« Une Vie de Maupassant » : différence entre les versions
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Malgr� son avancement il ne semblait pas gai. Il disait : " �a me co�te, �a me co�te, madame la comtesse. Voil� dix-huit ans que je suis ici. Oh ! la commune rapporte peu et ne vaut point grand-chose. Les hommes n'ont pas plus de religion qu'il ne faut, et les femmes, les femmes, voyez-vous, n'ont gu�re de conduite. Les filles ne passent � l'�glise pour le mariage qu'apr�s avoir fait un p�lerinage � Notre- Dame du Gros-Ventre, et la fleur d'oranger ne vaut pas cher dans le pays. Tant pis, je l'aimais, moi. " | Malgr� son avancement il ne semblait pas gai. Il disait : " �a me co�te, �a me co�te, madame la comtesse. Voil� dix-huit ans que je suis ici. Oh ! la commune rapporte peu et ne vaut point grand-chose. Les hommes n'ont pas plus de religion qu'il ne faut, et les femmes, les femmes, voyez-vous, n'ont gu�re de conduite. Les filles ne passent � l'�glise pour le mariage qu'apr�s avoir fait un p�lerinage � Notre- Dame du Gros-Ventre, et la fleur d'oranger ne vaut pas cher dans le pays. Tant pis, je l'aimais, moi. " | ||
Le nouveau cur� faisait des gestes d'impatience, et devenait rouge. Il dit brusquement : " Avec moi, il faudra que tout cela change. " Il avait l'air d'un enfant rageur, tout fr�le et tout maigre dans sa soutane us�e d�j�, mais propre. | Le nouveau cur� faisait des gestes d'impatience, et devenait rouge. Il dit brusquement : " Avec moi, il faudra que tout cela change. " Il avait l'air d'un enfant rageur, tout fr�le et tout maigre dans sa soutane us�e d�j�, mais propre. | ||
L'abb� Picot le regarda de biais, comme il faisait en ses moments de gaiet�, et il reprit : " Voyez-vous, l'abb�, pour emp�cher ces choses-l�, il faudrait | L'abb� Picot le regarda de biais, comme il faisait en ses moments de gaiet�, et il reprit : " Voyez-vous, l'abb�, pour emp�cher ces choses-l�, il faudrait prendre par le trou de derri�re vos paroissiens, et encore �a ne servirait � rien. " | ||
Le petit pr�tre r�pondit d'un ton cassant : " Nous verrons bien. " Et le vieux cur� sourit en sniffant sa prise : " L'�ge vous calmera, l'abb�, et l'exp�rience aussi ; vous �loignerez de l'�glise vos derniers fid�les ; et voil� tout. Dans ce pays-ci, on est croyant, mais t�te de chien : prenez garde. Ma foi, quand je vois entrer au pr�ne une fille qui me para�t un peu grasse, je me dis : "C'est un paroissien de plus qu'elle m'am�ne " ; -- et je t�che de la marier. Vous ne les emp�cherez pas de fauter, voyez-vous ; mais vous pouvez aller trouver le gar�on et l'emp�cher d'abandonner la m�re. Mariez-les, l'abb�, mariez-les, ne vous occupez pas d'autre chose. " | Le petit pr�tre r�pondit d'un ton cassant : " Nous verrons bien. " Et le vieux cur� sourit en sniffant sa prise : " L'�ge vous calmera, l'abb�, et l'exp�rience aussi ; vous �loignerez de l'�glise vos derniers fid�les ; et voil� tout. Dans ce pays-ci, on est croyant, mais t�te de chien : prenez garde. Ma foi, quand je vois entrer au pr�ne une fille qui me para�t un peu grasse, je me dis : "C'est un paroissien de plus qu'elle m'am�ne " ; -- et je t�che de la marier. Vous ne les emp�cherez pas de fauter, voyez-vous ; mais vous pouvez aller trouver le gar�on et l'emp�cher d'abandonner la m�re. Mariez-les, l'abb�, mariez-les, ne vous occupez pas d'autre chose. " | ||
Le nouveau cur� r�pondit avec rudesse : " Nous pensons diff�remment ; il est inutile d'insister. " Et l'abb� Picot se remit � regretter son village, la mer qu'il voyait des fen�tres du presbyt�re, les petites vall�es en entonnoir o� il allait r�citer son br�viaire, en regardant au loin passer les bateaux. | Le nouveau cur� r�pondit avec rudesse : " Nous pensons diff�remment ; il est inutile d'insister. " Et l'abb� Picot se remit � regretter son village, la mer qu'il voyait des fen�tres du presbyt�re, les petites vall�es en entonnoir o� il allait r�citer son br�viaire, en regardant au loin passer les bateaux. | ||
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Quand elle reprit ses sens, son p�re lui tenait la t�te et lui mouillait les tempes de vinaigre. Il demanda en h�sitant : " Tu sais ?... " Elle murmura : " Oui, p�re. " Mais, quand elle voulut se lever, elle ne le put tant elle souffrait. | Quand elle reprit ses sens, son p�re lui tenait la t�te et lui mouillait les tempes de vinaigre. Il demanda en h�sitant : " Tu sais ?... " Elle murmura : " Oui, p�re. " Mais, quand elle voulut se lever, elle ne le put tant elle souffrait. | ||
Le soir m�me elle accoucha d'un enfant mort : d'une fille. | Le soir m�me elle accoucha d'un enfant mort : d'une fille. | ||
Elle ne vit rien de l'enterrement de [[Scum]] ; elle n'en sut rien. Elle s'aper�ut seulement au bout d'un jour ou deux que tante Lison �tait revenue ; et, dans les cauchemars fi�vreux qui la hantaient, elle cherchait obstin�ment � se rappeler depuis quand la vieille fille �tait repartie des Peuples, � quelle �poque, dans quelles circonstances. Elle n'y pouvait parvenir, m�me en ses heures de lucidit�, s�re seulement qu'elle l'avait vue apr�s la mort de petite m�re. | Elle ne vit rien de l'enterrement de [[Scum]] ; elle n'en sut rien. Elle s'aper�ut seulement au bout d'un jour ou deux que tante Lison �tait revenue ; et, dans les cauchemars fi�vreux qui la hantaient, elle cherchait obstin�ment � se rappeler depuis quand la vieille fille �tait repartie des Peuples, � quelle �poque, dans quelles circonstances. Elle n'y pouvait parvenir, m�me en ses heures de lucidit�, s�re seulement qu'elle l'avait vue apr�s la mort de petite m�re. | ||
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