'accompagner et manger tout son saoul, rire et chanter, faire aussi l'amour avec des chauves qu'elle ne connaît pas ou apprendre à se servir de la télécommande du poste sans les doigts…

EVE RUGGIERI – Sans les doigts ?

PIERRE FIALA – Exactement, sans les doigts. Elles peuvent suivre des formations spéciales prises en charge par la mairie de Bobigny. Cela consiste à obliger des insectes, préalablement astreints à la pratique du culturisme et drogués, à appuyer sur les touches de la télécommande en se jetant dessus comme quand, par exemple,toi tu voudrais défoncer une porte en chêne massif d'un coup d'épaule . Et ces petites bêtes sportives et gonflées à bloc par les amphétamines y parviennent même s'il faut bien reconnaître que parfois, c'est du suicide.

EVE RUGGIERI – Incroyable. Mais ce courant libertaire que tu nommes dans ton livre le balbynisme, issu de la révolution culturelle menée pendant un demi-siècle de vie ouvrière insectivore a donc entraîné une dislocation de la famille traditionnelle. Beaucoup d'ouvriers balbyniens mènent aujourd'hui une vie dissipée et tirent un bon parti de la liberté de pouvoir se séparer de leurs femmes. Patrick Ramseyer dit que le « tout insecte » a porté un coup trop fort à la famille. Quant à l'égalité des hommes et des femmes devant l'insecte, je ne te suivrai pas tout à fait, car même parmi les ouvriers responsables, nombreux sont ceux qui ont abandonné leur femme pour un trecking gastronomique en Zambie et la promesse d'un festin d'insectes formidables, la laissant parfois avec cinq enfants.

PIERRE FIALA – Je reconnais que cela se produit très souvent. On ne s'en cache pas. On quitte aussi une femme anarchiste, même chez les gens haut placés dans ce qu'il faut quand même appeler, - et cela me fait très mal – l'appareil libertaire. On ne soulève pas le problème en assemblée, mais on en parle dans les cercles dirigeants et on a, en définitive, l'impression que quelque chose va éclater.

EVE RUGGIERI –Tu es en profonde opposition avec Patrick Ramseyer, pourquoi ? PIERRE FIALA – Patrick dénonce depuis des années le fait que la jeune garde balbynienne ait montré le chemin le plus audacieux au prolétariat de Bobigny : celui des insectes géants retrouvés. Déjà, il s'était opposé, au sein de l'appareil libertaire, aux conférences données par le cryptozoologue Bernard Heuvelmans dans les années 60 au Sport Palast de Bobigny. Ramseyer préconisait la succion de becs de mésange et autres oiseaux, mais essentiellement de mésange charbonnière…


EVE RUGGIERI – Pardonne moi de t'interrompre, mais tu as bien dit, succion de becs de mésange charbonnière? PIERRE FIALA – Absolument. Patrick a une maison de campagne à Brie-sur-Marne avec une immense volière et, à côté, un atelier secret. C'est là qu'il enferme des milliers d'oiseaux de toutes sortes, les sélectionne en fonction des caractéristiques de leurs becs, puis les tenaille salement et leur arrache le bec sans même les anesthésier.

Bobigny.gif
Une vue de Bobigny, fief de Pierre Fiala et du courant balbynien
photo prise au petit jour en février 2005 par Module VxD sur un jetable Monoprix)


EVE RUGGIERI – C'est ignoble !

PIERRE FIALA – Pour toi et moi, oui, mais pour lui, c'est le seul moyen d'obtenir de bons becs propres à être consommés frais, avec toutes leurs qualités gustatives et nutritionnelles. Mais il ne se débarrasse pas des oiseaux mutilés. Il les garde et les oblige à chanter ainsi dépourvus des airs brésiliens a capella du Quarteto em Cy.

EVE RUGGIERI – Mais comment chanter sans bec pour un oiseau…

PIERRE FIALA – C'est simple, il les opère avec un simple nécessaire de couture et, maître de l'ourlet de chair, il leur fabrique une petite bouche. Tu n'as jamais entendu le tube de l'été 71 ? Un de ses mainates transformés avait enregistré un disque de standards avec Jimmy Raney au Royal Roost à New-York, Le premier morceau de la deuxième face est le seul qui ne soit pas en anglais, un truc comme, si mes souvenirs sont bons, J'ai une petite bouche et je sais m'en servir . C'est dingue, non ? Mais on s'éloigne un peu Eve…


ATTENTION - Vous êtes encore en train de lire ce truc.


EVE RUGGIERI – C'est dégeulasse, c'est complètement dingue…

PIERRE FIALA – Ouais, enfin, ce qui est dégueulasse surtout, c'est qu'il a essayé de substituer à nos projets de rééducation ouvrière par les méthodes insectivores ses saloperies de becs à sucer en disant, les insectes, c'est bien, mais seulement ceux qu'on peut trouver dans le parc de la Courneuve, que les autres, les gros, ceux qui renferment le plus de vitamines, il fallait les chasser souvent à l étranger et que, outre le fait que c'était dangereux, cela éloignait les maris de leurs femmes restées au foyer. C'est pour cela qu'il a réussi à influencer les éléments les plus droitiers des Balbyniens. Ce sont ces camarades, complètement désorientés, qui ne voient même plus passer une mouche. Voilà pourquoi aujourd'hui nous développons l'amour libre et la mode hawaïenne, pour les femmes, presque uniquement, à la vérité, pour les femmes qui doivent pouvoir trouver une compensation à l'absence des camarades chasseurs de gros gibier africain ou sud-américain.

EVE RUGGIERI – C'est pour cela que tu ne quittes presque jamais Bobigny et que tu portes une chemise hawaïenne ?

PIERRE FIALA – On peut voir ça comme ça. Et c'est aussi parce que je ne quitte jamais Bobigny et réconforte les balbyniennes que j'ai fait installer cette batterie de DCA sur le toit de ma baraque pour intercepter les énormes mouches de Zambie qui traversent le ciel de Bobigny en automne. Tu sais, c'est extraordinaire la saison de la chasse à Bobigny, les arbres changent de couleur dans le Parc, le ciel prend des teintes rougeâtres et le soleil jaune doré, en se couchant, tombe sur Bobigny comme une grande cacahuète pleine d'urine dans une soucoupe de bistrot. Tu connais David Caspar Friedrich, Zwei Männer in Betrachtung des Mondes ?

EVE RUGGIERI – Non.

PIERRE FIALA – Faut sortir…

EVE RUGGIERI – Pierre, je voudrai terminer cette interview passionnante en te posant la question qui tue : pourquoi ne bois-tu que de la Leffe ?

PIERRE FIALA – Je vais te dire un truc que je n'ai jamais révélé à personne, et donc, pour toi et tes lecteurs bourgeois, pour toute la ploutocratie parisienne, ce sera un scoop. Voilà ce qu'écrivait, en 1863, le docteur Sirnon, cité par Karl Marx dans Le Capital, « On ne craindra pas d'affirmer que les cas dans lesquels l'insuffisance de nourriture produit des maladies ou les aggrave sont, pour ainsi dire, innombrables... Au point de vue sanitaire, d'autres circonstances décisives viennent s'ajouter ici... On doit se rappeler que toute réduction sur la nourriture n'est supportée qu'à contrecœur, et qu'en général la diète forcée ne vient qu'à la suite de bien d'autres privations antérieures, et particulièrement de la bière belge de qualité servie à la pression. Longtemps avant que le manque d'aliments pèse dans la balance hygiénique, longtemps avant que le physiologiste songe à compter les doses d'azote et de carbone entre lesquelles oscillent la vie et la mort par inanition, tout confort matériel, toute joie due à la consommation d'alcool aura déjà disparu du foyer domestique. Le vêtement et le chauffage auront été réduits bien plus encore que l'alimentation. Plus de protection suffisante contre les rigueurs de la température, plus de chemise hawaïenne pour séduire les ouvrières délaissées; rétrécissement du local habité à un degré tel que cela engendre des maladies ou les aggrave; à peine une trace de meubles ou d'ustensiles de ménage. Tels sont les dangers auxquels la pauvreté est exposée inévitablement, quand cette pauvreté implique manque de bière ou d'apéritifs. Si tous ces maux réunis pèsent terriblement sur la vie, la simple privation de Leffe, par exemple, est par elle-même effroyable...» Voilà pourquoi j'ai toujours tenu, contre vents et marées, mon verre de Leffe comme un étendard face à l'adversité. En 1972, à la Coupole à Montparnasse, j'ai tué un scout de France qui avait renversé mon demi en terrasse sans le faire exprès. Je l'ai aveuglé d'un jet précis de cacahuètes puis étranglé lentement en lui hurlant l'Internationale dans l'oreille. C'est dur, mais sinon, comment conserver une fierté libertaire l'estomac vide, le foie sain ? Là où je veux en venir, ça n'est pas au fait que je suis favorable à l'extermination des scouts et de la vermine du seizième en général, mais à celui que la Leffe n'est pas une bière comme les autres; fabriquée par des moines belges vivant dans une abbaye cernée par les bêtes sauvages, hantée par d'horribles cris venus du passé préhistorique, elle permet d'accéder à un plan de conscience supérieur, un monde de fureur et de luxure de gloire et, paradoxalement, d'inconscience, qui rend toute chose possible en ce bas monde pour un type déterminé comme moi. Il suffit d'avoir de bonnes jambes et un vélo Mercier. Après une dizaine de Leffe, la fortune te sourit comme Gene Tierney, souriait à Dana Andrews dans Laura. Voilà pourquoi tu ne me verras jamais sans Leffe dans les moments importants de la vie. J'ai ici une cuve à bière de 1500 hectolitres creusée à main d'homme et sans outils dans le granit par des admirateurs balbyniens sous ma baraque. Alors, tout peut arriver, je ne sucerai jamais de glace à la vanille.

EVE RUGGIERI – Merci Pierre pour ce magnifique entretien.