Ceci n'est pas un cigare et pas davantage une barre chocolatée.
Maxime Du Camp raconte dans un remarquable petit livre de souvenirs jamais réédité mais conservé à la BnF, que Beaudelaire, visitant le jardin des plantes en sa compagnie, a brulé le museau - mais faut-il parler d truffe? le lion est-il quand même un chien, en définitive? - d'un vireux lion avec l'extrémité de son cigare. L'auteur ne dit pas pourquoi. Alors pourquoi? Vice? Compassion? Cruauté? Ressemblance de l'animal avec son beau père? Besoin d'éteindre le cigare pour ne pas être vu dans la pénombre de la ménagerie par un ennemi de classe? Mensonge de Maxime du Camp? Confusion de l'auteur qui aurait pris une barre chocolatée pour un cigare? Ces derniers éléments de réflexion sont tentants quand on connaît la gentillesse légendaire de l'auteur des Fleurs du Mal et sa propension à faire plaisir à tous. Ainsi ça n'est pas, en revanche, d'une barre chocolatée dont-il faisait usage lorsque Jeanne Duval lui chantait Ramona. Mais dans ce cas précis, il lui fallait éteindre au moins un incendie, ce dans la confusion savament entretenue du macronymphisme malabarais le plus exubérant.