Lettre de Guy Môcquet à ses parents pour les prévenir qu'il faudra encore résister longtemps
Ma minuscule mamounette adorée,
mon nanoscopique mignon petit frêrôt,
mon tendriculet papinou,
ça biche ? Je vous fais juste un petit mot très bref car l'officier allemand chargé de nous fusiller vient à l'instant de balancer une rafale. Le temps presse ; il faut faire vite ; pas une seconde à perdre. Je vais donc très vite vous saluer tous, toi ma maman chérie, vous, monsieur Papa, cher oncle Riri : allez, on peut dire que c'est fait ?
Au fait, vous voulez savoir pourquoi ils nous fusillent, ces bâtards ? pour deux pauvres petites balles dans le dos à un contre-maître boche que personne ne connait ! Arg, les temps sont vraiment durs pour tous les ouvriers.
Voilà, je vais devoir vous laisser car la balle arrive à très très grande vitesse, ça va être un massacre. De toutes façons, à quoi bon vivre sous De Gaulle ? Sous Pompidou, sous Giscard, sous Mitterand, sous Chirac ? Aucun intérêt, et de toutes façons, pas le choix.
Bisou, tschuss, et n'en fumez pas trop,
Guy Môcquet.
PS : Si dans 63 ans un milicien hongrois prétend récupérer cette lettre, envoyez-le ch...
ah... ahhh... merde, j'ai même plus le temps de signer.